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== Littérature ==
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* ''Hérodias'', un des ''[[Trois contes]]'' de [[Gustave Flaubert]], [[1877]] ;
* ''Hérodias'', un des ''[[Trois contes]]'' de [[Gustave Flaubert]], [[1877]], [http://www.mediterranees.net/mythes/salome/flaubert/herodias3/index.html lire en ligne] ;
* ''Hérodiade. Scène'', poème de [[Stéphane Mallarmé]], dans ''Poésies'', 1887 ;
* ''Hérodiade. Scène'', poème de [[Stéphane Mallarmé]], dans « ''Poésies'' », 1887, [http://www.mediterranees.net/mythes/salome/divers/mallarme.html lire en ligne]
* ''Hérodiade [Ouverture ancienne]. Les Noces d'Hérodiade, Mystère'', fragments d'un poème inachevé et posthume de [[Stéphane Mallarmé]].
* ''Hérodiade [Ouverture ancienne]. Les Noces d'Hérodiade, Mystère'', fragments d'un poème inachevé et posthume de [[Stéphane Mallarmé]].
* ''Atta Troll - Rêve d'une nuit d'été'' de [[Heinrich Heine]] (écrit en 1841) [http://www.mediterranees.net/mythes/salome/divers/atta_fr.html lire en ligne]


== Musique ==
== Musique ==

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Hérodias, par Paul Delaroche

Hérodias, ou Hérodiade, est une princesse juive, née vers 15 av. J.-C.. Petite-fille d'Hérode le Grand par son père et descendante des Hasmonéens, la dynastie légitime, elle est d'abord l'épouse de son oncle, Hérode II, fils d'Hérode, (également appelé par les historiens modernes Hérode Philippe Ier ou Hérode Boethos), qui est totalement déshérité par son père, un an avant sa mort (4 av. J.-C.). Ils sont tous deux les parents de Salomé que la tradition chrétienne a rendue célèbre.

Après « la mort sans enfant » de Philippe le tétrarque (34), elle quitte son premier mari « encore vivant » pour épouser un autre de ses oncles, Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, qui s'engage à répudier Phasaelis, la fille du roi de Pétra, avec laquelle il était marié jusque là. Cette répudiation, ainsi que l'exécution de Jean le Baptiste est la cause d'une guerre où l'armée d'Antipas, son nouveau mari, sera anéantie par une forte coalition, qui s'est créée en réaction à ces deux événements.

Selon les évangiles attribués à Marc et à Matthieu, c'est elle qui demande et obtient par l'intermédiaire de sa fille, qui n'est pas nommée, l'exécution de Jean le Baptiste. Elle serait donc doublement la cause de ce désastre politico-militaire.

Après cette défaite, la situation créée est un véritable imbroglio, qui est encore compliquée par les actions de Ponce Pilate et du grand-prêtre Caïphe, alliés avec Antipas. Vers la Pâque 37, présent à Jérusalem, Lucius Vitellius le légat de Syrie, démet à nouveau le grand-prêtre Jonathas, qu'il venait pourtant de nommer. Peu de temps auparavant, il avait démis Caïphe et, avec une procédure exceptionnelle, Ponce Pilate qui étaient beaucoup trop liés et qui avec Antipas mettaient en danger la politique et les alliances que l'Empire romain avait construites contre son adversaire principal: l'Empire parthe.

Entretemps, l'empereur Tibère est mort et c'est Caligula qui lui succède. Il tire le frère d'Hérodiade, Hérode Agrippa Ier de la prison où Tibère l'avait envoyé six mois plus tôt, lui donne les territoires de la tétrarchie de Philippe qu'Antipas et hérodiade convoitaient et lui accorde le titre de roi. Passant à Alexandrie en juillet 38, pour retourner dans ses territoires, Agrippa est contraint d'assister à une parodie dont le contenu montre qu'il est considéré comme le roi des Juifs.

Agrippa arrive à Césarée de Philippe en été 38, après que la situation a été éclaircie sur place par Lucius Vitellius et Marullus, envoyé par Caligula avec le titre de vice-roi. Il y a probablement eu une négociation et un accord avec les nabatéens de Pétra et tous les rois arabes concernés, mais cela n'est pas relaté par le texte de Flavius Josèphe.

Hérodiade se rend compte que toutes ses ambitions ainsi que les promesses d'Antipas pour la convaincre de se marier avec lui, sont en train de disparaître. Pour elle, celui qui lui ravit « son » titre royal est son frère ruiné, qui quémandait de l'argent et qui était en prison. Au comble de la jalousie, elle pousse son mari Hérode Antipas à demander à l'empereur Caligula qu'il lui accorde le même statut. Mais déconsidéré auprès de Caligula par une machination d'Agrippa, Hérode Antipas est déchu, banni et exilé dans le sud des Gaules et ses territoires, la Galilée et la Pérée, sont donnés à son adversaire.

Bien que l'empereur offre à Hérodiade la possibilité de retourner en Palestine pour vivre à la cour de son frère, elle préfère accompagner son mari dans son exil, probablement à Lugdunum Convenarum (actuelle Saint-Bertrand de Comminges) en 39 ap. J.-C., où elle est vraisemblablement morte à une date inconnue.

Biographie

Petite-fille d'Hérode le Grand par son père, Aristobule IV, et descendante des Hasmonéens, elle avait trois frères, Hérode de Chalcis, Hérode Agrippa Ier, qui vont tous deux être rois et Aristobule le mineur[1]. Elle avait aussi une sœur Mariamme IV, probablement la première épouse d'Hérode Archélaos. Il n'y a pas de consensus pour savoir si elle était l'aînée ou la cadette des filles d'Aristobule.

