Coluche

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Coluche
Nom de naissance Michel Gérard Joseph Colucci
Naissance
14e arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Décès (à 41 ans)
Opio, Drapeau de la France France
Nationalité Drapeau de la France Français
Profession
Distinctions
César du meilleur acteur
Recordman du monde du kilomètre lancé moto sur piste
Conjoint
Véronique Kantor (1975 - 1981)
Descendants
Romain (1972)
Marius (1976)

Coluche ou de son vrai nom Michel Gérard Joseph Colucci, né le dans le 14e arrondissement de Paris et mort le dans la commune d'Opio, est un humoriste et comédien français.

Fils de Honorio Colucci (originaire d'un petit village italien dans la région de Frosinone, Casalvieri) et de Simone Bouyer, il adopta le pseudonyme « Coluche » à l'âge de 26 ans, au tout début de sa carrière.

Revendiquant sa grossièreté mais selon lui-même « sans jamais tomber dans la vulgarité », l'humoriste a donné très rapidement par sa liberté d'expression un style nouveau et sarcastique dans le domaine du music-hall, en s’attaquant notamment aux tabous, puis aux valeurs morales et politiques de la société contemporaine.

Avant 1976, il occupe des rôles de second plan au cinéma avant de camper des personnages plus centraux puis de tenir le haut de l'affiche durant les années 1980, essentiellement pour des comédies. En parallèle dès 1974, il devient célèbre en parodiant un jeu télévisé : le Schmilblick. Il obtient un César du meilleur acteur en 1984 mais pour son rôle dramatique dans Tchao pantin.

Tour à tour provocateur ou agitateur par ses prises de positions sociales, il se présente à l'élection présidentielle de 1981 avant de se retirer.

Devenu très populaire et apprécié des médias, il fonde en 1985 l'association Les Restos du Cœur, relais d'aide aux plus pauvres, quelques mois avant de mourir dans un accident de moto.

Biographie

Jeunesse

Montrouge

Michel, Gérard, Joseph Colucci naît le , 4 mois après la libération de Paris, dans un hôpital du XIVe arrondissement de Paris. Sa mère, Simone Bouyer dite Monette, est employée chez le fleuriste Baumann, boulevard Montparnasse. Son père, Honorio Colucci, originaire de la région du Latium en Italie[note 1], est peintre en bâtiment. Ce dernier décède en 1947 à 31 ans d'une poliomyélite et son épouse doit élever seule ses deux enfants. Délaissés par la belle-famille (à l’exception notable de Maria, la mère d’Honorio qui passe encore les voir)[1], Monette, Michel et Danièle, laquelle a un an et demi de plus que son frère, vivent ensemble dans une pièce et une cuisine. Alors qu’elle avait renoncé à son travail pour élever ses enfants, Monette retrouve de petits emplois qu’elle doit parfois cumuler pour gagner un salaire de misère[2]. Souffrant d’une grave scoliose, elle emmène ses enfants un été à Berck pendant ses traitements. Malgré toutes ces difficultés, elle garde espoir en l’avenir et adopte les modes de vie des classes sociales plus aisées, veillant à ce que ses enfants soient bien mis[2]. Michel n’apprécie pas cette fracture entre la réalité et les aspirations de sa mère, et à propos de ses vêtements qui tranchent avec ceux des autres enfants du quartier, il lui reprochera de l’habiller comme une fille[note 2].

Loin des rêves maternels, Michel choisit Montrouge (banlieue sud de Paris) où il traîne avec ses copains. Le travail scolaire ne le passionne pas et il fait rire ses camarades de classe en tenant tête à l’instituteur[note 3]. Son parcours scolaire s’arrête au Certificat d'études primaires qu'il rate volontairement en juin 1958 : ayant fait une seule faute à la dictée le matin, et ainsi avoir selon lui fait ses preuves[note 4], il ne juge pas utile d’y retourner l’après-midi[2]. Quand il n’est pas à l’école, il traîne avec ses copains de la bande Solo, du nom de la cité : la Solidarité. Accompagné généralement de Bouboule, de son vrai nom Alain Chevestrier[note 5], il cumule les petits larcins et aura régulièrement affaire à la police. Tous deux vont même jusqu’à s’essayer à des méfaits plus graves comme l’agression physique ; mais en tentant de dérober le sac d’une vieille dame ils se font tirer dessus par un passant. Coluche, qui avait alors la quinzaine, mettra longtemps avant de relater cet épisode de sa vie dont il a honte[2].

