Wong Kar-wai

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Wong Kar-wai
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Portrait de Wong Kar-wai.
Nom de naissance Wong Kar-wai (王家衛)
Surnom WKW, Jiawei Wang
Naissance (65 ans)
Shanghai (Chine)
Nationalité Drapeau de Hong Kong Hongkongaise
Profession cinéaste
Films notables Chungking Express,
Happy Together,
In the Mood for Love,
2046

Wong Kar-wai[1] est un réalisateur, scénariste et producteur hongkongais né le à Shanghai en Chine. Figure centrale du cinéma de Hong Kong, ses films figurent fréquemment sur les listes des meilleurs au niveau national et international.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Né à Shanghai, il émigre à Hong Kong avec sa mère à l'âge de cinq ans. Son père, directeur d'hôtel, qui aurait dû les rejoindre avec ses deux autres enfants, reste bloqué en Chine par la Révolution culturelle. La séparation dure une dizaine d'années. Cet exil familial, doublé d'un exil culturel et linguistique (le jeune Wong Kar-wai ne parle que le mandarin, il éprouve des difficultés pour s'adapter au cantonais de Hong Kong), explique peut-être l'importance de la séparation, de l'errance (thème récurrent de l'« oiseau sans pattes » qui ne se pose que pour mourir), et surtout de la mémoire dans l'œuvre du cinéaste.

Dès cette période, il fréquente assidûment les cinémas avec sa mère, et est marqué par le cinéma « classique » hollywoodien.

Étudiant en arts graphiques à l'École Polytechnique de Hong Kong, il se passionne pour la photographie. Il découvre le cinéma européen, et notamment les cinéastes français de la Nouvelle Vague. Il obtient son diplôme en 1980.

Débuts au cinéma[modifier | modifier le code]

Après être entré comme assistant de production pour la chaîne Hong Kong Television Broadcasts (HKTVB), il devient scénariste de télévision à plein temps et écrit notamment le « soap opera » Don't Look Now qui est un grand succès.

Il quitte la chaîne pour entrer dans le département scénario de Cinema City qu'il quitte pour devenir indépendant. Il est crédité de plus de 10 scénarios entre 1982 et 1987, comédies romantiques, drames ou film de kung fu mais il prétend en avoir écrit cinq fois plus sans crédit officiel. Il considère Final Victory (最後勝利, 1986) une comédie sombre réalisée par Patrick Tam comme son meilleur scénario. Celui-ci produira le premier film de Wong.

Réalisateur[modifier | modifier le code]

Il commence sa carrière de réalisateur en 1988 avec le polar As Tears Go By, un genre en vogue à l'époque depuis l'énorme succès du Syndicat du crime de John Woo. Son second film Nos années sauvages sort en 1990. Ce drame sur une jeunesse sans but dans les années 1960 lui permet de fixer son style : des scènes elliptiques sur la mémoire et la mélancolie autour de personnages marginaux. Le film est un échec commercial mais est aujourd'hui considéré par les critiques comme un des meilleurs films de Hong Kong. On le décrit comme une version cantonaise de La Fureur de vivre[2].

Il crée sa propre compagnie indépendante de production, appelée Jet Tone Films Ltd. Son partenaire dans celle-ci est Jeffrey Lau, un réalisateur et producteur dont le travail est plus proche des films de Hong Kong commerciaux.[réf. nécessaire]

Dans les années 1990 Wong réalise plusieurs films produits par Jet Tone qui lui permet de travailler à son propre rythme. Parmi eux, Chungking Express (1994), et Les Anges déchus (Fallen Angels). Il avait en tête une histoire trop longue pour un seul film et l'a séparé en deux. Le premier, filmé caméra sur l’épaule pendant quelques semaines dans, entre autres, l'immeuble Chungking, relate deux histoires reliées uniquement par la rencontre fortuite à un instant T de deux personnages, chacun le héros de sa propre histoire (« À cet instant, seul un millimètre nous séparait. Dans quelques heures, cette femme va tomber amoureuse d'un autre homme »). Le deuxième, quant à lui, est une errance nocturne dans les rues de Hong Kong avec des personnages plus marginaux les uns que les autres : un assassin, sa partenaire et une prostituée, ainsi qu'un jeune énergumène et une jeune femme.

Les Cendres du temps (1994) sort entre Chungking Express et Les Anges déchus et permet à Wong d'appliquer son approche à un Wu Xia Pian, film de sabre. Les prises de vue dans la Chine continentale repoussées pendant plus d'un an firent du film un des désastres commerciaux les plus retentissants du cinéma de Hong Kong. Néanmoins, le film est d'une très grande qualité. L'histoire, adaptée d'un célèbre roman de Jin Yong, se concentre sur les relations amoureuses des personnages.

Consécration[modifier | modifier le code]

Sa première reconnaissance internationale est son prix de la mise en scène qu'il gagne au Festival de Cannes pour Happy Together en 1997. Un film associé à une bande originale éclectique entre tango et instrumentaux de Frank Zappa pour relater l'aventure houleuse d'un couple gay vivant expatrié à Buenos Aires.

