Mohawk (langue)

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Mohawk
Kanien'keha (moh)
Pays Canada, États-Unis
Nombre de locuteurs Canada : 990 (2016)[1]
Total : 3 040[1]
Typologie ordre libre, polysynthétique
Classification par famille
Codes de langue
IETF moh
ISO 639-2 moh
ISO 639-3 moh
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
WALS moh
Glottolog moha1258

Le mohawk ou kanien’kéha[2], anciennement appelé agnier en français (endonyme : kanien'kéha, /ɡa.njʌ̃ʔ.ˈɡe.ha/), est une langue parlée au Canada et aux États-Unis. Elle fait partie de la famille des langues iroquoiennes des autochtones du Canada.

Locuteurs[modifier | modifier le code]

Le mohawk est parlé par environ 15 % des 15 500 Mohawks qui résident au Québec, en Ontario et dans l'État de New York[3]. Au Québec, cette langue est parlée par trois communautés : Kahnawake, Kanesatake et Akwesasne[4].

Selon Statistique Canada, en 2021, le mohawk est la langue maternelle de 555 personnes[5] au Canada.

Dialectes[modifier | modifier le code]

Le mohawk a trois dialectes principaux : Occidental (Ohswé:ken et Kenhté:ke), Central (Ahkwesáhsne) et Oriental (Kahnawà:ke et Kanehsatà:ke). Leurs différences sont principalement phonologiques. Ils sont liés des territoires depuis le XVIIIe siècle. La prononciation du phonème /r/ et d'un groupe de consonnes peuvent varier selon le dialecte :

/RU/ Occidental Central Oriental
sept /tsjáːta/ [ˈd͡ʒaːda] [ˈd͡ʒaːda] [ˈd͡zaːda]
neuf /tjóhton/ [ˈdjɔhdũ] [ˈɡjɔhdũ] [ˈd͡ʒɔhdũ]
je tombe /kjaʔtʌʔs/ [ˈɡjàːdʌ̃ʔs] [ˈɡjàːdʌ̃ʔs] [ˈd͡ʒàːdʌ̃ʔs]
chien /érhar/ [ˈɛrhar] [ˈɛlhal] [ˈɛːɽhaɽ]

Écriture[modifier | modifier le code]

Avant l'arrivée des Européens en Amérique du Nord, le mohawk était écrit à l'aide de pictogrammes.[réf. nécessaire] Par la suite, plusieurs systèmes furent utilisés : l'alphabet latin et les diacritiques. Depuis 1972, un système commun aux différents dialectes du mohawk, toujours fondé sur l'alphabet latin, est employé.

Alphabet mohawk[6]
a e en h i k n o on r s t w y

Les voyelles nasales sont ‹ en › et ‹ on ›. Les voyelles longues sont indiquées en plaçant les deux points après celle-ci.

La syllabe portant l’accent tonique peut avoir un accent aigu, indiquant le ton haut ou montant, ou un accent grave, indiquant le ton haut-descendant[7] :

  • oká:ra’, « histoire » et okà:ra’, « œil » ;
  • onón:ta’, « colline » et onòn:ta’, « lait » ;
  • tóka’, « si » et tó:ka’, « je ne sais pas ».

Phonologie[modifier | modifier le code]

Consonnes[modifier | modifier le code]

Fait assez remarquable, le mohawk ne possède pas d'occlusives labiales (les plus fréquentes sont /p/ ou /m/), la seule consonne labiale étant l'approximante /w/. Les sons [m] et [w] existent dans les mots empruntés de l'anglais ou du français.

  Bilabiale Dentale Latérale Palatale Post-alv. Vélaire Glottale
Occlusive t [t] k [k] kw [] ʔ [ʔ]
Fricative s [s] h [h]
Affriquée ts [ts]
Nasale n [n]    
Liquide r [r]
Semi-voyelle w [w] y [j]

La dialecte central (Ahkwesáhsne) a ces groupes de consonnes :

1er↓ · 2e→ t k s h l n d͡ʒ j w
t tt tk ts th
k kt kk ks kh kw
ʔ ʔt ʔk ʔs ʔl ʔn ʔd͡ʒ ʔw
s st sk ss sh sl sn sj sw
h ht hk hs hl hn hd͡ʒ hj hw
l lh lj
n nh nl nj
d͡ʒ d͡ʒj
w wh

Les consonnes /k/, /t/ et les groupes de consonnes /ts/, /kw/ sont prononcés voisées avant un son voisé, à la fin d'un mot ou avant un son non-voisé. Le phonème /s/ est voisé au début d'un mot et entre deux voyelles.

voiture – kà:sere /ˈɡàːzɛrɛ/
ça – thí:ken /ˈthiːɡʌ̃/
bonjour, immobile – shé:kon /ˈshɛːɡũ/

Devant une voyelle, la plupart des occlusives, affriquées et fricatives (, t, k, kw, s, ts) deviennent sonores.

Voyelles[modifier | modifier le code]

Antérieure Centrale Postérieure
Fermée i [i] u [ũ]
Moyenne e [ɛ] ʌ [œ̃] o [o]
Ouverte a [a]

Grammaire[modifier | modifier le code]

Le mohawk exprime de nombreuses distinctions pronominales : personnes (1re, 2e, 3e), nombre (singulier, double et pluriel), genre (masculin, féminin/indéfini, féminin/neutre) et inclusivité/exclusivité avec la première personne double et plurielle. L'information pronominale est portée par des préfixes aux verbes, un pronom différent étant utilisé pour faire l'accentuation. Il y a trois paradigmes de préfixes pronominaux : sujet (avec les verbes dynamiques), objet (avec les verbes statives) et transitif.

