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 : Attention, cet article relatif à l'histoire de la tour Eiffel ne traite que de la période postérieur au 31 mars 1889 (période d'exploitation commerciale de l'édifice). Pour toutes informations relatives à la période antérieure au 31 mars 1889 (périodes de conception et de construction du monument), veuillez vous reporter à l'article détaillé : Histoire de la tour Eiffel (de la conception à la construction).

Pour embrasser d'un seul coup d'œil toute l'histoire du monument, vous pouvez également vous reporter à la chronologie détaillée.


Période d'exploitation de la tour Eiffel (après le 31 mars 1889)[modifier | modifier le code]

La tour pendant les Expositions universelles de 1889 et 1990[modifier | modifier le code]

La tour pendant l’Exposition universelle de 1889[modifier | modifier le code]

Gustave Eiffel (en bas, à gauche) posant au sommet de la tour en 1889.

Comme prévu dans l'article 1 de la convention signée le 8 janvier 1887, la tour est achevée à temps et inaugurée le 31 mars 1889. Au cours de la cérémonie, Gustave Eiffel hisse le drapeau français sur le mât qui prolonge l'étroite plate-forme du sommet et il est décoré de la Légion d'honneur.

Quelques jours plus tard, le 6 mai exactement, l'Exposition universelle de 1889 se tenant à Paris ouvre ses portes au public, pour clore le 31 octobre de cette même année, ce qui représente une période de 173 jours au total.

La tour Eiffel, quant à elle, ouvre ses portes au public le 15 mai 1889. La première semaine, les ascenseurs ne sont pas encore mis en service, toutefois, 28 922 entrées seront enregistrées. Le rythme de visiteurs descendra ensuite un peu. Sur un total d’environ 32 millions d’entrées, 1 953 122 visiteurs escaladeront la tour Eiffel, ce qui représente 6,1% des entrées de l’Exposition ou encore une moyenne d’11 300 entrées par jour pour la seule tour Eiffel.

Dans le contexte de l’Exposition, la tour Eiffel regorge d’attractions diverses et variées et comme le dit Émile Goudeau, c’est :

« Toute une ville d’eau transportée dans la mâture, parmi les vergues, hunes et huniers d’un voilier qui n’aurait pas de voiles ».
Paris et l'Exposition universelle de 1889 vue de ballon par Alphonse Liébert.

Ainsi, le premier étage accueille un restaurant français, un restaurant russe, une salle de spectacle de 250 places, un bar américain, des stands de photographes, des bureaux de tabacs, des marchants de souvenirs ou encore des loueurs de jumelles.

Au deuxième étage, on retrouve des magasins de souvenirs, une buvette, une imprimerie d’où est tirée tous les jours une édition spéciale du Figaro etc

Enfin, le troisième étage, est divisé en deux niveaux : le niveau inférieur où le public peut admirer la vue sur Paris, protégé derrière des vitres et le niveau supérieur, où Gustave Eiffel s’est aménagé un bureau, et où sont installés trois laboratoires (un pour la météorologie, un pour l’astronomie et un pour la physiologie)

Pour se représenter ce que pouvait être la visite de la tour à cette époque, on peut se replonger dans une fiction, une pièce de théâtre d’Henri Rousseau qui inventa la scène suivante :

