Chêne

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Chêne est le nom vernaculaire de nombreuses espèces d'arbres et d'arbustes appartenant au genre Quercus, et à certains genres apparentés de la famille des Fagacées, notamment Cyclobalanopsis et Lithocarpus.
Ce genre, présent dans tout l'hémisphère nord et dont l'aire de répartition s'étend depuis les froides latitudes jusqu'aux zones tropicales de l'Asie et des Amériques, comprend à la fois des espèces à feuilles caduques et d'autres à feuilles persistantes.

Description

Le bord des feuilles est lobé, denté ou entier. Les feuilles sont simples et alternes. Le fruit est un akène, appelé gland, fixé dans sa cupule — le gland du chêne pédonculé possède un long pédoncule alors que le gland du chêne sessile possède un pédoncule court.

On distingue deux grandes catégories de chênes : ceux dont le feuillage est caduc, tombant en automne, parfois au printemps (chêne rouge, chêne chevelu, chêne pubescent, chêne tauzin et chêne rouvre) ; ceux dont les feuilles sont persistantes, arbres poussant surtout sur les rivages méditerranéens (chêne vert, chêne kermès et chêne-liège) ainsi qu'en zones subtropicales et tropicales en Amérique et en Asie. Les premiers, généralement plus grands, ont des feuilles divisées en lobes ou crénelées ; les seconds ont des feuilles entières ou à dents épineuses. Les espèces tropicales ont des feuilles entières, comparables à la forme de certaines Lauracées (camphrier, etc.). La nervation craspedodrome bien visible est pennée avec des nervures secondaires alternes[1].

Généralités

Gland dont est issue une pousse de chêne.

Hormis s'il pousse au milieu d'une clairière, en raison d'une croissance lente, dans une forêt mélangée primaire subnaturelle mixte (feuillus-résineux), il faut 100 à 150 ans pour qu'il atteigne la canopée, mais cette lenteur permet au chêne de produire un bois dense et dur, apprécié pour de nombreux usages, surtout depuis la quasi-disparition des grands ormes qui produisaient également un bois dur et de grande taille.

Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu'à plus de 1000 ans et plus, exceptionnellement. De nombreux arbres remarquables pour leur taille et ancienneté étaient (ou sont encore) des chênes, autrefois dits « cassanos » par les Gaulois.

Les chênes possèdent des feuilles disposées de manière spiralée, comportant un bord lobé dans de nombreuses espèces; certaines ont des feuilles entières avec un bord lisse ou denté. Les fleurs sont des chatons qui apparaissent au printemps. Le fruit est un akène, appelé gland, fixé dans une structure appelée cupule ; chaque gland contient une graine (rarement deux ou trois) et met pour mûrir 6 à 18 mois selon l'espèce. Certaines espèces sont des arbres atteignant plusieurs dizaines de mètres de haut (chêne sessile), des grands arbustes (chêne vert), ou des arbrisseaux (chêne kermès).

Une forêt de chênes est une chênaie. Le chêne forme souvent des forêts mixtes en association avec d'autres feuillus.

Le chêne est l'arbre le plus répandu en France, avant le pin[2]. Il représente 40 % des essences, feuillus et conifères confondus[2]. Il est très utilisé en ébénisterie et menuiserie.

Classification

Un chêne blanc hybride, probablement Quercus stellata × Quercus muehlenbergii
Chêne remarquable (aujourd'hui mort) de Bon-Secours. Son fut est presque parfaitement tubulaire et rectiligne. Il pourrait être âgé de 700 à 800 ans
tronc du vieux-chêne de Bon-Secours (la main qui donne l'échelle est celle d'une personne adulte)
Le chêne (vivant ou mort) est l'arbre qui abrite le plus grand nombre d'espèces d'insectes. Il accueille aussi de nombreux organismes épiphytes dont bryophytes et lichens (ici Peniophora quercina et Xanthoria parietina accompagnés d'un champignon (violet)
Quercus skinneri - Muséum d'histoire naturelle de Toulouse

Le genre est divisé en plusieurs sections :

