Bernardo Bertolucci
Naissance |
Casarola (province de Parme, Italie) |
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Nationalité |
![]() |
Décès |
Rome (Italie) |
Profession | Réalisateur, scénariste |
Films notables |
Le Dernier Empereur 1900 Le Dernier Tango à Paris Le Conformiste Il était une fois dans l'Ouest (scénariste) |
Bernardo Bertolucci [berˈnardo bertoˈlutt͡ʃi][N 1] est un scénariste et réalisateur italien, né le à Casarola et mort le à Rome[1].
Biographie[modifier | modifier le code]
Bernardo Bertolucci est le fils aîné du poète Attilio Bertolucci et le frère de Giuseppe Bertolucci. Il commence à écrire dès l'âge de 15 ans et est récompensé pour son travail peu de temps après. Il reçoit notamment le Premio Viareggio. Il se rend ensuite à Rome pour ses études et devient l'assistant de Pier Paolo Pasolini sur Accattone[2]. Il travaille aussi plus tard avec Sergio Leone et Dario Argento sur le scénario d'Il était une fois dans l'Ouest. Son second film, Prima della rivoluzione, inspiré de La Chartreuse de Parme de Stendhal, est acclamé par la critique et marque le renouvellement du cinéma d'auteur italien des années 1960. Le thème de l'ambiguïté politique et sexuelle est illustré par une mise en scène revendiquant un certain gongorisme dans sa sophistication visuelle et son style chorégraphié.
Dans les années 1970, il tourne pour la télévision La Stratégie de l'araignée, d'après Borges. Le Dernier Tango à Paris, interprété par Marlon Brando et Maria Schneider, provoque un scandale en Italie[3] à cause d'une relation très sulfureuse entre un homme mûr et une jeune femme, incluant une scène de sodomie et une séquence où le héros insulte le corps de sa femme défunte.
Bertolucci apparaît dans un documentaire en trois parties, Les Écrivains italiens et l'Italie des écrivains : ombres et questions, dans l'émission Italiques pour parler des relations entre le cinéma et la littérature en 1973 et 1974[4]. Son cinéma à venir se veut fidèle à un certain regard politique. Il reflète en ce sens une vision épique et romanesque mais sans concession de l'histoire italienne (1900, Le Conformiste). La Luna évoque une relation difficile entre une cantatrice et son fils et La Tragédie d'un homme ridicule est une fable pessimiste qui vaut à Ugo Tognazzi le prix d'interprétation masculine à Cannes en 1981.
En 1985 il est membre du jury du 1re Festival international du film de Tokyo.
Il est l'invité de l'Été Cinéma des Rencontres cinématographiques de Digne-les-Bains, à l'initiative de Jean-Pierre Castagna, en 1988[5]. Le Dernier Empereur, tourné en grande partie dans la Cité interdite à Pékin, évoque le destin tragique du tout dernier empereur chinois issu de la dynastie mandchoue : Pu Yi, placé sur le trône à l'âge de trois ans. Triomphe international, le film obtient neuf Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1988. Il est le premier volet d'une trilogie spirituelle et orientale complétée par Un thé au Sahara[6] et Little Buddha.
Bertolucci préside le 43e festival de Cannes où le jury décerne la Palme d'or à Sailor et Lula de David Lynch[7]. Il est également président du jury de la Mostra de Venise à deux reprises : la première fois en 1983 (sous sa présidence, le Lion d'or fut attribué à Prénom Carmen de Jean-Luc Godard), et la seconde, en 2013 (son jury couronna du Lion d'or le documentaire Sacro GRA de Gianfranco Rosi).
En 2011, il reçoit, des mains de Gilles Jacob, la Palme d'honneur à Cannes pour l'ensemble de son œuvre.
En 2013, il avoue dans une entrevue vidéo ne pas avoir prévenu Maria Schneider, lors du tournage du Dernier Tango à Paris, du déroulement de la scène qui ferait scandale, parce qu'il voulait capturer sa réaction « en tant que fille et non en tant qu'actrice »[8],[9]. Elle assimila cette scène à un viol, précisant qu'elle n'avait jamais pardonné à Bertolucci[10].
Bertolucci meurt d'un cancer le à 77 ans[1].
Croyances[modifier | modifier le code]
La politique a une place importante dans ses films. Il était un marxiste avoué. Comme Luchino Visconti, qui engageait les acteurs étrangers à la fin des années 1960, Bertolucci exprimait ses vues politiques à travers ses films; ces derniers sont souvent autobiographiques et très controversés[12].
