René Bousquet

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René Bousquet (avec col de fourrure) entouré notamment de Bernhard Griese et du préfet Antoine Lemoine, à l'hôtel de ville de Marseille, [1].

René Bousquet, né le à Montauban, assassiné le (à 84 ans) à Paris, est un haut fonctionnaire français collaborateur qui exerça, sous le gouvernement de Pierre Laval durant l'occupation de la France par les forces armées du Troisième Reich, les fonctions administratives de secrétaire général à la police du régime de Vichy du 18 avril 1942 au 31 décembre 1943 ; à ce titre, il fut l'organisateur de la rafle du Vél’ d'Hiv’. Il parvint à passer à travers l'Épuration et put faire à partir des années 1950 une florissante carrière d'homme d'affaires et d'influence, avant d'être rattrapé par son passé à la fin des années 1980 puis d'être abattu à la porte de son domicile par Christian Didier alors que l'instruction de son procès pour crimes contre l'humanité était en cours.

Biographie

Un début de carrière exemplaire

Fils d'un notaire radical-socialiste de Montauban, juriste, titulaire de deux DES de la Faculté de Droit de Toulouse, il prend ses premières fonctions comme chef de cabinet du préfet de Tarn-et-Garonne. « René Bousquet doit à deux éléments sa carrière au sommet de l’État, puis après guerre dans la finance : sa témérité durant la plus importante inondation dans le pays (mars 1930) et les relations de son père »[2].

En mars 1930, lors de terribles inondations qui ravagent le Sud-Ouest, il devient un héros national quand, avec un ami (qui périt), Adolphe Poult, il sauve personnellement de la noyade plusieurs dizaines de personnes. Le président Gaston Doumergue lui décerne alors le titre de chevalier de la Légion d'honneur (déchu par l'ordre de la Légion d'honneur, puis rétabli en 1957 par le Conseil d'État) et la Médaille d'or des belles actions.

Haut fonctionnaire parrainé par le sénateur radical-socialiste Maurice Sarraut, patron de presse (La Dépêche de Toulouse), et par son frère Albert Sarraut, député, président du conseil et ministre sous la IIIe République, il est détaché à la Présidence du Conseil afin de diriger le service technique chargé de la reconstruction des départements sinistrés du Midi.

À 22 ans, il est chef adjoint de cabinet de Pierre Cathala ministre (radical) de l'Intérieur. En 1933, il est sous-préfet. En 1935, il est chef du cabinet du ministre de l'Agriculture. En 1936, Roger Salengro, ministre de l'Intérieur du Front populaire, lui confie la responsabilité du fichier central à la Sûreté nationale, parce qu'il est bien noté et en raison de ses opinions plutôt à gauche. Ce fichier recense cinq millions de français et deux millions d'étrangers classés « suspects » ou « indésirables » et servira grandement par la suite à l'identification des juifs étrangers lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver.

En avril 1938, Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur, le nomme sous-préfet de Vitry-le-François, dans la Marne. En 1939, René Bousquet devient secrétaire général de la préfecture de Châlons-sur-Marne, puis préfet de la Marne, en 1940, après l'armistice.

Un engrenage choisi

Âgé de 31 ans, il est ensuite préfet régional (le plus jeune de France) en septembre 1941. Dans la Marne, il se distingue en maintenant en fonction les élus radicaux et francs-maçons (on pense - certains disent à tort[3]- qu'il a très probablement été initié[4]), ce qui lui vaut d'être la cible des quolibets de Je suis partout. Il favorise également l'évasion de certains prisonniers de guerre et parvient à épargner à son département de la Marne la colonisation économique par l'Allemagne nazie[5].

En 1942, l'amiral François Darlan lui propose les ministères du Ravitaillement et de l'Agriculture qu'il refuse par deux fois.

En avril 1942, au moment précis où les SS prennent, en zone occupée, la responsabilité du maintien de l'ordre, Pierre Laval le nomme au secrétariat général à la police avec dans la limite de ses attributions « délégation générale et permanente à l'effet de signer au nom du Ministre Secrétaire d’État à l'Intérieur, à l'exclusion des décrets, tous actes, arrêtés ou décisions relatifs aux dites attributions »[6]. Il occupe, à ce titre, un rôle principal dans la collaboration policière de Vichy avec l'occupant allemand, conformément aux termes de l'armistice de 1940. Après une rencontre avec Heydrich le 6 mai 1942, il engage à partir de juin une négociation sur les questions de police avec le général SS Karl Oberg nommé dans l'intervalle Chef supérieur des SS et de la police en zone occupée. Selon le principe de la « liberté prussienne » appliqué à la police collaboratrice, René Bousquet pouvait disposer d'une large autonomie à condition qu'il promît de combattre les ennemis du Reich (Juifs, communistes, résistants)[7]. Conformément aux instructions signées Hitler du , le général Oberg était en droit de « donner des instructions aux autorités et Forces de police françaises, de les contrôler et de disposer de l'engagement des Forces de police françaises. »

Finalement, il obtient avec la déclaration Oberg du 8 août 1942 « que la police puisse agir sous sa propre responsabilité » (ce qui excluait dorénavant les réquisitions et l’action en commun sous ordre allemand) « qu’il soit posé comme principe que la police française ne sera pas mise en demeure par les services dépendant du Commandant des SS de désigner des otages et que les personnes arrêtées par elle ne soient en aucun cas, de la part des autorités allemandes, l’objet de mesures de représailles; que d’une manière générale et sauf cas d’espèce les ressortissants français coupables de délits politiques ou de délits de droit commun qui ne sont pas directement dirigés contre l’Armée et les Autorités d’occupation, soient frappées par les autorités administratives ou judiciaires françaises dans des conditions prévues par la loi française ».