Son comportement exaspère Monette qui s’interroge de plus en plus vivement sur l’avenir de son fils. Il s'essaie alors à de petits boulots, qu'il n'arrive pas à garder bien longtemps. Ainsi il est tour à tour télégraphiste, céramiste, garçon de café, livreur, apprenti-photographe, sous-préparateur en pharmacie, photostoppeur, aide-pompiste, assistant de marchand de fruits et légumes ou encore fleuriste[2]. C’est à ce moment qu’il prend goût pour la musique. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, il est fan de rock, des Beatles, de Johnny Hallyday, des Chaussettes Noires ou encore d’Elvis Presley. Mais il voue également une profonde admiration à Georges Brassens. Après de longues discussions avec Monette, il obtiendra sa première guitare, dont il joue sans jamais avoir appris[2].

Errances à Paris

Peu à peu, il s’éloigne de Montrouge, à la recherche d’une autre vie que celle que lui réserve cette cité. Il traîne dans Paris, s’intéressant sans suite au métier de comédien, ou au monde des sports mécaniques, touchant un peu au bricolage. Il travaille un temps chez un fleuriste de l’île de la Cité. En 1964, il est incorporé dans le 60e régiment d'infanterie de Lons-le-Saunier, où il fait de la prison pour insubordination. De retour à la vie civile, il travaille comme fleuriste avec sa mère à la boutique qu'elle vient d'ouvrir dans le quartier de la Gare de Lyon. Toutefois, il estime ce travail peu intéressant et le quitte brutalement, ce qui lui vaut de se brouiller provisoirement avec sa mère[2].

Le cabaret de la Vieille Grille à Paris

À la fin des années 1960, il décide de se lancer dans la musique. Entre 1966 et 1967, il interprète certaines chansons de Boby Lapointe, Boris Vian, Georges Brassens, Léo Ferré ou encore Yves Montand, aux terrasses des cafés des quartiers de la Constrescarpe et de Saint-Michel. Il s’associe avec des musiciens rencontrés sur place, Xavier Thibault, Jacques Delaporte et Jean-Claude Dagostini, dit Le Bœuf, avec lesquels il crée un groupe éphémère : les « Craignos Boboys ». Il se rapproche ensuite du monde des cabarets. Tout en assumant un travail de plongeur (dans la restauration), il se produit sur la scène du cabaret Chez Bernadette, dans le quartier de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris. Il y fait la connaissance de Georges Moustaki, lequel l'héberge et le soutient financièrement. Toujours à Paris, il se produit dans d'autres cabarets : La Galerie 55 rue de Seine, Le Port du Salut rue Saint Jacques ou La Vieille Grille rue du Puits-de-l'Ermite. Il travaille ensuite au cabaret La Méthode rue Descartes, comme barman et régisseur. Il y rencontre France Pellet et son frère, Alain Pellet avec lesquels il se produit sous le nom : « Les Tournesols ». Il y rencontre également Romain Bouteille, qu'il présentera toute sa vie comme son modèle[2],[note 6].

