Tatiana Ventôse
Genre | Analyse politique |
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Nom de naissance | Tatiana Jarzabek |
Naissance |
Nancy |
Nationalité | Française |
Nombre d'abonnés |
312 000 (Tatiana Ventôse, ) 293 000 (Le Fil d'actu, ) |
Autres activités | Essayiste |
Chaîne | Tatiana Ventôse |
Chaîne(s) secondaire(s) | Le Fil d'actu |
Tatiana Ventôse, pseudonyme de Tatiana Jarzabek, est une vidéaste web politique française, née le à Nancy. Elle est principalement connue en tant qu'animatrice et cofondatrice du Fil d'actu ainsi que pour les analyses politiques qu'elle publie régulièrement sur sa propre chaîne YouTube.
Initialement classée politiquement à gauche et engagée au sein du Front de Gauche, allant jusqu'à rejoindre la direction du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, elle opère un glissement progressif vers l'extrême droite après l'élection présidentielle de 2017 jusqu'à se rapprocher des personnalités du Rassemblement national.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et formation
[modifier | modifier le code]Tatiana Jarzabek naît à Nancy le et grandit entre Villerupt et Longwy en Meurthe-et-Moselle[1]. Elle indique avoir été « élevée par [s]a grand-mère qui avait fui la dictature franquiste[2]».
Tatiana Ventôse étudie l’anglais, l’espagnol et les civilisations britannique et hispanique jusqu’en master[1]. À cette occasion, elle passe plusieurs années à l’étranger, comme étudiante Erasmus puis assistante de langue et enseignante de français en Angleterre. À son retour en France, elle s'inscrit au CAPES d'anglais, qu'elle obtient. En 2014, elle commence à enseigner en tant que professeure d’anglais en Seine-Saint-Denis[1],[3]. Elle démissionne de l’Éducation nationale peu de temps après[2].
Elle a traduit en français le livre Podemos : Les leçons politiques de Game of Thrones de Pablo Iglesias[4].
Parcours politique
[modifier | modifier le code]Débuts politiques au Parti de gauche
[modifier | modifier le code]En 2012, elle rejoint le Parti de gauche. Le , elle rejoint sa direction grâce à son élection par le congrès de Villejuif en tant que secrétaire nationale[5],[6],[7], chargée de la communication[8]. À la suite de désaccords politiques, elle démissionne et quitte le Parti de gauche six mois plus tard[1],[9]. En 2016, elle participe également à lancer le mouvement « On vaut mieux que ça » pour lutter contre la loi El Khomri[1] et s'implique dans le mouvement Nuit debout[3] avant de fonder Le Fil d'Actu[10]. Fin , la vidéaste est présente aux côtés des Gilets jaunes. Elle fait également partie des vidéastes qui analysent le mouvement[11]. Elle déclare en 2022 qu'elle fut « à 100 % avec le mouvement des ronds-points[12] ».
Ralliement à la République souveraine
[modifier | modifier le code]Lors de l'élection présidentielle de 2022, elle soutient la pré-candidature de Georges Kuzmanovic, fondateur du parti République souveraine issu d'une scission avec La France insoumise, qui n'obtient pas les parrainages nécessaires pour se présenter[13].
Rapprochement politique avec le Rassemblement national et d'autres figures de l'extrême droite
[modifier | modifier le code]Le , elle annonce son intention de se présenter aux élections européennes et lance le Mouvement V., dont le but est de « reconstruire la France » avec le youtubeur Grégory, dit Greg Tabibian de la chaîne J'suis pas content considérée par Arrêt sur images comme proche de la fachosphère[14]. Ils co-écrivent un livre intitulé Jusqu'ici tout va (très) mal, édité par Plon[15]. Selon le site Débunker de Hoax, cette alliance avec Greg Tabibian signe « son entrée officielle dans le cercle très fermé de la fachosphère »[16].
Au second tour de l'élection présidentielle de 2022 , elle appelle à voter pour la candidate d'extrême droite Marine Le Pen[5],[17] au nom d'un « vote de classe »[18]. Selon France Info, un an après cet appel, elle demeure « populaire chez les jeunes nationalistes »[19].
Le journal L'Humanité et France Info rapportent que Tatiana Ventôse a participé en au lancement de l'école des cadres du Rassemblement national afin d'y donner un entretien[20],[19],[21]. Lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk, elle estime dans une vidéo que les policiers devraient avoir l’autorisation de « tirer à vue » sur les émeutiers, et ce « sans avoir de retombées »[20].
