Grigori Raspoutine

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Grigori Raspoutine
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Grigori Raspoutine, vers 1900
Nom de naissance Grigori Efimovitch Raspoutine
Naissance  ?
Pokrovskoïe (Russie)
Décès (à 47 ans)
Saint-Pétersbourg (Russie)
Nationalité russe
Pays de résidence Russie
Profession

Grigori Efimovitch Raspoutine, par la suite Raspoutine-Novyi (en russe : Григорий Ефимович Распутин-Новый[1]), probablement né le dans le village de Pokrovskoïe, est un pélerin, soi-disant mystique et guérisseur russe. Il a été le confident d'Alexandra Feodorovna, épouse de l'empereur Nicolas II, ce qui lui a permis d'exercer une forte influence au sein de la cour impériale russe, jusqu'à son assassinat, à Petrograd, dans la nuit du 16 décembre 1916 ( dans le calendrier grégorien) au 17 décembre 1916 ( dans le calendrier grégorien)[2], à la suite d'un complot fomenté par des membres de l'aristocratie.

Originaire des confins de la Sibérie, il se présentait comme mystique errant, et se prétendait starets. On le surnommait parfois le « moine fou ». Aucune source ecclésiastique n’atteste néanmoins son appartenance à un quelconque ordre religieux ; mais Raspoutine se plaisait à l'affirmer. En revanche, il fut à plusieurs reprises suspecté d'appartenir à la secte des khlysts. L'hypothèse la plus généralement retenue est qu'il fut surtout un aventurier, se présentant comme pèlerin itinérant, doté d'un grand pouvoir de séduction.

En 1907, Raspoutine, qui s'est acquis une réputation comme guérisseur, est pour la première fois invité par le couple impérial au chevet de leur fils Alexis, leur unique garçon et l'héritier du trône, atteint d'hémophilie. Ce n'est que plus tard que Raspoutine devient un personnage influent, en particulier après septembre 1915. On a pu prétendre[3] que Raspoutine a participé à jeter le discrédit sur la famille impériale, et qu'il a constitué l'un des éléments qui causèrent la chute des Romanov. La tsarine et sa famille ont pu le considérer comme un guérisseur, un mystique, voire un prophète, mais ses ennemis l'ont décrit comme un charlatan débauché, mû par un appétit sexuel démesuré, et même comme un espion.

Certaines zones d'ombre subsistent sur la vie et l'influence de Raspoutine, ce que l'on sait de lui est souvent basé sur des témoignages partiaux en partie alimentés par la propagande antimonarchiste, des rumeurs et des légendes.

Alors que le personnage a longtemps été diabolisé, bon nombre de personnes en Russie ont aujourd'hui de lui une opinion moins défavorable[4]. Quoi qu'il en soit, un véritable mythe s'est construit autour de Raspoutine qui, de nos jours encore, continue à inspirer écrivains et artistes.

Biographie

Des origines mystérieuses

La plupart des archives ayant été détruites, l’année de naissance de Grigori Raspoutine est sujette à caution. Selon la Grande Encyclopédie soviétique, il serait né en 1864 ou 1865. Certains ont pu soutenir que « Raspoutine » était un surnom, issu de l’adjectif russe « распутный » (« raspoutnyi »), signifiant à l'origine « débâcle » (la fonte des eaux après le dégel), puis « débauché ». Toutefois, dans une biographie, l’écrivain et historien russe Edvard Radzinsky affirme que les archives officielles de Tioumen, en Sibérie, contiennent un recensement des habitants de Pokrovskoïe qui mentionne clairement le nom de « Raspoutine », qui serait donc son vrai nom[5]|

Pokrovskoïe, le village de Sibérie où serait né Raspoutine. Photo de 1912.

En 1995, l’historien russe Oleg Platonov (en) se pencha sur la question à la demande du clergé et du métropolite Yoann, qui étaient désireux de tirer les choses au clair sur le mystérieux personnage. C'est ainsi que, l'année suivante, Platonov publia à Saint-Pétersbourg une étude consacrée au sujet[6]. Si presque tous les registres d’époque ont disparu[réf. nécessaire], Platonov a tout de même pu mettre la main sur de nombreux renseignements relatifs aux baptêmes, mariages et décès dans le village de Pokrovskoïe entre 1862 et 1868.

Iefim Iakovlevitch Raspoutine et Anna Vassilievna Parchoukova, les futurs parents de Grigori Raspoutine, se marient à Pokrovskoïe le , alors qu'ils sont âgés respectivement de vingt et vingt-deux ans. Le couple a plusieurs enfants qui, tous, meurent en bas âge : trois filles – Evdokia, née le , une autre Evdokia, née le , et Glikerya, née le – et un garçon, Andreï. En 1868, les registres ne font mention d’aucune naissance dans la famille, ce qui voudrait dire que Grigori Raspoutine n’est pas né avant 1869.

Après 1868, il n'existe plus, apparemment, de registres consultables, mais ont toutefois subsisté certains formulaires originaux remplis à l'occasion d'un recensement de tout l'Empire. Le recensement de 1897 est soigneusement fait. Au nom de « Grigori Iefimovitch Raspoutine », il est mentionné que celui-ci était dans sa 28e année et son année de naissance est elle aussi indiquée : 1869. Il n’y a pas d'autre précision concernant sa naissance. Pour Yves Ternon, qui s’en tient à 1863 ou 1864 comme année de naissance de Raspoutine, il serait né « sans doute le dix janvier, jour que l’Église orthodoxe dédie à Grégoire de Nicée[7] ».