Débuts d'humoriste

Café de la Gare

Avec Romain Bouteille, il est présent dès l'origine du Café de la Gare, inauguré officiellement le . Ce lieu symbole du café-théâtre réunit une bande de jeunes comédiens dont beaucoup deviendront célèbres, tels que Patrick Dewaere, Henri Guybet, Miou-Miou, Martin Lamotte... Parmi les parrains du Café de la Gare on retrouve Georges Moustaki, Raymond Devos, Jean Ferrat, Jacques Brel, Leni Escudero, Pierre Perret, Jean Yanne et l'équipe de la revue Hara-Kiri. Plus tard, Gérard Lanvin, Renaud Séchan, Rufus, Diane Kurys, Coline Serreau, Anémone, Gérard Depardieu, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko ou encore Gérard Jugnot vont rejoindre la nouvelle troupe ou y faire une collaboration ponctuelle.

Suite à ses problèmes d'alcool qui, selon ses proches, le rendent exécrable voire violent, il se voit contraint de quitter la troupe en 1970[note 7].

Télévision

En octobre 1971, Jacques Martin le recommande à Georges Folgoas, producteur de Midi magazine, pour faire équipe avec Danièle Gilbert. L'expérience ne durera que cinq jours.

Premiers rôles

Durant la fin des années 1960 et le début des années 1970, il est engagé sur plusieurs tournages de séries télévisées françaises de l'ORTF (Madame êtes-vous libre ? avec Denise Fabre puis La cloche tibétaine avec Philippe Léotard). Au cours de cette période, à l'instar de ses collègues de café-théâtre, il apparaît dans des spots publicitaires à la radio et à la télévision. En 1970, il campe un petit rôle dans son premier long-métrage, Le pistonné de Claude Berri.

Le Vrai Chic parisien

En novembre 1971, il fonde une autre troupe, Au vrai chic parisien - Théâtre vulgaire, puis Le vrai chic parisien. Le premier spectacle s'intitule Thérèse est triste, avec une affiche réalisée par son ami Jean-Marc Reiser.

Il rencontre à cette période sa future épouse Véronique Kantor, alors étudiante de « bonne famille » qui se destine au journalisme. Il l'épousera le . Ils ont deux garçons, prénommés Romain en 1972 et Marius en 1976.

Toujours à cause de son comportement et de ses addictions, il quitte sa troupe une nouvelle fois et se lance dans une carrière solo.

Le succès

Carrière solo

Son premier sketch, C'est l'histoire d'un mec, tourne en dérision la difficulté de raconter une histoire drôle. Ses sketches suivants lui valent rapidement un succès populaire qui ne se démentira plus : « Il inventait pour les années 1970 une image de pauvre urbain, bonne pâte mais à court d'idées, empêtré dans les mots, raciste faute de mieux, ballotté par la publicité et les jeux radiophoniques »[3]. Il revendique sa grossièreté : « Toujours grossier, jamais vulgaire »[note 8].

Au printemps 1974, l'impresario et producteur Paul Lederman lui offre le Théâtre La Bruyère pour y prolonger Thérèse est triste, mais c'est un fiasco. Il devient alors son propre impresario; Claude Martinez devenant son associé.

Du 15 février au , il se produit à L'Olympia dans le spectacle Mes adieux au music-hall. C'est dans ce spectacle qu'apparaissent sa célèbre salopette à rayures bleues et son tee-shirt jaune. Il y met en scène ses personnages favoris, des beaufs grossiers, incapables de s'exprimer correctement, haineux. Le 10 mars 1974, il signe le contrat d'un premier disque : l'album des Adieux.

Comme humoriste, Coluche apparaît pour la première fois à la télévision le 19 mai 1974, lorsque Guy Lux diffuse L'histoire d'un mec, juste avant l'allocution du perdant de l'élection présidentielle, François Mitterrand, lequel était en retard.

En 1975, il est en tournée à travers la France, lorsque toutes les radios diffusent son pastiche du jeu télévisé de Guy Lux, le Schmilblick[note 9]. Dans ce sketch apparaît un futur personnage célèbre de l'humoriste : Papy Mougeot.

En 1976, il remonte la pièce Ginette Lacaze à l'Élysée Montmartre avec les comédiens du Splendid, auxquels il a offert des mobylettes pour leurs déplacements entre deux scènes parisiennes ou les tournages.