En contrepartie, les services de répression française doivent collaborer avec les services de sécurité du Reich dans la lutte menée contre les « terroristes[8] ». (le texte définitif du 8 août mentionne également les communistes et les saboteurs, mais en aucune façon les Juifs)[9],[10].

En mai 1942, il demande à Heydrich si les Juifs apatrides internés en zone libre depuis un an et demi peuvent être déportés en même temps que ceux internés à Drancy[11],[12]. Le 2 juillet 1942, il s'engage devant Carl Oberg, contre la promesse de diriger un corps de police unifié, à mettre ses hommes au service de l'occupant pour arrêter les Juifs étrangers dans les deux zones puis organise le 4 juillet avec Helmut Knochen et Theodor Dannecker la rafle des Juifs étrangers et apatrides du 16 et 17 juillet 1942 à Paris (Rafle du Vélodrome d'Hiver) suivies le 26, 27 et 28 août de rafles en zone libre qui n'ont pas épargné les enfants de ces Juifs étrangers de moins de seize ans à la suite de la proposition de Pierre Laval[13],[14]. Fin juillet il reçoit une lettre du général SS Karl Oberg le félicitant de la conduite exemplaire de la police française[15].

Alors que Theodor Dannecker insiste pour que 11 000 Juifs de la zone libre leur soient livrés, Bousquet assure à Helmut Knochen chef du SD en France que les 3 000 premiers Juifs de la zone libre seront entre leurs mains avant août[16]. Il accélère la déportation des Juifs étrangers de la zone libre. En effet, à l'automne 1942, 8 000 à 10 000 d'entre eux sont arrêtés[17],[18].

Le 10 septembre 1942, recevant le pasteur Marc Boegner, chef des protestants français, René Bousquet se montre particulièrement intransigeant et refuse de renoncer à la traque des enfants juifs soustraits aux convois de déportation et cachés par les Églises et les particuliers : « Nous les chercherons. […] Nous les prendrons là où ils sont. […] Nous devons les chercher. » Selon les notes du pasteur Boegner,

« [Bousquet] estime que quelle que soit l’issue de la guerre, le problème juif devra être résolu. Les Allemands transfèrent en ce moment des centaines de milliers de Juifs des nations qu’ils occupent en Pologne du sud. Mais le problème est international. En France, Bousquet voit les juifs français incorporés à la nation française avec des obligations strictes et des droits limités. Est-ce le ghetto qu’il souhaite[19] ? »

À propos de l’exécution des mesures prises, notons qu’avant le 10 septembre, René Bousquet intervient à la demande du Secours aux enfants pour faire libérer et sauver de la déportation une cinquantaine de jeunes de plus de seize ans ainsi qu’une demi-douzaine d’adultes hébergés au château de la Hille[20].

Notons également qu’il est précisé, postérieurement à la rencontre, dans les carnets du pasteur Boegner, le 15 septembre (page 206) « les hôtes du Chambon-sur-Lignon (contrôlés le 14 août par la police, cf page 192) passent en Suisse les uns après les autres. C’est la solution du problème. La situation se détend » ; le 28 septembre (page 207) « En fait deux mille cinq cents Juifs sont entrés en Suisse rien qu’au cours de ces dernières semaines. »

En 1943, il prend des contacts avec la Résistance en protégeant certains de ses membres menacés d'arrestation, notamment François Mitterrand qui animait un réseau de prisonniers évadés ; il sabote également certaines opérations montées contre les maquis ou procède à des libérations de personnes détenues. À l'occasion de l'assassinat de Maurice Sarraut par des miliciens[21], le 3 décembre 1943, il pourchasse impitoyablement les assassins et montre ainsi sa volonté de s'éloigner des ultras de la Collaboration. Il entre alors en conflit avec Darnand, chef de la Milice, qui le remplace le 31 décembre 1943, à la suite de sa démission. Il est arrêté le 9 juin 1944, juste avant la Libération et conduit avec sa famille, en résidence surveillée en Bavière. Il est libéré en avril 1945 par les Américains. Ceux-ci, bien renseignés, lui proposent de partir directement pour les États-Unis avec sa famille : l'Office of Strategic Services (agence de renseignement du gouvernement des États-Unis), dont le représentant en Suisse était Allen Dulles, avait justement évalué l'importance d'un tel personnage. René Bousquet refuse et demande à rentrer en France où il sera incarcéré à la prison de Fresnes du 17 mai 1945 au 1er juillet 1948.