MARIETTE, apercevant la Tour
Ah, sainte Vierge Marie, qu' c'est donc beau et qu' c'est donc beau et qué qu' c'est donc que c'te grande échelle là, qu'est ben pus haute que le clocher de l'église de cheux nous. Ah, par exemple c'est ben drôle, mais comment donc qu' l'on fait pour y monter, les barreaux ne sont point ronds, et pis y sont tous de travers. Tiens, mais j'voyons du monde tout de même qui y monte et qui sont tous dans le haut et qui ma fé sont gros comme des pucerons; par où donc qu' c'est qui sont rentrés. Ah, les inventeux d'une chose pareille ont eu une ben drôle d'idée pour c' que c'est biau:moi j'aurais voulu faire une chose ben plus belle que ça. Dites donc. M. Lebozeck, expliquez mé donc ça, qu' j' n'y comprenons pas ben; comment qu' c'est qu' l'on peut monter jusqu'en haut ousque l'on voit un grand drapeau et de fait si vous vouliez l'on pourrait ben y aller voir aussi, comm' ça j' saurions ben c' qu'il y a de si curieux dans c'te grande échelle là, j' sommes ben en train et voudrions nous instruire.
Mme LEBOZECK
Mon Benjamin, Mariette a raison c'te tour Eiffel est ben curieuse à visiter, nous pourrions ben faire comm' les autres y aller vouairre, et pis ça doit être ben drôle jusqu'en haut, on doit bien y avoir beaucoup d'air, mais dam ça n' sera pas un air de moustique. donc, si tu l'veux ben approchons-nous d'ce côté, nous allons ben voir comment qu'y faut faire pour grimper là-haut. Allons-y, tu veux ben n'est-ce pas, tu n'refuseras pas ça à ta p'tite femme?
LEBOZECK, apercevant le gardien
Dites donc, mon bon Monsieur, j'avons quequ'chose à vous d'mander. Pourriez-vous me dire comment qu' c'est qu'y faut s'y prendre pour monter jusqu'au haut de c'te grande échelle?
LE GARDIEN, un peu froissé
Comment cette grande échelle dites-vous? Sachez, Monsieur, que c'est la tour Eiffel, la plus haute du monde entier, car rappelez-vous qu'elle a trois cents mètres. D'où venez vous donc; vous n'en avez jamais entendu parler?
LEBOZECK
Vous appelez ça une tour; il m'a toujours semblé qu'une tour était ronde et non faite comme une échelle remplie de barreaux. Mais c'est pas ça qu' j'vous demandons:nous voudrions ben y monter à c'te tour pisque c'est un' tour et jusqu'en haut, tout en haut, par où qu'il faut y aller?
LE GARDIEN, en lui désignant le côté pour entrer
Tiens, vous n'avez qu'à vous diriger droit devant vous vers le bureau, vous verrez le prix que vous aurez à payer et vous y monterez soit par l'escalier soit par l'ascenseur-c'est le même prix.
Mme LEBOZECK
Eh ben, mon ami, allons-y, ça n'nous coûtera pas cent francs, n'aie point peur et surtout ne te contrarie pas pour garder tout le charme de cette promenade. Que veux-tu, c'est pas tous les jours qu'on vient à Paris et, dame, pisque nous venons pour vouairre toutes ces belles choses de l'Exposition, il faut point trop y regarder, mon cher Benjamin. Allons, décidons-nous, le temps passe vite, profitons des instants.
LEBOZECK
Eh ben, femme, c'est ben, nous allons aller monter à c'te fameuse tour Eiffel, nous voilà au bureau tout d'suite et j'voyons d'ici qu' c'est cinq francs pour monter jusqu'en haut, qu'en penses-tu? Nous y allons n'est-ce pas, c'est entendu et convenu.
Mme LEBOZECK
Entendu, accepté.
MARIETTE
Ah, que j'sis donc contente, j'vous remercions ben, mes bons patrons, j'vous en serons toujours gré.

Henri Rousseau, dit le Douanier Rousseau, Une visite à l'exposition de 1889, vaudeville en 3 actes et en 10 tableaux.

Outre la foule des anonymes, l’édifice reçoit de prestigieux visiteurs, parmi lesquels George Ier de Grèce, le prince de Galles, le prince Baudouin, le fils de l’empereur du Japon, le Shah de Perse ou encore le tsarévitch. Mais la visite la plus intéressante pour l’ingénieur Eiffel est certainement celle de l’américain Thomas Edison qui enregistre la voix d’Eiffel sur son phonographe et vante les mérites du :

« Courageux constructeur du si gigantesque et si original spécimen de construction moderne ».

Gustave Eiffel sera très réceptif de l’opinion de ses pairs sur le monument. C’est que la tour Eiffel est indirectement placée sous l’égide des plus grands savants. Comme demandé par Eiffel, le périmètre du premier étage énonce ainsi 72 noms de savants auxquels l’ingénieur rend un hommage éternel.

Liste des 72 savants dont le nom est inscrit sur le périmètre du premier étage de la tour Eiffel. Ils sont classés ici par ordre alphabétique et par "face", chacune des quatre faces (Trocadéro, Grenelle, École militaire et Paris) comportant 18 noms.

Le succès est donc immédiat, la tour est célébrée par les anonymes et les célèbres et ce succès va se répercuter de multiples manières. Le Figaro imprimera depuis le deuxième étage de la tour Eiffel, une édition spéciale à 15 centimes de francs, pendant toute la durée de l’Exposition, et le monument parisien figurera vite sur de multiples supports en souvenir : pieds de lampe, bougies, bouteilles, chromos, breloques etc.