En plus de sa carrière de comique au théâtre, il joue à cette époque dans plusieurs comédies à succès au cinéma, dont L'Aile ou la Cuisse en 1976 avec Louis de Funès, Claude Gensac et Marcel Dalio sous la direction de Claude Zidi et la production de Christian Fechner.

La radio

Du au , il co-anime avec Robert Willar et Gérard Lanvin l'émission On n'est pas là pour se faire engueuler sur Europe 1, mais son ton provocateur le fait renvoyer. Il triomphe dans le même temps tous les soirs au Gymnase.

Passé à RMC en janvier 1980, il se fait également renvoyer après seulement douze jours, après avoir pris l'antenne par un : « Bonjour, nous sommes en direct du rocher aux putes[note 10]. »

Après sa période d'interdiction d'antenne sur l'ensemble des radios et TV françaises, Coluche profite de la libéralisation de la bande FM. Il participe au lancement de la station RFM fondée par le journaliste Patrick Meyer en juin 1981. Alors que sa concurrente NRJ n'existe pas encore, cette station qui a de gros moyens de diffusion, dérange le pouvoir et sera brouillée durant plusieurs années. Coluche restera trois mois à l'antenne.

La politique et les déboires

Élection présidentielle

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Petite voiture promotionnelle durant sa campagne publicitaire

Le , il organise une conférence de presse où il annonce son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 1981, avec des slogans tels que « Avant moi, la France était coupée en deux. Maintenant elle sera pliée en quatre », ou encore « Coluche, le seul candidat qui n'a pas de raison de mentir ».

Certains y voient une blague, pourtant un sondage le crédite de 16 % d'intentions de vote, et il est soutenu par des intellectuels tels que Pierre Bourdieu, Félix Guattari et Gilles Deleuze[4]. Cette candidature inquiète les équipes de campagne des principaux candidats : François Mitterrand y voyant une menace potentielle, il charge Jean Glavany et Gérard Colé, deux responsables du Parti socialiste, de dissuader Coluche de maintenir sa candidature[5].

Un candidat « anti-Coluche » annonce également son intention de participer aux élections, mais ni l'un ni l'autre n'iront jusqu'au bout du processus. En effet, suite aux pressions et à l'assassinat de son régisseur René Gorlin[note 11], Coluche annonce qu'il se retire le .

Période noire

Il divorce en décembre 1981. Lors d'une édition spéciale, il pose en photo pour le magazine satirique Hara-kiri avec une carabine 22 Long Rifle qu'il offrira à son meilleur ami, Patrick Dewaere. Durant cette période d'errance, il vit en Guadeloupe où il s'adonne à sa passion : fabriquer des chaussures. Il invite Elsa (de son vrai nom Élisabeth Malvina Chalier[note 12]), l'épouse de Patrick Dewaere à le rejoindre sur l'île. Celle-ci quitte alors son mari pour rejoindre Coluche.

Durant la même période, Coluche doit tourner, sur l'insistance de Bertrand Blier, le film La Femme de mon pote avec Patrick Dewaere et Miou-Miou (qui fut également la compagne de ce dernier). Le scénario s'inspire sensiblement de faits réels et de l'intimité qui unit ces trois acteurs.

Le , Patrick Dewaere se suicide, déprimé après le départ de sa compagne, en se tirant une balle dans la tête avec la carabine que Coluche lui avait donnée[6]. Coluche sombre de plus en plus dans la dépression, l'alcool et la drogue[note 13].

Après le suicide de Patrick Dewaere, Miou-Miou refusera d'assumer le rôle du film de Blier, trop douloureux. Le climat doux-amer du film, que Coluche tournera finalement en compagnie d'Isabelle Huppert et de Thierry Lhermitte, laisse transparaître un certain changement dans le style de jeu de Coluche, préfigurant le rôle dramatique de Tchao Pantin.

