Mur pour la Paix

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Mur pour la Paix
Le Mur pour la Paix à Paris, avec la tour Eiffel en arrière-plan.
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Le Mur pour la Paix est un monument élevé en mars 2000 devant l'École militaire, sur le Champ-de-Mars, dans le 7e arrondissement de Paris, et démonté en juin 2020. Depuis, le nouveau lieu d'édification de ce monument fait l'objet de controverses.

Réalisé par l'artiste Clara Halter et l'architecte Jean-Michel Wilmotte, son but est de célébrer la Paix, en affichant ce mot dans un grand nombre de langues et en permettant d'y glisser des messages de paix, à l'image du Mur des Lamentations de Jérusalem.

Description[modifier | modifier le code]

Il a été réalisé par l'artiste Clara Halter et l'architecte Jean-Michel Wilmotte. Ils ont installé ce monument célébrant la paix dans un endroit qui est précisément un symbole de la guerre (le Champ-de-Mars tire son nom de Mars, le dieu de la guerre dans la mythologie romaine, et l'École militaire se trouve à proximité). Il devait être initialement placé devant le siège de l'UNESCO.

Le Mur pour la Paix est constitué d'une charpente métallique habillée de bois, d'inox et de verre. Il mesure près de 16 mètres de longueur, 13 mètres de largeur et 9 mètres de hauteur. Sur les grandes façades de verre est écrit le mot « paix » en 49 langues différentes.

Cette œuvre s'inspire directement du Mur des Lamentations de Jérusalem puisque les visiteurs peuvent laisser un message de paix dans les fentes prévues à cet effet, ou envoyer un message de paix depuis le site web ou, depuis 2003, des bornes interactives, les messages étant alors affichés sur des écrans situés dans le monument. Le site comporte également des messages de paix de personnalités[1].

Le site est devenu un lieu de rendez-vous pour des militants des droits de l'homme.

Controverses[modifier | modifier le code]

Installé à l'origine pour quatre mois dans le cadre des célébrations de l'an 2000, ce monument fait depuis l'objet de vives controverses, tant sur sa valeur artistique que sur son emplacement et la légalité de son installation[2]. Ainsi l'association des Amis du Champ-de-Mars déplore la rupture qu'il engendre dans la perspective entre l'École militaire et la tour Eiffel[3],[4]. L'enchevêtrement de responsabilités entre la Mairie de Paris, le ministère de la Culture et la préfecture de police favorise ces controverses. Selon certains élus parisiens, ce monument aurait été installé dans l'illégalité, érigé sans permis de construire[5]. En 2020, Marek Halter admet finalement : « Sur le Champ-de-Mars, je n'étais pas en règle sur le plan juridique »[6].

La maire du 7e arrondissement, Rachida Dati, réclame avec force son démontage et sa réinstallation à un autre endroit[7] (par exemple à La Villette, le long du canal de l'Ourcq, place Balard près du nouveau ministère de la Défense et même à Oradour-sur-Glane[8]), et a lancé une pétition « pour le respect de la perspective classée du Champ-de-Mars »[9]. L'écrivain Marek Halter, époux de l'auteure du monument, défend vigoureusement l'œuvre et sa localisation[10] et a cité Rachida Dati en diffamation, sa lettre ouverte suggérant que les époux Halter profiteraient financièrement des frais d'entretien du mur[11]. Le , le Tribunal condamne Rachida Dati pour diffamation à une amende de 2 000  avec sursis, auxquels s'ajoutent 4 000  de dommages et intérêts et 3 000  pour couvrir les frais de procédure[12]. Le , la Cour de cassation casse sans renvoi la condamnation de Rachida Dati, estimant que les propos « ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d'expression »[13].

En 2011, est créée l'Association pour la pérennisation du Mur pour la paix au Champ-de-Mars (APMPCM) avec le soutien de Jean-François Copé, de Lionel Jospin, de Martine Aubry, de Jean-Pierre Raffarin, d'Ivan Rioufol, d'Audrey Pulvar, de SOS Racisme, de la Fondation Abbé-Pierre, de la Licra, du CRIF, du CRAN, ou de Christofle, entre autres[14].

