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Zone coréenne démilitarisée

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La zone coréenne démilitarisée est en rouge et la ligne de démarcation militaire en gris. Il est indiqué les quatre tunnels d'agression découverts depuis 1974.

La zone coréenne démilitarisée, également désignée par le sigle DMZ (de l’anglais demilitarized zone ; en hangŭl : 한반도 비무장 지대 ; en hanja : 韓半島非武裝地帶, RR : Hanbando bimujang jidae), est une étroite bande de terre servant de zone tampon entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, créée le lors de la signature de l’armistice de P'anmunjŏm.

D'une longueur de 248 km pour une largeur d'environ 4 km à cheval sur la frontière entre les deux pays, elle coupe la péninsule coréenne suivant approximativement le 38e parallèle qui formait la ligne de démarcation intercoréenne avant le conflit. Sa superficie est d'environ 1 000 kilomètres carrés, et elle est inhabitée. Elle est considérée comme un sanctuaire pour la préservation de certaines espèces.

Une frontière fortement militarisée

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Une frontière fortifiée

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Zone minée (on estime le nombre de mines à 1 million)[1] et surveillée par 700 000 soldats nord-coréens et 410 000 soldats sud-coréens[1] aidés par la 2e division d’infanterie des États-Unis, avec qui la Corée du Sud a signé un pacte de sécurité, c’est l'un des rares vestiges de la Guerre froide, équivalente à l’ancien rideau de fer. La circulation des civils est également restreinte dans un no man's land de plusieurs kilomètres de part et d’autre de la DMZ[2]. Toutefois, deux convois ferroviaires — l’un parti du Nord et l’autre du Sud — ont franchi pour la première fois depuis cinquante-six ans la zone coréenne démilitarisée le [3]. L'aménagement de la zone industrielle de Kaesŏng est également vu comme un signe d'ouverture de cette frontière.

Le seul point de passage existant sur cette frontière est constitué par la Joint Security Area, placée sous contrôle de l'ONU.

L’espace est couvert d’une épaisse forêt ponctuée de part et d’autre d’un chapelet continu de postes militaires particulièrement visible sur les photos aériennes. Il est truffé de souterrains, de batteries de canon, de kilomètres de barbelé, d'antennes et de miradors.

Les autorités nord-coréennes dénoncent la construction d’un mur de division en béton, d’une hauteur de 5 à 8 m, dans la zone démilitarisée côté sud. Des déplacements sont organisés pour montrer ce mur de division aux visiteurs étrangers en Corée du Nord. Côté sud, des terrasses permettent aux touristes et aux Sud-Coréens d’observer la zone démilitarisée[1]. Du côté de la Corée du Sud, la DMZ est protégée par une zone tampon de dix kilomètres de profondeur dont l'accès est très réglementé[4].

Tunnels d'agression

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Entre 1974 et 1990, les autorités sud-coréennes découvrirent l'existence de quatre tunnels creusés sous la frontière par les Nord-coréens. Ces tunnels ont été dénommés tunnels d'agression[5]. La zone démilitarisée pourrait en réalité en compter une vingtaine[6].

Une frontière très peu poreuse

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La Joint Security Area, seul point de passage et d'échanges

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Des soldats nord-coréens dans la zone, au nord de la frontière.
Soldats américains et sud-coréens dans la zone, au sud de la frontière.

Dans la DMZ, près de la côte ouest de la péninsule, Panmunjeom abrite la zone de sécurité commune (Joint Security Area ou JSA). C'est le seul lien entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.

Il y a plusieurs bâtiments à la fois au nord et au sud de la ligne de démarcation militaire (LDM), et certains y ont été construits au-dessus. La JSA est l’endroit où se sont déroulées toutes les négociations depuis 1953, y compris les déclarations de solidarité de la Corée, qui n’ont généralement guère donné lieu qu'à une légère baisse des tensions. La ligne de démarcation militaire traverse les salles de conférence et se trouve au milieu des tables de conférence, où les Nord-Coréens et le Commandement des Nations Unies (principalement des Sud-Coréens et des Américains) se rencontrent.