Retour sur le devant de la scène

Tchao Pantin et les Enfoirés

En tant qu'acteur, la consécration vient avec le film Tchao Pantin (1983) de Claude Berri, où il joue le rôle dramatique d'un pompiste meurtri, pas si différent de la vie qu'il mène alors. Il obtient le César du meilleur acteur en 1984.

Avant ce succès, d'autres interprétations lui assurent sa notoriété : en 1982 il joue le rôle de Marcel Ben Hur dans une comédie satirique nommée Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ. Il joue également dans le film Banzaï qui marque là sa troisième collaboration avec Claude Zidi. En 1984, il tient le rôle principal dans La Vengeance du serpent à plumes de Gérard Oury.

Au-delà de son métier d'humoriste, Coluche veut incarner un agitateur d’idées. Le , il anime avec Guy Bedos le concert de SOS Racisme place de la Concorde. De même, il organise le un gigantesque canular : les télévisions et la France entière peuvent assister au mariage de Coluche et de Thierry Le Luron, « pour le meilleur et pour le rire ». C'est une provocation parodique du très médiatisé mariage d'Yves Mourousi, et une vision avant-gardiste autour du mariage homosexuel.

Du jusqu'en mars 1986, il anime l'émission Y en aura pour tout le monde sur Europe 1 avec Maryse, ainsi que Coluche 1-faux sur Canal+.

Le , il lance l'idée des Restos du Cœur sur Europe 1, en déclarant : « J'ai une petite idée comme ça, si des fois y a des marques qui m'entendent, je ferai un peu de pub tous les jours. Si y a des gens qui sont intéressés pour sponsorer une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris ».

En 1985, il s'engage contre la famine en Éthiopie en chantant SOS Éthiopie avec l'association Chanteurs sans frontières, composée de chanteurs français célèbres des années 1980.

Passionné de sports mécaniques, il s'engage sur le Paris-Dakar (étant le beau-frère de René Metge). Il bat le record du monde à moto de vitesse du kilomètre lancé sur piste, le 29 septembre 1985 : il atteint 252,087 km/h sur le circuit de Nardo au guidon de la Yamaha 750 OW 31[7].

Pour préparer son spectacle suivant, il s'établit sur la Côte d'Azur à proximité d'Opio (Alpes Maritimes). Peu avant l'accident, il vient d'enregistrer ses essais de sketches sur une cassette audio (Les Hommes Politiques, Les Journalistes, L'Administration, Les Sportifs...) qu'il avait fait parvenir à son producteur, Paul Lederman. Une partie de ces sketches ont été édités par la suite (on entend distinctement que les rires en fond ne sont pas ceux d'une grande salle à laquelle Coluche était alors habitué). Sa compagne d'alors (Fred Romano) déclarera que certains de ces enregistrements auraient disparu durant la période de son accident.

Mort

Le , sur le trajet à moto qui le ramène de Cannes à Opio, Coluche est accompagné de deux amis. Contrairement aux déclarations officielles du chauffeur du poids-lourd à l'origine de l'accident, s'il ne porte pas de casque (accroché au guidon) durant ce trajet, il roule à vitesse modérée (selon l'expertise, à environ 60 km/h au lieu des 90 km/h autorisés). Le camion lui coupe brusquement la route, en effectuant une manœuvre (virage sec à gauche) sur une route de Grasse (fin de ligne droite au croisement route de Cannes et chemin du Piol à Opio). L'humoriste ne peut rien faire, sa tête percute l'avant-droit du véhicule. Le choc lui est fatal[8].

Les circonstances entourant cet accident entraîneront plusieurs rumeurs et même la thèse d'un assassinat. Un ouvrage, publié en 2006, permettra d'aborder les conditions dans lesquelles l'intervention de la gendarmerie locale et l'enquête policière ont été menées en 1986 : Coluche, l'accident de Jean Depusse et Antoine Casubolo.