En tant que langue polysynthétique, les mots du mohawk se composent de nombreux morphèmes. Ce qui est exprimé en français en plusieurs mots peut être exprimé en mohawk avec un seul mot.

Noms[modifier | modifier le code]

Les noms se composent de la façon suivante : préfixe nominal–radical–suffixe nominal

Les préfixes nominaux portent les informations qui se rapportent au genre, à l'animalité, au nombre et à la personne. Ils identifient aussi le mot comme un nom :

  • o'nenste – maïs
  • oien'kwa – tabac

Ici, le préfixe o- dénote les noms que l'on trouve dans l'environnement naturel. Un autre préfixe dénote les objets fabriqués par l'homme :

  • kanhoha – porte
  • ka'khare – combinaison, jupe

Ici, le préfixe ka- marque le caractère artificiel ou synthétique du nom. Les variations phonologiques parmi les dialectes du mohawk font que le préfixe ga- dénote également les noms à caractère artificiel.

Les radicaux du mohawk sont similaires aux radicaux en français. Les sens entre eux sont presque les mêmes,

(Caughnawaha)

  • –eri- – cœur
  • –hi- – rivière
  • –itshat- – nuage

Ces radicaux sont nus, et il n'y a pas d'information autre que le radical. Il faut noter que les morphèmes ne peuvent être nus. En d'autres termes, si l'on dit simplement "eri", la phrase n'est pas grammaticalement correcte. Le radical doit posséder un préfixe nominal ou s'intégrer dans une phrase avec prédicat.

Les suffixes nominaux ne sont pas nécessaires pour former une phrase grammaticalement correcte. Ces suffixes fournissent une information qui se rapporte à l'emplacement ou aux attributs :

Le suffixe locatif :

1) onu'ta' (colline)

→ onuta'ke (sur la colline)

2) onekwvhsa' (sang)

→ onekwvhsa'ke (dans le sang)

Ici, le suffixe -ke indique un endroit.

Le suffixe attributif :

10) kvjy' (poisson)

11) kvja'ko'wa (esturgeon ou grand poisson)

Ici, le suffixe -ko'wa indique l'accroissement d'un nom.

Verbes[modifier | modifier le code]

Le verbe est la partie la plus complexe du mohawk et se compose de nombreux morphèmes qui décrivent les relations grammaticales. Le verbe prend la structure suivante :

préfixe pré-pronominal préfixe pronominal particule réflexive et réciproque radical intégré d'un nom radicale verbal suffixes

Intégration d'un radical[modifier | modifier le code]

Une caractéristique du mohawk est l’intégration d’un radical au sein d'un verbe. Quand un nom est intégré, celui-ci est marqué par un interfixe :

12) Owira'a wahrake' ne o'wahru

Bébé a.mangé la viande

Avec l’intégration :

13) Owira'a waha'wahrake'

Bébé viande.a.mangé

14) Wa'eksohare' (elle vaisselle-lave), où ks = vaisselle, ohare=laver

15) Wa'kenaktahninu' (je lit-acheté), où nakt=lit + a (l’intégration) + hninu=acheter

16) Wahana'tarakwetare' (Il pain-coupe), où na'tar=pain + a (l’intégration) + kwetar=couper

Ces exemples prennent l’interfixe -a-, qui marque le nom comme intégré. On peut omettre l’interfixe si l’intégration produit un groupe de consonnes permis au sein d’un mot. L’épenthèse de -a- atténue la groupe complexe des consonnes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mohawk_language » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b Ethnologue [moh].
  2. « Les autres langues menacées du Québec », sur La Presse, (consulté le )
  3. « Mohawks », sur quebec.ca (consulté le ).
  4. Mithun 1992, p. 235.
  5. Statistique Canada, « Langues maternelles selon la géographie, Recensement de 2021 », sur statcan.gc.ca, (consulté le ).
  6. « Language information », sur Kanienkeha.net.
  7. Mithun 2012, note 1, p. 565.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Wikipédia en mohawk dans l'Incubateur de Wikimedia.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) « Language information », sur Kanienkeha.net
  • Marianne Mithun (trad. Marie-Claire Lemaire), « Esquisses grammaticales : Le mohawk », dans Jacques Maurais (dir.), Les Langues autochtones du Québec, Les Publications du Québec, coll. « Dossiers du Conseil de la langue française » (no 35), , 455 p. (ISBN 2551151724 et 9782551151721, OCLC 28065284, lire en ligne), p. 235
  • (en) Marianne Mithun, « Iroquian: Mohawk », dans Rochelle Lieber et Pavol Štekauer, The Oxford handbook of compounding, , 564-583 p. (ISBN 9780199695720, DOI 10.1093/oxfordhb/9780199695720.013.0031)
  • (en) Nancy Bonvillain, A grammar of Akwesasne Mohawk, Ottawa, National Museum of Man, National Museums of Canada, , 249 p. (OCLC 490006601)
  • (en) Günther Michelson, A thousand words of Mohawk, Ottowa, National Museum of Man, National Museums of Canada, , 186 p. (OCLC 1097878)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]