Aller au contenu

« Pinocchio (film, 1940) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
bot : révocation de 68.220.177.97 (vandalisme : -133), retour à la version 39027130 de 68.220.173.253
Ligne 26 : Ligne 26 :
== Synopsis ==
== Synopsis ==
{{spoiler|étendue=la totalité de l'intrigue}}
{{spoiler|étendue=la totalité de l'intrigue}}
Dans un petit village, un vieux sculpteur sur bois nommé Geppetto vit seul avec son chat [[Figaro (Disney)|Figaro]] et Cléo, un poisson rouge. Fabricant de jouets, il crée une marionnette qu'il baptise Pinocchio. Son souhait le plus cher, n'ayant pas d'enfant, est que cette marionnette devienne un vrai petit garçon. Durant la nuit, son vœu est réalisé par la Fée bleue qui donne vie à la marionnette. Celle-ci propose à Pinocchio un marché : il ne deviendra un vrai petit garçon qu'à la condition qu'il se montre digne de l'être. Jiminy Cricket, un criquet ayant trouvé refuge chez Gepetto pour y passer la nuit, se voit attribuer la tâche d'être la bonne conscience du pantin et de l'empêcher de mal agir. En récompense, il demande à être gratifié d'une médaille. Mais la tâche de Jiminy s'avère compliquée...
Dans un petit village, un vieux sculpteur sur bois nommé Geppetto vit seul avec son chat [[Figaro (Disney)|Figaro]] et Cléo, un poisson rouge. Fabricant de jouets, il crée une marionnette qu'il baptise Pinocchio. Son souhait le plus cher, n'ayant pas d'enfant, est que cette marionnette devienne un vrai petit garçon. Durant la nuit, son vœu est réalisé par la Fée bleue qui donne vie à la marionnette. Celle-ci propose à Pinocchio un marché : il ne deviendra un vrai petit garçon qu'à la condition qu'il se montre digne de l'être. Jiminy Cricket, un criquet ayant trouvé refuge chez Gepetto pour y passer la nuit, se voit attribuer la tâche d'être la bonne conscience du pantin et de l'empêcher de mal agir. En récompense, il demande à être gratifié d'une médaille. Mais la tâche de Jiminy s'avère compliquée...

Dès son premier jour d'école, Pinocchio se fait aborder par deux escrocs, Grand Coquin le renard et Gédéon le chat. Ces derniers parviennent à l'entraîner chez Stromboli, un célèbre marionnettiste, lui faisant miroiter les plaisirs d'une vie d'artiste. Fasciné par cette marionnette vivante et comprenant rapidement le profit qu'il pourrait en tirer, Stromboli embauche Pinocchio pour son spectacle. Après un succès triomphal, le marionnettiste refuse de laisser le pantin rentrer chez lui, le considérant désormais comme sa propriété. Il l'enferme dans une cage en le menaçant d'en faire du « bon bois pour son feu » s'il se rebelle. Malgré ses efforts, Jiminy, qui n'a pas abandonné Pinocchio, ne parvient à débloquer la serrure de la cage. La Fée bleue apparaît alors et questionne Pinocchio sur sa situation. Honteux, ce dernier préfère mentir pour ne pas avouer son erreur, mais son nez grandit à chaque mensonge. Il reconnait alors qu'il a menti et qu'il a eu tort de ne pas aller à l'école. Indulgente, la Fée libère Pinocchio, l'avertissant toutefois que c'est la dernière fois qu'elle lui viendra en aide.

Au même moment, Gédéon et Grand Coquin sont à la Taverne du Homard, fêtant leurs exploits de la journée. Un [[cocher]] leur propose alors un marché inquiétant : lui ramener contre des pièces d'or tous les enfants désobéissants du village afin qu'il les emmène l'Île des plaisirs, un endroit fabuleux mais dont la seule évocation suffit à faire frémir de terreur les deux escrocs.

Le jour suivant, les deux compères persuadent à nouveau Pinocchio de les suivre. Sur le chemin, ils sont rejoints par Crapule, un jeune garçon turbulent et mal élevé, que Pinocchio décide de prendre pour modèle. Arrivés sur l'Île des plaisirs, le petit garçon de bois prend plaisir à jouer de l'argent, fumer, boire de l'alcool jusqu'à être saoul et vandaliser des objets, à la plus grande consternation de Jiminy. Mais bientôt, le criquet découvre la malédiction liée au lieu : les enfants dignes du bonnet d'âne se transforment en vrais ânes qui sont ensuite vendus par le sinistre cocher dans des mines de sel ou des cirques. C'est ce qui arrive à Crapule tandis que Pinocchio, se métamorphosant plus lentement car il n'est pas un vrai petit garçon, réussit à s'enfuir à temps alors que seules ses oreilles ont changé et qu'une queue d'âne lui a poussé.

Harassés, Pinocchio et Jiminy rejoignent la boutique de jouets de Geppetto. Ils découvrent la maison vide et une lettre rédigée de sa main, annonçant qu'il est parti en mer avec ses animaux à la recherche de son fils. Malheureusement, l'embarcation et son équipage ont été avalés par Monstro, une redoutable baleine. Afin de retrouver Geppetto, Pinocchio et Jiminy partent sur l'océan et ne tardent pas à être confrontés à la baleine qui n'en fait qu'une bouchée.

A l'intérieur du ventre de la baleine, Pinocchio retrouve Geppetto et ses compagnons sur ce qui reste de leur barque. Afin de sortir de là, Pinocchio a l'idée de faire brûler du bois pour obliger Monstro à éternuer. L'idée fonctionne mais enrage la baleine qui les poursuit et détruit leur radeau. Geppetto, ne sachant pas nager, demande à Pinocchio de rejoindre le rivage sans lui. Le pantin refuse et tente héroïquement de protéger son créateur en l'entraînant vers la plage. Dans sa fureur, la baleine percute un rocher, créant une vague gigantesque qui dépose Geppetto et ses animaux sur la plage sains et saufs mais pas Pinocchio, qui gît inerte sur le sable.

Endeuillés, Geppetto, Jiminy, Cléo et Figaro rentrent chez eux avec le corps de Pinocchio. Alors qu'ils veillent sa dépouille, la Fée bleue apparaît et déclare que, pour avoir sauvé la vie de son père en donnant la sienne, Pinocchio a prouvé qu'il méritait d'être un vrai petit garçon. Elle le ramène à la vie et le transforme en garçon de chair et de sang. Tout le monde fête joyeusement cette seconde naissance. Quant à Jiminy, il reçoit sa médaille de conscience officielle de Pinocchio.
Endeuillés, Geppetto, Jiminy, Cléo et Figaro rentrent chez eux avec le corps de Pinocchio. Alors qu'ils veillent sa dépouille, la Fée bleue apparaît et déclare que, pour avoir sauvé la vie de son père en donnant la sienne, Pinocchio a prouvé qu'il méritait d'être un vrai petit garçon. Elle le ramène à la vie et le transforme en garçon de chair et de sang. Tout le monde fête joyeusement cette seconde naissance. Quant à Jiminy, il reçoit sa médaille de conscience officielle de Pinocchio.
{{Fin de spoiler}}
{{Fin de spoiler}}

== Production ==
La pré-production du film semble avoir commencé vers février 1937. Un mémo interne du 9 juin 1937 demande aux artistes d'aller voir la pièce de Frank<ref name="Disney and Europe p73"/>. En raison du travail nécessaire à la finalisation de ''Blanche-Neige'' prévu pour Noël 1937, la première réunion pour définir l'histoire de ''Pinocchio'' est datée du 24 mars 1938<ref name="Disney and Europe p73"/>. La version de Disney à l'instar de la pièce de Frank s'oriente vers la morale parentale du {{XXe siècle}}<ref name="Disney and Europe p73"/>. Mais l'élaboration n'est pas aisée : cinq mois d'animation sont abandonnés et le scénario repris à zéro<ref name="Disney Films 3rd ed p 33">{{en}} Leonard Maltin, ''[[Référence:The Disney Films : 3rd Edition (Leonard Maltin)|The Disney Films: 3<sup>rd</sup> Edition]]'' p. 33</ref>.

Dans ''[[Blanche-Neige et les Sept Nains]]'' (1937) ou les [[Silly Symphonies]], Walt Disney et ses collaborateurs avaient déjà adapté des contes européens, que ce soit des [[frères Grimm]] ou de [[Charles Perrault]], mais ils ont souvent dû étirer et étoffer le scénario original<ref name="Disney and Europe p71"/>. Robert Allan rejette une part des problèmes du film ''Pinocchio'' sur l'œuvre originale qui, par sa nature de feuilleton, propose une histoire à la « qualité picaresque », longue et épisodique nécessitant de nombreuses modifications<ref name="Disney and Europe p71"/>.

=== Les personnages ===
Pour son personnage principal, Collodi a choisi une marionnette, héritière de la tradition italienne et de la ''[[Commedia dell'arte]]''<ref name="Disney and Europe p74">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 74.</ref>. Dans le film, son aspect est cependant plus proche (tout comme le décor) de l'univers du [[Tyrol]] autrichien que des créations italiennes, avec des grands yeux, une mâchoire inférieure mobile et surtout son costume tyrolien<ref name="Disney and Europe p74"/>{{,}}<ref>{{ouvrage |éditeur=Thames & Hudson |titre=Baroque Theatre |titre vo=Theater des Barock |auteur=Margarete Baur-Heinhold |trad=Mary Wittall |langue=anglais |lien langue= {{en}} |lieu= Londres |année=1967 |mois=octobre |pages=292 |isbn=0500010420}} pp 8 et 23</ref>. Walt Disney a choisi [[Dickie Jones]], alors âgé de 12 ans, pour prêter sa « voix de gentil garçon » au personnage<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>.

Le personnage de [[Jiminy Cricket]], créé et animé par [[Ward Kimball]]<ref name="AtoZ p437"/>{{,}}<ref name="AtoZ p311">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p.311</ref>, est une version très développée du personnage mineur du criquet parlant de Collodi<ref name="AtoZ p437"/>. Le prénom de Jiminy Cricket a été choisi par [[Walt Disney]]. Il provient d'une exclamation marquant la surprise (''« Jiminy! »'') en usage d'après l'[[Oxford English Dictionary]], depuis 1848 et utilisée, par exemple, par les nains dans le film ''Blanche-Neige et les Sept Nains'' lorsqu'ils arrivent à leur chalet<ref name="AtoZ p297">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p.297</ref>.

Dès le prologue, dans lequel Jiminy ouvre le livre de l'histoire de ''Pinocchio'' puis, confronté à une page refusant de rester tournée, la bloque avec un bougeoir tout en s'adressant au spectateur, l'attitude et le discours du personnage posent son importance en le présentant comme « un être moderne et décomplexé face aux objets de l'ancien monde qui l'entourent »<ref name="Disney and Europe p76">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 76.</ref> (vieux livres, boîtes à musique et jouets anciens, etc.)<ref>Parmi les ouvrages, on peut remarquer deux futurs films de Disney : ''[[Peter Pan]]'' et ''[[Alice au pays des merveilles]]''.</ref>. Ses habits, propres et neufs dans le prologue, deviennent rapiécés dans l'histoire qu'il raconte en [[flashback]], faisant dire à Allan qu'il est un « Yankee à la cour d'Europe, confronté avec les détritus du passé »<ref name="Disney and Europe p76"/>. Sa voix originale est celle de [[Cliff Edwards]]<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>, qui l'a doublé jusqu'aux années 1960 (dans ''[[Coquin de printemps]]'' ou des émissions télévisées comme ''[[Le Monde Merveilleux de Disney]]''). Après la mort d'Edwards, [[Eddie Carroll]] a repris le rôle tandis que dans les versions françaises, ce sont [[Camille Guérini]] puis [[Roger Carel]] qui lui prêtent leur voix<ref>Comme plus tard à la souris Timothée dans ''[[Dumbo (film, 1941)|Dumbo]]''.</ref>.