Avant de réaliser ses films politiques, il s'est intéressé au sujet de réévaluation de l’histoire. Son film Le Conformiste (1970) critique l’idéologie fasciste, évoque les thèmes de la nation et du nationalisme, les questions de la culture populaire et de mémoire collective[13]. Le film 1900 évoque, de manière théâtralisée, la bataille entre les Gauches et les Droites[14].
Le 27 septembre 2009, Bertolucci fait partie des signataires de l'appel au gouvernement suisse pour libérer Roman Polanski, qui était détenu en attente d'extradition vers les États-Unis[15].
Sur Twitter le 24 avril 2015, Bertolucci a participé à #whomademyclothes, la campagne de Fashion Revolution qui lutte contre les ateliers de misère, commémorant l'effondrement du Rana Plaza en 2013, l'accident le plus meurtrier dans l'histoire de l'industrie du vêtement[16].
Décorations[modifier | modifier le code]
- : Grand officier de l'ordre du Mérite de la République italienne[N 2]
- 2006 : médaille d'or du mérite des beaux-arts par le ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports (Espagne)[17]
Filmographie[modifier | modifier le code]
Réalisateur[modifier | modifier le code]
- 1961 : Accatone de Pier Paolo Pasolini (seulement assistant)
- 1962 : Les Recrues (La commare secca)
- 1964 : Prima della rivoluzione
- 1968 : Partner
- 1969 : La Contestation (Amore e rabbia) séquence Agonia
- 1970 : La Stratégie de l'araignée (Strategia del ragno)
- 1970 : Le Conformiste (Il conformista)
- 1972 : Le Dernier Tango à Paris (Ultimo tango a Parigi)
- 1975 : 1900 (Novecento)
- 1979 : La Luna
- 1981 : La Tragédie d'un homme ridicule (La tragedia di un uomo ridicolo)
- 1984 : L'addio a Enrico Berlinguer (documentaire), réalisation collective[N 3] sur les funérailles de Berlinguer
- 1987 : Le Dernier Empereur (L'ultimo imperatore / The Last Emperor)
- 1990 : Un thé au Sahara (The Sheltering Sky)
- 1993 : Little Buddha
- 1996 : Beauté volée (Stealing Beauty)
- 1998 : Shandurai (Besieged)
- 2001 : Ten Minutes Older: The Cello (segment Histoire d'eaux)
- 2003 : Innocents: The Dreamers (The Dreamers)
- 2012 : Moi et toi (Io e te)
Acteur[modifier | modifier le code]
- 1992 : Golem, l'esprit de l'exil d'Amos Gitaï
- 2001 : Pier Paolo Pasolini et la raison d'un rêve (Pier Paolo Pasolini e la ragione di un sogno), documentaire de Laura Betti
- 2004 : Souvenirs d'un président de festival de Cannes, module dvd d'Elio Lucantonio
Scénariste[modifier | modifier le code]
- La commare secca (1962) de Bernardo Bertolucci
- Partner (1968) de Bernardo Bertolucci
- Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West) (1968) de Sergio Leone
- La Stratégie de l'araignée (Strategia del ragno) (1970) de Bernardo Bertolucci
- Le Conformiste (Il conformista) (1970) de Bernardo Bertolucci
- Le Dernier Tango à Paris (Ultimo Tango a Parigi) (1972) de Bernardo Bertolucci
- 1900 (Novecento) (1975) de Bernardo Bertolucci
- La Luna (1979) de Bernardo Bertolucci
- Tu mi Turbi (1983) de Roberto Benigni
- Le Dernier Empereur (L'ultimo imperatore) (1987) de Bernardo Bertolucci
- Un thé au Sahara (The Sheltering Sky) (1990) de Bernardo Bertolucci
- Little Buddha (1993) de Bernardo Bertolucci
- Shandurai (Besieged) (1998) de Bernardo Bertolucci
- Le Triomphe de l'amour (The Triumph of love) (2001) de Clare Peploe
Producteur[modifier | modifier le code]
- Le Triomphe de l'amour (The Triumph of Love) (2001) de Clare Peploe
Récompenses[modifier | modifier le code]
- 1987 : Oscar du meilleur réalisateur pour Le Dernier Empereur
- 1987 : Oscar du meilleur scénario adapté avec Mark Peploe pour Le Dernier Empereur
- 1987 : Golden Globe du meilleur réalisateur pour Le Dernier Empereur
- 1987 : Golden Globe du meilleur scénario avec Mark Peploe pour Le Dernier Empereur
- 1987 : César du meilleur film étranger pour Le Dernier Empereur
- 1987 : BAFTA du meilleur film pour Le Dernier Empereur
- 2011 : Palme d'honneur du Festival de Cannes 2011
- 2012 : European Award d'honneur
Livre[modifier | modifier le code]
- Mon obsession magnifique, Seuil, 2014 (ISBN 978-2-02-113886-3)
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- Prononciation en italien standard retranscrite selon la norme API.