En 29 av. J.-C., alors qu'elle n'est pas encore née, Hérode le Grand a fait tuer sa grand-mère, Mariamne l'Hasmonéenne, qui était son épouse la plus prestigieuse. En 7 av. J.-C., alors qu'elle a moins de dix ans, Aristobule son père a été exécuté sur ordre de son grand-père Hérode le Grand[1]. Les intrigues de palais et notamment les propos d'Antipater, un autre fils qu'Hérode a eu avec Doris, ont convaincu le roi de Judée que les deux fils qu'il avait eu avec Mariamne l'Hasmonéenne complotaient contre lui. Il les a fait jeter en prison, puis exécuter[1]. Le grand-père d'Hérodiade a donc fait tuer, son père, son oncle et sa grand-mère, mais aussi un grand nombre d'autres membres de la famille hasmonéenne, dynastie bien plus légitime que la lignée d'Hérode.

Premier mariage

Cependant, Hérode le Grand s'est occupé de l'éducation des orphelins[1]. Il a notamment décidé qu'Hérodiade se marierait avec son demi-oncle Hérode II, fils d'Hérode, qui à ce moment était promis à un bel avenir, puisqu'il était inscrit sur le testament d'Hérode, comme devant co-hériter de son royaume. Elle a donc d'abord épousé cet oncle, Hérode II, fils d'Hérode, appelé également par les historiens modernes Hérode Philippe Ier ou Hérode Boethos[1], dont elle a une fille, la célèbre Salomé.

Toutefois, l'identification du premier époux d'Hérodiade pose problème[2]. En effet la mention dans les évangiles attribués à Marc et à Matthieu qu'Hérodiade est « la femme de Philippe », a longtemps fait confondre son mari avec le tétrarque Philippe[3].

Hérodiade subit une immense déception peu après son mariage avec Hérode II, en effet celui-ci un temps fait héritier d'une partie du royaume d'Hérode au côté d'Antipater, un autre fils d'Hérode le Grand est totalement déshérité par ce dernier[4]. Par conséquent Hérodiade et Hérode Boëthos vont vivre comme de « simples particuliers », le plus souvent à Rome[5],[6].

Un remariage qui va tourner à la catastrophe

Le partage du royaume d'Hérode Ier le Grand:
  • Territoires sous l'autorité d'Hérode Antipas
  • Territoires sous l'autorité d'Philippe le tétrarque
  • Salomé Ire (villes de Javneh, Azotas, Phaesalis)
  • Territoires sous l'autorité d'Hérode Archélaos, puis à partir de l'an 6, province romaine de Judée
  • Province romaine de Syrie
  • Citées autonomes (Decapolis)
  • Après la mort de Philippe le tétrarque[7] en 34[8], elle est la cause d'une guerre dans laquelle Hérode Antipas le tétrarque de Galilée va perdre son armée[9] dans un affrontement combiné avec les forces d'Arétas IV roi de Pétra, aidé par des auxiliaires envoyés par les rois Abgar V d'Edesse et Izatès II d'Adiabène, auxquels se joignent des forces de la tétrarchie de Philippe. Ces derniers veulent venger la mort de Jean le Baptiste, tué sur ordre d'Antipas, car le Baptiste « rassemblait ses partisans qui étaient très exaltés en l'entendant parler ».

    En effet, pour être nommé à la tête de la tétrarchie de Philippe par l'empereur, Antipas a imaginé de conforter sa position en se mariant avec Hérodiade[10]. « Il se dit qu'un mariage avec Hérodiade pourrait renforcer sa prétention à obtenir un jour le titre royal de la part de l'empereur[11]. » « Partant pour Rome », là où tout se décide, Antipas passe proposer le mariage à Hérodiade, ce qu'elle s'empresse d'accepter[12],[7]. Elle accepte de se séparer de son mari encore vivant[4], ce qui fait scandale dans la région dès que ce projet est révélé. Ils conviennent qu'elle cohabitera avec lui dès qu'il sera rentré de Rome[7] et surtout « qu'il répudierait la fille d'Arétas », avec laquelle Antipas était marié[13],[14].

    La manœuvre semble habile car Hérodiade est une descendante des Hasmonéens (la dynastie légitime) et la sœur du futur Hérode Agrippa Ier, adversaire potentiel, qui d'ailleurs gagnera finalement ce combat d'influence.

    Neutralisation de son frère, Agrippa Ier

    Hérode Agrippa est en effet un possible obstacle aux ambitions royales d'Antipas et Hérodiade. C'est un Hasmonéen, dynastie bien plus légitime que la lignée d'Antipas. Il a été élevé à Rome avec les enfants de la famille impériale dont le futur empereur Claude, ainsi que Drusus, le jeune fils de Tibère, dont il deviendra l'ami intime[1],[15]. Il a vécu très longtemps dans la capitale de l'empire, et il connaît personnellement presque tous les membres de la famille impériale. Par tradition familiale, il est soutenu par l'impératrice Livie et par Antonia Minor, la belle-sœur de Tibère.

    Mais Agrippa s'est ruiné dans la vie luxueuse de Rome[16]. Rentré en Palestine, « il se retira dans un fort à Malatha d'Idumée »[16] et pense même au suicide. Toutefois sa femme Cypros va s'entendre avec Hérodiade[16]. En bonne sœur, mais peut-être avec des arrières-pensées, Hérodiade va profiter de son influence sur Antipas, pour que celui-ci donne à Agrippa une fonction rémunérée[16],[15].

    « [Antipas et Hérodiade] firent venir Agrippa, lui assignèrent comme résidence Tibériade avec une somme limitée pour vivre et l'honorèrent des fonctions d'agoranome (inspecteur des marchés) de Tibériade[17]. »

    Désormais Agrippa n'est plus un danger, il est devenu un obligé d'Antipas et il est quasiment assigné en Galilée. Hérodiade se voit déjà reine, mais cette belle stratégie va quand même être mise en défaut.

