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« État islamique (organisation) » : différence entre les versions

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==Proclamation du califat==
==Proclamation du califat==
{{article détaillé|État islamique (État)}}

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De leur côté, les [[États-Unis]] affirment que {{Citation|cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie}}<ref name="HP300614">[http://www.huffpostmaghreb.com/2014/07/01/irak-com_n_5546491.html « Irak : 2.000 morts en juin, pour Washington le califat ne “signifie rien” »], ''Al Huffington Post Maghreb'', {{1er}} juillet 2014.</ref>. L'éventualité d'une partition à terme de l'Irak est cependant évoquée. [[Michael Hayden]], directeur de la [[National Security Agency|NSA]] de 1999 à 2005, puis de la [[Central Intelligence Agency|CIA]] de 2006 à 2009, déclare ainsi le 30 juin : {{Citation|Avec la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà pratiquement cessé d’exister. La partition est inévitable}}<ref name="RFI300614">[http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140630-irak-califat-islamique-eiil-abou-bakr-baghdadi/ « Irak : scepticisme à Bagdad après la proclamation d'un califat »], ''RFI'', 30 juin 2014.</ref>. [[Massoud Barzani]], président de la région autonome du Kurdistan irakien, envisage pour sa part de soumettre à référendum l'indépendance de la région<ref>[http://www.bbc.com/news/world-middle-east-28103124 « Iraq Kurdistan independence referendum planned »], ''BBC News'', {{1er}} juillet 2014.</ref>.
De leur côté, les [[États-Unis]] affirment que {{Citation|cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie}}<ref name="HP300614">[http://www.huffpostmaghreb.com/2014/07/01/irak-com_n_5546491.html « Irak : 2.000 morts en juin, pour Washington le califat ne “signifie rien” »], ''Al Huffington Post Maghreb'', {{1er}} juillet 2014.</ref>. L'éventualité d'une partition à terme de l'Irak est cependant évoquée. [[Michael Hayden]], directeur de la [[National Security Agency|NSA]] de 1999 à 2005, puis de la [[Central Intelligence Agency|CIA]] de 2006 à 2009, déclare ainsi le 30 juin : {{Citation|Avec la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà pratiquement cessé d’exister. La partition est inévitable}}<ref name="RFI300614">[http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140630-irak-califat-islamique-eiil-abou-bakr-baghdadi/ « Irak : scepticisme à Bagdad après la proclamation d'un califat »], ''RFI'', 30 juin 2014.</ref>. [[Massoud Barzani]], président de la région autonome du Kurdistan irakien, envisage pour sa part de soumettre à référendum l'indépendance de la région<ref>[http://www.bbc.com/news/world-middle-east-28103124 « Iraq Kurdistan independence referendum planned »], ''BBC News'', {{1er}} juillet 2014.</ref>.

==== Expansion territoriale de l'État islamique, en Syrie ====
L'État islamique appelle tous les autres mouvements djihadistes à lui prêter allégeance. L'État islamique fait aussi de [[Mossoul]] (est de l'Irak) une sorte de capitale religieuse et intellectuelle, alors que [[Racca]] (chef-lieu de province dans le centre de la Syrie) devient sa capitale politique et militaire implantée au sein des nouveaux territoires syriens conquis<ref>[http://www.zamanfrance.fr/article/letat-islamique-celebre-proclamation-califat-10526.html « L'État islamique célèbre la proclamation de son "califat" »], ''Zamanfrance'', 30 juin 2014</ref> ''':'''

<gallery mode=packed caption="Syrie en 2014 : évolution de l'implantation de l'État islamique (en gris)">
Mapsyria.jpg|<center>Janvier
Syrian civil war 16-3-14.png|<center>Février</center>
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Syrian civil war 2.png|<center>Juin</center>
Syrian war map 11 7 14.png|<center>Juillet</center>
Syrian war map 17 8 14.png|<center>Août</center>
Syrian civil war.png|<center>Septembre</center>
</gallery>
{{message galerie}}
En juillet 2014, en Syrie, l'État islamique contrôle principalement la campagne orientale du gouvernorat d'Alep<ref>Isabel Nassief et Jennifer Cafarella, [http://iswsyria.blogspot.fr/2014/07/syria-update-june-25-july-2-2014.html « Syria Update: June 25 - July 2, 2014 »], ''Institute for the Study of War'', 2 juillet 2014.</ref>, le [[gouvernorat de Racca]] et [[gouvernorat de Deir ez-Zor|celui de Deir ez-Zor]]<ref>[http://www.longwarjournal.org/archives/2014/07/islamic_state_consol.php « Islamic State consolidates gains in eastern Syria »], ''The Long War Journal'', 3 juillet 2014.</ref>{{,}}<ref>Jennifer Cafarella, [http://iswsyria.blogspot.fr/2014/07/isis-advances-in-deir-ez-zour.html « ISIS Advances in Deir ez-Zour »], ''Institute for the Study of War'', 5 juillet 2014.</ref>, ainsi qu'une partie de [[Gouvernorat d'Hassaké|celui d'Hassaké]]<ref>Alaa Halabi, [http://www.al-monitor.com/pulse/security/2014/06/syria-hassakeh-fears-raqqa-isis.html « Hasakah residents fear ISIS rally in east Syria »], ''Al-Monitor'', 24 juin 2014 ; traduction anglaise de [http://www.assafir.com/Article/1/357234 « الحسكة: هل يتكرر سيناريو الرقة؟ »], ''[[As-Safir]]'', 24 juin 2014.</ref>. Il a ensuite consolidé ses annexions et s'est étendu vers le sud en direction de la [[frontière entre l'Irak et la Jordanie|frontière jordano-irakienne]] et vers le nord sur une partie du [[Kurdistan syrien]] (en direction de la [[frontière entre la Syrie et la Turquie|frontière turque]])<ref name="Lib240714">[http://www.liberation.fr/monde/2014/06/24/ses-succes-irakiens-dopent-eiil-en-syrie_1049640 « Ses succès irakiens dopent EIIL en Syrie »], ''Libération'', 24 juin 2014.</ref>{{,}}<ref name="Southern Division"/>.

==== Expansion territoriale de l'État islamique, en Irak ====
En début du mois d'août, en Irak, les djihadistes de l'État islamique avancent rapidement vers le nord-est et occupent les provinces pétrolières et gazières de [[Ninawa]], de [[Salah ad-Din]] et d'[[Al-Anbar]]. Ils s'emparent ensuite de [[Qaraqosh]], la plus grande ville chrétienne d'Irak (près de Mossoul). En urgence, le Conseil de sécurité de l'[[ONU]] est alors mis en alerte par les pays occidentaux qui désirent aider les [[chrétiens]] irakiens et préserver certains intérêts économiques.

À la mi-septembre 2014, après quelques envois d'aides humanitaires, une alliance américano-française bombarde par les airs, des véhicules et sites de l'État islamique. Sur l'impulsion officielle du ministre [[Laurent Fabius]], l'État islamique est délégitimé par l'emploi de l’appellation arabe « [[Daesh]] »<ref>[http://fr.ria.ru/world/20140807/202064107.html ''Irak: les jihadistes prennent la plus grande ville chrétienne du pays'', RIA Novosti, 7 août 2014]</ref>.

Pour contrer les bombardements occidentaux, les djihadistes d'État islamique se redéploient périodiquement. Ils laissent la gestion administrative et policière des villages et villes prises à des personnalités locales et à des administrateurs civils formés et compétents. Alors que les militaires djihadistes nomadisent aux frontières d'un territoire conquis étendu à la taille du [[Royaume-Uni]] (environ 25% de la Syrie, pour 45.000 km2 et 40% de l'Irak, pour 170.000 km2). Leurs camps d'entrainement se déplacent sans cesse. Ils ont aussi évacué les dépôts d'armes de certaines de leurs bases militaires, notamment dans la province d'[[Idleb]] (nord-ouest de la Syrie), selon l'[[OSDH]]<ref>[http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?fromval=1&cid=18&frid=18&eid=193510 « Baisse de l’intensité des frappes américano-arabes: 5 dont une contre la Syrie »], ''Almanar'', 24 septembre 2014</ref>.

En fin de septembre 2014, près de {{formatnum:12000}} combattants étrangers venus de 74 pays (dont {{formatnum:3000}} européens) auraient rejoint en Irak et en Syrie, l'État islamique et plusieurs organisations extrémistes. Selon le Centre international d'Etude de la radicalisation (basé à Londres), cela représente la plus forte mobilisation étrangère depuis la [[guerre d'Afghanistan]] ([[années 1980]]). L'État islamique compterait maintenant dans ses rangs entre {{formatnum:30000}} (selon la [[CIA]], au total) et {{formatnum:50000}} membres combattants (selon [[OSDH]], pour la seule Syrie)<ref>[http://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/irak-l-etat-islamique-seme-la-terreur-et-fascine-les-jihadistes-5416a54535708a6d4d564f9e « Irak: l'État Islamique sème la terreur et fascine les jihadistes »], ''Lalibre.be'', 15 septembre 2014</ref>.


== Effectifs ==
== Effectifs ==
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Le 2 septembre 2014, [[Amnesty International]] publie un rapport accusant l'organisation terroriste l'État islamique de mener {{citation|une campagne systématique de [[nettoyage ethnique]]}} dans le nord de l'Irak et également de se livrer à des exécutions de masse. S'appuyant sur des témoignages « horrifiques » de survivants, Amnesty accuse les [[Djihadiste|djihadistes]] de {{citation|crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires de masse et des enlèvements visant systématiquement les minorités du Nord irakien, notamment les [[chrétiens]], les [[Turcomans d'Irak|Turcomans]] [[chiites]] et les [[Yazidis]]}}. Dans ce rapport intitulé « Nettoyage ethnique dans des proportions historiques », Amnesty affirme avoir {{citation|des preuves que plusieurs tueries de masse, et des centaines, peut-être des milliers d'enlèvements, ont eu lieu en août dans la région de [[Sinjar]]}}<ref>[http://www.lefigaro.fr/international/2014/09/02/01003-20140902ARTFIG00181-amnesty-international-denonce-un-nettoyage-ethnique-en-irak.php#xtor=AL-201 Amnesty international dénonce un «nettoyage ethnique» en Irak], ''Le Figaro'', 2 septembre 2014.</ref>.
Le 2 septembre 2014, [[Amnesty International]] publie un rapport accusant l'organisation terroriste l'État islamique de mener {{citation|une campagne systématique de [[nettoyage ethnique]]}} dans le nord de l'Irak et également de se livrer à des exécutions de masse. S'appuyant sur des témoignages « horrifiques » de survivants, Amnesty accuse les [[Djihadiste|djihadistes]] de {{citation|crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires de masse et des enlèvements visant systématiquement les minorités du Nord irakien, notamment les [[chrétiens]], les [[Turcomans d'Irak|Turcomans]] [[chiites]] et les [[Yazidis]]}}. Dans ce rapport intitulé « Nettoyage ethnique dans des proportions historiques », Amnesty affirme avoir {{citation|des preuves que plusieurs tueries de masse, et des centaines, peut-être des milliers d'enlèvements, ont eu lieu en août dans la région de [[Sinjar]]}}<ref>[http://www.lefigaro.fr/international/2014/09/02/01003-20140902ARTFIG00181-amnesty-international-denonce-un-nettoyage-ethnique-en-irak.php#xtor=AL-201 Amnesty international dénonce un «nettoyage ethnique» en Irak], ''Le Figaro'', 2 septembre 2014.</ref>.

===Structure de l'« État »===
À la tête de cet « État » est [[Abou Bakr al-Baghdadi]], auto-proclamé « calife Ibrahim ». « [C]hef religieux et politique du territoire de l’EI », il exerce à la fois le [[pouvoir exécutif]] et le [[pouvoir judiciaire]]. Il est secondé par deux anciens généraux irakiens : « Abu Muslim al-Turkmani, qui régit les opérations en territoire irakien, et Abu Ali al-Anbari, qui s’occupe du territoire syrien ». Le pouvoir exécutif comprend également un « cabinet », qui « conseille al-Baghdadi à propos des décisions de l’État » ; sa composition reste méconnue. Pour l'exercice du pouvoir judiciaire, le calife est appuyé par un « conseil consultatif »<ref name="Huff">[http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/09/29/voici-ce-quon-sait-a-propos-du-fonctionnement-de-letat-islamique_n_5902024.html « Voici ce qu'on sait du fonctionnement de l'État islamique (INFOGRAPHIE) »], ''Huffington Post'', 29 septembre 2014</ref>.

