Voile à corne

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Voile à corne
Voile à corne avec bôme (Pen-Duik à Lorient-kernevel)
Voile à corne sans bôme
Parmi les plus grandes voiles à corne jamais hissées et les plus longues bômes : Vigilant, plan victorieux de Nathanael Herreshoff à la Coupe de l'America 1893.
Mâchoire de corne (voile affalée)

La voile à corne, est une voile aurique qui tient son nom de la vergue qui s'appelle corne ou pic. L'extrémité inférieure de cette corne, appuyée au mât, pivote selon l'axe du mât. Généralement bordée d'une bôme, la voile à corne peut donc être établie tribord amures ou bâbord amures sans présenter un côté moins performant, car déformé par le mât, et donc sans devoir gambeyer après un virement de bord comme pour la voile au tiers.

« Voile à corne » et « voile aurique » ne sont pas synonymes. Il convient d’appeler cette voile sous le seul nom de voile à corne, la voile aurique désignant une catégorie de voile plus large incluant, avec les voiles à corne, d’autres types de voile.

Utilisation[modifier | modifier le code]

La voile à corne était très en faveur sur les voiliers de travail européens comme les cotres, les sloops et les dundees, car elle permettait de disposer d'une force propulsive importante avec un système simple, tant à hisser qu'à régler et peu coûteux à fabriquer et réparer. De plus, si elle était bômée, la voile étant retenue sur trois côtés, il était possible de compenser la déformation des tissus qui la composaient (coton traité, majoritairement) et qui n'avaient pas la tenue des matériaux modernes.

Elle était également utilisée aux États-Unis, sur des bateaux comparables aux bâtiments de travail européens où elle était concurrencée par la voile triangulaire, tendue par un tangon nommé leg-of-mutton (jambe de mouton) équipant les sharpies pour l'ostréiculture.

Les voiles à corne sont typiques des goélettes où la misaine et la grand-voile portaient également parfois le nom de « goélette avant » et « goélette arrière ».

Les propriétaires de voiliers de course, qu'ils soient européens ou américains, ont cherché à améliorer la performance de leur voilure. Le passage du gréement à corne à la voilure marconi d'origine bermudienne s'est fait avec des difficultés similaires en Europe et aux États-Unis.

Description[modifier | modifier le code]

La corne est articulée sur le mât par un sabot, qui coulisse sur le mât, et un encornat (ou mâchoire de corne), qui empêche tout débattement latéral. En sécurité, et pour faciliter les manœuvres, l'encornat est parfois fermé sur l'avant du mât par un lien constitué de petites billes en bois appelés "pommes de racage", souvent en buis, et enfilées sur un bout (visible sur la photo).

Pour hisser la voile à corne, deux drisses sont nécessaires : la drisse de mât et la drisse de pic.

Voile à corne sans corne[modifier | modifier le code]

Voilier du Vendée Globe à la « grand-voile à corne »

Cette coupe de grand-voile possédant une têtière maintenue par des lattes forcées et dont le profil est quadrangulaire et non plus triangulaire est qualifiée de voile à corne[1],[2],[3]. Il n'y a pas d'espar de type corne, mais un jeu de lattes permettant théoriquement de procurer un meilleur rendement à la voile. Particulièrement utilisée sur les voiliers de la classe IMOCA, les Classe Mini et autres bateaux de jauges à restrictions[4], cette forme de grand-voile « à corne » se rencontre aussi sur des monotypes comme le catamaran Tornado, ou le Vaurien depuis 2008.

Voile de type houari[modifier | modifier le code]

On appelle abusivement voile houari, en raison de sa forme voisine de la véritable voile houari, une voile à corne trop apiquée pour qu'il soit possible de lui adjoindre un flèche.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Article de Voiles et Voiliers mentionnant une voile à corne
  2. Expression voile à corne employée par le cabinet d'architectes Finot-Conq
  3. Jean-Yves Poirier, Le Tornado, un catamaran d'exception, « Le catamaran polyvalent cède aux sirènes de la compétition », Chasse-Marée No 215, (au sujet des modifications de la jauge de la classe Tornado pour les Jeux olympiques de 2004) : « La classe règle les questions techniques à l'aide d'un foc autovireur [..] et d'une grand-voile à corne plus puissante pour compenser l'augmentation du couple de redressement [..] », p. 69
  4. Finot, Lafforge : Voile à corne selon l'expression employée dans les années 2000

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Daniel Charles, Corine Renié, Conservatoire international de la plaisance, Yachts et Yachtsmen : les chasseurs de futurs : 1870-1914, Ed. Maritimes et d'Outre-mer, Vitoria, 1991 (ISBN 2-7373-0577-2)
  • Le Chasse-Marée, Guide des gréements - Petite encyclopédie des voiliers anciens, Le Chasse-marée/ArMen, 1996 (ISBN 978-2-903708-64-1)
  • Edmond Pâris et Pierre de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile [détail des éditions]
  • Dominique Buisson, Encyclopédie des voiliers, Edita, Lausanne, 1994 (ISBN 2-88001-295-3)
  • Georges Devillers, Matelotage et voilerie, Le Chasse-Marée/ArMen, Danona, 1997 (ISBN 9782903 708757)
  • Yves Gaubert, Bateaux traditionnels français - Reconstitutions et répliques, Le Chasse-Marée/ArMen, Tours, 1998 (ISBN 2-903708-82-7)
  • Jean Le Bot, Les bateaux des côtes de la Bretagne aux derniers jours de la voile, Glénat, 1990 (ISBN 2-7234-1185-0)

Articles connexes[modifier | modifier le code]