Nationalisme palestinien

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Le nationalisme palestinien est une idéologie nationaliste qui appelle à la création d'un État palestinien. Historiquement, le nationalisme palestinien a d'abord visé à créer un État sur tout ou partie du territoire de la Palestine mandataire. Après la proclamation d'Israël en 1948, il a visé à créer un État englobant l'ensemble de la Palestine historique, ou bien se limitant aux territoires palestiniens occupés.

Les prémices du nationalisme palestinien

L'effondrement de l'Empire ottoman vers 1923 a été accompagné par l’émergence du nationalisme dans ses provinces arabes, particulièrement en Syrie, considérée à cette époque comme incluant le Liban et le nord de la Palestine[1]. Tandis que le nationalisme arabe et le nationalisme syrien tendaient à préserver les liens avec l'empire ottoman, le nationalisme palestinien naissant a été marqué par une hostilité à une présence et une immigration étrangère, juive en particulier[2]. La plupart des historiens considèrent qu'il débute avec le Mandat britannique. L'historien palestinien Rashid Khalidi, le date à l'aube du XXe siècle[3],[4].

À la fin du XIXe siècle, se structure un nationalisme juif, le sionisme, qui soutient la création d'un État-nation juif en Palestine qu'il définit comme « Terre d'Israël »[5]. En 1917, la Déclaration Balfour prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif » sur ce territoire sans préjudice pour les droits civiques et religieux des communautés non-juives existantes et le statut des juifs dans tout autre pays[6]. En 1919 est signé l'Accord Fayçal-Weizmann en tant qu'élément de la Conférence de paix de Paris. Cet accord prévoyait l’établissement d'une coopération judéo-arabe pour le développement d'une patrie juive et d'une une nation arabe en Palestine[7]. Dans la même année se tient à Jérusalem le Congrès de la Palestine arabe qui exige l'annulation de la déclaration de Balfour et l'inclusion de la Palestine comme partie intégrante du gouvernement arabe indépendant de la Syrie et rejette le sionisme tout en acceptant l'aide britannique sous condition de ne pas empiéter sur la souveraineté arabe en Palestine envisagée en tant qu'élément d'un état syrien indépendant[8]. En 1910-1911, cet antisionisme se cristallise autour de l'opposition à l'achat par les sionistes d'une vaste étendue de terre dans la vallée de Jezreel, à Fula, près des ruines de la forteresse croisée de La Fève conquise par Saladin en 1187. On voit alors surgir l'association entre juifs et croisés qui demeurera par la suite une constante rhétorique du nationalisme arabe[9]. Parallèlement à « l'Accord Fayçal-Weizmann » et au « Congrès de la Palestine arabe » est créée l' organisation, Al-Fida’iyya (les auto-sacrifiés), dont la mission était de provoquer des émeutes et d'appeler à la révolte contre les britanniques et les juifs[10],[11]. En 1924 est fondé par un groupe de nationalistes arabes exilés en Europe une organisation ayant pour but de soutenir le rattachement de la Palestine au royaume hachémite d'Irak[12]. Des émeutes se propagent dans plusieurs agglomérations juives, les plus meurtrières éclatent à Jérusalem en 1920 et à Jaffa en 1921 ce qui amène au durcissement des dispositions de la déclaration Balfour sur l'immigration juive, afin d'apaiser la population arabe, elles sont ensuite suspendues par Herbert Samuel, le Haut-Commissaire britannique en Palestine qui décréta l’état d'urgence[13], et nomma Mohammed Amin al-Husseini comme Grand Mufti de Jérusalem[14].

Rencontre d'Amin al-Husseini avec Hitler en 1941.

Dès 1920, Mohammed Amin al-Husseini, devient l'un des principaux leaders du nationalisme palestinien ayant pour but la création d'un état arabe palestinien indépendant, il s'oppose activement sionisme et est considéré comme l'instigateur de 1921 à 1937 des émeutes violentes en réaction au projet de l’établissement d'un « Foyer juif » en Palestine dont le massacre d'Hébron en 1929. Il est considéré comme antisémite[15],[16]. En 1937, alors qu'il est recherché par la police britannique pour son rôle dans ces émeutes il s'enfuit en Syrie[17],[18],[19],[20]. En 1941, il se réfugie en Allemagne nazie et demande à Hitler de lui apporter son soutien contre la création d'un Foyer juif[21],[22],[15].

