Jean-Baptiste Thoret

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Jean-Baptiste Thoret, né en , est un historien du cinéma, critique et réalisateur français.

Spécialiste du cinéma américain et en particulier du Nouvel Hollywood et du cinéma italien des années 1970[1], il est l'auteur d'une quinzaine de livres sur le cinéma, parmi lesquels Le Cinéma américain des années 1970 et Michael Mann, mirages du contemporain[2].

En 2016, il met fin à son activité de critique pour la presse et s'oriente vers la réalisation. Il réalise plusieurs films documentaires sur le cinéma, parmi lesquels son premier long-métrage We Blew It en 2017, Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain en 2019 et Michael Cimino, un mirage américain en 2022.

Biographie[modifier | modifier le code]

Première partie de carrière[modifier | modifier le code]

De 1995 à 2015, Jean Baptiste Thoret écrit onze livres sur le cinéma (particulièrement américain) et de nombreuses critiques. Il collabore régulièrement à Radio France et dans diverses revues de cinéma.

Débuts[modifier | modifier le code]

Il suit des études de cinéma à l'ESRA puis à Paris III où il rencontre Luc Lagier[3] et développe un attrait pour le cinéma de genre comme en témoigne sa maîtrise écrite en 1995 intitulée "Videodrome" ou l'image virale selon David Cronenberg.[4] Il est titulaire d'un doctorat d'esthétique du cinéma et consacre sa thèse au concept d'énergie dans le cinéma américain des années 1970.

En 1998, il co-écrit avec Luc Lagier son premier livre Mythes et Masques : Les fantômes de John Carpenter publié aux éditions Dreamland[5], premier livre français consacré au réalisateur américain[6].

Inspiré par le travail de Serge Daney, Jean-Baptiste Thoret écrit des articles pour les Cahiers du Cinéma et Libération puis devient en 1999, corédacteur en chef de Simulacres de 1999 à 2003[3] et Panic en 2005[7] et 2006. Il a contribué au Cahier de l'Herne consacré à Jean Baudrillard en 2005[8] et enseigne le cinéma à l'Université de Poitiers puis de Paris VII de 2002 à 2006.

Parallèlement il publie plusieurs livres consacrés à des figures cruciales du cinéma de genre telles que Dario Argento et Tobe Hooper, et pose les bases de sa réflexion en identifiant l'assassinat de JFK comme basculement et source de la métamorphose du cinéma américain à la fin des années soixante dans son livre 26 secondes : L'Amérique éclaboussée[9],[10] qui reçoit le prix du meilleur essai par le Syndicat de la Critique en 2003.

Le Cinéma américain des années 70[modifier | modifier le code]

C'est en 2006 qu'il publie l'un de ses ouvrages majeurs : Le Cinéma américain des années 70 édité par les Cahiers du Cinéma[11] dans lequel il théorise le cinéma de cette époque. Il continue d'écrire tout en diversifiant ses activités.

Il contribue à de nombreux ouvrages parmi lesquels Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood (Cinémathèque française), Riffs pour Melville (Yellow Now, ), Kōji Wakamatsu, cinéaste de la révolte (IMHO, 2010) et Paris vu par Hollywood (Flammarion, 2012, dir. A. De Baecque).

De 2009 à 2011 il collabore occasionnellement aux Cahiers du cinéma[12] et à GQ[13], et anime également un blog sur le site du Nouvel Observateur (« Parallax View ») consacré à l'actualité des images.

Il participe régulièrement à de nombreux suppléments DVD (Wanda's Café, Electra Glide in Blue, À bout portant, Macadam à deux voies, Osterman Week-end, La Nuit nous appartient, Suspiria, Martin, Le Samouraï, The Offence, Greetings, Le Guépard, Apocalypse Now, Le Privé, Eureka, Ne vous retournez pas, Conversation secrète, De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, Massacre à la tronçonneuse, L’Enquète est close…).