Le procès devant la Haute Cour de Justice

Après la guerre, René Bousquet se retrouva opportunément l'avant-dernier Français à comparaître en Haute Cour de justice, en 1949. L'épuration était alors à bout de souffle, l'opinion plus préoccupée par la guerre froide et les nouveaux problèmes nés de la reconstruction. La réalité et la spécificité du génocide des Juifs manquait dans la conscience populaire de visibilité, et la communauté juive se retrouvait plus installée dans la mémoire douloureuse que dans la revendication intransigeante d'une justice exemplaire pour les crimes perpétrés à son encontre. La place faite dans les médias d'après-guerre aux rafles de l'été 1942 fut de ce fait relativement limitée. Enfin, une accusation sans zèle combinée à une défense habile et percutante firent le reste.

Au terme d'un procès de trois jours, René Bousquet fut acquitté par la Haute Cour de justice du chef « d'atteinte aux intérêts de la défense nationale », mais déclaré « convaincu du crime d'indignité nationale » frappant automatiquement tous ceux qui avaient accepté de participer aux gouvernements de l'époque vichyste, et condamné à la peine minimale de « cinq ans de dégradation nationale ». Il en fut « immédiatement relevé pour avoir participé de façon active et soutenue à la résistance contre l'occupant ».

Arrêt du 23 juin 1949 de la Haute Cour de Justice

La Haute Cour de la libération, créée suivant l'ordonnance du 18 novembre 1944, a été chargée, à l'exclusion de toute autre juridiction, de juger pour crimes ou délits commis dans l'exercice de leurs fonctions, les personnes ayant détenu certains pouvoirs. L'instruction qui a précédé la comparution de René Bousquet en Haute Cour a conclu, le 13 janvier 1948, à une décision de non-lieu partiel et de renvoi devant la Haute Cour. Le non-lieu concerne la période 17 septembre 1940 au 18 avril 1942[22].

La Haute Cour a rendu, elle, le verdict suivant :

« [...] Considérant que pour si regrettable que soit le comportement de Bousquet en divers moments de son activité comme Secrétaire Général à la Police et notamment lorsqu'il a accepté d'aider à l'action de la mission Desloges, il n'apparaît qu'il ait sciemment accompli des actes de nature à nuire à la défense nationale dans le sens de l'article 83 du Code Pénal et qu'il échet en conséquence de prononcer son acquittement,
Considérant d'autre part qu'en acceptant de remplir dans le Ministère constitué par Laval au mois d'avril 1942 le poste de Secrétaire Général à la Police qui est un de ceux qui le rende justiciable de la Haute Cour, il s'est rendu coupable du crime d'indignité nationale,
Mais considérant qu'il résulte de l'information et des débats la preuve qu'en de nombreuses circonstances Bousquet a, par ses actes, participé de façon active et soutenue à la résistance contre l'occupant,
Par ces motifs,
Acquitte Bousquet René du chef d'atteinte aux intérêts de la défense nationale,
le déclare convaincu de crime d'indignité nationale, le condamne à la peine de cinq ans de dégradation nationale de ce chef, le relève de la dite peine en application de l'article 3 par. 4 de l'ordonnance du 26 décembre 1944. »

Après le procès

Écarté de la haute fonction publique, Bousquet n'en allait pas moins poursuivre une brillante carrière dans la presse et à la Banque d'Indochine où il fut recruté par Jean Laurent, ancien chef de cabinet du général de Gaulle et authentique résistant. C'est notamment à cette époque que Jean-Paul Martin, son ancien collaborateur à Vichy, devenu directeur de cabinet du ministre de l'outre-mer François Mitterrand mit en contact les deux hommes[23]. Cependant, il est probable que René Bousquet et François Mitterrand, sans se connaître formellement, en savaient déjà beaucoup l'un sur l'autre : en effet, c'est sur instruction de René Bousquet que Jean-Paul Martin évita à François Mitterrand l'arrestation par la Gestapo. Les liens forts constitués entre les deux hommes datent de cette période de la guerre.

En 1957, le Conseil d'État consentit à lui rendre sa Légion d'honneur, et l'ancien secrétaire général à la Police de Vichy fut même amnistié le 17 janvier 1958.

Il se lança alors dans la politique à l'occasion des élections législatives de 1958, et fut candidat (soutenu par l'UDSR) dans la troisième circonscription de la Marne avec pour suppléant Hector Bouilly, un conseiller général radical-socialiste. Avec seulement 4 461 voix, Bousquet rassembla moins de 10 % des suffrages, tandis que la Marne élisait trois députés UNR.

Un banquier engagé à gauche

Après la mort en 1959 de son ami Jean Baylet, Bousquet siégea au conseil d'administration de La Dépêche du Midi, dont il anima un temps la direction aux côtés de la veuve de celui-ci, et fit ainsi campagne en faveur de François Mitterrand en 1965, avec une ligne éditoriale anti-gaulliste. On note à cette époque l’organisation claire d’un fort courant anti-gaulliste en Tarn-et-Garonne (et globalement en Midi-Pyrénées). « Il dirige, en réalité, le quotidien toulousain tout au long des années, en surveillant de près sa ligne politique anti-gaulliste »[24]. C'est en 1971 que Bousquet se brouilla un temps avec Évelyne Baylet et quitta le conseil d'administration de La Dépêche du Midi. Dès lors, coïncidence ou non, le journal abandonna le ton franchement hostile qu'il avait contre le régime incarné par Charles de Gaulle (1958-1969), puis par Georges Pompidou pour redevenir un journal régional de gauche modéré.

