Aller au contenu

David Cronenberg

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
David Cronenberg
David Cronenberg en 2012.
Fonction
Président du jury du festival de Cannes
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
David Paul CronenbergVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Toronto
Institut collégial Harbord (en)
North Toronto Collegiate Institute (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
Depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Milton Cronenberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Esther Cronenberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoints
Margaret Hindson (d) (de à )
Carolyn Zeifman (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Autres informations
Membre de
Société royale du Canada
Writers Guild of America, West (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Taille
1,75 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Genres artistiques
Film d'horreur, science fiction horror film (d), thriller, thriller psychologique (d), psychological horror film (d), film de science-fiction, drame, film à énigme, film de fantasyVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Films notables

David Cronenberg (prononcé en anglais canadien /ˈdeɪvɪd ˈkɹoʊnənbɝɡ/[1]) est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le à Toronto (Ontario, Canada). Il est le père du réalisateur Brandon Cronenberg et de la photographe et réalisatrice Caitlin Cronenberg.

Également acteur, Cronenberg n'hésite pas à jouer dans certains films quand on fait appel à lui. Ainsi, on le voit apparaître dans son propre film La Mouche, mais aussi entre autres dans Cabal (Nightbreed de Clive Barker), Prête à tout, Mesure d'urgence et plus récemment Jason X.

David Cronenberg est né à Toronto, où il vit toujours actuellement. Il est le fils de Milton Cronenberg, écrivain et éditeur, d'origine juive lituanienne et d'Esther Sumberg, pianiste. Il étudie au Harbord Collegiate Institute, puis est diplômé en littérature de l'University College (Université de Toronto) après avoir commencé à étudier les sciences. Il cite William S. Burroughs et Vladimir Nabokov comme influences majeures. Sa sœur, Denise Cronenberg, est costumière[2].

Au Festival international du film de Toronto 2011.

Malgré des études de sciences, Cronenberg se tourne rapidement vers le milieu artistique, notamment la « scène underground » de Toronto. Dans la veine du cinéma expérimental new-yorkais, il réalise deux courts métrages : Transfer en 1966 et From the Drain en 1967. Il passe au long métrage en 1969 avec Stereo, puis Crimes of the Future l'année suivante. Ses premières réalisations sont financées par des sociétés de production de films pornographiques. On y retrouve déjà ses thèmes de prédilection : la sexualité, le corps humain comme terrain d'expérimentation, le danger de la contamination, la médecine et la psychanalyse[2].

Au début des années 1970, il réalise de nombreux téléfilms. Il revient au cinéma en 1975 avec Frissons. Ce film et les deux suivants, Rage et Chromosome 3, mêlant horreur et science-fiction, choquent quelques critiques mais offrent à Cronenberg un statut de cinéaste « culte » par l'effroi qu'il arrive à susciter avec une remarquable économie de moyens. Il connaît son premier succès commercial en 1981 avec Scanners. Il confirme cela deux ans plus tard avec Vidéodrome, un film avec James Woods sur le pouvoir des médias. Fort de ce succès, il s'attelle ensuite à l'adaptation du roman de Stephen King, Dead Zone, dans un film homonyme en 1983 avec Christopher Walken.

La reconnaissance internationale vient en 1986 avec La Mouche, remake de La Mouche noire, film fantastique des années 1950 réalisé par Kurt Neumann. Dans ses films suivants, il délaisse le cinéma d'épouvante tout en conservant son style habituel. Dans Faux-semblants (1988), il évoque ainsi la relation si particulière entre des frères jumeaux, interprétés par Jeremy Irons. En 1991, il adapte le célèbre roman Le Festin nu de William S. Burroughs, réputé inadaptable.

En 1996, Cronenberg adapte un autre écrivain culte, J. G. Ballard, avec Crash, film sur la fascination sexuelle qu'exercent les accidents de voiture. L'œuvre, assez controversée, obtient le Prix spécial du jury au 49e Festival de Cannes. Passionné par les rapports entre l'humain et la technologie, Cronenberg réalise eXistenZ en 1999 avec Jude Law et Jennifer Jason Leigh, film dans lequel il explore les frontières floues entre monde réel et réalité virtuelle. La même année, il préside le jury du 52e Festival de Cannes. En 2002, Spider, sa nouvelle réalisation, « étudie » l'esprit d'un schizophrène joué par Ralph Fiennes.