Dans un premier temps, Gustave Eiffel envisage d’exploiter commercialement l’image de sa tour. La proposition de Jules Jaluzot, directeur du Printemps, de lui racheter les droits exclusifs de reproduction pour les vendre dans son magasin, va dans ce sens. Mais l’initiative provoque la réprobation de tous les artisans qui exploitent déjà l’image de la tour et veulent leur part d’un marché qui s’annonce financièrement intéressant. Gustave Eiffel fait machine arrière et décide à cette époque que l’image de la tour Eiffel fait partie du domaine public et ne saurait pouvoir être exploitée commercialement par qui que ce soit. Il en est toujours de même aujourd’hui, sauf pour les illuminations de nuit dont les auteurs sont protégés par les droits afférents.

La tour ne sera pas que copiée en miniature. Dès 1890, la Grande-Bretagne, comme blessée dans son orgueil décide de lancer un concours pour une tour de 360 mètres (1 200 pieds). 70 projets seront déposés, pour la plupart très ressemblants à celui de la tour parisienne, et le projet gagnant verra sa construction débuter en 1893, mais ne dépassera jamais 50 mètres de hauteur. Par la suite, de nombreuses répliques à échelle différente ou imitations verront le jour dans le monde.

La tour pendant l’Exposition universelle de 1900[modifier | modifier le code]

Après le triomphe populaire de la tour Eiffel pendant l'Exposition universelle de 1889, le nombre de visiteurs chute vertigineusement entre 1890 et 1899. En 1900, elle connaît un regain d'intérêt avec la nouvelle Exposition universelle organisée à Paris, mais l'effet de mode étant passé, elle n'enregistre environ que la moitié des entrées comptabilisées en 1889.

Après le succès populaire de la tour Eiffel pendant l’Exposition universelle de 1889, le nombre de visiteurs chute en flèche. Dès 1890, il tombe de manière vertigineuse à 393 414, soit une baisse de 80% ! Les années suivantes ne seront pas meilleures et en 1899, un an avant la nouvelle Exposition universelle prévue à Paris, 149 580 entrées seulement sont enregistrées, soit une des années où la fréquentation a été la plus basse (le minimum étant en 1902 avec 121 144 entrées).

C’est dire que Gustave Eiffel qui exploite commercialement l’édifice compte sur l’opportunité offerte par cette nouvelle exposition. Certes, les frais engagés pour la construction de la tour ont déjà été remboursés dès la fin de l’Exposition de 1889, mais à une époque où l’architecture revient à l’usage de la pierre et à l’ornement sculpté, une hausse de la fréquentation serait vue comme un signe que le monument n’est pas totalement passé de mode.

Pour la remettre au goût du jour, des adaptations seront donc nécessaires. Stephen Sauvestre, qui ne sera pas suivi, imaginera par exemple la construction de deux pylônes sur les côtés de la tour qui permettraient d’en atteindre le deuxième étage.

Les solutions retenues seront en fait plus économiques et réalistes : la plate-forme du deuxième étage est agrémentée d’une galerie extérieure, tous les locaux commerciaux sont regroupés en un seul et unique endroit, un des ascenseurs est remplacé par un modèle plus moderne et enfin, l’éclairage électrique remplace l’éclairage au gaz qui était en place depuis le début.

Malgré tous ces changements, la tour Eiffel n’attirera qu’1 024 887 visiteurs cette année-là, soit une chute de presque 50% par rapport à 1889. Et encore, les résultats sont encore plus négatifs quand on sait que l’Exposition universelle de 1900 s’est étalée sur une période plus longue que celle de 1889 et a attiré plus de visiteurs dans l’ensemble.

La curiosité qui avait poussée les parisiens, les provinciaux et les étrangers à venir voir ce monument hors norme semble donc passée de mode. Cette tendance se confirmera d’ailleurs pendant les décennies suivantes, puisque la fréquentation ne décollera qu’un fois la Seconde Guerre mondiale passée.

La tour du XXe siècle à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Première moitié du XXe siècle[modifier | modifier le code]

La tour promise à la destruction est sauvée pour son intérêt scientifique[modifier | modifier le code]

La concession d’origine prévoyait une exploitation de la tour par Gustave Eiffel jusqu’au 31 décembre 1909, après quoi, elle devait devenir propriété de la Ville de Paris et être détruite, comme la plupart des autres monuments érigés pour l’Exposition universelle du Champ-de-Mars.