    Une répudiation qui provoque un conflit avec l'Arabie

    Toutefois, pendant le séjour d'Antipas à Rome, les informateurs, clients ou ambassadeurs d'Arétas IV ont dû avoir vent du projet de mariage[4], qui est un véritable camouflet pour lui, mais qui annonce peut-être aussi le viol de certaines dispositions de l'accord passé autrefois avec Hérode le Grand, le père d'Antipas. Arétas en informe probablement sa fille, puis il se met en quête de trouver des alliés vers les royaumes d'Adiabène et d'Édesse[18], il construit aussi probablement des alliances avec les grandes familles de l'ancienne tétrarchie de Philippe. Pour cette préparation, Arétas profite du fait que les romains sont engagés dans un combat contre les Parthes et leur roi Artaban III[9] pour le contrôle de l'Arménie (du printemps 35 à la fin 36, avec des opérations militaires lors des deux été).

    Lorsque vers 34[9], Hérode Antipas rentre de Rome, tout est prêt. Phasaelis, sa femme, informée de « son accord avec Hérodiade », lui demande « avant qu'il eût découvert qu'elle savait tout » de l'envoyer à Machaero (Macheronte) au sud de la Pérée, « sur les confins du territoire d'Arétas et de celui d'Antipas, sans rien dévoiler de ses intentions. »

    « Hérode l'y envoya, supposant que sa femme ne se doutait de rien. Mais elle, qui avait envoyé quelque temps auparavant des émissaires à Machaero, lieu dépendant alors de son père, y trouva préparé par le commandant tout ce qui était nécessaire à son voyage. À peine y fut-elle arrivée qu'elle se hâta de gagner l'Arabie, en se faisant escorter par les commandants de postes successifs ; elle arriva aussi vite que possible chez son père et lui révéla les intentions d'Hérode[19]. »

    Le meurtre d'un opposant célèbre qui fait naître une forte coalition

    La Décollation de saint Jean-Baptiste (1608), par Le Caravage.

    Le projet de mariage est donc révélé et c'est là qu'intervient « Jean surnommé Baptiste » qui montre que probablement la population de l'ex-tétrarchie de Philippe, voyait aussi d'un très mauvais œil, le fait de passer sous le pouvoir d'Antipas. Jean le Baptiste rassemble un grand nombre de gens autour de lui « qui sont très exaltés en l'entendant parler[20] ».

    Il est possible que comme d'habitude, cette opposition ait été assise aussi sur des arguments religieux, particulièrement efficaces pour rassembler les Juifs à cette époque dans cette région. L'Évangile attribué à Marc retient un de ces arguments qui rendaient les gens « très exaltés en l'entendant parler ». Il disait à Hérode Antipas : «  Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère[21] », marquant ainsi son opposition au mariage avec Hérodiade, essentiel dans le dispositif mis en place par Antipas. En effet, puisque le premier mari d'Hérodiade était « encore vivant », cette union choquait « en raison de l'interdiction légale du mariage avec la femme de son frère (Lév. 18, 16; 20, 21), que Jean-Baptiste rappelait sans ménagement[22]. »

    « Hérode (Antipas) craignait qu'une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout, les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s'emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d'avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s'être exposé à des périls. À cause de ces soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé à Machaero, la forteresse dont nous avons parlé plus haut[23], et y fut tué (vers 35[9])[19]. »

    Selon l'évangile de Marc et celui de Matthieu, c'est Hérodiade qui demande et obtient par l'intermédiaire de sa fille, dont le nom n'est pas précisé, l'exécution de Jean-Baptiste.

    La mort de Jean le Baptiste d'après les évangiles attribués à Marc et Matthieu

    Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste (1607), par Le Caravage.

    Selon l'évangile attribué à Marc (VI:14-29), Hérode (dont on suppose qu'il s'agit d'Hérode Antipas, malgré le titre de « roi » que lui donne l'évangéliste[22]), excédé par les critiques au sujet de son mariage, fait arrêter Jean et « le fait lier en prison ». Sa femme Hérodiade voulait faire tuer Jean mais Hérode Antipas le protégeait, car il le « connaissait pour un homme juste et saint » et « l'écoutait avec plaisir ».

    Cependant lors de la fête donnée pour son anniversaire, la fille d'Hérodiade dansa tant que le gouverneur et tous ses convives furent subjugués, et il lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras… Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. » Salomé demanda pour sa mère la tête de Jean Baptiste présentée sur un plateau. Hérode, fort attristé, envoya cependant un garde décapiter Jean dans sa prison, placer sa tête sur un plateau et la présenter à Salomé qui l'offrit à sa mère Hérodiade[24].

    Dans les évangiles, le nom de la fille d'Hérodiade qui se livre à la danse n'est pas précisé. On retient traditionnellement le nom de Salomé, ce qui est compatible avec les indications de Flavius Josèphe, encore qu'on ne sache pas combien Hérodiade a eu de filles. Pour certains spécialistes comme Étienne Trocmé[25], c'est l'identification même de Salomé qui pose problème, puisqu'ils interprètent le texte en grec de l'évangile selon Marc comme parlant d'une fille portant le même nom que sa mère: Hérodiade[22],[26]. Chez les deux évangélistes, c'est Hérodiade qui est présentée comme la vraie coupable, à la fois de l'emprisonnement du Baptise et de sa mise à mort, alors que Flavius Josèphe ne parle de rien de semblable, même s'il évoque l'influence qu'Hérodiade a sur son mari[27].