S’il est vrai que le nom de famille « Raspoutine » est bien mentionné dans certains registres, le nom de baptême du père de Raspoutine, Novykh (Новых)[8], est également clairement indiqué. Par ailleurs, dans les archives consultées par Platonov, pas moins de sept familles du même village étaient appelées Raspoutine. L’historien rappelle alors qu’outre « débauché », le mot « raspout'e » signifiait également, à l’époque, « croisée des chemins » ou « carrefour », et était donc fréquemment utilisé comme surnom pour ceux qui habitaient de tels endroits[9]. De surnom, « Raspoutine » se muait souvent en nom de famille, ce qui fut probablement le cas avec la famille d'Iefim. Aujourd’hui encore, « Raspoutine » est un nom qui se rencontre en Sibérie.

Sa jeunesse

Très religieuse, sa mère Anna Vassilievna Parchoukova et son père Iefim Iakovlevitch Raspoutine sont fermiers dans le village sibérien de Pokrovskoïe, ouiezd de Tioumen, gouvernement de Tobolsk, à 2 500 km à l’est de Saint-Pétersbourg. Son père n'est pas un simple moujik, il est propriétaire de sa ferme, de sa terre, de vaches et de chevaux. La légende veut que le , un météore ait traversé le ciel au-dessus du village de Pokrovoskoïe, et ce phénomène annonçait, disait-on, la venue au monde d’un personnage exceptionnel. Une autre légende veut que son père, maquignon-voiturier, se soit occupé de chevaux avec lesquels il entretenait des rapports magiques. Dès son enfance, Raspoutine manifeste des dons de guérisseur et de voyant[10].

Grigori Raspoutine et ses trois enfants : Maria, Varvara et Dimitri.

La vie est rude, l’existence rustique, la vodka une boisson courante, l’instruction existe peu dans les campagnes[11]. Raspoutine n’apprend les rudiments de la lecture et de l’écriture qu’au cours de ses voyages, à l’âge adulte, mais certaines personnes lui trouvent un pouvoir d’apaisement, de guérison sur les animaux[10].

À la suite d'une chute accidentelle dans les eaux glacées d’une rivière alors qu’ils jouent ensemble, son frère aîné, Andreï, et lui, qui s’est jeté à l'eau pour le secourir, sont victimes d’une pneumonie. Andréï meurt, mais Grigori guérit de sa fièvre ardente. Celui-ci traverse cependant des périodes de dépression et de surexcitation incontrôlables. Il aide son père dans les travaux de la ferme et conserve de cette enfance les manières frustes des paysans sibériens[11], les vêtements amples et peu soignés, et les mains calleuses[11].

Dès l’âge de seize ans, il est sujet à des crises mystiques et à des apparitions mariales, suite à la vision d’un ange lumineux apparu dans la campagne. Il se plonge dans la lecture de la Bible, au point d’en devenir un exégète. Il pratique l’ascétisme, il reste parfois trois semaines reclus dans la cave de son père et, lorsqu’il en ressort, les paysans vont au devant de lui pour recueillir ses oracles. Pendant quinze ans, il alterne la vie de paysan moujik au village et des retraites dans des monastères où il rencontre les starets pour suivre leur enseignement. Mais il fait aussi preuve de débordement d’énergie et de pulsions diverses, dont une sexualité débordante qu’il assouvit facilement[12].

Monastère de Verkhotourié, où Raspoutine séjournera trois mois.

En 1888, à l’âge de dix-neuf ans, il épouse une jeune paysanne du village de Doubrovnoïé, Praskovia Feodorovna. Cinq enfants naissent de ce mariage : Mikhail et Georguiï décèdent prématurément, Dimitri, né en 1895, Maria en 1898 et Varvara en 1900. Malgré de multiples incartades sexuelles, il revient toujours auprès de son épouse.

Vie d’errance

En 1894, alors qu'il travaille dans les champs, il aurait eu la vision d'une Vierge lumineuse. Makari, un moine ascète à qui il en parle et qu'il considère comme son père spirituel, lui conseille d'abandonner son métier de fermier, de se plonger davantage dans la religion et de se rendre au mont Athos, en Grèce. Il part pour un voyage à pied de plus de 3 000 km qui dure plus de dix mois, mais il est déçu par les moines du mont Athos. Sur la route du retour, il fait halte dans de nombreux monastères et c'est plus de deux ans après son départ qu'il retrouve sa femme et son jeune fils Dimitri, né en 1895.

Cependant, il continue à vivre des périodes de mystique et d'ermite, parcourant la Sibérie occidentale et survivant grâce à la prédication, la charité et l'aumône, frappant aux portes des monastères et acquérant au fur et à mesure de ses pérégrinations une réputation de sage et de guérisseur : « Ce n'est pas moi qui guéris, c'est Dieu ».

Il effectue de nombreux pèlerinages, particulièrement à Kazan et à Kiev : les gens commencent à venir de toute la région pour écouter ses prêches. Le clergé orthodoxe s'inquiète de son succès, mais ne peut rien y trouver à redire. De plus en plus de fidèles viennent à ses réunions, amenant des malades sur lesquels il exerce ses talents de guérisseur. Sa réputation s'étend mais, en même temps, il continue une vie de débauché, de buveur, de bagarreur, de séducteur et même de voleur.

Le prince héritier Alexis, unique fils du tsar Nicolas II, en 1909.

Durant toutes ces années, il entre en contact avec les multiples sectes qui fleurissent sur le terreau de la religion orthodoxe. Il est notamment chargé d'accompagner un jeune moine au monastère de Verkhotourié, où il séjourne trois mois. Ce cloître est en réalité tenu par la secte des khlysts qui mêlent, par la danse, la flagellation (d'où leur nom de « flagellants ») et l'extase, l'érotisme et la religion, ce qui lui convient parfaitement. Son mysticisme devient doctrinaire et le conduit à l'élaboration d'obscures théories sur la régénération par le péché (son plus célèbre précepte est « Pour se rapprocher de Dieu, il faut beaucoup pécher »[13]) et les excès en tous genres. Il aurait été un étudiant de cette secte, mais sans jamais y avoir été initié, y perfectionnant son don pour l'hypnose et la magie[14].

