Hôtel de Matignon

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Hôtel de Matignon
L'hôtel de Matignon.
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Style
baroque
Architecte
Construction
Commanditaire
Propriétaire
Patrimonialité
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L'hôtel de Matignon, ou simplement hôtel Matignon, situé 57 rue de Varenne, dans le 7e arrondissement de Paris est depuis 1935, la résidence officielle et le lieu de travail du chef du gouvernement français (président du Conseil des ministres, puis Premier ministre). Il s'agit d'un hôtel particulier du XVIIIe siècle ayant appartenu à différentes familles aristocratiques, dont les Montmorency, et célébrités avant d'être confisqué puis racheté par l'État français en 1922.

Le bâtiment comporte à l'arrière un parc de trois hectares.

Dans le langage courant et souvent désigné ainsi par les médias, « Matignon » désigne, par métonymie, le Premier ministre, ou ses services.

L'actuel hôte de Matignon est Manuel Valls, Premier ministre de la République française depuis le .

Ce site est desservi par les stations de métro Rue du Bac et Varenne.

Histoire de l'hôtel de Matignon

L'Hôtel de Matignon vers 1737 selon le plan de Turgot.

L'hôtel particulier a été bâti sur l'ordre de Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, qui le commanda à l'architecte Jean Courtonne, en 1722 sur un terrain qu'il avait acheté en 1719.

Les travaux s'étant révélés plus coûteux que prévu, le prince de Tingry dut vendre l'hôtel en voie d'achèvement à Jacques III de Goyon (sire de Matignon et de la Roche-Goyon (l'actuel Fort La Latte), comte de Torigny), dès le 23 juillet 1723.

Lors de l'acquisition le nouveau propriétaire retira le marché de travaux à Courtonne, soupçonné d'indélicatesse, mais lui conserva la fonction d'architecte jusque dans les premiers mois de 1724.

Lorsque Courtonne fut en définitive supplanté comme architecte par Antoine Mazin, le gros-œuvre et la décoration extérieure étaient achevés et la décoration intérieure était en cours; Mazin se borna à réaliser le portail, dont Courtonne se plaignit d'ailleurs au motif que son couronnement était trop semblable à celui de l'hôtel.

Du XVIIIe siècle à la moitié du XIXe siècle

Jacques III de Goyon-Matignon mort le , son fils Jacques IV de Goyon-Matignon (1689-1751) hérite de l'hôtel.

Par l'intermédiaire de sa femme Louise-Hippolyte Grimaldi, il devient prince de Monaco sous le nom de Jacques Ier Grimaldi, et l'édifice passe donc ensuite à ses descendants, les princes de Monaco (l'actuel prince de Monaco, Albert II, porte pour cette raison, parmi ses nombreux titres, celui de sire de Matignon).

Maria Caterina Brignole Sale, princesse de Monaco, y réside de 1757 à 1770, tandis que son époux Honoré III de Monaco préfère ses domaines normands; la princesse est ainsi la première Brignole-Sale à marquer l'histoire de l'hôtel.

Le Claude-Constant Juvénal d'Harville des Ursins épouse Antoinette de Goyon-Matignon dans la chapelle de l'hôtel.

L'hôtel appartint en 1804 au banquier Quintin Craufurd (en) (également orthographié Quentin Crawford) et à son amante la danseuse Anne Éléonore Franchi, elle-même maîtresse du Comte de Fersen[1].

En 1808 ceux-ci l'échangèrent à Talleyrand, qui dut le revendre en 1811 à Napoléon Ier.

En 1816, au début de la Restauration, Louis XVIII l'échangea contre le palais de l'Élysée à Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon.

À sa mort en 1822, elle le laissa à sa nièce Adélaïde d'Orléans (1777-1847), sœur du futur Louis-Philippe, qui le fit occuper par une communauté de religieuses avant de le louer de 1838 à 1848 à Herman Thorn, un riche colonel américain qui affectera, au fond du Parc de l'Hôtel, le "Petit Trianon" pour les offices religieux épiscopaliens, puis au général Cavaignac de juillet à décembre 1848.

L'hôtel Galliera

Le prince Jacques Ier de Monaco, l'un des premiers propriétaires de l'hôtel Matignon.

En 1852, l'hôtel, acquis par Raffaele de Ferrari, duc de Galliera prit alors le nom d'hôtel Galliera ; après la mort du duc, prince de Lucedio, en 1876, sa veuve Maria de Brignole-Sale, duchesse de Galliera et arrière-petite-nièce de la princesse de Monaco, issue d'une des premières familles de Gênes qui a donné de nombreux doges y réside seule jusqu'en 1886, entourée de quelque deux cents domestiques.

Elle accueille gracieusement le comte de Paris, prétendant au trône de France, et sa famille au rez-de-chaussée de l'hôtel, tandis que son fils réside dans une aile et qu'elle-même se réserve l'usage du premier étage et du parc.

Durant ces dix années de veuvage, la richissime duchesse fera preuve d'une générosité qui lui fera mériter le titre de grande philanthrope, finançant écoles, hôpitaux, musées, maisons de retraites et œuvres pieuses et de charité tant en France que dans sa ville natale.

En 1886, le comte de Paris y demeurant avec sa famille, y organisa le une somptueuse fête en l'honneur des fiançailles de sa fille aînée, la princesse Amélie d'Orléans, avec le prince héritier dom Charles de Portugal, réception strictement privée où ni le Corps diplomatique, ni les représentants du Pouvoir républicain n'ont été invités.

