Aristobule de Chalcis
Aristobule de Chalcis | |
Titre | |
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Roi d'Arménie Mineure | |
– (18 ans) |
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Prédécesseur | Cotys IX |
Successeur | / (annexion romaine) |
Roi de Chalcis | |
ca. 55 ? – | |
Prédécesseur | Agrippa II |
Successeur | Agrippa II |
Biographie | |
Date de décès | |
Père | Hérode de Chalcis |
Mère | Mariamne |
Conjoint | Salomé |
Enfants | Hérode, Agrippa et Aristobule |
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Aristobule de Chalcis est roi d'Arménie Mineure de 54 à 72 et roi de Chalcis. Fils d'Hérode de Chalcis et de Mariamne, sa première épouse, il est donc un arrière-petit-fils d'Hérode le Grand. Peu de choses sont connues à son sujet, si ce n'est qu'il participe avec ses forces à la guerre romano-parthe de 58-63, sous la direction de Corbulon, puis à la destitution du roi Antiochos IV de Commagène, en 72. En revanche, il ne semble pas s'être joint à Vespasien pour reconquérir la Judée lors de la Grande révolte juive de 66 - 70.
Il est marié à Salomé, fille d'Hérodiade, la danseuse des évangiles, avec qui il a trois fils.
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Néron arrive au pouvoir le . Il confie à Aristobule le royaume d'Arménie mineure[1],[2],[3], c'est-à-dire la partie nord-est de la Cappadoce (région de Nicopolis et de Satala (en))[4] ou l'est de l'Anatolie actuelle[1]. L'année suivante, l'empereur procède à des redistributions de territoires. Il reprend à Agrippa II le royaume de Chalcis et certains critiques estiment que c'est à ce moment qu'il le donne à Aristobule[5], bien que Flavius Josèphe ne le mentionne pas. Aristobule serait donc aussi devenu roi de Chalcis (l'Iturée) comme l'avait été son père[6].
À une date inconnue située après 33-34[7],[8],[9],[10],[11],[12], date de la mort de son premier mari, Philippe le Tétrarque, « Salomé, fille d'Hérodiade, la danseuse des évangiles[5] » acquiert le titre royal en épousant son cousin Aristobule[5].
Selon Tacite, il participe avec ses forces à la guerre romano-parthe de 58-63, sous la direction de Corbulon. Comme les autres rois-clients qui ont participé à l'expédition, il reçoit ensuite une petite partie de l'Arménie pour le récompenser de son action[13],[14]. Les rois-clients d'Ibernie, du Pont et de Commagène reçoivent aussi des cantons-frontières arméniens comme récompense[15]. En revanche, il ne participe pas à la répression de la Grande révolte juive de 66 - 70.
À la tête des troupes auxiliaires qu'il commande, il se joint à l'expédition du gouverneur de Syrie, Caesennius Paetus contre le roi Antiochos IV de Commagène, en 72[16]. C'est lors de la relation de cet événement qu'une formule peu claire de Flavius Josèphe — peut-être altérée au fil des recopies — fait supposer qu'il était aussi devenu roi de Chalcis à une date indéterminée. À la suite de cette intervention en Commagène la zone est annexée par l'Empire romain[17], il est donc dessaisi de sa fonction de roi d'Arménie Mineure qui est annexée par l'Empire romain en 72[18],[19],[20], probablement à l'automne de cette année[21]. On ne sait pas si le royaume de Chalcis lui est aussi repris. Toutefois, au moment de la mort d'Agrippa II — en 92-94 ou en 100 — le territoire de Chalcis fait partie de son royaume[22]. Comme après la défaite des révoltés juifs (73/74), Vespasien octroie à Agrippa de nouveaux territoires situés au nord de son royaume dont le nom n'est pas précisé, mais qui n'ont pratiquement aucun habitant juif[23], il est possible que Chalcis en ait fait partie.
Union et descendance
[modifier | modifier le code]Il s'est marié à Salomé[24], fille d'Hérodiade et d'Hérode Boëthos (parfois appelé Philippe), après la mort de son premier mari, Philippe le Tétrarque. Salomé acquiert ainsi le titre royal[5]. Ils ont trois fils[25] : Hérode, Agrippa et Aristobule[24].