La JSA comprend un certain nombre de bâtiments destinés à des réunions communes, appelés « salles de conférence ». Ceux-ci sont utilisés pour des discussions directes entre les participants à la guerre de Corée et les parties à l'armistice. En face de la Conférence, côté nord-coréen il y a le pavillon Phanmun (anglais : Panmun Hall) et côté sud-coréen la Maison de la liberté (anglais : Freedom House). En 1994, la Corée du Nord a agrandi le pavillon Phanmun en ajoutant un troisième étage. En 1998, la Corée du Sud a construit une nouvelle Maison de la liberté à l’intention de son personnel de la Croix-Rouge et peut éventuellement accueillir des réunions de familles séparées par la guerre de Corée. Le nouveau bâtiment a incorporé l'ancienne pagode dans sa conception.

Des franchissements très rares

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Le , un train Korail a traversé la zone démilitarisée au nord sur la nouvelle ligne Donghae Bukbu construite sur la côte est de la Corée. Cependant, la résurrection de cette ligne a été de courte durée, puisqu'elle s'est refermée en à la suite d'un incident au cours duquel un touriste sud-coréen a été tué par balle.

Les et ainsi que le , des soldats nord-coréens font défection et fuient vers le sud en traversant la DMZ. Le premier () est blessé par des tirs provenant de l'armée nord-coréenne[7].

Le vers 21 h 20 (heure locale), un individu venant du Sud a franchi la DMZ vers le Nord, il s'agirait d'une personne venue de Corée du Nord en 2020 selon un représentant du ministère de la Défense de la Corée du Sud[8],[9].

Les aménagements civils de la frontière

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Kijong-dong en Corée du Nord, vu de Corée du Sud

Les « villages de paix »

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La Corée du Nord et la Corée du Sud maintiennent des villages de paix en vue de l'autre côté de la DMZ. Dans le Sud, Daeseong-dong est administré selon les termes de la DMZ. Les villageois sont classés comme citoyens de la république de Corée, mais sont exemptés du paiement des impôts et des autres obligations civiques, telles que le service militaire. Au nord, Kijong-dong présente une série de bâtiments et d'appartements en béton coulé peints de couleurs vives et à plusieurs étages avec éclairage électrique. Ces caractéristiques représentaient un niveau de luxe sans précédent pour les Nord-Coréens ruraux dans les années 1950. La ville était orientée de manière que les toits bleu vif et les côtés blancs des bâtiments soient les caractéristiques les plus visibles vues d'en haut. Cependant, sur la base d'un examen minutieux avec des lentilles télescopiques modernes, il a été affirmé que les bâtiments sont de simples structures en béton dépourvues de fenêtres en verre ou même de pièces intérieures, avec les lumières du bâtiment allumées et éteintes à des heures fixes et des trottoirs vides, balayés par une équipe squelettique de gardiens dans un effort pour préserver l'illusion de l'activité.

Sanctuaire pour la conservation d’espèces naturelles

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Malgré les mines, la zone démilitarisée est devenue un sanctuaire pour la conservation de plusieurs espèces animales, notamment d’oiseaux migrateurs[10]. En période hivernale, des milliers de hérons et de grues blanches y séjournent[1] ; les associations de défense des animaux voudraient voir cet espace inscrit en zone protégée au patrimoine mondial de l’UNESCO[11].

En certaines zones, le tigre pourrait y être implanté pour sauver l'espèce de l'extinction : un tel projet concernerait une dizaine d'individus. Ce projet doit être au préalable soumis et étudié par les autorités des deux Corées. La zone étant clôturée et surveillée par des militaires, les tigres ne pourraient pas sortir de la zone, mais les mines posent problème. Elles sont dispersées immédiatement après la zone clôturée, sur une centaine de mètres, ce qui laisse un espace de quelque 3 km de large sur 248 km (au lieu des 4 km de large au départ). De plus, l'implantation du tigre dans cette zone est vue comme une arme aussi prédatrice que les mines, car il est un puissant prédateur qui s'attaque aux hommes, donc à des intrus potentiels. Il semble que des tigres soient déjà présents dans la zone, ainsi que des léopards de l'Amour, espèce en voie d'extinction, et de nombreuses panthères des neiges[réf. nécessaire].

De nombreux félins sont tués par les mines chaque année, ainsi que d'autres animaux (dont des lapins, des cerfs, et des sangliers), mais les accidents diminuent ces dernières années, ce qui semble indiquer que les animaux sont conscients des zones de danger, et qu'ils ont établi leurs propres zones de vie[réf. souhaitée].

Une attraction touristique

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La zone démilitarisée fait l'objet d'un « tourisme mémoriel » autour du traumatisme de la séparation des deux Corée[12]. Des membres de familles séparées par la frontière accrochent par exemple des dessins, des drapeaux, des mots ou des prières sur des rubans sur les clôtures au Sud, et les vestiges d'une locomotive à vapeur détruite lors de la guerre de Corée est exposée[12].