Il a également écrit pour le Dictionnaire de la pensée du cinéma, dirigé par Antoine de Baecque et Philippe Chevallier (PUF, 2011) et a collaboré au Dictionnaire des assassins (Calmann-Levy, 2012) ainsi qu'aux catalogues des expositions Jacques Demy (Flammarion, Cinémathèque française, 2013) et Louis de Funès (Cinémathèque Française, 2019).

Activité radiophonique et télévisuelle[modifier | modifier le code]

Parallèlement à son travail d'écriture, Il collabore régulièrement aux émissions de radio Mauvais Genres de François Angelier et La Dispute sur France Culture, et de 2012 à 2014 il co-produit avec Stéphane Bou l'émission quotidienne puis hebdomadaire Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert sur France Inter[14]. Durant la même période il tient une chronique sur France Musique dans La Matinale.

En 2010, il collabore à l'émission Histoires de cinéma (Canal + - prod. Beall) et réalise les fragments consacrés à William Friedkin, Richard C. Sarafian et Robert Duvall. Il fut également chroniqueur sur Arte, pour l'émission quotidienne 28', présentée par Élisabeth Quin.

En , il met fin à sa collaboration dans l'émission Mauvais Genres (France Culture), à laquelle il collaborait depuis 1998.

De 2012 à 2016, il a animé un cinéclub mensuel au Centre des Arts d'Enghien-les-Bains. Chaque année ayant un thème diffèrent : Le Nouvel Hollywood, L'âge d'or du cinéma italien, Pleins feux sur le cinéma américain, Autour de John Ford. Soit une quarantaine de conférences disponibles sur Youtube.

Il a mené une série d'entretiens avec neuf cinéastes (Michel Hazanavicius, Joe Dante, Peter Bogdanovich, John Landis, Barbet Schroeder, Tobe Hooper, Yves Boisset, Christophe Gans et Gaspar Noé) pour la websérie Jamais sur vos écrans. Chaque épisode est diffusé sur Arte, Le Monde.fr et Radio Nova à partir de .

Renouveau de carrière[modifier | modifier le code]

À partir de 2015 Jean-Baptiste Thoret abandonne la critique au profit de la réalisation avec cinq films documentaires tout en continuant son travail d'écriture.

Arrêt de la critique[modifier | modifier le code]

En retard à la conférence de rédaction hebdomadaire du 7 janvier 2015, il n'est pas témoin de l'attentat contre Charlie Hebdo. Le il reçoit avec Gérard Biard, au nom de Charlie Hebdo, le James C. Goodale Freedom of Expression Courage Award lors du gala du Pen American Center à New York[15].

De plus en plus gagné par l'idée que la cinéphilie française vit ses derniers feux[16] et ne désirant plus s'enfermer dans une discipline toujours plus tournée vers l'actualité au détriment du patrimoine, il décide de mettre fin à son activité de critique en 2016[3] et entreprend un tournant dans sa carrière en s'orientant vers la réalisation.

En 2016, il écrit et réalise le documentaire En ligne de mire, comment filmer la guerre ? dont il a également signé la musique originale. Une douzaine de cinéastes, parmi lesquels Bruno Dumont, Bertrand Tavernier, Michel Hazanavicius, Jean-Jacques Annaud, Florent-Emilio Siri et Jean-Luc Godard, s'expriment sur la mise en scène de la guerre et confrontent leurs approches. Le film est diffusé sur Canal+ Cinéma en .

Longs-métrages documentaires[modifier | modifier le code]

Jean-Baptiste Thoret réalise son premier long-métrage, We Blew It, en 2016[17]. Ce documentaire polyphonique réalisé en pleine campagne présidentielle se fonde sur les témoignages de citoyens américains ou de personnalités du cinéma sur les années 70, l'âge d'or qu'elles ont constitué pour l'Amérique, mais aussi sur la motivation du vote Donald Trump. Sélectionné au Festival du Film Américain de Deauville, le film sort dans les salles françaises le .