L’arrivée à Saint-Pétersbourg

La grande-duchesse Militza de Monténégro.

À l'invitation de la grande-duchesse Militza, qui l'avait rencontré à Kiev, Raspoutine se rend à Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire russe depuis le règne de Pierre le Grand. Le tsar Nicolas II règne depuis 1894. En cours de route, à Sarov, il assiste en 1903 à la canonisation du starets Séraphin de Sarov et, devant l'assistance réunie, Raspoutine entre en transe et prédit la naissance d'un héritier mâle au trône impérial. Le naît le tsarévitch Alexis, qui se révèle être atteint d'hémophilie.

Arrivé au printemps 1904 à Pétersbourg, Raspoutine demande l'hospitalité à l'évêque Théophane, inspecteur de l'Académie de théologie de la capitale, qui l'aide par des lettres de recommandation. Son but était de rencontrer Nicolas II, trop occidentalisé à ses yeux, pour l'initier à la véritable âme russe[11]. Son protecteur, le vicaire de Kazan, lui avait remis une lettre de recommandation destinée à l'évêque Sergui, qui s'inquiétait aussi de la « crise spirituelle qui minait la Russie ».

Conquis par Raspoutine, l'évêque le prend sous sa protection et le présente à l'archevêque Théophane de Poltava, confesseur d'Alexandra Fedorovna, au père Jean de Cronstadt et à l'évêque Hermogène de Saratov (en). Tous furent stupéfaits de la ferveur religieuse de Raspoutine et de son talent de prédicateur. Ils le bénissent, le considèrent comme un starets, voire comme un « envoyé de Dieu », et l'introduisent auprès de la grande-duchesse Militza et de sa sœur la grande-duchesse Anastasia, filles du roi Nicolas Ier du Monténégro, mariées à deux frères, respectivement le grand-duc Peter Nicolaïévitch et le grand-duc Nicolaï Nicolaïevitch, cousins d’Alexandre III. Cependant, Raspoutine retourna dans son village sibérien et ne revint à Pétersbourg qu’en 1905.

Auprès de la famille impériale

La famille impériale : Alexandra Feodorovna et Nicolas II entourés de leurs cinq enfants.

La tsarine, longtemps inquiète de ne pas donner d'héritier mâle à la couronne, avait pris l'habitude d'attirer autour d'elle de nombreux mystiques et guérisseurs, comme Maître Philippe ou Papus. Elle est séduite par Raspoutine, d'autant plus que Maître Philippe qui lui avait annoncé quelques années auparavant la naissance de son fils Alexis, lui avait également annoncé la venue d'un grand prédicateur qu'il avait nommé « Notre Ami »[11]. Une audition auprès de l'archiprêtre thaumaturge Jean de Cronstadt convainc ce dernier de l'authenticité des pouvoirs du starets[14].

Par l'entremise de la grande-duchesse Militza et de sa sœur, la grande-duchesse Anastasia, le « starets » est présenté à la famille impériale in corpore dans le palais Alexandre, le . Il offre des icônes à chacun. Le tsarévitch Alexis souffrant d'hémophilie, Raspoutine demande à être conduit au chevet du jeune malade alité suite à une chute, qui a provoqué un énorme hématome au genou[15]. Il lui impose les mains, lui raconte plusieurs contes sibériens et parvient ainsi, semble-t-il, à enrayer la crise et à le soulager au bout de quelques jours. Selon certains, cela s'expliquerait par le simple fait que la médecine de l'époque ignorait les propriétés de l'aspirine qui était donnée au jeune malade. Ce médicament est un anticoagulant, facteur donc aggravant de l'hémophilie. Le simple fait de balayer de la table et de jeter les « remèdes » donnés au malade – dont l'aspirine – ne pouvait qu'améliorer son état[16]. Raspoutine expliquera plus tard à un ami que ses pouvoirs de guérison se basaient sur ses dons d'hypnose et l'utilisation de médicaments traditionnels de Sibérie[17].

Les parents sont séduits par les dons de guérisseur de cet humble « moujik » qui semble aussi avoir celui de prophétie. Alexandra se convainc que Raspoutine est un messager de Dieu, qu'il représente l'union du tsar, de l'Église et du peuple et qu'il a la capacité d'aider son fils par ses dons de guérisseur et sa prière.

Raspoutine, entouré de la tsarine Alexandra Feodorovna (à droite), ses cinq enfants et une gouvernante. 1908.

Sa réputation permet à Raspoutine de se rendre indispensable ; il prend très vite un ascendant considérable sur le couple impérial. Invité à de nombreuses réceptions mondaines, il fait la connaissance de nombreuses femmes riches. Raspoutine inquiète et fascine : son regard perçant est difficile à soutenir pour ses admiratrices, beaucoup cèdent à son charme hypnotique et le prennent pour amant et guérisseur[18].

Le regard de Raspoutine.
Raspoutine et ses « admiratrices », en 1914.

L'une d'entre elles, Olga Lokhtina, épouse d'un général influent mais crédule, devient sa maîtresse, le loge chez elle et le présente à d'autres femmes d'influence, comme Anna Vyroubova, amie et confidente de la tsarine, et Mounia Golovina, nièce de celle-ci. Grâce à d'habiles mises en scène, il se produit à Saint-Pétersbourg ou au Palais impérial de Tsarskoie Selo, la résidence principale du tsar, dans des séances d'exorcisme et de prières. Des récits de débauches, prétendues ou avérées, commencent alors à se multiplier et à faire scandale.

En 1907, le tsarévitch, à la suite de contusions, est victime d'hémorragies internes que les médecins n'arrivent pas à contrôler et qui le font énormément souffrir. Appelé en désespoir de cause, Raspoutine, après avoir béni la famille impériale, entre en prière. Au bout de dix minutes[11], épuisé, il se relève en disant : « Ouvre les yeux, mon fils. » Le tsarévitch se réveille en souriant et, dès cet instant, son état s'améliore rapidement.