Il n'y a pas de [[pouvoir législatif]], l'État islamique considérant que « la [[loi islamique]] est la seule loi applicable »<ref name="Huff" />.

Au plan administratif, l’État islamique dispose de réelles « structures bureaucratiques ». Il se divise en « sept ''vilayets'', ou provinces », chacune étant dotée d'un gouverneur. S'appuyant à leur tour sur des dirigeants locaux, ils assurent le maintien des services publics et de l'ordre quotidien (« bureau de poste, […] contraventions de stationnement »…). Ainsi, selon le ''[[Huffington Post]]'', si l'État islamique ne peut être considéré comme un « État légitime », « [a]vec son nombre de conseils en charge des finances, des stratégies média et de l’action militaire, c’est une société civile semi-fonctionnelle qui impose des lois brutales et sévères à toute la population »<ref name="Huff" />.

===Population===
La population du [[gouvernorat de Racca]] — l'un des deux gouvernorats de Syrie presque entièrement contrôlé par l'EI — est l'une des plus pauvre de [[Syrie]]. Elle compte un tiers d'analphabètes, un taux de fécondité de 8 enfants par femme et plus de 50% de sa population active travaille dans l'agriculture<ref name="BalancheLibé">[http://www.liberation.fr/monde/2014/10/02/l-inexorable-progression-de-l-etat-islamique_1113609 Libération : ''L’inexorable progression de l’Etat islamique''], par Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo)</ref>.

Pour séduire la population, les djihadistes distribuent de la nourriture aux habitants, des mesures sont prises pour faire vendre le pain à prix modique et l'eau est fournie gratuitement<ref name="BalancheLibé"/>.

=== Politique intérieure ===
L'État islamique est un État [[Théocratie|théocratique]] autoproclamé qui prône un [[régime politique|régime]] basé sur une interprétation rigoureuse de la [[charia]], la loi [[islam]]ique. Il est [[Liste des chefs de l'exécutif par État en 2014|dirigé]] par [[Abou Bakr al-Baghdadi]] qui s'est proclamé « [[calife]] » et appelle tous les [[sunnisme|sunnites]] à lui prêter [[allégeance]]. L'EI rejette la [[démocratie]], la [[laïcité]] et le [[nationalisme]], qualifiés d'{{citation|ordures de l'[[Occident]]}}<ref name="HP300614"/>. Depuis le départ des Américains d'[[Irak]], l'EI considère l'[[Iran]] comme son principal ennemi et se montre particulièrement hostile aux [[Chiisme|chiite]]s<ref>Romain Caillet, [http://www.huffpostmaghreb.com/romain-caillet/de-la-desaffiliation-de-l_b_4062384.html « De la désaffiliation de l'État islamique à al-Qaïda »], ''Al Huffington Post Maghreb'', 8 octobre 2013.</ref>.

Le {{date|11|juin|2014}}, à [[Mossoul]], l'État islamique en Irak et au Levant rend publique une [[charte]] de {{unité|16|articles}} régissant la vie à l'intérieur de la ville. Parmi ces points, il menace ses opposants de {{citation|l'[[Homicide]], la [[crucifixion]], l'[[amputation]] des bras ou (et) des jambes, ou l'[[exil]]}} ({{nobr|article 5}}). L'alcool, le tabac et les drogues sont interdits ({{nobr|article 8}}). Toutes les manifestations publiques, considérées comme contraires à l'islam, sont interdites ({{nobr|article 10}}). L'EIIL promet également la destruction des statues édifiées avant l'[[Hégire|avènement de l'islam]] ({{nobr|article 13}}). Les [[femme]]s ne peuvent sortir que vêtues d'un [[niqab]] et accompagnées d'un membre de leur famille ({{nobr|article 14}})<ref>Jean-Pierre Perrin, [http://www.liberation.fr/monde/2014/06/23/les-16-commandements-de-l-etat-islamique-en-irak-et-au-levant_1048158 « Les seize commandements de l'État islamique en Irak et au Levant »], ''Libération'', 23 juin 2014.</ref>.

L'EI rétablit également le statut de ''[[dhimmi]]'' pour les [[Christianisme|chrétiens]], les [[Judaïsme|juifs]] et les [[Zoroastrisme|zoroastriens]], qui est un « pacte » de protection qui leur reconnaît des droits et des devoirs spécifiques, différents des musulmans. À [[Mossoul]], la minorité chrétienne doit notamment payer le ''[[djizîa]]'', un impôt spécial équivalent à {{unité|250|[[dollar américain|dollars]]}} par mois et par personne<ref>Jean-Pierre Perrin, [http://www.liberation.fr/monde/2014/06/23/les-derniers-chretiens-de-mossoul-cible-des-jihadistes_1048609 « Les derniers chrétiens de Mossoul, cible des jihadistes »], ''Libération'', 23 juin 2014.</ref>. Selon le [[Patriarche (christianisme)|patriarche]] [[Église catholique chaldéenne|chaldéen]] [[Louis Raphaël Ier Sako|Louis Sako]], la population chrétienne de [[Mossoul]] au début du mois de juillet de l'année [[2014]] est de {{formatnum:25000}} personnes<ref name="Parisien190714">[http://www.leparisien.fr/international/irak-les-chretiens-obliges-de-fuir-mossoul-sous-la-pression-des-jihadistes-19-07-2014-4013267.php « Irak : les chrétiens obligés de fuir Mossoul sous la menace jihadiste »], ''Le Parisien'', 19 juillet 2014.</ref>.

Cependant dans le nord de l'Irak, les [[chrétiens]], les [[Turkmènes]], les [[Shabak (peuple)|Shabaks]] et les [[Yézidis]] sont victimes d'exactions de la part de l'EI. À [[Mossoul]], environ 200 membres des minorités sont enlevés en juin et en juillet et au moins 11 sont assassinés. Selon Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à [[Human Rights Watch]] : {{Citation|Le simple fait d’être un Turkmène, un Shabak, un Yézidi, ou un chrétien dans la région contrôlée par l’EIIL peut signifier la perte d’un emploi, de la liberté ou même de la vie}}<ref name="HRW180714">[http://www.hrw.org/fr/news/2014/07/18/irak-l-eiil-enleve-tue-et-expulse-des-membres-de-minorites « Irak : l’EIIL a enlevé, tué et expulsé des membres de minorités »], ''Human Rights Watch'', 18 juillet 2014.</ref>.

Le soir du [[17 juillet]], l'Archevêché syriaque catholique de Mossoul est incendié par les djihadistes<ref>[http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Tous-les-chretiens-ont-quitte-Mossoul-2014-07-19-1181321 « En Irak, tous les chrétiens ont quitté Mossoul »], ''La Croix'', 19 juillet 2014.</ref> Le [[18 juillet]] à [[Mossoul]], l'EI lance un ultimatum aux habitants chrétiens. Les djihadistes s'adressent à ceux qui refusent de se convertir à l'islam ou de payer le ''[[djizîa]]'' et leurs ordonnent de quitter la ville avant le lendemain, faute de quoi ils seront mis à mort. Dans un communiqué distribué à Mossoul, l'EI déclare : {{Citation|Nous leur proposons trois choix : l'islam, la [[dhimma]] et, s'ils refusent ces deux choix, il ne reste que le glaive}}. Cette annonce provoque l'exode de nombreux chrétiens en direction de [[Dahuk]] et [[Erbil]], dans le [[Kurdistan irakien]]<ref name="Parisien190714"/>{{,}}<ref>[http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/07/18/irak-l-etat-islamique-force-les-chretiens-a-fuir-mossoul_4459855_3218.html « En Irak, les djihadistes lancent un ultimatum aux chrétiens de Mossoul »], ''Le Monde'', 18 juillet 2014.</ref>.

L'EI commet également des destructions contre des sites religieux considérés comme « hérétiques ». Le [[24 juillet]], à [[Mossoul]], la tombe du prophète [[Jonas]], construite entre le {{sp|IV|e|et le|VIII|e}}, est détruite<ref>[http://www.slate.fr/story/90307/eiil-detruit-tombe-jonas « Irak: les djihadistes d'EIIL ont détruit la tombe du prophète Jonas à Mossoul, lieu de pèlerinage musulman »], ''slate.fr'', 25 juillet 2014.</ref>{{,}}<ref>[http://observers.france24.com/fr/content/20140725-video-eiil-detruit-une-mosquee-vieille-plusieurs-siecles-mossoul-irak « Vidéo : l'EIIL détruit une mosquée vieille de plusieurs siècles à Mossoul »], ''Les Observateurs France 24'', 25 juillet 2014.</ref>.

Près de {{formatnum:2000}} jeunes filles ou femmes [[yézidie|yézidies]] seraient détenues par l’État islamique<ref>[http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/irak-la-crainte-du-viol-et-du-rapt-des-femmes-comme-arme-de-guerre-554949 Irak : la crainte du viol et du rapt des femmes comme armes de guerre], ''France info'', 23 août 2014.</ref>. Selon Myriam Benraad, politologue française spécialiste de l’Irak, {{citation|Pour l’État islamique les femmes doivent être assujetties et déshumanisées. Les combattants les considèrent comme des objets commerciaux et sexuels. Ils les capturent, les enferment et en font des butins de guerre. Dans le califat proclamé, la femme n’est pas une citoyenne, mais une esclave domestique et sexuelle à la merci de son mari.}}<ref>[http://madame.lefigaro.fr/societe/pour-djihadistes-femmes-sont-esclaves-sexuelles-190814-900516 "Pour les djihadistes les femmes sont des esclaves sexuelles"], ''Le Figaro'' 19 août 2014 .</ref>. Selon le témoignage d'une famille habitant Mossoul et réfugiée à Paris, 700 femmes yézidies ont été vendues le 16 août 2014 sur la place publique au prix moyen de 150 [[dollars]]<ref>[http://www.tunisiadaily.com/2014/08/16/irak-circoncisions-de-chretiens-et-700-femmes-yazidies-vendues-a-150-dollars-piece/ circoncisions de chrétiens et 700 femmes yazidies vendues à {{unité|150|dollars}} pièce !"], ''Tunisia Daily'', 16 août 2014.</ref>.

L'EI entend aussi imposer ses vues en matière d'enseignement. Dans les territoires qu'il contrôle, il a déjà interdit des cours d'histoire, de philosophie et de chimie. L'enseignement des [[Théorie de l'évolution|théories de Charles Darwin]] est prohibé et sous prétexte « d'éliminer l'ignorance » la biologie moderne est bannie des salles de classe au profit des « sciences religieuses »<ref>[http://www.msnbc.com/rachel-maddow-show/isis-targets-evolution-iraqi-schools ISIS targets evolution in Iraqi schools], Steve Benen, MSNBC, 23 juin 2014</ref>.

=== Rapports avec l'extérieur ===
Dans un message publié le 22 septembre 2014, Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l'État islamique appelle au meurtre des citoyens des pays de la Coalition : {{Citation|Si vous pouvez tuer un incroyant [[États-Unis|américain]] ou [[Europe|européen]] — en particulier les méchants et sales [[France|Français]] — ou un [[Australie|Australien]] ou un [[Canada|Canadien]], ou tout (...) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière. Si vous ne pouvez pas trouver d'engin explosif ou de munitions, alors isolez l'Américain infidèle, le Français infidèle, ou n'importe lequel de ses alliés. Écrasez-lui la tête à coups de pierres, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le<ref>[http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/l-etat-islamique-menace-la-france-quelques-jours-apres-les-frappes-de-l-armee-francaise-en-irak_700011.html Francetvinfo : ''L’État islamique menace la France après les frappes françaises en Irak'']</ref>{{,}}<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2014/09/22/l-etat-islamique-menace-les-citoyens-de-pays-de-la-coalition_1105869 AFP : ''L’État islamique menace les citoyens des pays de la coalition'']</ref>.}}

=== Reconnaissance ===
La déclaration du califat du 29 juin 2014 est rejetée par les rebelles syriens du [[Front islamique (Syrie)|Front islamique]] et les djihadistes du [[Front al-Nosra]] qui déclarent considérer cette proclamation {{Citation|comme nulle et non avenue, légalement et logiquement}}<ref>[http://www.romandie.com/news/Les-rebelles-syriens-rejettent-la-proclamation-dun-califat/492957.rom « Les rebelles syriens rejettent la proclamation d'un califat »], ''romandie.com'', 30 juin 2014.</ref>.