Pour Gepetto, le comédien [[Christian Rub]] a servi aussi d'inspiration en raison de son physique et de ses rôles précédents souvent proches, de même que [[Walter Catlett]] (Grand Coquin) ou [[Frankie Darro]] (Crapule, dont l'aspect physique est la caricature d'un des animateurs de Disney, [[Fred Moore]])<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>. Pour Stromboli, [[Charles Judels]] a été choisi pour son « interprétation caractéristique hennissante de la frustration »<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>.

Le personnage de la Fée bleue est inspiré physiquement de [[Marge Champion|Marjorie Belcher]], déjà modèle pour Blanche-Neige, qui devait selon le souhait de Walt Disney être « attirante mais pas glamour », tandis que sa voix est celle d'[[Evelyn Venable]], au timbre doux et pur<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>.

Les personnages de Figaro et de Cléo ne sont présents que pour ajouter le comique, essentiellement de situation, au schéma narratif du film. Les deux animaux pourtant antagoniste dans la nature doivent ici se dire bonne nuit, Figaro est aspergé d'eau et doit ouvrir la fenêtre pour son maître.

=== L'aspect graphique ===
L'illustrateur suédois [[Gustaf Tenggren]], déjà à l'œuvre sur ''Blanche-Neige et les Sept Nains'', a eu la tâche de donner au film un aspect européen en esquissant les décors<ref name="AtoZ p437"/>{{,}}<ref name="Quintessential Disney">{{en}} Robert Tieman, [[Référence:Quintessential Disney (Robert Tieman)|''Quintessential Disney : A Pop-Up Gallery of Classic Disney Moments'']] p.9.</ref>. Tenggren a réalisé entre autres les esquisses du ventre de Monstro, de l'apparition de la Fée bleue et surtout l'intérieur de l'atelier de Geppetto<ref name="Quintessential Disney"/> puisant alors dans ses souvenirs d'enfance passés dans la maison de son grand-père, sculpteur sur bois<ref name="Il était une fois Walt Disney p120">{{fr}} ''[[Référence:Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios Disney|Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios]]'', p.120.</ref>. Si l'histoire est censée se dérouler en Italie, le village de Pinocchio, situé au pied des montagnes et dont l'architecture privilégie le bois, est bien plus proche de la [[Bavière]] - probablement le [[Tyrol]] méridional - sans doute à cause des origines de Tenggren<ref name="Disney and Europe p78">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.78.</ref>. Robin Allan note les similitudes avec la ville de [[Rothenburg ob der Tauber]], entre autres le chemin de garde et la ''Galgengasse''<ref name="Disney and Europe pCP10-11">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. CP10-11.</ref>, la maison de Stromboli rappellant, elle, la ''Forge de Gerlach''<ref name="Disney and Europe pCP42-43">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. CP42-43.</ref>. Tenggren a lui-même été influencé par des artistes comme [[Arthur Rackham]], [[Edmond Dulac]], [[John Bauer]] et des [[Peinture académique|peintres académiques]]<ref name="Disney and Europe p79">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.79.</ref>. Pour Allan, les perspectives amplifiées des scènes de rues sont des réminiscences des perspectives angulaires des œuvres du peintre [[Thomas Hart Benton (peintre)|Thomas Hart Benton]] tandis que le rendu affuté des détails rappelle les paysages de [[Grant Wood]]<ref name="Disney and Europe p80">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.80.</ref>. Nombre de ses travaux préparatoires, esquisses ou'' [[tempera]]s'' sont dans des collections privées ou n'ont pas survécu<ref name="Disney and Europe p80"/> mais des décors peints et des études pour maquettes ont été conservés par les [[Walt Disney Archives|archives Disney]]<ref name="Disney and Europe p81">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.81.</ref>.

Le suisse [[Albert Hurter]], qui avait déjà travaillé à l'aspect européen de ''Blanche-Neige'', a également participé à ''Pinocchio'' ; malheureusement la plupart de ses esquisses ont disparu même si, selon John Russel Taylor, son influence est visible dans « l'aspect gothique et grotesque emprunté aux livres d'illustrations européens »<ref name="Disney and Europe p31">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 31.</ref>. La majeure partie de son travail a consisté en la création des éléments de décor, boîtes à musique, horloges et jouets en bois, dont l'influence suisse-allemande est soulignée par Allan<ref name="Disney and Europe p78"/>.

Disney a toutefois introduit nombre d'éléments inspirés de la culture américaine. Les décorateurs se sont inspirés pour la forme de la salle de [[billard]] dans l'Île aux plaisirs (une boule 8 avec une queue de billard posée à coté) des édifices ''Trylon'' et ''Perisphere'', emblèmes de la [[Foire internationale de New York 1939-1940]]<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>. De même la forme et le contenu du spectacle de Stromboli fait référence au style [[vaudeville (théâtre)|vaudeville]]<ref name="Disney and Europe p74"/> : Pinocchio y danse avec des marionnettes d'autres cultures comme une [[Pays-Bas|néerlandaise]], une française (et sa troupe de [[cancan]]euses) puis une russe<ref name="Disney and Europe p74"/>. Une poupée traditionnelle supplémentaire était prévue dans le film : celle d'un danseur [[Babinga (peuple)|babinga]] de l'[[Ubangi (rivière)|Ubangui]], mais elle fut supprimée avant la sortie du film en raison du déclin de l'intérêt du public américain pour cette culture<ref name="Disney and Europe p74"/>. De même le numéro de Jiminy dans ''Sifflez vite, vite !'' avec, par exemple, composé d'un exercice de funambule, d'un passage de [[scie musicale]] et d'une parade.

=== La musique et les références au théâtre ===
La musique est omniprésente dans le film. Allan la qualifie même de « complexe », allant de la [[ballade]] à la composition symphonique<ref name="Disney and Europe p77"/>. La première partie du film comprend des chansons nostalgiques (''Quand on prie la bonne étoile'') ou gaies (''Un pantin de bois'', ''Hi-Diddle-Dee-Dee''), tandis que la seconde partie, composée par [[Leigh Harline]], accentue l'aliénation et la menace avec des thèmes instrumentaux comme ''Sinister Stromboli'', ''Sad Reunion'', ''Fog Music'', ''Tragic Happenings''<ref name="Disney and Europe p77"/>.

Un autre art très présent dans le film est le théâtre, au sens large. Il apparaît sous différentes formes : que ce soient les marionnettes, le [[music-hall]] américain avec certaines scènes de Jiminy Cricket ou le vaudeville pour le spectacle de Stromboli<ref name="Disney and Europe p81"/>. Robin Allan considère que le film va plus loin en utilisant par exemple les costumes du mélodrame victorien ou [[dickens]]ien pour le personnage du Cocher, ou les conventions théâtrales pour « les entrées et sorties accentuées afin de laisser l'écran libre pour la scène suivante »<ref name="Disney and Europe p82">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.82.</ref>.

Walt Disney a aussi insisté durant toute la production pour « créer des décors à l'aspect tridimensionnel convaincant »<ref name="Disney and Europe p82"/>. Ce qui fait dire à Allan que « cette insistance fait écho à un autre élément du théâtre, la [[Suspension consentie de l'incrédulité|suspension de l'incrédulité]] », Disney étant le « marionnettiste en chef manipulant ses artistes pour créer une illusion convaincante »<ref name="Disney and Europe p82"/>. Des modèles de toutes tailles allant des modèles réduits des personnages, des scènes jusqu'à des répliques fonctionnelles des jouets et horloges<ref name="Disney and Europe p82"/>. La plupart de ces maquettes sont l'œuvre de l'ingénieur et marionnettiste [[Bob Jones]]<!--1913-1990--><ref name="Disney and Europe p82"/>. Ces éléments avec l'éclairage et la forme font que le théâtre, et son illusion, sont à l'origine d'une grande part du film<ref name="Disney and Europe p82"/>.

=== L'animation ===
À l'instar de certaines séquences de ''Blanche-Neige et les Sept Nains'', ''Pinocchio'' utilise les possibilités de la [[caméra multiplane]] et permet d'avoir par exemple la vue en plongée sur le village avec l'église, un panorama ayant nécessité douze plans séparés<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>. Une séquence de quelques secondes précédant le premier matin de Pinocchio, avec vue du clocher, femmes lavant le linge, etc. a été finalement abandonnée, son coût ayant été estimé entre {{formatnum:25000}} et {{formatnum:48000}} dollars<ref name="Disney and Europe p77">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 77.</ref>.

L'animateur abstrait allemand [[Oskar Fischinger]] a contribué aux effets d'animation de la baguette magique de la Fée bleue<ref>{{en}} William Moritz, [http://www.centerforvisualmusic.org/OFMousetrap.htm ''Fischinger at Disney or Oskar in the Mousetrap]'', Millimeter 5. 2 (1977) pp. 25-28 et 65-67.</ref>.

Pour Leonard Maltin, une des prouesses d'animation pure est la scène où Pinocchio est enfermé dans une cage, derrière des barreaux, dans une charrette en mouvement et que des éclairs de lumière font changer les ombres et les couleurs à l'intérieur du véhicule<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>.

Pour la scène des boites à musique s'animant dans l'atelier de Geppetto, les animateurs ont demandé aux techniciens de l'atelier de réaliser des maquettes pour chaque élément afin de les reproduire au mieux<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>.

Lorsque que Pinocchio parle sous l'eau, sa voix semble émaner des bulles grâce à un effet sonore qui « étonna le public à la sortie du film »<ref name="Disney Films 3rd ed p 36">{{en}} Leonard Maltin, ''[[Référence:The Disney Films : 3rd Edition (Leonard Maltin)|The Disney Films: 3<sup>rd</sup> Edition]]'' p. 36</ref>.

Le film a requis plus de 750 artistes qui ont réalisé plus de 2 millions de dessins, utilisant près de {{formatnum:1500}} teintes de peintures<ref name="AtoZ p437"/>.

=== Accueil du film ===
Le critique [[Leonard Maltin]] a écrit que « avec ''Pinocchio'', Disney a atteint non seulement la taille critique de son pouvoir mais le summum de ce que beaucoup de critiques considèrent comme étant le royaume du dessin animé »<ref name="Disney Films 3rd ed p 37">{{en}} Leonard Maltin, ''[[Référence:The Disney Films : 3rd Edition (Leonard Maltin)|The Disney Films: 3<sup>rd</sup> Edition]]'' p.37</ref>. De plus le film, malgré quelques défauts, possède des séquences harmonieusement agencées et dans lesquelles les points émotionnels culminants s'organisent sur toute la durée du film<ref name="Disney Films 3rd ed p 33"/>. Les caractéristiques principales du film sont : la virtuosité technique, l'impact émotionnel, l'action, l'excitation, la terreur plus que l'humour<ref name="Disney Films 3rd ed p 35">{{en}} Leonard Maltin, ''[[Référence:The Disney Films : 3rd Edition (Leonard Maltin)|The Disney Films: 3<sup>rd</sup> Edition]]'' p. 35</ref>. Maltin étaye ses propos en citant Archer Winsten qui déclara : « Les erreurs présentes dans ''Blanche-Neige'' ont été corrigées. À propos de ''Pinocchio'', vous êtes limités seulement par votre faculté à exprimer l'enthousiasme. Pour le dire avec des mots simples, ce film est ... absolument parfait, un pur travail inaltéré de génie »<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>. Maltin cite aussi quelques détracteurs tel Paolo Lorenzini, neveu de [[Carlo Collodi]] qui demanda au Ministère italien de la culture d'engager un procès contre Disney pour avoir modifié l'œuvre de son oncle au point que Pinocchio « peut être facilement pris pour un américain »<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>{{,}}<ref name="Disney and Europe pxiv">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.xiv.</ref>.

