Sahara

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Sahara
الصحراء الكبرى
Localisation
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Drapeau du Maroc Maroc
Drapeau de la Libye Libye
Drapeau de la Mauritanie Mauritanie
Drapeau de la Tunisie Tunisie
Drapeau de l'Égypte Égypte
Sahara occidental
Drapeau du Mali Mali
Drapeau du Niger Niger
Drapeau du Tchad Tchad
Drapeau du Soudan Soudan
Superficie 8 600 000 km2
Coordonnées 20° nord, 10° est
Image illustrative de l’article Sahara
Altitude
Maximale 3 415 m (Emi Koussi)
Température
Maximale théoriquement plus de 55 °C
Divers
Précipitations 25 mm/an
Ressources naturelles Pétrole, manganèse, cuivre, fer, phosphate, uranium, ensoleillement très fort et quasi permanent
Géolocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)
localisation

Le Sahara (en arabe : As-Sahara al-Kobra, الصحراء الكبرى, écouter, le Grand Désert ou steppe) est une vaste écorégion désertique située dans la partie nord du continent africain. Il s'étend sur 5000 kilomètres de l'Atlantique à la mer Rouge et couvre près de 8 millions de kilomètres carrés[1], soit une superficie équivalente à celle de l'Australie. Il se prolonge même au-delà de la mer Rouge et les géographes parlent d'un grand désert saharo-arabique. Le Sahara constitue la partie occidentale d'une vaste diagonale sèche qui s'étend des abords du fleuve Sénégal jusqu'en Mongolie.

Considéré comme le plus vaste désert chaud du monde (voir la liste des principaux déserts par superficie), il divise le continent du nord au sud. Il couvre d'immenses étendues de territoires et s'étend sur le territoire de dix États : l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye, l'Égypte, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et sur le territoire contesté du Sahara occidental.

Contrairement à une idée répandue, le désert de sable ne couvre que 20 % de la superficie du Sahara. La plupart des voyageurs connaissent les images des déserts de sable (Grand Erg Oriental et Grand Erg Occidental) mais négligent celles des montagnes (Hoggar, Tassili, Tibesti), des hamadas, des regs (Tanezrouft) et des régions couvertes d'immenses nappes de sable comme la Majabat al Koubra...

L'élément le plus important d'un vaste ensemble aride

La Tadrart Rouge à Djanet, dans le sud algérien.
Dunes mouvantes, rochers et montagnes dans le Tadrart Acacus, la partie du désert du Sahara située au sud-ouest de la Libye

Le mot Sahara qui signifie désert en arabe désigne dans toutes les langues le grand désert africain. Mais le nom Tiniri (ou Ténéré) qui signifie désert en langue tamacheq, la langue tamazight des autochtones Touaregs, a été attribué par eux à l'une des régions les plus aride du Sahara, au nord du Niger.

Ce grand désert est le plus vaste et le seul vrai désert au sens géographique du terme car il comporte des régions hyperarides (moins de 50 mm de précipitations annuelles mais avec une extrême irrégularité interannuelle), arides (moins de 150 mm de précipitations annuelles et une végétation concentrée dans les oueds), semi-arides et sub-humides sèches. La diagonale sèche dont il fait partie comprend le Sahara, l'Arabie, le désert de Syrie (Syrie, Jordanie et Irak), le Dasht-e Kavir (Iran), le Dasht-e Lut (Iran), le Thar (Inde) et se poursuit par les déserts de latitude moyennes d'Asie centrale (le Karakoum, le Kyzyl Kum et en Chine le Taklamakan et le désert de Gobi).

Cette aridité s'explique par la privation des deux sources principales de précipitations : le front polaire et les courants équatoriaux d'ouest[2] et elle conduit à des épisodes de sécheresse particulièrement importants en intensité et en durée.

Limites géographiques bioclimatiques

Selon des critères climatiques, la limite septentrionale du Sahara est l'isohyète des 100 mm. La limite sud est plus floue, elle peut être située sur l'isohyète des 150 mm ou des 300 mm mais les pluies varient fortement d'une année à l'autre.