Le {{1er juillet}}, le gouvernement des [[États-Unis]] réagit et affirme que {{Citation|cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie}}<ref name="HP300614">[http://www.huffpostmaghreb.com/2014/07/01/irak-com_n_5546491.html « Irak : 2.000 morts en juin, pour Washington le califat ne “signifie rien” »], ''Al Huffington Post Maghreb'', {{1er}} juillet 2014.</ref>.

Le {{date|4|juillet|2014}}, [[Al-Qaïda au Maghreb islamique]] (AQMI) publie un communiqué dans lequel il rejette le [[califat]] de l'EI. Il dénonce une proclamation faite {{Citation|sans consultation avec les chefs des moujahidines}} et demande à l'EI quel sort il réserve aux émirats autoproclamés, comme l'[[Émirat islamique d'Afghanistan]] et l'[[Émirat islamique du Caucase]]. AQMI déclare {{Citation|vouloir un califat, dans la voie de la prophétie, sur la base de la choura (la consultation), et qui cherche à unir les musulmans et à épargner leur sang}}<ref name="Lib150714">[http://www.liberation.fr/monde/2014/07/15/aqmi-rejette-le-califat-proclame-en-irak-et-syrie_1064258 « Aqmi rejette le califat proclamé en Irak et en Syrie »], ''Libération'', 15 juillet 2014.</ref>. Cependant en septembre, un groupe de combattants menés par Gouri Abdelmalek, dit ''Khaled Abou Souleïmane'', émir de la région centrale en [[Algérie]], fait scission d'AQMI et rallie l'EI. Le groupe se baptiste [[Jund al-Khilafa]] (« Les Soldats du califat »)<ref>[http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/09/14/97001-20140914FILWWW00108-un-groupe-arme-algerien-se-rallie-a-l-ei.php Le Figaro ''Un groupe armé algérien se rallie à l'EI'']</ref>. Quelques jours plus tard, la katiba ''Okba Ibn Nafaâ'', active en [[Tunisie]], annonce à son tour faire allégeance à l'EI<ref>[http://www.huffpostmaghreb.com/2014/09/20/tunisie-etat-islamique_n_5853942.html AFP : ''Tunisie: La "Phalange Okba Ibn Nafaâ" liée à Al-Qaïda fait allégeance à l'État Islamique'']</ref>.

La proclamation est également rejetée en juillet 2014 par le prédicateur islamiste [[Abou Qatada]] qui déclare qu'elle est {{Citation|nulle et non avenue, et sans aucun sens parce qu'elle n'a pas été approuvée par les jihadistes dans d’autres parties du monde. [...] Ce groupe n’a pas l’autorité pour diriger tous les musulmans et sa déclaration n’engage que lui}}<ref name="Lib150714"/>.

De son côté, [[Boko Haram]] ne prend pas parti : dans une vidéo diffusée le {{date|13|juillet|2014}}, [[Abubakar Shekau]] apporte son soutien à la fois à [[Abou Bakr al-Baghdadi]], [[calife]] de l'État islamique, à [[Ayman al-Zaouahiri]], [[émir]] d'[[Al-Qaïda]] et au [[Mohammad Omar|Mollah Omar]], chef des [[Taliban]]s<ref>[http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/07/13/boko-haram-soutient-l-ei-al-qaida-et-les-taliban_4456281_3212.html « Boko Haram soutient l'EI, Al-Qaida et les talibans »], ''Le Monde'', 13 juillet 2014.</ref>.

En août 2014, aux [[Philippines]], [[Abu Sayyaf]] et les [[Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro]], font allégeance à l'État islamique. En revanche le [[Front Moro islamique de libération]], qui se revendique comme modéré, dénonce l'extrémisme de l'EI et condamne {{Citation|tout acte barbare et sauvage, qu'il soit le fait d'autres groupes dont l'Etat islamique (EI) ou de ses membres}}<ref>[http://www.i24news.tv/fr/actu/international/asie-pacifique/41733-140828-philippines-des-insurges-musulmans-condamnent-l-ei AFP : ''Philippines: des insurgés musulmans condamnent l'EI'']</ref>.

Enfin, le 4 juillet 2014, [[Youssef al-Qaradâwî]], président de l'Union internationale des savants musulmans ([[ouléma]]s), membre de la confrérie des [[Frères musulmans]] ainsi que du [[Conseil européen de la fatwa|Conseil européen pour la recherche et la fatwa]], déclare que l'État islamique {{citation|viole la charia}}<ref>[http://www.rtl.fr/actu/international/califat-islamique-pour-un-predicateur-sunnite-il-viole-la-charia-7773064076 « Califat islamique : pour un prédicateur sunnite, il “viole la charia” »], ''RTL.fr'', 5 juillet 2014.</ref>. Selon lui, le titre du calife doit être {{Citation|accordé par la nation musulmane entière}} et {{Citation|un groupe connu par ses atrocités et ses vues radicales ne sert pas le projet islamique}}<ref name="AFP050714">[http://www.liberation.fr/monde/2014/07/05/baghdadi-ordonne-aux-musulmans-de-lui-obeir-dans-sa-1e-apparition-video_1058027 « Depuis l’Irak, le “calife” jihadiste appelle les musulmans à lui obéir »], ''Libération'', 5 juillet 2014.</ref>.

Le {{date|19|août|2014}}, [[Abdul Aziz ibn Abdillah Ali ash-Shaykh]], [[mufti|Grand Mufti]] de l'[[Arabie saoudite]] dénonce {{Citation|les idées d’extrémisme, de radicalisme et de terrorisme}} des djihadistes de l'État islamique et déclare que ces derniers sont {{Citation|l'ennemi numéro un de l’islam}}. Il estime par ailleurs que {{Citation|les musulmans sont les principales victimes}} de leurs exactions<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2014/08/19/les-jihadistes-de-l-ei-ennemi-numero-un-de-l-islam-selon-le-grand-mufti-d-arabie_1083084 AFP : ''Irak, Syrie: le grand Mufti d’Arabie critique les jihadistes de l’EI et Al Qaïda'']</ref>.

Le {{date|4|octobre|2014}}, le [[Tehrik-e-Taliban Pakistan]] annonce apporter son soutien à l'État islamique, indiquant qu'ils allaient leur « fournir des moudjahidines ». Le TTP appelle également les autres groupes djihadistes à mettre de côtés leurs rivalités et à s'unir<ref>[http://www.france24.com/fr/20141005-taliban-pakistanais-affichent-soutien-ei-etat-islamique-jihadistes/ France 24 : ''Les Taliban pakistanais affichent leur soutien à l'EI'']</ref>.

Selon [[Henry Laurens]], historien du monde arabe au [[Collège de France]], ce califat est de l'ordre de l’{{cita|invention de la tradition}} au sens où il {{cita|est aussi imaginaire que la façon dont Hollywood représente le Moyen Âge [...] on est en plein imaginaire de seconde zone [...] puisque ça n'a rien à voir avec la réalité historique du califat}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom1=Henry |nom1=Laurens |lien auteur1= Henry Laurens |prénom2=Abdelwahab |nom2=Meddeb |lien auteur2= Abdelwahab Meddeb |titre=Le chaos du Levant |url=http://www.franceculture.fr/emission-cultures-d-islam-le-chaos-du-levant-2014-09-05 |format=Aud |site= France Culture |jour=05 |mois=septembre |année=2014 |consulté le=17 septembre 2014}}</ref>.

=== Controverse sur le nom de l'État islamique ===
À partir de l'été 2014, certains États refusent de qualifier le mouvement d'« État islamique », lui déniant ainsi la dénomination d'[[État]] et tout caractère [[islamique]]. Les [[États-Unis]] continuent d'utiliser les acronymes ''ISIS'' ou ''ISIL''. En septembre, le gouvernement français adopte le terme de « Daech » ou « [[Daesh]] » pour qualifier l'EI<ref name="Francetvinfo110914">Gaël Cogné, [http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/comment-faut-il-appeler-les-jihadistes-en-irak_690531.html « Comment faut-il appeler les jihadistes en Irak ? »], ''francetvinfo.fr'', 11 septembre 2014.</ref>{{,}}<ref>Cécile Mimaut, [http://www.franceinfo.fr/actu/article/doit-dire-daesh-ou-etat-islamique-568431 « Daesh ou État islamique ? Questions sur un vocable »], ''franceinfo.fr'', 15 septembre 2014.</ref>{{,}}<ref>Régis Soubrouillard, [http://www.marianne.net/Fabius-lance-la-guerre-des-mots_a241436.html « Fabius lance la guerre des mots »], ''marianne.net'', 15 septembre 2014.</ref>.

[[Mathieu Guidère]] déclare en août : {{Citation|Cet État islamique n’est pas un État et il n’est pas islamique. Pour des médias et des politiques, continuer à l’appeler ainsi revient à participer à une vaste usurpation d’identité. La seule manière à laquelle je puisse penser pour désigner, correctement, objectivement, ce groupe serait juste l’organisation al-Baghdadi<ref>Titouan Lemoine, [http://geopolis.francetvinfo.fr/etat-islamique-la-megalomanie-dun-homme-41457 « Etat islamique» : la mégalomanie d'un homme »], ''geopolis.francetvinfo.fr'', 27 août 2014.</ref>.}}

Cependant pour le chercheur Romain Caillet : {{Citation|L'acronyme Daech est un terme impropre et péjoratif, utilisé par les opposants à l'État islamique. L'expression a été popularisée par le média [[Al Arabiya]]. La chaîne qatarie [[Al Jazeera]] n'utilise d'ailleurs plus ce terme. Si, en langue arabe, il peut y avoir une légitimité à l'employer, son utilisation en français est clairement idéologique<ref name="Francetvinfo110914"/>.}}

[[Laurent Fabius]] ministre français des Affaires étrangères, a déclaré le 18 septembre à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] : {{citation|Je vous demande de ne plus utiliser le terme d'État islamique, car cela occasionne une confusion entre [[islam]], [[islamistes]] et [[musulmans]]. Il s'agit de ce que les [[Arabes]] appellent [[Daesh]] et que j'appellerai pour ma part les égorgeurs de Daesh}}. Michèle Léridon, la directrice de l'information de l'[[Agence France-Presse]] (AFP) a expliqué sur son blog que son agence de presse {{citation|n'utilise plus “État islamique” car il ne s'agit pas d'un véritable État, avec des frontières et une reconnaissance internationale. Mais aussi parce que les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien islamiques}}. Wassim Nasr, journaliste spécialiste des questions djihadistes à [[France 24]] estime que {{citation|l'emploi de l'acronyme arabe “Daesh” pour désigner l'État islamique risque d’être contre-productif et se retourner contre ses inventeurs. Ceci notamment du fait qu'il se rapproche trop phonétiquement du terme de “Daes” qui désigne “celui (personne ou entité) qui foule ou écrase de son pied”}}. Le journal français ''[[Le Point]]'' a décidé pour sa part de parler d'« organisation État islamique » mais pas de « Daesh » afin de ne pas ne pas {{citation|servir la propagande des djihadistes tout en conservant notre objectivité de journaliste}}<ref>[http://www.lepoint.fr/monde/daesh-etat-islamique-la-guerre-des-noms-a-commence-22-09-2014-1865537_24.php « Daesh-État islamique : la guerre des noms a commencé »], ''Lepoint.fr'', 22 septembre 2014.</ref>.