    Rien dans cette anecdote des évangiles attribués à Marc et à Matthieu n'est historiquement impossible, mais elle est isolée, présente les traits d'une légende populaire et est inconnue de l'historien Flavius Josèphe qui de son côté dit simplement que Hérode Antipas craignait que ce prophète n'utilise l'emprise qu'il avait sur la population pour la pousser à la révolte, et que ce fut à Machéronte qu'il fut exécuté après y avoir été incarcéré. Pour plusieurs auteurs, cette « séquence évangélique », « n'est pas sans évoquer le livre d'Esther[28],[12]. » Pour Claudine Gautier, « le récit évangélique emprunte à deux sortes de sources. Des sources vétérotestamentaires tout d’abord. Cette jeune fille à qui, parce qu’elle lui a plu au cours d’un banquet, un roi promet : « ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de mon royaume » (Marc 6,23), n’est pas sans rappeler l’héroïne du livre d’Esther, à qui le roi Assuérus, séduit lui aussi au cours d’un banquet, fait mot pour mot la même promesse (Esther 5,3-6 ; 7,2). La première reçoit sur un plat la tête du Baptiste, la seconde obtient la mise à mort de Haman, le conseiller félon[29]. »

    Ce passage ne figure pas dans les autres évangiles qui sont parvenus jusqu'à nous.

    L'armée d'Hérode est taillée en pièce en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste

    Ruines de la cité fortifiée de Gamala, enjeu de la guerre entre Arétas IV et Hérode Antipas. (On entrevoit au fond, le lac de Tibériade.)
    « Arétas chercha un prétexte d'hostilités dans une contestation au sujet des frontières du territoire de Gamala. Tous deux réunirent leur armée en vue de la guerre et y envoyèrent à leur place des généraux. Une bataille eut lieu et toute l'armée d'Hérode fut taillée en pièces à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode (Antipas)[19] ».

    Les « transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode » sont probablement les habitants de la Batanée (que Flavius Josèphe appelle souvent des Babyloniens) et qui fournissent traditionnellement une « aile » de cavalerie aux rois ou tétrarques juifs. Moïse de Khorène nous apprend que le roi d'Adiabène, Izatès II[30] « fournit des auxiliaires » au roi Nabatéen, Arétas IV. Ceux-ci combattent « sous la conduite de Kosran[31] Ardzrouni[32], pour faire la guerre à Hérode (Antipas) »[33]. Cette bataille intervient en 36[9], probablement en été, alors que les Romains et Lucius Vitellius sont engagés dans un affrontement décisif contre les Parthes et leur roi Artaban III[9].

    Selon Flavius Josèphe, l'armée d'Hérode Antipas est « taillée en pièce à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe (Philippe le tétrarque qui est mort deux ans plus tôt (en 34)), étaient au service d'Hérode (Antipas) ». Cette trahison est intervenue « en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste (Jean Baptiste)[19] » qui venait d'être exécuté par Hérode Antipas. La défaite d'Antipas est considérée par de nombreux juifs comme une vengeance divine dont Arétas IV n'aurait été que l'instrument[4].

    Troubles et imbroglio en Palestine

    Après cette défaite, la situation créée est un véritable imbroglio, qui est encore compliqué par les actions de Ponce Pilate et du grand-prêtre Caïphe, alliés avec Antipas. Lucius Vitellius le légat de Syrie, met un terme à l'action de ce trio, qui mettait en danger la politique et les alliances que l'empire romain avaient construites contre son adversaire principal: l'Empire parthe. Il renvoie Ponce Pilate avec une procédure exceptionnelle, « pour qu'il s'explique auprès de l'empereur », après la grosse faute qu'il avait commise. Il démet le grand prêtre Caïphe, par trop lié à Pilate, et rend aux prêtres du temple la supervision des cérémonies des grandes fêtes cultuelles juives en leur restituant les habits sacerdotaux que s'était arrogé le pouvoir romain[34]. Selon Jean-Pierre Lémonon, la destitution de Caïphe aurait eu lieu à la Pâque 37, lors du passage du légat de Syrie Lucius Vitellius à Jérusalem[35]. Selon E. M. Smallwood, c'est le grand-prêtre Jonathas que Vittellius démet lors de ce passage, alors qu'il venait pourtant de le nommer en remplacement de Caïphe[36]. Pour Jean-Pierre Lémonon, ce second changement de grand-prêtre n'intervient que lors de la fête de Pentecôte, sept semaines plus tard[35]. Il y a eu de toutes façons deux révocations de grand-prêtre extrêmement rapprochées. Le nouveau grand-prêtre est Théophile, frère de Jonathas, tous deux sont des fils d'Hanan ben Seth, dont Caïphe est le gendre.

    Si l'on en croit les évangiles, deux autres événements d'importances sont venus encore compliquer la situation. Ponce Pilate a provoqué une quasi-émeute à Jérusalem en voulant exécuter « un brigand », c'est-à-dire un membre du mouvement Galiléen proche des Zélotes, appelé Jésus Barabbas. La foule aurait bruyamment manifesté aux cris de « libérez Barabbas » et aurait obtenu sa libération. Un événement tellement exceptionnel que sa véracité a été mise en doute. D'autre-part, il a fait crucifier Jésus de Nazareth, un événement qui a probablement suscité des réactions de la part de ceux qui étaient allés jusqu'à provoquer une guerre lors du meurtre de son cousin, Jean le Baptiste.

    En apprenant la destruction de l'armée d'Antipas, Tibère « irrité de l'incursion d'Arétas», avait ordonné au proconsul de Syrie, Lucius Vitellius, de faire la guerre au roi Arétas IV et « de le ramener enchaîné, s'il le prenait vivant, ou d'envoyer sa tête s'il était tué[19] »[4],[37]. Le légat de Syrie fit donc « des préparatifs de guerre contre Arétas » et se « mit à la tête de deux légions, de toutes les troupes légères et de la cavalerie qui y étaient attachées, guidé par les rois soumis aux Romains ». Il se trouvait donc à Jérusalem en cette fête de Pâque 37 et les deux légions qui l'accompagnait étaient restées sur la plaine côtière. Toutefois, quatre jours après la fin des fêtes, la nouvelle de la mort de Tibère est parvenue. Vitellius a alors « fait jurer par le peuple fidélité à Caligula », mais a suspendu son offensive contre le royaume de Pétra[4],[37].