Robin Allan, dans son étude sur les sources européennes chez Disney, note pour sa part que le film a reçu un bon accueil auprès des critiques. Mais en raison de différentes aspects, le public a eu du mal à bien appréhender l'œuvre<ref name="Disney and Europe p67">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.67.</ref>. Le film utilise bien sûr une large part de sources européennes : l'histoire de Collodi, un décor et une musique d'inspiration italienne<ref name="Disney and Europe p67"/>. Mais celles-ci ont été interprétées selon les conventions de la culture populaire américaine et, en particulier, les références hollywoodiennes tels le personnage mi-meneur de revue, mi-dandy Jiminy Cricket ou la Fée bleue ressemblant à [[Jean Harlow]], assez éloignés de l'imagerie européenne<ref name="Disney and Europe p67"/>.

La musique et le personnage de la Fée bleue sont parmi les quelques éléments à avoir été critiqués à la sortie du film, tel que l'atteste Richard Mallett qui dans un article de ''Punch'' du 27 mars 1940 déclare « Je ne suivrai pas les autres en faisant des remarques sur l'infériorité supposée des musiques de ''Pinocchio'' par rapport à celles de ''Blanche-Neige'' »<ref name="Disney and Europe p77"/>.

Le coût de production du film est estimé entre 2,5<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/> à 2,6 millions<ref name="AtoZ p437"/>{{,}}<ref name="Disney and Europe p75">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.75.</ref> de $. D'après [[Dave Smith (archiviste)|Dave Smith]] cette somme aurait été de plus de 100 millions à la fin des années 1990<ref name="AtoZ p437"/>. Il faut ajouter à cela le coût des doublages en sept langues, à l'époque {{formatnum:65000}} $<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>.

Afin de trouver des fonds pour produire ses films, Walt Disney a du abandonner les droits de publication des musiques de ''Pinocchio'' à l'éditeur [[Bourne Music Company]] qui les détient encore aujourd'hui, tout comme les droits musicaux de ''[[Blanche-Neige et les Sept Nains]]'' et de ''[[Dumbo (film, 1941)|Dumbo]]''<ref name="Mouse Tracks 7">{{en}} Tim Hollis and Greg Ehrbar, ''[[Référence:Mouse Tracks : The Story of Walt Disney Records (Tim Hollis and Greg Ehrbar)|Mouse Tracks: The Story of Walt Disney Records]]'', p.7</ref>.

La sortie du film aux États-Unis, pays non encore engagé dans la [[Seconde Guerre mondiale]] a été bien accueillie à la fois par les critiques et le public mais l'absence des revenus du marché européen a fortement impacté le résultat financier du film<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>. Le film a toutefois récolté {{formatnum:84254167}} US$ au box office<ref>[http://www.ldsfilm.com/box/box.html Movie Box Office Figures]</ref>. Pour compenser les faibles revenus de ''Pinocchio'' sorti en février 1940, Walt Disney a du ressortir ''Blanche-Neige et les Sept Nains'' aux États-Unis et au Canada dès juillet 1940, couplé à quatre courts métrages<ref name="Snow White p72">{{en}} Richard Holiss & Brian Sibley, ''[[Référence:Snow White and the Seven Dwarfs (Holiss & Sibley)|Snow White and the Seven Dwarfs]]'' p.72</ref>.

Une autre source de revenus a été le voyage de Disney et d'une partie de son équipe en [[Amérique du Sud]]<ref name="Disney Films 3rd ed p 37"/>. Officiellement, le département d'État américain a demandé à Disney en 1941 d'effectuer un voyage diplomatique en Amérique latine afin de « lutter contre le nazisme »<ref name="AtoZ p514">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p. 514-515</ref>. Malgré sa désapprobation quant au caractère politique de sa mission<ref name="AtoZ p514"/>{{,}}<ref name="100ans 52">{{fr}} Dave Smith & Steven Clark, ''[[Référence:Walt Disney : The first 100 years (Dave Smith et Steven Clack)|Walt Disney : 100 ans de magie]]'' P. 52</ref>, Walt accepte ce voyage qui est pour lui l'occasion de maintenir l'activité de ses artistes et découvrir de nouvelles sources d'inspiration. Le résultat est notamment visible dans les compilations de courts métrages ''[[Saludos Amigos]]'' (1942) et ''[[Les Trois Caballeros]]'' (1944) ainsi que quelques courts métrages « éducatifs »<ref name="AtoZ p514">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p. 514-515</ref>.


== Distribution ==
== Distribution ==
Ligne 159 : Ligne 230 :
*''As I Saying to the Duchess'' (« Comme je disais à la Duchesse ») - Grand Coquin (non-utilisée)
*''As I Saying to the Duchess'' (« Comme je disais à la Duchesse ») - Grand Coquin (non-utilisée)
*''Three Cheers for Anything'' (« Trois acclamations pour n'importe quoi ») - Crapule et Pinocchio (non-utilisée)<ref name="Disney and Europe p77"/>
*''Three Cheers for Anything'' (« Trois acclamations pour n'importe quoi ») - Crapule et Pinocchio (non-utilisée)<ref name="Disney and Europe p77"/>

== Origines du projet et sources littéraires ==
[[Carlo Collodi]], journaliste et éducateur italien commence en [[1881 en littérature|1881]] l'écriture d'un feuilleton nommé ''Le avventure di Pinocchio'' publié dans le ''Giornale per i bambini'' (''Journal des enfants'') et édité en livre dès [[1883 en littérature|1883]]<ref name="Disney and Europe p71">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 71.</ref>. La première traduction anglaise parait aux États-Unis en 1892. Comme le constate Jacqueline Rose, à l'instar de ''[[Peter Pan]]'' de [[James Matthew Barrie]], l'histoire originale est rapidement altérée par les adaptations. Ainsi, dès [[1904 en littérature|1904]], la romancière Emily Gray publie une traduction « révisée » du texte de Collodi<ref name="Disney and Europe p71"/>.

L'histoire de Pinocchio avait déjà été adaptée en long métrage d'animation en [[1936 au cinéma|1936]] en [[Italie]] sous le titre ''[[Les Aventures de Pinocchio (film, 1936)|Le Avventure di Pinocchio]]''<ref name="Avventure di Pinocchio">{{imdb titre|id=0278332|titre=Le Avventure di Pinocchio}}</ref>. Une version théâtrale de Yasha Frank avait également été présentée dès juin 1937 à [[Los Angeles]], bien que le texte n'ait été publié qu'en avril 1939. Dans cette adaptation, Pinocchio devient un innocent incapable de réaliser le moindre méfait<ref name="Disney and Europe p71"/>.

Dans une lettre du {{date|8|avril|1935}} à Walt Disney, M{{me}} K. Evers, une amie de la famille, suggère l'utilisation de l'histoire de Pinocchio comme film, mais pas encore un long métrage<ref name="Disney and Europe p73">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 73.</ref>. Le 4 juillet de la même année, le journaliste et auteur italien [[Lo Duca]] se réjouit dans une lettre adressée aussi à Disney de l'idée de faire un film sur Pinocchio<ref name="Disney and Europe p73"/>. Disney rencontre Luca durant l'été 1935 à l'occasion d'un voyage en Europe<ref name="Disney and Europe p73"/> pour récupérer des sources d'inspiration pour ses films dont ''Blanche-Neige''<ref>[[Référence:Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios Disney|''Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios'']] pp.20, 38 et 112.</ref>.

Disney s'est procuré plusieurs versions et traductions de l'œuvre et a même demandé à l'une des employés du service des histoires, Bianca Majolie, de réaliser sa propre traduction<ref name="Disney and Europe p73"/>.

== Différences entre le conte et le film ==
Conformément à l'esprit du {{s|XIX|e}}, le conte de Collodi est une fable didactique destinée à préparer l'enfant à intégrer le monde des adultes en le mettant en garde sur le sort réservé à ceux qui refusent de s'y conformer<ref>{{en}} R. Wunderlich & P. Morrisey, ''The Desecration of Pinocchio in the United States'', conférence annuelle de la ''Children's Literature Association'', Minneapolis, 27-29 mars 1981, p. 14. cité par Robin Allan.</ref>. Le personnage de Pinocchio est plus proche du jeune délinquant ou du voyou que du pantin naïf<ref name="Disney and Europe p71"/>. Il n'hésite pas à tuer le criquet d'un coup de marteau ou à dire à la Fée bleue qu'il refuse de travailler car cela le fatigue. Ce à quoi la Fée lui répond : « Mon enfant, ceux qui parlent ainsi finissent toujours en prison ou à l'hôpital. Malheur à ceux qui mènent une existence paresseuse. La Paresse est une maladie mortelle qui doit être éradiquée dès l'enfance. »<ref name="Disney and Europe p72">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p. 72.</ref>

À l'époque victorienne, l'enfant était considéré comme un être « non-civilisé » et en proie au « démon » ; d'où les thèmes récurrents de la peur de l'enfer et du châtiment éternel dans la littérature enfantine de cette période. Collodi décrit avec une certaine délectation cette période d'anarchie, particulièrement prononcée chez les garçons, où la cruauté et les comportements émotionnels incontrôlés ont libre cours. D'autres scènes mêlent sadisme et [[wikt:morbidité|morbidité]], tout comme le faisaient en leur temps les contes de [[Charles Perrault|Perrrault]] et des [[frères Grimm]]. Ainsi lorsque le Renard et le Chat tentent - en vain - de pendre Pinocchio : « Au bout de trois heures, les yeux du pantin étaient toujours grands ouverts, sa bouche close, et il se débattait de plus belle. »<ref name="Disney and Europe p72"/> Frank et les adaptateurs ultérieurs ont considérablement atténué - voire supprimé - cette dimension du conte, jugée inadapté au public du {{s|XX|e}}.

En revanche, le Pays des jouets (''Paese dei balocchi''), qui n'apparaît que tardivement dans le livre de Collodi<ref>{{en+it}} [http://ercoleguidi.altervista.org/pinocchio/pin_30.htm Ercole Guidi Pinocchio], chapitre XXX.</ref>, occupe une place centrale dans l'histoire revue par les scénaristes du film, sous le nom d'Île au plaisir (''Land of Toys'')<ref name="Disney and Europe p72"/>.

Le nom de la baleine dans le film est Monstro, fusion du terme anglais « ''monster'' » et du nom original italien ''Mostro'' (qui signifie également « monstre ») ; Coloddi définit le personnage comme un « terrible [[requin]] » (« ''il terribile pescecane'' »). Pour Collodi, l'animal est « plus large qu'un immeuble de cinq étages, long d'un kilomètre sans la queue, avec une gueule possèdent trois rangées de dents et pouvant facilement accueillir un train », alors que la version de Disney est plus proche du [[grand cachalot]], seul [[cétacé]] géant avec des dents et non pas des [[fanon]]s.

Une autre différence importante entre le livre et le film est la localisation de l'histoire<ref name="Disney and Europe p78"/> : alors que le livre est italien, à la fois par les évocations du soleil, des tempêtes et de l'humeur des protagonistes, le film est emprunt de germanisme dans les décors, l'architecture, les objets et les noms<ref name="Disney and Europe p78"/>. Cet aspect allemand est dû à l'influence des artistes [[Albert Hurter]] et [[Gustaf Tenggren]] (cf [[#L'aspect graphique|Aspect graphique]], mais aussi au fait que la voix originale de Geppeto soit celle de [[Christian Rub]], expatrié allemand<ref name="Disney and Europe p78"/>.