Coluche est inhumé le mardi à 10 h 30, au cimetière de Montrouge, dans le 14e arrondissement parisien[note 14], près de la porte d'Orléans. De nombreuses personnalités du milieu du Show Business seront présentes à son enterrement parmi lesquelles Yves Montand, Gérard Jugnot, Dominique Lavanant, Mathilda May, Claude Berri, Miou-Miou, Thierry Lhermitte, Michel Serrault, Josiane Balasko, Michel Blanc, Martin Lamotte, Gérard Lanvin, Anémone, Richard Anconina, Michel Boujenah, Jean-Paul Belmondo, Jean Yanne, Valérie Mairesse, Gérard Depardieu, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday. La cérémonie funéraire est célébrée par l'Abbé Pierre[9].

Un lieu de recueillement a été aménagé et est l'objet d'un rassemblement annuel de motards durant le mois de juin. La stèle se situe au 'Carrefour du Piol', entre Opio et Valbonne. Le lieu est indiqué par une masure arborant une peinture murale de Coluche.

Tour à tour dénigré, craint et admiré, Coluche est devenu le provocateur majeur des années 1980, osant combiner grossièreté et idées fortes. Chacune de ses apparitions télévisées et radiophoniques a été un succès populaire. À la télévision comme à la radio, il a lutté contre toutes les censures, la langue de bois, et pour l'ouverture des esprits et la démystification du racisme, de la politique, des médias, de la publicité ou encore du journalisme à la française. Sa créativité, sa maîtrise des médias et la pertinence des thèmes qu'il a traités autant que son investissement personnel dans une cause humanitaire survivent à Coluche. Il reste encore aujourd'hui un personnage majeur dans l'imaginaire populaire français.

Travail humanitaire

Connu comme comique, il est également le fondateur des Restos du Cœur. Issu d'un milieu défavorisé (« Je ne suis pas un nouveau riche, je suis un ancien pauvre »), il a pris conscience de grosses défaillances dans l'entraide française envers les plus démunis, cette association étant là pour pallier les carences. Celle-ci, qui ne devait durer qu'un temps, est toujours active. Il est également à l'origine d'une loi (dite « Loi Coluche »), votée en 1988, qui permet à un donateur à des organismes d’aide aux personnes en difficulté de déduire une partie de son don de ses impôts.

Sa célèbre salopette lui avait été donnée par le mouvement Emmaüs. Devenu célèbre, il renvoya l'ascenseur en remettant un chèque d'un montant élevé[10] à l’Abbé Pierre pour ce mouvement.

Film

Le , Coluche, l'histoire d'un mec, un film réalisé par Antoine de Caunes et portant sur les événements autour de la candidature de Coluche lors de l'élection présidentielle française de 1981 sort en salle. François-Xavier Demaison en est l'acteur principal. Le film a été vu par 540 005 spectateurs en France[11].

Hommages

Musique

Noms de rues

La Place Coluche à Paris.

Noms d'établissements

Le rosier Coluche.

Monuments

  • Une statue de Coluche au Vigan, dans le Gard, installée dans un parc du centre ville[14].
  • Plaque commémorative sur la route d'Opio[15].
  • Une statue, représentant sa célèbre salopette, a été inaugurée le mardi 14 juin 2011 à Montrouge, sur une placette devant l'entrée de la future station Mairie de Montrouge[16].

Fleurs

  • Une rose a été créée en son honneur. On peut la voir par exemple dans la roseraie du Parc du Thabor, à Rennes.

Œuvres

Filmographie

Années 1970

Années 1980

Sketches

Liste non exhaustive :

Discographie

  • L'intégrale de ses sketches a été rééditée dans un coffret de sept CD, sous le nom Coluche intégral. Le coffret est sous la forme et le graphisme d'un paquet de lessive.
  • Un coffret de trois DVD Coluche : Ses plus grands sketches.
  • Un DVD a regroupé les meilleurs moments de ses deux passages au Jeu de la vérité de Patrick Sabatier.