Selon des critères biogéographiques ou bioclimatiques[3][réf. incomplète] : au nord : la limite de maturité des palmiers dattiers. Au sud, limite méridionale de had (Cornucala monacantha, Chenopodiaceae) ou la limite septentrionale du cram-cram (Cenchrus biflorus, Poaceae sahélienne). Toutefois, cette espèce, annuelle à durée de vie brève, n'est généralement plus visible après quelques mois de saison sèche, et son abondance varie directement en fonction des précipitations. Elle est de surcroit véhiculée sous forme d'épillets munis de glumes à crochets redoutablement efficaces par les animaux d'élevages qui peuvent ainsi la transporter loin de son aire[4]. Pour ces raisons, des auteurs ont proposé de déterminer la limite bio-climatique saharo-sahélienne à partir d'espèces arbustives qui intègrent les conditions pluviométriques tout au long de leur vie et sont aisément repérables : Commiphora africana se rencontre en abondance au Nord-Sahel[5]. Acacia senegal (le gommier du Sénégal) et Zyziphus mauritiana ont la même répartition. Du côté saharien, s'observeront Stipagrostis pungens, (arabe : sbot ou Drinn), puissante graminée pérenne, Calligonum comosum (arabe : awarach) et Zyziphus lotus (arabe : Sder)[6]

Les climats sahariens

Le Sahara est le plus vaste et le plus grand désert chaud du monde. Le climat oscille entre la chaleur extrême en pleine journée d'été et la fraîcheur nocturne en hiver, voire le froid dans les régions montagneuses (la nuit, le thermomètre peut descendre jusqu'à - 10 °C dans l'Atakor et dans l'Assekrem entre 2 000 et 2 500 m d'altitude entre décembre et février). Ce désert est connu pour ses extrêmes climatiques : en effet le Sahara possède les endroits faisant partie des plus chauds, des plus secs, des plus arides et des plus ensoleillés au monde. Le Sahara possède évidemment un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWh) caractérisé par des étés globalement longs, prolongés et extrêmement chauds voire torrides tandis que les hivers y sont courts, brefs et d'une extrême douceur et peuvent même être véritablement très chauds. Le climat saharien est également caractérisé par un ciel dégagé perpétuel et par des précipitations très faibles, voire quasiment inexistantes, mais celles-ci sont aussi très irrégulières et sporadiques. Bien qu'il soit situé majoritairement sous le Tropique du Cancer, son climat est dit subtropical en référence aux hautes pressions subtropicales qui sont responsables en grande partie du climat du Sahara. La frange nord du Sahara est soumise à un régime de pluies hivernales mais très faibles dans lequel les perturbations méditerranéennes associées au front polaire parviennent très atténuées. La frange sud est soumise à un régime de pluies d'été irrégulières mais relativement faibles qui ne se produisent que lorsque la zone de convergence intertropicale remonte assez loin vers le nord ou lorsque les dépressions tropicales sont assez fortes. Dans les deux cas, le climat y est très aride et les pluies y sont très irrégulières surtout dans la frange sud, à la frontière avec le Sahel. Entre les deux parties, la Sahara central est soumis à régime extrêmement aride marqué par l'établissement de l'alizé continental appelé harmattan (vent très chaud, très sec et le plus souvent poussiéreux). Seuls les sommets élevés du Hoggar et du Tibesti sont plus arrosés mais les précipitations restent tout de même très faibles. Enfin la zone côtière atlantique baignée par le courant froid des Canaries est soumise aux brises de mer et à quelques phénomènes de brouillards. Les climats sahariens, particulièrement subtropicaux possèdent des amplitudes thermiques journalières et annuelles bien marquées avec, dans certains cas des variations brutales de températures à cause de l'air extrêmement sec et limpide ainsi que de la clarté du ciel. De plus, la présence de vents dans le désert accroît encore la sécheresse en permettant le renouvellement d'une masse d'air toujours plus sèche. Dans tous les cas, le climat saharien est très monotone, marqué par des conditions oppressantes car ce dernier est chaud, sec, ensoleillé et venteux toute l'année. Le Grand Désert est à la fois un désert zonal, car il est sous l'influence des hautes pressions subtropicales qui sont responsables en grande partie de l'aridité et les vents dominants sont les alizés, qui soufflent normalement du nord-est; un désert d'abri, car d'importantes chaînes de montagnes telles que le Massif de l'Atlas, qui s'étend sur le Maroc, l'Algérie et la Tunisie condensent une très grande partie de la vapeur d'eau contenue dans l'air, d'où des nuages élevés et des précipitations abondantes sur le versant au vent, alors qu'au versant sous le vent (Sahara), le ciel est dégagé et le temps est sec, accompagné d'une grande inhibition pluviométrique; un désert côtier ou littoral, car la partie la plus occidentale baigne sous un courant océanique froid qui rafraîchit la masse d'air par la base, d'où une stabilisation atmosphérique encore bien plus grande qu'au départ, ce qui rend difficile le développement de précipitations sur la région. Carl Ritter, un des plus grands géographes, se plaisait à répéter que le Sahara est le « Sud du monde ». Cette réflexion en apparence paradoxale signifie que c'est la région la plus aride et la plus chaude de la Terre. Sa température moyenne annuelle, ramenée au niveau de la mer, est supérieure à celle de tous les autres déserts.