== Analyse du film ==
Robin Allan tente de décrypter la raison du faible succès initial de ''Pinocchio'' au travers des sources et de leurs utilisations. Le critique cinématographique Leonard Maltin utilise, lui, son ressenti. Tous deux sont d'accord sur le côté très « sombre » du film.

Allan considère que ''Pinocchio'' possède une complexité morale beaucoup plus riche que le film précédent de Disney, ''Blanche-Neige et les Sept Nains''<ref name="Disney and Europe p69">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.69.</ref>. Alors que Blanche-Neige est victime d'une injustice qui la prive de sa position sociale, le thème principal dans ''Pinocchio'' est la recherche de l'identité pour trois des personnages pincipaux : Pinocchio recherche l'humanité, Geppetto la [[parentalité]] au travers d'un fils et Jiminy sa vocation professionnelle<ref name="Disney and Europe p69"/>.

Cette recherche passe par la mise en lumière des personnages au centre de décors souvent dans l'ombre telle la rue lumineuse où marche Pinocchio, bordée de ruelles sombres, ou la torche que tient Geppetto dans la gueule de Monstro<ref name="Disney and Europe p69"/>. Allan constate l'absence d'entourage de ces trois personnages, hormis quelques brefs passages avec des personnages secondaires<ref name="Disney and Europe p69"/>. En comparaison avec ''Blanche-Neige'', même si les deux lieux sont animés par des chants et des danses, le chalet des nains est beaucoup plus vivant (nains, animaux, etc.) que l'atelier de Geppetto, rempli principalement d'objets, avec seulement deux animaux et dont la seule présence féminine, en dehors du poisson Cléo, est une fée immatérielle<ref name="Disney and Europe p70">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.70.</ref>.

Allan compare Geppetto à un [[Jonas]] moderne tandis que Pinocchio parvient, partant du végétal et transgressant la morale pour régresser physiquement vers l'animal, à renverser la tendance pour atteindre l'humanité<ref name="Disney and Europe p70"/>. Allan pousse l'analogie en évoquant la morale traditionnelle européenne dont chaque personnage devient un symbole : Pinocchio l'Innocence, Jiminy la Connaissance, Geppeto la Générosité<ref name="Disney and Europe p70"/>.

Ce film est aussi l'un des rares où les méchants ne disparaissent pas au sens de « détruits », mais qu'ils sont simplement « écartés »<ref name="Disney and Europe p70"/>, on ne sait en effet pas ce que deviennent Grand Coquin, Stromboli, le Cocher ou Monstro.

Pour Jean Gili, le film de Disney conserve « le moralisme et l'esprit conservateur » de Collodi, ce que ne font pas d'autres l'adaptation comme celle, dans une moindre mesure de [[Steve Barron]] (1996), ou [[Luigi Comencini]] qui « renouvelle complètement les significations originelles » de l'œuvre de Collodi (1972)<ref>{{Ouvrage | titre = Luigi Comencini | éditeur = Gremese Editore | auteur = Jean A. Gili | langue = français | lien langue = {{fr}} | année = 2003 | pages = 143 | isbn = 8873015506}}, p. 69</ref>.

=== Un « Disney sombre », empreint de terreur ===
Pour Allan , la raison première faible succès de ''Pinocchio'' est le côté sombre du film, malgré une indéniable technicité artistique<ref name="Disney and Europe p67"/>. L'aspect crû et didactique du conte de Collodi (voir [[#Différences entre le conte et le film|ci-dessous]]), est remplacé dans le film de Disney par un aspect grotesque, proche des personnages de [[Charles Dickens|Dickens]]<ref name="Disney and Europe p67"/>. La principale différence avec le conte original est l'adapation d'une histoire lumineuse à un monde sombre : alors que l'œuvre de Collodi se déroule toujours à l'extérieur et à la lumière du jour, le film de Disney prend place dans des lieux fermés, souvent la nuit, la seule lumière rayonnante provenant de la magie de la fée<ref name="Disney and Europe p67"/>. Allan énumère plusieurs scènes-clés plongées dans l'obscurité ou suscitant la [[claustrophobie]]<ref name="Disney and Europe p68">{{en}} Robin Allan, ''[[Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan)|Walt Disney and Europe]]'' p.68.</ref> : Pinocchio prisonnier de Stromboli, l'apparition de Jiminy un soir d'hiver, la conspiration dans une ruelle embrumée de Grand Coquin et du Cocher, l'Île des plaisirs avec ses lieux sombres et ses cages, l'estomac de Monstro la baleine, le fond de l'océan. Même lorsque Geppeto et Pinocchio s'échappent du ventre du cétacé, le ciel est aussi sombre que l'intérieur du monstre.

Leonard Maltin va plus loin : alors que les parents pouvaient craindre les cauchemars après la vision de ''Blanche-Neige et les Sept Nains'', ils risquent de vouloir éviter le traumatisme engendré par celle de ''Pinocchio'', qui comprend des scènes parmi les plus terrifiantes de l'animation Disney<ref name="Disney Films 3rd ed p 33"/>. Toutefois ces scènes de terreur sont subtiles et utilisent les nuances de l'allégorie de manière incompréhensibles pour les plus jeunes<ref name="Disney Films 3rd ed p 33"/>.

L'histoire et le personnage de Pinochio ne sont pas intrinsèquement drôles et il a été difficile pour les animateurs de rendre le film un temps soit peu humoristique<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>. Pourtant Pinocchio est l'un des héros Disney le plus attirant et le plus intéressant, le comique provenant surtout des personnages secondaires et en premier lieu Jiminy Cricket<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>. L'humour autour de Jiminy est lié à l'utilisation de jeux de mots contemporains au film<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>. Le personnage de Geppetto possède aussi un coté humoristique, du moins plutôt comme « désamorceur » de tension tandis que Figaro contribue à donner un humour espiègle<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>. Le personnage muet de Gédeon a été développé spécialement pour le comique avec une forte propension à l'incompétence<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>.

À l'opposé, la terreur revient régulièrement et de manière prononcée dans le film. Durant son premier passage chez Stromboli, ce dernier use de cruauté mentale en avertissant Pinocchio « qu'une fois plus vieux, il ferait du bon bois pour son feu »<ref name="Disney Films 3rd ed p 35"/>. Après un début haut en couleurs avec de nombreuses enseignes lumineuses, l'atmosphère de l'Île des plaisirs devient oppressante avec la transformation des enfants en ânes et leurs ventes comme bête de traits<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>. Dans cette île, les éléments non éclairés ont des « tonalités de couleurs sombres et un aspect délabré »<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>, et petit à petit des indices sont donnés au spectateur pour le terrifier.

Le premier choc lié à la terreur est pour Maltin, l'âne parlant<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/> rencontré dans la rue, suivi par l'ombre du cocher dans une ruelle. L'horreur débute comme un trait d'humour, une fiction qui devient réalité, avec le garçon dans la salle de billard dont les oreilles deviennent celles d'un âne, la musique change elle aussi devenant discordante<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>. Le garçon supplie Pinocchio de le sauver mais la transformation, comme celles d'autres enfants, se poursuit jusqu'à ce que son cri d'appel à l'aide vers sa mère se transforme en un braiment, summum de l'horreur pour [[William K. Everson]], cité par Maltin<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>.

D'autres chocs émotionnels liés aux peurs parsèment le film. Maltin évoque aussi la scène de l'engloutissement par Monstro qui comprend une musique intense, des bruits de vagues, de bois qui craque, les cris de désespoirs de Gepetto, mais aussi des images terrifiantes comme les poissons tentant de nager à contre-courant, l'énorme gueule du cétacé<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>, le tout dans un décor lui aussi sombre...

À l'opposé quelques scènes sont plus légères, comme<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>:
* l'atelier de Geppetto « prenant vie » avec les boites à musique
* les débuts dans le monde du spectacle de Pinocchio chez Stromobli
* celle sous-marine, bien que irréaliste et empreinte des émotions précédentes, dans laquelle Pinocchio s'émerveille de la grandeur du lieu

== Adaptations et produits dérivés ==
[[Fichier:Pinokio magic kingdom.jpg|thumb|250px|Pinocchio au [[Magic Kingdom]]]]
[[Fichier:Pinnocchioentree.jpg|thumb|250px|Entrée de l'attraction ''[[Pinocchio's Daring Journey|Les Voyages de Pinocchio]]'' à [[Disneyland Paris]].]]

=== Films, séries et documentaires ===
Le personnage de [[Figaro (Disney)|Figaro]] le chaton, a été rapidement réutilisé dans des courts métrages<ref name="Disney Films 3rd ed p 36"/>, principalement au coté de [[Minnie Mouse]] ainsi que dans sa propre série ne comprenant que 3 épisodes<ref name="AtoZ p207">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p 207</ref>.

En septembre [[1978]], un [[Liste des courts-métrages éducatifs produits par les Studios Disney|court métrage éducatif]] des studios Disney, ''Pinocchio : A Lesson in Honesty'' a été réalisé et traite du mensonge<ref name="AtoZ p438">{{en}} Dave Smith, ''[[Référence:Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia (Dave Smith)|Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia]]'' p.438</ref>,

Les personnages de ''[[Pinocchio]]'' apparaissent régulièrement dans les épisodes de ''[[Disney's tous en boîte]]''. Un épisode a même été consacré à Jiminy, devenu la [[conscience]] de [[Mickey Mouse]].

=== Bandes dessinées ===
Poursuivant la tradition entamée avec ''Blanche-Neige'', les studios Disney ont publié dans la presse l'histoire basée sur le film avant sa sortie officielle, sous forme dominicale entre le [[24 décembre]] 1939 et le [[7 avril]] 1940. Le scénario était de [[Merrill De Maris]], les crayonnés d'[[Hank Porter]] et l'encrage de [[Bob Grant]]<ref>{{CodeINDUCKS|Type=story|Code=ZS 39-12-24|Code+=ZS+39-12-24|Titre=Pinocchio}}.</ref>.

=== Parcs d'attractions ===
D'après Robin Allan, en raison de l'étude des marionnettes durant son séjour en Europe, Disney se serait passionné par les personnages miniatures mécaniques qui donneront des années plus tard les [[Audio-animatronic]]s<ref name="Disney and Europe p74"/>.

*Dans les parcs Disney ''Pinocchio'' est présent sous la forme :
**d'une attraction intitulée ''[[Pinocchio's Daring Journey]]'' ou ''Les Voyages de Pinocchio'' à [[Disneyland]], [[Disneyland Paris]] et [[Tokyo Disneyland]] ;
**d'une attraction intitulée ''[[Storybook Land Canal]]'' à Disneyland, dans laquelle on retrouve la baleine Monstro ;
**d'un restaurant du [[Magic Kingdom]], ''Pinocchio Village Haus'', servant des pizzas et des macaronis au fromage<ref>[http://disneyworld.disney.go.com/wdw/parks/parkLanding?id=MKLandingPage Walt Disney World’s Magic Kingdom Page]</ref> ;
**de personnages sortant régulièrement dans les parcs et les parades.

=== Spectacles ===
* Un spectacle de ''[[Disney on Ice]]'' nommé ''Disney on Ice starring Pinocchio'' a été présenté entre 1987 et 1992 aux États-Unis et dans quelques pays à l'international. Un extrait de ce spectacle est inclus dans ''Disney On Ice: 100 Years of Magic''.

