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Charles Boyer

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Charles Boyer
Description de cette image, également commentée ci-après
Charles Boyer en 1942
Naissance
Figeac (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 78 ans)
Phoenix, Arizona (États-Unis)
Profession Acteur
Films notables Le Bonheur (1934)
Casbah (1938)
Elle et lui (1939)
Hantise (1944)
Maxime (1958)
Fanny (1961)

Charles Boyer, né le à Figeac (Lot)[1] et mort le à Phoenix (Arizona), est un acteur franco-américain. Après avoir commencé sa carrière en France, il devient l'un des acteurs français les plus célèbres à Hollywood durant les années 1930 et 1940. Se montrant aussi à l'aise dans les mélodrames, Le Jardin d'Allah (1936), Casbah (1938) et Elle et lui (1939), que dans les thrillers, Hantise (1944), il est nommé à quatre reprises à l'oscar du meilleur acteur.

Fils unique, Charles Boyer naît prématurément le 28 août 1899, boulevard Labernade à Figeac. Son père, Maurice Boyer tient un commerce familial de moissonneuses-batteuses, fourneaux de cuisine et faucheuses (créé en 1812) et sa mère, Louise, est mère au foyer[2]. Dès son plus jeune âge, il a l'habitude de s'installer sur le comptoir où il récite des poésies ou des tirades pour amuser les clients[3]. En 1909, son père décède brutalement et sa mère tient malgré tout à ce qu'il bénéficie d'une éducation bourgeoise, notamment par le biais de cours de violon[4]. Peu de temps après, il assiste pour la première fois à une pièce de théâtre, Samson, dans laquelle se produit le comédien Lucien Guitry. Impressionné par son talent, il fait alors le vœu de devenir acteur, au grand désarroi de sa mère[5],[6].

En 1914, la guerre éclate. Au cours de ces années noires, Figeac accueille des soldats convalescents. Pour les distraire, Charles Boyer crée et joue des spectacles[7]. En 1917, à 19 ans, il obtient son baccalauréat. Diplôme en poche, il part pour Paris et s'inscrit à la Sorbonne. À l'occasion de vacances universitaires, il rencontre, à Figeac, Raphaël Duflos, qui tourne un film dans la région (Au travail, d'après Émile Zola, tourné à Decazeville). C'est son premier contact avec le cinéma[8].

Débuts et consécration

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Après avoir suivi le conservatoire, Charles Boyer commence sa carrière par le théâtre. Mais c'est au cinéma, en France, notamment grâce à Marcel L'Herbier, puis à Hollywood, qu'il connaît ses plus grands succès comme « jeune premier » au cours des années 1920 et 1930.[réf. nécessaire].

Dans un entretien avec Armand Panigel en 1972, Fritz Lang déclare que Boyer n'a jamais été meilleur que dans le Liliom qu'il lui a fait tourner lors de son escale en France, en 1934. En effet, la gouaille et le dynamisme juvénile de ce rôle de petit voyou, finalement attendrissant, révèlent une face méconnue, et peu exploitée par la suite, du talent de l'acteur, ici presque à contre-emploi.[réf. nécessaire]

En 1934, il épouse une jeune actrice britannique, Pat Paterson, rencontrée quelques semaines plus tôt lors d'une soirée entre deux tournages de Caravane[9] et neuf ans plus tard, ils deviendront les parents d'un unique fils, Michael Charles Boyer dont la vie sera malheureusement courte à cause d'un désespoir d'amour.

En 1938, il décroche le fameux rôle de Pépé le Moko, le voleur en fuite dans Casbah, un remake en langue anglaise du film français Pépé le Moko avec Jean Gabin, son grand rival. Bien que dans le film Boyer n'ait jamais dit à Hedy Lamarr « Viens avec moi à la Casbah », cette réplique moquant son accent français est présente dans la bande annonce du film. La phrase lui collera à la peau à la suite des parodies des Looney Tunes[10],[11]. Le rôle de Boyer dans Pépé Le Moko est déjà célèbre quand l'animateur Chuck Jones, responsable du personnage de Pépé le putois, la mouffette rayée romantique (et non un putois), apparaît pour la première fois en 1945 dans Odor-able Kitty[10]. L'accent de Boyer est également parodié dans les dessins animés de Tom et Jerry, notamment lorsque Tom essayait de courtiser une chatte (voir The Zoot Cat).[réf. nécessaire]. Ce rôle d'amoureux malgré lui le suivra toute sa carrière[12].

Durant les années 1930 et 1940, il est une grande vedette et les studios se l'arrachent. Figure de la colonie française expatriée de l'époque (Jean Renoir, Jean-Pierre Aumont, Julien Duvivier...), il est dédaigné par Jean Gabin qui ne s'en cache pas et « trouve cette célébrité usurpée »[12].

Années de guerre

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Le , il obtient la citoyenneté américaine. Peu disert sur ce sujet, Charles Boyer explique qu'il ne se sentait plus « en Amérique » mais « d'Amérique »[12]. Si certains biographes rappellent que sa femme, Pat Paterson, avait exprimé en 1936, lors d'une interview accordée au magazine Picture Play (en), sa crainte de voir son mari être mobilisé pour la guerre qui se profilait, d'autres (Chassagnard, Brunelin) excluent l'hypothèse d'une échappatoire au rappel sous les drapeaux[12]. En effet, exempté de service militaire (étant orphelin de père), il revient à Figeac en 1939 pour s'engager dans l'armée. Il devient ainsi artilleur au 32e régiment d'artillerie coloniale mixte à Agen et est affecté à la défense des fortifications de la ligne Maginot[13]. Au bout de onze semaines, il est démobilisé par le président du conseil, Edouard Daladier, qui lui demande de retourner aux États-Unis pour convaincre ses amis américains du show-business du bienfondé de cette guerre[13],[14]. Surpris par l'armistice, il est frappé par l'appel du 18 Juin de Charles de Gaulle, qu'il enregistre en anglais pour des radios américaines, et décide de soutenir la France libre[15],[13]. Peu de temps après, il fonde un centre intellectuel à Los Angeles à partir des six cents volumes de sa bibliothèque, la French Research Foundation, qui en 1945 comptait plus de quinze mille livres. Ce don de sa part avait pour mission en période de guerre d'incarner l'esprit français aux États-Unis[16]. Durant la même période, il participe à la création et au financement du « French War Relief Committee » (Comité français de secours de guerre)[15].