Dès lors, il devient un familier de Tsarskoie Selo : il est chargé de veiller sur la santé de la famille impériale, ce qui lui donne des entrées permanentes au Palais. Il est reçu officiellement à la Cour. Cependant, malgré la pleine confiance du tsar, il se rend vite très impopulaire auprès de la Cour et du peuple, il est rapidement considéré comme leur « mauvais ange ». Il est ainsi tout à la fois aimé, détesté et redouté. On le soupçonne de s'enrichir, ce qui ne semble nullement être le cas, son seul luxe étant de porter une chemise de soie confectionnée par Alexandra et une magnifique croix qu'il porte autour du cou, également offerte par la tsarine.

Il continue par contre à mener une vie dissolue de beuveries et de débauches, conserve cheveux gras et barbe emmêlée[18]. Il organise des fêtes dans son appartement, où dominent le sexe – jusqu'à dix relations sexuelles par jour[14] – et l'alcool. Il prêche sa doctrine de rédemption par le péché parmi ces dames, impatientes d'aller au lit avec lui pour mettre en pratique sa doctrine, ce qu'elles considèrent comme un honneur[11].

Raspoutine, le major-général Mikhaïl Poutiatine et le colonel Dmitri Loman. Photo de Karl Bulla, vers 1904-1905.

Après la révolution de 1905, Raspoutine se heurte au Président du Conseil Piotr Stolypine. Nommé en , réformateur énergique, celui-ci veut moderniser l'Empire russe, en permettant aux paysans d'acquérir des terres, en organisant une meilleure répartition de l'impôt et en accordant à la Douma, le parlement russe, davantage de pouvoirs. Par une répression féroce, il endigue les vagues d'attentats, améliore le système ferroviaire et augmente la production de charbon et de fer. Stolypine ne comprend pas l'influence de ce moujik mystique sur le couple impérial, tandis que Raspoutine reproche au Premier ministre sa morgue, caractéristique de la classe des grands propriétaires terriens dont il est issu[11].

Lors de l'affaire des Balkans, en 1909, Raspoutine se range dans le parti de la paix aux côtés de la tsarine et d'Anna Vyroubova contre le reste du clan Romanov. Il pense que l'armée impériale, sortie affaiblie de la défaite de 1905 contre le Japon, n'est pas prête à se lancer dans un nouveau conflit. Il ne peut arrêter les événements, mais lorsque la France et le Royaume-Uni interviennent contre la Russie, il réussit à convaincre Nicolas II de ne pas étendre le conflit à toute l'Europe[11].

Stolypine fait surveiller Raspoutine par l'Okhrana, la police secrète. Les rapports accablent le « starets ». Le scandale Raspoutine éclate en 1910 lors d'une campagne de presse orchestrée par des députés de la Douma et des religieux, qui dénoncent la nature débauchée de Raspoutine, visant indirectement le tsar[18]. En 1911, Raspoutine est écarté de la Cour et exilé à Kiev, mais, lors d'une transe, il prédit la mort prochaine du ministre : « La mort suit sa trace, la mort chevauche sur son dos ». Il décide alors de partir en pèlerinage vers la Terre sainte, mais revient à la Cour dès la fin de l'été.

Le tsarévitch Alexis dans les bras de sa mère. Années 1910.

Le , alors que Stolypine vient d'autoriser les paysans à quitter le mir, leur permettant ainsi d'accéder à la propriété individuelle de la terre, et que cette réforme est acclamée à travers toute la Russie, le Premier ministre est assassiné par le jeune anarchiste Dmitri Bogrov, à l'Opéra de Kiev, en présence de la famille impériale, des ministres, des membres de la Douma et de Raspoutine. Cet assassinat marque la fin des réformes, alors que la situation internationale devient instable.

Le 2 octobre 1912, le tsarévitch Alexis, en déplacement en Pologne, est victime, à la suite d'un accident, d'une nouvelle hémorragie interne très importante, qui risque d'entraîner sa mort. Aussitôt averti, Raspoutine entre en extase devant l'icône de la Vierge de Kazan, et quand il se relève, épuisé, il expédie au Palais le message : « N'ayez aucune crainte. Dieu a vu vos larmes et entendu vos prières, Mamka[19]. Ne vous inquiétez plus. Le Petit ne mourra pas. Ne permettez pas aux docteurs de trop l'ennuyer ». Dès la réception du télégramme, l'état de santé du tsarévitch Alexis se stabilise et, dès le lendemain, commence à s'améliorer : l'enflure de sa jambe se résorbe, et l'hémorragie interne s'arrête. Les médecins peuvent bientôt le déclarer hors de danger et même les plus hostiles au « starets » doivent convenir qu'il s'est produit là un événement quasi miraculeux de guérison à distance. Sauveur, il revient triomphalement à Saint-Pétersbourg.

La Grande Guerre

Derrière le démembrement de l'Empire ottoman et la question des Balkans se mettent en place les conditions d'une guerre générale. Raspoutine et ses alliés de la paix freinent la marche de la Russie vers la guerre. Le service du renseignement britannique estime qu'il est en effet en lien avec le banquier Serge Rubinstein et ses réseaux allemands[20]. Le 29 juin, Raspoutine est poignardé par une mendiante, Khionia Gousseva, une ancienne prostituée, au sortir de l'église de son village sibérien. L'enquête démontre que l'ordre est venu du moine Iliodore (de son vrai nom Sergei Mikhailovich Troufanov) qui lui reproche ses croyances khlyst.

Raspoutine vers 1914, probablement après la tentative d'assassinat perpétrée par Khionia Gousseva.