=== Jeux vidéo ===
* Le film a été adapté en [[1995]] en jeu vidéo sous le nom ''[[Pinocchio (jeu vidéo)|Pinocchio]]'' sur [[Megadrive|Sega Genesis]] et [[Super Nintendo]].
*''Monstro la Baleine'' est un monde jouable dans ''[[Kingdom Hearts]]'' et sa suite, ''[[Kingdom Hearts: Chain of Memories]]''.

== Le saviez-vous ? ==
*Dans le bâtiment en débris de l'''Île aux plaisirs'', on peut voir [[la Joconde]], la célèbre peinture de [[Léonard de Vinci]].

*La chanson ''When you Wish Upon a Star'' a été déclarée 7{{e}} dans la liste des ''[[AFI's 100 Years... 100 Songs|100 meilleures chansons du cinéma américain]]''.

* Le film a été restauré en [[1992 au cinéma|1992]], principalement les peintures, par Buena Vista Worldwide Services et [[YCM Labs]]<ref name="AtoZ p437"/>.

== Titre en différentes langues ==
<div style="-moz-column-count:2; column-count:2;">
*[[Allemand]] : ''Pinocchio, das Hölzerne Bengele'' puis ''Pinocchio'') / ''Die Abenteuer des Pinocchio'' ([[Autriche]])
*[[Anglais]] : ''Pinocchio''
*[[Bulgare]] : ''Пинокио'' (Pinokio)
*[[Cantonais]] : ''木偶奇遇記'' (''Mùǒu jī Yùjì'' : « Les Aventures d'une poupée de bois »)
*[[Coréen]] : ''피노키오'' ''(Pinokio)''
*[[Croate]] : ''Pinokio'' ou ''Pinocchio''
*[[Danois]] : ''Pinocchio''
*[[Espagnol]] : ''Pinocho'' ou ''Pinocchio'' ([[Amérique latine]])
*[[Espéranto]] : ''Pinokjo''
*[[Finnois]] : ''Pinokkio'' puis ''Pinocchio''
*[[Français]] : ''La Merveilleuse Aventure de Pinocchio'' (première sortie) puis ''Pinocchio''
*[[Grec moderne|Grec]] : ''Πινόκιο'' ''(Pinókio)''
*[[Hébreu]] : ''פינוקיו'' ''(Pynoqyo)''
*[[Hongrois]] : ''Pinokkió''
*[[Indonésien]] : ''Pinokio''
*[[Italien]] : ''Pinocchio''
*[[Japonais]] : ''ピノキオ'' ''(Pinokio) ''
*[[Néerlandais]] : ''Pinokkio''
*[[Norvégien]] : ''Pinocchio''
*[[Polonais]] : ''Pinokio''
*[[Portugais]] : ''Pinóquio''
*[[Roumain]] : ''Pinocchio''
*[[Russe]] : ''Пиноккио'' ''(Pinokkio)''
*[[Serbe]] : ''Pinokio''
*[[Slovaque]]: ''Pinokio''
*[[Suédois]] : ''Pinocchio''
*[[Tchèque]] : ''Pinocchio''
*[[Thaï (langue)|Thaï]] : ''พิน๊อคคิโอ''
*[[Turc]] : ''Pinokyo''
</div>

=== Monographie ===
*{{Ouvrage|éditeur= Démons et Merveilles | titre=Pinocchio | auteur=[[Pierre Lambert]] | langue=Français |lien langue={{fr}} | jour=|mois= novembre| année= 1995 | lieu=France | format=relié | pages=236 | isbn=2950781837 }}

=== Ouvrages sur l'animation chez Disney ===
* {{Ouvrage|éditeur= Hyperion Books| titre=The Disney Films : 3rd Edition | auteur=[[Leonard Maltin]] | langue=Anglais |lien langue={{en}} | année=1995 | lieu=New York | format=broché | ref=Référence:The Disney Films : 3rd Edition (Leonard Maltin)| pages=384 | isbn=0-7868-8137-2}}
* {{Ouvrage|titre=Walt Disney and Europe |auteur=Robin Allan | année=1999 |ref=Référence:Walt Disney and Europe (Robin Allan) |lien langue={{fr}} }}
*{{Ouvrage|titre=Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios Disney | année=2006 |ref=Référence:Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios Disney |lien langue={{fr}} }}
*{{Ouvrage|éditeur= Démons et Merveilles | titre=Walt Disney, l'âge d'or | auteur=[[Pierre Lambert]] | langue=Français |lien langue={{fr}} | année=2006 | lieu=France | format=relié | pages=258 | isbn=2-9507818-8-8 |ref=Référence:Walt Disney, l'âge d'or (Pierre Lambert)}}

== Notes et références ==
{{références|colonnes=2}}

=== Liens externes ===
*{{en}} [http://disney.go.com/disneyatoz/familymuseum/exhibits/articles/pinocchiomain/index.html Exposition ''Walt and Pinocchio''] sur le ''Walt Disney Family Museum''
*{{Imdb titre|id=0032910|titre=Pinocchio}}
*[http://www.ultimatedisney.com/pinocchio.html ''Pinocchio''] dans ''Ultimate Disney''
* Texte original de ''[[Pinocchio]]'' de [[Carlo Collodi]] :
**{{it}} [http://www.crs4.it/Letteratura/Pinocchio/Pinocchio.html ''Le avventure di Pinocchio. Storia di un burattino''] (version originale italienne)
**{{fr}} [http://perso.wanadoo.fr/claude.sartirano/ ''Les Aventures de Pinocchio''] (traduction française de Claude Sartirano, 2002)
**{{en}} [http://www.gutenberg.net/etext/500 ''Adventures of Pinocchio''] (traduction anglaise de Carol della Chiesa)

{{Pinocchio}}
{{Palette Pinocchio Disney}}
{{Palette Walt Disney Pictures}}
{{Palette Film d'animation Disney}}


{{Portail|Disney|animation}}
{{Portail|Disney|animation}}

Version du 17 mars 2009 à 03:20

Pinocchio

Réalisation Hamilton Luske
Ben Sharpsteen
Scénario Aurelius Battaglia
William Cottrell
Otto Englander
Erdman Penner
Joseph Sabo
Ted Sears
Webb Smith
Musique Leigh Harline
Paul J. Smith
Ned Washington
Sociétés de production Walt Disney Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Durée 88 min
Sortie

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Pinocchio est le deuxième long-métrage d'animation et « Classique d'animation » des studios Disney, sorti en 1940 et inspiré du conte de Carlo Collodi, Avventure di Pinocchio, storia di un burattino (1881).

Avec ce nouveau long-métrage d'animation, Disney espérait renouveler le succès de Blanche-Neige et les Sept Nains (1937), mais la Seconde Guerre mondiale ne permit pas d'atteindre le résultat escompté à l'époque. De plus, Walt Disney était à la même époque sur un projet plus ambitieux Fantasia (1940). Le film constitue toutefois une avancée significative dans les techniques d'animation.

Synopsis

Modèle:Spoiler Dans un petit village, un vieux sculpteur sur bois nommé Geppetto vit seul avec son chat Figaro et Cléo, un poisson rouge. Fabricant de jouets, il crée une marionnette qu'il baptise Pinocchio. Son souhait le plus cher, n'ayant pas d'enfant, est que cette marionnette devienne un vrai petit garçon. Durant la nuit, son vœu est réalisé par la Fée bleue qui donne vie à la marionnette. Celle-ci propose à Pinocchio un marché : il ne deviendra un vrai petit garçon qu'à la condition qu'il se montre digne de l'être. Jiminy Cricket, un criquet ayant trouvé refuge chez Gepetto pour y passer la nuit, se voit attribuer la tâche d'être la bonne conscience du pantin et de l'empêcher de mal agir. En récompense, il demande à être gratifié d'une médaille. Mais la tâche de Jiminy s'avère compliquée...

Dès son premier jour d'école, Pinocchio se fait aborder par deux escrocs, Grand Coquin le renard et Gédéon le chat. Ces derniers parviennent à l'entraîner chez Stromboli, un célèbre marionnettiste, lui faisant miroiter les plaisirs d'une vie d'artiste. Fasciné par cette marionnette vivante et comprenant rapidement le profit qu'il pourrait en tirer, Stromboli embauche Pinocchio pour son spectacle. Après un succès triomphal, le marionnettiste refuse de laisser le pantin rentrer chez lui, le considérant désormais comme sa propriété. Il l'enferme dans une cage en le menaçant d'en faire du « bon bois pour son feu » s'il se rebelle. Malgré ses efforts, Jiminy, qui n'a pas abandonné Pinocchio, ne parvient à débloquer la serrure de la cage. La Fée bleue apparaît alors et questionne Pinocchio sur sa situation. Honteux, ce dernier préfère mentir pour ne pas avouer son erreur, mais son nez grandit à chaque mensonge. Il reconnait alors qu'il a menti et qu'il a eu tort de ne pas aller à l'école. Indulgente, la Fée libère Pinocchio, l'avertissant toutefois que c'est la dernière fois qu'elle lui viendra en aide.

Au même moment, Gédéon et Grand Coquin sont à la Taverne du Homard, fêtant leurs exploits de la journée. Un cocher leur propose alors un marché inquiétant : lui ramener contre des pièces d'or tous les enfants désobéissants du village afin qu'il les emmène l'Île des plaisirs, un endroit fabuleux mais dont la seule évocation suffit à faire frémir de terreur les deux escrocs.

Le jour suivant, les deux compères persuadent à nouveau Pinocchio de les suivre. Sur le chemin, ils sont rejoints par Crapule, un jeune garçon turbulent et mal élevé, que Pinocchio décide de prendre pour modèle. Arrivés sur l'Île des plaisirs, le petit garçon de bois prend plaisir à jouer de l'argent, fumer, boire de l'alcool jusqu'à être saoul et vandaliser des objets, à la plus grande consternation de Jiminy. Mais bientôt, le criquet découvre la malédiction liée au lieu : les enfants dignes du bonnet d'âne se transforment en vrais ânes qui sont ensuite vendus par le sinistre cocher dans des mines de sel ou des cirques. C'est ce qui arrive à Crapule tandis que Pinocchio, se métamorphosant plus lentement car il n'est pas un vrai petit garçon, réussit à s'enfuir à temps alors que seules ses oreilles ont changé et qu'une queue d'âne lui a poussé.

Harassés, Pinocchio et Jiminy rejoignent la boutique de jouets de Geppetto. Ils découvrent la maison vide et une lettre rédigée de sa main, annonçant qu'il est parti en mer avec ses animaux à la recherche de son fils. Malheureusement, l'embarcation et son équipage ont été avalés par Monstro, une redoutable baleine. Afin de retrouver Geppetto, Pinocchio et Jiminy partent sur l'océan et ne tardent pas à être confrontés à la baleine qui n'en fait qu'une bouchée.

A l'intérieur du ventre de la baleine, Pinocchio retrouve Geppetto et ses compagnons sur ce qui reste de leur barque. Afin de sortir de là, Pinocchio a l'idée de faire brûler du bois pour obliger Monstro à éternuer. L'idée fonctionne mais enrage la baleine qui les poursuit et détruit leur radeau. Geppetto, ne sachant pas nager, demande à Pinocchio de rejoindre le rivage sans lui. Le pantin refuse et tente héroïquement de protéger son créateur en l'entraînant vers la plage. Dans sa fureur, la baleine percute un rocher, créant une vague gigantesque qui dépose Geppetto et ses animaux sur la plage sains et saufs mais pas Pinocchio, qui gît inerte sur le sable.

