Campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017

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Emmanuel Macron (droite) posant avec un de ses soutiens le soir du premier tour de l'élection présidentielle française de 2017.

La campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017 est une importante campagne électorale française ayant marqué les quatre premiers mois de l'année 2017 en France.

Annonce de candidature et dynamique[modifier | modifier le code]

En , après avoir présenté le mois précédent François Hollande comme « le candidat légitime » de son camp, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, fait part de sa volonté de se présenter à l'élection présidentielle[1],[2],[3]. Il refuse de participer à la primaire de la gauche et annonce sa candidature le [4],[5],[6]. Le Monde souligne que « jamais aventure personnelle comme la sienne n'a été couronnée de succès sous la Ve République »[7]. Certains comparent sa dynamique et son positionnement à la candidature de François Bayrou en 2007[8],[9]. Bénéficiant d'une importante couverture médiatique, il est parfois présenté comme le « candidat des médias »[10],[11]. Son premier ouvrage, Révolution, figure parmi les meilleures ventes de livres en France à la fin de l'année 2016[a],[12],[13]. Finalement, le , François Hollande renonce à se représenter[14].

Financement et programme[modifier | modifier le code]

Pour financer sa campagne, Emmanuel Macron organise d'importantes collectes de fonds[b],[15],[16]. Des opposants et journalistes l'accusent d'avoir utilisé de l'argent public pour favoriser sa candidature après la révélation qu'il a utilisé en huit mois plus de 120 000  de son ministère pour organiser des dîners[17] : selon les journalistes Frédéric Says et Marion L'Hour, il a utilisé ses frais de représentation du ministère de l'Économie « pour faire son réseau avec les personnalités qui comptent, et pas seulement dans le domaine de l’économie », afin de lancer En marche puis sa campagne présidentielle[18]. Finalement, avec 16,6 millions d'euros de dépenses, la campagne d'Emmanuel Macron sera la plus coûteuse de tous les candidats[19]. Un an après l'élection, il est révélé qu'Emmanuel Macron a bénéficié de rabais significatifs de la part d'entreprises prestataires lors de sa campagne présidentielle[20]. Toutefois, les comptes du candidat sont validés[21] par la CNCCFP. À partir de novembre 2018, le financement d'En marche fait l'objet d'une enquête en raison de l'origine non identifiée de 144 000 euros de dons[22]. En juillet 2021, le président de l'association de financement du parti Christian Dargnat et le trésorier de l'association Emmanuel Miquel sont rappelés à la loi concernant la « non-communication à la CNCCFP des éléments détaillés des dons », et le parquet de Paris classe l'affaire sans suite, déclarant n'avoir « pas pu démontrer d’infraction aux règles » et attestant que « ces dons étaient bien des dons de personnes physiques et n’ont pas dépassé le plafond »[23].

Les principales critiques à son encontre portent sur le supposé flou entourant son programme[24],[25],[26]. La droite le présente également comme le « dauphin » de François Hollande en raison de ses anciennes fonctions ministérielles et du fait qu'il rallie à sa candidature un certain nombre de personnalités de gauche, notamment Manuel Valls[c],[27],[28]. Jean-Christophe Cambadélis menace cependant les membres du Parti socialiste qui soutiendraient Emmanuel Macron de sanctions, voire d'exclusions[29]. Le , Le Canard enchaîné indique que le parti d'Emmanuel Macron travaille à une alliance électorale avec le Parti socialiste afin de disposer d'une majorité en cas de victoire[30]. Mais Emmanuel Macron exclut toute alliance avec le PS[31]. Après l'avoir critiqué, François Bayrou annonce qu'il n'entend pas se présenter à l'élection présidentielle et propose une alliance à Emmanuel Macron, qui l'accepte[32],[33].

Qualification au second tour[modifier | modifier le code]

À la suite de la révélation de plusieurs affaires concernant le candidat de la droite François Fillon, qui était donné largement favori, Emmanuel Macron progresse dans les intentions de vote au premier tour[34],[35]. Le , il arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 24,01 % des suffrages exprimés[36]. Il se qualifie ainsi pour le second tour face à Marine Le Pen[37].