Après cet attentat et son rétablissement, l'importance de Raspoutine devient primordiale et son influence s'exerce dans tous les domaines : il intervient dans les carrières des généraux, dans celle des métropolites et même dans la nomination des ministres, mais la peur l'a envahi. Il se met à boire encore plus d'alcool, à participer à encore plus de soirées de débauche et d'orgies dans les cabarets tsiganes[11]. Il n'est plus le « starets » ascétique que tout le monde respectait. Cependant, malgré son caractère débauché et son aspect de moins en moins engageant, ses conquêtes féminines sont de plus en plus nombreuses dans la haute société.

Le 1er août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le patriotisme russe s'exalte – surtout en raison des premiers succès militaires – et Raspoutine voit sa faveur décliner. Rapidement cependant, la situation militaire se détériore : hiver rigoureux, manque d'armement, d'approvisionnement, commandement indécis. Décidé à prendre la situation en main, Nicolas II s'installe sur le front, laissant la régence à son épouse et à son conseiller privé, Raspoutine.

Ce dernier se fait alors de plus en plus d'ennemis, en particulier chez les politiques, les militaires et dans le clergé orthodoxe qui, au début, l'a pourtant bien accueilli, mais que son inconduite révolte. Les pires calomnies se répandent en même temps que la guerre tourne au désastre. En 1916, à la Douma, la tsarine, qui est d'origine allemande, et Raspoutine sont ouvertement accusés de faire le jeu de l'ennemi.

L’assassinat de Raspoutine

Le prince Félix Ioussoupov en 1914.

L’historien Edvard Radzinsky a pu donner les détails de cet assassinat grâce aux archives de la Commission extraordinaire de 1917 et le dossier secret de la police russe[21].

La famille Romanov, jalousant les faveurs dont bénéficie Raspoutine, choquée par sa réputation scandaleuse, ses débauches, dans lesquelles des noms de femmes de la haute noblesse sont mêlés, s’oppose de plus en plus ouvertement au « starets ». De plus, en pleine guerre mondiale, le bruit court qu’il espionne au profit de l’Allemagne. Plusieurs complots se trament contre lui.

Une conjuration aboutit à son assassinat dans la nuit du 16 au alors qu’il est l’invité du prince Félix Ioussoupov, époux de la grande-duchesse Irina, nièce du tsar. Parmi les principaux conjurés se trouvent le grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin de Nicolas II, le député d’extrême-droite Vladimir Pourichkevitch, l’officier Soukhotine et le docteur Stanislas Lazovert. Ioussoupov, chez qui est commis l’assassinat, en publie, en 1927, le récit détaillé mais quelque peu arrangé[22].

Photographie du cadavre de Raspoutine montrant la trace de la balle tirée à bout touchant dans le front.

Le cadavre est retrouvé le au petit matin. Gelé et recouvert d’une épaisse couche de glace entourant le manteau de castor, le cadavre est remonté à la surface de la Neva au niveau du pont Petrovsky. L’album de photos de police exposé au Musée d’histoire politique de la Russie de Saint-Pétersbourg révèle le visage de Raspoutine défoncé par des coups et son corps transpercé de trois balles tirées à bout portant[23]. L’autopsie, faite le jour même de la découverte du corps à l’Académie militaire par le professeur Kossorotov, révèle que Raspoutine n’est mort ni du poison[24], ni des balles, ni des commotions et des coups assénés, mais que la présence d’eau dans les poumons prouverait qu’il respirait encore au moment où on le jeta dans la petite Neva, la Nevka.

Plusieurs personnes ayant eu vent de la nouvelle viennent puiser l’eau où Raspoutine a été trouvé mort : elles espèrent ainsi recueillir un peu de son pouvoir mystérieux[25].

Raspoutine est inhumé le – 22 décembre du calendrier russe – dans une chapelle en construction, près du palais de Tsarskoïe Selo.

Au soir du 22 mars, sur ordre du nouveau Gouvernement révolutionnaire, on exhume et brûle le corps de Raspoutine, et on disperse ses cendres dans les forêts environnantes. Mais, selon la légende, seul le cercueil aurait brûlé, le corps de Raspoutine restant intact sous les flammes[11].

La légende

Raspoutine aurait prédit à la tsarine[26] : « Je mourrai dans des souffrances atroces. Après ma mort, mon corps n'aura point de repos. Puis tu perdras ta couronne. Toi et ton fils vous serez massacrés ainsi que toute la famille. Après, le déluge terrible passera sur la Russie. Et elle tombera entre les mains du Diable. »

Des journalistes et hommes politiques hostiles à la Maison Romanov ont fait courir la rumeur que Raspoutine fut l'amant de la tsarine[14]. L’historien Edvard Radzinsky, d'après le dossier secret de police russe acquis chez Sotheby's, relativise l'érotomanie et la débauche sexuelle de Raspoutine : le déflorage de nonnes ou le viol de dames de la haute aristocratie seraient là aussi essentiellement des rumeurs colportées par des personnes inquiètes de son influence sur la Cour ou hostiles au régime monarchique[27],[28].

Caricature de N. Ivanov montrant le couple impérial sous la coupe d'un Raspoutine diabolisé. Vers 1916.

Comme il l'avait prédit, son assassinat sera suivi d'événements terribles. Trois mois après la fin de Raspoutine, le tsar Nicolas II dut abdiquer, et quelques jours après[réf. nécessaire], la tombe du « starets » fut profanée par les bolcheviks, son corps brûlé et ses cendres dispersées. La famille impériale fut massacrée dans les caves de la villa Ipatiev, à Iekaterinbourg, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La Russie se déchira dans une terrible guerre civile pendant plus de trois ans…

Après 1917, son image a été largement utilisée par la propagande bolchévique pour symboliser la déchéance morale de l'ancien régime. Elle a été reprise, déformée, amplifiée, dès 1917, par la littérature puis, à partir de 1928, par le cinéma et la télévision, qui en ont fait l'exploitation à la limite du fantastique et de l'érotisme.