Malgré son passé de scénariste, une des marques du style de Wong comme réalisateur est son utilisation de l’improvisation et de l’expérimentation plutôt que l'application à suivre un scénario écrit. Cela a été souvent une source de problèmes pour ses acteurs, ses alliés financiers ainsi que d'autres personnes liées à ses films.[réf. nécessaire] Si pour Chungking Express, le fait d'avoir tourné caméra à l’épaule sans scénario en quelques semaines n'a pas causé trop de problèmes, pour 2046, c'était un casse-tête et Wong Kar-Wai en était devenu impopulaire dans le milieu cinématographique asiatique. Il passait son temps à réfléchir sur le plateau, contraignant les acteurs à venir souvent pour ne rien tourner. Il tournait beaucoup de scènes imaginaires, autant de vies alternatives données aux personnages, mais les supprimait au fur et à mesure du montage. À cause de cela, Maggie Cheung et Dong Jie s'étaient brouillées avec le réalisateur.

En 2000, Wong réalise un vieux projet avec In the Mood for Love où il recrée le Hong Kong de son enfance, celui des années 1960. L'acteur principal, Tony Leung Chiu-wai, obtient le prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes. Le film est un immense succès en France : plus de 1,2 million d'entrées – ce qui est exceptionnel pour une œuvre alors uniquement disponible en VOST.[réf. nécessaire]

En 2003, il profite de l'interruption du tournage de 2046 due à l'épidémie de SRAS pour réaliser La Main, une des trois parties du film Eros (les deux autres étant réalisées par Antonioni et Soderbergh) qui sort en salles en 2004.

En 2005, grâce au soutien de producteurs européens, il achève 2046. Cinq années de tournage ont été nécessaires (dont 6 mois avec Maggie Cheung… qui n'apparaît que quelques secondes) à Shanghai, Hong Kong, Bangkok, et Macao.

Wong Kar-wai a travaillé pour tous ses films avec le chef-opérateur Christopher Doyle sauf pour son premier film As Tears Go By, jusqu'à la séparation (pour My Blueberry Nights). Il a confié les décors, les costumes et le montage de ses derniers films à William Chang (en).

Filmographie[modifier | modifier le code]

Films courts[modifier | modifier le code]

Wong Kar-wai a réalisé plusieurs courts-métrages, publicités télévisuelles et clips vidéo.

Il a réalisé des publicités pour le designer Takeo Kikuchi avec Tadanobu Asano et Karen Mok, pour Motorola en 1998 avec Faye Wong et également Tadanobu Asano et plus récemment pour Lacoste avec Chang Chen et Diane MacMahon. On peut aussi citer celles pour Suntime Wine avec Tony Leung Chiu-wai et Maggie Cheung, pour JC Decaux, pour Lancôme avec Clive Owen ou encore pour un parfum de Dior avec Eva Green (sur une chanson de Muse). Il réalise la publicité pour la nouvelle Ambilight (Aurea) de Philips avec There's only one sun en 2007.

Wong a également réalisé un clip vidéo pour le duo de Tony Leung Chiu-wai avec Niki, une chanson de la bande originale de In the mood for love également sur l’album de Tony Leung Chiu-wai. Il a réalisé le clip de Six Days pour DJ Shadow avec Chang Chen et Danielle Graham.

Son court-métrage Hua Yang De Nian Hua est un montage de scène de vieux films chinois considérés comme perdus jusqu’à ce que des copies nitrates soient retrouvées dans des entrepôts californiens. Il a été montré en 2001 au Festival de Berlin.

Festivals[modifier | modifier le code]

En 2006, il préside au Jury du festival de Cannes et devient ainsi le tout premier réalisateur chinois à avoir cet honneur.

En 2013, il préside au Jury du festival de Berlin 2013[3].

En 2017, il reçoit le Prix Lumière au Festival Lumière à Lyon pour l'ensemble de sa carrière[4].

En 2018 il est président du jury du 8e Festival international du film de Beijing.

Réalisateur[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Projets
  • 20xx : The Lady from Shanghai

Autres[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Wong Kar-wai a écrit de nombreux scénarios avant de venir à la réalisation.

Producteur[modifier | modifier le code]

Wong Kar-wai a également produit tous ses films à travers la société Jet Tone depuis 1993 à l’exception des Cendres du temps, un projet commencé des années auparavant. Il a aussi produit par Jet Tone d’autres films dont certains réalisés par Jeffrey Lau.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Distinctions honorifiques[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Sélectionné près d'une trentaine de fois dans différents festivals internationaux, il y a remporté de nombreux prix.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. 王家衛 se prononce Wáng Jiāwèi en chinois mandarin (transcription pinyin) et Wong Kar-wai en cantonais ; Wong est son nom de famille.
  2. Collection Positif sur Wong Kar-Wai.
  3. « Wong Kar-Wai Président du Jury du Festival de Berlin », sur allocine.fr, (consulté le ).
  4. « Le cinéaste chinois Wong Kar-wai reçoit le prix Lumière à Lyon », sur Le Figaro, (consulté le ).
  5. « Honorary Degrees / Harvard University », sur Harvard University (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Collectif, Wong Kar-Wai, Dis Voir, 1997
  • Thierry Jousse, Wong Kar-Wai, Cahiers du cinéma/SCÉREN-CNDP, 2006
  • Nathalie Bittinger, 2046 de Wong Kar-Wai, Armand Colin, 2007
  • Yann Tobin (dir.), Wong Kar Wai, Éditions Scope, Collection Positif, 2008 (ISBN 2-912573-25-4)

Liens externes[modifier | modifier le code]