Jules Dalou

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Jules Dalou
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Dalou dans son atelier.
Nom de naissance Aimé-Jules Dalou
Naissance
Paris, Île-de-France, France
Décès (à 63 ans)
Paris, Île-de-France, France
Nationalité France Française
Profession

Aimé-Jules Dalou, dit Jules Dalou, né à Paris le et mort dans la même ville le , est un sculpteur français.

Biographie

Dalou est né dans une famille d’artisans gantiers. Ses parents protestants l’élèvent dans la laïcité et l’amour de la République.

Jeunesse

Jules Dalou montre très jeune des dons pour le modelage et le dessin, ce qui lui vaut l’attention de Jean-Baptiste Carpeaux, lequel le fait entrer en 1852 à la Petite École, future École nationale supérieure des arts décoratifs, où il suit les cours d'Horace Lecoq de Boisbaudran.

En 1854 il est admis à l’École des beaux-arts de Paris où il étudie la peinture dans l'atelier d'Abel de Pujol et la sculpture dans l'atelier de Francisque Duret[1]. Il commence à gagner sa vie en travaillant pour des ornemanistes. C'est chez l'un d'eux que débute son amitié avec Auguste Rodin[2]. Paris est alors en pleine mutation, Dalou se forge une expérience en travaillant dans les grands chantiers de la capitale en se formant à l’architecture et à la décoration des immeubles sur les grandes avenues parisiennes : à ce titre il participe à la décoration de l'hôtel de La Païva avenue des Champs-Élysées. Il travaille également pour l'atelier d’orfèvrerie des frères Fannière.

Il se présente quatre fois au concours du Prix de Rome et est refusé à chaque fois[3]. Il en conçoit de la rancœur envers les institutions artistiques officielles.

Il présente au Salon de 1869 un Daphnis et Chloé et au Salon de 1870 La Brodeuse. Ces deux pièces sont acquises par l'État[4].

Durant ces années obscures de formation, Dalou épouse Irma Vuillier, une femme de fort caractère qui le soutiendra toute sa vie. Le couple n’a qu’un enfant, Georgette, une fille née avec un handicap mental qui nécessite, jusqu’à sa mort pendant la Première Guerre mondiale, la présence à ses côtés d’un adulte responsable. C’est pour cela que Dalou lèguera son atelier à l’Orphelinat des Arts ; ainsi les chercheurs disposent-ils actuellement de plus de 300 œuvres achetées par la ville de Paris à l’orphelinat en 1905.

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La Commune de Paris

Le conflit franco-allemand bouleverse l’ordre du Second Empire et la défaite de Sedan provoque la proclamation de la IIIe République. Dalou s’engage dans le combat. On le retrouve officier au 83e bataillon des fédérés. Le 18 mars 1871, la Commune de Paris met en place un gouvernement insurrectionnel. Gustave Courbet que l’on vient d’élire à la Fédération des Artistes de la Commune de Paris, appelle Dalou auprès de lui et le fait nommer, administrateur provisoire adjoint au musée du Louvre, au côté d'Henry Barbet de Jouy[5], avec pour mission de protéger les collections du vandalisme. Le 17 mai, Dalou et sa famille, pour mener à bien sa surveillance, s’installent dans le musée.

L’exil de Dalou

Aux lendemains de la Semaine sanglante de mai 1871, Dalou, sa femme et leur fille sont menacés en tant que Communards, contraints à l'exil et demandent le droit d'asile. Le 6 juillet de la même année, ils peuvent rejoindre l'Angleterre et sont accueillis par son ancien condisciple de la Petite École, le peintre et graveur Alphonse Legros.

À Londres les premières années sont difficiles mais grâce à l'aide bienveillante que lui apporte Legros, très introduit à la City, il réalise une série de statuettes en terre cuite inspirées par les paysannes boulonnaises ou par des sujets intimistes (Liseuse, Berceuse), et des portraits de l'aristocratie anglaise. Il reçoit commande d’une fontaine publique appelée Charity près du Royal Exchange à Londres, et d'un monument pour la reine Victoria dédié à ses petits-enfants situé dans la chapelle privée de Frogmore au château de Windsor. À la fin de 1874 Dalou trouve un emploi de professeur de modelage à la National Art Training School. Son influence sera déterminante auprès des sculpteurs britanniques de la New Sculpture.