Écorégion

Désert du Sahara
Écorégion terrestre - Code PA1327
Description de cette image, également commentée ci-après
Le désert près de Tamanrasset en Algérie.
Classification
Écozone : Paléarctique
Biome : Déserts et terres arbustives xériques
Géographie et climat
Superficie :
4 629 416 km2
min.max.
Altitude : −101 m 1 721 m
Température : 8 °C 38 °C
Précipitations : mm 55 mm
Écologie
Espèces végétales :
500
Oiseaux:
210
Mammifères:
54
Squamates:
100
Espèces endémiques :
3
Conservation
Statut:
Vulnérable
Aires protégées :
1,8 %
Anthropisation :
0,1 %
Espèces menacées :
22
Ressources web :

Localisation

Description de l'image Ecoregion PA1327.svg.

Le désert du Sahara constitue une écorégion terrestre, selon la classification du Fonds mondial pour la nature (WWF), appartenant au biome des déserts et brousses xériques de l'écozone paléarctique. Elle comprend la partie hyper-aride du Sahara central, où les précipitations sont minimes et sporadiques, et exclut ses marges méridionales et septentrionales, plus humides. Bien que la biodiversité et l'endémisme y soient relativement faibles, la région abrite néanmoins une faune hautement adaptée aux conditions très particulières de végétation et de température qui y règnent.

Flore

Le Sahara central abrite, selon les estimations, cinq-cents espèces de plantes, ce qui est extrêmement bas comparé à la superficie sur laquelle elles poussent. Les plantes telles que les arbres d'acacia, les palmiers et les herbes se sont adaptées aux conditions arides.

Les montagnes Hoggar (Algérie), Monts de l'Aïr (Niger), Djebel Marra (Soudan) abritent l'olivier de Laperrine.

Faune

Le désert s'anime la nuit. Là, au milieu des dunes et des rochers, une vie en majorité minuscule - elle appartient surtout au monde des insectes - sort de sa torpeur. Chacun cherche alors à se nourrir. Car si la majorité des espèces animales des espaces désertiques n'ont pas besoin de boire pour survivre, ils doivent absolument récupérer le précieux liquide dans la chair de leur proie.