En 2017, il réalise 86 Printemps, Jean-Luc Godard, un documentaire sur Jean-Luc Godard.

En parallèle de son activité de cinéaste, il consacre une partie de son activité à la composition musicale, et composera la musique de certains de ses propres films, et du documentaire Dernier train pour Séoul de Jean-Marie Nizan et Stéphane Berghounioux.

En 2019, il réalise Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain[18] dans lequel il réalise un portrait du réalisateur italien Dario Argento à l'aide de deux entretiens réalisés à 19 ans d'écart, le premier à Turin en 2000 et le second à Rome en 2019. Le film est présenté au festival de La Rochelle et au festival de Bologne (Il Cinema Ritrovato) et sort dans les salles françaises le .

En 2021, il écrit et réalise Michael Cimino, un mirage américain dont il compose également la musique. Ce documentaire évoque le cinéma de Michael Cimino, notamment à travers un portrait intime de la ville de Mingo Junction et de ses habitants, qui ont accueilli le tournage du film Voyage au bout de l'enfer[19]. Présenté aux festivals de La Rochelle, de Bologne (Cinema Ritrovato) et de Deauville, le documentaire sort en salle le . Le film obtient le Grand Prix du documentaire cinéma du Festival International du Film d'Histoire de Pessac.

Michael Mann, mirages du contemporain[modifier | modifier le code]

En , Thoret publie chez Flammarion Michael Mann, mirages du contemporain. Fruit de 25 années de réflexion sur l’œuvre entière du cinéaste américain[20].

Peu après, les éditions Magnani publient Qu'elle était verte ma vallée - Écrits sur le cinéma, recueil de textes variés choisis par l'auteur.

Collection chez StudioCanal[modifier | modifier le code]

Jean-Baptiste Thoret lors d'une séance de dédicace à la librairie de la Cinémathèque française, en .

En , il crée et dirige la collection de Blue Ray et DVD Make My Day chez Studio Canal. Cette collection a pour objectif d'éditer des films rares, peu ou pas édités en France, dans des éditions enrichies de bonus et d'une présentation de Thoret[21]. En la collection reçoit le prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma[22] et compte plus d'une cinquantaine de titres début 2022. Parmi eux : Sans mobile apparent de Philippe Labro, Mandingo de Richard Fleischer, Le Mur du son de David Lean, Il maestro di Vigevano d'Elio Petri ou Le Moment de la vérité de Francesco Rosi. L’Enquète est close de Jacques Tourneur (09/2023)

La collection édite également des hors-série plus célèbres[23] comme Le Trou, Monsieur Klein ou Le Grand Silence.

Publications[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

Préfaces[modifier | modifier le code]

Articles (sélection)[modifier | modifier le code]

  • « Cinéma, l'académisme d'auteur », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) « Gravity of the Flux : Michael Mann's Miami Vice », Senses of cinema, no 42,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) « The Seventies Reloaded: (What does the cinema think about when it dreams of Baudrillard?) », Senses of cinema, no 59,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • « Sur la route : trois jours avec Michael Cimino », Cahiers du cinéma, no 671,‎
  • « «Spring Breakers», poétique de l’idiotie », Libération,‎ (lire en ligne)
  • "Michael Cimino : un esthète anachronique au sein du Nouvel Hollywood", Libération, [lire en ligne]
  • "George Romero : mort d'un monstre vivant", Libération,
  • "Tobe Hooper, l'ultime frisson", Libération,
  • "The Last Movie : hippie end pour Dennis Hopper", Libération, .