    Hérode Agrippa le frère d'Hérodiade, devient roi

    Pendant ce temps Agrippa, le frère d'Hérodiade, était parvenu à retrouver son indépendance. En effet, il était attiré par Rome et les relations qu'il y avait tissées, au point d'oublier qu'il n'avait pas le sou, qu'il devait de l'argent à tout le monde, qu'il avait encore augmenté ses dettes et que sans parler du voyage, le coût de la vie à Rome était bien au-delà de ses moyens.

    Probablement, pensait-il que c'était le moment de se rappeler à ses puissants amis romains. En effet, il sentait bien qu'Hérode Antipas accumulait les erreurs. Depuis 34, la tétrarchie de Philippe était laissée sans qu'un dirigeant juif soit nommé à sa tête et Agrippa avait bien vu qu'Antipas était rentré bredouille de son voyage à Rome. Il n'était clairement pas parvenu à séduire suffisamment Tibère pour que cette tétrarchie lui soit confiée. Même le mariage avec l'hasmonéenne Hérodiade, prévu pour renforcer la position d'Antipas, était en fait en train de se retourner contre lui. Une bonne partie de la population et des autorités juives ne pouvaient qu’approuver des propos comme ceux de Jean le Baptiste: « Tu ne peux pas avoir la femme de ton frère », puisque Hérode II, le demi-frère d'Antipas et le mari d'Hérodiade était encore vivant. La fureur d'Arétas IV, après la fuite de sa fille pour éviter une humiliante répudiation était probablement aussi perceptible en Galilée. Enfin au moment du départ d'Agrippa, le Baptiste avait probablement déjà été jeté en prison, voire exécuté par Antipas, ce qui au vu de la notoriété du personnage ne pouvait qu'être une erreur, ce que la guerre avec Arétas confirmera.

    Agrippa est bien décidé à se rendre à Rome, « pour accuser le tétrarque » Hérode Antipas auprès de Tibère, afin d'essayer de prendre son domaine[38]. Bien que perclus de dettes, il trouve les soutiens nécessaires, d'abord pour partir de Galilée[16] (printemps 36[39]), puis à Alexandrie pour retourner à Rome et à nouveau partager, la vie de ses puissants amis. Alexandre Lysimaque, un haut fonctionnaire juif d'Alexandrie, frère de Philon d'Alexandrie lui prête l'argent nécessaire[16]. Celui-ci est un grand propriétaire foncier, ami du futur empereur Claude, tout comme Agrippa d'ailleurs. Il prête régulièrement de l'argent aux familiers de l'empereur, qui sont les amis qu'Agrippa veut rejoindre. Il est l’administrateur des biens d'Antonia Minor, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, la sœur d’Auguste, qui est une des protectrice d'Agrippa[15].

    Arrivé à Rome au printemps 36, Agrippa recommença le même type d'existence qu'il avait déjà eu dans la ville impériale. Au début, Tibère, retiré à Capri, lui fit bon accueil, mais il tombe une première fois en disgrâce. C'est Antonia Minor, qui par son entremise, lui permet d'être réhabilité. Agrippa devint aussi l’ami intime de Caïus Caligula, un des deux héritiers présomptifs[16]. Mais brutalement il fut jeté dans les fers, parce qu’un jour, voulant flatter Caligula, il lui échappa de dire : « Ah ! si Tibère s’en allait bientôt et laissait la couronne à plus digne que lui ! », ce qu'un de ses esclaves rapporte à Tibère[16]. Pour Gilbert Picard, c'est parce que Agrippa avait été évincé de ses prétentions à obtenir la tétrarchie d'Antipas, qu'il se serait mis à comploter contre Tibère[38]. Agrippa reste en prison jusqu’à la mort de Tibère, survenue six mois après[15] (16 mars 37).

    Pièce de monnaie frappée par Hérode Agrippa Ier.

    L’avènement au trône de son ami Caligula commença la fortune d’Agrippa. Le nouvel empereur, le tira de prison et, en souvenir de sa captivité, dont lui-même avait été la cause indirecte, lui fit don d’une chaîne d’or « du même poids que la chaîne de sa captivité », écrit Flavius Josèphe[40],[15]. Il lui octroya, outre le titre de roi et le diadème qui en était le signe, les territoires de Philippe, mort peu de temps auparavant, tétrarque de « Batanée, avec la Gaulanitide, la Trachonitide et l'Auranitide »[16], quatre territoires situés au nord-est du lac de Tibériade. En même temps, le sénat romain lui décerna le titre de préteur (37).

    Telle était l’affection que lui avait vouée Caligula, qu’il ne le laissa partir pour la Judée qu’un an après, avec la promesse qu’il reviendrait bientôt le voir[15].

    Destitution d'Antipas et exil en Gaule

    Agrippa rentre dans ses territoires en été 38, après que la situation ait été éclaircie sur place par Lucius Vitellius et Marullus, envoyé par Caligula avec le titre de vice-roi. Il y a probablement eu une négociation et un accord avec les nabatéens de Pétra et tous les rois arabes concernés, mais cela n'est pas relaté par le texte de Flavius Josèphe. Si on en croit, une des lettres de Paul de Tarse considérée comme authentique, Arétas IV règne sur Damas lorsque Paul s'y trouve vers 37 ou peu après[41]. Toutefois, cette datation du passage de Paul à Damas est contestée et donne lieu à une polémique qui n'est pas près de s'éteindre. On constate toutefois que la ville de Damas n'était pas sous l'autorité du roi de Pétra auparavant[42], que la guerre prévue entre les Romains et Arétas n'a clairement pas eu lieu et que pour autant l'ex-tétrarchie de Philippe est bien libre de troupes arabes lorsque Agrippa vient en prendre possession.