Ouvrages

  • Coluche, illustré par Reiser, Y’en aura pour tout le monde
  • Coluche, Ça roule ma poule
  • Coluche, Elle est courte mais elle est bonne
  • Coluche, Et vous trouvez ça drôle ?
  • Coluche, L'horreur est humaine
  • Coluche, Pensées et anecdotes
  • Coluche, Le Best of Coluche, Le Cherche-Midi, 2006, 234 p. et 1 DVD ISBN 2-7491-0698-2, Recueil d'entretiens donnés à la presse et à la radio
  • Coluche par Coluche, préfacé par Philippe Vandel, Le Cherche-Midi, 2004, 238 p. ISBN 2-7491-0305-3
  • "Coluche, le roi du gag" par Christian Dureau, Editions Didier Carpentier, 2011 ISBN: 2-84167-723-8

Chansons

Auteur et coauteur

  • Avec Xavier Thibault :
    • J'y ai dit viens
    • J'suis l'andouille qui fait l'imbécile
    • Je suis un voyou
    • The Blues In Clermont-Ferrand
    • Quand je Serai Grand
    • Je veux rester dans le noir
    • Oh! Ginette
    • Noël
    • Reviens, Va-t'en
  • Avec Patrick Olivier :
    • Sois Fainéant (Ou Conseil A Un Nourrisson)
    • Stéphane Maréchal
  • Avec Alain Pellet :

Interprète

  • "Quand je serai grand j'veux être con" (Michel Colucci / Xavier Thibault).
  • On n'est pas là pour se faire engueuler (de Boris Vian et J. Walter).
  • J'tape un doigt (d'Alcouff, D'Onorio et Pinzano).
  • La Chanson des Restos, écrite par Jean-Jacques Goldman (paroles et musique).

Notes et références

Notes

  1. « Comme vous le savez, les Italiens étaient associés à Hitler pour faire la guerre. Évidemment, l'Europe rêvait d'être envahie par l'Italie plutôt que par l'Allemagne mais, après la guerre, ça la foutait mal d'avoir été italien, ce qui était le cas de mon père... j'ai jamais eu un physique d'italien. Donc je m'en suis sorti » (Rock and Folk, 1985).
  2. « Ma mère nous habillait pareils, ma sœur et moi. Elle voulait qu'on soit impeccables. Une spécialité de pauvre. Comme d'avoir de grandes idées ».
  3. « À l'école, je foutais le bordel, mais c'était pas pour faire rire, c'était pour foutre le bordel. J'ai toujours été plus subversif que comique » (Rock and Folk, 1985).
  4. Il ne reste aucune trace de cette dictée, l’Éducation Nationale ne l’ayant jamais retrouvé.
  5. Celui-ci le suivra plus tard dans son aventure parisienne. Il est considéré comme un des modèles de Coluche pour ses sketchs : un personnage rondouillard, jovial, picoleur et hâbleur.
  6. « Des comme lui, il n'y avait que lui. Ça se comptait sur les doigts d'un pouce » (L'Express, 1980).
  7. « J'ai eu deux coups de pot dans ma vie : être découvert par Bouteille, et surtout être viré par Bouteille » (Rock and Folk, 1974).
  8. « Si j'ai pu me moquer des beaufs, des racistes, des cons, c'est aussi parce que je les aime bien. Parce que moi aussi, je suis un peu raciste, un peu con, un peu beauf sur les bords. En jouant sur l'ambiguïté, tu doubles le public » (Le Figaro Magazine, 1984).
  9. « Eh bien bonjour, le Schmilblick est aujourd'hui à Cajarc, petite ville de l'Aveyron. Je rappelle brièvement que le Schmilblick est rond, qu'il contient du jaune, qu'il tient dans la main, qu'on peut le faire cuire de différentes façons et qu'un navigateur le faisait tenir debout. A vous Cajarc ! A vous Simone ! Premier candidat... » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Le sketch est une réalisation de Martin Lamotte, qui joue le rôle de Guy Lux, Christine Dejoux étant Simone Garnier. Coluche lui[Qui ?] piquera aussi l'idée du Cancer du bras droit
  10. « Soit dit en passant, au Canard enchaîné, vous m'avez souvent roulé dans la merde... Remarque, je m'en fous ! C'est pas grave ! Plus on dit du mal de moi, plus je vends... Et puis j'vous aime bien quand même parce que Le Canard et ma pomme, dans ce pays, on est les seuls à être subversifs ! » (1980).
  11. Selon l'enquête policière, cet assassinat n'aurait rien à voir avec des motifs politiques mais correspondrait plutôt à un crime passionnel, ce que Coluche ignore à ce moment.
  12. Nom d’épouse figurant sur l’acte de décès de l’acteur, no 208-1982 de l’état-civil de la mairie du 14e arrondissement de Paris.
  13. À ce sujet il déclare au jeu de la Vérité de Patrick Sabatier : « parce que je suis une nature excessive et que si je fais un truc, j'le fais trop. Alors j'ai mis le nez dedans, puis après j'ai mis la tête, j'en ai eu plein les oreilles. Mais j'en n'ai pas honte ».
  14. Le Petit Montrouge a été annexé à Paris en 1860