  • Section Quercus (synonymes Lepidobalanus et Leucobalanus), les chênes blancs d'Europe, d'Asie et d'Amérique. Styles courts;les glands mûrissent en 6 mois, doux ou légèrement amers, endocarpe glabre.
  • Section Mesobalanus, les chênes de Hongrie et apparentés d'Europe et d'Asie. Styles longs;les glands mûrissent en 6 mois, amers, endocarpe glabre. (assez proches de la section Quercus et parfois incluse dans celle-ci).
  • Section Cerris, les chênes de Turquie et apparentés d'Europe et d'Asie. Styles longs;les glands mûrissent en 18 mois, très amers, endocarpe glabre ou légèrement duveteux.
  • Section Protobalanus, les chênes intermédiaires entre les chênes rouges et les chênes blancs, originaires du Sud-Est des États-Unis et du Nord-Ouest du Mexique. Styles courts, les glands mûrissent en 18 mois, très amers, endocarpe duveteux. Toutes les espèces de ce groupe sont sempervirentes, avec une persistance des feuilles supérieure à 1 an, et souvent 3 ans.
  • Section Lobatae (synonymes Erythrobalanus), les chênes rouges ou noirs d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale et de Colombie. Style long, les glands longs mûrissent en 18 mois, très amers, endocarpes duveteux.

Les hybrides sont courants uniquement entre espèces au sein d'une même section; aucune hybridation vérifiée entre espèces de différentes sections n'est connue, à l'exception de celles entre espèces de la section Quercus et Mesobalanus, où plusieurs ont lieu.

Le genre Cyclobalanopsis, ici considéré comme un genre distinct, selon Flora of China, est souvent inclus dans d'autres classifications dans le genre Quercus comme un sous-genre.

Sylviculture du chêne

Le cycle sylvigénétique moyen et naturel (de la naissance à la mort naturelle) du chêne est d'environ 600 ans [3], mais son cycle sylvicole (durée de révolution) est nettement plus court.

À l'époque de Colbert les chênes étaient coupés à l'âge de 250 à 300 ans, en Forêt de Tronçais par exemple, considérée aujourd'hui comme l'une des plus belles chênaies d'Europe[4].

Aujourd'hui, pour des raisons économiques (pour en faciliter l'abattage et le sciage industriel, avec un retour sur investissement moindre mais plus rapide), le chêne est abattu bien plus jeune : Dans les années 1980 en France, la durée de renouvellement (révolution) d'un peuplement de chênes n'était plus que de 160 à 200 ans[5] et tend à se réduire avec la sylviculture dite « dynamique » ; Pour plus de profits à court ou moyen terme, le sylviculteur traite souvent la chênaie en « futaie équienne » (arbres de même classe d'âge), éventuellement monospécifique, en augmentant l'ensoleillement par des éclaircies régulières favorisant des "arbres d'avenir" choisis par lui avec une rotation de 90 à 120 ans (3 à 5 m3 de bois d' œuvre par ha et par an en Poitou-Charentes), voire moins[6]. En taillis les chênes sessile et pédonculé sont coupés vers 25 à 45 ans (3 à 6 stères/ha/an)[6].

Utilisations

Utilisation du bois

En Europe, le chêne a été très utilisé, puis cultivé, pour son bois, son liège, son écorce et ses glands (dont on faisait autrefois de la farine, mais qui ont surtout servi à alimenter des porcs). On trouve parfois des chênes têtard dans les haies bocagères ou des chênes isolés dans une prairie ou un champ.

Les chênes sont des arbres à bois dur. Le bois de chêne a une masse volumique comprise entre 0,75 et 0,85 g/cm3. C'est un matériau très résistant et très dur. Sa résistance aux insectes et aux champignons (durabilité naturelle) est très importante grâce à sa forte teneur en tanin. Les grandes planches radiales de chêne sont prisées depuis le Moyen Âge et servent à réaliser des boiseries d'intérieur de bâtiments prestigieux comme la Chambre des communes en Angleterre à Londres, et dans la construction de menuiserie fine. Le bois du chêne pédonculé et du chêne rouvre était utilisé en Europe pour la construction navale jusqu'au XIXe siècle et étaient les principales essences de bois utilisées dans la construction des charpentes en bois des bâtiments en Europe. Aujourd'hui le bois de chêne reste couramment utilisé dans la menuiserie, la parqueterie, et la production de plaquage. Les tonneaux dans lesquels les vins rouges, xérès et d'autres spiritueux tels que le cognac, le scotch ou le bourbon sont vieillis, sont des fûts de chêne. Les tonneaux de chêne contribuent à la saveur vanillée de ces boissons. Les copeaux de bois de chêne sont utilisés pour le fumage du poisson, de la viande, du fromage et d'autres produits alimentaires.

