Ballet de l'Opéra national de Paris

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Ballet de l'Opéra national de Paris
Image illustrative de l’article Ballet de l'Opéra national de Paris
Les danseurs du ballet de l'Opéra national de Paris durant le salut à la fin du ballet Rain d'Anne Teresa De Keersmaeker (2011).
Site web www.operadeparis.frVoir et modifier les données sur Wikidata
Ovation à Manuel Legris, danseur étoile du ballet de l'Opéra national de Paris, lors de ses « adieux » après sa dernière représentation dans le ballet Onéguine de John Cranko, le
La Danse de Jean-Baptiste Carpeaux, créé pour la façade sud de l'Opéra Garnier (Musée d'Orsay).
Alexandre Kalioujny, danseur étoile dans un saut des Danses polovtsiennes du Prince Igor, bronze de Jacques Gestalder (Bibliothèque-musée de l'Opéra)
Wilfride Piollet dans Le Lac des cygnes
Costume pour Le Sacre du Printemps, reprise à l'Opéra national de Paris en 1991, Marie-Claude Pietragalla dans le rôle de l'Élue

Le ballet de l’Opéra national de Paris est l'une des plus prestigieuses et la plus ancienne des compagnies de danse classique du monde[1],[2],[3].

En 1661 Louis XIV crée l'Académie royale de danse, puis en 1669 et à l'instigation de Jean-Baptiste Colbert, le corps de ballet est intégré à l’Académie royale de musique. Il fait aujourd'hui partie de l’Opéra national de Paris.

Le ballet est composé aujourd'hui de 154 danseurs. Il donne de l'ordre de 180 représentations par saison[3].

Les danseurs du ballet sont en grande majorité issus de son école de danse[4], considérée comme une des meilleures du monde[3].

C'est ainsi que le ballet de l'Opéra national de Paris a son propre vivier avec l'école de danse et recrute très peu à l'extérieur, ce qui sert l'unité de style de la danse française[5].

Historique[modifier | modifier le code]

Les débuts[modifier | modifier le code]

Les deux siècles suivant sa création voient le ballet de l’Opéra changer onze fois de lieu.

Depuis 1875, le ballet de l’Opéra est basé au Palais Garnier .

L'École de l’Académie royale de danse est fondée en 1713. Elle est la plus ancienne école de danse du monde occidental mais aussi le berceau de la danse académique classique mondiale.

L'école du ballet s'appelle aujourd’hui « l'école de danse de l'Opéra national de Paris » et s'installe en 1987 à Nanterre près du parc André-Malraux, à dix kilomètres du Palais Garnier.

Au départ, une troupe nombreuse, exclusivement masculine jusqu'en 1681, danse dans les divertissements et les intermèdes d'opéras. En 1776, Jean-Georges Noverre, puis les frères Maximilien et Pierre Gardel, y imposent le ballet d'action qui fleurissait déjà sur d'autres scènes françaises.

Le XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Peu à peu le ballet s'affranchit de l'opéra et, au début du XIXe siècle, se constitue un répertoire d'œuvres chorégraphiques pures, jusqu'à l'apothéose du ballet romantique. C'est là que sont créées les plus grandes œuvres classiques, comme La Sylphide (1832), Giselle (1841), Paquita (1846), Le Corsaire (1865) ou Coppélia (1870).

À la fin du XIXe siècle, le centre européen de la danse n'est plus Paris mais il s'est déplacé à Saint-Pétersbourg, sous la houlette de Marius Petipa. La plupart des grandes danseuses de l'Opéra de Paris ont gagné la Russie et le ballet de l'Opéra fait essentiellement appel à des danseuses italiennes formées à l'école de Carlo Blasis et d'Enrico Cecchetti, comme Aïda Boni, Pierina Legnani, Rita Sangalli ou Carlotta Zambelli.

Le XXe siècle[modifier | modifier le code]

Au XXe siècle, le renouveau est amorcé par les Ballets russes de Serge de Diaghilev qui présentent six de leurs saisons à l'Opéra de Paris. Serge Lifar amplifie le mouvement de rénovation, auquel contribuent George Balanchine et George Skibine.

Les années de Rudolf Noureev[modifier | modifier le code]

À partir des années 1970, le ballet se donne une double vocation : maintien de la tradition et ouverture à la modernité. C'est ainsi que, à côté de reconstitutions d'œuvres du XVIIIe siècle (par Ivo Cramer ou Francine Lancelot) et de pièces du répertoire romantique (Petipa et Nijinski revisités par Noureev), le ballet aborde le répertoire contemporain en invitant des chorégraphes comme Carolyn Carlson, Merce Cunningham, Maguy Marin, Angelin Preljocaj, Dominique Bagouet ou Pina Bausch.