En août 2024, Libération la classe parmi les influenceurs d'extrême droite, aux côtés de Papacito, Christopher Lannes (d) et Julien Rochedy [22].
En septembre 2024, Cécile Ollivier du magazine Elle la classe parmi les influenceuses « au discours xénophobe et antiféministe », aux côtés de Thaïs d'Escufon, Marguerite Stern et Alice Cordier[23]. Selon l'article, bien qu'elle ne se reconnaisse pas dans les termes « extrême droite », tout son champ lexical renvoie à la fachosphère.
Parcours de vidéaste
[modifier | modifier le code]En , Tatiana Ventôse fait partie d'une équipe d'une dizaine de jeunes — dont aucun n'est journaliste de formation — qui créent Le Fil d'Actu, un JT diffusé sur YouTube qui tente de « proposer une lecture différente de l'actualité, loin du flux d'informations en continu des chaînes [télévisées] »[1],[3], « l'anti-BFM TV[24] ». Elle choisit son pseudonyme « Ventôse » en référence aux lois de ventôse an II[25][réf. à confirmer].
En , Tatiana Ventôse reçoit le quatrième « Prix éthique » de l'année de la part de l'association Anticor[26] : « Cette année, Anticor a fait la part belle aux jeunes en récompensant « Osons causer » et « Le Fil d’Actu ». L’association reconnaît ainsi l’importance des nouveaux médias dans la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et le gaspillage de l’argent public. » En septembre de la même année, elle participe au Frames festival à Avignon, où elle s'oppose, parmi d'autres vidéastes, au discours de Jean-François Cesarini, venu aborder la loi travail[27].
En 2019, Le Fil d'Actu compte 100 000 abonnés[10]. La même année, Tatiana Ventôse fait partie du « top 5 des créatrices à découvrir en 2018 » mises en avant par YouTube pour la journée internationale des femmes[28].
En 2021, elle affirme dans Le Figaro refuser tout placement de produit dans ses vidéos et gagner entre 1 800 et 3 500 euros brut par mois[7]. En mars 2022, le magazine Challenges la classe sixième d'un « top 10 des influenceurs politiques les plus populaires » avec 332 900 abonnés sur YouTube et Instagram[12].
Critiques
[modifier | modifier le code]Le site d'actualité Mr Mondialisation lui reproche en 2019 de discréditer Greta Thunberg à travers « la mise en scène d’un mille-feuille argumentatif » ; ainsi, la jugeant notamment « trop jeune » et « vendue au système », la vidéaste donnerait d'elle une « image caricaturale »[29].
Selon le politologue Philippe Corcuff, sa prise de position en faveur de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2022 s'intègre dans une « extrême droitisation des débats publics » et un confusionnisme politique global entre des militants de gauche et d'extrême droite[5]. Pour Antoine Bristielle, chercheur en science politique, elle s'inscrit également dans la part importante des extrémismes politiques parmi les influenceurs web[30].
Dans Franc-Tireur, en mai 2023, le politologue Rudy Reichstadt juge qu'elle tient régulièrement des propos climatosceptiques. En particulier, dans une vidéo sur Youtube, elle dénonce « les bobos du climat » qui, selon elle, « essaient de faire peur » avec le réchauffement climatique[31]. Conspiracy watch la qualifie au même moment comme faisant partie de la « réinfosphère francophone » et participant à un « climato-complotisme »[9]. Le journal L'Humanité estime qu'elle tient des propos complotistes et climatosceptiques dans une vidéo sans aucune donnée scientifique[32].
Libération la cite parmi les influenceurs d'extrême droite qui participent à une réécriture de l'histoire menant à « une guerre d'usure contre la recherche scientifique dans le but de la décrédibiliser et pour imposer leur propre roman national »[22].
Publications
[modifier | modifier le code]Auteure
[modifier | modifier le code]- Collectif, #On vaut mieux que ça, Paris, Flammarion, 2016.
- Avec Greg Tabibian, Jusqu'ici, tout va (très) mal - Antidote au chaos politique, Plon, 2019, (ISBN 978-2259277181).
- Il est venu le temps des producteurs, Le Fil d'Actu, 2024, (ISBN 978-2-487560-00-0).
Traductrice
[modifier | modifier le code]- Pablo Iglesias Turrión, Podemos : Les leçons politiques de Game of Thrones, Paris, Post-éditions, 2015.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Julie Mazuet, « Tatiana Jarzabek, la prof frondeuse du Fil d'Actu », sur Madame Figaro, (consulté le ).