    Saint-Bertrand-de-Comminges : les ruines antiques (thermes du forum) et la cathédrale médiévale.

    Hérodiade voit fondre alors toutes ses ambitions et les promesses qu'Antipas lui avait faites avant son mariage. Pour elle, celui qui lui ravit « son » titre royal est son frère ruiné, qui quémandait de l'argent et un emploi et qui était même passé par la prison. Au comble de la jalousie, elle pousse son mari Hérode Antipas à demander à l'empereur Caligula qu'il lui accorde le même statut[40]. Celui-ci finit par céder aux demandes insistantes de sa femme et part pour Rome en 39[40]. Informé de ce voyage, Agrippa dépêche à Rome son plus fidèle affranchi, porteur d'une lettre pour Caligula[40]. Il y accuse Antipas de fomenter un complot avec les Parthes et d'avoir accumulé sans le dire à l'Empereur, des stocks d'armes[40] dans ses arsenaux de Tibériade. La seconde accusation est vraie, mais la première est probablement fausse[40]. Pour autant Caligula déchoit, bannit et exile Hérode Antipas dans le sud des Gaules (39 ap. J.-C.)[40]. Agrippa reçoit les territoires d'Antipas, la Galilée et la Pérée, ainsi que tous les biens confisqués au tétrarque et à son épouse[40].

    Par respect pour son frère, l'empereur offre à Hérodiade la possibilité de retourner en Palestine pour vivre à la cour d'Agrippa[40], en y conservant sa fortune. Mais dans ultime élan de noblesse ou d'orgueil[40], ou peut-être parce qu'elle n'a pas confiance en son frère, elle préfère accompagner son mari dans son exil[43]. Dans les Antiquités judaïques, Flavius Josèphe indique qu'Antipas fut banni à Lugdunum[44], ce qui bien sûr fait penser à Lyon, mais dans la Guerre des Juifs, il situe ce bannissement en Hispanie[45]. Il est admis généralement qu'il s'agit alors de Lugdunum Convenarum (actuelle Saint-Bertrand de Comminges)[40] située près de la frontière espagnole (en Haute-Garonne) et pas l'actuelle ville de Lyon[46],[47].

    C'est là vraisemblablement qu'Hérodiade est morte à une date inconnue.

    Identification du premier mari d'Hérodiade

    Selon Christian-Georges Schwentzel, l'identification du premier époux d'Hérodiade pose problème[48]. En effet la mention dans les évangiles selon Marc et Matthieu qu'Hérodiade est « la femme de Philippe », a longtemps fait confondre son mari avec le tétrarque Philippe, qui est en apparence le seul Hérodien de ce nom[3], évoqué dans le second prologue de l'évangile selon Luc et qui chez Flavius Josèphe est celui qui vient de mourir lorsque Antipas propose le mariage à Hérodiade[49],[22].

    Toutefois, pour les évangiles, cette déduction n'intervient que parce que ces quatre évangiles là ont été regroupés en un seul livre — le Nouveau Testament — ce que leurs auteurs n'avaient jamais prévu. En effet, l'évangile selon Luc qui est le seul qui parle du tétrarque Philippe, ne contient pas la phrase qui dit que Hérodiade est « la femme de Philippe ». En revanche, les évangiles selon Marc et Matthieu qui contiennent cette mention ne parlent que d'un seul Philippe, celui qui est membre du groupe des douze, appelé traditionnellement les douze apôtres.

    Le premier mari d'Hérodiade s'appelait-il Philippe ?

    Hérode II, fils d'Hérode était le premier mari d'Hérodiade[48],[50],[51], et parce que les évangiles selon Marc et Matthieu précisent que Hérodiade a été mariée à Philippe, certains spécialistes estiment que son nom a effectivement été Hérode Philippe. Ceci est toutefois contesté par de nombreux chercheurs, qui pensent que l'évangéliste s'est simplement trompé[22], une hypothèse qui s’appuie sur le fait que l'Évangile selon Luc, — plus tardif et qui, selon l'avis le plus répandu, est basé sur une version de l'Evangile selon Marc — ne reprend pas ce nom de Philippe[50],[51],[52].

    D'autres auteurs, font remarquer qu'il pouvait très bien s'appeler aussi Philippe, mais que pour des commodités de rédaction, Flavius Josèphe ne l'appelle jamais de ce nom. Une question qui risque de ne jamais être tranchée. Selon Christian-Georges Schwentzel, c'est la raison pour laquelle « un certain nombre d'ouvrages et d'éditions du Nouveau Testament nomment arbitrairement le personnage « Hérode Philippe », précisant qu'il ne faut pas le confondre avec Philippe le tétrarque[3]. »

    Parce qu'il était le petit-fils du grand prêtre Simon Boëthus, les historiens modernes l'appellent parfois Hérode Boëthus, mais il n'y a aucune preuve qu'il ait effectivement été appelé ainsi au cours de sa vie[53].