Endeuillés, Geppetto, Jiminy, Cléo et Figaro rentrent chez eux avec le corps de Pinocchio. Alors qu'ils veillent sa dépouille, la Fée bleue apparaît et déclare que, pour avoir sauvé la vie de son père en donnant la sienne, Pinocchio a prouvé qu'il méritait d'être un vrai petit garçon. Elle le ramène à la vie et le transforme en garçon de chair et de sang. Tout le monde fête joyeusement cette seconde naissance. Quant à Jiminy, il reçoit sa médaille de conscience officielle de Pinocchio. Modèle:Fin de spoiler

Production

La pré-production du film semble avoir commencé vers février 1937. Un mémo interne du 9 juin 1937 demande aux artistes d'aller voir la pièce de Frank[1]. En raison du travail nécessaire à la finalisation de Blanche-Neige prévu pour Noël 1937, la première réunion pour définir l'histoire de Pinocchio est datée du 24 mars 1938[1]. La version de Disney à l'instar de la pièce de Frank s'oriente vers la morale parentale du XXe siècle[1]. Mais l'élaboration n'est pas aisée : cinq mois d'animation sont abandonnés et le scénario repris à zéro[2].

Dans Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) ou les Silly Symphonies, Walt Disney et ses collaborateurs avaient déjà adapté des contes européens, que ce soit des frères Grimm ou de Charles Perrault, mais ils ont souvent dû étirer et étoffer le scénario original[3]. Robert Allan rejette une part des problèmes du film Pinocchio sur l'œuvre originale qui, par sa nature de feuilleton, propose une histoire à la « qualité picaresque », longue et épisodique nécessitant de nombreuses modifications[3].

Les personnages

Pour son personnage principal, Collodi a choisi une marionnette, héritière de la tradition italienne et de la Commedia dell'arte[4]. Dans le film, son aspect est cependant plus proche (tout comme le décor) de l'univers du Tyrol autrichien que des créations italiennes, avec des grands yeux, une mâchoire inférieure mobile et surtout son costume tyrolien[4],[5]. Walt Disney a choisi Dickie Jones, alors âgé de 12 ans, pour prêter sa « voix de gentil garçon » au personnage[6].

Le personnage de Jiminy Cricket, créé et animé par Ward Kimball[7],[8], est une version très développée du personnage mineur du criquet parlant de Collodi[7]. Le prénom de Jiminy Cricket a été choisi par Walt Disney. Il provient d'une exclamation marquant la surprise (« Jiminy! ») en usage d'après l'Oxford English Dictionary, depuis 1848 et utilisée, par exemple, par les nains dans le film Blanche-Neige et les Sept Nains lorsqu'ils arrivent à leur chalet[9].

Dès le prologue, dans lequel Jiminy ouvre le livre de l'histoire de Pinocchio puis, confronté à une page refusant de rester tournée, la bloque avec un bougeoir tout en s'adressant au spectateur, l'attitude et le discours du personnage posent son importance en le présentant comme « un être moderne et décomplexé face aux objets de l'ancien monde qui l'entourent »[10] (vieux livres, boîtes à musique et jouets anciens, etc.)[11]. Ses habits, propres et neufs dans le prologue, deviennent rapiécés dans l'histoire qu'il raconte en flashback, faisant dire à Allan qu'il est un « Yankee à la cour d'Europe, confronté avec les détritus du passé »[10]. Sa voix originale est celle de Cliff Edwards[6], qui l'a doublé jusqu'aux années 1960 (dans Coquin de printemps ou des émissions télévisées comme Le Monde Merveilleux de Disney). Après la mort d'Edwards, Eddie Carroll a repris le rôle tandis que dans les versions françaises, ce sont Camille Guérini puis Roger Carel qui lui prêtent leur voix[12].

Pour Gepetto, le comédien Christian Rub a servi aussi d'inspiration en raison de son physique et de ses rôles précédents souvent proches, de même que Walter Catlett (Grand Coquin) ou Frankie Darro (Crapule, dont l'aspect physique est la caricature d'un des animateurs de Disney, Fred Moore)[13]. Pour Stromboli, Charles Judels a été choisi pour son « interprétation caractéristique hennissante de la frustration »[13].

Le personnage de la Fée bleue est inspiré physiquement de Marjorie Belcher, déjà modèle pour Blanche-Neige, qui devait selon le souhait de Walt Disney être « attirante mais pas glamour », tandis que sa voix est celle d'Evelyn Venable, au timbre doux et pur[13].

Les personnages de Figaro et de Cléo ne sont présents que pour ajouter le comique, essentiellement de situation, au schéma narratif du film. Les deux animaux pourtant antagoniste dans la nature doivent ici se dire bonne nuit, Figaro est aspergé d'eau et doit ouvrir la fenêtre pour son maître.

L'aspect graphique

L'illustrateur suédois Gustaf Tenggren, déjà à l'œuvre sur Blanche-Neige et les Sept Nains, a eu la tâche de donner au film un aspect européen en esquissant les décors[7],[14]. Tenggren a réalisé entre autres les esquisses du ventre de Monstro, de l'apparition de la Fée bleue et surtout l'intérieur de l'atelier de Geppetto[14] puisant alors dans ses souvenirs d'enfance passés dans la maison de son grand-père, sculpteur sur bois[15]. Si l'histoire est censée se dérouler en Italie, le village de Pinocchio, situé au pied des montagnes et dont l'architecture privilégie le bois, est bien plus proche de la Bavière - probablement le Tyrol méridional - sans doute à cause des origines de Tenggren[16]. Robin Allan note les similitudes avec la ville de Rothenburg ob der Tauber, entre autres le chemin de garde et la Galgengasse[17], la maison de Stromboli rappellant, elle, la Forge de Gerlach[18]. Tenggren a lui-même été influencé par des artistes comme Arthur Rackham, Edmond Dulac, John Bauer et des peintres académiques[19]. Pour Allan, les perspectives amplifiées des scènes de rues sont des réminiscences des perspectives angulaires des œuvres du peintre Thomas Hart Benton tandis que le rendu affuté des détails rappelle les paysages de Grant Wood[20]. Nombre de ses travaux préparatoires, esquisses ou temperas sont dans des collections privées ou n'ont pas survécu[20] mais des décors peints et des études pour maquettes ont été conservés par les archives Disney[21].

Le suisse Albert Hurter, qui avait déjà travaillé à l'aspect européen de Blanche-Neige, a également participé à Pinocchio ; malheureusement la plupart de ses esquisses ont disparu même si, selon John Russel Taylor, son influence est visible dans « l'aspect gothique et grotesque emprunté aux livres d'illustrations européens »[22]. La majeure partie de son travail a consisté en la création des éléments de décor, boîtes à musique, horloges et jouets en bois, dont l'influence suisse-allemande est soulignée par Allan[16].

Disney a toutefois introduit nombre d'éléments inspirés de la culture américaine. Les décorateurs se sont inspirés pour la forme de la salle de billard dans l'Île aux plaisirs (une boule 8 avec une queue de billard posée à coté) des édifices Trylon et Perisphere, emblèmes de la Foire internationale de New York 1939-1940[6]. De même la forme et le contenu du spectacle de Stromboli fait référence au style vaudeville[4] : Pinocchio y danse avec des marionnettes d'autres cultures comme une néerlandaise, une française (et sa troupe de cancaneuses) puis une russe[4]. Une poupée traditionnelle supplémentaire était prévue dans le film : celle d'un danseur babinga de l'Ubangui, mais elle fut supprimée avant la sortie du film en raison du déclin de l'intérêt du public américain pour cette culture[4]. De même le numéro de Jiminy dans Sifflez vite, vite ! avec, par exemple, composé d'un exercice de funambule, d'un passage de scie musicale et d'une parade.

La musique et les références au théâtre

La musique est omniprésente dans le film. Allan la qualifie même de « complexe », allant de la ballade à la composition symphonique[23]. La première partie du film comprend des chansons nostalgiques (Quand on prie la bonne étoile) ou gaies (Un pantin de bois, Hi-Diddle-Dee-Dee), tandis que la seconde partie, composée par Leigh Harline, accentue l'aliénation et la menace avec des thèmes instrumentaux comme Sinister Stromboli, Sad Reunion, Fog Music, Tragic Happenings[23].

Un autre art très présent dans le film est le théâtre, au sens large. Il apparaît sous différentes formes : que ce soient les marionnettes, le music-hall américain avec certaines scènes de Jiminy Cricket ou le vaudeville pour le spectacle de Stromboli[21]. Robin Allan considère que le film va plus loin en utilisant par exemple les costumes du mélodrame victorien ou dickensien pour le personnage du Cocher, ou les conventions théâtrales pour « les entrées et sorties accentuées afin de laisser l'écran libre pour la scène suivante »[24].

Walt Disney a aussi insisté durant toute la production pour « créer des décors à l'aspect tridimensionnel convaincant »[24]. Ce qui fait dire à Allan que « cette insistance fait écho à un autre élément du théâtre, la suspension de l'incrédulité », Disney étant le « marionnettiste en chef manipulant ses artistes pour créer une illusion convaincante »[24]. Des modèles de toutes tailles allant des modèles réduits des personnages, des scènes jusqu'à des répliques fonctionnelles des jouets et horloges[24]. La plupart de ces maquettes sont l'œuvre de l'ingénieur et marionnettiste Bob Jones[24]. Ces éléments avec l'éclairage et la forme font que le théâtre, et son illusion, sont à l'origine d'une grande part du film[24].

L'animation

À l'instar de certaines séquences de Blanche-Neige et les Sept Nains, Pinocchio utilise les possibilités de la caméra multiplane et permet d'avoir par exemple la vue en plongée sur le village avec l'église, un panorama ayant nécessité douze plans séparés[6]. Une séquence de quelques secondes précédant le premier matin de Pinocchio, avec vue du clocher, femmes lavant le linge, etc. a été finalement abandonnée, son coût ayant été estimé entre 25 000 et 48 000 dollars[23].

L'animateur abstrait allemand Oskar Fischinger a contribué aux effets d'animation de la baguette magique de la Fée bleue[25].

Pour Leonard Maltin, une des prouesses d'animation pure est la scène où Pinocchio est enfermé dans une cage, derrière des barreaux, dans une charrette en mouvement et que des éclairs de lumière font changer les ombres et les couleurs à l'intérieur du véhicule[6].

Pour la scène des boites à musique s'animant dans l'atelier de Geppetto, les animateurs ont demandé aux techniciens de l'atelier de réaliser des maquettes pour chaque élément afin de les reproduire au mieux[6].

Lorsque que Pinocchio parle sous l'eau, sa voix semble émaner des bulles grâce à un effet sonore qui « étonna le public à la sortie du film »[6].

Le film a requis plus de 750 artistes qui ont réalisé plus de 2 millions de dessins, utilisant près de 1 500 teintes de peintures[7].

Accueil du film

Le critique Leonard Maltin a écrit que « avec Pinocchio, Disney a atteint non seulement la taille critique de son pouvoir mais le summum de ce que beaucoup de critiques considèrent comme étant le royaume du dessin animé »[13]. De plus le film, malgré quelques défauts, possède des séquences harmonieusement agencées et dans lesquelles les points émotionnels culminants s'organisent sur toute la durée du film[2]. Les caractéristiques principales du film sont : la virtuosité technique, l'impact émotionnel, l'action, l'excitation, la terreur plus que l'humour[26]. Maltin étaye ses propos en citant Archer Winsten qui déclara : « Les erreurs présentes dans Blanche-Neige ont été corrigées. À propos de Pinocchio, vous êtes limités seulement par votre faculté à exprimer l'enthousiasme. Pour le dire avec des mots simples, ce film est ... absolument parfait, un pur travail inaltéré de génie »[13]. Maltin cite aussi quelques détracteurs tel Paolo Lorenzini, neveu de Carlo Collodi qui demanda au Ministère italien de la culture d'engager un procès contre Disney pour avoir modifié l'œuvre de son oncle au point que Pinocchio « peut être facilement pris pour un américain »[13],[27].

