Mezcal

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Mezcal
Image illustrative de l’article Mezcal
Une bouteille de mezcal avec une larve dans le fond.

Pays d’origine Drapeau du Mexique Mexique
Principaux ingrédients Agave

Le mezcal (ou mescal, du nahuatl mexcalli [metl + ixcalli], qui signifie « agave cuite au four ») est une eau-de-vie élaborée au Mexique à partir de l'Agave, aussi appelé « maguey ».

Origines[modifier | modifier le code]

Les Mésoaméricains ne connaissant pas le procédé de la distillation, la seule boisson alcoolisée qu'ils tiraient de l'agave était le pulque, dont le degré d'alcool était faible, entre 6 et 8 °GL environ[1]. Les analyses menées par l'université nationale autonome de Mexico sur d'anciens fours découverts à Xochitécatl-Cacaxtla suggèrent qu'un processus de chauffage-fermentation-distillation a pu être mis en œuvre pour obtenir une liqueur rituelle de plus fort degré alcoolique.

La distillation fut pratiquée à partir du XVIIe siècle à l'époque de la Nouvelle-Espagne.

La naissance de la grande diversité des « mezcales » a probablement commencé avec l'introduction de la production du vin de coco[2].

Distinction entre le mezcal et le tequila, réglementation[modifier | modifier le code]

Paysage typique d'agaves cultivées.

Le tequila est une eau-de-vie qui doit obligatoirement être élaborée à partir de l'Agave tequilana, variété bleue[3]. Pour le mezcal, toutes les variétés d'agave sont autorisées[4].

Ces réglementations sont régies par des normes d'appellations d'origine (denominación de origen). Ainsi, les deux boissons diffèrent également par leur zone de production. En , la tequila peut être produite dans tout l'État de Jalisco, ainsi que dans certaines municipalités de Guanajuato, de Michoacán, de Nayarit ou de Tamaulipas[5]. En , le mezcal pouvait quant à lui être produit dans les États de Durango, de Guerrero, de Oaxaca, de San Luis Potosí et de Zacatecas, ainsi que dans les municipalités de San Felipe et de San Luis de la Paz à Guanajuato, 11 municipalités de Tamaulipas, 29 municipalités de Michoacán, et 115 municipalités de Puebla. Ces dernières municipalités résultent d'ajouts successifs dans le territoire de l'appellation[6]. L'aire commune aux deux appellations est donc petite, relativement aux zones autorisées respectives.

La déclaration de la protection de l'appellation d'origine mezcal a été publiée le dans le Journal officiel de la Fédération. Une première norme, rédigée en année et rentrée en vigueur en , en définit deux catégories[7] :

  • le type 1 : mezcal 100 % agave ;
  • le type 2 : il doit contenir un minimum de 80 % d'agave.

Cette nouvelle loi établit aussi plusieurs catégories selon l'âge du mezcal, ces catégories sont les mêmes que pour le tequila : joven, reposado et añejo[8].

En , il était encore d'usage au Mexique d'appeler mezcal toute eau-de-vie d'agave, ce qui entraîne une confusion avec l'appellation protégée. Ainsi, il existait des producteurs de mezcal à Jalisco, alors que cet État ne faisait pas partie de la zone de l'appellation officielle[9].

Une nouvelle norme est entrée en vigueur le [6] et annule la précédente norme. Cette nouvelle norme supprime notamment les deux types de mezcal : seul ce qui était auparavant appelé mezcal de type 1 est alors autorisé à s'appeler mezcal. Les entreprises avaient un délai de quatre ans pour se mettre en conformité avec cette nouvelle réglementation[4]. Par conséquent, depuis , les mezcals commercialisés sont tous fabriqués à partir de 100 % d'agave.

Production[modifier | modifier le code]

Palenque.

Techniques de fabrication[modifier | modifier le code]

Pour le mezcal, on utilise des agaves ayant à maturité environ 7 ans et jusqu'à 30 ans selon les variétés avant qu'ait lieu la récolte, et qu'on appelle jima. Les feuilles acérées (pencas) sont élaguées par le cultivateur d'agave (jimador) à l'aide d'un outil tranchant, la coa, pour ne garder que le cœur ou piña (mot espagnol pour ananas).

Traditionnellement, les piñas, qui ressemblent à des ananas géants pouvant peser 35 kilogrammes, sont cuites dans des palenques, des fosses coniques de 2 à 3 mètres de diamètre creusées dans le sol et dont les parois sont recouvertes de pierres chaudes, de feuilles d'agave, de petate (tapis de fibre de palme) et de terre. La cuisson se fait par la chaleur d'un bois qui se consume et qui apporte de la typicité. Il peut s'agir de bois de chêne mais pas seulement, certains producteurs utilisant du mesquite ou du pin par exemple. Cette cuisson dure jusqu'à une semaine, elle permet de transformer les amidons (inuline) contenus naturellement dans la plante en sucres qui deviennent fermentescibles et qui donneront l'alcool. Ce mode de cuisson permet également à la boisson de s'imprégner des saveurs de la terre et de la fumée.

Piñas cuites.

Après la cuisson, la piña est refroidie et repose jusqu'à une semaine, puis elle est moulue pour en extraire la pulpe. Cette dernière opération est effectuée dans un pressoir ou sur un disque de pierre ou de béton sur lequel tourne une roue de pierre (la taona).

On récupère ensuite le contenu broyé et on le place dans de grandes cuves (de différents matériaux comme le bois) où ses sucres vont être transformés en alcool par fermentation, sous l'action de levures naturelles. Cette fermentation dure d’une à quatre semaines en fonction de la température extérieure fortement dépendante de la région de production. Des catalyseurs (des levures chimiques, par exemple), permettant d'accélérer la fermentation en deux à quatre jours, sont parfois ajoutés. Du sucre de canne ou de maïs peut également être utilisé lors de cette fermentation.