Les dromadaires et chèvres sont des animaux domestiqués par l'homme. Les camélidés ont toujours été des animaux domestiqués par les nomades, en raison de leurs qualités bien connues de sobriété, d'endurance et de rapidité. Diverses espèces de scorpions jaunes le plus souvent, mais aussi noirs, et de tailles diverses. Androctonus amoreuxi est l'un des plus courants, son venin n'est pas des plus actifs. Il n'est sans doute pas dangereux pour l'Homme. Bien d'autres espèces présentes au Sahara ne sont également pas potentiellement létales. Androctonus australis qui lui ressemble, mais avec une queue bien plus large, peut atteindre comme le précédent près de 12 cm de long et son venin est des plus dangereux. Notamment pour les petits enfants et les personnes âgées. Le Varan du désert ou Varan gris (Varanus griseus) est une espèce vulnérable et en danger d'extinction. À ce titre, il est classé en Annexe 1 de la Convention de Washington. La vipère des sables (Cerastes vipera) dotée d'une tête plate et quelque-peu triangulaire, s'enfouit pour se protéger, ainsi que pour chasser, dans le sable grâce à des mouvements giratoires du tronc. La vipère à cornes (Cerastes cerastes) lui est proche, mais elle est moins inféodée au sable. Le fennec appelé aussi renard des sables est rencontré un peu partout dans le Sahara. Le fennec passe la journée à l'abri dans son terrier. La nuit, il chasse des insectes et des rongeurs. Son ouïe extrêmement développée lui permet de localiser ses proies rapidement, grâce à ses oreilles disproportionnées.

On rencontre également de belles antilopes et gazelles dans le Sahara, elles sont particulièrement bien adaptées à cette habitat aride. Parmi ses espèces, il y a l'Oryx algazelle, l'Addax, la gazelle Dama, la gazelle de Rhim, la gazelle de Cuvier et la gazelle Dorcas qui est la plus petite.

Le guépard Saharien vit en Algérie, au Maroc, au Niger, au Mali, au Bénin et dans le Burkina Faso. À ces endroits peuvent être retrouvé 250 guépards adultes très craintifs et fuyant la présence de l'homme. Le guépard évite le soleil du mois d'avril jusqu'en octobre. Ensuite, il recherche un abri dans les arbrisseau tels que les acacias. Ils sont inhabituellement pâles[7].

Les autres animaux incluent les varanus, les damans du cap, les vipères des sables et une petite population de Lycaon[8] dans peut-être 14 pays[9] et des autruches. Il existe d'autres animaux dans le Sahara (volatiles en particulier), entre autres, tels que l'amarante vineux et le capucin bec-d'argent. Il existe également une population de crocodiles du Nil en Mauritanie et dans le plateau de l'Ennedi Tchadien[10].

Menaces et conservation

Les activités humaines affectent les zones dans lesquelles l'eau peut être trouvée. Ici, les ressources naturelles peuvent être menacées. Les populations restantes de grands mammifères ont été fortement réduites à cause de la chasse. Récemment, des projets de développement ont été organisés dans les déserts d'Algérie et de Tunisie.

Milieux naturels (habitats)

Le Sahara possède 20 % de surfaces sableuses et 80 % de surfaces rocheuses où dominent des roches sédimentaires[2].

Milieux secs

Empilement de roches érodées dans le massif de l'Adrar des Ifoghas au Mali

Le Sahara contient plusieurs milieux secs. Les ergs sont les grands massifs de dunes, ils occupent environ 20 % de la surface du Sahara. Ils évoluent en fonction des vents dominants[11]. Le Grand Erg Occidental en Algérie et le Grand Erg Oriental en Tunisie comptent parmi les plus importants. Les regs[11] sont des étendues plates, caillouteuses et constituent le paysage le plus fréquent du Sahara. Les grands regs sont particulièrement inhospitaliers. Le reg du Tanezrouft, qui veut dire « pays de la soif » (Algérie), le serir libyen ou le reg du Ténéré qui occupent chacun des centaines de milliers de km² peuvent être cités. Ils peuvent occuper aussi le sommet des plateaux.

Les hamadas sont les plateaux rocheux tabulaires limités par des falaises. Ils sont d'origine sédimentaire, le plus souvent calcaire. Lorsqu'ils sont recouverts de grès, ils sont nommés tassilis (par exemple : Tassili des Ajjer en Algérie). En général la surface montre de la roche nue, lissée par l'érosion éolienne. Le terme « djebel » désigne tous les autres reliefs que ce soient des collines ou des massifs montagneux plus importants.