Durant l'entre-deux-tours[modifier | modifier le code]

Dans son discours suivant le premier tour, Emmanuel Macron remercie François Fillon et Benoît Hamon, qui lui ont apporté leur soutien en vue du second tour, et appelle à un large rassemblement derrière lui[38]. Il reçoit le soutien de plusieurs personnalités, dont celui de François Hollande et celui de l'ancien président des États-Unis Barack Obama[39],[40].

Le début de l'entre-deux-tours est marqué par le duel à distance entre les deux candidats sur le parking de l'usine Whirlpool d'Amiens, menacée de délocalisation, où Marine Le Pen se rend par surprise peu avant l'arrivée prévue de son concurrent qui a prévu d'échanger avec les salariés[41]. Le débat télévisé qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, le , est d'une violence inhabituelle[42]. Si le candidat d'En marche est plutôt considéré comme le vainqueur de la confrontation, c'est surtout la faiblesse de Marine Le Pen qui est soulignée[43]. D'après Gérard Courtois, éditorialiste au Monde, ce débat est le premier à avoir sensiblement modifié le rapport de force entre les deux candidats finalistes d'une élection présidentielle au regard de l'agrandissement de l'écart observé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen[44].

Après des tentatives d'hameçonnage en mars 2017 (affaire des MacronLeaks)[d], des milliers de documents internes à l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron sont piratés et diffusés sur Internet le [45],[46],[47]. La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale demande aux organes de presse « de ne pas rendre compte du contenu de ces données »[48]. Accusée, la Russie nie toute implication[49]. En juin 2017, après l’élection et enquête, le directeur de l'ANSSI, Guillaume Poupard, indiquera que « l'attaque était si générique et simple qu'elle pourrait être quasiment l'œuvre de n’importe qui » et qu’il n’y a aucune trace d'implication de la Russie[50],[51].

Victoire face à Marine Le Pen[modifier | modifier le code]

Le 7 mai 2017, il est élu président de la République avec 66,10 % des suffrages exprimés, contre 33,90 % pour Marine Le Pen[52]. Ce second tour est marqué par un nombre record d'abstentions et de bulletins blancs ou nuls : 25,4 % d'abstentions, 6,4 % de votes blancs et 2,2 % de votes nuls[53]. Emmanuel Macron a ainsi recueilli le vote de 43 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, ce qui est comparable aux résultats des précédentes élections présidentielles[54].

Au lendemain de son élection à l'Élysée, il démissionne de la présidence d'En marche, dont Catherine Barbaroux assure l'intérim en vue des élections législatives[55],[56].

Emmanuel Macron est perçu comme un réceptacle de la demande de renouvellement du personnel politique[57],[58]. Sa trajectoire a pu être comparée à celle de Charles de Gaulle en 1958 pour sa capacité à s'imposer dans un paysage politique à bout de souffle et à le recomposer[59],[60],[61],[62].

Promesses[modifier | modifier le code]

Un mois avant l'élection présidentielle française de 2022, France Info et BFM TV font un bilan du mandat d'Emmanuel Macron par rapport à ses promesses de 2017. France Info note que sur 100 promesses évaluées, 46 ont été tenues, 28 en partie tenues et 26 non tenues[63],[64],[65].