En 1974, René Bousquet soutient et apporte son concours financier au candidat François Mitterrand contre Valéry Giscard d'Estaing, comme il l'avait fait en 1965, pour sa campagne présidentielle. À l'époque, la législation sur le financement des partis politiques est assez vague et les partis de Gauche rencontrent des difficultés alors que ceux de Droite bénéficient du soutien du patronat. Une photographie de l'époque témoigne de ces contacts entre les deux hommes, réunis en compagnie de Jean-Paul Martin, autour d'une tablée familiale dans la maison de Latche[25].

En 1977, François Mitterrand organise autour de René Bousquet un déjeuner regroupant plusieurs anciens résistants dont Henri Frenay, le fondateur du mouvement Combat en présence de Jacques Attali. Tous ceux qui sont présents, selon Mitterrand, lui doivent la vie.

René Bousquet fréquente pendant toutes ces années plusieurs centaines d'autres personnalités, ignorantes ou non de ses agissements à Vichy. Pascale Froment indique ainsi que l’ancien préfet devenu banquier « met aussi, parfois, à contribution, pour des consultations juridiques, son vieux camarade de faculté Georges Vedel », siège au conseil d'administration de Société financière pour la France et les pays d’outre-mer (SOFO), présidée par Edmond Giscard d’Estaing, « connaissait personnellement Antoine Pinay (qui avait appartenu au Conseil national de Pétain) ; il est ami avec son directeur de cabinet Henri Yrissou, député indépendant, inspecteur des Finances, médaillé de la Résistance, qui avait successivement servi Bouthillier et Cathala à Vichy. » Elle ajoute que René Bousquet fut reçu à l’Élysée par René Coty[26]. Elle précise aussi :

« En 1974, il n’y a pas d’“affaire Bousquet”, et le premier secrétaire du PS n’éprouve aucune gêne à se faire photographier avec son “ami”. Pourquoi se cacherait-il de connaître un homme qui fréquente aussi bien Joseph Barsalou que Jean-Baptiste Doumeng, Edgar Faure, Maurice Faure, le préfet Génébrier, Bernard Cornut-Gentille et Jacques Chaban-Delmas ? Un homme à qui Pierre Mendès France serre la main ? Un homme qui se promène au Bois, près de chez lui, avec Édouard Daladier ? Son passé à la tête de la police de Vichy ne paraît déranger personne[27]. »

François Mitterrand, pour justifier sa propre relation avec René Bousquet, cite également les noms de Pierre Mendès France et Henri Queuille comme le rapportent Pierre Favier et Michel Martin-Roland[28]. René Bousquet siège notamment au conseil d'administration d'UTA (Union de transports aériens), dirigée par Antoine Veil (mari de Simone Veil), qu'il avait déjà connu aux Chargeurs réunis. En 1978, à la suite de l'entretien accordé par Louis Darquier de Pellepoix à L'Express, Antoine Veil obtient la démission de René Bousquet[29],[30].

En 1981, après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, René Bousquet se rend à l'Élysée « pour parler politique ». « Je l'écoutais comme on écoute un chroniqueur politique. Il me voyait comme un continuateur d'une carrière qu'il n'avait pas pu faire » (déclaration de François Mitterrand à Pascale Froment[31].)

L'enjeu judiciaire

À partir de 1986, quand les accusations portées contre René Bousquet prennent de la consistance, les rencontres se font plus rares jusqu'à cesser, officiellement. Une instruction judiciaire est menée et François Mitterrand est accusé d'intervenir dans la procédure pour la freiner, car ils sont tous les deux d'anciens vichystes. Ainsi, la décision du parquet général de Paris de renvoyer Bousquet devant une Cour de Justice qui n'existe plus suscite l'ire de Jean Pierre-Bloch parlant d'« enterrement de première classe ». François Mitterrand est nommément visé quand les juristes de la mission de la Fédération internationale des droits de l’homme font savoir qu'« il y a une décision politique au plus haut niveau de ne pas faire avancer l’affaire Bousquet », accusations relayées par Laurent Greisalmer dans Le Monde : « le dossier s’enlise dans les dédales du Palais de Justice, guidé par des mains expertes… la Justice montre sa dépendance et le chef de l’État n’explique pas les raisons qu’il a d’épargner le procès Bousquet[32]. » En effet, le juge d'instruction n'obtient pas d'être déchargé de ses autres dossiers pour d'autres prévenus et un seul traducteur était disponible pour plus de 1.000 pages d'archives en allemand.