Pendant cet exil, le gouvernement français choisit d'envoyer en 1876 le bronze de La Brodeuse dans sa sélection officielle de la France pour l'exposition internationale de Philadelphie. Mais malgré toutes les propositions qui lui sont faites par ses confrères anglais, il refuse d'exposer dans la section anglaise du Salon en France, ne voulant pas être abrité par un drapeau étranger dans son propre pays.

Le 1er mai 1874, le 3e Conseil de guerre de Paris le condamne aux travaux forcés à perpétuité par contumace pour ses fonctions d'officier dans la Commune et son poste d'administrateur adjoint du Louvre. Ayant refusé de demander grâce, ce n’est qu’en mai 1879, après avoir été amnistié sous la présidence Jules Grévy que Dalou et sa famille rentrent enfin d’exil.

Retour en France

Dalou retourne en France après avoir concouru pour une statue monumentale de la République destinée à la place de la République à Paris. L’envoi de Dalou ne correspondant pas aux critères requis, le jury choisit finalement le projet des frères Morice, le Monument à la République. Cependant son groupe Le Triomphe de la République est commandé par la municipalité pour être érigé sur la place du Trône, renommée place de la Nation en 1880. Dalou consacrera vingt ans à la réalisation de ce monument.

Les années 1881 et 1882 sont difficiles, pendant cette période il reprend une activité de sculpteur-décorateur pour l'ornemaniste Cruchet. Il collabore à plusieurs occasions avec le céramiste Ernest Chaplet[6], Mais le Salon de 1883 le révèle enfin au grand public français. Il y expose les plâtres de ses deux haut-reliefs : La Fraternité des Peuples (également connu sous le titre la République) et Mirabeau répondant à Dreux-Brézé pour lequel on lui remet la médaille d'honneur. Aujourd'hui le marbre de La Fraternité des Peuples est conservé dans les réserves du Petit Palais et le bronze de Mirabeau répondant à Dreux-Brézé, acquis par l'État, est placé dans la salle Casimir-Perier à la Chambre des députés.

Fuyant le monde et vivant en famille, Dalou se livre à un labeur considérable. En hommage au peintre dont il admire l'œuvre, Il exécute le monument d'Eugène Delacroix, Jardin du Luxembourg (1890). Il réalise les monuments à Alphand, avenue Foch (1891-1896, inauguré en 1899), de Boussingault à l'École des Arts et Métiers (1895), de Jean Leclaire au square des Epinettes à Paris (1896), de Charles Floquet au Père Lachaise (1897), de Sidi-Brahim à Oran[7] (1898), de Lazare Hoche à Quiberon (1902). Il conçoit un projet de monument à Victor Hugo au Panthéon (1886), un projet de monument à la Justice pour le Palais-Bourbon (1892), et à un projet de monument aux Orateurs destiné au Panthéon (1896-1898), tous les trois non réalisés.

On lui commande les gisants d' Auguste Blanqui (1885) et de Victor Noir (1890), le médaillon en bronze de Charles Amouroux (1885) visibles au Cimetière du Père-Lachaise.

Il nous fait sentir toute son admiration pour la peinture de Rubens dans son groupe du Triomphe de Silène placé au Jardin du Luxembourg (1885). La Ville de Paris lui commande la statue d'Antoine Lavoisier pour le grand amphithéâtre de la Sorbonne (1887), la fontaine de la Bacchanale du Jardin des serres d'Auteuil (1895-1898), la statue de la Chanson à l'Hôtel de ville de Paris, qui reproduit les traits de la chanteuse Yvette Guilbert (1895).

Parmi les nombreux bustes qu'il produit après son retour en France, on peut citer ceux de Charcot (1884), Auguste Vacquerie (1885), Henri Rochefort (1888), Gustave Courbet (1890), Albert Liouville (1890), Mademoiselle Gilardi (1890), Ernest Cresson (1897), Paul Richer (1900), Jean Gigoux (1900), et Marie Laurent (inachevé, 1901).

Pour l'Exposition universelle de 1889, dite Exposition du Centenaire on inaugure sur la Place de la Nation le plâtre (teinté couleur bronze) du groupe allégorique Le triomphe de la République commandé par la Ville de Paris en 1879. Bien que la version bronze du groupe ne fût inaugurée qu'en 1899[8], cette œuvre remporte le Grand prix de sculpture de l'Exposition.

Dalou quitte la Société des Artistes français en 1890 pour exposer désormais à la Société nationale des beaux-arts dont il est membre fondateur avec Ernest Meissonier, Auguste Rodin et Pierre Puvis de Chavannes.

Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1883, puis officier par le président Carnot en 1889, il est fait commandeur du même ordre en 1899 par le président Loubet lors de l'inauguration de son monument du Triomphe de la République.

Le monument aux Travailleurs

Il n'aura pas le temps de mener à bien son dernier grand projet, un monument aux Travailleurs (ou monument aux Ouvriers), dont l'idée lui vient en 1889 au lendemain de la première inauguration du Triomphe de la République. Le formalisme de la cérémonie et les défilés militaires avaient tenu le peuple à l'écart de cette manifestation officielle. Dalou en avait été déçu. Fidèle à son idéal républicain, il eut souhaité que cette inauguration soit l'occasion d'une grande fête populaire et démocratique (ce qu'elle fut lors de l'inauguration du bronze en 1899). Son idée est de rendre un hommage au monde des ouvriers, des artisans et des paysans en leur dédiant cette œuvre dont ils constituent le sujet central. À la fin de sa carrière il décrit ce projet en ces termes[9] : « Je crois avoir enfin trouvé le monument aux Ouvriers que je cherche depuis 1889. La disposition générale tiendrait de l'insigne de Priape, Dieu des Jardins, emblème de la création, de la borne, berceau et tombe du pauvre, enfin du tuyau de l'usine, prison où se passe sa vie. Sobre, sans moulure ni ornement, je désire qu'il ait l'aspect grave et imposant, s'il se peut, que le sujet comporte. L'exécuterai-je ? Là est la question. Je suis bien âgé et de plus ma santé est bien débile ». Les nombreuses esquisses de ce monument trouvées dans son atelier après son décès sont maintenant conservées au Petit Palais. La statue du Grand Paysan (Musée d'Orsay) préfigure, à une échelle moindre, les personnages qu'il projetait de placer dans les seize niches entourant la colonne, le tout devant mesurer 32 mètres de haut.

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Œuvres posthumes

Après sa mort, Camille Lefèvre termine le monument à Gambetta de Bordeaux (1904)[10] et exécute d'après les esquisses de Dalou le monument à Émile Levassor, appelé aussi monument de l'Automobiliste, porte Maillot (1907). Le monument à Scheurer-Kestner est achevé par les praticiens de Dalou d'après les modèles en plâtre des figures à grandeur d'exécution qui sont entièrement de la main de l'artiste. Ce monument est inauguré en 1908 au Jardin du Luxembourg.

Dalou repose au cimetière du Montparnasse.

Œuvres monumentales

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Œuvres diverses

  • Tout le fonds d'atelier de Dalou a été acquis en 1905 par le musée du Petit Palais à Paris.
  • Paris, musée d'Orsay :
    • Liseuse, vers 1875, terre-cuite
    • Femme nue lisant dans un fauteuil, 1878, bronze
    • Grand Paysan, bronze
    • Travailleur debout tenant une bêche, bronze
    • Tonnelier avec des cordes, bronze
    • Rebatteur de faux, bronze
  • Sculptures ornementales pour les façades de l'hôtel Menier au Parc Monceau.
  • Statue de Lavoisier à Blaye-les-Mines.
  • La Renommée, 1886, bronze, musée Bonnat-Helleu

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Hommages

Jules Dalou est fait commandeur de la Légion d'honneur par le président de la République Émile Loubet lors de l'inauguration du Triomphe de la République, place de la Nation à Paris le 20 novembre 1899.

Les municipalités de Paris (rue Dalou, 15e arrondissement), Béziers, Brive-la-Gaillarde, Évry, La Rochelle, Malakoff, Perpignan, Toulouse et Vitry-sur-Seine lui ont dédiés des voies portant son nom.

Le nom du café-brasserie Le Dalou (30, place de la Nation, 12e arrondissement de Paris constitue un hommage plus populaire.