    Le premier mari d'Hérodiade n'était pas le tétrarque Philippe

    De nombreux auteurs rapportant la Tradition chrétienne ou influencés par elle, indiquent que le premier mari d'Hérodiade serait Hérode Philippe, le tétrarque de trachonitide mort en 34. Cette affirmation semble soutenue par les mentions des évangiles selon Marc et Matthieu qui indiquent qu'Hérodiade est « la femme de Philippe »[54]. Toutefois lorsqu'on étudie Flavius Josèphe, il est clair que celui qui se marie avec Hérodiade est un fils qu'Hérode le Grand a eu avec Mariamne (II), la fille du Grand prêtre, c'est-à-dire la fille de Simon Boëthos[22]. Par exemple au moment où Antipas va proposer le mariage à Hérodiade, Flavius Josèphe écrit:

    « Partant pour Rome, il descendit chez Hérode, son frère, fils d'une autre mère, car il était né de la fille du grand pontife Simon[55]. »

    Cet « Hérode, fils d'Hérode et de la fille du grand pontife Simon », qui n'est jamais appelé Hérode Philippe chez Flavius Josèphe, a été complètement déshérité par Hérode le Grand, un an environ avant de mourir[48],[50],[51],[22]. Chez Flavius Josèphe, le fils d'Hérode le Grand qui devient tétrarque de Batanée et de Trachonitide et qui se prénomme en effet Philippe, a pour mère la cinquième épouse d'Hérode: Cléopâtre de Jérusalem[56] et pas Mariamne II, fille de Boëthos. Il a pour épouse Salomé, la fille d'Hérodiade et non pas sa mère[22],[3]. De ce mariage aucun enfant ne naîtra, ce qui est cohérent avec la mention de Flavius Josèphe selon laquelle Philippe le tétrarque est « mort sans enfant ». Selon Christian-Georges Schwentzel, Salomé était peut-être trop jeune pour avoir des enfants, elle ne devait guère être âgée de plus de onze ou douze ans, à la mort de son premier époux[8]. Toutefois pour Etienne Trocmé, Salomé pourrait avoir vingt ans au moment des faits[57].

    Pour Nikkos Kokkinos « l'obstination de nombreux théologiens, à se référer à Hérode II comme « Hérode Philippe » est sans valeur[58] », Selon lui:

    • « Hérode Philippe Ier » est mieux identifié par le nom « Hérode II » ou « Hérode, fils d'Hérode ».
    • « Hérode Philippe II » est mieux identifié sous le nom de « Philippe le tétrarque »[59].

    Légendes et littérature médiévales

    Au Moyen Âge en Europe, une croyance largement répandue tenait Hérodiade pour être le chef d'un culte surnaturel supposé de sorcières, synonyme de Diane , Holda et Abundia (en)[60]. Voir Culte d'Hérodiade (en). Selon Alexandre Najjar, elle serait « condamnée à errer chaque nuit dans les bois depuis minuit jusqu'au chant du coq[61]. »

    Selon Bernard Duhourcau, Hérodiade apparaît dans diverses légendes pyrénéennes comme un personnage maléfique[62]. La localisation de ces légendes pourrait-être en rapport avec son lieu d'exil qui est probablement Lugdunum Convenarum (actuelle Saint-Bertrand de Comminges). Une légende concerne même la mort de Salomé qui selon un texte apocryphe, la Lettre d'Hérode à Pilate, serait morte en passant sur un lac glacé : la glace s'étant brisée, elle serait tombée dans l'eau jusqu'au cou. En se reformant autour de son cou, la glace aurait laissé apparaître sa tête comme posée sur un plateau d'argent. Une des localisations de cette légende, la situe au lac de Barbazan (Haute-Garonne), près de Saint-Bertrand de Comminges. Les historiens n'ont aucune indication pour confirmer cette légende, ou une éventuelle venue de Salomé dans la région. Pour eux, la trace de Salomé disparaît en 72, après la destitution de son second mari Aristobule de Chalcis, jusque là roi d'Arménie mineure, un royaume comprenant la Sophène. Toutefois l'identification de la femme d'Aristobule de Chalcis avec la fille d'Hérodiade est aussi l'objet de débats[63].