Dès 1903, est donc envisagé la démolition de l’édifice. Mais Jean-Louis Pascal (1837-1920), architecte et membre de l'Institut de France (fauteuil n°III à l'Académie des Beaux-Arts de 1890 à 1920) s’interroge :

«L’intérêt d’une œuvre de construction après tout unique au monde, […] la curiosité toujours entretenue des visiteurs qui reviennent émerveillés du panorama des 300 mètres et, surtout, l’adaptation exceptionnelle de cet édifice à des recherches scientifiques passées, présentes et futures, […] sacrifiera-t-on tout cela à une appréciation esthétique sévère et détruira-t-on […] un édifice monstre, et qu’on pourrait souhaiter plus beau ? »
Vue en images de synthèse et en fausse 3D de la NASA représentant le canal de Panamá. Gustave Eiffel qui s'implique en 1887 sur ce chantier est éclaboussé par le scandale financier qui en découle. Jugé par la justice, qui l'innoncente. Suite à cela, en 1893, il décidera de se retirer définitivement des affaires.

Les expérimentations scientifiques se déroulant sur la tour Eiffel ne vont pas cesser de se développer au cours du XXe siècle et permettront de sauver le monument de sa destruction annoncée.

C’est qu’en 1893, Gustave Eiffel, contraint par les évènements, se retire des affaires. En effet, fort du succès de sa tour, l’ingénieur est appelé in extremis pour intervenir en renfort sur le canal de Panamá. En 1887, Il accepte donc la proposition de la Compagnie, placée sous la présidence de Ferdinand de Lesseps, d’achever le chantier au moyen d’écluses de son invention. Mais six années plus tard un énorme scandale financier éclate, le chantier n’avançant pas ou peu et la Compagnie gérant la construction du canal étant au bord de la banqueroute. En première instance, Gustave Eiffel est condamné à deux ans de prison et à 20 000 francs d’amende. Le jugement de la cour de cassation est tout autre et le blanchi complètement. Mais c’est trop tard, le mal est fait. Gustave Eiffel a certes été un homme d’affaires, par obligation, mais il reste avant toute chose un ingénieur. Ce scandale financier le décide donc à abandonner définitivement les affaires à soixante et un ans. L’homme reste pourtant passionné par la technique et il fera tout pour défendre et promouvoir sa tour jusqu’à sa mort. Il possède avant tout un esprit pragmatique et privilégiera l’expérimentation sur la théorie pure. Dès 1889, et encore plus lorsque sera évoquée la possible destruction de la tour Eiffel, il fera en sorte que l’édifice devienne en France, un terrain d’expérimentations scientifiques privilégié. Ainsi, les expériences vont se succéder au fur et à mesure des années, et pour certaines, il s’agira de premières sur le territoire national.

Les expériences scientifiques menées depuis la tour[modifier | modifier le code]
Dans le cadre d'expérimentations scientifiques menées depuis la tour, un pendule de Foucault sera installé au deuxième étage de la tour Eiffel (sur la photographie, pendule de Foucault installé à Paris, au musée des arts et métiers.

Dès le début de son exploitation, la tour Eiffel sert de terrain d’expérimentation pour les scientifiques de tous bords, notamment grâce à son altitude élevée qui la rend unique, grâce sa situation géographique qui la place proche des laboratoires parisiens et enfin, grâce à Gustave Eiffel, scientifique dans l’âme, qui y voit un prolongement de ses propres préoccupations sur la minutie, la méthode et l’imagination. De plus, en tant qu’ingénieur, il a déjà été confronté maintes fois à la problématique de la pression du vent sur un édifice, et ce d’autant plus qu’en 1884, le viaduc de Tardes alors en construction par ses équipes, s’était écroulé du fait d’une forte tempête. Il se sentait donc concerné par l’aspect « utilisation à caractère scientifique » de sa tour, sentiment renforcé quand il s’aperçut que le seul moyen de retarder voire annuler sa destruction programmée, était de développer son intérêt utilitaire pour la communauté.

La tour Eiffel accueillera donc de nombreuses expériences : mise en place d’un pendule de Foucault au niveau du deuxième étage ou d’un manomètre géant, mesure de la température atmosphérique ou de la vitesse du vent etc.