Parmi les chênes nord-américains, le chêne rouge d'Amérique Quercus rubra est le plus prisé pour son bois au sein du groupe Lobatae. Toutes les espèces de ce groupe sont commercialisées en tant que « chêne rouge ». Le bois standard des chênes du groupe Quercus, lesquels sont tous commercialisés en tant que « chêne blanc », est le chêne blanc Quercus alba. Le bois du chêne rouvre et du chêne pédonculé Quercus petraea et Quercus robur, tous deux à feuilles caduques, représente la plus grande partie de la production de chêne en Europe, mais les espèces persistantes, tel que le chêne vert Quercus ilex, et le chêne-liège Quercus suber produisent aussi un bois de valeur.

  • Quercus coccifera est parasité par le kermes, ou cochenille, un insecte dont les œufs séchés et traités servaient à confectionner une teinture de couleur écarlate ;
  • Quercus pubescens est quant à lui le meilleur chêne truffier, le mycélium de la truffe vivant en association avec ses racines.

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Utilisations de l'écorce

L'écorce de Quercus suber, ou chêne-liège, donne le liège qui sert traditionnellement à fabriquer les bouchons en liège. Cette espèce pousse sur le pourtour méditerranéen, ainsi qu'au Portugal. L'Espagne, l'Algérie et le Maroc sont les plus gros producteurs mondiaux.

L'écorce de chêne est riche en tanin. Pulvérisée, elle donne le tan utilisé pour le tannage des cuirs par les tanneurs.

L'écorce du chêne blanc est séchée et utilisée dans certaines préparations médicales.

En Kabylie (Algérie), l'écorce du chêne-liège découpée en forme de cylindre de 70 à 80 cm est utilisée en apiculture pour élever des essaims d'abeilles.

Utilisations des fruits

Les glands peuvent être consommés par les humains (voir purée de glands). Les glands servent pour faire une farine, grillés comme substitut de grains de café ou fermentés pour donner une boisson pétillante (piquette de glands). Les glands sont aussi mangés par les animaux sauvages ou domestiques : les écureuils, les cerfs, les sangliers qui en sont très friands. Toutefois, ils sont nocifs pour les équidés. Au Moyen Âge, dans presque toute l'Europe, en octobre, la glandée consistait à emmener les cochons en forêt pour qu'ils se nourrissent des glands tombés à terre. Les glands sont utilisés en Corse et en Espagne pour l'alimentation de cochons élevés en semi-liberté (qui vont en Espagne servir à confectionner le jambon ibérique de bellota).

Utilisations des galles

On appelle noix de galle (ou galle du chêne) l'excroissance provoquée sur les feuilles de certains chênes par des piqûres d'un autre insecte, le cynips — la noix de galle est utilisée pour la confection de teintures.

La galle du chêne a longtemps été utilisée comme ingrédient principal pour fabriquer l'encre (encre métallo-gallique), récoltée à une période précise de l'année.

Dans les campagnes, les enfants transperçaient d'une allumette les galles (appelées "imoines" dans le Poitou), pour en faire de petites toupies.

Ravageurs et maladies, risques sanitaires

Les chênes de pépinières peuvent avoir des racines endommagées par la taille des racines[7] ou enroulées dans les godets (racine pivot notamment)[8],[9],[10]. Selon certains auteurs, le rempotage en bac de bois traité au CuCO3 augmenterait la régénération des racines et la prise de greffe[11]

La « mort subite du chêne » (Phytophthora ramorum) est provoquée par un oomycète, qui peut causer la mort des chênes en quelques semaines.

Le « flétrissement américain du chêne », provoqué par un champignon Ceratocystis fagacearum (un champignon très proche de la graphiose de l'orme), est aussi une maladie mortelle qui touche tous les chênes dans certains des États des États-Unis, particulièrement les chênes rouges (les chênes blancs peuvent être infectés mais ils survivent généralement plus longtemps).