- Isabelle Jouanneau, « Tatiana Ventôse : « Nous souhaitons construire une sorte de nouveau contrat social » », sur Entreprendre, (consulté le ).
- Matthieu Deprieck, « Nuit debout: on n’a pas de télés, mais on a notre JT », sur Les Inrocks, (consulté le ).
- Robin Andraca, « "Le Fil d'Actu" : le JT engagé, inspiré par Podemos et Occupy Wall Street - Aux origines de #OnVautMieuxQueCa : 6e volet », sur Arrêt sur images, (consulté le ).
- Philippe Corcuff, « En plein confusionnisme, au bord du précipice politique (1/2) », sur AOC (média), (consulté le ).
- Kévin Boucaud-Victoire, « Tatiana Ventôse : "Nos dirigeants ne parviennent plus à convaincre" », sur marianne.net, 2019-03-29utc15:09:02+0100 (consulté le ).
- « Comment les YouTubeurs bousculent le monde politique et médiatique », sur LEFIGARO, (consulté le ).
- Emmanuel Taïeb et Rémi Lefebvre, Séries politiques: Le pouvoir entre fiction et vérité, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-3226-3, lire en ligne), Note n°9
- « L'Observatoire du conspirationnisme », sur Conspiracy Watch / L'Observatoire du…, (consulté le ).
- Hadrien Mathoux, « Comment Internet a bouleversé la manière de se forger une culture politique », sur marianne.net, 2019-02-04utc17:00:00+0200 (consulté le ).
- « Comment certains YouTubeurs s'emparent des gilets jaunes », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- Delphine Dechaux, « Le top 10 des influenceurs politiques les plus populaires », sur Challenges, (consulté le ).
- « Le top 10 des influenceurs politiques les plus populaires », sur Challenges (consulté le ).
- « Ulule accueille un jeu proche de la fachosphère - Par Paul Aveline | Arrêt sur images », sur arretsurimages.net, (consulté le ).
- Tatiana Ventôse et Greg Tabibian, Jusqu'ici tout va (très) mal : antidote au chaos politique, Plon, (ISBN 978-2-259-27718-1, lire en ligne)
- « Tatiana Ventôse, à l'extrême droite toute! - Debunkers », (consulté le ).
- « « J’ai pas le temps de sauver la France » : on a regardé le débat de l’entre-deux-tours avec des étudiants », sur L'Obs, (consulté le ).
- Eve Szeftel, « Gilets jaunes de Verneuil: «On va se regrouper au rond-point et dimanche on ira manifester à Paris» », sur Libération (consulté le ).
- « REPORTAGE. Le Rassemblement national lance son "école des cadres" pour se préparer à "arriver au pouvoir" », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Les vautours : la stratégie de l’extrême droite pour tirer profit des événements suite à la mort de Nahel | L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le ).
- « Le RN ouvre son « école des cadres » et poursuit son institutionnalisation | L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le ).
- « En ligne et dans la bollosphère, la grande offensive de l’extrême droite contre l’histoire », Libération, (lire en ligne )
- « Jeunes, jolies et fachos : qui sont les influenceuses de l'extrême ? », Elle, (lire en ligne )
- Erwan Desplanques, « Les YouTubeurs de gauche mènent la contre-attaque », sur Télérama, (consulté le ).
- [vidéo] Tatiana Ventôse, « La vraie fracture... et ma véritable allégeance », sur YouTube, (consulté le )
- « La cérémonie 2017 des Prix éthiques et des Casseroles », sur Anticor, (consulté le ).
- Perrine Signoret, « Revenu aléatoire, statut flou... Derrière les stars, la précarité des youtubeurs », sur LExpansion.com, (consulté le ).
- Manon, « YouTube dévoile les créatrices les plus populaires sur sa plateforme et s'engage à soutenir la création féminine », sur Journal du Geek, (consulté le ).
- Mr Mondialisation, « Greta Thunberg : l’histoire d’une hystérie collective », sur Mr Mondialisation, (consulté le ).
- « Les influenceurs politiques : pourquoi tant de radicalité ? », sur lejdd.fr, (consulté le ).
- « Les déréglés du climat », sur Franc-Tireur, (consulté le ).
- « Climatosceptiques : qui sont les nouveaux mercenaires de l'intox ? - L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le ).
Liens externes
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