Monnaies
[modifier | modifier le code]Trois monnaies à son effigie et à celle de sa femme ont été retrouvées. Sur l'une de ces monnaies on lit ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΡΙΣΤΟΒΟΥΛΟΥ « (monnaie) du roi Aristobule ». « Au revers, figure le buste de la reine, seule image connue de la célèbre Salomé. Elle est sans voile, seulement coiffée d'un diadéma dont les pans flottent à l'arrière du buste[16]. » Sur ce revers est inscrit « (monnaie) de la reine Salomé ». « La reine est placée au même niveau que le roi avec lequel elle partage le trône[26]. »
Un second type monétaire a récemment été découvert dans une collection privée. C'est un bronze de 25 mm de diamètre dont un seul exemplaire est connu[27]. À l'avers, on trouve le buste du roi avec l'inscription en grec : « (monnaie) du roi Aristobule, an 13 (67/68) ». Au revers, on lit une inscription de six lignes : « À Néron Claudius César Auguste Germanicus »[27]. Pour Christian-Georges Schwentzel, « Aristobule exprime son loyalisme envers son maître romain, mais il n'est pas nécessaire de mettre la monnaie en relation directe avec la grande révolte juive[27]. »
La dernière monnaie d'Aristobule est datée de la 17e année de son règne, ce qui correspond à 71/72. Elle est dédiée à Titus qui a été nommé César dès la fin 70[28]. Dès que Titus a été associé à l'Empire « beaucoup de villes grecques se sont mises à monnayer à son nom en lui donnant le titre d'Auguste[29]. » Théodore Reinach démontre que les trois monnaies sortent de l'atelier monétaire de Nicopolis d'Arménie mineure, il en conclut donc qu'en 71/72 Aristobule était toujours roi de Petite Arménie[21],[30].
Dans le Nouveau Testament
[modifier | modifier le code]Pour Marie-Françoise Baslez, « la maison d'Aristoboulos » mentionnée dans l'Épître aux Romains de Paul de Tarse (Ro 16. 10) pourrait faire référence à la maison d'Aristobule de Chalcis à Rome[31]. Paul s'adresserait à des esclaves ou des affranchis d'Aristobule[31]. Toutefois, selon Saint Dorothé, évêque de Tyr mort en 362, celui qui est salué par Paul dans l'épître aux Romains est Aristobule de Britannia, qui serait le premier évêque de la province romaine de Britannia (Grande-Bretagne)[32],[33], dont il a été supposé qu'il puisse être Aristobule de Chalcis ou son plus jeune fils, nommé lui aussi Aristobule selon Flavius Josèphe. Hérodion, cité par Paul au verset suivant comme étant « son parent », pourrait avoir des liens familiaux avec la descendance d'Hérode le Grand qui aurait été élevé auprès d'Aristobule, dans une position subalterne[34], ou le fils aîné d'Aristobule appelé Hérode, auquel Paul donnerait un diminutif en raison de sa jeunesse. Hérodion est un « nom grec qui est un diminutif d'Hérode, qui indique des liens entre sa famille et la descendance d'Hérode le Grand[34]. » Selon la tradition orthodoxe, cet Hérodion parent de Paul serait Hérodion de Patras.
Arbre généalogique
[modifier | modifier le code]Antipater l'Iduméen | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Phallion[35] | Antipater | Cypros | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Malthacé | Hérode le Grand | Mariamne l'Hasmonéenne | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Joseph | Salomé | Costobar | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hérode Archelaus | Olympias | Joseph II m. v. -5[36] | Aristobule IV | Bérénice | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Agrippa Ier | Aristobule le Mineur | Mariamne | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mariamne[37] | Hérode de Chalcis | Bérénice | Agrippa II | Mariamne | Drusilla | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bérénicien | Hyrcan | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hérode Antipas | Hérodiade | Hérode (Philippe) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Aristobule de Chalcis | Salomé | Philippe le Tétrarque | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Hérode | Agrippa | Aristobule | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
- L'ordre des enfants d'Aristobule IV et Bérénice fille de Salomé, sœur d'Hérode le Grand est arbitraire.
- Bérénice et Agrippa II sont permutés pour la commodité de la représentation.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Schwentzel 2013, p. 170.
- Mutafian et Van Lauwe 2005, p. 30.
- « (Néron) donna donc le royaume de la Petite Arménie à Aristobule, fils d'Hérode de Chalcis ; il agrandit celui d'Agrippa le jeune de quatre villes avec leurs toparchies : Abila et Julias dans la Pérée, Tarichées et Tibériade en Galilée ; il nomma Félix procurateur du reste de la Judée. » cf. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre II, 252.
- René Grousset, Histoire de l'Arménie, Payot, Paris, 1984, p. 107.
- Schwentzel 2011, p. 255.
- S'il perd le royaume de Chalcis, Agrippa II reste roi et reçoit en échange les territoires de l'ancienne tétrarchie de Philippe, une partie de la Galilée et la Pérée; cf. Christian-Georges Schwentzel, op. cit., p. 255.
- Mimouni 2012, p. 408 « À sa mort, en 33/34, sans héritier de son mariage avec sa nièce Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade,... »
- Schwentzel 2011, p. 215 « Philippe meurt à Julias en 34 apr. J.-C. »
- Kokkinos 1989, p. 146 lire la page 146 en ligne
- (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 182 lire la p. 182 en ligne
- Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2012, p. 408.
- Durant l'hiver 33-34 selon (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Minneapolis, 1992, p. 426.