En 1925, Izz al-Din al-Qassam, né en Syrie, prône la lutte armée comme action politique[23], en 1930 il fonde une organisation paramilitaire, La main noire qui se lance dans des attaques contre les juifs et les britanniques, prêchant la violence politique d'inspiration religieuse, le Jihad et l'anti-sionisme[24],[25]. De 1921 à 1935 ses actions étaient coordonnées avec celles de Mohammed Amin al-Husseini[26]. En 1935 est fondé le Parti arabe palestinien créé par la famille Al-Husseini.

En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine mandataire.

Les années marquantes : 1948, 1967 et 1987

Le 14 mai 1948, la Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël crée l'État d'Israël. L'exode palestinien de 1948 modifie radicalement la politique palestinienne. L'expérience de réfugiés et la perte de leur terre provoquent chez les palestiniens un sentiment particulier. De plus, les palestiniens accusent les arabes de n'avoir pas suffisamment mobilisé la population et de n'avoir pas véritablement combattu comme il fallait pendant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, qui affirmerait un désintérêt de la cause palestinienne. Cela pousse à la création d'un mouvement national palestinien, basé sur trois réclamations fondamentales : l'abolition d'Israël, ou du moins le sionisme et ainsi l'État juif rejetant les autres confessions, l'indépendance de l'État palestinien, et l'application du droit du retour des palestiniens sur toute la Palestine.

En 1959, Yasser Arafat, Salah Khalaf et Khalil al-Wazir créent le Fatah, mouvement politiquement neutre, bien que favorisant le nationalisme palestinien qui finira par prendre le dessus sur son rival le Mouvement nationaliste arabe de Georges Habache.

Du 5 juin au 11 juin 1967, Israël écrase ses voisins lors de la Guerre des Six Jours. En plus du Golan et du Sinaï, Israël occupe dès lors la Bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, qui rappelle le mandat britannique, sous les règles d'Israël. À la suite du conflit, les Fedayins palestiniens s'installent sur la rive Est du Jourdain, en Jordanie, d'où ils mènent la résistance palestinienne. La bataille de Karameh est une victoire sans précédent des fedayins et ainsi de la résistance palestinienne, qui propulse le sentiment nationaliste palestinien. Ainsi, en 1964, l'OLP, jusqu'ici essentiellement sous contrôle de l'Égypte nationaliste arabe de Gamal Abdel Nasser, passe sous l'influence des nationalistes palestiniens par la prise de contrôle du mouvement par le Fatah.

Le 17 juillet 1968 au Caire, la charte de l’OLP devient la Charte nationale palestinienne. Elle déclare le territoire de la Palestine mandataire comme indivisible et comme la patrie du peuple arabe palestinien. Yasser Arafat, dirigeant du Fatah, prend la tête de l'OLP le 4 février 1969 et le garde jusqu'à sa mort le 11 novembre 2004.

En 1972, la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich et ses conséquences médiatiques permettent aux palestiniens une reconnaissance en tant que palestinien et non que simple arabe venant de Palestine.

La première Intifada, de 1987 à 1993, marque un tournant pour le nationalisme palestinien. Ce sont les palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui luttent. La demande de ces populations est quelque peu différente de celle de la diaspora palestinienne, puisqu'ils réclament l'indépendance, plutôt que le droit au retour. Ainsi, en 1993, suite aux accords d'Oslo, l'idée jusque là défendu par les nationalistes palestiniens d'un état binational séculier palestinien est abandonné au profit de l'idée de deux états séparés sur la Palestine, l'un juif, l'autre arabe, sujet tabou depuis les années 1970 jusqu'à ce qu'Arafat reconnaisse Israël, sous pression des États-Unis. Mais la première Intifada voit aussi la naissance du Hamas, mouvement islamique de Ahmed Yassine, qui à la fois concurrence le nationalisme palestinien et en crée une nouvelle forme islamisée. Les brigades des martyrs d'Al-Aqsa par exemple, une des milices du Fatah, lors de la seconde Intifada intègre l'idée de nationalisme palestinien et d'islamisme.