En 2005, il signe une fable sur la violence refoulée dans la société américaine, A History of Violence, adaptée du comic homonyme avec Viggo Mortensen, qu'il retrouve ensuite en 2007 dans Les Promesses de l'ombre. Ce film, sur la mafia russe à Londres, est le premier que Cronenberg tourne entièrement hors du Canada.

En 2008, il prend la direction de deux projets extra-cinématographiques : l'exposition Chromosomes au Palais des expositions de Rome et l'opéra La Mouche, d'après son propre film, à l'Opéra de Los Angeles et au théâtre du Châtelet à Paris.

En 2010, il réalise A Dangerous Method, version cinématographique de la pièce de théâtre The Talking Cure de Christopher Hampton. Sélectionné à la 68e Mostra de Venise et sorti en en France, le film revient sur la rivalité entre les psychanalystes Carl Jung et Sigmund Freud.

En 2012, il écrit et réalise Cosmopolis, tiré du roman éponyme de Don DeLillo, avec Robert Pattinson comme tête d'affiche. Le film est sélectionné en compétition au 65e Festival de Cannes. La réception critique est divisée sur ce long métrage au ton absurde, futuriste et sarcastique, qui explore le penchant monstrueux du capitalisme et du monde de la finance, devenu totalement abstrait[3]. L'œuvre originale, qui reçut un accueil mitigé lors de sa publication, était en effet considérée comme inadaptable[3] en raison de son style sophistiqué et de ses nombreux dialogues littéraires.

En 2014, Cronenberg met en scène Maps to the Stars, un film sur des familles de stars à Hollywood. Le film se conçoit comme une virulente critique des valeurs d'Hollywood et du cinéma contemporain (opportunisme, régression, décadence, manipulation)[3]. Il ouvre aussi une réflexion sur les conséquences de « l'usine à rêves » sur le comportement individuel et la confusion entre fantasme, images mentales et réalité objective[3]. Le scénario est écrit par Bruce Wagner. Maps to the Stars est en compétition au 67e Festival de Cannes. La distribution inclut John Cusack, Julianne Moore qui remportera le Prix d'interprétation féminine, Mia Wasikowska et Robert Pattinson pour sa seconde collaboration avec le cinéaste. L'œuvre est globalement bien reçue par la presse européenne lors de sa présentation cannoise[3],[4], mais l'accueil est plus mitigé du côté de la critique américaine[5].

Le réalisateur fait ses premiers pas en littérature avec le roman Consumés, un thriller qui convoque journalisme et géopolitique. La sortie nord-américaine du roman en a lieu en même temps que la sortie internationale de Maps to the Stars. Cronenberg songera ensuite à l'adaptation du roman par ses soins[6].

En 2018 il préside le jury du 18e Festival international du film fantastique de Neuchâtel.

En septembre 2018, à la suite de la démission de Nicolas Hulot, il signe avec Juliette Binoche la tribune contre le réchauffement climatique intitulée « Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité », qui parait en une du journal Le Monde, avec pour titre « L'appel de 200 personnalités pour sauver la planète »[7].

En 2021, il reprend le chemin des plateaux de cinéma, en tournant un thriller futuriste intitulé Les Crimes du futur (Crimes of the Future) dans lequel il retrouve Viggo Mortensen et où il dirige pour la première fois Léa Seydoux, Kristen Stewart et Scott Speedman. Le film est présenté en compétition pour la Palme d'or au Festival de Cannes 2022 mais ne remporte pas de prix.

En 2023, il tourne un thriller horrifique intitulé Les Linceuls (The Shrouds) dans lequel il retrouve Vincent Cassel et où il dirige pour la première fois Diane Kruger et Guy Pearce.