- Reçu à Rome sur proposition de la présidence du Conseil des ministres.
- Réalisation collective d'Ugo Adilardi, Silvano Agosti, Gianni Amico, Alfredo Angeli, Giorgio Arlorio, Gioia Benelli, Roberto Benigni, Bernardo Bertolucci, Giuseppe Bertolucci, Paolo Bianchini, Libero Bizzarri, Carlo Di Palma, Luigi Faccini, Giorgio Ferrara, Nicolò Ferrari, Andrea Frezza, Ansano Giannarelli, Franco Giraldi, Francesco Laudadio, Carlo Lizzani, Luigi Magni, Massimo Manuelli, Francesco Maselli, Giuliano Montaldo, Riccardo Napolitano, Piero Nelli, Renato Parascandolo, Luigi Perelli, Paolo Pietrangeli, Gillo Pontecorvo, Faliero Rosati, Roberto Russo, Massimo Sani, Ettore Scola, Raffaele Siniscalchi, Sergio Spina, Gabriele Tanferna, Anna Maria Tatò, Gianni Toti et Piero Vivarelli.
Références[modifier | modifier le code]
- (it) Irene Bignardi, « È morto Bernardo Bertolucci, l'ultimo grande maestro », sur Repubblica.it, Repubblica, (consulté le 26 novembre 2018).
- « Bernardo Bertolucci évoque le tournage d'Accatone de Pasolini » sur INA.fr.
- « Censure du cinéma en Italie » sur INA.fr.
- Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 24 août 1973, 16 août 1974.
- « Flash back » sur unautrecinema.com.
- Reportage et interview de Bertolucci sur Un thé au Sahara sur INA.fr.
- « Palme d'or à Cannes (1990) pour Sailor et Lula (Wild at Heart) de David Lynch » sur Youtube.com.
- Didier Péron, « Bertolucci sur Le Dernier Tango à Paris : “J’ai été horrible avec Maria” », Libération, (lire en ligne, consulté le 5 décembre 2016).
- (en-GB) Hannah Summers, « Actors voice disgust over Last Tango in Paris rape scene confession », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le 5 décembre 2016).
- Le Dernier Tango à Paris, Allociné.
- « Rassegna stampa Bernardo Bertolucci | MYmovies », sur www.mymovies.it (consulté le 17 janvier 2020)
- (en) Yosefa Loshitzky, The Radical Faces of Godard and Bertolucci, Wayne State University Press, (ISBN 978-0-8143-2446-2, lire en ligne)
- (en-GB) Shane Danielsen, « The Conformist returns to remind us of the banality of evil », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le 17 janvier 2020)
- (en) « 1900 | TV Guide », sur TVGuide.com (consulté le 20 janvier 2020)
- (en-US) Alt Film Guide, « Penélope Cruz, Bernardo Bertolucci, Gael García Bernal Sign Roman Polanski Petition », sur Alt Film Guide (consulté le 20 janvier 2020)
- « Fashion Revolution: who made your clothes? », sur MINDFOOD | Style (consulté le 20 janvier 2020)
- (es) « Relación de premiados del año 2006 », sur Ministère de la Culture, (consulté le 18 janvier 2015) [PDF].
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Bernardo Bertolucci, Études cinématographiques, no 122-126, Paris, Lettres Modernes, Minard, 1979
- Bertolucci par Bertolucci, entretiens avec Enzo Ungari et Donald Ranvaud, Paris, Calmann-Lévy, 1987
- Sur Bertolucci, Pierre Pitiot et Jean-Claude Mirabella, Castelnau-le Lez, Climats, 1991
- Olivier Maillart, « D’une maladie l’autre : Bernardo Bertolucci entre deux idées d’un cinéma révolutionnaire », in Christian Biet et Olivier Neveux (sous la direction de), Une histoire du spectacle militant. Théâtre et cinéma militants 1966-1981, Montpellier, L'Entretemps, 2007.
Liens externes[modifier | modifier le code]
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- Bibliothèque universitaire de Zagreb
- WorldCat
- Bernardo Bertolucci sur le site Ciné-ressources (Cinémathèque française)
- (en) Bernardo Bertolucci sur l’Internet Movie Database
- Bernardo Bertolucci sur Allociné
- Il était une fois : Le Dernier Tango à Paris sur Eurochannel.com
- Bertolucci par Bertolucci : une leçon de cinéma sur le site de la Cinémathèque française
- Réalisateur italien
- Scénariste italien de cinéma
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