Benny Morris

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Benny Morris
Benny Morris
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (75 ans)
Ein HaHoresh (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
בני מוריסVoir et modifier les données sur Wikidata
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Benny Morris (né le ) est un historien israélien, professeur dans le département d'études du Moyen-Orient à l'université Ben Gourion du Néguev à Beer-Sheva.

Il est l'un des plus influents représentants des nouveaux historiens, un groupe d'universitaires qui a remis en question certaines visions du conflit israélo-palestinien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Les parents de Morris émigrent en Palestine en 1947. Ils appartiennent au mouvement Hashomer Hatzair et s'installent dans le kibboutz Ein HaHoresh au sud de Haïfa où naît Benny en 1948.

Plus tard, ses parents font partie des fondateurs du kibboutz Yas'Ur situé sur les terres de Birwe, un village arabe dont les habitants arabes furent expulsés pendant la guerre Israélo-Arabe de 1948, mais ils déménagent dès 1949 à Jérusalem.

Son père Ya'akov est nommé diplomate et en 1957 la famille déménage à New York où elle réside durant quatre ans puis à nouveau deux ans en 1963.

À la fin de ses études secondaires, Morris effectue son service militaire en Israël dans une unité de parachutistes et termine son instruction juste avant la guerre des Six Jours. Son bataillon est placé en réserve sur le front du Golan mais ne prend pas de part active à la guerre bien que plusieurs de ses membres, dont le commandant, soient blessés par des tirs d'artillerie syriens.

En 1969, il est blessé par un obus égyptien alors qu'il est en garnison sur le canal de Suez. « Je ne leur en tiens pas rancune »[réf. nécessaire], a-t-il déclaré plus tard. Il est libéré quatre mois avant la fin de son service militaire.

Benny Morris effectue alors des études d'histoire à l'université hébraïque de Jérusalem qu'il poursuit par un doctorat à l'université de Cambridge portant sur les relations anglo-allemandes.

À son retour à Jérusalem, il travaille au Jerusalem Post où il restera pendant 12 ans. Il se marie et a trois enfants.

Thèse sur l'Exode palestinien de 1948[modifier | modifier le code]

Benny Morris effectue pendant son temps libre des recherches dans les archives du gouvernement israélien. Il s'intéresse initialement au Palmah, une milice paramilitaire sioniste d'élite de l'époque de la fin du Mandat britannique de Palestine, mais l'accès à ses archives lui est retiré[pourquoi ?]. Il s'intéresse alors au problème de l'exode palestinien pendant la guerre de 1948. À la suite de ses recherches, il publie en 1988 aux Presses universitaires de Cambridge l'ouvrage qui le rendra célèbre : The Birth of the Palestinian Refugee Problem.

Dans ce livre, Benny Morris soutient que 700 000 Palestiniens ont fui leurs maisons « principalement à cause des attaques militaires israéliennes, de la peur d'attaques imminentes et des expulsions »[1]. Il affirme qu'il n'y avait pas de « politique d'expulsion centralisée » en tant que telle, pas de plan général de transfert, mais néanmoins il soutient que « des expulsions ont été ordonnées ad hoc par le haut commandement israélien selon les besoins ». Il rapporte que seulement dans certains cas, les Arabes palestiniens sont partis sous les instructions des autorités arabes locales[1].

En 2022, Benny Morris et Benjamin Kedar publient dans la revue historique universitaire britannique Middle Eastern Studies leurs travaux indiquant l'usage d'armes biologiques par la Haganah, en 1948. Ils indiquent notamment l'empoisonnement de puits de villages palestiniens[2],[3].

Activités politiques[modifier | modifier le code]

En 1988, il refuse d'effectuer sa période de réserve dans les territoires palestiniens occupés et est condamné à trois semaines de prison militaire. Il est le 39e refuznik israélien. Il avait déjà servi avec réticence en 1982 lors de la guerre du Liban et une première fois dans les territoires occupés en 1986, mais la première Intifada n'avait pas encore commencé à cette époque.