Un pénis momifié de 29 cm, qui serait le sien, est conservé et exposé au Musée de l'érotisme de Saint-Pétersbourg. Selon Secrets d'histoire, présenté par Stéphane Bern, il est très peu probable que celui-ci soit d'origine humaine car, après l'enterrement de Raspoutine, ses restes ont été brûlés pour empêcher toute personne de rendre un culte sur sa tombe.

Au cours des années, Raspoutine, largement "diabolisé", est finalement devenu un mythe, servant de prétexte à beaucoup de dirigeants politiques russes et européens pour s'exonérer de leurs propres responsabilités dans les événements tragiques survenus en Russie[11].

Arts et culture populaire

Le personnage de Raspoutine et les mystères qui l'entourent n'ont cessé d'intriguer et continuent jusqu'à aujourd'hui à stimuler l'imaginaire créatif. Bon nombre d'œuvres le mettent en scène qui, tantôt tentent de s'approcher de la réalité historique, tantôt – le plus souvent – s'en écartent allègrement. Alors que le personnage est complexe, c'est l'aspect « débauché », « manipulateur », « symbole de la chute d'un Empire », qui est presque toujours mis en évidence et exploité (devenant presque un thème récurrent du film d'horreur), au détriment de son indéniable stature de guérisseur et de voyant.

Littérature

  • 1924 : Les Ténébreuses. Roman de Gaston Leroux.
  • 1925 : Les rois aveugles, roman de Joseph Kessel
  • 2012 : À mort Raspoutine !, de R.J. de Crémère.
  • 2014 : Les héritiers de l'Aube. 2, Des profondeurs, roman de Patrick Mc Spare

Musique

  • Rasputin est une chanson du groupe disco Boney M (1978). Cette même chanson fut reprise par le groupe de viking métal Turisas, en 2007.
  • Rasputin (2001-2003) est un opéra du Finlandais Einojuhani Rautavaara.
  • Il apparaît sur le dernier album du groupe de metal industriel Type O Negative, Dead Again, paru en 2007. Le groupe explique que personne d'autre n'aurait pu représenter mieux que lui la signification du titre car Raspoutine a tenté de mettre fin à ses jours de nombreuses fois d'après les légendes.
  • Le morceau The Czar du groupe Mastodon fait référence à Raspoutine, plus particulièrement la première partie de celui-ci : I. Usurper[29]. Des représentations de Raspoutine apparaissent notamment sur la couverture de l'album Crack The Skye (2009 ), sur lequel se trouve ce titre.
  • Rasputin est une chanson du groupe de thrash metal Cavalera Conspiracy, figurant sur l'album Blunt Force Trauma, sorti en 2011.
  • Raspoutine est une chanson du rapper S.E.A.R., figurant sur l'album Fantasia, sorti en 2014[30].

Cinéma

La figure de Raspoutine a inspiré bon nombre d'œuvres cinématographiques[31], dont voici les plus marquantes :

Télévision

  • 1996 : Rasputin, the Dark Servant of Destiny, téléfilm réalisé par Uli Edel, diffusé en 1996. Le rôle-titre est interprété par Alan Rickman.
  • 2011 : Raspoutine. Gérard Depardieu incarne Raspoutine aux côtés de Fanny Ardant et Vladimir Mashkov.
  • Dans la série Warehouse 13 (saison 2, épisode 2), un certain chapelet ayant soi-disant appartenu à Raspoutine est un artefact possédant apparemment le pouvoir de ressusciter les morts.
  • Dans la série Buffy contre les vampires, l'héroïne prétend que Raspoutine était un vampire, expliquant de fait, les mystères entourant sa vie (origine, errance, assassinat).
  • Raspoutine est le nom d'un catcheur russe dans l'un des épisodes de la série animée Les Simpson.
  • Raspoutine se voit caricaturé dans l'épisode Nothing but the Tooth du dessin animé Animaniacs, où on le voit comme un hypnotiseur.
  • Dans le film (manga) Détective Conan - Le Magicien de la fin du siècle, une descendante de Raspoutine (Scorpion) apparaît, pour le venger.
  • Raspoutine est présent dans la série animée Blood+ (épisode 17), où il est l'un des chevaliers de Diva, chassé par Saya.
  • Dans la série The Crow (épisode 16 - Les Forces du Mal), le méchant se sert d'un rituel prédit par Raspoutine pour le ramener à la vie à travers son corps.

Bande dessinée

  • Raspoutine est le nom d'un personnage de la série Corto Maltese (créée en 1967) d'Hugo Pratt, lequel s'est inspiré du Raspoutine de la légende, le Raspoutine aux neuf vies.
  • Raspoutine est l'un des personnages du manga La Fenêtre d'Orphée (1976) de Riyoko Ikeda.
  • Raspoutine, un chat anthropomorphe, est l'adversaire de l'inspecteur Canardo, le personnage créé par Benoît Sokal. Il apparaît pour la première fois dans le deuxième album de la série, La Marque de Raspoutine (1982).
  • Raspoutine joue un rôle essentiel dans la série de comics Hellboy, créée par Mike Mignola en 1994, puisque c'est à cause – ou grâce – à l'invocation du personnage qu'Hellboy apparaît sur terre.
  • Il figure sur la couverture du Grand Complot (1996), septième album de la série Ian Kalédine, sans néanmoins apparaître dans l'histoire.
  • Il fait partie de l'intrigue du Secret de Raspoutine (2003), neuvième album de la série Harry Dickson, parue aux éditions Soleil. Étant déjà mort au moment où l'histoire est censée se dérouler, il apparaît dans des scènes de flashback.
  • Raspoutine est le chien de fiction de l'album Le Septième Code (2004), vingt-quatrième de la série Yoko Tsuno de Roger Leloup.
  • L'un des X-Men – éditions Marvel Comics –, Colossus, apparu en 1975, est russe et a pour véritable nom Piotr Nikolaievitch Rasputin. Dans une mini-série de 2005, Colossus : Bloodline – traduite dans X-Men, hors-série 26 – qui lui est consacrée, on découvre que l'arrière-grand-père du héros n'est autre que Grigori Raspoutine.
  • Raspoutine (2006-2008) est une série trois volumes de Tarek et Vincent Pompetti (Emmanuel Proust).
  • Dans le manga Afterschool Charisma (2008), un clone de Raspoutine a été créé.
  • Dans Assassin's Creed: The Fall (2010), son cadavre est déterré par l'assassin Nikolaï Orelvov. On découvre alors qu'il possède un éclat de métal forgé dans la même matière que les fragments d'Éden (objets qui, dans la série Assassin's Creed, permettent à leurs possesseurs de causer des hallucinations ou de prendre le contrôle de l'esprit de la plupart de ses interlocuteurs), qu'il aurait récupéré à la suite de l’événement de la Toungouska. Dans cette série, on tente ainsi d’expliquer l'influence de Raspoutine sur le tsar et la tsarine.