Les problèmes juridiques sont plus complexes que pour Maurice Papon. De par ses fonctions de Secrétaire général à la Police, René Bousquet est, contrairement au fonctionnaire de Bordeaux, justiciable de la seule Haute Cour de la Libération. La première question posée est de savoir s’il faut ou non, au plan de la compétence, reconstituer cette ancienne juridiction (qui avait continué à fonctionner jusqu’en 1960 pour juger Abel Bonnard) pour éventuellement le rejuger. Ce point de droit génère une controverse entre les parties civiles, le Parquet et Georges Kiejman, alors ministre délégué à la Justice. Finalement la Cour de cassation tranche qu’en cas de nouveau procès, la juridiction compétente sera la Cour d'assises. Reste encore, avant tout renvoi au fond, à apprécier, toujours en droit, si, compte tenu de l’acquittement prononcé en 1949 couvrant l’ensemble des activités de René Bousquet pendant l’Occupation, il est encore possible, au mépris de l’autorité de la chose jugée, de poursuivre la procédure. Georges Kiejman soutient que l'intégralité des faits reprochés à Bousquet est dans le dossier d'instruction transmis à la Haute Cour de 1949 et qu'il ne peut être soulevé aucun fait nouveau susceptible de déclencher une nouvelle action publique. En tant que ministre nommé par François Mitterrand, il est très probable que Georges Kiejman exprime le point de vue du Président de la République sur ce point. Le débat ne sera jamais tranché du fait de l’assassinat, en cours d’instruction, de René Bousquet.

Assassinat

En 1989, l'association des Fils et filles de déportés juifs de France de Serge Klarsfeld, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes et la Ligue des droits de l'homme déposent plainte contre René Bousquet pour crimes contre l'humanité dans le cadre du dossier de la déportation de 194 enfants de six départements du sud de la France. Il est inculpé en 1991, mais l'instruction n'est pas achevée lorsqu'il est assassiné de cinq balles par Christian Didier le 8 juin 1993 à son appartement du 34, avenue Raphaël à Paris[33]. Ce dernier est condamné par la Cour d'assises de Paris en novembre 1995 à dix ans de prison et est libéré le 24 février 2000 du centre de détention de Toul.

L'ouvrage de Henri Raczymow, L'homme qui tua René Bousquet[34], contribue à des recherches sur la personnalité de Christian Didier. L'Humanité regretta au moment du procès de Christian Didier[35]

« qu’il n’y ait pas d’association de victimes de la répression nazie pour demander, comme l’avait fait Me Alain Lévy, avocat de la FNDIRP[36], à qui profite le crime. La réponse ne serait sûrement pas à chercher du côté des victimes. C’est à Bousquet et à ses amis que Christian Didier a rendu service. »

René Bousquet est enterré au cimetière de Larrazet en Tarn-et-Garonne.

Son fils Guy, avocat à la cour, tentera de justifier l'action de son père[37].

Jean Leguay, représentant de Bousquet en zone occupée de mai 1942 à janvier 1944, sera le premier Français inculpé de « crimes contre l'humanité » pour la rafle du Vél’ d'Hiv’.

René Bousquet au cinéma

René Bousquet apparaît, pour la première fois au cinéma, dans Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls (1971). Ce documentaire fut censuré pendant dix ans à la télévision française.

Le film de Claude Chabrol : L'Œil de Vichy, sorti en 1993, est un film de montage des actualités du régime de Vichy (1940-1944). Monté de manière chronologique, le film propose une distanciation étonnante en faisant intervenir la voix de Michel Bouquet sur les commentaires d'époque. La voix de Michel Bouquet établit un lien puissant entre le film de Claude Chabrol et celui d'Alain Resnais : Nuit et brouillard (1956). René Bousquet apparaît dans le film et occupe une place de choix dans la démonstration de Claude Chabrol sur les compromissions des hauts fonctionnaires pendant l'Occupation.

En 2006, Laurent Heynemann réalise le téléfilm René Bousquet ou le Grand Arrangement ((coproduit par Arte), qui le rediffuse le vendredi 12 août 2011). Il s’agit de la première fiction française à prendre pour personnage principal un grand collaborateur français. L'acteur Daniel Prévost prête ses traits au fonctionnaire Bousquet. Le film montre un René Bousquet vieillissant, rattrapé par son passé. Le film développe aussi ses relations avec un personnage fictif, joué par Ludmila Mikaël. Ce personnage est, selon le réalisateur, une sorte d’« incarnation de l’humanité, et de la mémoire juive revenant par étapes ». Le soin documentaire, la sobriété de la mise en scène et la composition glaciale de Daniel Prévost ont été salués par l’ensemble des critiques. À noter : le plan de la rencontre entre un René Bousquet souriant et le SS Heydrich (film d'actualité de 1942) est celui que l’on retrouve systématiquement dans la totalité des films sur Bousquet. Dans René Bousquet ou le Grand Arrangement les scénaristes font même dire à Daniel Prévost (qui incarne Bousquet) : « Ils auraient mieux fait de laisser leurs caméras chez eux, ce jour là ! »

Un documentaire, L'Énigme René Bousquet, réalisé en 2007 pour France 3 et diffusé dans le magazine « Passé sous silence ». Une radioscopie du parcours de l'homme. Ce documentaire, diffusé le 6 septembre 2008 sur France 3[38], n'a, selon Le Nouvel Observateur, pas « apporté de nouveaux éléments sur la personnalité de Christian Didier, l'assassin de René Bousquet. L’historien Henri Amouroux n’hésite pourtant pas à penser que cet assassinat fut télécommandé. Interrogation qui restera en suspens dans ce film, car les auteurs n’enquêtent pas sur une mort qui pouvait en arranger plus d’un, optant pour un documentaire plus classique mais instructif sur l'étrange parcours d’un haut fonctionnaire à la carrière exemplaire qui deviendra l’un de ces « criminels de bureau » qui sévirent à Vichy, selon la formule de Robert Badinter »[39].

