Maurice Feltin

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Maurice Feltin
Image illustrative de l’article Maurice Feltin
Maurice Feltin vers 1935.
Biographie
Naissance
Delle (Territoire de Belfort)
Ordination sacerdotale
Décès (à 92 ans)
Paris 7e
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal

par le pape Pie XII
Titre cardinalice cardinal-prêtre
de Santa Maria della Pace
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par le
card. Henri Binet
Vicaire aux armées françaises
Ordinaire des Orientaux de France
Archevêque de Paris
Archevêque de Bordeaux
Évêque de Bazas
(Primat d'Aquitaine)
Archevêque de Sens
Évêque de Troyes
Autres fonctions
Fonction religieuse
Président de la Conférence des évêques de France (1964-1969)

Signature de Maurice Feltin

Blason
« Animam pro ovibus » (Jn 10,11)
(« Donne sa vie pour ses brebis »)
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Maurice Feltin, né le à Delle (territoire de Belfort) et mort le dans le 7e arrondissement de Paris, est un ecclésiastique français — évêque de Troyes, archevêque de Sens, de Bordeaux puis de Paris — fait cardinal en 1953.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière ecclésiastique[modifier | modifier le code]

Fils de Charles et de Marie Haas, Maurice Feltin, après des études classiques chez les bénédictins de Mariastein réfugiés à Delle, puis chez les jésuites de Lyon, reçoit sa formation philosophique et théologique au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et est ordonné prêtre le [1]. Jusqu'en 1927, il exerce son ministère dans le diocèse de Besançon.

Âgé de 31 ans quand éclate la Première Guerre mondiale, il sert comme sergent à la 7e section du groupe des brancardiers du 7e Corps d'Armée. Il est « remis » caporal à sa demande le et transféré au 174e régiment d'infanterie. Il est de nouveau nommé sergent le . Il est évacué pour maladie du au . Il est démobilisé en 1919[2] et reçoit de nombreuses décorations militaires. Il est décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 1914-1918 et de la Légion d'honneur.

En 1927, le pape Pie XI le nomme évêque de Troyes où il érige canoniquement les Dominicaines missionnaires des campagnes. En 1932, il est nommé archevêque de Sens, en 1935 archevêque de Bordeaux où il incite l'électorat de son diocèse à voter pour les candidats du Front populaire[réf. nécessaire] mais se soumet au régime de Vichy.

Sous l'Occupation[modifier | modifier le code]

Archevêque de Bordeaux lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, il se rallie au maréchal Pétain. Il approuve ainsi la Charte du travail, à laquelle il recommande de participer[3]. Partisan d'un modèle social corporatiste, il invite ses séminaristes à partir pour le Service du travail obligatoire (STO)[4]. Cependant, il reste patriote[évasif] et, sous l'influence du pasteur Marc Boegner, refuse l'antisémitisme[réf. nécessaire]. Il participe à la déclaration des évêques de France du qui condamne : « les appels à la violence et les actes de terrorisme, qui déchirent aujourd'hui le pays, provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures »[5].

À la Libération, il fait partie des prélats que le gouvernement souhaiterait voir écartés pour leur attitude jugée conciliante envers le Régime de Vichy[5].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

En 1949, il est nommé archevêque de Paris. À partir de cette date, son épiscopat est surtout marqué par son soutien à l'Action catholique et par sa préoccupation de l'apostolat en banlieue et dans les quartiers populaires.

En 1950, il accepte la présidence de Pax Christi, mouvement catholique international pour la paix et en devient le 1er président. Le , jour de Pâques, c'est lui qui officie en tant qu'archevêque de Paris lors de la messe pontificale à Notre-Dame interrompue par le faux dominicain Michel Mourre et quelques comparses venus de Saint-Germain-des-Prés dont Serge Berna, auteur du violent discours lu en chaire proclamant la mort de Dieu et passé à la postérité sous le nom de « Scandale de Notre-Dame »[6]. Ce même Berna qu'il retrouve quelque temps après le dimanche , toujours entouré d'amis lettristes du Soulèvement de la Jeunesse, venus perturber la célébration de « l'hommage à sainte Thérèse » présidé par l'archevêque de Paris se déroulant à l'Œuvre des orphelins-apprentis d'Auteuil[7].

Pie XII le crée cardinal en 1953 avec le titre de cardinal-prêtre de Santa Maria della Pace. Il prend parti en faveur de Joseph Colomb lors de l'affaire du catéchisme Colomb.

En 1954 et en 1959, il prend la défense du mouvement des prêtres ouvriers, lancé dans les années 1940 par Jacques Loew, sous réserve d'un encadrement de l'Église locale mais s'oppose à un refus de la part du Saint-Siège, qui sera cependant levé en 1965 sous Paul VI.

Plaque dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris

Le , il est présent à la bénédiction d'une plaque commémorative en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, par le nonce apostolique Angelo Roncalli, pour le souvenir du vœu de Willette, réalisé par Pierre Regnault le mercredi des Cendres 1926 avec l'Union des catholiques des beaux-arts[8].