Vandalisme[modifier | modifier le code]

Le monument a été vandalisé à de multiples reprises, cassé ou souillé par des graffitis racistes et antisémites, notamment en [15], [15], [16], [17], [3], [18], [19] et [20].

En 2011, l'avocat des époux Halter déclare que le mur leur a déjà coûté 27 000  en entretien[11].

En 2015, protégé par des grilles, son accès est la plupart du temps interdit au public bien que des visites guidées y soient organisées, notamment aux dates suivantes : , Pâques, Lundi de Pâques, Ascension, , Pentecôte, lundi de Pentecôte, , , , et [21].

Déplacement[modifier | modifier le code]

En , Marek Halter annonce avoir conclu un accord avec l'État et la ville de Paris, afin de déplacer l'œuvre avenue de Breteuil, en face des Invalides ; des travaux d'un mois sont nécessaires, commençant fin mai[22]. Une nouvelle version de l'œuvre, restructurée, est alors proposée[6].

Le monument est démonté afin de laisser la place au Grand Palais éphémère, qui doit être érigé à cet emplacement en 2021[23].

Ce « transfert » du nouveau Mur provoque les critiques de nombreux riverains de l'avenue de Breteuil. Ils dénoncent l'absence de concertation concernant cette installation, la perspective bouchée ou encore la dalle de béton de 150 m² qui doit être coulée sur les pelouses afin d'accueillir l'édifice[6]. Dans ce cadre, un collectif de riverains se constitue et lance une pétition. Une rencontre est organisée à la Mairie de Paris avec Marek Halter, des élus EELV et des membres du collectif, qui ne permet pas de trouver une solution, ce qui conduit le Collectif Breteuil à introduire un recours gracieux. Par un vœu de 17 décembre 2020, le Conseil de Paris reconnaît que le projet a été mené sans concertation et qu'il convient de trouver un lieu alternatif. Le Collectif Breteuil introduit un recours contentieux devant le Tribunal administratif de Paris[réf. souhaitée]. Par un jugement en date du 6 juillet 2023, le Tribunal administratif de Paris a annulé le permis de construire et condamné la Mairie de Paris à indemniser les requérants[réf. souhaitée]. Le 12 septembre 2023, le greffe de la Cour administrative d'appel de Paris constate l'absence de recours contre le jugement du Tribunal administratif et, en conséquence, le caractère définitif du jugement du Tribunal administratif et l'annulation du permis de construire sont désormais acquis.

Langues et inscriptions[modifier | modifier le code]

Les inscriptions portées sur le Mur pour la Paix sont les suivantes (44 des 49 langues et 18 alphabets) [24] :

Langue Inscription
albanais paqja
allemand Frieden
anglais peace
arabe سلام
birman ငြိမ်းချမ်းရေး
braille (français) ⠏⠁⠊⠭
chinois 和平
coréen 평화
danois fred
espagnol portugais paz
Langue Inscription
estonien rahu
finnois rauha
français paix
grec ειρήνη
hébreu שלום
hindi शांति
hongrois béke
inuktitut ᓴᐃᒪᓂᖅ
persan صلح
indonésien perdamain
Langue Inscription
italien roumain pace
ivoirien ahoudjo hé
japonais 平和
kazakh Бейбітшілік
khmer សន្តិភាព
letton miers
lituanien taika
malais aman damai
Langue Inscription
malgache fandriam
néerlandais vrede
ourdou امن
ouzbek tinchlik
philippin kapayapaan
polonais pokój
russe мир
tadjik сулҳ
Langue Inscription
thaï สันติภาพ
tatar Тынычлык
tchouktch
tibétain ཞི་བདེ།
turc barış
suédois fred
vietnamien hòa bình
wolof diam