Robin Allan, dans son étude sur les sources européennes chez Disney, note pour sa part que le film a reçu un bon accueil auprès des critiques. Mais en raison de différentes aspects, le public a eu du mal à bien appréhender l'œuvre[28]. Le film utilise bien sûr une large part de sources européennes : l'histoire de Collodi, un décor et une musique d'inspiration italienne[28]. Mais celles-ci ont été interprétées selon les conventions de la culture populaire américaine et, en particulier, les références hollywoodiennes tels le personnage mi-meneur de revue, mi-dandy Jiminy Cricket ou la Fée bleue ressemblant à Jean Harlow, assez éloignés de l'imagerie européenne[28].

La musique et le personnage de la Fée bleue sont parmi les quelques éléments à avoir été critiqués à la sortie du film, tel que l'atteste Richard Mallett qui dans un article de Punch du 27 mars 1940 déclare « Je ne suivrai pas les autres en faisant des remarques sur l'infériorité supposée des musiques de Pinocchio par rapport à celles de Blanche-Neige »[23].

Le coût de production du film est estimé entre 2,5[13] à 2,6 millions[7],[29] de $. D'après Dave Smith cette somme aurait été de plus de 100 millions à la fin des années 1990[7]. Il faut ajouter à cela le coût des doublages en sept langues, à l'époque 65 000 $[13].

Afin de trouver des fonds pour produire ses films, Walt Disney a du abandonner les droits de publication des musiques de Pinocchio à l'éditeur Bourne Music Company qui les détient encore aujourd'hui, tout comme les droits musicaux de Blanche-Neige et les Sept Nains et de Dumbo[30].

La sortie du film aux États-Unis, pays non encore engagé dans la Seconde Guerre mondiale a été bien accueillie à la fois par les critiques et le public mais l'absence des revenus du marché européen a fortement impacté le résultat financier du film[13]. Le film a toutefois récolté 84 254 167 US$ au box office[31]. Pour compenser les faibles revenus de Pinocchio sorti en février 1940, Walt Disney a du ressortir Blanche-Neige et les Sept Nains aux États-Unis et au Canada dès juillet 1940, couplé à quatre courts métrages[32].

Une autre source de revenus a été le voyage de Disney et d'une partie de son équipe en Amérique du Sud[13]. Officiellement, le département d'État américain a demandé à Disney en 1941 d'effectuer un voyage diplomatique en Amérique latine afin de « lutter contre le nazisme »[33]. Malgré sa désapprobation quant au caractère politique de sa mission[33],[34], Walt accepte ce voyage qui est pour lui l'occasion de maintenir l'activité de ses artistes et découvrir de nouvelles sources d'inspiration. Le résultat est notamment visible dans les compilations de courts métrages Saludos Amigos (1942) et Les Trois Caballeros (1944) ainsi que quelques courts métrages « éducatifs »[33].

Distribution

Voix originales

Sources : Leonard Maltin[35]

Voix françaises

1er doublage (1946)

2e doublage

Fiche technique

Sauf mention contraire, les informations proviennent de : Leonard Maltin[38]

Sorties cinéma

Sauf mention contraire, les informations suivantes sont issues de l'Internet Movie Database[39].

Premières nationales

Ressorties principales

  • États-Unis : 17 octobre 1945 ; 18 février 1954 ; 18 janvier 1962 ; 7 juillet 1971 ; 16 décembre 1978 ; 21 décembre 1984 ; 26 juin 1992
  • Suède : 16 octobre 1954 ; 25 avril 1968 ; 27 mai 1978
  • Finlande : 21 décembre 1956 ; 30 août 1968 ; 24 mars 1978
  • Japon : 15 décembre 1958 ; 13 mars 1971 ; 23 juillet 1983
  • Italie : 13 décembre 1963 ; 15 avril 1977 ; 6 avril 1984
  • Danemark : 26 décembre 1963
  • France : 19 avril 1978
  • Allemagne de l'ouest : 16 juin 1978
  • Royaume-Uni : 18 juillet 1986
  • Allemagne : 1 September 1994

Sorties vidéo

  • Juillet 1985 : VHS, version originale (Québec et États-Unis)
  • 26 mars 1993 : VHS, Version restaurée (Québec et États-Unis) avec deuxième doublage
  • 5 avril 1995 : VHS et Laserdisc
  • 26 octobre 1999 : VHS (Québec) avec restauration numérique et deuxième doublage
  • 12 avril 2000 : VHS et DVD, édition 60e anniversaire
  • 25 avril 2002 : VHS et DVD avec restauration numérique
  • 11 mars 2009 : Double DVD Collector et Double Blu-Ray avec nouvelle restauration et en HD pour le Blu-Ray.

Récompenses et nominations

Chansons du film

  • Quand on prie la bonne étoile (When You Wish Upon a Star) - Jiminy Cricket, Chœur
  • Un pantin de bois (Little Wooden Head) - Geppetto
  • Sifflez vite, vite ! (Give a Little Whistle) - Jiminy Cricket, Pinocchio
  • Hi-Diddle-Dee-Dee - Pinocchio, Grand Coquin
  • Sans aucun lien (I've Got No Strings) - Pinocchio
  • Hi-Diddle-Dee-Dee (reprise) - Grand Coquin
  • Quand on prie la bonne étoile (reprise) - Chœur
  • I'm a Happy-Go-Lucky Fellow (« Je suis un garçon insouciant ») - Jiminy Cricket (non-utilisée, cette chanson a été réemployée dans Coquin de printemps en 1947)[40]
  • As I Saying to the Duchess (« Comme je disais à la Duchesse ») - Grand Coquin (non-utilisée)
  • Three Cheers for Anything (« Trois acclamations pour n'importe quoi ») - Crapule et Pinocchio (non-utilisée)[23]

Origines du projet et sources littéraires

Carlo Collodi, journaliste et éducateur italien commence en 1881 l'écriture d'un feuilleton nommé Le avventure di Pinocchio publié dans le Giornale per i bambini (Journal des enfants) et édité en livre dès 1883[3]. La première traduction anglaise parait aux États-Unis en 1892. Comme le constate Jacqueline Rose, à l'instar de Peter Pan de James Matthew Barrie, l'histoire originale est rapidement altérée par les adaptations. Ainsi, dès 1904, la romancière Emily Gray publie une traduction « révisée » du texte de Collodi[3].

L'histoire de Pinocchio avait déjà été adaptée en long métrage d'animation en 1936 en Italie sous le titre Le Avventure di Pinocchio[41]. Une version théâtrale de Yasha Frank avait également été présentée dès juin 1937 à Los Angeles, bien que le texte n'ait été publié qu'en avril 1939. Dans cette adaptation, Pinocchio devient un innocent incapable de réaliser le moindre méfait[3].

Dans une lettre du à Walt Disney, MMe K. Evers, une amie de la famille, suggère l'utilisation de l'histoire de Pinocchio comme film, mais pas encore un long métrage[1]. Le 4 juillet de la même année, le journaliste et auteur italien Lo Duca se réjouit dans une lettre adressée aussi à Disney de l'idée de faire un film sur Pinocchio[1]. Disney rencontre Luca durant l'été 1935 à l'occasion d'un voyage en Europe[1] pour récupérer des sources d'inspiration pour ses films dont Blanche-Neige[42].

Disney s'est procuré plusieurs versions et traductions de l'œuvre et a même demandé à l'une des employés du service des histoires, Bianca Majolie, de réaliser sa propre traduction[1].

Différences entre le conte et le film

Conformément à l'esprit du XIXe siècle, le conte de Collodi est une fable didactique destinée à préparer l'enfant à intégrer le monde des adultes en le mettant en garde sur le sort réservé à ceux qui refusent de s'y conformer[43]. Le personnage de Pinocchio est plus proche du jeune délinquant ou du voyou que du pantin naïf[3]. Il n'hésite pas à tuer le criquet d'un coup de marteau ou à dire à la Fée bleue qu'il refuse de travailler car cela le fatigue. Ce à quoi la Fée lui répond : « Mon enfant, ceux qui parlent ainsi finissent toujours en prison ou à l'hôpital. Malheur à ceux qui mènent une existence paresseuse. La Paresse est une maladie mortelle qui doit être éradiquée dès l'enfance. »[44]

À l'époque victorienne, l'enfant était considéré comme un être « non-civilisé » et en proie au « démon » ; d'où les thèmes récurrents de la peur de l'enfer et du châtiment éternel dans la littérature enfantine de cette période. Collodi décrit avec une certaine délectation cette période d'anarchie, particulièrement prononcée chez les garçons, où la cruauté et les comportements émotionnels incontrôlés ont libre cours. D'autres scènes mêlent sadisme et morbidité, tout comme le faisaient en leur temps les contes de Perrrault et des frères Grimm. Ainsi lorsque le Renard et le Chat tentent - en vain - de pendre Pinocchio : « Au bout de trois heures, les yeux du pantin étaient toujours grands ouverts, sa bouche close, et il se débattait de plus belle. »[44] Frank et les adaptateurs ultérieurs ont considérablement atténué - voire supprimé - cette dimension du conte, jugée inadapté au public du XXe siècle.

En revanche, le Pays des jouets (Paese dei balocchi), qui n'apparaît que tardivement dans le livre de Collodi[45], occupe une place centrale dans l'histoire revue par les scénaristes du film, sous le nom d'Île au plaisir (Land of Toys)[44].

Le nom de la baleine dans le film est Monstro, fusion du terme anglais « monster » et du nom original italien Mostro (qui signifie également « monstre ») ; Coloddi définit le personnage comme un « terrible requin » (« il terribile pescecane »). Pour Collodi, l'animal est « plus large qu'un immeuble de cinq étages, long d'un kilomètre sans la queue, avec une gueule possèdent trois rangées de dents et pouvant facilement accueillir un train », alors que la version de Disney est plus proche du grand cachalot, seul cétacé géant avec des dents et non pas des fanons.

Une autre différence importante entre le livre et le film est la localisation de l'histoire[16] : alors que le livre est italien, à la fois par les évocations du soleil, des tempêtes et de l'humeur des protagonistes, le film est emprunt de germanisme dans les décors, l'architecture, les objets et les noms[16]. Cet aspect allemand est dû à l'influence des artistes Albert Hurter et Gustaf Tenggren (cf Aspect graphique, mais aussi au fait que la voix originale de Geppeto soit celle de Christian Rub, expatrié allemand[16].

Analyse du film

Robin Allan tente de décrypter la raison du faible succès initial de Pinocchio au travers des sources et de leurs utilisations. Le critique cinématographique Leonard Maltin utilise, lui, son ressenti. Tous deux sont d'accord sur le côté très « sombre » du film.

Allan considère que Pinocchio possède une complexité morale beaucoup plus riche que le film précédent de Disney, Blanche-Neige et les Sept Nains[46]. Alors que Blanche-Neige est victime d'une injustice qui la prive de sa position sociale, le thème principal dans Pinocchio est la recherche de l'identité pour trois des personnages pincipaux : Pinocchio recherche l'humanité, Geppetto la parentalité au travers d'un fils et Jiminy sa vocation professionnelle[46].

