Abbaye Sainte-Rictrude et Saint-Pierre de Marchiennes

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Abbaye Sainte-Rictrude et Saint-Pierre de Marchiennes
Image illustrative de l’article Abbaye Sainte-Rictrude et Saint-Pierre de Marchiennes
Présentation
Type Abbaye
Rattachement Colombanien
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1974)
Géographie
Pays France
Région Hauts-de-France
Département Nord
Ville Marchiennes
Coordonnées 50° 24′ 29″ nord, 3° 16′ 52″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Sainte-Rictrude et Saint-Pierre de Marchiennes
Géolocalisation sur la carte : Nord
(Voir situation sur carte : Nord)
Abbaye Sainte-Rictrude et Saint-Pierre de Marchiennes

L’abbaye de Marchiennes est une abbaye bénédictine située sur la Scarpe, à Marchiennes, dans le département du Nord (France) fondée vers 630, et qui resta active durant onze siècles.

À l'origine de la naissance de la ville de Marchiennes, elle en fut le moteur économique, avant d’être fermée en 1791, durant la Révolution. C'est en 1570 que l'abbaye fonda un collège à l'université de Douai. Elle possédait aussi un 'refuge' à Lille, dont quelques bâtiments existent encore au milieu d'un quartier entièrement dévasté par les permis de construire octroyés par la mairie depuis les années 1960.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation au VIIe siècle[modifier | modifier le code]

Le monastère est donc fondé vers 630 par des moines irlandais, disciples de saint Colomban[1], et par Adalbaud, duc de Douai, sur les conseils de saint Amand. Marchiennes est alors un monastère d’hommes. Après la mort d’Adalbert I d'Ostrevent (en 642), sa veuve, Rictrude, fait de l’établissement (en 647) un monastère double : il abrite moniales et moines de tradition colombanienne.

Il est possible que cette abbaye-double ait été organisée sous la houlette de l'abbé Jonas de Bobbio, coopérateur de saint Amand dans la région, lui-même colombanien et qui montrait un vif intérêt pour les communautés religieuses féminines. La vie de sainte Rictrude indique en effet que saint Amand désigna un certain Jonatus, inhumé sur place, comme supérieur de la communauté. Plusieurs auteurs pensent qu'il pourrait s'agir de Jonas lui-même[2],[3].

Développement et prospérité[modifier | modifier le code]

Durant des siècles, malgré les guerres et les invasions, le monastère réussit à faire prospérer la ville et la région grâce au défrichage, au drainage et à l'exploitation des marais et des tourbières.

Par deux fois, il est ravagé par les Normands au IXe siècle. À la fin du Xe siècle, il ne reste de la communauté masculine que quelques chanoines.

De la règle ascétique à la règle de saint Benoît[modifier | modifier le code]

En 1024, Marchiennes redevient monastère d’hommes, et adopte, comme beaucoup d'autres en Europe, la règle de saint Benoît. L’équilibre de vie monacale promu par cette règle se substitue à des traditions irlandaises très austères.

Scriptorium et foyer intellectuel du XIe au XIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Le monastère de Marchiennes est relevé par la jeune abbaye Saint-Sauveur d'Anchin, sa voisine, et devient l'une des principales abbayes du Nord de la France.

Son scriptorium produit une importante quantité de manuscrits enluminés[4]

Après l'abbatiat désastreux de Fulcard de Landas (1103-1115), Armand de Castello (Armand du Chastel) y est abbé en 1120[5]. Il prend l'initiative d'un renouveau institutionnel et artistique qui dure jusqu'à la fin du XIIe siècle, et dont témoignent un chartrier riche ainsi qu'une collection diverse de textes hagiographiques et historiographiques. Le , les reliques de sainte Eusébie sont transportées à Marchiennes. Les os y sont montrés, « sains et entiers, aux fidèles, aux religieuses et aux enfants des écoles ».

Renouveau au XVIe siècle et saccages en 1566[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle, l’abbaye bénéficie des largesses d'un moine mécène, Jacques Coëne (1501-1542), originaire de Bruges. Elle est, grâce à lui, au sommet de sa puissance. Elle soutient la création d'un collège à l'université de Douai entre 1564 et 1570. Mais, en août 1566, elle est ravagée par les « Gueux » qui détruisent la plus grande partie de ses œuvres d'art.