=== Répercussions ===
L'éventualité d'une partition à terme de l'Irak est évoquée. [[Michael Hayden]], directeur de la [[National Security Agency|NSA]] de 1999 à 2005, puis de la [[Central Intelligence Agency|CIA]] de 2006 à 2009, déclare ainsi le 30 juin 2014 : {{Citation|Avec la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà pratiquement cessé d’exister. La partition est inévitable}}<ref name="RFI300614">[http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140630-irak-califat-islamique-eiil-abou-bakr-baghdadi/ « Irak : scepticisme à Bagdad après la proclamation d'un califat »], ''RFI'', 30 juin 2014.</ref>. [[Massoud Barzani]], président de la [[région autonome du Kurdistan irakien]], envisage pour sa part de soumettre à référendum l'indépendance de la région<ref>[http://www.bbc.com/news/world-middle-east-28103124 « Iraq Kurdistan independence referendum planned »], ''BBC News'', {{1er}} juillet 2014.</ref>.

=== Opinion en France, au Royaume-Uni et en Allemagne ===
En {{date||juillet|2014}}, un sondage est effectué à la demande de l'agence de presse officielle russe [[Rossiya Segodnya]] par {{Lien|ICM Research|lang=en}} au [[Royaume-Uni]], en [[France]] et en [[Allemagne]]. La question suivante est posée à {{formatnum:3007}} personnes, dont {{formatnum:1000}} au Royaume-Uni, {{formatnum:1006}} en France, {{formatnum:1001}} en Allemagne : {{Citation|De ce que vous connaissez, dites-nous si vous avez une opinion très favorable, assez favorable, assez défavorable ou très défavorable de l’État islamique en Irak et au Levant, aussi connu sous le nom d'Isis}}<ref name="Exp190814">[http://www.lexpress.fr/actualite/societe/15-des-francais-soutiennent-l-etat-islamique-un-etrange-sondage-venu-de-russie_1568756.html L'Express : ''Que penser du sondage selon lequel 15 % des Français soutiennent l’État islamique?''], par Adrien Sénécat.</ref>.
* Au [[Royaume-Uni]], 2 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 5 % assez favorable, 20 % assez défavorable, 44 % très opposée, 29 % ne connaissent pas le groupe<ref name="Exp190814"/>.
* En [[France]], 3 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 13 % assez favorable, 31 % assez défavorable, 31 % très opposée, 23 % ne connaissent pas le groupe<ref name="Exp190814"/>. En outre, selon ce même sondage, 27 % des {{Unité|18-24|ans}} ont une opinion favorable (c.à.d. très favorable ou assez favorable) de l'EI<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://rt.com/news/181076-isis-islam-militans-france/ |titre={{Lang|en|15 % of French people back ISIS militants, poll finds}} |jour=18 |mois=8 |année=2014 |site=[[RT (chaîne de télévision)|RT.com]] |consulté le=25 août 2014}}.</ref>.
* En [[Allemagne]], 0 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 2 % assez favorable, 28 % assez défavorable, 54 % très opposée, 16 % ne connaissent pas le groupe<ref name="Exp190814"/>.
Yuri Rubinsky, directeur du Centre d'études françaises à l'Institut de l'Europe ([[Académie des sciences de Russie]]), considère que ces chiffres sont directement liés à la présence de populations d'origine maghrébine et moyen-orientale dans ces pays, particulièrement en France, qui compte la plus forte population musulmane d'Europe<ref>{{Lien web |langue=en |url=http://en.ria.ru/analysis/20140815/192023477/Europeans-Forgot-2003-Invasion-of-Iraq--Analyst.html |titre={{Lang|en|Europeans Forgot 2003 Invasion of Iraq - Analyst}} |jour=15 |mois=8 |année=2014 |site=[[RIA Novosti|RIA Novosti.ru]] |consulté le=20 août 2014}}.</ref>.


== Notes ==
== Notes ==

Version du 6 octobre 2014 à 21:59

État islamique

(ar) الدولة الإسلامية (ad-dawla al-islāmiyya)

Drapeau
Drapeau de l'État islamique
Blason
Sceau de l'État islamique
Devise باقية وتتمدد (Bāqiyah wa-Tatamaddad)
Description de cette image, également commentée ci-après
Administration
Forme de l'État Émirat[1] (de 2006 à 2014)
Califat (depuis 2014) ;
Théocratie islamique ; Régime totalitaire
Revendiqué par Drapeau de l'Irak Irak
Drapeau de la Syrie Syrie
Reconnu par Aucun autre État
Calife Ibrahim
Langue officielle Arabe
Capitale Racca[2]

35° 57′ 00″ N, 39° 01′ 00″ E

Géographie
Superficie totale 215 000 km2
Fuseau horaire UTC + 3
Histoire
Entités précédentes
Indépendance Irak et Syrie
Proclamation de l'État islamique d'Irak

Renommage en État islamique en Irak et au Levant

Proclamation du califat sous le nom de l'État islamique








Démographie
Groupes ethniques Sunnites
Population totale 15 000 000 hab.
Densité 70 hab./km2
Économie
Monnaie Pétrole[3]

État islamique
Image illustrative de l’article État islamique (organisation)

Idéologie Islamisme sunnite, salafisme, djihadisme, takfirisme, anti-chiisme
Objectifs Établissement d'un califat en Irak et en Syrie
Instauration de la charia
Statut Actif
Fondation
Date de formation 2006
Pays d'origine Irak
Fondé par Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla, attentat-suicide, prise d'otages
Zone d'opération Drapeau de l'Irak Irak
Drapeau de la Syrie Syrie
Drapeau du Liban Liban [4]

Groupes vassaux :
Drapeau de l'Algérie Algérie[5],[6]
Drapeau de la Tunisie Tunisie
Drapeau des Philippines Philippines
Période d'activité 2006 jusqu'à nos jours
Organisation
Chefs principaux Abou Abdullah al-Rashid al-Baghdadi (tué en 2010)
Abou Bakr al-Baghdadi
Membres 11 000 à 13 000[7]
(en 2013)

20 000 à 75 000[8],[9],[10]
(en 2014)
Fait partie de Al-Qaïda (jusqu'en 2014)[21]
Financement Zakât, puits de pétrole, exploitation agricole, pillage de banques[11], enlèvements [12], vente d'électricité[13], financement indirect ou privé depuis le Qatar, le Koweït, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis [14],[15],[16],[17],[18]
Groupe relié Groupes vassaux :
Jund al-Khilafah
Abou Sayyaf
BIFF

Groupes alliés :
Boko Haram [19]
Tehrik-e-Taliban Pakistan [20]
Répression
Considéré comme terroriste par Algérie Arabie saoudite[22]
États-Unis[23]
Royaume-Uni[24]
Australie[25]
Canada[26]
Indonésie[27]
Tunisie[28]
Guerre d'Irak
Guerre civile syrienne

L'État islamique — en arabe الدولة الإسلامية (ad-dawla al-islāmiyya) — est une organisation armée djihadiste qui a proclamé le le rétablissement du califat sur les territoires irakiens et syriens qu'elle contrôle.

Sa création remonte à 2006, lorsqu'Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak. Le , le Conseil consultatif proclame l'État islamique d'Irak (EII), lequel se considère à partir de cette date comme le véritable État de l'Irak, puis également, à partir de 2013, de la Syrie. Initialement lié à Al-Qaïda, l'EII s'en est progressivement affranchi.

Le , l'EII devient l'État islamique en Irak et au Levant ou État islamique en Irak et al-Sham[29],[note 1]الدولة الاسلامية في العراق والشام (ad-dawla al-islāmiyya fi-l-ʿirāq wa-š-šām) —, également connu sous ses acronymes français EIIL, anglais ISIL / ISIS[30] ou arabe Da'ech / Daesh (داعش, utilisé de manière péjorative)[31],[32],[33].

Le , l'État islamique en Irak et au Levant annonce le rétablissement du califat dans les territoires sous son contrôle et Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi se proclame calife, successeur de Mahomet, sous le nom d'Ibrahim. L'organisation prend officiellement le nom d'État islamique[34] (acronyme français EI, anglais IS).

Origine et création

L'État islamique d'Irak est créé le [35],[36], par le Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak — une alliance de groupes armés djihadistes dont fait partie Al-Qaïda en Irak —, mais aussi par cinq autres groupes djihadistes irakiens[37], avec une trentaine de tribus sunnites représentant environ 70 % de la population de la province d'al-Anbar (ouest de l'Irak)[38].

Progressivement, la branche irakienne d'Al-Qaïda est absorbée dans l'État islamique ; son chef, Abou Hamza al-Mouhajer, prête d'ailleurs serment d'allégeance à Abou Omar al-Baghdadi, émir de l'État islamique d'Irak. En 2007, Ayman al-Zaouahiri annonce que « Al-Qaïda en Irak n'existe plus ». Les combattants de ce mouvement ont rejoint pour la plupart l'État islamique d'Irak[39],[40].

Relations avec Al-Qaïda

Les relations de l'EIIL avec Al-Qaïda, dirigé depuis la mort d'Oussama ben Laden par Ayman al-Zaouahiri, sont ambiguës. Bien que certaines branches locales d'Al-Qaïda en Syrie et en Irak aient fait allégeance à l'EIIL, les deux mouvements sont devenus rivaux.

Le 9 avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi déclare que le Front al-Nosra est une branche de l'État islamique d'Irak en Syrie, il annonce la fusion de EII et du Front al-Nosra pour former l'État islamique en Irak et au Levant. Mais le chef d'al-Nosra, Abou Mohammad al-Joulani, bien qu'il reconnaisse avoir combattu en Irak sous ses ordres puis d'avoir bénéficié de son aide en Syrie, ne répond pas favorablement à l'appel d'al-Baghdadi et renouvelle son allégeance à Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda[39].

En juin et en novembre 2013, Ayman al-Zaouahiri demande à l'EIIL de renoncer à ses prétentions sur la Syrie, estimant qu'Abou Bakr al-Baghdadi, « a fait une erreur en établissant l'EIIL » sans lui en avoir demandé la permission ni même l'avoir informé. Il annonce que : « L’État islamique en Irak et en Syrie (EIIL) va être supprimé, alors que l'Etat islamique en Irak (ISI) reste opérationnel. » Pour al-Zaouahiri, le Front al-Nosra demeure la seule branche d'Al-Qaïda en Syrie[41].

À son tour, al-Baghdadi rejette les déclarations d'al-Zaouahiri[39]. En réalité, l'EIIL se considère comme un État indépendant et ne souhaite prêter aucune allégeance à Al-Qaïda, ni à aucune autre structure[40].

Des divergences opposent également Al-Qaïda et l'EIIL : les premiers considèrent que le djihad doit être mené prioritairement contre les États-Unis, Israël, les pays occidentaux et leurs alliés régionaux ; de son côté, depuis le départ des Américains d'Irak, l'EIIL considère que l'ennemi principal est désormais l'Iran et les chiites[39].

En 2014 cependant, Al-Qaïda et l'EIIL entrent en conflit direct. Le 6 janvier, les rebelles syriens se révoltent contre l'EIIL, et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, prend part à l'offensive, principalement à Racca. Al-Julani, le chef d'Al Nosra, estime que l'EIIL a une forte responsabilité dans le déclenchement du conflit mais appelle à un cessez-le-feu[42]. Mais le 11 ou le 12 janvier, à Racca, l'EIIL exécute 99 prisonniers membres du Front al-Nosra et d'Ahrar al-Sham selon l'OSDH[43],[44].

Le 2 février 2014, Al-Qaïda publie un communiqué dans lequel il condamne les actions de l'EIIL et confirme que ce mouvement « n'est pas une branche d’Al-Qaïda, n'a aucun lien organisationnel » avec eux et qu'il « n'est pas responsable de ses actions »[45].

Le 4 avril 2014, Ayman al-Zaouahiri appelle à un « arbitrage indépendant en vertu de la loi islamique » afin de mettre fin aux combats qui opposent en Syrie l'État islamique d'Irak et du Levant et le Front al-Nosra. Selon Romain Caillet, chercheur à l'institut français du Proche-Orient et spécialiste de la mouvance salafiste, le projet soutenu par al-Zaouahiri aurait pour conséquence de former une seule instance juridique, placée au-dessus de toutes les autres. L'autorité de l'EIIL, sur les territoires qu'il contrôle, serait alors dissoute. C'est la principale raison pour laquelle l'EIIL, qui se voit comme un véritable État, refuse cette solution et préfère celle dite des « tribunaux conjoints », où le jury serait composé pour moitié de membres de l'EIIL et pour l'autre de la brigade plaignante[46].