Tout au long des années 1980, l'histoire de la troupe est marquée par la figure de Rudolf Noureev, qui occupe de 1983 à 1989 le poste de directeur de la danse. Au départ mal accepté par les danseurs qui lui reprochent notamment de se servir de la troupe pour ses intérêts personnels et de monopoliser les rôles solistes.

En 1986, il entre en conflit avec Maurice Béjart, alors chorégraphe invité : le , à l'issue de la création de son ballet Arépo, Maurice Béjart nomme Manuel Legris et Éric Vu-An danseurs étoiles, sans en avoir le droit. Rudolf Noureev contraint Maurice Béjart à faire marche arrière[6].

Rudolf Noureev a pu constituer un répertoire de ballets classiques qui forme encore aujourd'hui le cœur du répertoire de la troupe, assurant à la fois une part importante des représentations et ses plus grands succès populaires.

Sa version du 'Lac des cygnes, créée en 1984, a ainsi subi une fronde des danseurs qui ont obtenu le maintien au répertoire de l'ancienne version du ballet, celle de Vladimir Bourmeister. Cette dernière version sera d'ailleurs reprise une dernière fois sous son successeur Patrick Dupond, soucieux d'effacer les traces de son prédécesseur ; la version de Noureev s'imposera par la suite sans concurrence.

C'est un autre danseur vedette qui succède à Noureev en 1990 : Patrick Dupond, contrairement au danseur russe, est issu de la troupe et n'a pas de prétention à la chorégraphie. Son mandat s'achève précocement en 1994 : l'entente avec le nouveau directeur de l'Opéra national de Paris, Hugues Gall, s'avère impossible. Il s'ensuit un procès au titre du licenciement concomitant de Dupond en tant que danseur étoile.

Époque actuelle[modifier | modifier le code]

En 1995, Brigitte Lefèvre devient directrice de la danse à la tête du ballet de l'Opéra national de Paris. Elle poursuit une politique d'ouverture ce qui entraîne des représentations des grands chorégraphes invités, parmi William Forsythe, Pierre Lacotte et John Neumeier.

En , Gérard Mortier assure la succession d'Hugues Gall à la direction de l'Opéra national de Paris et ce, jusqu'en 2010, la date à laquelle il rejoint le Teatro Real de Madrid.

Sous son impulsion, neuf danseurs étoiles sont nommés, dont certains relativement âgés pour le métier, Wilfried Romoli, Delphine Moussin et en 2009 Isabelle Ciaravola.

Ces nominations rendent caduque la limite de douze étoiles qu'imposait Hugues Gall à son époque.

Après une période courte et turbulente avec Benjamin Millepied en tant que directeur de la danse de à , c'est Aurélie Dupont, l'ancienne étoile qui prend la direction du ballet de l'Opéra national de Paris. Après sa démission, en 2022, lui succède José Martinez[7].

Comme tous les secteurs du spectacle vivant, l'Opéra de Paris a souffert de la pandémie de Covid-19. Très peu de spectacles ont pu être donnés durant les années 2020 et 2021, et souvent avec des jauges de spectateurs, qui se sont accompagnées de pertes financières importantes pour l'institution. Malgré tout, la vie de la compagnie a perduré, avec notamment la nomination des Étoiles Paul Marque et Sae-Eun Park en pleine pandémie[8].

Hiérarchie des danseurs[modifier | modifier le code]

En 2023, le ballet compte 154 danseurs, dont 17 étoiles et 11 premiers danseurs, presque tous issus de l'école de danse de l'Opéra. Ils entrent par concours annuel et terminent leur carrière à 42 ans et demi.

De l'entrée dans le corps de ballet à la consécration, le ballet de l'Opéra a fixé une hiérarchie immuable parmi les danseurs et danseuses :

Les échelons 3 à 5 forment ensemble le « corps de ballet ».

La promotion au grade supérieur se fait par un concours de promotion interne, dont le jury est composé des membres de la direction de l'Opéra, des danseurs du ballet de l'Opéra national de Paris et des personnalités extérieures du monde de la danse. Ce concours a lieu chaque année en novembre.