Les plus importants massifs sont incluent le Tibesti (région du Borkou-Ennedi-Tibesti) formé d'un massif volcanique émergeant d'une épaisse nappe sédimentaire reposant sur le socle cristallin. Il culmine à 3 415 m (Emi Koussi) ; le Hoggar est un autre imposant massif volcanique. Il culmine à 2 918 m ; l'Aïr est moins élevé les sommets sont plus tabulaires mais culminent tout de même à 2 022 m ; l'Adrar des Ifhoras au sud du Hoggar en est un prolongement cristallin et métamorphique qui culmine à 890 m ; et l'Ennedi (région du Borkou-Ennedi-Tibesti) est un massif gréseux au sud-est du Tibesti et atteint 1 282 m.

Milieux humides

L'aiguille d'Essendilène au Tassili n'Ajjer en Algérie.
Une guelta, près d'Oubankort dans l'Adrar des Ifoghas au Mali

Les milieux humides désertiques concentrent l'essentiel de la biodiversité en raison de la présence temporaire ou surtout pérenne de l'eau et également, de la vie humaine. Le taux d'endémisme y est particulièrement élevé.

À la différence des précédentes, les sebkhas forment des marais salants temporaires. L'eau peut provenir du ruissellement ou de sources temporaires. La plus grande, le Chott el-Jérid, couvre 5 000 km2. Certaines sont exploitées sous forme de salines depuis le XVIe siècle comme à Taoudeni au Mali.

Guelta[11] est un terme d'origine berbère (Tageyilt) qui désigne des plans d'eau temporaires ou pérennes, sans écoulement apparent  : des mares dans les lits des cours d'eau ou des "citernes naturelles" dans la roche en place. Ils peuvent être trouvés dans les situations protégées d'une trop grande exposition au soleil dans les massifs montagneux comme l'Ennedi et l'Adrar des Ifoghas au Mali.

Les dayas (pluriel dayate ou daia (daiate), dhaia) sont des dépressions fermées d'extension limitée (quelques mètres à 1 km de diamètre), au fond en général argileux ou argilo-sableux dans lesquelles l'eau de ruissellement peut s'accumuler. Une alternance d'inondation et d'exondation associée à une érosion éolienne participe à leur formation  : parfois d'origine karstique (dolines) sur certains plateaux par exemple, issues de la déflation éolienne ou mixtes. Elles constituent des zones de végétation pérennes. Elles peuvent être trouvées surtout au Nord du Sahara. Ces dépressions à fond cultivable servent l’autoconsommation familiale. Ces trois termes d'origine arabe sont en usage en géomorphologie dynamique.

Les oasis[11] sahariennes, milieu naturel et aménagé, n'occupent qu'un millième de la surface du Sahara. Elles sont situées parfois sur le lit des oueds venant se perdre dans le désert ou au pied de massifs produisant des sources ou encore directement au-dessus de nappes phréatiques affleurantes ou peu profondes. Les oueds sont des cours d'eau à écoulement apparent temporaire (voir aréisme et endoréisme) indissociable du phénomène de crue (les deux mots en arabe sont liés). La majorité du temps, ils sont à sec, mais des poches d'eau durables peuvent persister en profondeur, et des gueltas peuvent être alimentées par une résurgence.

Ce sont les crues qui alimentent ce réseau hydrographique temporaire, leur origine est essentiellement dans les massifs montagneux et la violence du débit a des conséquences morphologiques fortes sur le lit des oueds.

La partie amont naît du rassemblement de chenaux de ruissellement, la partie médiane forme un lit large et dont les limites sont parfois difficiles à reconnaître en plaine et la partie aval peut se diviser en plusieurs bras sur un cône étendu d'alluvions. C'est le long des oueds que les seules formations arborées un peu denses dans le Sahara sont observées.

Régions naturelles

Le Ténéré, ou « désert des déserts » est la partie centrale du Sahara qui s'étend au nord du Niger. Le terme vient du tamacheq, la langue des Touaregs et signifie simplement « désert ». Le désert blanc, aussi appelé désert Libyque s'étend à l'ouest du Nil, sur une largeur d'environ 800 km. Il doit son nom à la présence de calcaire qui prend par endroit la couleur blanche.