En 2010, il apparait dans le film de Rose Bosch, La Rafle, traitant directement de la rafle du vélodrome d'hiver en juillet 42, où Bousquet et le gouvernement de Vichy mettent en place la rafle. Au total près de 13 000 juifs, hommes, femmes et pour la première fois des enfants seront déportés vers les camps de la mort.

À noter également que le personnage de commissaire joué par Bruno Cremer dans Le Bon et les Méchants (1975) de Claude Lelouch a probablement été inspiré par René Bousquet.

Bibliographie

  • Pascale Froment, René Bousquet (biographie), Paris, Fayard, 2001 (ISBN 9782234042742)
  • Limor Yagil, Chrétiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944 : sauvetage et désobéissance civile, Paris, Le Cerf, 1995[40]
  • Guy Bousquet, René Bousquet cet inconnu, l'homme et Vichy, Paris, Jean Picollec, 2007 (ISBN 2-86477-225-6)
  • Guy Bousquet, Un homme de devoir, René Bousquet, préfet de la Marne 1940-1942, Paris, Jean Picollec, 1998 (ISBN 2-86477-169-1)
  • Yves Cazaux[41], René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Jean Picollec, 1995 (ISBN 2-86477-126-8)
  • Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Reims, PUR, 2 tomes, 1995 (2e édition, 1998)
  • Max Lagarrigue, René Bousquet, ses responsabilités à Vichy ?, Éditions CNDP, (présentation en ligne)
  • Claude Llabres, La Dépêche du Midi et René Bousquet : un demi-siècle de silence, Paris, Fayard, 2001 (ISBN 9782213609911)
  • Serge Nessi, La Croix-Rouge Suisse au secours des enfants, 1942-1945, et le rôle du Docteur Hugo Oltramare, Genève, Éditions Slatkine, 261 p. (ISBN 978-2-8321-0458-3)
    Les rafles ; Danger des protestations ; Prudence à l’égard du gouvernement français ; Stucki négocie avec Laval ; Réticences officielles ; Freiner les élans ; Désarroi dans les homes ; Une affaire préoccupante ; Rappel à l’ordre ; Règles toujours valables ; Une certaine protection, p. 182 à 203.
  • Alain Michel, Vichy et la Shoah, Enquête sur le paradoxe français, Paris, CLD éditions, , 408 p. (ISBN 978 -2-85443-549-8)
    Alain Michel vit en Israël. Docteur en histoire (Sorbonne), il a été le responsable du bureau francophone de l'Ecole internationale pour l'enseignement de la Shoah à Yad Vashem (2004-2009). Préface de Richard Prasquier, Président du CRIF : Vichy et la Shoah, Des difficultés de la compréhension des sources. Sur le plan historiographique, Alain Michel montre que depuis les travaux de Richard Paxton et Michaël Marrus (Vichy et les juifs, 1981) et ceux de Serge Kiarsfeld (Vichy-Auschwitz, 1983-1985) une véritable « doxa » s’est imposée sur la manière dont la Solution finale est abordée en France, qui culpabilise la totalité des acteurs du gouvernement de Vichy, sans nuance et sans distinction.