Cette recherche passe par la mise en lumière des personnages au centre de décors souvent dans l'ombre telle la rue lumineuse où marche Pinocchio, bordée de ruelles sombres, ou la torche que tient Geppetto dans la gueule de Monstro[46]. Allan constate l'absence d'entourage de ces trois personnages, hormis quelques brefs passages avec des personnages secondaires[46]. En comparaison avec Blanche-Neige, même si les deux lieux sont animés par des chants et des danses, le chalet des nains est beaucoup plus vivant (nains, animaux, etc.) que l'atelier de Geppetto, rempli principalement d'objets, avec seulement deux animaux et dont la seule présence féminine, en dehors du poisson Cléo, est une fée immatérielle[47].

Allan compare Geppetto à un Jonas moderne tandis que Pinocchio parvient, partant du végétal et transgressant la morale pour régresser physiquement vers l'animal, à renverser la tendance pour atteindre l'humanité[47]. Allan pousse l'analogie en évoquant la morale traditionnelle européenne dont chaque personnage devient un symbole : Pinocchio l'Innocence, Jiminy la Connaissance, Geppeto la Générosité[47].

Ce film est aussi l'un des rares où les méchants ne disparaissent pas au sens de « détruits », mais qu'ils sont simplement « écartés »[47], on ne sait en effet pas ce que deviennent Grand Coquin, Stromboli, le Cocher ou Monstro.

Pour Jean Gili, le film de Disney conserve « le moralisme et l'esprit conservateur » de Collodi, ce que ne font pas d'autres l'adaptation comme celle, dans une moindre mesure de Steve Barron (1996), ou Luigi Comencini qui « renouvelle complètement les significations originelles » de l'œuvre de Collodi (1972)[48].

Un « Disney sombre », empreint de terreur

Pour Allan , la raison première faible succès de Pinocchio est le côté sombre du film, malgré une indéniable technicité artistique[28]. L'aspect crû et didactique du conte de Collodi (voir ci-dessous), est remplacé dans le film de Disney par un aspect grotesque, proche des personnages de Dickens[28]. La principale différence avec le conte original est l'adapation d'une histoire lumineuse à un monde sombre : alors que l'œuvre de Collodi se déroule toujours à l'extérieur et à la lumière du jour, le film de Disney prend place dans des lieux fermés, souvent la nuit, la seule lumière rayonnante provenant de la magie de la fée[28]. Allan énumère plusieurs scènes-clés plongées dans l'obscurité ou suscitant la claustrophobie[49] : Pinocchio prisonnier de Stromboli, l'apparition de Jiminy un soir d'hiver, la conspiration dans une ruelle embrumée de Grand Coquin et du Cocher, l'Île des plaisirs avec ses lieux sombres et ses cages, l'estomac de Monstro la baleine, le fond de l'océan. Même lorsque Geppeto et Pinocchio s'échappent du ventre du cétacé, le ciel est aussi sombre que l'intérieur du monstre.

Leonard Maltin va plus loin : alors que les parents pouvaient craindre les cauchemars après la vision de Blanche-Neige et les Sept Nains, ils risquent de vouloir éviter le traumatisme engendré par celle de Pinocchio, qui comprend des scènes parmi les plus terrifiantes de l'animation Disney[2]. Toutefois ces scènes de terreur sont subtiles et utilisent les nuances de l'allégorie de manière incompréhensibles pour les plus jeunes[2].

L'histoire et le personnage de Pinochio ne sont pas intrinsèquement drôles et il a été difficile pour les animateurs de rendre le film un temps soit peu humoristique[26]. Pourtant Pinocchio est l'un des héros Disney le plus attirant et le plus intéressant, le comique provenant surtout des personnages secondaires et en premier lieu Jiminy Cricket[26]. L'humour autour de Jiminy est lié à l'utilisation de jeux de mots contemporains au film[26]. Le personnage de Geppetto possède aussi un coté humoristique, du moins plutôt comme « désamorceur » de tension tandis que Figaro contribue à donner un humour espiègle[26]. Le personnage muet de Gédeon a été développé spécialement pour le comique avec une forte propension à l'incompétence[26].

À l'opposé, la terreur revient régulièrement et de manière prononcée dans le film. Durant son premier passage chez Stromboli, ce dernier use de cruauté mentale en avertissant Pinocchio « qu'une fois plus vieux, il ferait du bon bois pour son feu »[26]. Après un début haut en couleurs avec de nombreuses enseignes lumineuses, l'atmosphère de l'Île des plaisirs devient oppressante avec la transformation des enfants en ânes et leurs ventes comme bête de traits[6]. Dans cette île, les éléments non éclairés ont des « tonalités de couleurs sombres et un aspect délabré »[6], et petit à petit des indices sont donnés au spectateur pour le terrifier.

Le premier choc lié à la terreur est pour Maltin, l'âne parlant[6] rencontré dans la rue, suivi par l'ombre du cocher dans une ruelle. L'horreur débute comme un trait d'humour, une fiction qui devient réalité, avec le garçon dans la salle de billard dont les oreilles deviennent celles d'un âne, la musique change elle aussi devenant discordante[6]. Le garçon supplie Pinocchio de le sauver mais la transformation, comme celles d'autres enfants, se poursuit jusqu'à ce que son cri d'appel à l'aide vers sa mère se transforme en un braiment, summum de l'horreur pour William K. Everson, cité par Maltin[6].

D'autres chocs émotionnels liés aux peurs parsèment le film. Maltin évoque aussi la scène de l'engloutissement par Monstro qui comprend une musique intense, des bruits de vagues, de bois qui craque, les cris de désespoirs de Gepetto, mais aussi des images terrifiantes comme les poissons tentant de nager à contre-courant, l'énorme gueule du cétacé[6], le tout dans un décor lui aussi sombre...

À l'opposé quelques scènes sont plus légères, comme[6]:

  • l'atelier de Geppetto « prenant vie » avec les boites à musique
  • les débuts dans le monde du spectacle de Pinocchio chez Stromobli
  • celle sous-marine, bien que irréaliste et empreinte des émotions précédentes, dans laquelle Pinocchio s'émerveille de la grandeur du lieu

Adaptations et produits dérivés

Pinocchio au Magic Kingdom
Fichier:Pinnocchioentree.jpg
Entrée de l'attraction Les Voyages de Pinocchio à Disneyland Paris.

Films, séries et documentaires

Le personnage de Figaro le chaton, a été rapidement réutilisé dans des courts métrages[6], principalement au coté de Minnie Mouse ainsi que dans sa propre série ne comprenant que 3 épisodes[50].

En septembre 1978, un court métrage éducatif des studios Disney, Pinocchio : A Lesson in Honesty a été réalisé et traite du mensonge[51],

Les personnages de Pinocchio apparaissent régulièrement dans les épisodes de Disney's tous en boîte. Un épisode a même été consacré à Jiminy, devenu la conscience de Mickey Mouse.

Bandes dessinées

Poursuivant la tradition entamée avec Blanche-Neige, les studios Disney ont publié dans la presse l'histoire basée sur le film avant sa sortie officielle, sous forme dominicale entre le 24 décembre 1939 et le 7 avril 1940. Le scénario était de Merrill De Maris, les crayonnés d'Hank Porter et l'encrage de Bob Grant[52].

Parcs d'attractions

D'après Robin Allan, en raison de l'étude des marionnettes durant son séjour en Europe, Disney se serait passionné par les personnages miniatures mécaniques qui donneront des années plus tard les Audio-animatronics[4].

Spectacles

  • Un spectacle de Disney on Ice nommé Disney on Ice starring Pinocchio a été présenté entre 1987 et 1992 aux États-Unis et dans quelques pays à l'international. Un extrait de ce spectacle est inclus dans Disney On Ice: 100 Years of Magic.

Jeux vidéo

Le saviez-vous ?

  • Le film a été restauré en 1992, principalement les peintures, par Buena Vista Worldwide Services et YCM Labs[7].

Titre en différentes langues

Monographie

Ouvrages sur l'animation chez Disney

  • (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, New York, Hyperion Books, , 384 p., broché [détail de l’édition] (ISBN 0-7868-8137-2)
  • (langue non reconnue : <abbr + langue non reconnue : class="abbr + langue non reconnue : indicateur + langue non reconnue : title="langue + langue non reconnue : français">(fr)< + langue non reconnue : abbr>) Robin Allan, Walt Disney and Europe, [détail de l’édition]
  • (langue non reconnue : <abbr + langue non reconnue : class="abbr + langue non reconnue : indicateur + langue non reconnue : title="langue + langue non reconnue : français">(fr)< + langue non reconnue : abbr>) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios Disney, [détail de l’édition]
  • Pierre Lambert, Walt Disney, l'âge d'or, France, Démons et Merveilles, , 258 p., relié [détail de l’édition] (ISBN 2-9507818-8-8)

Notes et références

  1. a b c d e f et g (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 73.
  2. a b c et d (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition p. 33
  3. a b c d e et f (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 71.
  4. a b c d e et f (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 74.
  5. (en) Margarete Baur-Heinhold (trad. Mary Wittall), Baroque Theatre [« Theater des Barock »], Londres, Thames & Hudson, , 292 p. (ISBN 0500010420) pp 8 et 23
  6. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition p. 36
  7. a b c d e f g et h (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p. 437-438
  8. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p.311
  9. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p.297
  10. a et b (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 76.
  11. Parmi les ouvrages, on peut remarquer deux futurs films de Disney : Peter Pan et Alice au pays des merveilles.
  12. Comme plus tard à la souris Timothée dans Dumbo.
  13. a b c d e f g h i j et k (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition p.37
  14. a et b (en) Robert Tieman, Quintessential Disney : A Pop-Up Gallery of Classic Disney Moments p.9.
  15. (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios, p.120.
  16. a b c d et e (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.78.
  17. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. CP10-11.
  18. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. CP42-43.
  19. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.79.
  20. a et b (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.80.
  21. a et b (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.81.
  22. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 31.
  23. a b c d et e (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 77.
  24. a b c d e et f (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.82.
  25. (en) William Moritz, Fischinger at Disney or Oskar in the Mousetrap, Millimeter 5. 2 (1977) pp. 25-28 et 65-67.
  26. a b c d e f et g (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition p. 35
  27. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.xiv.
  28. a b c d e et f (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.67.
  29. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.75.
  30. (en) Tim Hollis and Greg Ehrbar, Mouse Tracks: The Story of Walt Disney Records, p.7
  31. Movie Box Office Figures
  32. (en) Richard Holiss & Brian Sibley, Snow White and the Seven Dwarfs p.72
  33. a b et c (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p. 514-515
  34. (fr) Dave Smith & Steven Clark, Walt Disney : 100 ans de magie P. 52
  35. (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition pp. 32-33
  36. « Pinocchio » (spécifications techniques), sur l'Internet Movie Database
  37. « Pinocchio - Date de sortie » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  38. (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition p.32
  39. « Pinocchio - Date de sortie » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  40. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p.223
  41. « Le Avventure di Pinocchio » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  42. Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios pp.20, 38 et 112.
  43. (en) R. Wunderlich & P. Morrisey, The Desecration of Pinocchio in the United States, conférence annuelle de la Children's Literature Association, Minneapolis, 27-29 mars 1981, p. 14. cité par Robin Allan.
  44. a b et c (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p. 72.
  45. Modèle:En+it Ercole Guidi Pinocchio, chapitre XXX.
  46. a b c et d (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.69.
  47. a b c et d (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.70.
  48. Jean A. Gili, Luigi Comencini, Gremese Editore, , 143 p. (ISBN 8873015506), p. 69
  49. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe p.68.
  50. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p 207
  51. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia p.438
  52. (en) Base INDUCKS : ZS 39-12-24Pinocchio.
  53. Walt Disney World’s Magic Kingdom Page

Liens externes

Modèle:Pinocchio