Parmi les autres risques, on trouve notamment les insectes foreurs ainsi que les insectes fouisseurs, dont la présence pourrait ne pas être évidente à détecter dans le cas des plus vieux arbres. Ces insectes sont alors souvent découverts lorsque les arbres tombent pendant de fortes rafales.

Les pommes de chêne sont des galles qui se développent sur les chênes et sont causées par une espèce d'hyménoptère gallicole (famille des guêpes à galles). La femelle des cochenilles du genre kermes est responsable de la formation de galles sur le chêne kermès. Les chênes servent de plantes nourricières pour les larves de nombreuses espèces de lépidoptères.


Histoire du chêne en Europe

Elle est encore mal connue en raison des avancées et reculs des populations, imposées par les trois dernières glaciations. Elle est un peu moins mal connue pour l'Antiquité[12].

L'étude des gènes de chênes et l'étude de pollens fossiles lors des glaciations précédentes des populations de chênes ont montré que des chênes ont survécu dans certaines zones-refuges aujourd'hui situées en Espagne, Italie et dans les Balkans avant de reconstituer les populations actuelles d'Europe.

Les 3 espèces de chênes (pubescent, sessile, pédonculé) principalement trouvés en France, bien qu’apparemment assez proches, se comportent comme des espèces en voie de spéciation : leur hybridation par croisement artificiel donne de mauvais résultats (ex : moins de 1 % de fécondation réussie pour l'hybride Quercus robur × petraea et robur × pubescens) et les hybrides obtenus sont très fragiles [13],[14]. L'hybridation semble par ailleurs rare dans la nature en raison d'une phénologie différente (dates de floraison différentes) qui permet aux trois pools génétiques d'évoluer séparément, sans pollution génétique croisée (on parle de « séparation botanique »)[15].

Trente à quarante pour cent des chênes sessiles et pédonculés européens poussent aujourd'hui en France, ce qui en fait le second producteur mondial[16], après les États-Unis, et devant l’Ukraine qui pourrait bientôt dominer la filière bois de chêne. En 2004, la chênaie (pédonculé et sessile, souvent mélangés à d'autres essences) y couvrait en 2005 environ 5,1 millions d’hectares, pour un volume estimé de 750 millions de mètres cubes de bois, avec une récolte qui a été en 2004, de 2,6 millions de mètres cubes (90 % de sciage, 8 % de merrain, 2 % de tranchage, le tranchage étant en diminution régulière depuis 20 ans).En 2004, la France a aussi exporté quelque 130 000 m3 de grumes et 150 000 m3 de chêne de trituration. (tout en important 93 000 m3 de grumes en 2005). 850 000 m3 ont été sciés, mais le sciage est en recul depuis les années 1970.

Liste des espèces

Le genre Quercus compte 465 espèces. Elles sont principalement présentes dans les régions tempérées à subtropicales de l'hémisphère nord, avec une incursion en Indonésie, mais aussi dans les forêts tropicales d'altitude. Selon ITIS (23 sept. 2014)[17] :

Selon NCBI (23 sept. 2014)[18] :

Selon Tropicos (23 sept. 2014)[19] :



La densité du bois de chêne est comprise entre 0,61 et 0,98 (cœur : 1,17). C'est un bois lourd, dur et résistant.

Les noms du chêne

Le mot indo-européen *doru (arbre) se retrouve dans le breton derv, le gallois derw, le gaélique dair, qui signifient tous « chêne ». Les langues slaves connaissent des formes comme le russe, le tchèque dub et le polonais dąb.

Il n'y a pas de mot indoeuropéen spécifique au chêne, un arbre qui puise ses noms dans des couches linguistiques plus anciennes. Le mot attribué au genre, le latin quercus (qui se perpétue dans l'italien quercia et le corse querciu) remonte à l'indo-européen *perkʷus (par l'intermédiaire d’une forme altérée *kʷerkʷus), mot lié mythologiquement au nom de l'orage (cf. lituanien Perkunias « dieu de l'orage »). Le même étymon indo-européen est aussi à l'origine des termes germaniques : vieux haut allemand forha > allemand Föhre, sorte de sapin, anglo-saxon furh « sapin » (l'anglais moderne fir « sapin » est un emprunt au vieux scandinave fyra) et gothique fairɧus « monde » (c'est-à-dire « arbre du monde » dans la mythologie germanique cf. Yggdrasil). L'indo-européen *perkʷus explique aussi le nom de la forêt hercynienne (Hercynia silva) par dérivation lexicale *perkʷu-nia > *perkunia > hercunia. La chute de [p] initial de *perkunia > [h]ercunia est propre au celtique : le radical erc- « chêne » étant d'ailleurs attesté en gaulois en toponymie et en anthroponymie, ex : Erco-lana « plaine des chênes » et Argonne de *Arcuna, variante de *Ercuna[20].