Le 2 mai 2014, Ayman al-Zaouahiri donne l'ordre au Front al-Nosra de cesser de combattre d'autres groupes djihadistes et de « se consacrer au combat contre les ennemis de l'islam, en l'occurrence les Baasistes, les Chiites et leurs alliés. » Il appelle également Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'EIIL à se concentrer sur l'Irak[47]. Ces instructions ne sont pas suivies, à cette même période, la bataille de Al-Busayrah s'engage entre Al-Nosra et l'EIIL, près de Deir ez-Zor[48].

Le 12 mai, Abou Mohammed al-Adnani, chef de l'EIIL en Syrie, qualifie les messages de Ayman al-Zaouahiri de « déraisonnables, irréalistes et illégitimes ». Il déclare à ce dernier dans un enregistrement : « Vous avez provoqué la tristesse des moudjahidines et l'exultation de leur ennemi en soutenant le traître (Abou Mohammad al-Joulani, chef d'al-Nosra). Le cheikh Oussama (c'est-à-dire : Oussama ben Laden, ancien chef d'Al-Qaïda) avait rassemblé tous les moudjahidines avec une seule parole, mais vous les avez divisés et déchirés. […] Vous êtes à l'origine de la querelle, vous devez y mettre fin[49]. »

Proclamation du califat

  • Territoire contrôlé (juin 2014)
  • Territoire revendiqué
  • Reste de la Syrie et de l'Irak

Le , premier jour du ramadan, l'État islamique en Irak et au Levant annonce le rétablissement du califat et l'émir Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi est proclamé calife sous le nom d'Ibrahim. L'EIIL prend officiellement le nom d'État islamique (EI)[34]. L'EI se revendique comme le successeur des précédents califats, le dernier ayant disparu en 1924 avec le démantèlement de l'Empire ottoman[50]. Abou Mohammad al-Adnani, porte-parole de l'EI, déclare qu'il est du « devoir » de tous les musulmans du monde de prêter allégeance au nouveau calife Ibrahim : « Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion »[51].

Selon Charles Lister, chercheur associé au Brookings Doha Centre : « D'un point de vue géographique, l'État islamique est déjà parfaitement opérationnel en Irak et en Syrie. Il est en outre présent — mais caché — dans le sud de la Turquie, semble avoir établi une présence au Liban, et a des partisans en Jordanie, à Gaza, dans le Sinaï, en Indonésie, Arabie saoudite et ailleurs »[51]. Pour Shashank Joshi, du Royal United Services Institute à Londres, la proclamation du califat « ne change rien matériellement », mais « ce qui change réellement c'est (...) l'ambition » de l'État islamique, qui montre sa confiance dans sa force et défie Al-Qaïda[51].

Par cette proclamation l'EI tient à montrer sa puissance et menace le leadership d'Al-Qaïda sur les mouvements armés djihadistes salafistes. Pour Charles Lister : « Tous les groupes liés à Al-Qaïda et les mouvements djihadistes indépendants vont devoir décider s'ils soutiennent l'État islamique ou s'ils s'opposent à lui »[52]. Dans un communiqué, l'EI ordonne à Al-Qaïda et aux groupes armés islamistes de se soumettre à son autorité[50]. Plus généralement, l'EI déclare qu'Abou Bakr al-Baghdadi est devenu le « chef des musulmans partout » dans le monde[53].

Cette déclaration est cependant rejetée par les rebelles syriens du Front islamique et les djihadistes du Front al-Nosra qui déclarent considérer cette proclamation du califat « comme nulle et non avenue, légalement et logiquement »[54].

De leur côté, les États-Unis affirment que « cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie »[51]. L'éventualité d'une partition à terme de l'Irak est cependant évoquée. Michael Hayden, directeur de la NSA de 1999 à 2005, puis de la CIA de 2006 à 2009, déclare ainsi le 30 juin : « Avec la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà pratiquement cessé d’exister. La partition est inévitable »[55]. Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien, envisage pour sa part de soumettre à référendum l'indépendance de la région[56].

Expansion territoriale de l'État islamique, en Syrie

L'État islamique appelle tous les autres mouvements djihadistes à lui prêter allégeance. L'État islamique fait aussi de Mossoul (est de l'Irak) une sorte de capitale religieuse et intellectuelle, alors que Racca (chef-lieu de province dans le centre de la Syrie) devient sa capitale politique et militaire implantée au sein des nouveaux territoires syriens conquis[57] :

Modèle:Message galerie En juillet 2014, en Syrie, l'État islamique contrôle principalement la campagne orientale du gouvernorat d'Alep[58], le gouvernorat de Racca et celui de Deir ez-Zor[59],[60], ainsi qu'une partie de celui d'Hassaké[61]. Il a ensuite consolidé ses annexions et s'est étendu vers le sud en direction de la frontière jordano-irakienne et vers le nord sur une partie du Kurdistan syrien (en direction de la frontière turque)[2],[62].

Expansion territoriale de l'État islamique, en Irak

En début du mois d'août, en Irak, les djihadistes de l'État islamique avancent rapidement vers le nord-est et occupent les provinces pétrolières et gazières de Ninawa, de Salah ad-Din et d'Al-Anbar. Ils s'emparent ensuite de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak (près de Mossoul). En urgence, le Conseil de sécurité de l'ONU est alors mis en alerte par les pays occidentaux qui désirent aider les chrétiens irakiens et préserver certains intérêts économiques.

À la mi-septembre 2014, après quelques envois d'aides humanitaires, une alliance américano-française bombarde par les airs, des véhicules et sites de l'État islamique. Sur l'impulsion officielle du ministre Laurent Fabius, l'État islamique est délégitimé par l'emploi de l’appellation arabe « Daesh »[63].

Pour contrer les bombardements occidentaux, les djihadistes d'État islamique se redéploient périodiquement. Ils laissent la gestion administrative et policière des villages et villes prises à des personnalités locales et à des administrateurs civils formés et compétents. Alors que les militaires djihadistes nomadisent aux frontières d'un territoire conquis étendu à la taille du Royaume-Uni (environ 25% de la Syrie, pour 45.000 km2 et 40% de l'Irak, pour 170.000 km2). Leurs camps d'entrainement se déplacent sans cesse. Ils ont aussi évacué les dépôts d'armes de certaines de leurs bases militaires, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest de la Syrie), selon l'OSDH[64].

En fin de septembre 2014, près de 12 000 combattants étrangers venus de 74 pays (dont 3 000 européens) auraient rejoint en Irak et en Syrie, l'État islamique et plusieurs organisations extrémistes. Selon le Centre international d'Etude de la radicalisation (basé à Londres), cela représente la plus forte mobilisation étrangère depuis la guerre d'Afghanistan (années 1980). L'État islamique compterait maintenant dans ses rangs entre 30 000 (selon la CIA, au total) et 50 000 membres combattants (selon OSDH, pour la seule Syrie)[65].

Effectifs

Nombre total de combattants

En mai 2014, Christophe Ayad, journaliste au Monde, évalue les forces de l'EIIL à environ 10 000 hommes en Irak et 7 000 à 8 000 en Syrie[66].

Début 2014, Charles Lister, chercheur au Brookings Doha Centre, estime que l'EIIL compte de 5 000 à 6 000 combattants en Irak et de 6 000 à 7 000 en Syrie[7].

Selon Romain Caillet, le mouvement compte 8 000 à 10 000 hommes en Irak[67]. Il précise : « En Irak, il s'agit à 90 % d'Irakiens, tandis qu'en Syrie on a 50 % de combattants locaux auxquels s'ajoutent des étrangers venus du Maghreb, du Golfe, de la diaspora tchétchène et des Occidentaux venus d'Europe ou des États-Unis »[68]. Parmi ces djihadistes étrangers se trouvent des personnes venant de pays musulmans (Pakistan, Tchétchénie, Indonésie) qui représente 10 % des combattants en Syrie, mais on dénombres aussi des djihadistes européens qui viennent surtout de Belgique, de France et du Royaume-Uni (ils sont environ 2000)[69].

En juillet cependant, Romain Caillet revoit ces estimations à la hausse, il déclare « Avant la prise de Mossoul, l'EI comptait environ 20 000 hommes, en Syrie et en Irak. Étant donné qu'il a libéré de nombreux prisonniers et qu'il a bénéficié de ralliements, il a sans doute environ 25 000 hommes à l'heure actuelle »[70].

Début juillet 2014, le journal britannique The Daily Telegraph indique que selon Hisham al-Hashimi, un analyste irakien ayant eu accès à des documents de l'État islamique saisis par les forces de sécurités irakiennes, environ 25 000 combattants auraient prêté allégeance en Irak à l'État islamique[9].

En août 2014, Yves Boyer, professeur de relations internationales à l'École polytechnique et directeur-adjoint à la FRS, estime entre 20 000 et 30 000 le nombre des combattants de l'EI[71].

Le 19 août 2014, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirme que les effectifs de l'État islamique sont désormais de 50 000 hommes en Syrie. Parmi ceux-ci 20 000 sont étrangers et 6 000 ont été recrutés pour le seul mois de juillet[10].

Vers le milieu de l'année 2014, la CIA estime les forces de l'EI à 20 000 à 31 000 combattants en Syrie et en Irak[8].

Armements

L'organisation aurait récupéré 3000 Humvee

Selon Jean Yves Le Drian cette organisation disposerait de 3000 Humvee, 50 chars lourds, 150 blindés légers et 60 000 armes individuelles [72]

Combattants étrangers

L'EI compte nombre de combattants étrangers, pour le Département d'État des États-Unis, 12 000 volontaires venus de 50 pays ont combattu au sein du mouvement de 2011 à 2014, dont une centaine d'Américains. En août 2014, l'OSDH indique que les combattants étrangers qu'il évalue à 20 000 viennent principalement des pays du Golfe, de Tchétchénie, d'Europe ou même de Chine[73].

Selon Khalid Mahmoud, membre travailliste du Parlement britannique, en août 2014, au moins 1 500 musulmans britanniques ont été recrutés pour combattre en Syrie et en Irak depuis de début de la guerre civile syrienne en mars 2011, tandis que seulement 600 musulmans font partie de l'armée du Royaume-Uni[74],[75]. À cette date cependant, les estimations du gouvernement du Royaume-Uni sur le nombre de sujets britanniques combattants en Irak et en Syrie sont de 400 à 500[76].

En août 2014, selon le Ministère français de l'Intérieur, 800 hommes de nationalité française combattent au sein de l'EI en Syrie et en Irak. Cependant Fabrice Balanche, géographe à l'Université Lumière Lyon-II, estime que ce nombre est sous-évalué et que l'EI compte 1 000 djihadistes français en 2013, puis de 2 000 l'année suivante[73].

Selon des données compilées par l'hebdomadaire britannique The Economist, en , l'État islamique compte en Syrie environ 12 000 volontaires venus du monde musulman, dont 3 000 Tunisiens, 2 500 Saoudiens, 2 089 Jordaniens, 1 500 Marocains, 890 Libanais, 550 Libyens, 400 Turcs, 358 Égyptiens, 247 Irakiens, 186 Tchétchènes, 114 Palestiniens et 71 Koweïtiens. Plus 3 000 autres combattants viennent de l'Occident dont 700 Français, 400 Britanniques, 270 Allemands, 250 Belges, 250 Australiens, 120 Néerlandais, 100 Danois, 70 Américains, 60 Autrichiens, 50 Norvégiens, 30 Irlandais et 30 Suédois. Ces estimations sont cependant faites avant la proclamation du califat ; par la suite, les effectifs de l'État islamique augmentent sensiblement[77],[78].

Parmi les étrangers ayant combattu au sein de l'État islamique figurerait le Franco-Algérien Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique, le . Il aurait également été à la garde des otages en Syrie et est accusé d'actes de torture[79],[80],[81].

Une partie de recrutement s'effectuerait en centre de détention, notamment par l'intermédiaire de l'association Sanâbil[82].