Activités jusqu'à la Révolution française[modifier | modifier le code]

Son activité persiste ensuite jusqu'au XVIIIe siècle, qui lui est fatal par deux événements : le siège de 1712 et la Révolution. En 1712, lors du siège de Marchiennes, abbaye et ville sont bombardées durant quatre jours et partiellement détruites. Une restauration est entreprise. La plupart des bâtiments subsistant aujourd'hui datent de cette époque. Survient ensuite la Révolution, qui chasse les bénédictins. En 1791, ils quittent définitivement l'abbaye.

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Patrimoine architectural[modifier | modifier le code]

Plan de Marchiennes et son abbaye en 1635

On conserve une trace de ce qu'était l'abbaye au XVIIe siècle grâce à deux gouaches exécutées pour le duc de Croÿ.

La tour de l'église abbatiale fut abattue en 1817, suivant le sort des autres bâtiments vendus au tournant du siècle comme biens nationaux.

Il ne reste de cette abbaye que le portail datant de 1748 et qui tient lieu aujourd'hui d'hôtel de ville, ainsi que certains bâtiments d'exploitation construits par les moines comme la brasserie en cours de restauration. Les restes de l'abbaye sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques le [6].

Cartulaire du duc Charles de Croÿ[modifier | modifier le code]

Illustration ancienne représentant l'abbaye de Marchiennes

Il s'agit de peintures topographiques à la demande du duc de Croÿ

  • Généralités
  1. Date : probablement 1603
  2. Saison : été
  3. Cartouche: Abbaÿ de Marchiennes
  4. Orientation de la vue :
  • Premier plan :

À droite un îlot groupé de 8 bâtisses, au centre d'une place une colonne surmontée d'une statue, à gauche un alignement de 12 bâtisses avec un corps de ferme[7]

  1. Chemin : de la place cheminant vers la droite pour accéder à l'abbaye par un porche
  2. Personnages :
  • Deuxième plan : l'abbaye avec un clocher carré et deux clochetons
  • Troisième plan : Collines

Polyptyque de Marchiennes[modifier | modifier le code]

Abbés[modifier | modifier le code]

Religieux et personnalités célèbres de l'abbaye[modifier | modifier le code]

  • Frère Guy (Guido), copiste qui a écrit un recueil des ouvrages de saint Jérôme[13]
  • Frère André (André Silvius), moine puis prieur, il réalisa en 1133 sous la prélature d'Hugues II abbé de Sainte-Rictrude de Marchiennes un admirable manuscrit[13]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Piotr Tylus, Manuscrits français de la collection berlinoise disponibles à la Bibliothèque Jagellonne de Cracovie (XVIe – XIXe siècles), vol. Volume 2 de Fibula (Series), Roman Sosnowski, , 317 p. (lire en ligne).
  2. Adalbert de Vogüé et Pierre Sangiani, Jonas de Bobbio : Vie de saint Colomban et de ses disciples., Le Poiré-sur-Vie, Imprimerie Graphique de l'Ouest,
  3. Frédéric Kurzawa, Saint Colomban et les racines chrétiennes de l'Europe, Paris, Imprimerie Pulsio, , Annexe II : Jonas de Suse
  4. Ces manuscrits se trouvent à la bibliothèque municipale de Douai, où l'on peut les admirer.
  5. MM.A. Van Lokeren, Messager des sciences historiques, ou archives des arts et de la bibliographie de la Belgique, 1857, Imprimé à Gand 6 rue des Peignes par L. Hebbelink, p. 354
  6. Notice no PA00107736, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. « Ferme abbatiale, puis ferme mairie, actuellement maisons », notice no IA59002722, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. Page 122 - Lille : Le pays minier-La flandre maritime-Entre Scarpe et Escaut- édité par le Guide Vert Michelin- numérisé par Google Books
  9. Eugène Alexis Escallier, L'Abbaye d'Anchin 1079-1792, Lille, 1852, L. Lefort, chap.VII, p. 115.
  10. Eugène Alexis Escallier, L'Abbaye d'Anchin 1079-1792, Lille 1852; L. Lefort, chap VII, p. 86.
  11. Eugène Alexis Escallier, op.cit. chap VII, p. 88.
  12. Eugène Alexis Escallier, op.cit., chap.VII, p. 116.
  13. a et b Manuscrit no 285 au catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la ville de Doaui, par H. Duthillœul

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • L. Quarre-Reybourbon, Les miniatures et la reliure artistique du Cartulaire de Marchiennes, p. 625-650, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction publique, 1890, 14e session (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]