    Littérature

    Musique

    Notes et références

    1. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 225. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Schwentzel_225 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
    2. Voir à ce propos Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 219. Toutefois, ses travaux confirment qu'il s'agirait d'Hérode, fils d'Hérode le Grand et de Mariamne II, la fille de Simon Boethos.
    3. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 218. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Schwentzel_218 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
    4. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 217.
    5. Merrill Chapin Tenney, Walter M. Dunnett, 'New Testament Survey', Pub. by Wm. B. Eerdmans Publishing (1985)
    6. J. Ciecieląg estime toutefois que ce mariage est intervenu après la mort d'Hérode. cf. (pl) J. Ciecieląg, Polityczne dziedzictwo Heroda Wielkiego, s. 132.
    7. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 216.
    8. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 215.
    9. a b c d e et f Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 134.
    10. Nikkos Kokkinos, The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse, Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, pp. 267-268.
    11. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, pp. 216-217.
    12. a et b André Paul, Encyclopædia Universalis, article HÉRODIADE ou HÉRODIAS
    13. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, V, 1.
    14. Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 133.
    15. a b c d e et f Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49).
    16. a b c d e f g h et i Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 226.
    17. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, VI, 2.
    18. Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, livre II chapitre XXIX, sur remacle.org.
    19. a b c d et e Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, V, 1.
    20. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, V, 2.
    21. Évangile selon Marc, 6, 18.
    22. a b c d e f g et h Étienne Trocmé, L'évangile selon Marc, éd. Labor et Fides, Genève, 2000, p. 172.
    23. Machaero est la forteresse de Machéronte. À noter que le texte de Flavius Josèphe semble nous raconter une histoire incohérente, puisque Jean surnommé Baptiste aurait été tué sur ordre d'Antipas dans cette forteresse, alors qu'il est aussi écrit que c'est Arétas IV qui en avait le contrôle. On voit mal comment Arétas IV aurait pu permettre à son ennemi de venir assassiner Jean dans cette forteresse. On voit mal aussi, comment la défaite d'Antipas aurait pu être considérée comme une juste vengeance du meurtre de Jean, si Arètas IV était à ce point impliqué dans ce meurtre. Plusieurs historiens ont considéré que c'était la preuve que le passage sur Jean Baptiste avait été remanié. Il faut dire qu'il se trouve à proximité de quatre autres passages qui sont eux aussi soupçonnés d'avoir été remaniés ou interpolés, dont le célèbre Testimonium flavianum.
    24. Alexandre Najjar écrit: « Salomé serait-elle donc un peu comme Judas, "l'instrument nécessaire" - imaginaire ou non - à l'accomplissement du destin de Jean Baptiste ? À la réflexion, Salomé n'a d'existence que parce qu'elle est, précisément, l'instrument prédestiné de la mort du saint. L'acte devait se réaliser et il fallait un coupable. Ce fut Salomé. »
    25. Étienne Trocmé interprète même le texte en grec de l'évangile selon Marc comme parlant d'une fille qu'Antipas et Hérodiade auraient eu ensemble et qui porterait le même nom que sa mère: Hérodiade. cf Étienne Trocmé, L'évangile selon Marc, éd. Labor et Fides, Genève, 2000, p. 172.
    26. Taylor, V. (1966). The gospel according to St Mark, 2nd Edition. London: Macmillan pp. 310s.)
    27. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 221.
    28. Marc, vi, cf. Esth, ii, 9 ; Marc, vi, 23, cf. Esth., v, 3
    29. Dominique Casajus, Au sujet du livre de Claudine Gauthier: Saint Jean et Salomé. Anthropologie du banquet d’Hérode, Archives de sciences sociales des religions, n° 148, octobre-décembre 2009.
    30. Moïse de Khorène appelle Abgar tous les rois d'Adiabène d'environ l'an 15, jusqu'à Sanatruk Ier, du nom de la dynastie à laquelle ils appartiennent. Izatès II est donc lui aussi appelé Abgar, pour autant il ne s'agit pas du roi Abgar V, puisqu'il fait de cet Abgar le roi légitime du royaume d'Arménie.
    31. Khosran est peut-être une altération pour Khouran qu’on lit dans Thomas Arçrouni.
    32. Probablement un ancêtre des Arçrouni, qui régneront sur la Sophène puis deviendront une des quatre grandes familles arméniennes (avec les Mamikonian, les Bagratouni et les Siouni).
    33. Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, Livre II chapitres 29, sur http://remacle.org
    34. Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, éd. Picard, 2009, p.  74
    35. a et b Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, pp.  224-225, extrait en ligne
    36. E. M. Smallwood, The dismissal of Pontius Pilate, JJS 5, 1954, pp. 12-21.
    37. a et b E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 187.
    38. a et b Gilbert Picard, « La date de naissance de Jésus du point de vue romain, p. 804.
    39. Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 143.
    40. a b c d e f g h i j et k Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 227.
    41. Pour une raison inconnue, « l'ethnarque du roi Arétas » aurait tenté d’arrêter Saint Paul à Damas, mais celui-ci réussit à s'échapper. cf Nouveau Testament, Deuxième épître aux Corinthiens, XI, 32-33.
    42. « Contrairement à son prédécesseur Tibère, [ Caligula ] n'hésitait pas à donner une certaine autorité aux rois locaux, [...] L'absence de monnaie frappée à Damas sous l'effigie de Caligula et de Claude (37-54) laisse supposer que dès l'an 37, Damas était sous le contrôle d'Arétas. » cf Jean-Marie Guillaume, Jésus-Christ en son temps, éd. Médiasâul, Paris, 1997, p. 78.
    43. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 228.
    44. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 7.
    45. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, 9, 6.
    46. Voir, (pl) J. Ciecieląg, Polityczne dziedzictwo Heroda Wielkiego, s. 113.
    47. Notons toutefois qu'Eusèbe de Césarée donne comme lieu d'exil, la ville de Vienne. La même ville qu'il avait donné pour Ponce Pilate. ('cf. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, liv. Ier, XI) C'est aussi à Vienne que selon Flavius Josèphe aurait été exilé Archélaus.
    48. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 219. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Schwentzel_219 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
    49. Kokkinos, Nikkos 'The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse', Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, p. 233.
    50. a b et c Harold Hoehner (en), Herod Antipas: A Contemporary of Jesus Christ (Zondervan, 1983), page 132 - 134.
    51. a b et c Voir aussi, par exemple: E. Mary Smallwood, "Behind the New Testament", Greece & Rome, Second Series, Vol. 17, No. 1 (Apr., 1970), pp. 81-99
    52. Voir à ce sujet Nikkos Kokkinos, pour qui « l'obstination de nombreux théologiens, à se référer à Hérode II comme « Hérode Philippe » est sans valeur », cf Kokkinos, Nikkos 'The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse', Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, p. 233.
    53. Florence Morgan Gillman, Herodias: at home in that fox's den (Liturgical Press, 2003) p. 16.
    54. Kokkinos, Nikkos 'The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse', Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, p. 233.
    55. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques liv. XVIII, V, 1.
    56. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 213.
    57. Étienne Trocmé, L'évangile selon Marc, éd. Labor et Fides, Genève, 2000, p. 175.
    58. Kokkinos, Nikkos 'The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse', Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, p. 233.
    59. Kokkinos, Nikkos 'The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse', Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, 236–240
    60. (en) Carlo Ginzburg, Ecstasies: Deciphering the witches' sabbath, London, Hutchinson Radius, (ISBN 0-09-174024-X)
    61. Alexandre Najjar, Saint Jean-Baptiste, Pygmalion, Coll. Chemins d'éternité, p. 94, note n° 3.
    62. Bernard Duhourcau, Guide des Pyrénées mystérieuses, Tchou, éd. 1985.
    63. Voir à ce sujet Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 279, note n° 3.

    Bibliographie

    Articles connexes

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