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Elie Wiesel, Cyrielle Clair, Jean-Charles Decaux, Lionel Jospin, Bernard-Henri Lévy, Élie Chouraqui, Alexandre Avdeïev, Alain Nemarq, Gérard de Cortanze, Rama Yade, Patrick Frey, Jean-Paul Bailly, Pierre Moscovici, Théo Klein, David Douillet, Jean Nouvel, Kōichirō Matsuura, Jérôme Clément, François Hollande, Philippe Robinet, Boualem Sansal, Danièle Thompson, Olivia Cattan, Richard Rossin, Serge Uzzan, Pierre Martial, Alain Afflelou, Michel Gryner, Renaud, Daniel Templon, Firas Tlass, René Frydman, Benoît Duquesne, Tomasz Orlowski, Martine Aubry, Edgar Morin, Étienne-Émile Baulieu, Simone Halberstadt Harari, Pierre Mongin, Nahed Ojjeh, Gérard Collomb, Nathalie Obadia, Pierre Combescot, Gérard Pullicino, Lara Fabian, Laurent Gerra, Michel Jonasz, Enrico Macias, Luc Dardenne, Shimon Peres, Bernard Kouchner, Christine Albanel, Bertrand Delanoë, Dominique Sopo, Sonia Rykiel, Amos Gitaï, Michel Legrand, Pierre Bergé, Bernard Fixot, Jean Reno, Olivier Poivre d'Arvor, Bernard Murat, Malek Chebel, Maurice Lévy, Rachid Taha, Diane von Fürstenberg, Ghaleb Bencheikh, Jean-Michel di Falco, Irène Frain, Pierre Cornette de Saint-Cyr, Claude Unger, Christophe Girard, Luc Ferry, Patrick Lozès, Philippe Monsel, Serge Toubiana, Maryse Wolinski, Armando Verdiglione, Denis Olivennes, Myriam Salomon, Jean-Claude Lamy, Bernard Bled, Jul, Pascal Boniface, Thierry Oriez, Alain Seban
  2. Florence Pacaud, « Le Mur de la discorde », France Culture, .
  3. a et b « La guerre se rallume autour du Mur pour la paix », Le Parisien, .
  4. « Notre position sur le Mur pour la Paix », Les Amis du Champ-de-Mars, mars 2013.
  5. Gérard Roubichou, Une concession à perpétuité ? : L'affaire du Mur pour la paix 2000, 1999-2008, Aubin, , 95 p. (ISBN 978-2-910576-95-0).
  6. a b et c Élodie Soulié, « Paris : les riverains de l’avenue de Breteuil partent en guerre contre le Mur pour la Paix », Le Parisien, (consulté le ).
  7. « Rachida Dati veut faire tomber le Mur pour la paix », Le Parisien, .
  8. Élisabeth Chavelet, Rachida ne meurt jamais, Paris, éditions du Moment, , 180 p. (ISBN 978-2-35417-245-9), p. 158.
  9. Julien Michelon, « Rachida Dati en guerre contre le Mur pour la Paix », Métro, .
  10. « La colère de Marek Halter », Le Parisien, .
  11. a et b Philippe Romain, « À Paris, le Mur pour la paix continue de diviser », Le Figaro, .
  12. Christel Brigaudeau, « Rachida Dati condamnée pour diffamation », Le Parisien, .
  13. « Dati gagne une manche dans la guerre du Mur de la paix », Le Parisien, .
  14. Évelyne Pieiller, « Le mur de la discorde », Le Monde diplomatique, , p. 28.
  15. a et b Géraldine Doutriaux, « Le Mur pour la paix à nouveau vandalisé », Le Parisien, .
  16. Yann Leon, « Le Mur pour la Paix dégradé pour la quatrième fois », sur Rue89, .
  17. « Qui en veut au Mur pour la paix ? », Le Parisien, .
  18. « Le Mur pour la paix à nouveau dégradé », Le Parisien, .
  19. Vincent Michelon, « Des tags antisémites sur le Mur pour la paix », Métro, .
  20. « Le Mur pour la Paix encore vandalisé », Le Parisien, .
  21. « Le Mur pour la paix », sur Parisinfo.com, Office du tourisme et des congrès de Paris.
  22. AFP, « Le Mur de la Paix, du Champ de mars à Paris, va être déplacé, annonce Marek Halter », TV5 Monde, .
  23. Éric Le Mitouard, « Le Mur de la Paix aura un nouveau look… et cherche où déménager à Paris », Le Parisien, .
  24. « Les 49 langues », sur le site officiel.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]