Propos polémiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Plus de 69 000 ventes, soit la sixième position parmi les livres de personnalités politiques.
  2. Son parti politique ne bénéficiant pas encore de financement public, l'ensemble de cette somme provient de dons de particuliers.
  3. Le , le Conseil constitutionnel indique qu'Emmanuel Macron a obtenu 1 829 parrainages d'élus, soit moins que François Fillon (3 635). Cf. « Présidentielle: 11 candidats ont obtenu leurs 500 parrainages », sur LExpress.fr (consulté le ). Il s'agit cependant d'un record pour un candidat sans parti de gouvernement derrière lui ; la chercheuse Clémentine Belle-Grenier relève que la plupart de ces parrainages ont été signés par des élus « sans étiquette » (224 divers droite, contre 353 divers gauche), ce qui tend à démontrer « la capacité d’Emmanuel Macron à mobiliser des élus de caractéristiques variées ». Fin mars 2017, 81 parlementaires, dont 54 socialistes, ont apporté leur soutien à Emmanuel Macron, ce qui pousse la droite à le présenter comme le candidat de la gauche.
  4. Guillaume Poupard, directeur de la première agence française de cyber sécurité, a déclaré dans une interview à l'Associated Press que le piratage " était si générique et si simple qu'il aurait pu être pratiquement par n'importe qui ". Cf « The Latest: France says no trace of Russian hacking Macron », sur AP NEWS, (consulté le ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Emmanuel Macron : « il y a aujourd'hui une gauche du réel et une gauche statutaire » », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Marc de Boni, « 2017 : Macron calme le jeu et se range derrière Hollande », sur Le Figaro, (consulté le ).
  3. Nabil Touati, « Emmanuel Macron a une drôle de définition des mots « traître » et « loyauté » »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  4. Anne-Charlotte Dusseaulx, « Le jour où Macron s'est lancé », sur Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  5. « Macron refuse toute participation à la primaire, une « querelle de clan » », sur europe1.fr, .
  6. Samuel Auffray, « Primaire à gauche: Emmanuel Macron rejette les appels de Valls et Cambadélis », sur BFM TV, (consulté le ).
  7. Bastien Bonnefous et Cédric Pietralunga, « Emmanuel Macron (enfin) candidat à l'élection présidentielle », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  8. Hubert Huertas, « Croquis. De Mélenchon à Macron, les ressorts d'un déséquilibre », sur Mediapart, (consulté le ).
  9. Alba Ventura et Loïc Farge, « « Macron apparaît un peu comme le Bayrou de 2007 », selon Alba Ventura », sur rtl.fr, (consulté le ).
  10. Daniel Schneidermann, Emmanuel Macron, «candidat des médias» : autopsie d’un choix implicite, Libération, .
  11. Thomas Legrand, « Macron est-il une bulle ? », sur France Inter.fr, (consulté le ).
  12. Ludovic Vigogne, « 2016, la folle année du livre politique », sur L'Opinion.fr, (consulté le ).
  13. Anne-Charlotte Dusseaulx, « Taubira et Sarkozy en tête des ventes de livres politiques en 2016 », sur challenges.fr, (consulté le ).
  14. Arthur Berdah, François Hollande renonce à être candidat à la présidentielle de 2017, Le Figaro, , consulté le .
  15. Marion Mourgue, Les levées de fonds au profit d'Emmanuel Macron se poursuivent, Le Figaro, .
  16. Maxime Vaudano, « Primaire de la droite : ce que les comptes racontent de la campagne », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  17. Maxime Vaudano, « Emmanuel Macron peut-il être inquiété dans l'affaire des « frais de bouche » ? », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  18. Nabil Touati, « Avant les dîners "privés" de Rugy, ceux de Macron à Bercy avaient aussi fait polémique », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  19. François Clapeau, « Comptes de campagne des candidats : Emmanuel Macron champion des dépenses », sur France Info, (consulté le ).
  20. Antton Rouget, « Campagne Macron : les preuves du mensonge », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Comptes de campagne d'Emmanuel Macron : on vous résume l'affaire des ristournes », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. « La République en Marche visée par une enquête sur l'origine de 144.000 euros de dons », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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  24. « «En marche !» en campagne sur le marché », sur La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  25. « Après des semaines d'attente, Emmanuel Macron dévoile enfin son programme », sur Europe 1 (consulté le ).
  26. « Présidentielle 2017 : «En marche !» avec Bastir Occitanie en campagne sur le marché », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne).
  27. Ellen Salvi, « Aux prémisses du macronisme », sur Mediapart, (consulté le ).
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  30. « Législatives 2017 : les tractations débutent en vue d'une alliance PS-« En Marche ! » : Selon Le Canard enchaîné, la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle entraînerait une alliance entre socialistes et macronistes. », RTL,‎ (lire en ligne).
  31. Amandine Réaux, Le gros acte d’autorité d’Emmanuel Macron envers Manuel Valls, avant même un éventuel ralliement, Europe 1, .
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  58. Élie Cohen et Gérard Grunberg, « Emmanuel Macron: le modèle du sauveur ou de la politique 2.0 ? », sur Telos-eu.com, (consulté le ).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]