Jeux vidéo

  • Raspoutine est un personnage de la série World Heroes.
  • Raspoutine fait une apparition remarquée dans Shadow Hearts: Covenant sur PlayStation 2.
  • Raspoutine est un personnage secondaire de Shin Megami Tensei: Devil Summoner: Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army, dans lequel il invoque des démons.
  • Raspoutine est le nom d'un succès du jeu vidéo Team Fortress 2. Il consiste à subir des dommages venant de balles, feu, coups de combat rapproché et d'explosion en une seule vie. Ce succès ne peut être réussi qu'en étant un « Heavy ».
  • Il apparaît en photographie à de nombreuses reprises dans Assassin's Creed II, à condition que le joueur se donne la peine de découvrir et de décrypter les glyphes dissimulés dans les décors. L'antépénultième décryptage révèle que sa mort fut causée par les assassins, qui le voyaient comme un tyran à part entière.

Utilisations commerciales

  • Rasputin est le nom d'une bière de la brasserie De Molen.

Notes et références

  1. L'adjectif russe « новый » signifie « nouveau » en français.
  2. Voir l'article Passage au calendrier grégorien.
  3. (en) C.L. Sulzberger, The Fall of Eagles, New York, Crown, 1977, p. 263–278.
  4. (ru) « Завещание России старца Николая (Гурьянова) ».
  5. Edvard Radzinsky, Raspoutine : L'ultime vérité, Paris, Lattès, 2000.
  6. Oleg Platonov, Жизнь за Царя, Правда о Григории Распутине (Une vie au service du tsar : la vérité à propos de Grigori Raspoutine), Saint-Pétersbourg, Voskresenie, 1996.
  7. Yves Ternon, Raspoutine, une tragédie russe, 2011, p. 57
  8. Par la suite, Platonov a précisé qu’il est plus correct d’écrire et prononcer « Новый » (« Novyï »).
  9. D’après le Dalia (Даля), le dictionnaire réputé de Vladimir Dal, publié entre 1863 et 1866, « raspout'e » (распутье) est un « chemin de voyage, une fourche, un échange de voies, une place où se croisent ou se séparent les chemins, un carrefour ». – « разъездная дорога, развилина, развилы пути, место, где сходятся или расходятся дороги, перекресток »
  10. a et b (en) Colin Wilson, Rasputin and the Fall of the Romanovs, Arthur Baker, , p. 23-26
  11. a b c d e f g h i j k et l Article de fond du mensuel le Spectacle du Monde, numéro en attente d'être retrouvé.
  12. (de) Lichtfreund, Er liebte die Gottesmutter. Die Wahrheit über Rasputin, Books on Demand, , p. 9-36
  13. Thomas Mahler, « La vérité sur Raspoutine », sur lepoint.fr,
  14. a b c et d Vladimir Fédorovski, Le Roman de Raspoutine, Éditions du Rocher, 2011, 220 p.
  15. Yves Ternon, Raspoutine, une tragédie russe. 1906-1916, Éditions Complexe, , p. 50
  16. (en) Jeffreys Diarmuid, Aspirin. The Remarkable Story of a Wonder Drug, Bloomsbury Publishing,
  17. (en) Steven Parissien, Assassinated ! 50 Notorious Assassinations, Book Sales, , p. 98
  18. a b et c Revière, Perez et Grossmann, « Les Secrets de la mort de Raspoutine », Io - Martange, série « L'Ombre d'un doute, 13 », 28e min 50 s.
  19. Littéralement « Petite mère », comme Raspoutine appelait la tsarine.
  20. Monique Lachère, Raspoutine, L'Âge d'homme, 1990.
  21. Le dossier a été acquis chez Sotheby’s grâce au Fonds Rostropovitch : Mstislav Rostropovitch était un ami personnel d’Edvard Radzinsky.
  22. Voir La Fin de Raspoutine par le prince Ioussoupov, écrit onze ans après les faits.
  23. Yves Ternon, Raspoutine, une tragédie russe. 1906-1916, Éditions Complexe, , p. 238
  24. L'estomac recelait « une masse épaisse de consistance molle et de couleur brunâtre » pouvant évoquer le poison qui n'est pas détecté lors de l'analyse chimique : complexation du cyanure avec le sucre, ce qui le rend indétectable ? Refus du docteur Stanislas Lazovert de fournir le poison, contraire au serment d'Hippocrate, et substitution avec un liquide inoffensif. Cfr. Franck Ferrand, « Les secrets sur la mort de Raspoutine », émission L'Ombre d'un doute, 13e numéro, France 3, 9 mai 2012.
  25. (en) Radzinsky et Rosengrant, The Rasputin File, Nan Talese, (ISBN 0385489099), p. 13
  26. Raspoutine, dossier du Spectacle du Monde, 1989.
  27. Raspoutine : un faux mythe sur le géant sexuel russe du journal 'New Petersburg' (en Russe)
  28. Livre Rasputin sur la page d'accueil d'Edvard Radzinsky (en Russe)
  29. http://www.songfacts.com/detail.php?id=15030
  30. http://searmongars.bandcamp.com/
  31. Cfr. la recension de films évoquant Raspoutine sur le site IMDb.