Le mot chêne (d'abord chasne en ancien français) est issu du gaulois *cassanos, par l'intermédiaire d'une forme gallo-romane *CASSANU. Ce mot, attesté par le bas latin cassinus et le latin médiéval casnus (886), est à l'origine de l'ancien français chasne, dont les formes chaisne, chesne ainsi que les variantes dialectales caisne, quesne, etc., représentent des altérations précoces, d'après le mot fresne « frêne » [21]. L'étymologie du gaulois *cassanos (autrement noté *cassăno-, éventuellement *cassĭno) est incertaine, car il ne possède aucun équivalent direct dans les langues celtiques, et les divers rapprochements proposés pour en rendre compte restent peu probants[22]; son origine est peut-être préceltique[23]. Autrement dit, ce terme n'a pas été supplanté par le latin quercus, sans doute du fait de l'importance qu'avait cet arbre pour les constructions et surtout comme arbre saint du druidisme[24]. On distingue des formes régionales : aire normande et picarde : quesne, queyne, francoprovençal et nord-occitan : chasne, quart nord-est chesne, chêne, sud-ouest cassou, casse (la cassagne). En Gascogne, ce nom s'applique aux grands chênes à feuilles caduques qu'on distingue du tauzin (Quercus pyrenaica), exactement comme les Basques distinguent l'haritz pédonculé de l'ametz (tauzin) et de l'arte (yeuse). Les Bretons, eux, distinguent le tann (rouvre), du taouz (tauzin). Le mot tan (voir ci-dessus) est d'origine celtique *tanno- comme le breton, il a survécu assez longtemps au sens de « chêne » Cf. toponyme Tanis, Thenney, Tanay, etc. de *TANNETU « tannaie ».

Le latin robur (attribué en taxinomie au chêne pédonculé), donne en français (chêne) rouvre (rivoire) et explique aussi les termes catalan roure et espagnol roble (noms génériques des chênes à feuilles caduques).

La racine *karr est à l'origine de mots latin cerrus, ibériques arte, karraska, carballo, occitan garric, garrolha, limousin jarri, berbère akarruš, slovène hrast.

La racine *aik, *aig explique les termes allemand Eiche, anglais oak et les mots grecs aigilops, krataigos.

En basque, le chêne se dit haritz.

Le chêne vert, le plus répandu en pays méditerranéens, est appelé en catalan alzina, occitan dialectal auzina, espagnol encina, d'un dérivé *ilicina du latin ilex. Le terme « yeuse » ([jø:z] est issu de l'occitan euse « chêne vert », lui-même issu d’elex, variante d’ilex[25],[26]. Ce dernier mot donne également l’italien leccio, corse leccia, par métathèse de [l].

Les chênes-lièges s'appelaient en latin suber, à rapprocher du basque zuhar « orme », de zu(r)- « bois ». On le retrouve dans les termes corses suvera, catalan alzina surera, portugais sobreiro et français sûrier.

Il existe au moins 221 toponymes en France évoquant le chêne[27]. C'est le cas, par exemple, du Chesnay dans les Yvelines ou du Quesnoy dans le Nord.

Arbres remarquables

Le chêne d'Allouville-Bellefosse est le plus vieux de France. Il daterait du IXe siècle.

Le plus vieux chêne de France daterait de l'époque de Charlemagne. Il est situé à Allouville-Bellefosse (Seine-Maritime). En Belgique, le plus vieux chêne se situe à Liernu. Le plus vieux chêne d'Europe se trouve en Suisse : à Chatillon, dans le Jura.

Certains chênes pédonculés ont un port fastigié, s'ouvrant progressivement avec l'âge (chênes pyramidaux).

Certaines variétés, comme le chêne pédonculé, peuvent vivre 1 100 ans.