Les précipitations y sont très faibles (environ 5 mm par an).

Aménagements traditionnels

Foggara, coupe de principe.

Les foggaras, sont des ouvrages souterrains de grande longueur permettant l'adduction d'eau dans certaines oasis, depuis les plateaux ou les massifs montagneux. Cette technique ancestrale se retrouve dans ce qui est aujourd'hui l'Iran, sous le nom de Qanat. Elle a été apportée du Sahara dans les steppes marocaines par les Almoravides à qui elle a permis la fondation de la ville de Marrakech.

Populations et cultures

Plus de cinq millions d'habitants vivent dans le Sahara, un habitant sur deux vit dans des villes, un habitant sur huit dans le Sahara maghrébin (estimation en 1990)[12].

Les populations actuelles du Sahara incluent les Toubous (Libye, Tchad, Niger, Égypte, Soudan soit environ 600 000 personnes) ; les Touaregs (un peuple de nomades dont l'effectif est estimé à un million de personnes ; vêtus traditionnellement de tissus de couleur bleu indigo qui déteignent sur la peau, ils furent aussi appelés les « hommes bleus » ou les « seigneurs du désert » par les voyageurs occidentaux[13]) ; les Saharaouis et les Maures.

Dans plusieurs régions, notamment au sud du Sahara, des espaces bénéficiant autrefois du climat tropical du Sahel tendent à se désertifier, notamment à cause de l'action de l'homme. Ce phénomène est à l'origine d'importants mouvements de population.

Histoire

Préhistoire

Au Sahara, de nombreuses traces d'une activité humaine préhistorique peuvent être découvertes (outils, poteries, et peintures rupestres).

Le climat du Sahara a subi des variations importantes durant la préhistoire. Dans l'oasis de Bilma (Niger), des cratères de salines glauques sont les vestiges des mers qui couvraient le Sahara il y a 100 millions d'années. Il y a environ 40 000 ans, il existait de grands lacs au Sahara, peuplé alors de semi-nomades. Il y a 18 000 ans, le Sahara était hyperaride[réf. nécessaire].

Vers 12000 ans avant J.-C., sa limite sud-orientale était remontée à hauteur du tropique du Cancer[11]. Vers 10500 ans avant J.-C., c'est sa limite sud-occidentale qui était remontée, la surface désertique étant alors moitié moindre que l'actuelle. Le climat radouci de cette écorégion demeura tempéré jusqu'aux alentours de 8500 ans avant J.-C. Durant la période appelée subpluvial néolithique, le « Sahara vert » reçut une pluviosité abondante. Il comprenait alors des lacs, des sources où vivaient des poissons et était couvert de végétations en bordure de cours d'eau (forêt galerie) et au fond des vallées. Il était peuplé d'une faune riche et de populations de chasseurs cueilleurs qui connurent alors la révolution néolithique environ 6000 ans avant J.-C. Des fossiles d'animaux marins ont été retrouvés ainsi que des peintures de troupeaux de bœufs sur les parois de certaines grottes de cette époque[14].

Bien que le réchauffement climatique se fût amorcé, le Sahara était encore humide vers 6500 ans avant J.-C. Le Sahara devint aride vers 3900 avant J.-C (5.9 kiloyear event), entraînant la migration des populations du centre de l'Afrique du Nord à la vallée du Nil, ce qui a finalement conduit à l'émergence des première sociétés complexes et très organisées[15].

Colonisation

Carte du monde décrit par Hérodote dans son Enquête.

Au Ier millénaire av. J.-C., de grands nomades libyco-berbères s'implantent progressivement dans le Sahara, le parcourant du Nil à l'Atlantique[16]. À la même période, les Phéniciens qui ont établi des comptoirs commerciaux en Afrique du Nord, pratiquent le commerce des esclaves, notamment via le circuit transsaharien[17].