Filmographie[modifier | modifier le code]

Conférences filmées (sélection)[modifier | modifier le code]

Conférences pour le Cycle italien au Centre des arts d'Enghien-les-Bains
Conférences pour le Ciné Seventies au Centre des arts d'Enghien-les-Bains

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Jean-Baptiste Thoret : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le ).
  2. « Notice IdRef », sur IdRef.fr (consulté le ).
  3. a b et c Arnaud Sagnard, « Jean-Baptiste Thoret, le dernier des cinéphiles », sur L'Obs, (consulté le ).
  4. Jean-Baptiste Thoret, "Videodrome" ou l'image virale selon David Cronenberg, (lire en ligne)
  5. Luc Lagier et Jean-Baptiste Thoret, Mythes et masques : les fantômes de John Carpenter, Dreamland éd, , 350 p. (ISBN 978-2-910027-27-8, lire en ligne)
  6. Alex Masson, « Mythes et masques : les fantômes de John Carpenter - Les Inrocks », sur lesinrocks.com (consulté le ).
  7. Sébastien Rongier, Panic, revue de cinéma, remue.net,
  8. « http://www.revues-litteraires.com - Cahiers de l'Herne (1961- [en cours] ) », sur revues-litteraires.com (consulté le ).
  9. (es) Catalogue Bpi : Document 26 secondes : l'Amérique éclaboussée : l'assassinat de J. F. K. et le cinéma américain, , 205 p. (ISBN 978-2-915083-03-3, lire en ligne)
  10. « L'Obs - Actualités du jour en direct », sur L'Obs, (consulté le ).
  11. Philippe Azoury, « Années 70 frénétiques », sur Libération (consulté le ).
  12. « thoret | Résultats de recherche | Cahiers du Cinéma » (consulté le ).
  13. Condé Nast, « Jean-Baptiste Thoret », sur GQ France (consulté le ).
  14. « Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert par Jean-Baptiste Thoret, Stéphane Bou - France Inter », sur franceinter.fr (consulté le ).
  15. (en) « 2015 PEN/Toni and James C. Goodale Freedom of Expression Courage Award », sur PEN America, (consulté le ).
  16. « Le Cinéma est mort: Entretien avec Jean-Baptiste Thoret: le Cinéma, comment ça va? » (consulté le ).
  17. Mathieu Macheret, « « We Blew It » : le lent déclin de l’Amérique, d’« Easy Rider » à Donald Trump », sur Le Monde, (consulté le ).
  18. Thomas Grignon, « Portrait spéculaire », sur Critikat, (consulté le ).
  19. AlloCine, « Michael Cimino - un mirage américain, poignant et mélancolique documentaire sur le maître disparu », sur AlloCiné (consulté le ).
  20. « Mirages du contemporain : Michael Mann dans le regard de Jean-Baptiste Thoret », sur France Culture (consulté le ).
  21. « Jean-Baptiste Thoret : “Netflix travaille contre le cinéma et la cinéphilie” », sur Télérama, (consulté le ).
  22. « Prix du Syndicat français de la critique 2019 », sur Syndicat de la Critique de Cinéma (consulté le ).
  23. « Le Trou - Test BLU-RAY - Edition Collection Make My Day - Studiocanal - DVDClassik », sur dvdclassik.com (consulté le ).
  24. Marie Colmant, « Le chasseur des démons de l'Amérique », sur Le Monde, (consulté le ).
  25. Estelle Baillon, « Jean-Baptiste Thoret, mode d’emploi », sur Nonfiction, (consulté le ).
  26. Philippe Tomblaine, « « La Petite Bédéthèque des savoirs T7 : Le Nouvel Hollywood », par Brüno et Jean-Baptiste Thoret », sur BD Zoom, (consulté le ).
  27. Jean-Laurent Truc, « Petite Bédéthèque des savoirs, le cinéma, le tatouage, le hasard et le droit d’auteur complètent la collection », sur Ligne claire, (consulté le ).
  28. Romain Brethes, « Les flamboyants prophètes du Nouvel Hollywood à la loupe », sur Le Point, (consulté le ).
  29. « « The Neon People »: Jean-Baptiste Thoret tourne un nouveau documentaire sur les États-Unis », sur chaosreign.fr

Liens externes[modifier | modifier le code]

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