- Tacite, Annales, XIII, 7 ; XIV, 26.
- Garsoïan 2004, p. 66.
- René Grousset, Histoire de l'Arménie, Payot, Paris, 1984, p. 107-108.
- Schwentzel 2011, p. 279.
- (en) Robert H. Hewsen, Armenia: A historical Atlas, The University of Chicago Press, Chicago et Londres, 2001 (ISBN 0-226-33228-4), p. 37.
- Hewsen 2001, p. 37.
- Hewsen 2004, p. 16.
- Chaumont et Traina 2007, p. 148.
- Pick 1914, p. 283.
- Schwentzel 2013, p. 9.
- Mimouni 2012, p. 411.
- Flusser 2005, p. 260.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 5, 4.
- Schwentzel 2011, p. 280.
- Schwentzel 2011, p. 281.
- Théodore Reinach précise « Vespasien portait aussi le nom de Titus, mais jamais les monnaies grecques ne lui donne ce nom. (cf. Reinach 1914, p. 146, note no 7). »
- Reinach 1914, p. 146.
- Reinach 1914, p. 144-148.
- Baslez 2012, p. 474.
- (en) Pseudo-Hippolyte, « Church Fathers: On the Apostles and Disciples », New Advent (consulté le ).
- (en) Lionel Smithett Lewis, St Joseph of Arimathea at Glastonbury, Londres, James Clarke & Co., , p. 118–121.
- Baslez 2012, p. 477.
- Tué en -63 par l'armée d'Aristobule dans la bataille de Papyrôn, après qu'Aemilius Scaurus ait contraint les Nabatéens à se retirer du conflit où ils soutenaient Hyrcan II (Guerre des Juifs, livre I, VI, 3).
- Selon Moïse de Khorène: « Hérode, qui ne cherchait qu’une occasion pour attaquer Abgar, envoya une armée composée de Thraces et de Germains, pour faire une incursion dans le pays des Perses, avec ordre de traverser les États d’Abgar. Abgar, loin de consentir, s’oppose [au passage de cette armée], en se fondant sur l’ordre de l’empereur qui disait de la faire passer en Perse par le désert. Hérode indigné et ne pouvant agir par lui-même, [tant il était] accablé de souffrances, envoie son neveu Joseph, à qui il avait donné sa fille, unie en premières noces à Phérour (Phéroras) son frère. À la tête d’une armée considérable, précipitant sa marche sur la Mésopotamie, se présenta devant le camp d’Abgar, établi dans la province de Pouknan, fut tué dans le combat, et son armée fut mise en déroute. Aussitôt après, Hérode mourut, et Archélaos, son fils, fut nommé dynaste des Juifs par Auguste. »
- Mariamne était « fille de Joseph II (neveu d'Hérode le Grand) et d’Olympias, fille d'Hérode le Grand (Ant., XVIII, 134) » cf. S. Reinach et J. Weill E. Leroux, Guerre des Juifs, livre II, note 114.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marie-Françoise Baslez, Saint Paul, Paris, éd. Pluriel, .
- Marie-Louise Chaumont et Giusto Traina, « Les Arméniens entre l'Iran et le monde gréco-romain (Ve siècle av. J.-C.-vers 300 apr. J.-C.) », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) [détail des éditions] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 101-162.
- David Flusser, Jésus, Paris, Éditions de l'Éclat, , 283 p. (ISBN 978-2-84162-101-9).
- (en) Robert H. Hewsen, Armenia : A historical Atlas, Chicago et Londres, The University of Chicago Press, , 341 p. (ISBN 978-0-226-33228-4, BNF 40712197).
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- (en) Barbara Levick, Julia Domna, Syrian Empress, Routledge, , 244 p. (ISBN 978-0-415-33143-2).
- Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, Atlas historique de l'Arménie, Autrement, coll. « Atlas / Mémoires », , 143 p. (ISBN 978-2-7467-0100-7).
- Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Paris, Pygmalion, .
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- J, B. Pick, Une monnaie du ΚΟΙΝΟΝ ΑΡΜΕΝΊΑΣ, Paris, Institut français du Proche-Orient, coll. « Revue des Études Anciennes » (no 16-3), (ISSN 2076-8435, lire en ligne), p. 283-289.
- Théodore Reinach, Le mari de Salomé et les monnaies de Nicopolis d'Arménie, Paris, Revue des Études Anciennes (no 16-2), , 26 p. (ISSN 2540-2544, lire en ligne), p. 133-158.
- J et J.-Ch. Balty, La Géographie administrative et politique d'Alexandre à Mahomet : actes du Colloque de Strasbourg - Centre de recherche sur le Proche-Orient et la Grèce antiques, Paris, Brill Archive, , 358 p. (présentation en ligne), « L'Apamène antique et les limites de la Syria Secunda », p. 41-76.