Les Grecs colonisent la Cyrénaïque et la Tripolitaine à partir du Ve siècle av. J.-C. et établissent des comptoirs le long de la Mer Rouge qui favorisent le commerce avec les berbères. Parallèlement, le peuple berbère des Garamantes fonde une véritable civilisation urbaine dans le Fezzan et le Carthaginois Hannon le Navigateur explore les sites côtiers du Sahara occidental sur la façade atlantique du Maroc[18].

La province romaine d’Afrique du Nord est conquise en 146 av. J.-C. lors de la troisième guerre punique alors que des expéditions romaines atteignent le Sahara, telles celles de Lucius Bulbus en 50 av. J.C. ou du général romain Septimus Flaccus et de l'explorateur militaire Julius Matermus qui parviennent au Tchad à la fin du Ier siècle[19].

L'empire byzantin règne sur les côtes nord du Sahara du Ve au VIIe siècle. La conquête musulmane du Maghreb atteint rapidement le Sahara au VIIIe siècle. Les musulmans arabes et berbères développent les systèmes de commerce transsaharien, aussi bien sur les marchandises que les hommes (traite arabe). Le Sahara reste à cette époque l'axe principal d'échange entre l'Afrique noire et l'Afrique du Nord et cette source de revenus considérables est très convoitée. L'empire ottoman s'étend sur l'Afrique du Nord (à l'exception du Maroc, de la Kabylie et du Sahara algérien) jusqu'à son déclin à la fin du XIXe siècle, mais il est incapable d'étendre son autorité aux régions sahariennes. Cela permet à l'impérialisme et au colonialisme européen de s'imposer, d'abord par les explorations (la traversée nord-sud du Sahara est ainsi réalisée en 1822 par les deux explorateurs anglais Hugh Clapperton et Dixon Denham. L'explorateur français René Caillié les imite en 1828) puis par les armes. Le partage de l'Afrique consacre la domination de la France sur le Sahara (Sahara français) contrôlé par les Compagnies méharistes sahariennes. L'intérêt économique du Sahara, manifesté par les projets du chemin de fer transsaharien et de l'Organisation commune des régions sahariennes en 1957, explique le maintien de la présence européenne dans cette vaste région mais n'empêche pas la décolonisation de l'Afrique[20].

Aujourd'hui, le Sahara est l'objet de multiples enjeux liés aux richesses de son sous-sol (hydrocarbures, minerais dont le phosphate et le fer) qui donnent une impulsion à la construction du réseau des routes transafricaines (notamment la route transsaharienne), mais aussi aux tensions et aux crises de nations en devenir[21].

Progression inexorable

Depuis 1900, le Sahara a progressé vers le sud de 250 km et ce sur un front qui en fait plus de 6 000 km. C'est ainsi que la steppe du Sahel connaît un dessèchement relativement brutal. Néanmoins, la décennie qui suit l'année 2000 a connu un reverdissement dans le Sahel[2].

L'étendue, le degré d'ensoleillement et la faible population sédentaire du Sahara en font potentiellement un gigantesque « gisement » d'énergie solaire renouvelable, tant photovoltaïque que thermique. Reiser[réf. nécessaire] avait calculé qu'un carré de 300 km de côté en plein Sahara équipé avec les techniques de son époque aurait suffi en théorie à alimenter la totalité de l'Afrique et de l'Europe en électricité, et cela indéfiniment, bien que de façon non continue. L'Europe, de son côté, pourrait utiliser cette électricité le jour pour pomper de l'eau vers ses lacs de montagne et restituer la nuit l'énergie ainsi stockée. La mise en application de cette idée a commencé sous le nom de Projet Desertec.

Dans la littérature

Proverbe

Un proverbe arabe dit que « le Sahara est un puits dont le chameau est la corde »[22].