Le Bureau central météorologique de France fait installer dès 1889, une petite station météo en haut de la tour Eiffel (ici, bulletin météorologique du 11 novembre 1918, date de la signature de l'armistice).
Météorologie[modifier | modifier le code]

En 1889, Eleuthère Mascart, le (premier) directeur du Bureau Central Météorologique de France crée en 1878 (ancêtre de Météo-France), fait installer, avec l’autorisation de Gustave Eiffel, une petite station d’observation en haut de la tour Eiffel. Avec quatre autres stations installées au frais d’Eiffel dans ses propriétés et une vingtaine d’autres stations météorologiques, un réseau est formé. Les résultats seront tous regroupés dans un ouvrage publié à compte d’auteur. La participation de l’ingénieur à cette expérience grandeur nature se prolongera jusqu’en 1912.

Aérodynamique[modifier | modifier le code]

En 1903 est mis en place un système pour mesurer la résistance du vent sur un corps en mouvement : un échantillon à étudier, rattaché à un système d’enregistrement de l’effort, chute le long d’un câble tendu entre le deuxième étage et le sol, pendant qu’est mesurée la vitesse du vent.

Puis il apparut beaucoup plus logique de garder l’échantillon dans une position statique tout en faisant varier le flux, la direction de l’air autour. Plus économique et plus efficace, cette méthode débouchera en 1909 sur la construction d’une petite soufflerie au pied de la tour Eiffel. Dès 1912, elle sera remplacée par une soufflerie beaucoup plus vaste, installée cette fois-ci rue Boileau, dans le XVIe arrondissement. Des recherches importantes y prendront place jusqu’en 1923, faisant de Gustave Eiffel, un des pères de l’aérodynamique expérimentale. Les maquettes des engins d’aviateurs célèbres ont été testées en ces lieux : Gabriel Voisin, Maurice Farman, Louis Blériot ou encore Louis Charles Breguet ont par exemple utilisé la soufflerie financée par Eiffel.

Téléradiodiffusion[modifier | modifier le code]
Publicité pour la station radiotéléphonique de la tour Eiffel. Il s'agit de la 1ère publicité parue en France pour une station de radiodiffusion. Elle a été publiée par un constructeur de postes récepteurs dans l'hebdomadaire La Rampe.

En octobre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la tour Eiffel et le Panthéon, distant de 4 kilomètres.

En 1903, le capitaine Gustave Ferrié, militaire de son état, cherche à établir un réseau télégraphique sans fil, sans le financement de l’Armée qui ne le soutient pas dans la mesure où elle privilégie à cette époque les signaux optiques et les pigeons voyageurs, jugés plus fiables. Malgré ce contexte et alors que la T.S.F. n’en est qu’à ses balbutiements, Gustave Eiffel soutient à ses frais le projet du capitaine en acceptant qu’il installe une antenne au sommet de sa tour. L’expérience se révèlera un succès et on sait maintenant à quel point il s’agissait d’une technologie d’avenir.

Dès 1907, la T.S.F. porte jusqu’à Bizerte, peu après jusqu’en Amérique et en 1912, soit neuf ans après son installation, elle émet dans le monde entier. Ce succès, bientôt considéré comme stratégique, sera l’élément majeur qui permettra à la tour Eiffel d’être conservée et de voir sa concession prorogée de soixante-dix ans, à partir du 1er janvier 1910.

Quatre ans plus tard, l’antenne installée sur la tour va se révéler décisive puisqu’elle permettra de capter le « radiogramme de la victoire » et de déjouer l’attaque allemande sur la Marne.

6 février 1922 : Inauguration de la station radio de la tour Eiffel par Sacha Guitry, Yvonne Printemps et le Général Ferrié.

Ce qui était dans un premier temps un réseau de T.S.F. à usage strictement militaire va basculer vers un usage civil à partir des années 1920. En effet, à partir de 1921, des programmes radio sont régulièrement diffusés depuis la tour Eiffel. Radio Tour-Eiffel, bien connue des parisiens, sera officiellement inaugurée le 6 février 1922. Elle diffusera de la musique, des chroniques, et un «journal parlé» , dans un premier temps captés par des amateurs munis de postes à galène.

En 1925, la tour Eiffel sert de cadre aux débuts de la télévision en France. La technique s’améliore et des émissions encore expérimentales sont proposées entre 1935 et 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande qui a réquisitionnée la tour y installe un réseau permettant d’arroser en programmes les blessés hébergés dans les hôpitaux environnants.