À sa sortie de prison et à la suite des réactions par rapport à son ouvrage, il invente le terme de « Nouveaux historiens » pour dénommer les historiens qui sont en train de réécrire l'histoire des origines d'Israël comme lui, tel qu'Avi Shlaim et Ilan Pappé. Ces derniers sont attaqués avec virulence, accusé d'antisionisme et leurs méthodes comparées à celles des négationnistes.

En 1990, quand le Jerusalem Post est racheté par Conrad Black qui en change sa ligne éditoriale le positionnant plus à droite.[réf. nécessaire], Benny Morris fait partie des « 35 journalistes de gauche » à être licenciés[4].

Écrivain sur l'histoire d'Israël[modifier | modifier le code]

Entre 1990 et 1995, il vit dans la précarité en tant qu'historien indépendant. Pour gagner sa vie, il publie de nouveaux livres : 1948 and After: Israel and the Palestinians (1990), Israel's Secret Wars (1991), The Roots of Appeasement (1992), Israel's Border Wars (1993).

Dans son ouvrage The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, il rapporte être alternativement vilipendé comme un propagandiste de l'OLP, comme un propagandiste sioniste sophistiqué et, plus rarement, comme un mauvais historien.

Il envisage alors d'émigrer vers les États-Unis mais le président israélien Ezer Weizman le convoque. Après avoir été convaincu de la sincérité du patriotisme sioniste[5] de Benny Morris,il lui garantit un poste universitaire[réf. nécessaire]. En 1997, il est nommé professeur dans le département d'études du Moyen-Orient à l'université Ben Gourion du Néguev à Beer-Sheva.

Revirement politique[modifier | modifier le code]

Dans une interview retentissante[6] au journal Ha'aretz en janvier 2004, il déclare avoir changé et explique : « Les événements de camp David et ce qui a suivi dans leur sillage ont transformé mon doute en certitude. Quand les Palestiniens ont rejeté la proposition (celle du Premier Ministre Ehud Barak) en juillet 2000 et la proposition de Clinton en décembre 2000, j’ai compris qu’ils étaient peu disposés à accepter la solution de deux-Etats. Ils veulent tout. Lod, Acre et Jaffa ».

En 2005, il enseigne à l'université du Maryland, dans la ville de College Park aux États-Unis.

Controverses[modifier | modifier le code]

Dès la publication de ses premiers livres, Benny Morris et les autres nouveaux historiens sont durement critiqués par les intellectuels israéliens de droite et de gauche sioniste, accusés notamment d'être antisémites ou pro-arabes, et sont comparés aux négationnistes de la Shoah . Pour Ilan Greilsamer, « aux yeux de la plupart des Israéliens, quelqu'un qui documente les atrocités commises par les Juifs pendant la guerre d'indépendance ou toute autre guerre israélo-arabe est nécessairement un "antisioniste" ou, pire, un "post-sioniste", un ennemi de lui-même, de son peuple et de son propre pays » [1].

Les ouvrages de Morris ont ainsi eu un impact sérieux sur la pensée politique israélienne, qui a progressivement reconnu la responsabilité de l'État dans la tragédie palestinienne de 1948[1].

Publications[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Ilan Greilsammer, « The New Historians of Israel and their Political Involvement », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem [En ligne], 23 | 2012, mis en ligne le 20 janvier 2013, Consulté le 16 août 2020. URL : http://journals.openedition.org/bcrfj/6868
  2. René Backmann, « Israël : les secrets de l’opération militaire qui a utilisé des armes biologiques en 1948 », sur Mediapart (consulté le )
  3. (en) « ‘Place the Material in the Wells’: Docs Point to Israeli Army’s 1948 Biological Warfare », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. La dénomination de « journaliste de gauche » est tirée de la source
  5. Dans une interview récente, il se déclare sioniste : Survival of the fittest - An interview with Benny Morris, Ari Shavit, tiré de Ha'aretz
  6. (en) « Survival of the Fittest », sur Haaretz.com,
  7. (en) Wolfgang G. Schwanitz, « Rezension von: 1948 - Ausgabe 10 (2010), Nr. 11 », sur www.sehepunkte.de (consulté le )