Cependant, l'événement donne lieu à un énorme "battage" médiatique de la presse royaliste qui scandalise les républicains. Peu de temps après, des députés présentent un nouveau projet de "loi d'exil" devant la Chambre et celui-ci reçoit, cette fois, le soutien du gouvernement. Le , après bien des débats, paraît une nouvelle loi d'exil qui touche les prétendants au trône et leur fils aîné en les obligeant à quitter le territoire national ainsi que tous les autres princes français en les rayant des listes de l'armée.

Averti des résultats du vote alors qu'il se trouve au château d'Eu, le comte de Paris prend la décision de quitter immédiatement la France.

Après le vote de la loi d'exil, la duchesse de Galliera offrit son hôtel gracieusement à l'empereur d'Autriche-Hongrie, François-Joseph, pour en faire son ambassade après son décès; celle-ci, humiliée par l'ingratitude du gouvernement, décide de quitter la France et de léguer ses collections artistiques non pas à la Ville de Paris comme elle l'avait envisagé, mais à celle de Gênes[2].

Résidence du chef du gouvernement

La cour de l'hôtel de Matignon.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'hôtel est mis sous séquestre comme bien ennemi et en 1922, la France finit par l'acheter [3] ; l'hôtel est le siège des tribunaux arbitraux mixtes institués par le traité de Versailles[4].

Par ailleurs l'hôtel et ses dépendances, parc (le plus vaste de Paris) et pavillon de musique situé au fond de celui-ci, sont classés au titre des monuments historiques par un arrêté du [5].

Après avoir songé à en faire un musée, puis des maisons d'habitation, Gaston Doumergue, ancien président de la République appelé à la Présidence du Conseil, décide d'en faire la résidence du président du Conseil des ministres, décision qui ne sera rendue effective que par une loi adoptée sous son successeur Pierre-Étienne Flandin en décembre 1934.

Le 25 août 1944, lors de la Libération de Paris, seul avec sa future femme Claire, Yvon Morandat prend possession de l'hôtel Matignon au nom du Gouvernement provisoire.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle s'installe à Matignon où il préside, le , le premier Conseil des ministres parisien du Gouvernement provisoire de la République française[6].

Avec la Ve République, l'hôtel demeure la résidence officielle du chef du gouvernement, même si le titre de président du Conseil des ministres est remplacé par celui de Premier ministre.

Après la mairie de Paris en 2006 et le palais de l'Élysée en 2013, dans un contexte de réduction des budgets et de sobriété, les services du Premier ministre mettent en vente 10 % de ses caves, soit 1400 bouteilles possédant un macaron à l'effigie de l'hôtel de Matignon. La vente a lieu le 6 décembre 2013 et est organisée par la maison Cornette de Saint Cyr. Matignon entend désormais ne servir que des deuxièmes crus lors des dîners officiels[7].

Parc

Le parc de l'hôtel Matignon.

L'hôtel comporte à l'arrière un parc de trois hectares, dessiné en 1902 par Achille Duchêne, qui est le plus grand espace vert privé de Paris avant ceux du Palais de l'Élysée et celui - public - du Musée Rodin (ex-hôtel de Biron); il allie perspective « à La française » et plantation « à l'anglaise ».

En janvier 2013, il fut ouvert au public le premier samedi de chaque mois, l'accès se faisant depuis une entrée annexe située 36 rue de Babylone, mais cette ouverture a été annulée par la suite à cause du plan Vigipirate à l'instar de l'ouverture au public du palais de l’Élysée[8].

On y trouve une centaine d'espèces différentes. Depuis Raymond Barre, qui a planté un érable à sucre, chaque chef du gouvernement, à l'exception de Jacques Chirac, y a planté un arbre à son arrivée :

Notes et références

  1. Jacques de Lacretelle, Talleyrand, Hachette, , p. 213
  2. cf. La famille Brignole-Sale
  3. Irmgard Roux, Les relations commerciales de l'Autriche avec les PECO, un siècle de partenariat privilégié ou l'effet Habsbourg, Tectum Verlag DE, 2001, [lire en ligne], p. 16
  4. Recueil des décisions des tribunaux arbitraux mixtes, Librairie de la société du recueil Sirey, Paris, 1922, p. 4.
  5. Notice no PA00088722, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  6. « Une plaque pour De Gaulle à Matignon », leJDD.fr, 16 juin 2009.
  7. Romy Ducoulombier, « L'hôtel de Matignon liquide ses grands crus », in Le Figaro, encart « Culture », jeudi 28 novembre 2013, page 29.
  8. « Ouverture au public du jardin de l’Elysée : annulation pour cause de plan vigipirate » (consulté le )
  9. « François Fillon aura son cornouiller des pagodes à Matignon », AP, sur NouvelObs.com, 5 décembre 2007.
  10. « François Fillon a planté son arbre à Matignon », sur politique.net, 14 décembre 2007.
  11. « Coups de pelle à Matignon Jean-Marc Ayrault plante un magnolia »
  12. Alexandre Boudet, « Manuel Valls plante un arbre à Matignon: quand les premiers ministres jouent au jardinier », huffingtonpost.fr, 16 décembre 2014.

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe