Surmoi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 janvier 2021 à 18:17 et modifiée en dernier par CodexBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le surmoi (en allemand Über-Ich) est un concept psychanalytique élaboré par Freud. Il est, avec le Ça et le moi, l'une des trois instances de la seconde topique freudienne. En tant qu'héritier du complexe d'Œdipe, il représente plutôt une instance morale.

Le surmoi dans la seconde topique de Freud

Le mot topique signifie lieu (du grec τοποι)[1] et désigne des lieux psychiques distincts. La notion de surmoi apparaît dans la seconde topique freudienne.

Il faut rappeler que pendant une dizaine d'années, « surmoi » et « idéal du moi » ne sont pas deux entités distinctes pour Freud[2]. En effet, Freud mentionne pour la première fois le surmoi (Über-Ich) dans son article « Le Moi et le ça »[3], de 1923, et il n'établit sa claire distinction par rapport à l'idéal du moi que dans ses Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse[4], de 1932.

Après Freud : le surmoi kleinien

Plus tard, Melanie Klein ajoute à cette approche œdipienne et post-œdipienne de Freud, une dimension précoce du surmoi, à laquelle Jacques Lacan rend hommage : « En nous montrant la primordialité de la "position dépressive", l'extrême archaïsme de la subjectivation d'un kakon Mélanie Klein repousse les limites où nous pouvons voir jouer la fonction subjective de l'identification, et particulièrement nous permet de situer comme tout à fait originelle la première formation du surmoi[5] ». En effet, Melanie Klein désigne différentes couches dans la formation du surmoi, dont certaines liées à la toute première enfance, quand l'enfant craint les parents qui mordent et dévorent tout autant qu'il a lui-même envie de mordre et dévorer, ou craint d'être sali tout autant qu'il a envie de salir, et ainsi de suite[6]. Nous pourrions dire que les injonctions surmoïques seraient ici : « avale », « crache », « lâche », « retient »[Qui ?].

Le Surmoi incestueux

Freud a dessiné les contours du surmoi à partir de ce que l’enfant entend, puis lit et voit[réf. souhaitée]. Sándor Ferenczi souligne l'importance marquante des vécus traumatiques. Il précise que les grossièretés ou les injures façonnent le surmoi autant qu’elles en expriment la férocité. Dans leur continuité, Saverio Tomasella précise les caractéristiques d'un « surmoi incestueux »[pas clair].

Induit par l'inceste, et plus particulièrement l'inceste avec le père ou un tenant lieu du père, le « surmoi incestueux » est un monstre intérieur de contraintes déshumanisantes. Il est caractérisé par :
  • une soumission aveugle aux figures masculines dominantes ;
  • une négation radicale du féminin (misogynie et machisme) ;
  • une béance à la place de la fonction paternelle intériorisée ;
  • une utilisation du corps comme ustensile sexuel, agent de la jouissance ;
  • un dénigrement systématique de la sensibilité

.

Ce type de surmoi provoque une confusion d'identité en miroir avec le profanateur[7].

Références

  1. Chemama R., Vandermersch B., Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Larousse, 2009, p. 573
  2. Alain Delrieu, Sigmund Freud : Index Thématique, Paris, Anthropos, , 1436 p. (ISBN 2-7178-3054-5, BNF 36695349), p. 1324
  3. Sigmund Freud (trad. de l'allemand par Janine Altounian, préf. Jean Laplanche), Résultats, idées, problèmes, II, 1921-1938, Paris, PUF, , 298 p. (ISBN 2-13-039973-8), pp. 51-77
  4. Sigmund Freud (trad. de l'allemand par Rose-Marie Zeitlin, préf. Sigmund Freud), Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, , 263 p. (ISBN 2-07-070054-2)
  5. .Jacques Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, , 924 p. (BNF 35873064), p. 115
  6. Melanie Klein (trad. de l'anglais par Marguerite Derrida, préf. Nicolas Abraham et Maria Torok), Les stades précoces du conflit œdipien, Essais de psychanalyse, Paris, Payot, , 454 p. (ISBN 2-228-88144-9, BNF 37404088), p. 203
  7. S. Tomasella, Le surmoi, Eyrolles, 2009, pp. 47-52. Voir Identification à l'agresseur.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Textes de référence

Études sur le surmoi

(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)

Articles connexes