Notes et références

  1. Donna F. Ryan, The Holocaust & the Jews of Marseille: The Enforcement of Anti-Semitic Policies in Vichy France, Urbana, University of Illinois Press, 1996, planche suivant la p. 180 (ISBN 0-252-06530-1).
  2. Max Lagarrigue, questions... La France durant l'Occupation, CNDP, 2007.
  3. Yves Cazaux, René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, , 352 p. (ISBN 2-86477-126-8)
    Yves Cazaux, ancien Préfet (notamment de la Niévre}, fut Président de la Société des Gens de lettres de France et Président de la Société de l'Histoire de France.
    • Pages 119. Note 22 : René Bousquet n’était pas franc-maçon, contrairement à ce qu’affirment certains. Cf.. en annexe la lettre de Georges Marcou, Grand Maître de la Grande Loge de France. Bousquet n’était pas Franc—maçon.
    • Page 167 : note 91 : Cette lettre, qui figure en annexe, apporte la preuve que René Bousquet, s’il a protégé les francs-maçons, n’a jamais fait partie lui-même de la Confrérie. Georges Marcou s’adresse à lui comme à un ami et non comme un « frère ».
    • Page 307 : Lettre du 21 octobre 1977 de Georges Marcou, Grand Maître : « Permettez-moi, cher Monsieur, de vous saluer comme un ami parce qu’en fait, je pense que vous pourriez être mon frère. »
  4. Ghislaine Ottenheimer, Renaud Lecadre, Les Frères invisibles, Albin Michel, 2001 (p. 78) et surtout Max Lagarrigue, 99 questions... La France durant l'Occupation, CNDP, 2007: qui sur ce sujet explique « Ce haut fonctionnaire applique méthodiquement la politique vichyste, à quelques exceptions près toutefois. En effet, Bousquet laisse en place élus radicaux et surtout francs-maçons dont les maires de Vitry et de Reims. Ce dernier, Paul Marchandeau, n’est autre que l’auteur du décret-loi d’avril 1939, interdisant les propos antisémites – attitude qui laisse à penser que Bousquet a été initié à la franc-maçonnerie lorsqu’il exerçait à la préfecture de Montauban. »
  5. « Dans ces deux postes (préfet puis préfet régional) Bousquet se révéla un excellent administrateur habile et ferme qui négocia avec l’occupant au mieux des intérêts français. Fidèle à ses opinions républicaines, il maintint ou fit rétablir dans leurs fonctions les assemblées et les élus du département. Il intervint en faveur des israélites, des francs-maçons, des syndicalistes et des communistes, évita des sanctions à la population et parvint par de fausses statistiques à limiter les impositions de l’occupant. Il favorisa les évasions des prisonniers du camp de Châlons. Enfin il créa toute une organisation agricole qui permit de faire échec à l’arbitraire des occupants et aux tentatives d’exploitation collective des fermes par les Allemands. Il apparait donc que pendant toute cette période de sa vie administrative rien ne puisse être reproché à Bousquet » Source: Archives Nationales 334 AP 47 et A.N 3W 88 et 89 Acte d’accusation devant la Haute Cour.
  6. Archives Nationales dossier René Bousquet Haute Cour arrêté du 19 avril 1942 signé par Pierre Laval (document no 6 reproduit en page 95 de l'ouvrage René Bousquet cet inconnu).
  7. Édouard Husson Heydrich et la solution finale Perrin 2012 p. 557.
  8. Jean-Pierre Azéma, de Munich à la libération, 1938-1944, Nouvelle histoire de la France contemporaine - 14 éd. du Seuil, août 2002, p. 204.
  9. Les négociations qui ont abouti à la déclaration Oberg du 8 août 1942 et par ailleurs les attitudes de Vichy et René Bousquet face à la déportation des Juifs de France d’avril 1942 à décembre 1943 sont analysées à charge et à décharge dans le livre « René Bousquet cet inconnu » paru aux éditions Picollec en août 2007 no 0707-019 pages 119 à 186 et 281 à 496. Les pièces visées dans le livre peuvent être consultées sur le site de René Bousquet, sous les numéros 41 à 60 (déclaration Oberg du 8 août 1942) et 101 à 150 (déportation des Juifs de France)
  10. Les instructions d’Adolf Hitler ont été données au général SS Karl Oberg le 9 mars 1942, mais n’ont pas été communiquées à l’époque aux autorités françaises lors des négociations. Ces instructions évoquent, elles, la question des juifs, ce qui n’a pas été le cas de la déclaration du 8 août 1942 d’Oberg. Voir : Yves Cazaux, René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, , 352 p. (ISBN 2-86477-126-8)
    La note du Fuhrer est reproduite aux pages 317 – 318 (« 4° b) En cas de péril imminent, le commandant militaire peut prendre des dispositions provisoires qui engagent. Les mesures d’expiations contre les criminels, des juifs et des communistes à l’occasion d’attentats contre le Reich allemand ou des ressortissants du Reich allemand font également partie des mesures de police. Le texte définitif du général Oberg reproduit en pages 322 à 324 ne fait pas état des juifs
  11. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Folio, vol. 2 Gallimard, 1985, p. 546.
  12. Yves Cazaux, René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, , 352 p. (ISBN 2-86477-126-8)
    Yves Cazaux, ancien préfet (notamment de la Nièvre), fut président de la Société des Gens de lettres de France et Président de la Société de l'Histoire de France. L’auteur est un résistant aux mérites indiscutables et un témoin devenu historien : il ne saurait donc être suspecté de sympathie envers le régime de Vichy, ni a fortiori de complaisance pour la collaboration. Pages 188 – 189 : La remise de juifs ressortissants allemands de la zone sud. Le pourquoi de la décision : « Cette décision s’explique par les termes formels de la convention d’armistice. De même que l’article 3 rendait, en zone occupée, la police et l’administration dépendantes des Allemands (on employait pour la première fois le mot collaboration), l’article 19 faisait obligation à la France de livrer, à la requête de l’Allemagne, tous les ressortissants du Reich, aussi bien ceux se trouvant en métropole que ceux résidant dans un quelconque autre lieu de souveraineté française. ». Voir aussi les articles Le Camp des Milles et Fort Foch de Niederhausbergen
  13. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la libération, Point Histoire, éd. du Seuil, 1979, p. 209.
  14. Yves Cazaux, René Bousquet face à l’acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, 1995, page 64, Déclaration d’Yves Cazaux : « Je ne suis coupable d’aucune faiblesse, d’aucune indulgence pour Vichy mais lorsque Laval a pris la décision de faire suivre aux enfants le même sort qu’à leurs parents, on ne peut l’accuser d’avoir voulu condamner des enfants à la chambre à gaz ; Pierre Laval ne voulait pas séparer les enfants des parents dans un but humanitaire. »
  15. Michael R. Marrus & Robert Paxton, Vichy, France and the Jews, Stanford University Press, 1981, p. 243. sur Google Books. La lettre d’Oberg du 23 juillet 1942 répond en réalité à une lettre de René Bousquet du 18 juin qui évoque des opérations passées et ne concerne pas les opérations de rafles de Juifs en zone occupée qui sont postérieures et qui ont fortement mécontenté les Allemands quant aux résultats qu’ils jugeaient insuffisants. Ces documents annexés au livre René Bousquet cet inconnu, sont également accessibles sur Internet : Pièce 43 : Lettre du 18 juin 1942 avec une nouvelle note en annexe après la première rencontre qui a eu lieu très vraisemblablement le 16 juin et Pièce 44 : Réponse écrite du général Oberg à la lettre du 18 juin adressée à René Bousquet le 23 juillet 1942 annexées au livre René Bousquet cet inconnu).
  16. Michael R. Marrus & Robert Paxton, Vichy, France and the Jews, Stanford University Press, 1981, p. 257. sur Google Books.
  17. Robert Paxton La France de Vichy, Points Histoire éd. du Seuil, 1973, p. 278.
  18. Guy Bousquet, dans son livre Rene Bousquet cet inconnu y aborde toutes les questions relatives à la déportation des juifs de France pendant la période d'avril 1942 à décembre 1943 (p. 285 à 496).
  19. Carnets du Pasteur Boegner, publiés par Philippe Boegner, Fayard, 1992, p. 205, entrée du 11 septembre 1942
  20. Serge Nessi, La Croix rouge suisse au secours des enfants, 1942 -1945, Éditions Slatkine Genève, 2011, p. 183 et 184.
  21. Revue Arkheia, L’assassinat de Maurice Sarraut. Lectures d’un crime politique, Montauban, no 11-12-13, 2005.
  22. Yves Cazaux, René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, , 352 p. (ISBN 2-86477-126-8), p. 125 et 126.
  23. Comme l'a noté Franz-Olivier Giesbert (François Mitterrand, une vie, éd. du Seuil, « Points », p. 160-61), Jean-Paul Martin avait rendu d'importants services à la Résistance, et avait notamment sauvé François Mitterrand d'une arrestation par la Gestapo fin 1943.
  24. Éric Conan dans l'Express
  25. Dans un entretien accordé à Pierre Favier et Michel Martin-Roland, François Mitterrand prétend que René Bousquet avait participé au financement de tous les principaux hommes politiques de gauche, des années 1950 au début des années 1970, Pierre Mendès France compris.
  26. Pascale Froment, René Bousquet, Paris, Fayard, 2001, p. 570-572.
  27. Pascale Froment, René Bousquet, p. 556.
  28. La Décennie Mitterrand, éd. du Seuil, « Points », p. 639-40)
  29. Antoine Veil a déclaré tout ignorer du passé de René Bousquet entre 1942 et 1944
  30. Selon le journaliste britannique Daniel Singer, correspondant à Paris du journal The Nation, dans un article paru le 12 mai 1979, René Bousquet est l'organisateur de quelques dîners tenus au domicile du couple Veil dans le cadre de leurs relations professionnelles.
  31. Journaliste et écrivain, auteur de la première biographie consacrée à René Bousquet.
  32. Dans sa biographie, Pascale Froment tente d'épargner le président de la République en soulignant qu'aucune pression politique réelle et efficace n'a été prouvée. Elle reconnaît cependant que François Mitterrand a bien fait savoir à ses ministres qu'il était personnellement défavorable au procès, ce qui n'est pas un ordre au sens littéral du terme.
  33. Éric Conan, « René Bouquet : mort d'un collabo », in lexpress.fr, 10 juin 1993.
  34. Henri Raczymow, L'homme qui tua René Bousquet, éditions Stock, , 342 p. (ISBN 2-234-05358-7, présentation en ligne)
    « De peur qu'il ne soit jugé définitivement comme « lamentable aux yeux du monde et sans postérité », Henri Raczymow a décidé de revenir sur le cas de Christian Didier. Non pour l'excuser, mais pour comprendre les motivations profondes de celui qui aurait voulu être un héros. Pour Raczymow, les motivations profondes du crime de Didier sont avant tout littéraires. La vérité est que la littérature peut pousser au meurtre. »
  35. (fr) « Christian Didier comparaît aux assises de Paris pour l’assassinat de René Bousquet », L'Humanité, 6 novembre 1995
  36. (fr) Site officiel de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes, association fondée après la Seconde Guerre mondiale en octobre 1945.
  37. Voir sur liberation.fr.
  38. [vidéo] L'Énigme René Bousquet, film réalisé par Patrick Cabouat après une enquête de Gérard Carreyrou et André Annosse. Produit par System TV avec la participation de France 3
  39. (fr) Céline Delfontaines, « Itinéraire d'un criminel de bureau » dans TéléObs, p. 20.
  40. Passage sur le rôle de Bousquet.
  41. Yves Cazaux, ancien préfet (notamment de la Niévre}, fut président de la Société des gens de lettres de France et président de la Société de l'Histoire de France.

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