En 1952, il obtient un sursis à l'abbé Jean Boulier, intellectuel catholique de gauche engagé, parmi les fondateurs du Mouvement de la paix[9], accusé de « philocommunisme » et réduit à l'état laïc. Boulier avait soutenu le quotidien de gauche Ouest-Matin, qui avait publié la lettre du soldat Alexandre Lepan, accusant les troupes françaises d'avoir commis un certain nombre d'atrocités lors de la Guerre d'Indochine[10]. Selon lui, son ancien chef de bataillon, Clauzon, commandant le 22e régiment d'infanterie coloniale, poussait ses hommes au meurtre et au pillage[10]. Dix ans plus tard, Boulier sera définitivement privé du droit d'exercer ses fonctions de prêtre en 1962 en raison de son étude laudative sur l'hérésiarque Jan Hus[9].

Le , il introduit le procès en béatification d'Élisabeth de France, sœur du roi Louis XVI[11].

En , il rend facultatif le port de la soutane et autorise le port du clergyman[12],[13].

En 1963, il refuse les obsèques religieuses à Édith Piaf puisqu'elle avait vécu en dehors de l'Église, « en état de péché public »[14].

Maurice Feltin s'oppose[réf. nécessaire] à la doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR) forgée par l'armée française[réf. nécessaire], considérant que la torture et l'assassinat d'opposants politiques vont à l'encontre de la religion catholique[15],[16][source insuffisante].

Il prépare avec son coadjuteur, Pierre Veuillot, la fondation des nouveaux diocèses de Créteil, de Nanterre et de Saint-Denis, effective en 1966, peu avant sa démission.

Il meurt le [17] au monastère des Annonciades de Thiais près de Paris et est enterré dans le caveau des archevêques de la cathédrale Notre-Dame de Paris[18].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Chapitre du diocèse de Fréjus-Toulon : Mgr Maurice Feltin (1883-1975), chanoine d’honneur », sur chapitre-frejus-toulon.fr (consulté le )
  2. « Registre des matricules - Nos 1039-15101 R 257 », sur archives.territoiredebelfort.fr (consulté le )
  3. Jacques Prévotat, article Feltin (Maurice, Mgr), dans le Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, sous la direction de Michèle et Jean-Paul Cointet, Tallandier, 2000, p. 299.
  4. Raphaël Spina 2017, p. 247-254.
  5. a et b cité par Michèle Cointet, article Chrétiens, dans le Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, sous la direction de Michèle et Jean-Paul Cointet, Tallandier, 2000, p. 159.
  6. Combat du 10 avril 1950 et Ce soir du même jour.
  7. Combat du 20 juin 1950.
  8. « Église Saint-Germain-L’Auxerrois (Paris) - tombes sépultures dans les cimetières et autres lieux », sur www.tombes-sepultures.com (consulté le )
  9. a et b « Mort de l'abbé Boulier cofondateur du "Mouvement de la Paix" », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b « M. Pleven poursuit Ouest-Matin pour allégations diffamatoires envers nos troupes du Vietnam », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, bientôt béatifiée ? », sur Aleteia, (consulté le )
  12. Luc Perrin, Paris à l'heure de Vatican II, Editions de l'Atelier, 1997, p. 69
  13. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « Monsieur l'abbé sans soutane », sur Ina.fr (consulté le )
  14. (en) « Stuart Jeffries on Jean Cocteau and Edith Piaf », sur theguardian.com, (consulté le )
  15. (es) « Página/12 :: El país :: Fuerzas Armadas y organismos de derechos humanos, una relación impuesta », sur www.pagina12.com.ar (consulté le )
  16. En ceci, il se démarque de certaines tendances de l'Église et de l'Armée, qui vont avoir une influence puissante en Argentine (le cardinal Antonio Caggiano et son successeur Adolfo Servando Tortoloetc.), ce mélange entre la doctrine de la guerre révolutionnaire et le national-catholicisme devenant par la suite un des éléments moteurs de la « guerre sale » livrée par la dictature militaire argentine (1976-1983) à l'encontre de la population civile
  17. Archives en ligne de Paris, 7e arrondissement, année 1975, acte de décès no 956, cote 7D 283, vue 24/31
  18. Frédéric Le Moigne, 1944-1951 : Les deux corps de Notre-Dame de Paris, in Vingtième Siècle. Revue d'histoire no 78, éd. Presses de SciencesPo, 2003/2, article en ligne
  19. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Xavier François-Leclanché, Les Gens de Villiers-sur-Tholon - Grande guerre et après-guerre - 1914-1939, Perform, 2018 (ISBN 978-2-9527873-4-5)
  • Raphaël Spina, Histoire du STO, Paris, Éditions Perrin, coll. « Synthèses historiques », , 572 p. (ISBN 978-2-262-04757-3, lire en ligne), chap. 21 (« Les chrétiens face au STO »)

Liens externes[modifier | modifier le code]