  • À Cheillé, près d'Azay-le-Rideau, (Indre-et-Loire), un chêne plusieurs fois centenaire, pousse dans le mur de l'église Saint-Didier. Le tronc et les racines de ce beau chêne pédonculé s'enfoncent à l'intérieur du mur.
  • À Saint-Pardoux (Deux-Sèvres), au lieu-dit La Cigogne, un chêne multiséculaire aurait servi d'abri à Robert le Chouan pour échapper à la maréchaussée.
  • Dans la Forêt de Gralas en Vendée, le Chêne Chevreux, au refuge de Grasla, était environné de mystère et de légendes.
  • À Saint-Martin-de-Connée en Mayenne, la Chapelle du Chêne abrite le tronc aujourd'hui desséché du chêne, qui abrite une statuette réputée miraculeuse de Notre-Dame des Douleurs, depuis le XVe siècle.
  • À La Chapelle-Montlinard il existe un chêne multi-centenaire dont la circonférence du tronc mesure près de 10 m.
  • Le chêne des Crapauds (Dervenn an tousegi), dans une propriété privée à Fouesnant en Bretagne. L'arbre a une circonférence de 9,60 m.
  • Le chêne à Guillotin est un chêne âgé d'environ 1000 ans et d'une circonférence de 9,60 m situé à Concoret en Bretagne[28]. Il est nommé d'après l'abbé Guillotin, qui s'est caché dans son tronc creux après la révolution française.
  • En Forêt de Brotonne (Haute-Normandie), on trouve le Chêne-Cuve, arbre dont la base du tronc est remplie d'eau, puis qui se sépare en quatre troncs distincts.
  • À Tombeboeuf, en Lot-et-Garonne, se trouve un chêne multicentenaire de 36 mètres d'envergure.
  • À Chatillon, dans le Jura Suisse, le chêne des bosses mesure 8,40 mètres de circonférence. Il est d’ailleurs inscrit dans le livre des records comme le plus vieux chêne d’Europe : son feuillage couvre une surface de près de 500 mètres carrés.
  • À Lardiers (Alpes de haute Provence) Un chêne dont trois adultes bras tendu ne parviennent pas à le ceinturer a poussé à côté d'une ancienne bergerie, que l'on nomme localement : "lou jas d'où Roule" La bergerie du chêne en Français.

Symboles

  • De nombreux arbres de cette espèce sont chargés dans la tradition populaire (vu la réputation de dureté du bois) d'une grande valeur symbolique en Europe, souvent liée à un contexte de justice :
  • Le chêne symbolise dans plusieurs cultures européennes la pérennité. Les noces de chêne se célèbrent après 80 ans de mariage dans le folklore français.
  • Arbre sacré chez les Romains, les Celtes, les Germains et les Slaves de l'est, le chêne symbolise la virilité, la force, l'endurance et la longévité.
  • Plusieurs pays se servent de la branche de chêne comme symbole de la stabilité de leur régime politique :
  • La feuille de chêne orne également en France le képi des officiers généraux et certaines décorations telles que la Légion d'honneur et la médaille de l'Ordre national du Mérite.
  • Charles de Gaulle fut représenté, le lendemain de sa mort, sous la forme d'un chêne abattu, dans un dessin de Jacques Faizant à la une du Figaro. C'est pourquoi, Michèle Alliot-Marie nomma son parti Le Chêne, car celui-ci incarne aux yeux de tous le symbole du gaullisme. L'UMP, principal parti de la droite française, dont l'idéologie est teintée de gaullisme, a aussi pour emblème le chêne aux couleurs de la France.
  • On constate une récurrence, dans la symbolique nazi, de l'apparition de la feuille de chêne[29].

Vertus médicales

L'écorce, les glands et les feuilles, riches en tanins, possèdent un pouvoir astringent très puissant.

Calendrier

Le 21 avril, généralement le 2e du mois de floréal dans le calendrier républicain français, est officiellement dénommé jour du chêne[30].