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Bibliographie

  • Maurice Dreyfous, Dalou, sa vie et son œuvre, Paris, Laurens, 1903
  • Adolphe Giraudon, Catalogue de l'œuvre de Jules Dalou, catalogue no 18, Chartres, Bibliothèque Photographique A.Giraudon, 1904
  • Paul Cornu, Jules Dalou, no 8 de la collection Portraits d'hier, Paris, H.Fabre,
  • Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au XIXe siècle, Paris, 4 volumes, 1914-1921
  • Henriette Caillaux, Aimé-Jules Dalou, L'homme - L'œuvre, Paris, Delagrave, 1935
  • « Dalou tiré de l’oubli », in Connaissance des Arts, no 147, mai 1964
  • (en) John M. Hunisak, The sculptor Jules Dalou - Studies in Style and Imagery, Garland Publishing, New York & London, 1977
  • Jacques Ginepro, « Dalou ou le naturalisme en sculpture », in L'Estampille, no 146, juin 1982
  • Thérèse Burollet, « Deux grands fonds de sculptures du Musée du Petit Palais : Dalou et Carriès », in La sculpture du XIXe siècle, une mémoire retrouvée. Les fonds de sculpture, Rencontres de l’École du Louvre, Paris, La Documentation française, 1986 (ISBN 2110016698)
  • L'Œil, no 383, juin 1987
  • Pierre Cadet, « L’édition des œuvres de Dalou par la Maison Susse », in Gazette des beaux-arts, tome 126, février 1994
  • Collectif, Sculptures, de Carpeaux à Rodin : Exposition, Mont-de-Marsan, Musée Despiau-Wlérick, 23 juin-8 octobre 2000, catalogue, Musées de Mont-de-Marsan, 2000 (ISBN 9782914098021)
  • Bertrand Tillier, La Commune de Paris, révolution sans images ? - Politique et représentations dans la France républicaine, 1871-1914, Seyssel : Champ Vallon, 2004 (ISBN 9782876733909)
  • « Dalou, des gisants et des morts », in Europe, no 923, mars 2006, p. 327-338
  • Amélie Simier, Daniel Imbert, Guénola Groud, Dalou à Paris, Paris, Éditions Paris Musées, 2010 (ISBN 978-2-7596-0121-9)
  • Amélie Simier, Marine Kisiel, Jules Dalou : le sculpteur de la République, Paris, Éditions Paris Musées, 2013 (ISBN 9782759601899)

Archives

  • Cloé Viala, La réception de l'art d'Aimé-Jules Dalou entre 1883 et 1889 : une reconnaissance après l'exil, mémoire d'étude de l'École du Louvre, 2009.
  • Vladimir Nestorov, Jules Dalou et Rubens : histoire d'une inspiration, mémoire d'étude de l'École du Louvre, 2013.

Notes et références

  1. Duret fut aussi le maitre de Carpeaux.
  2. Gustave Coquiot, Rodin à l'Hôtel de Biron et à Meudon, Ollendorff, Paris, 1917, p. 109.(en ligne)
  3. biographie Insecula
  4. Ces marbres ne seront jamais achevés et les plâtres détruits
  5. Henri Barbet de Jouy (1812-1896), fils de Jacques-Juste Barbet de Jouy.
  6. Dont l'atelier se trouve au 153 rue Blomet.
  7. a et b Composé d'un obélisque supportant une statue de la Victoire à son sommet et, au niveau de la petite base, d'une statue de la France. Cet ensemble a été transformé en monument à la gloire d'Abd el-Kader après l'indépendance de l'Algérie : la statue de la France et le cartouche commémoratif ont été retirés et quatre médaillons en bas-reliefs identiques du portrait d'Abd el-Kader ont été disposés sur les quatre faces de l'obélisque au niveau de la petite base en 1969. La statue de la Victoire est restée inchangée. La statue de la France et le cartouche commémoratif ont été intégrés dans un nouveau monument inauguré le 10 juillet 1966 à Périssac.Voir les photographies du nouveau monument à Périssac
  8. L'Expo universelle, 1889, Pascal Ory, ed.Complexe, 1989
  9. Le 15 mars 1898, journal de Dalou transcrit par Maurice Dreyfous dans : Dalou, sa vie et son œuvre, p. 256
  10. Remis à la Ville de Bordeaux le 25 avril 1904, ce monument est inauguré un an après par le président de la république Émile Loubet le 25 avril 1905)
  11. Le cartouche en bronze en haut de la colonne a disparu.
  12. Détruit en 1941 par l'occupant allemand pour refonte destinée à l'armement. Refondu et réérigé en 1971, mais il manque le seau que tenait l'ouvrier dans sa main droite.
  13. Base Mistral
  14. Le buste de Delacroix a été déplacé en face de la maison natale du peintre, devenue médiathèque. La stèle, privée de ses ornements en bronze, a été transformée en monument aux morts de Saint-Maurice.
  15. Réalisé avec l'architecte Jean Camille Formigé
  16. Le monument est aujourd’hui conservé dans les réserves du Musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Articles connexes

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