Notes et références

  1. Pierre Rognon, 1994, Biographie d'un désert, L'Harmattan
  2. a b et c Monique Mainguet, Les pays secs : environnement et développement, Éd. Ellipses, 2003
  3. Robert Capot-Rey, 1953, Le Sahara français
  4. JAOUEN X. La flore de la zone de contact Sahara-Sahel, in "Sud-Sahara, Nord-Sahel", Centre Culturel Français d'Abidjan, p. 58-73, 1989
  5. BRUNEAU DE MIRE P. et GILLET H. Contribution à l'étude de la flore du massif de l'Aïr. J. Agr. Trop. Bot. Appl., France, T III, 1956
  6. JAOUEN X. La flore de la zone de contact Sahara-Sahel, in Sud-Sahara, Nord-Sahel, Centre culturel français d'Abidjan, p. 58-73, 1989
  7. (en) « Rare cheetah captured on camera », sur BBC News, (consulté le )
  8. Tico McNutt et al., « Lycaon pictus »,
  9. (en) Brendan Borrell, « Endangered in South Africa: Those Doggone Conservationists »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Slate,
  10. (en) "Desert-Adapted Crocs Found in Africa", National Geographic News, 18 juin 2002
  11. a b c d et e « Portail Sahara », sur Edelo (consulté le )
  12. Olivier Pliez, Villes du Sahara : urbanisation et urbanité dans le Fezzan libyen, CNRS Éditions, 2003
  13. Roger Frison-Roche, Bivouacs sous la lune, Arthaud, 2004 et Odette Bernezat Campements touaregs. Moments de vie avec les nomades du Hoggar, Glénat, 2008.
  14. (en) Nick A. Drake et col, « Ancient watercourses and biogeography of the Sahara explain the peopling of the desert », Proceedings of the National Academy of Science, vol. 108, no 2,‎ , p. 458–462 (DOI 10.1073/pnas.1012231108)
  15. (en) Nick Brooks, « Cultural responses to aridity in the Middle Holocene and increased social complexity », Quaternary International, vol. 151, no 1,‎ , p. 29–49 (DOI 10.1016/j.quaint.2006.01.013)
  16. Mohand Akli Haddadou, Le guide de la culture berbère, Paris-Méditerranée, , p. 89
  17. Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L'univers phénicien, Hachette, , p. 123-134
  18. Bernard Nantet, Histoire du Sahara et des Sahariens. Des origines à la fin des grands empires africains, Ibis Press, , p. 126
  19. (en) Phillip C. Naylor, Historical Dictionary of Algeria, Scarecrow Press, , p. 396
  20. Jean-Marc Durou, L'exploration du Sahara, Actes Sud, , 185 p.
  21. Michel Pierre, Sahara, le grand récit, Belin, , 185 p.
  22. Taoufik Ben Brik, Une si douce dictature, La Découverte, , 288 p. (ISBN 9782707172884, lire en ligne), p. 133.

Annexes

Bibliographie

  • Julien Brachet, 2009 - Migrations transsahariennes. Vers un désert cosmopolite et morcelé (Niger). Éd. Le Croquant, Paris, 322 p.
  • Alain Drajesco-Joffe, 1993 - La vie sauvage du Sahara. Éd Delachaux & Niestlé - ISBN 2-603-00871-4
  • Jean Bisson, 2003 - Mythes et réalités d'un désert convoité : Le Sahara. Éd. L'Harmattan, Paris, 479 p.
  • Michel Aymerich, Tarrier M., 2010 - Un désert plein de vie. Carnets de voyages naturalistes au Maroc saharien. Éd. La Croisée des Chemins, 264 p.
  • Michel Le Berre Michel, et al., 1989 et 1990 - Faune du Sahara - Tome 1, Poissons. Amphibiens. Reptiles. Tome 2, Mammifères.
  • Théodore Monod, Jean-Marc Durou, 2007 - Déserts. Bower Éditions, Coll. Mémoires du monde, 342 p. ( (ISBN 978-2-355-41006-2))
  • Paul Ozenda, 1977 - Flore du Sahara. Éd. du CNRS, Paris, 600 p.
  • Nicole Petit-Maire, 2002 - Sahara sous le sable des lacs. Éd. du CNRS, Paris.
  • Pierre Rognon, 1989 - Biographie d'un désert : Le Sahara. Éd. Plon Synthèse, 347 p.
  • Michel Roux, Le désert de sable. Le Sahara dans l'imaginaire des Français, L'Harmattan, 1996, 204 p.

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