Fin de carrière

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Les plus grandes actrices de son époque sont ses partenaires : Bette Davis (L'Étrangère), Greta Garbo (Marie Walewska), Marlene Dietrich (Le Jardin d'Allah), Katharine Hepburn (Coeurs brisés), Danielle Darrieux (Mayerling, Madame de...), Irene Dunne (Elle et lui), Olivia de Havilland (Par la porte d'or), Ingrid Bergman (Hantise, Nina), Michèle Morgan (Maxime). Dans son autobiographie, Ma vie, Ingrid Bergman a dit de lui : « C'était l'élégance et la courtoisie personnifiées ». Il continue d'avoir des rôles jusqu'à sa mort, mais avec un succès moindre.[réf. nécessaire].

Drame familial

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Le , son fils unique, Michael Charles Boyer, né le 9 décembre 1943, dont la mère est l'actrice anglaise Pat Paterson, se suicide d'une balle dans la tête en jouant à la roulette russe dans sa chambre à son domicile de Beverly Hills. Sa petite amie Marilyn Campbell, 22 ans, venait de lui annoncer qu'elle le quittait. Charles Boyer se trouve alors à Paris[17].

Le , Charles Boyer se suicide[18] à l'aide d'une dose mortelle de barbituriques, deux jours après le décès de sa femme, l'actrice Pat Paterson, des suites d'un cancer, et deux jours avant de fêter son 79e anniversaire. Il est enterré au cimetière Holy Cross à Los Angeles.

Filmographie

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Charles Boyer, photo parue dans Photoplay, juin 1936.
Dans Cette nuit est notre nuit (1937)
Charles Boyer avec Sigrid Gurie et Hedy Lamarr dans Casbah (1938)
Charles Boyer dans Elle et lui (1939)
Charles Boyer et Bette Davis dans L'Étrangère (1940)
Charles Boyer et Ingrid Bergman dans Hantise (1944)
Charles Boyer en 1955

Télévision

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Séries télévisées

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Distinctions

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Décoration

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Notes et références

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  1. Archives du Lot, commune de Figeac, acte de naissance no 62, année 1899 (vue 17/26) (sans mention marginale de mariage et de décès)
  2. Chassagnard, pp. 7 et 8.
  3. Chassagnard, p. 8.
  4. Chassagnard, p. 10.
  5. Chassagnard, p. 11.
  6. Laurence Turetti, « Charles Boyer, le Lotois d'Hollywood », Midi le magazine,‎ , p. 22 à 23
  7. Chassagnard, p. 12.
  8. La Dépêche du Midi, « Figeac. Charles Boyer, un « latin lover » né à Figeac », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Guidez, p. 38.
  10. a et b TCM Film Guide, p. 29-31.
  11. Paul F. Boller, Jr. et George, John, They Never Said It : A Book of Fake Quotes, Misquotes, and Misleading Attributions, New York, Oxford University Press, (ISBN 0-19-505541-1).
  12. a b c et d Glâtre, 2016
  13. a b et c Guidez, p. 40.
  14. Chassagnard, p. 86.
  15. a et b Chassagnard, p. 88.
  16. André David, Une enclave française aux États-Unis, in Les Lettres françaises no 78, samedi 20 octobre 1945, p. 1 et
  17. « Désespoir d'amour. Le fils de Charles Boyer se tire une balle dans la tempe. », L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 24 septembre 1965
  18. « Figeac. L'Oscar oublié du Lotois Charles Boyer », sur Ladepeche.fr (consulté le )
  19. « for his progressive cultural achievement in establishing the French Research Foundation in Los Angeles as a source of reference for the Hollywood Motion Picture Industry. [certificate of merit] ».
  20. T.M., « Ces acteurs et actrices français récompensés aux Oscars », Europe 1, (consulté le ).
  21. "Special Award for assisting a new theatre trend by means of his distinguished performance in Don Juan in Hell"

Bibliographie

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  • L'Oscar oublié de Charles Boyer - La Dépêche du Midi, p. 10 (pleine page), article de Pierre Mathieu, , avec l'aide de Philippe Calmon.
  • "Charles Boyer Il n'a pas voulu survivre à son amour" - Paris Match p. 54-61 article basé sur un reportage de Paul Slade avec Jean-Pierre Aumont un ami de Charles Boyer
  • Guy Chassagnard, Charles Boyer, profession : acteur, chassagnard, 2008, 159 pages, (ISBN 2901082270)
  • Patrick Glâtre, Gabin, Dietrich: Un couple dans la guerre, Robert Laffont, 2016, 276 pages, (ISBN 2221195868)
  • Jean-Louis Guidez, Éclats d'histoire du 6 juin 1944 (anecdotes ciblées, inédites et secrètes du débarquement de Normandie), Editions des Régionalismes, 2020, 166 pages, (ISBN 2824054700)
  • (en) Larry Swindell, Charles Boyer : the reluctant lover, Doubleday, 1983, 314 pages, (ISBN 162654610X)

Liens externes

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