C'est pour lutter contre le départ de près de 1 000 ressortissants français que le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve présente un projet de loi « renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme »[83]. Le rapporteur de ce projet de loi est le député socialiste des Hauts-de-Seine Sébastien Pietrasanta[84].

Organisation

Les documents analysés par Hisham al-Hashimi ont également permis une meilleure connaissance de l'organisation interne du groupe[85]. Autour d'Abou Bakr al-Baghdadi, sept hommes composent le « gouvernement » de l'État islamique en Iraq et au Levant :

  • Abou Abdul Kadr (Shawkat Hazem al-Farhat), en charge de l'encadrement ;
  • Abou Mohamed (Bashar Ismail al-Hamdani), en charge des prisonniers ;
  • Abou Louay/Abou Ali (Abdul Wahid Khutnayer Ahmad), en charge de la sécurité ;
  • Abou Salah (Muafaq Mustafa Mohammed al-Karmoush), en charge des finances des provinces irakiennes ;
  • Abou Hajar al-Assafi (Mohammed Hamid al-Duleimi), en charge de la coordination entre les provinces et courrier ;
  • Abou Kassem (Abdullah Ahmed al-Meshedani), en charge de l'accueil des combattants arabes et étrangers, notamment de leur logement, et peut-être du transport des kamikazes ;
  • Abou Abdul Rahman al-Bilawi (Adnan Ismail Najem Bilawi), ancien capitaine de l'armée irakienne sous Saddam Hussein, chef du conseil militaire pour les provinces irakiennes ; tué le 5 juin 2014 à Mossoul.

Deux adjoints se partagent les affaires syriennes et irakiennes :

  • Abou Ali al-Anbari, ancien général de l'armée de Saddam Hussein sans doute originaire de Mossoul, en charge des opérations en Syrie ;
  • Abou Muslim Al-Turkmani (Fadel Ahmad Abdullah al-Hiyali), en charge de la gestion des provinces irakiennes, sous l'autorité duquel se trouvent les six gouverneurs :
    • Abou Nabil (Wissam Abed Zaid al-Zubeidi), gouverneur de la province de Salah ad-Din ;
    • Abou Fatma (Nena Abed Naif al-Jubouri), gouverneur de la province de Kirkouk ;
    • Abou Fatma (Ahmed Mohsin Khalal al-Jihaishi), gouverneur de l'Euphrate central et méridional ;
    • Abou Jurnas (Rathwan Talib Hussein Ismail al-Hamduni), gouverneur des zones frontalières ;
    • Abou Abdul Salem/Abou Mohammed al-Sweidawi (Adnan Latif Hamid al-Sweidawi), ancien lieutenant-colonel de l'armée de Saddam Hussein, gouverneur de la province d'Anbar et membre du conseil militaire ;
    • Abou Maysara (Ahmed Abdul Kader al-Jazza), gouverneur de la province de Bagdad.

Existe également un conseil de guerre, composé de trois membres :

  • Abou Shema (Fares Reif al-Naima), en charge des magasins ;
  • Abou Suja (Abdul Rahman al-Afari), originaire de Tall Afar, en charge des affaires des martyrs et des femmes ;
  • Abou Kifah (Khairy Abed Mahmoud al-Taey), en charge des attentats par engin explosif improvisé (EEI/IED).

Financement et soutiens

Jusqu'en 2013, lors de la guerre civile syrienne, l'EIIL bénéficie du soutien financier de l'Arabie saoudite, et d'autres pays du Golfe, mais ce soutien cesse en janvier 2014 lorsque l'EIIL entre en guerre contre les autres groupes rebelles syriens du Front islamique, du Front al-Nosra et de l'Armée syrienne libre, qui sont également financés par les pays du Golfe[86]. En mars 2014, l'Arabie saoudite classe l'État islamique comme « organisation terroriste »[87].

Depuis, l'EIIL n'est soutenu par aucun État de cette région ; le groupe reçoit une aide financière de la part de riches donateurs individuels, pour la plupart originaires des pays du Golfe. L'organisation aurait également mis en place des collectes caritatives dont elle détournerait les fonds[88]. Elle contrôle des puits de pétrole en Syrie et organise des trafics d'armes et de carburant. Ses combattants lèvent des impôts dans les zones placées sous leur contrôle et pratiquent occasionnellement vols, kidnappings et extorsions de fonds. Selon le Council on Foreign Relations et le Washington Post, l'EIIL récoltait en un mois 8 millions de dollars, soit près de 100 millions de dollars par an[7]. L'État islamique gagnait 1 à 3 million de dollars par jour rien qu'avec la contrebande de pétrole[89],[87]. Ce pétrole, vendu bon marché, est racheté principalement par la Turquie, mais aussi parfois par la Syrie ou par les Kurdes[90].

Selon The Guardian et The New York Times, l'EI pratique également le trafic d'œuvres d'art. Les pillages dans la région d'al-Nabuk lui auraient apporté à eux seuls l'équivalent de 28 millions d'euros[87].

La Turquie est également accusée par certains mouvements politiques et des journalistes de soutenir l'État islamique : de 2012 à septembre 2014, « la Turquie a mené une politique de soutien aux groupes qui combattaient les Kurdes et le régime de Bachar Al-Assad, dont plusieurs organisations djihadistes. Elle les laissait notamment transiter par son territoire, qui leur sert également de base de repli, et en facilitant le passage d'armes et d'équipements. Pour de nombreux observateurs, cette dynamique permissive a directement favorisé l'essor de l'EI sur ce territoire[91] » ; selon Daniel Pipes, journaliste américain pour le Washington Times « les Turcs ont offert bien plus qu'un passage aisé de la frontière : ils ont fourni le gros des fonds, de la logistique, de l'entraînement et des armes de l'EIIL. Les Turcs résidant non loin de la frontière syrienne parlent d'ambulances turques se rendant dans les zones de combats entre les Kurdes et l'EIIL pour évacuer les blessés de l'EIIL vers des hôpitaux turcs »[92]. En Turquie, le Parti républicain du peuple accuse également le gouvernement de soutenir l'EI[93]. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan nie cependant toute alliance avec les groupes armés islamistes en Syrie et en Irak[94].

Pour Mathieu Guidère, aucun État ne soutient l'État islamique, il affirme en juin 2014 que « personne ne laissera les jihadistes » constituer un État islamique à cheval sur l'Irak et la Syrie, « ni l'Iran, ni la Turquie, ni la Syrie ne laisseront faire »[95].

Le , après la prise de Mossoul, l'EIIL s'empare des réserves d'argent liquide des banques de la ville, soit 425 millions de dollars[96]. Selon Mathieu Guidère, cet argent représenterait la capacité d'accueil du système bancaire local et non pas la somme saisie par des djihadistes : « l'argent n'est pas directement dans leurs mains, mais dans celles de leurs alliés de la tribu des Shammar, dont est issu le gouverneur de la banque centrale de Mossoul » qui a assuré ne pas détenir le tiers de cette somme[88]. D'autres banques irakiennes sont pillées et, en juin 2014, l'EIIL dispose d'un capital de plus de 2,3 milliards de dollars, ce qui en fait le groupe terroriste le plus riche au monde[67]. Il dépasse les Talibans afghans (400 millions de dollars), le Hezbollah (entre 200 et 500 millions de dollars) et les FARC (entre 80 et 350 millions de dollars)[97].

Actions

Irak

Selon The New York Times qui se base sur la Global Terrorism Database, l'État islamique commet en Irak 1 452 attentats de 2004 à 2013, dont 51 en 2004, 58 en 2005, 5 en 2006, 56 en 2007, 62 en 2008, 78 en 2009, 86 en 2010, 34 en 2011, 603 en 2012 et 419 en 2013[98].

L'ambition de l'EII provoque toutefois des tensions et des affrontements avec d'autres groupes armés rebelles comme l'Armée islamique en Irak, la Brigade de la Révolution de 1920 ou Ansar al-Sunnah[99]. Un bref cessez-le-feu annoncé en juin 2007 avec l'Armée islamique en Irak s'est ainsi dissout à la suite d'affrontements dans la région de Samarra (125 km au nord de Bagdad) en octobre et novembre 2007[100]. Plusieurs dirigeants de l'Armée islamique se seraient même alliés avec le Pentagone, en 2007, pour contrer l'influence d'Al-Qaïda en Irak[101]. C'est grâce à ce soutien que la province d'Al-Anbar passe en septembre 2008 sous le contrôle du gouvernement irakien.

Le , Abou Omar al-Baghdadi est tué par les forces américaines et irakiennes, ainsi que Abou Hamza al-Mouhajer, l'ancien chef d'Al-Qaïda en Irak devenu par la suite ministre de la guerre de l'EII. Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi prend la tête de l'organisation[39],[102].

Le , l'EIIL publie un rapport de 400 pages sur ses opérations en Irak entre novembre 2012 et novembre 2013 : il revendique notamment 1 083 assassinats, 4 465 explosions d'engins piégés, huit villes conquises et plusieurs centaines de prisonniers délivrés[103].

En 2014, l'EIIL, soutenu par des tribus sunnites, s'empare de plusieurs villes stratégiques en Irak — Falloujah[104] est conquise le 4 janvier, puis Mossoul le 9 juin[105], ville de près deux millions d'habitants — et menace Kirkouk[106] riche en gisement pétrolier. Selon le professeur de sciences politiques Aziz Jabr, cette progression rapide pourrait avoir été facilitée par l'infiltration de rebelles au sein des forces armées[107]. La politique sectaire du premier ministre chiite Nouri al-Maliki provoque également l'insurrection de tribus sunnites[108]. Une bonne partie des 500 000 réfugiés civils, ainsi que 10 000 militaires irakiens, trouvent refuge au Kurdistan irakien, dont le territoire reste solidement gardé par les Peshmerga[109],[110].

Dés le 11 juin, Mossoul, l'État islamique en Irak et au Levant rend publique une charte de 16 articles régissant la vie à l'intérieur de la ville. Parmi ces points, il menace ses opposants de « l'exécution, la crucifixion, l'amputation des bras ou (et) des jambes, ou l'exil » (article 5). L'alcool, le tabac et les drogues sont interdits (article 8). Les manifestations publiques, considérées comme contraires à l'islam sont interdites (articles 10). L'EIIL promet également la destruction des statues édifiées avant l'avènement de l'islam (article 13). Les femmes ne peuvent sortir que vêtues d'un niqab et accompagnées d'un membre de leurs familles (article 14). De plus l'EIIL rétablit également le statut de dhimmi pour les chrétiens de Mossoul, ces derniers doivent notamment payer un impôt spécial de 250 dollars par mois[111].

L'EIIL s'empare également de l'ouest de la province de Kirkouk, et du nord de la province de Salah ad-Din. Les insurgés s'emparent également d'Al-Qa'im et de son poste-frontière le 21 juin, puis de Tall Afar le 23[112],[113].

Le 7 août 2014, l'avancée de l'EI menace Erbil, ce qui conduit Barack Obama à décider une intervention aérienne[114],[115]. Au 10 septembre 2014, le département de la défense des États-Unis annonce un total de 154 frappes sur 212 cibles[116]. D'autres pays rejoignent par la suite la coalition et en septembre la France, l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark et la Belgique engagent à leur tout leurs aviations.

Syrie

À partir de 2013, l'État islamique en Irak et au Levant intervient dans la guerre civile syrienne. De nombreux combattants d'al-Nosra et la plupart des djihadistes étrangers rallient ce mouvement[39]. Il s'implante surtout dans le nord du pays, en particulier à Jerablus et Racca et dispose de 7 000 hommes[39].

Parmi les combattants étrangers qui rejoignent l'EIIL figurent notamment des hommes du Tehrik-e-Taliban Pakistan. En juillet 2013, ce mouvement annonce l'envoi en Syrie de plusieurs centaines de combattants. Beaucoup rejoignent l'EIIL, d'autres le Front al-Nosra ou bien Jaish al-Islam, une brigade salafiste du Front islamique[117],[118].