Références

  1. Bernard Pascuito, Coluche Toujours vivant, éditions Payot, p.15 (ISBN 2-228-90097-4).
  2. a b c d e f g et h Philippe Boggio, Coluche, J’ai lu, (ISBN 2-277-23268-8), « I Montrouge »
  3. Philippe Boggio, Le Monde du 17 juin 1996
  4. Coluche par Franck Tenaille (2e partie)
  5. Coluche, un candidat à abattre ?, reportage diffusé dans l'émission Secrets d'actualité.
  6. Emission Un jour, une heure diffusée le .
  7. Philippe Boggio, Coluche, Flammarion, 1991, p.363 (ISBN 2-7242-6555-6).
  8. Décès de Coluche - vidéo du Journal Télévisé de 20h, Antenne 2, sur le site de l'INA, le .
  9. Journal d'Antenne 2 du 24/06/1986.
  10. Le montant était de 1,5 million de francs, ce qui correspondrait à environ 365 000 euros en valeur 2011.
  11. CBO Box office en France.
  12. Mairie de Paris - Place Coluche.
  13. Le collège de Rougemont-le-Château (Territoire de Belfort) prend le nom de Coluche, mais le maire condamne ce choix, sur Maire-info, .
  14. Photo de la statue de Coluche du Vigan.
  15. Monument voor Coluche
  16. 20minutes : Une statue à Montrouge en mémoire de Coluche
  17. Détails de l'Intégral Coluche, paru en 1996.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Romain Frétar, Coluche : L'Arme au Cœur, Editions Alphée, 2009 ;
  • Jean Depussé et Antoine Casubolo, Coluche, l'accident. Éditions Privé, 2006 ;
  • Frank Tenaille, Le Roman de Coluche, Seghers, 1986 ;
  • Ludovic Paris, Aldo Martinez et Jean-Michel Vaguelsy, Coluche, à cœur et à cris, Le Livre de Poche, 1988 ;
  • Philippe Boggio, Coluche, l'histoire d'un mec, Flammarion, 1991, 1999 et 2006 ;
  • Robert Mallat, Coluche, Devos et les autres, L'Archipel, 1997 ;
  • Ludovic Paris et Dominique Delpierre, Coluche, cet ami-là, Michel Lafont, 2001, 212 p. ;
  • Jean-Michel Vaguelsy, Coluche, roi du cœur, Plon, 2002, 261 p. ;
  • Bernard Pascuito, Coluche, le livre du souvenir, Sand & Tchou, 2003 ;
  • Coluche, c'est l'histoire d'un mec, article d'Éric Pincas, paru dans l'Historia de juillet 2006.
  • Coluche, l'aristo du cœur, Télérama, hors série 2006.

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