Éléments d'analyse du cinéma de Cronenberg

[modifier | modifier le code]

Sa filmographie peut se caractériser par trois principaux styles : l'étude du corps humain sous un aspect angoissant et monstrueux (Stereo, Crimes of the Future, Frissons, Rage, Chromosome 3, La Mouche, Faux-semblants, Les Crimes du futur) ; l'étude du rapport de l’humain avec la technologie sous un aspect visionnaire (Fast Company, Scanners, Videodrome, Crash, eXistenZ) ; l'étude de la dégénérescence du corps social sous un aspect réaliste et pessimiste (Spider, A History of Violence, Les Promesses de l’ombre, A Dangerous Method, Cosmopolis, Maps to the stars). Son cinéma, influencé par la psychanalyse, sonde les addictions et les phobies de la société occidentale (Stereo, Crimes of the Future, Videodrome, Faux-semblants, Le Festin nu, Crash, Spider, A Dangerous Method) ainsi que les névroses, laissant libre cours au déchaînement de pulsions refoulées. Ses deux thèmes récurrents sont la double personnalité et le massacre du corps humain. Ses films, caractérisés par une grande maîtrise technique et un univers à la fois malsain, ultra-violent et cérébral, ouvrent la voie à de nombreuses lectures sur le conditionnement, le mal, l'aliénation et la confusion entre réel et virtuel[3].

Filmographie

[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Réalisateur

[modifier | modifier le code]

Courts métrages

[modifier | modifier le code]

Longs métrages

[modifier | modifier le code]

Intermèdes pour la télévision canadienne

[modifier | modifier le code]

Séries télévisées

[modifier | modifier le code]

Distinctions principales

[modifier | modifier le code]

Publications

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Prononciation en anglais canadien retranscrite selon la norme API.
  2. a et b Biographie - Allociné
  3. a b c d e et f Jean-François Rauger, « Maps to the Stars : il y a quelque chose de pourri au royaume d'Hollywood », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Cannes 2014 : Maps to the Stars "féroce", "tordu" et "malsain" selon la presse », sur Allociné, consulté le 20 mai 2014.
  5. (es) « Maps To The Stars », sur Rotten Tomatoes
  6. « www.lemonde.fr - David Cronenberg "je ne déteste pas hollywood" »
  7. « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Cronenberg médaillé à Paris », sur Le Blog Ecran Noir,
  9. « Légion d'Honneur »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Serge Grünberg, David Cronenberg, éditions de l'Etoile, coll. « Auteurs », , 151 p. (ISBN 2-86642-119-1) [nouvelle édition en 2000]
  • Geraldine Pompon et Pierre Veronneau, David Cronenberg, la beauté du chaos, Le Cerf, 7°ART, 2003
  • Denis Baron, Corps et artifices, De Cronenberg à Zpira, éditions L'Harmattan, 2007
  • David Roche, L'imagination malsaine : Russell Banks, Raymond Carver, David Cronenberg, Bret Easton Ellis, David Lynch, l'Harmattan, coll. « L'oeuvre et la psyché », , 367 p. (ISBN 978-2-296-04707-5)
  • David Cronenberg-Collection Positif, coordonné par Hubert Niogret, coll. Positif, éditions Scope (ISBN 2-912573-29-7)
  • Fabien Demangeot, La transgression dans l'œuvre de David Cronenberg [Thèse de doctorat en Arts plastiques. Cinéma], Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Ecole doctorale Arts plastiques, esthétique et sciences de l'art, soutenue le 24 mai 2018, 639 p. (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Avedon, 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction (Cronenberg David, p. 211 et s.), éditions Rouge Profond, 2013 ( (ISBN 978-2-915-08356-9))
  • Johanne Larue, « Le Canada selon David Cronenberg », Séquences,‎ , p. 53-56 (lire en ligne)
  • Vicenter Sànchez-Biosca, « Entre le corps évanescent et le corps supplicié : Vidéodrome et les fantaisies postmodernes », Cinémas (automne 1996) p. 73-88.

Films documentaires

[modifier | modifier le code]
  • 2000 : David Cronenberg : en chair et en os de Frédéric Fiol (réal.) et Frédéric Bénudis (aut.)
  • 2013 : David Cronenberg : I have to make the word be flesh d'André S. Labarthe

Liens externes

[modifier | modifier le code]