Vierge à l'Enfant

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La Madone Esterházy de Raphaël (vers 1508) est à la fois une représentation de la Vierge à l'Enfant et une Vierge de l'humilité.

La Vierge à l'Enfant, ou Madone, est un thème récurrent en peinture et en sculpture religieuses, renvoyant à la Nativité du Christ et à la maternité de la Vierge Marie.

Aperçu historique

Paradoxalement, alors que l'enfance de Jésus est presque totalement éludée par les évangélistes canoniques, le sujet de la Vierge à l'enfant est le thème le plus représenté de tout l'art chrétien devant la crucifixion, alors qu'il ne fait référence à aucun texte biblique[1], mais est probablement le fruit d'une réutilisation d'un thème archaïque (déjà présent dans la figure de la déesse égyptienne Isis allaitant Harpocrate, l'Horus enfant[2]). On trouve, ainsi, de nombreuses représentations de la « femme à l'enfant » (allaitante ou pas) dans la plupart des cultures du monde, y compris dans l'Europe pré-chrétienne[1].

Dans les premiers temps du christianisme, l'art européen privilégie la Vierge représentée dans l'Adoration des mages. En peinture et sculpture romane, les Vierges les plus fréquemment représentées, du XIe au XIIIe siècles, sont des « Vierge à l’Enfant » assises sur un trône et tenant un Jésus adulte en miniature sur ses genoux. Elles sont appelées sedes sapientiae, « Siège de la Sagesse » ou « Trône de la Sagesse ». Au XIIIe et XIVe siècles, l'art gothique privilégie la figure centrale de la Vierge au détriment de l'Enfant qui domine de moins en moins dans la composition, tandis que l'art baroque à l'époque de la Contre-Réforme le fait disparaître complètement pour mettre en exergue une Vierge pure[3].

L'axe des regards entre la mère et son enfant est fréquemment souligné, de même que les signes symboliques des doigts et mains du bébé, également trouvés chez un ensemble de personnages sculptés ou peints dans les églises de la chrétienté.

Peinture

Vierge enceinte (Virgo paritura)

Fresque Madonna del Parto de Piero della Francesca

Sujet moins fréquent mais ayant néanmoins donné de très belles représentations, notamment la Madonna del Parto de Piero della Francesca, fresque détachée, restaurée, et transférée au musée de Monterchi en Toscane (Italie).

Madone (Vierge à l'enfant)

La Vierge à l'Enfant ou Madone, en français écrit avec un seul n, se différencie de la Madonna en italien, avec deux n, signifiant le personnage seul de la Vierge. En italien l'expression consacrée est Madonna col Bambino.

Les peintres du Moyen Âge représentent l'enfant Jésus « fréquemment une tête d’adulte (avec le début de calvitie de l’homme fait), parce qu’il est un puer senex, un enfant vieillard, manière imagée de figurer qu’il est bien la Sagesse de Dieu» ». À la fin du Moyen Âge et à la pré-Renaissance, les artistes privilégient un Jésus nu ou très légèrement vêtu, le sexe en général bien apparent, avec un corps d'enfant plus réaliste, les commanditaires des œuvres voulant montrer le mystère de l'Incarnation. Les peintres italiens dessinent un Jésus plus grassouillet que ceux de l’Europe du Nord, à la fois pour des raisons de préférences esthétiques, mais peut-être à cause de l’influence du climat sur la croissance des nourrissons (influence du soleil et de la vitamine D)[3].

Quelques exemples :

La Madone byzantine

La Madone byzantine, dite Hodigitria, est une Vierge au trône, soutenant l’Enfant sur le bras gauche, la main droite ramenée devant le buste :

La Madone allaitant

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La Madone allaitant ou Madonna del Latte, et en latin Maria lactans et en grec Galaktotrophousa  :


La Madone lisant

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La Madone lisant (en italien : Madonna leggente). La Vierge tient un livre ouvert devant elle, qu'elle lit ostensiblement, parfois même avec l'Enfant.

Vierge et l'Enfant, au centre du tableau, entourés

Sainte Famille

La Sainte famille, Giambattista Pittoni, XVIIIe siècle
La Sainte famille, Francesco Vanni

Parfois, l'Enfant Jésus n'est pas seul avec sa mère Marie, mais accompagné de sainte Anne, mère de Marie, ou d'un saint, lui aussi enfant. La mythographie christique veut que ce soit saint Jean-Baptiste, avec sa peau de mouton (ou un agneau du sacrifice le symbolisant). Cette représentation rappelle qu'ils se connaissent de prime jeunesse puisque sainte Élisabeth, sa mère, est une cousine de Marie. On peut voir présents également d'autres personnages de la Sainte Famille.

Conversation sacrée

Le thème de la Conversation sacrée (ou Sainte Conversation) comporte, en plus de la Vierge à l'Enfant (trônant au centre) et outre quelques personnages de la Sainte Famille, la présence de saints et du donateur ou commanditaire du tableau souvent dans un groupe parlant entre eux.

Vierge trônant

Vierge entourée d'anges

Vierge de l'humilité

Il s'agit d'une représentation sans trône, la Vierge assise sur le sol, portant l'Enfant nu.

Vierge à l'Enfant accompagnée d'un objet particulier

Un certain objet majeur (outre un quelconque attribut vestimentaire traditionnel), présent dans le décor du tableau, peut en soutenir le titre dans un but descriptif, mais aussi révélant parfois le commanditaire :

Vierge au Chardonneret

Thème de la Vierge au Chardonneret

Sculpture

Céramique vernissée ou émaillée Terracotta invetriata

Vierges de gloire

Siège de la sagesse ou Sedes sapientæ

Vierges couronnées

Vierge et l'Enfant

Autres


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Notes et références

  1. a et b François Bœspflug, Jésus a-t-il eu une vraie enfance ? L'art chrétien en procès, Cerf, .
  2. Éliane Burnet et Régis Burnet (préf. Régis Debray, ill. Brunor), Pour décoder un tableau religieux, Cerf, coll. « Fides », , p. 150
  3. a et b Marie-France Morel, « Le corps du petit enfant et ses représentations dans l’histoire et dans l’art », in Bébés et cultures sous la direction de Michel Bugnat, Éditions Érès, 2008, p. 21-34

Annexe

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Articles connexes