Elle est également un lieu de « tourisme sombre (dark tourism en anglais, aussi appelé tourisme noir ou tourisme macabre) pour désigner une forme de tourisme qui s'y déploie et qui consiste à organiser la visite payante de lieux associés à la mort, à la souffrance, et parfois aux catastrophes (on parle aussi de disaster tourism) »[12],[13].

Dans la culture populaire

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La Zone coréenne démilitarisée apparaît dans certaines œuvres de fiction :

  • dans le jeu de tir à la première personne World War 3, il est possible de jouer sur la carte nommée "DMZ". Celle-ci reprend l'architecture principale des bâtiments de la zone de sécurité commune de manière assez fidèle tout en prenant quelques libertés nécessaires au gameplay. Cette carte est apparue dans la saison 1 du passe de combat qui comprenait également une apparence d'opérateur inspirée des gardes sud-coréens présents sur le site.
  • le film coréen JSA de Park Chan-wook met en scène un incident diplomatique dans la zone démilitarisée ;
  • la zone démilitarisée est une partie importante de l'intrigue du film de la série James Bond Meurs un autre jour de Lee Tamahori ;
  • dans le film La Chute de la Maison-Blanche d'Antoine Fuqua, des terroristes nord-coréens exigent le retrait des troupes américaines hors de la zone démilitarisée ;
  • dans le roman Envoyée spéciale de Jean Echenoz, les protagonistes traversent la DMZ pour fuir la Corée du Nord ;
  • dans la série Crash Landing on You, l’héroïne atterrit par accident dans la partie nord-coréenne de la zone démilitarisée.
  • dans la bande dessinée Buck Danny, album 49 La Nuit du serpent de Francis Bergèse met en scène un piège et l'exfiltration d'un pilote américain par les tunnels sous la DMZ.

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Korean Demilitarized Zone » (voir la liste des auteurs).
  1. a b c et d « Ces murs qui divisent », Le Point, 10 janvier 2008, p. 50
  2. « Les effets du TGV sur l’aménagement du territoire sud-coréen » par Marie-Hélène Fabre, DATAR.
  3. Dépêche de l'agence Reuters, reproduite sur le site de « l'Express »
  4. Philippe Pons, Le Monde, « Et au milieu passe une frontière », 27 avril 2018 p. 12
  5. (en) « Inside North Korea's Third Tunnel of Aggression » (consulté le ).
  6. (en) « Korea Demilitarized Zone Incidents », sur Global Security (consulté le ).
  7. « Corée du Nord : un nouveau soldat rejoint le Sud par la zone démilitarisée », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Corée du Nord : une personne est entrée clandestinement depuis le Sud », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Corées : l'homme passé clandestinement du sud au nord serait un ex-transfuge, selon Séoul », RTL,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Korea's DMZ a rare chance for conservation, ABC Science Online, 21 juin 2000
  11. Analyse du professeur Hiroyoshi Higuchi de l’université de Tokyo
  12. a b et c Hugo Mazzero et Leila Oulkebous, « Visites organisées de la zone démilitarisée entre les deux Corées : un exemple de "tourisme sombre" », sur Géoconfluences, (consulté le )
  13. (en) Young Hoon Kim et Nelson A. Barber, « Tourist’s destination image, place dimensions, and engagement: the Korean Demilitarized Zone (DMZ) and dark tourism », Current Issues in Tourism, vol. 25, no 17,‎ , p. 2751–2769 (ISSN 1368-3500 et 1747-7603, DOI 10.1080/13683500.2021.1991896, lire en ligne, consulté le )

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Alexendra Novosseloff et Franck Neisse, Des murs entre les hommes, éditions La Documentation française, 2007.
  • Alexandra Novosseloff, « Des murs du XXe siècle, entre enfermement et repli sur soi : les nouvelles fractures de la mondialisation », Diplomatie magazine, no 41,‎ , p. 31-36.
  • Valérie Gelézeau, « Le mur coréen et les mots pour dire la Corée : de la frontière spatiale à la "méta-nation" », Raison présente, Nouvelles Éditions Rationalistes, 2017, Un monde emmuré, p. 21-31.
  • Valérie Gelézeau, « La frontière coréenne et le « problème » nord-coréen », Critique, nos 848-849,‎ 2018/ 1-2, p. 64-74

Liens externes

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