Seules les étoiles ne sont pas issues de ce système : la nomination d'un premier danseur (plus rarement d'un sujet) au titre d'étoile est décidée par le directeur de l'Opéra national de Paris sur proposition du directeur de la danse à la suite d'une représentation. La procédure de nomination a varié avec le temps ; depuis 2004, elle se fait devant le public.

Maîtres de ballet et directeurs de la danse[modifier | modifier le code]

Maîtres de ballet associés à la direction de la danse[modifier | modifier le code]

Ce poste correspond au poste de Ballet master in chief aux États-Unis, c'est-à-dire un poste de maître de ballet principal. Comme son tire l'indique, il est associé à certaines décisions artistiques du directeur de la danse.
Ce poste est occupé par:

Maîtres de ballet[modifier | modifier le code]

Assistants maîtres de ballet[modifier | modifier le code]

Maître à la barre[modifier | modifier le code]

Quasiment toutes les grands danseurs d'aujourd'hui sont passées par les cours que Gilbert Mayer a dispensés comme professeur[10]. Même Rudolf Noureev a pris sa classe pendant sept ans.

Gilbert Mayer est considéré comme le maître du style français à l’Opéra de Paris[11],[12].

Anciens danseurs étoiles du Ballet de l'Opéra national de Paris[modifier | modifier le code]

Actuels danseurs étoiles du Ballet de l'Opéra national de Paris[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Edgar Degas et les danseuses du ballet de l'Opéra de Paris[modifier | modifier le code]

Edgar Degas a consacré nombre de toiles, de pastels et de sculptures, dont la plus célèbre est La Petite Danseuse de quatorze ans, aux danseuses du ballet et de l'école de danse de l'Opéra de Paris, l'un de ses thèmes de prédilection. La précision des détails et la justesse du sujet est le résultat des fréquentes séances du peintre à la salle Le Peletier puis au palais Garnier.

Interprètes du répertoire du XIXe siècle en images[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Mathias Auclair et Christophe Ghristi (dir.), Le Ballet de l'Opéra. Trois siècles de suprématie depuis Louis XIV, Albin Michel - Opéra de Paris - BNF, 2013, 360 p.
  • Joël Laillier, Entrer dans la danse. L'envers du Ballet de l'Opéra de Paris, CNRS, 2017, 256 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Il y a trois compagnies de ballet prééminentes dans le monde, sans doute le Royal ballet, sans doute le Bolchoï et sans doute le ballet de l'Opéra de Paris.», Philippe Noisette, journaliste, dans La Danse à tout prix, reportage télévisé de Carlos Simoes, 2012, 129 min, diffusé le 26 décembre 2012 sur France 2.
  2. Haut vol interprété par Éleonore Baulac et Allister Madin, chorégraphié par Benjamin Millepied, réalisé par Louis de Caunes
  3. a b et c Pourquoi les ballets de l'Opéra de Paris font partie des spectacles favoris des fêtes, article de Martine Robert du 27 décembre 2013 dans Les Echos
  4. Parmi les étoiles du ballet de l'Opéra de Paris, seule Ludmila Pagliero n'a pas suivi la formation dans cette institution. Il en va de même pour Hannah O'Neill chez les premières danseuses.
  5. La nouvelle guerre des étoiles, article par Philippe Noisette du 7 novembre 2014 dans Les Échos Week-end.
  6. « La Guerre des étoiles »[PDF], dans Le Nouvel Observateur, mars 1986).
  7. Philippe Gault, « Opéra de Paris : José Martinez, ancien danseur étoile espagnol, est nommé directeur de la danse », sur Radio Classique,
  8. Maya Prynda, « Une saison (très) particulière : Quand le covid-19 s'invite à l'Opéra de Paris », sur ResMusica, (consulté le )
  9. Le chorégraphe Roland Petit est mort, article du 10 juillet 2011 dans Le Monde.
  10. Les 300 ans de l'Opéra de Paris, hommage à Gilbert Mayer par Ariane Bavélier dans le Figaro du 4 avril 2013.
  11. L’hommage à Gilbert Mayer; maître du style français, l'article sur les 30èmes Rencontres de la danse classique à Cenon du 1 mars 2017.
  12. 30ème rencontres de la danse classique à Cenon, hommage à Gilbert Mayer, la ville de Cenon, 2017.
  13. a et b Amélie Bertrand, « Hannah O’Neill et Marc Moreau nommés Danseuse et Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris », sur Danses avec la plume - L'actualité de la danse, (consulté le )