Notes et références

  1. (en)Gudrun Krämer and Graham Harman (2008) A history of Palestine: from the Ottoman conquest to the founding of the state of Israel Princeton University Press, ISBN 0-691-11897-3 p 12
  2. (en)The Reconstruction of Palestinian Nationalism: Between Revolution and Statehood, By Helena Lindholm Schul, Manchester University Press, 1999, p.157
  3. (en)Rashid Khalidi, Palestinian Identity: The Construction of Modern National Consciousness, Cambridge University Press, 2000.
  4. (en)Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, 2003, p. 104-116.
  5. (en)Motyl, Alexander J. (2001). Encyclopedia of Nationalism, Volume II. Academic Press. p.604, ISBN 0-12-227230-7.
  6. (en)The Balfour Declaration: The Origins of the Arab-Israeli Conflict, Par Jonathan Schneer, Bloomsbury Publishing, London, 2010 p.341
  7. (en)http://domino.un.org/unispal.nsf/9a798adbf322aff38525617b006d88d7/5bff833964edb9bf85256ced00673d1f?OpenDocument&Highlight=2,faisal
  8. (en) Manuel Assassian, Palestine Factionalism in the National Movement (1919-1939), p.33
  9. Benny Morris, 1948 : A History of the first Arab-israeli war, Yale University Press, 2008, p.8
  10. (en)http://www.oberlin.edu/stuorg/sfp/docs/morris.pdf
  11. The Formation of Modern Syria and Iraq, Eliʻezer Ṭaʼuber, page 106
  12. (en)Sami M. Moubayed, Steel and Silk, p.140
  13. (en)Tom Segev (1999) One Palestine, Complete. Metropolitan Books. pp. 173–190. ISBN 0-8050-4848-0.
  14. (en) Howard M. Sachar, 2006, A History of Israel: From the Rise of Zionism to Our Time, seconde édition, édition New York : Alfred A. Knopf, ISBN 0679765638, Page 170
  15. a et b (en)http://www.jcpa.org/phas/phas-kuntzel-s05.htm
  16. Traduction libre de Eichmann in Jerusalem, Hannah Arendt, p. 13. [1]
  17. Laurens, Henry (1999) L'invention de la Terre sainte. La Question de Palestine. 1. Paris: Fayard. ISBN 978-2-84406-388-5.
  18. (en)Ben-Ze'ev, Efrat (2011). Remembering Palestine in 1948: Beyond National Narratives. Cambridge University Press. ISBN 978-0-521-19447-1.
  19. }(en) http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/8219864.stm
  20. (en)Phillip Mattar, The Mufti of Jerusalem: Al-Hajj Amin al-Husayni and the Palestinian National Movement. Columbia University Press. ISBN 978-0-231-06463-7
  21. j(en)http://www.ushmm.org/wlc/en/article.php?ModuleId=10007668
  22. Philip Mattar, The Mufti of Jerusalem, éd. Columbia University Press, 1992, p. 99 ; cité par Benny Morris, Victimes : histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, éd. Complexe, 2003, p. 186, extrait en ligne
  23. Xavier Baron : Les Palestiniens, Genèse d'une nation. p 48
  24. (en)Ehud Yaari, Strike Terror: The Story of Fatah, Sabra Books, 1970, p.41-42
  25. (en)Baruch Kimmerling, Joel S. Migdal, The Palestinian People: A History,Harvard University Press, 2003 p.65.
  26. (en) Shai Lachman, Arab Rebellion and Terrorism in Palestine 1929-1939 In Kedourie, Elie; Haim, Sylvie G.. Zionism and Arabism in Palestine and Israel.(1982) Frank Cass. ISBN 978-0-714--63169-1.

Voir aussi

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