Les forces de l'EIIL en Syrie sont commandées par Abou Mohammed Al-Adnani[119]. Un autre chef important, l'Irakien Chaker Wahiyib al-Fahdaoui combat également en Syrie, sa présence étant révélée en août 2013 après la publication d'une vidéo où il exécute à visage découvert trois chauffeurs routiers alaouites[120].

Initialement, l'EIIL jouit d'une certaine popularité, notamment en distribuant de l'aide alimentaire à la population, cependant le groupe se distingue rapidement par sa violence. À plusieurs reprises, des soldats alaouites sont exécutés sur la place publique par les combattants djihadistes[119]. Selon plusieurs observateurs occidentaux, l'EIIL est considéré comme plus extrémiste encore que le Front al-Nosra[40].

Cependant les ambitions de l'EIIL et sa radicalité lui attirent progressivement l'hostilité des autres mouvements rebelles syriens. En novembre 2013, un combattant d'Ahrar al-Sham est décapité par des djihadistes de l'EIIL qui le prennent pour un chiite, le porte-parole du mouvement présente ensuite ses excuses[121]. Mais dans les premiers jours de janvier 2014, la mort de Hussein al-Suleiman, un médecin respecté, et d'un commandant d'Ahrar al-Sham, exécuté par l'EIIL après avoir été torturé, met le feu aux poudres[122],[123]. En réaction, dans les premiers jours de , plusieurs groupes armés attaquent les forces de l'État islamique en Irak et au Levant. Les mouvements qui participent à cette offensive sont : le Front islamique, le plus puissant mouvement rebelle de Syrie, le Front Révolutionnaire syrien qui regroupe plusieurs brigades de l'Armée syrienne libre et l'Armée des Moujahidines[124]. Le Front al-Nosra prend également part à l'offensive, mais initialement de façon moins agressive et appelle à un cessez-le-feu[125],[40].

De son côté Abou Mohammed al-Adnani, chef de l'EIIL en Syrie, appelle ses hommes à anéantir les rebelles et déclare à ces derniers : « Aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin ». Le mouvement se considère désormais également en guerre contre le Conseil national syrien : « Chaque membre de cette entité est une cible légitime pour nous, à moins qu'il ne déclare publiquement son refus de (...) combattre les moudjahidines »[126].

En février 2014, l'EIIL est chassé du gouvernorat de Deir ez-Zor par le Front Al-Nosra, le Front islamique et d'autres brigades rebelles[127]. Il reprend cependant l'ouest de la province au début du mois de mai[128]. Vers mi-mai, l'EIIL lance une offensive depuis le gouvernorat de Racca avec 3 000 hommes en vue de s'emparer de la ville de Deir ez-Zor[129].

Le 25 juin 2014, Abou Youssouf al-Masri, commandant du Front al-Nosra à Abou Kamal, fait défection et rallie l'EIIL avec ses hommes[130].

Le 3 juillet 2014, l'État islamique hisse son drapeau sur la ville de Mayadeen. La ville est tombée entre ses mains face à ce qui semble être une débâcle du Front al-Nosra et des autres groupes rebelles de la région de Deir ez-Zor. Cela fait suite à l'allégeance de certaines tribus locales envers l'État islamique. Une partie des rebelles islamistes a suivi, à son tour, ce changement d'allégeance[131].

Le 14 juillet 2014, l'État islamique aurait, selon l'OSDH, pris le contrôle de 95 % à 98 % de la province de Deir ez-Zor, les autres groupes rebelles s'étant retirés ou ayant décidé de faire allégeance ; la partie de la ville de Deir ez-Zor jusqu'alors tenue par les rebelles du Front al-Nosra, environ 50 % de la ville, passe sous le contrôle de l'EI[132].

La nuit du 22 au 23 septembre, soit quelques semaines après les premières frappes en Irak, les forces aériennes des américaine, de l'Arabie saoudite, de la Jordanie des Émirats arabes unis, du Qatar et du Bahreïn interviennent pour la première fois en Syrie et commencent une campagne de bombardements contre l'État islamique[133]. Selon l'OSDH, 70 à 150 djihadistes de l'EI sont tués dans ces frappes et 200 à 300 sont blessés[134].

Exactions et massacres

Mouvement particulièrement violent, l'État islamique est responsable de nombreux massacres. Il est accusé par l'ONU, la Ligue arabe, les États-Unis et l'Union européenne de crimes de guerre, de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité[135],[136],[137].

En Irak, l'EIIL commet régulièrement des attentats contre les populations civiles, essentiellement les chiites. Selon l'ONU, les attentats de l'EIIL font 6 000 morts de mars à novembre 2013[99].

Selon le politologue Ziad Majed, 400 personnes, en majorité des rebelles sunnites, ont été exécutés par l'EIIL en 2013 en Syrie et 1 000 à 1 200 ont été faits prisonniers. L'EIIL détient également plusieurs otages occidentaux, mais ne réclame aucune rançon, son objectif serait plutôt de se prémunir d'éventuelles attaques[122].

En 2014, quelques exécutions par crucifiement ont également été rapportées par des témoins, certaines sont même revendiquées par l'EIIL[138].

Le 10 juin, après sa victoire à la bataille de Mossoul, l'État islamique s'empare de la prison de Badoush et massacre 670 prisonniers chiites[139].

Le 13 juin, l'EIIL revendique le massacre de 1 700 prisonniers chiites de l'armée irakienne à Tikrit[140],[141]. Selon Human Rights Watch, entre 160 et 190 hommes, au moins, y ont été exécutés entre le 11 et le 14 juin. Elle précise cependant que le nombre total des victimes pourrait être beaucoup plus élevé[142],[143]. Le 14 juin, un compte Twitter considéré comme proche de l'EIIL publie des photographies d'exécutions de prisonniers ; elles montrent des dizaines de corps fusillés dans des fosses communes par les rebelles djihadistes, les cadavres ont les mains liés et sont vêtus d'habits civils[144]. Selon Adrien Jaulmes, reporter pour Le Figaro : « Ces séries de photos sont sans doute le premier cas dans l'histoire où un crime de masse est ainsi documenté et mis en scène par ses auteurs, comme s'il s'agissait d'un glorieux fait d'armes »[145].

Le , un groupe se présentant comme la « branche Palestine-Cisjordanie » de l'État islamique en Irak et au Levant, revendique notamment l'enlèvement de trois adolescents israéliens, près de Goush Etzion et dont les corps sont retrouvés le 30 juin, près de Hébron. C'est la première fois qu'un groupe réclamant de l'EIIL se manifeste en Palestine[146].

Selon Human Rights Watch, au moins 40 chiites turkmènes, dont des enfants, ont été massacrés le 16 juin dans quatre localités proches de la ville de Kirkouk[147].

Le soir du 17 juillet, une jeune veuve de 26 ans accusée d'« adultère » est lapidée à Tabqa, près de Racca ; selon l'OSDH, c'est la première exécution de ce type commise en Syrie par l'État islamique. Le lendemain, une deuxième femme subit le même sort à Racca[148],[149].

Le 10 août, le ministre irakien des Droits de l'homme, Mohamed Chia al-Soudani, accuse les djihadistes de l'État islamique d'avoir tué au moins 500 membres de la minorité religieuse yazidie depuis le début de leur offensive dans le nord de l'Irak[150]. Le 15 août, les forces de l'EI attaquent le village de Kocho, majoritairement peuplé de Yézidis, massacrent au moins 81 hommes et capturent les femmes et les enfants[151],[152].

En août 2014, dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, en Syrie, les Chaïtat se révoltent contre l'État islamique. Les forces de l'EI répliquent en massacrant en deux semaines 700 membres de cette tribu, dont 600 civils. 300 personnes sont notamment tuées en une journée à Ghraneidj[153],[154],[155].

Le 19 août, en représailles aux bombardements effectués par les États-Unis en Irak, l'État islamique affirme avoir décapité un otage américain, le journaliste James Foley, enlevé au nord de la Syrie le 22 novembre 2012[156],[157]. Le 2 septembre, l'État islamique revendique l'exécution par décapitation de son deuxième otage américain, également de nationalité israélienne, Steven Sotloff, un journaliste capturé le 4 août 2013 à Alep[158]. Le 13 septembre, l'EI annonce la décapitation d'un troisième otage, David Cawthorne Haines, un travailleur humanitaire britannique enlevé le 12 mars 2013 près d'Atmeh, non loin de la frontière turque[159],[160],[161]. Puis le 3 octobre, Alan Henning, un humanitaire britannique, est exécuté à son tour[162].

Les 27 et 28 août, après la bataille de Tabqa, les djihadistes de l'État islamique exécutent 160 à 200 prisonniers de l'armée syrienne[163].

Le 2 septembre 2014, Amnesty International publie un rapport accusant l'organisation terroriste l'État islamique de mener « une campagne systématique de nettoyage ethnique » dans le nord de l'Irak et également de se livrer à des exécutions de masse. S'appuyant sur des témoignages « horrifiques » de survivants, Amnesty accuse les djihadistes de « crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires de masse et des enlèvements visant systématiquement les minorités du Nord irakien, notamment les chrétiens, les Turcomans chiites et les Yazidis ». Dans ce rapport intitulé « Nettoyage ethnique dans des proportions historiques », Amnesty affirme avoir « des preuves que plusieurs tueries de masse, et des centaines, peut-être des milliers d'enlèvements, ont eu lieu en août dans la région de Sinjar »[164].

Structure de l'« État »

À la tête de cet « État » est Abou Bakr al-Baghdadi, auto-proclamé « calife Ibrahim ». « [C]hef religieux et politique du territoire de l’EI », il exerce à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Il est secondé par deux anciens généraux irakiens : « Abu Muslim al-Turkmani, qui régit les opérations en territoire irakien, et Abu Ali al-Anbari, qui s’occupe du territoire syrien ». Le pouvoir exécutif comprend également un « cabinet », qui « conseille al-Baghdadi à propos des décisions de l’État » ; sa composition reste méconnue. Pour l'exercice du pouvoir judiciaire, le calife est appuyé par un « conseil consultatif »[165].

Il n'y a pas de pouvoir législatif, l'État islamique considérant que « la loi islamique est la seule loi applicable »[165].

Au plan administratif, l’État islamique dispose de réelles « structures bureaucratiques ». Il se divise en « sept vilayets, ou provinces », chacune étant dotée d'un gouverneur. S'appuyant à leur tour sur des dirigeants locaux, ils assurent le maintien des services publics et de l'ordre quotidien (« bureau de poste, […] contraventions de stationnement »…). Ainsi, selon le Huffington Post, si l'État islamique ne peut être considéré comme un « État légitime », « [a]vec son nombre de conseils en charge des finances, des stratégies média et de l’action militaire, c’est une société civile semi-fonctionnelle qui impose des lois brutales et sévères à toute la population »[165].

Population

La population du gouvernorat de Racca — l'un des deux gouvernorats de Syrie presque entièrement contrôlé par l'EI — est l'une des plus pauvre de Syrie. Elle compte un tiers d'analphabètes, un taux de fécondité de 8 enfants par femme et plus de 50% de sa population active travaille dans l'agriculture[166].

Pour séduire la population, les djihadistes distribuent de la nourriture aux habitants, des mesures sont prises pour faire vendre le pain à prix modique et l'eau est fournie gratuitement[166].

Politique intérieure

L'État islamique est un État théocratique autoproclamé qui prône un régime basé sur une interprétation rigoureuse de la charia, la loi islamique. Il est dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi qui s'est proclamé « calife » et appelle tous les sunnites à lui prêter allégeance. L'EI rejette la démocratie, la laïcité et le nationalisme, qualifiés d'« ordures de l'Occident »[51]. Depuis le départ des Américains d'Irak, l'EI considère l'Iran comme son principal ennemi et se montre particulièrement hostile aux chiites[167].

Le , à Mossoul, l'État islamique en Irak et au Levant rend publique une charte de 16 articles régissant la vie à l'intérieur de la ville. Parmi ces points, il menace ses opposants de « l'Homicide, la crucifixion, l'amputation des bras ou (et) des jambes, ou l'exil » (article 5). L'alcool, le tabac et les drogues sont interdits (article 8). Toutes les manifestations publiques, considérées comme contraires à l'islam, sont interdites (article 10). L'EIIL promet également la destruction des statues édifiées avant l'avènement de l'islam (article 13). Les femmes ne peuvent sortir que vêtues d'un niqab et accompagnées d'un membre de leur famille (article 14)[168].