Voir aussi

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Bibliographie

  • (ru) Publications (recueils de propos) de Grigori Raspoutine : Житие опытною странника (Vie d'un vagabond expérimenté), 1907. — Мои мысли и размышления (Mes pensées et réflexions), Petrograd, 1915.
  • (en) Sergei Troufanov (Iliodore), The Mad Monk of Russia, Iliodor : Life, Memoirs, and Confessions of Sergei Michailovich Trufanoff (Iliodor), New York, Century, 1918, 363 p. – En ligne sur Internet Archive. – Témoignage (sujet à caution) de Sergei Troufanov, alias le moine Iliodore, ami puis ennemi de Raspoutine. Cet ouvrage est écrit alors que Troufanov a quitté l'habit et que, à la suite de la révolution, il a été contraint de s'exiler aux États-Unis. Avant la publication de ce livre, il avait participé, en tant qu'acteur, au film de Brenon (à qui le livre est dédié) sur la chute des Romanov, le nom d'Iliodore servant même d'argument publicitaire sur l'affiche du film. Le terme « moine fou » qualifie, dans le livre, Iliodore lui-même, Raspoutine y étant, quant à lui, qualifié de « Holy Devil » (« saint diable »/ « Diable sacré »).
  • Alexandra Feodorovna, Lettres de l'impératrice Alexandra Feodorovna à l'empereur Nicolas II (préf. et notes de J.W. Bienstock), Paris, Payot, coll. « Collection de mémoires, études et documents pour servir à l'histoire de la Première Guerre mondiale », 1924, 559 p. – En ligne sur Gallica.
  • René Fülöp Miller, Der Heilige Teufel. Rasputin und die Frauen, Leipzig, Grethlein, 1927. Trad. en français : Le Diable sacré : Raspoutine et les femmes (trad. A. Lecourt), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1952, 392 p. – Premier ouvrage considéré comme « sérieux » consacré à Raspoutine.
  • Aron Simanovitch, Raspoutine, par son secrétaire (trad. par Maria de Naglowska), Paris, Gallimard, 1930.
  • Michel de Enden, Raspoutine et le crépuscule de la monarchie en Russie, Paris, Fayard, 1976, 367 p. (ISBN 2-213-00045-X). Rééd. 1991 (ISBN 2-213-02748-X)
  • Monique Lachère, Raspoutine, L'Âge d'homme, 1990, 108 p.
  • Yves Ternon, Raspoutine, une tragédie russe, Bruxelles, Complexe, 1991, 315 p. (ISBN 2-87027-391-6). Rééd. : Bruxelles, André Versaille, 2011, 315 pages, (ISBN 978-2-87495-137-4), avec une « Bibliographie complémentaire à cette nouvelle édition », p. 299-300.
  • Paul Mourousy, La Confession de Raspoutine, Monaco, Le Rocher - [Paris], J.-P. Bertrand, 1995, 304 p. (ISBN 2-268-02104-1). Rééd. : Chaintreaux, France-Empire, 2011, 278 p. (ISBN 2-7048-1125-3).
  • Hélène Carrère d'Encausse, Nicolas II : La Transition interrompue, Arthème Fayard, (ISBN 978-2-21359294-7).
  • (ru) Oleg Platonov, Жизнь за Царя, Правда о Григории Распутине (Une vie au service du tsar : la vérité à propos de Grigori Raspoutine), Saint-Pétersbourg, Voskresenie, 1996.
  • Alain Roullier, Raspoutine est innocent, Nice, France Europe, 1998, 517 p. (ISBN 2-913197-00-0).
  • Henri Troyat, Raspoutine, Paris, Flammarion, 1998 (ISBN 2-08-067220-7).
  • Frédéric Mitterrand, Mémoires d’exil, Paris, Robert Laffont, (ISBN 2-221-09023-3).
  • Edvard Radzinsky, Raspoutine : L'ultime vérité (trad. Macha Zonina et Odette Chevalot), Paris, Lattès, 2000, 609 p. (ISBN 2-7096-2168-1). – Ouvrage utilisant des documents officiels jusque-là inédits.
  • (ru) Oleg Platonov, Григорий Распутин и дети дьявола (Grigori Raspoutine et les enfants du Diable), Exmo-Press, 2005 (ISBN 5-9265-0161-X).
  • Jean des Cars, La Saga des Romanov de Pierre le Grand à Nicolas II, Plon, (ISBN 978-2-259-20797-3).
  • Luc Mary, Les Derniers Jours des Romanov, Paris, L'Archipel, 2008 (ISBN 978-2-8098-0056-2).
  • Henri Troyat, Nicolas II, La Galerie des tsars, Flammarion, (ISBN 978-2-08-121187-2)
  • Vladimir Fédorovski, Le Roman de Raspoutine, Monaco, Le Rocher, 2011. Rééd. Paris, Librairie générale, 2013, coll. « Le Livre de poche », 264 p. (ISBN 2-253-17357-6).

Voir aussi la Bibliographie de l'article « Assassinat de Raspoutine ».

Filmographie (documentaires)

  • Alain Decaux, Raspoutine, série « Alain Decaux raconte », 1976, 59 min. – Decaux aura l'occasion de rencontrer Ioussoupov, l'un des assassins de Raspoutine, qui accordera par ailleurs d'autres entretiens sur le sujet.
  • J.-C. de Revière, G. Perez et A. Grossmann, Les Secrets de la mort de Raspoutine (présenté par Franck Ferrand), Io - Martange, série « L'Ombre d'un doute, 13 », 2012, 1h14.