Le jus fermenté obtenu, appelé bagazo, est ensuite distillé deux (ou trois) fois dans un alambic en cuivre, en terre cuite ou encore en céramique. Le résultat de la première distillation, une fois les fibres enlevées, est appelé mezcal ordinaire ou ordinario et titre entre 20° et 35°. Après la deuxième distillation, il titre plus de 70°.

Il faut 10 kilogrammes d'agave pour produire 1 litre de Mezcal.

Augmentation des volumes de production à partir de 2014[modifier | modifier le code]

La production de mezcal a été multipliée par dix de 2015 à 2023, portée par un grand attrait pour cet alcool typique hors des frontières mexicaines[10]. La production est issue à 90% de la région d'Oaxaca.

En 2023, le marché est composé de 25 000 producteurs, contre 3 000 en 2014. De nombreux agriculteurs se sont tournés vers l'agave plutôt que des cultures traditionnelles comme le maïs, la rentabilité étant nettement plus élevée.

Impact environnemental[modifier | modifier le code]

La forte demande extérieure a entraîné la multiplication de monocultures d'agave, et par ricochet, une importante déforestation afin d'implanter des champs. Ces monocultures exposent davantage les plantations aux parasites, et ne permettent pas une infiltration satisfaisante de l'eau dans le sol.

Depuis 2019, huit espèces d’agave sylvestre d’Oaxaca ont été classées sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature, alors que de nombreux spécimens sont volés et utilisés pour produire du mezcal.

Commercialisation[modifier | modifier le code]

Le degré de commercialisation minimum est de 36 °GL, il peut atteindre 55°.

Les normes mexicaines permettent la commercialisation de tequila ou de mezcal vieillis en fûts de chêne. Le blanco repose moins de deux mois en barriques, le reposado de deux mois à un an, l’añejo un an au minimum.

Depuis le 24 avril 2017, seul l'alcool 100% agave peut s’appeler mezcal. La tequila continue la commercialisation de deux types. Le « 100 % agave » et la téquila « coupée » (mixtos, en espagnol), c'est-à-dire que l'on a utilisé seulement 60 % d'alcool provenant des agaves pour son élaboration, complété par de l'alcool provenant souvent de la distillation de la canne à sucre, beaucoup moins cher que l'agave.

En 2022, le Mexique a produit 14,5 millions de litres d'agave, exportés dans 81 pays, contre 1,4 million en 2014[10].

Bouteille de mezcal avec scorpion.

La larve ou gusano[modifier | modifier le code]

Les producteurs de mezcal ajoutaient une larve d'un papillon de nuit parasite de l'agave, l’Hypopta agavis (aussi appelée chilocuil, chinicuil, ou tecol, mots provenant du nahuatl). Depuis plusieurs années la plupart des mezcals sont vendus sans chenille.

Ces larves sont des chenilles et non des vers, (la confusion entre l' espagnol mexicain qui utilise généralement le terme "gusano" pour les chenilles et le castillan qui use du terme oruga) se nourrissent des feuilles succulentes du maguey.

La pratique de mettre une larve de chilocuil dans les bouteilles de mezcal était une "astuce" commerciale pour le différencier de la tequila (surtout à l'exportation). Cette pratique n'était pas une coutume locale ancienne[11].

Le Canada a interdit l'importation de mezcal contenant des larves, pour des raisons sanitaires car ces dernières contiennent un insecte mort mis à l'intérieur de la boisson[12].

Certaines distilleries remplacent la larve habituelle par un scorpion[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Mezcal Mythique (ISBN 2-905779-00-4).
  2. (es) Michiko Mizoguchi, Aristarco Regalado Pinedo et Ana G. Valenzuela Zapata, « Influencia asiática en la producción de mezcal en la costa de Jalisco. El caso de la raicilla », México y la Cuenca del Pacífico, no 33,‎ , p. 91–116 (ISSN 2007-5308, lire en ligne, consulté le ).
  3. (es) « NORMA Oficial Mexicana NOM-006-SCFI-2012, Bebidas alcohólicas-Tequila-Especificaciones. », Diario Oficial de la Federación,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b (es) « NORMA Oficial Mexicana NOM-070-SCFI-2016, Bebidas alcohólicas-Mezcal-Especificaciones. », Diario Oficial de la Federación,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (es) « Claves para Reconocer el Tequila Auténtico », sur Consejo Regulador del Tequila (consulté le ).
  6. a et b (es) « Consejo Regulador del Mezcal », sur Oaxaca mio (consulté le ).
  7. (es) « NORMA Oficial Mexicana NOM-070-SCFI-1994, Bebidas alcohólicas-Mezcal-Especificaciones. », Diario Oficial de la Federación,‎ .
  8. Tequila de Laurence Kretchmer, édition Könemann, 1999 (ISBN 3-8290-1905-X).
  9. (en) Ana G. Valenzuela Zapata et Marie Sarita Gaytán, « Sustaining Biological and Cultural Diversity », Revue d'ethnoécologie, no 2,‎ (ISSN 2267-2419, DOI 10.4000/ethnoecologie.990, lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b « Au Mexique, le boom du mezcal entraîne une déforestation et menace les agaves sauvages », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (es) Acerca del Gusano del Mezcal - Mezcales de Oaxaca.
  12. (es) Prohíben gusano del mezcal por insalubre - ClubDarwin.net, .
  13. Sous le signe du scorpion - Tom Sutherland, Courrier international, .

Annexes[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]