L'EI rétablit également le statut de dhimmi pour les chrétiens, les juifs et les zoroastriens, qui est un « pacte » de protection qui leur reconnaît des droits et des devoirs spécifiques, différents des musulmans. À Mossoul, la minorité chrétienne doit notamment payer le djizîa, un impôt spécial équivalent à 250 dollars par mois et par personne[169]. Selon le patriarche chaldéen Louis Sako, la population chrétienne de Mossoul au début du mois de juillet de l'année 2014 est de 25 000 personnes[170].

Cependant dans le nord de l'Irak, les chrétiens, les Turkmènes, les Shabaks et les Yézidis sont victimes d'exactions de la part de l'EI. À Mossoul, environ 200 membres des minorités sont enlevés en juin et en juillet et au moins 11 sont assassinés. Selon Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch : « Le simple fait d’être un Turkmène, un Shabak, un Yézidi, ou un chrétien dans la région contrôlée par l’EIIL peut signifier la perte d’un emploi, de la liberté ou même de la vie »[171].

Le soir du 17 juillet, l'Archevêché syriaque catholique de Mossoul est incendié par les djihadistes[172] Le 18 juillet à Mossoul, l'EI lance un ultimatum aux habitants chrétiens. Les djihadistes s'adressent à ceux qui refusent de se convertir à l'islam ou de payer le djizîa et leurs ordonnent de quitter la ville avant le lendemain, faute de quoi ils seront mis à mort. Dans un communiqué distribué à Mossoul, l'EI déclare : « Nous leur proposons trois choix : l'islam, la dhimma et, s'ils refusent ces deux choix, il ne reste que le glaive ». Cette annonce provoque l'exode de nombreux chrétiens en direction de Dahuk et Erbil, dans le Kurdistan irakien[170],[173].

L'EI commet également des destructions contre des sites religieux considérés comme « hérétiques ». Le 24 juillet, à Mossoul, la tombe du prophète Jonas, construite entre le IVe et le VIIIe siècle, est détruite[174],[175].

Près de 2 000 jeunes filles ou femmes yézidies seraient détenues par l’État islamique[176]. Selon Myriam Benraad, politologue française spécialiste de l’Irak, « Pour l’État islamique les femmes doivent être assujetties et déshumanisées. Les combattants les considèrent comme des objets commerciaux et sexuels. Ils les capturent, les enferment et en font des butins de guerre. Dans le califat proclamé, la femme n’est pas une citoyenne, mais une esclave domestique et sexuelle à la merci de son mari. »[177]. Selon le témoignage d'une famille habitant Mossoul et réfugiée à Paris, 700 femmes yézidies ont été vendues le 16 août 2014 sur la place publique au prix moyen de 150 dollars[178].

L'EI entend aussi imposer ses vues en matière d'enseignement. Dans les territoires qu'il contrôle, il a déjà interdit des cours d'histoire, de philosophie et de chimie. L'enseignement des théories de Charles Darwin est prohibé et sous prétexte « d'éliminer l'ignorance » la biologie moderne est bannie des salles de classe au profit des « sciences religieuses »[179].

Rapports avec l'extérieur

Dans un message publié le 22 septembre 2014, Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l'État islamique appelle au meurtre des citoyens des pays de la Coalition : « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen — en particulier les méchants et sales Français — ou un Australien ou un Canadien, ou tout (...) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière. Si vous ne pouvez pas trouver d'engin explosif ou de munitions, alors isolez l'Américain infidèle, le Français infidèle, ou n'importe lequel de ses alliés. Écrasez-lui la tête à coups de pierres, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le[180],[181]. »

Reconnaissance

La déclaration du califat du 29 juin 2014 est rejetée par les rebelles syriens du Front islamique et les djihadistes du Front al-Nosra qui déclarent considérer cette proclamation « comme nulle et non avenue, légalement et logiquement »[182].

Le 1er juillet, le gouvernement des États-Unis réagit et affirme que « cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie »[51].

Le , Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) publie un communiqué dans lequel il rejette le califat de l'EI. Il dénonce une proclamation faite « sans consultation avec les chefs des moujahidines » et demande à l'EI quel sort il réserve aux émirats autoproclamés, comme l'Émirat islamique d'Afghanistan et l'Émirat islamique du Caucase. AQMI déclare « vouloir un califat, dans la voie de la prophétie, sur la base de la choura (la consultation), et qui cherche à unir les musulmans et à épargner leur sang »[183]. Cependant en septembre, un groupe de combattants menés par Gouri Abdelmalek, dit Khaled Abou Souleïmane, émir de la région centrale en Algérie, fait scission d'AQMI et rallie l'EI. Le groupe se baptiste Jund al-Khilafa (« Les Soldats du califat »)[184]. Quelques jours plus tard, la katiba Okba Ibn Nafaâ, active en Tunisie, annonce à son tour faire allégeance à l'EI[185].

La proclamation est également rejetée en juillet 2014 par le prédicateur islamiste Abou Qatada qui déclare qu'elle est « nulle et non avenue, et sans aucun sens parce qu'elle n'a pas été approuvée par les jihadistes dans d’autres parties du monde. [...] Ce groupe n’a pas l’autorité pour diriger tous les musulmans et sa déclaration n’engage que lui »[183].

De son côté, Boko Haram ne prend pas parti : dans une vidéo diffusée le , Abubakar Shekau apporte son soutien à la fois à Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique, à Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda et au Mollah Omar, chef des Talibans[186].

En août 2014, aux Philippines, Abu Sayyaf et les Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro, font allégeance à l'État islamique. En revanche le Front Moro islamique de libération, qui se revendique comme modéré, dénonce l'extrémisme de l'EI et condamne « tout acte barbare et sauvage, qu'il soit le fait d'autres groupes dont l'Etat islamique (EI) ou de ses membres »[187].

Enfin, le 4 juillet 2014, Youssef al-Qaradâwî, président de l'Union internationale des savants musulmans (oulémas), membre de la confrérie des Frères musulmans ainsi que du Conseil européen pour la recherche et la fatwa, déclare que l'État islamique « viole la charia »[188]. Selon lui, le titre du calife doit être « accordé par la nation musulmane entière » et « un groupe connu par ses atrocités et ses vues radicales ne sert pas le projet islamique »[189].

Le , Abdul Aziz ibn Abdillah Ali ash-Shaykh, Grand Mufti de l'Arabie saoudite dénonce « les idées d’extrémisme, de radicalisme et de terrorisme » des djihadistes de l'État islamique et déclare que ces derniers sont « l'ennemi numéro un de l’islam ». Il estime par ailleurs que « les musulmans sont les principales victimes » de leurs exactions[190].

Le , le Tehrik-e-Taliban Pakistan annonce apporter son soutien à l'État islamique, indiquant qu'ils allaient leur « fournir des moudjahidines ». Le TTP appelle également les autres groupes djihadistes à mettre de côtés leurs rivalités et à s'unir[191].

Selon Henry Laurens, historien du monde arabe au Collège de France, ce califat est de l'ordre de l’« invention de la tradition » au sens où il « est aussi imaginaire que la façon dont Hollywood représente le Moyen Âge [...] on est en plein imaginaire de seconde zone [...] puisque ça n'a rien à voir avec la réalité historique du califat »[192].

Controverse sur le nom de l'État islamique

À partir de l'été 2014, certains États refusent de qualifier le mouvement d'« État islamique », lui déniant ainsi la dénomination d'État et tout caractère islamique. Les États-Unis continuent d'utiliser les acronymes ISIS ou ISIL. En septembre, le gouvernement français adopte le terme de « Daech » ou « Daesh » pour qualifier l'EI[193],[194],[195].

Mathieu Guidère déclare en août : « Cet État islamique n’est pas un État et il n’est pas islamique. Pour des médias et des politiques, continuer à l’appeler ainsi revient à participer à une vaste usurpation d’identité. La seule manière à laquelle je puisse penser pour désigner, correctement, objectivement, ce groupe serait juste l’organisation al-Baghdadi[196]. »

Cependant pour le chercheur Romain Caillet : « L'acronyme Daech est un terme impropre et péjoratif, utilisé par les opposants à l'État islamique. L'expression a été popularisée par le média Al Arabiya. La chaîne qatarie Al Jazeera n'utilise d'ailleurs plus ce terme. Si, en langue arabe, il peut y avoir une légitimité à l'employer, son utilisation en français est clairement idéologique[193]. »

Laurent Fabius ministre français des Affaires étrangères, a déclaré le 18 septembre à l'Assemblée nationale : « Je vous demande de ne plus utiliser le terme d'État islamique, car cela occasionne une confusion entre islam, islamistes et musulmans. Il s'agit de ce que les Arabes appellent Daesh et que j'appellerai pour ma part les égorgeurs de Daesh ». Michèle Léridon, la directrice de l'information de l'Agence France-Presse (AFP) a expliqué sur son blog que son agence de presse « n'utilise plus “État islamique” car il ne s'agit pas d'un véritable État, avec des frontières et une reconnaissance internationale. Mais aussi parce que les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien islamiques ». Wassim Nasr, journaliste spécialiste des questions djihadistes à France 24 estime que « l'emploi de l'acronyme arabe “Daesh” pour désigner l'État islamique risque d’être contre-productif et se retourner contre ses inventeurs. Ceci notamment du fait qu'il se rapproche trop phonétiquement du terme de “Daes” qui désigne “celui (personne ou entité) qui foule ou écrase de son pied” ». Le journal français Le Point a décidé pour sa part de parler d'« organisation État islamique » mais pas de « Daesh » afin de ne pas ne pas « servir la propagande des djihadistes tout en conservant notre objectivité de journaliste »[197].

Répercussions

L'éventualité d'une partition à terme de l'Irak est évoquée. Michael Hayden, directeur de la NSA de 1999 à 2005, puis de la CIA de 2006 à 2009, déclare ainsi le 30 juin 2014 : « Avec la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà pratiquement cessé d’exister. La partition est inévitable »[55]. Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien, envisage pour sa part de soumettre à référendum l'indépendance de la région[198].

Opinion en France, au Royaume-Uni et en Allemagne

En , un sondage est effectué à la demande de l'agence de presse officielle russe Rossiya Segodnya par ICM Research (en) au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. La question suivante est posée à 3 007 personnes, dont 1 000 au Royaume-Uni, 1 006 en France, 1 001 en Allemagne : « De ce que vous connaissez, dites-nous si vous avez une opinion très favorable, assez favorable, assez défavorable ou très défavorable de l’État islamique en Irak et au Levant, aussi connu sous le nom d'Isis »[199].

  • Au Royaume-Uni, 2 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 5 % assez favorable, 20 % assez défavorable, 44 % très opposée, 29 % ne connaissent pas le groupe[199].
  • En France, 3 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 13 % assez favorable, 31 % assez défavorable, 31 % très opposée, 23 % ne connaissent pas le groupe[199]. En outre, selon ce même sondage, 27 % des 18-24 ans ont une opinion favorable (c.à.d. très favorable ou assez favorable) de l'EI[200].
  • En Allemagne, 0 % des personnes interrogées déclarent avoir une opinion très favorable de l'EI, 2 % assez favorable, 28 % assez défavorable, 54 % très opposée, 16 % ne connaissent pas le groupe[199].

Yuri Rubinsky, directeur du Centre d'études françaises à l'Institut de l'Europe (Académie des sciences de Russie), considère que ces chiffres sont directement liés à la présence de populations d'origine maghrébine et moyen-orientale dans ces pays, particulièrement en France, qui compte la plus forte population musulmane d'Europe[201].

Notes

  1. Selon Mathieu Guidère, linguiste et spécialiste du Proche Orient, le Levant désigne la Syrie et le Liban durant l'occupation coloniale française et dénote d'une vision ethnocentriste.

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Annexes

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Bibliographie

  • Peter Harling, « Etat islamique, un monstre providentiel : De l’Egypte à l’Irak, le chaos s’installe là où les Etats se retirent », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

Lien externe