Références

  1. Feuilles des arbres Laboratoire Informatique & Systématique de l'Université Pierre-et-Marie-Curie
  2. a et b Site de l'ONF
  3. Gautrot Thierry, Bryoflore associée au bois mort au sol en contexte forestier planitiaire ; exemple de deux massifs du Bassin parisien, École pratique des hautes études ; Sciences de la Vie et de la Terre ; Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme de l’École Pratique des Hautes Études, PDF, (voir p. 21/113)
  4. Timothée de Ferrières (responsable de l’unité territoriale de Tronçais à l'ONF), La sylviculture du chêne à Tronçais, document support de la tournée de l’assemblée générale de la Société des amis de la forêt de Tronçais], 2011-07-30
  5. Delpech, R., Dumé, G., & Galmiche, P. (1985), Typologie des stations forestières, vocabulaire. Paris, Ministère de l’Agriculture, Direction des Forêts
  6. a et b CRPF poitou-Charente, Fiche Chêne, consulté 2012-01-19
  7. Harris, J.R., J. Fanelli, A. Niemiera, and R. Wright. 2001. Root pruning pin oak liners affects growth and root morphology. HortTech. 11:49–52.
  8. Edward F. Gilman, C. Harchick et C. Wiese, Pruning Roots Affects Tree Quality in Container-Grown Oaks ; Environmental Horticulture Department University of Florida, Gainesville, FL
  9. Arnold, M.A. 1996. Mechanical correction and chemical avoidance of circling roots differentially affect post-transplant root regeneration and fi eld establishment of container-grown Shumard oak. J. Amer. Soc. Hort. Sci. 121:258–263
  10. Harris, J.R. and E.F. Gilman. 1991. Production system affects growth and root regeneration of Leyland cypress, laurel oak and slash pine. J. Arboriculture 17:64–69.
  11. Arnold, M.A. and D.K. Struve. 1989. Growing green ash and red oakin CuCO3-treated containers increases root regeneration and shoot growthfollowing transplant. J. Amer. Soc. Hort. Sci. 114:402–406.
  12. Coutance, Amédée., Histoire du chêne dans l'antiquité & dans la nature : ses applications à l'industrie, aux constructions navales, aux sciences et aux arts, etc ; 1873 ; Ed : Paris : J. B. Baillière, 558 p.
  13. Jovanovic (M.) et al. - Kontrolisana unutarvrsna i medurvrsna hibridizacija hrastova. - Sumarstvo no 9-10, 1973, p. 3-14
  14. Rushton (B.S.). - Artificial hybridization between Ouercus robur L. and Quercus petraea Liebl - Watsonia, no 11, 1977, p. 229-236.
  15. P. Sigaud, "Ne parlons plus du chêne mais des chênes", 1986
  16. TOPPAN E. [2007]. « L’économie des chênaies : du local à l’international ». in Forêt-entreprise 173 : 13-16 (4 p., 3 fig., 6 tab., 1 réf.)
  17. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 23 sept. 2014
  18. NCBI, consulté le 23 sept. 2014
  19. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 23 sept. 2014
  20. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, éditions Errance, (ISBN 2-87772-237-6), p. 164-165
  21. Alain Rey (sous la direction d’), Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2e éd., 1998, p. 726b.
  22. Peut être derivé de cassi- cf. irlandais cas « enchevêtré » in Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, édition errance 1994.
  23. Xavier Delamarre, Op. cité., Errance, Paris, 2001, p. 93.
  24. Oscar Bloch,Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF éd. 1960.
  25. Site du cnrtl. Étymologie d’"yeuse"
  26. dictionnaire panoccitan : chêne
  27. Henriette Walter, l'aventure des mots français venus d'ailleurs, page 44.
  28. http://broceliande.valsansretour.com/spip.php?article13
  29. Nouvelordremondial.cc
  30. http://books.google.fr/books?id=vVtWj-W-KP8C&printsec=frontcover&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Antoine le Hardÿ de Beaulieu & Thierry Lamant (2007), Le guide illustré des chênes - Tomes 1 et 2 (photos : Michel Timacheff, Eike Jablonski, Philippe de Spoelberch) ; Ed:Éditions du 8e, 1400 pages ; ISBN 2-913375-02-2
  • Jean-François Clémence et Françoise Péron (ill. Nathalie Locoste), le chêne, Arles, Actes Sud, coll. « le nom de l'arbre », (1re éd. 1995), 96 p., 10 × 19 cm, broché (ISBN 978-2-330-01847-4, présentation en ligne)

Références taxonomiques

Liens externes