Après guerre, l’utilisation d’ondes ultracourtes pour les radiocommunications se généralise et demande un nombre d’antennes toujours plus grand. Ainsi, on dénombre actuellement un ensemble de plus de 120 antennes différentes au sommet de la tour Eiffel.

En 1959, l’installation d’un nouveau mât de télédiffusion demande la reconstruction complète du troisième étage de la tour Eiffel, la faisant culminer à 320,75 mètres, pour 300 mètres à l’origine. La tour Eiffel peut émettre des signaux d’émissions télévisées à destination d’environ 10 millions de personnes.

Repères :
Station Radiotéléphonique de la Tour Eiffel :
Dates clés
24 décembre 1921 : Début des programmes réguliers.
6 février 1922 : Inauguration officielle.
1940 : Arrêt des émissions.
Localisation
Studios : Pilier nord de la Tour Eiffel dans un premier temps puis dans un second temps, depuis le Grand Palais.
Émetteur : Tour Eiffel.
Zone de couverture : France.
Équipes de la station
Équipe de direction : Général Gustave FERRIE, Maurice PRIVAT, Georges DELAMARE, M. DELBREIL, Emmanuel BONDEVILLE, Gaston SEIZ.
Animateurs à l'antenne : Georges GEVILLE, Alex SURCHAMPS, Paul CASTAN, Lydia HENRY-LACAZE, Suzanne TEYSSIER, Maurice GOUINEAU, Stephen VALOT, Jean NOHAIN, Claude DAUPHIN.
Journalistes : Pierre DESCAVES, Paul DERMEE, André DELACOUR, Marc FRAYSSINET, René GERLY, Julien MAIGRET, Paul CAMPARGUE, M.J. ARCHAMBAULT, Bertrand DUPEYRAT, Jean VOLVEY, Gaston MONNERVILLE, René PINON .

Deuxième moitié du XXe siècle[modifier | modifier le code]

La tour pendant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
Fichier:Adolf Hitler in Paris.jpg
Adolf Hitler posant en juin 1940 sur la terrasse du Trocadéro avec la tour Eiffel en arrière-plan . A sa gauche, se trouve Albert Speer et à sa droite Arno Breker .

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’occupation par les allemands de la tour Eiffel, symbole de la France, rime avec victoire. En 1940, la Wehrmacht s’empare de l’édifice et y appose entre les piliers, juste en dessous du premier étage, un bandeau où est écrit en lettres majuscules « DEUTSCHLAND SIEGT AUF ALLEN FRONTEN », ce qui signifie « L’Allemagne gagne sur tous les fronts ». L’armée allemande ferme le monument au public, en réserve l’entrée à ses troupes et l’utilise pour ses communications radio. En juin 1940, Adolf Hitler visite Paris et profite pour se faire prendre en photographie sur l’esplanade du Trocadéro avec en arrière-plan, la tour Eiffel apparaissant tel un trophée. Malgré les apparences, il n’est pas monté directement sur la tour, les ascenseurs de celles-ci ayant été sabotés avant son passage.

En 1944, la tour échappe à la destruction promise et en août un drapeau français (fabriqué avec trois draps cousus ensemble) y flotte de nouveau, les ascenseurs sont remis en marche, mais malgré la libération, elle n’est toujours pas réouverte au grand public. Les troupes américaines installent au troisième étage leur service Transmission assurant les communications entre les ports de la Manche, l'Angleterre et les troupes alliées cantonnées aux environs de Paris et réserve l’entrée aux militaires alliés en uniforme pour une visite gratuite. Finalement, le monument sera à nouveau accessible au public à partir de juin 1946.

Slogan de propagande de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, signifiant « L’Allemagne gagne sur tous les fronts ». Un bandeau portant ce message était installé dès 1940 entre deux piliers de la tour Eiffel, juste en-dessous de la première plate-forme.


De 1946 à 1979[modifier | modifier le code]

Parmi les faits marquants de cette période peuvent être évoqués les éléments suivants :

Le 3 janvier 1956, un incendie se déclare dans le local de l'émetteur de télévision et endommage le sommet de la tour Eiffel. Le belvédère surplombant le quatrième étage et les installations supportant le mât sont détruits. Les travaux de remise en état dureront un an.

En 1958, à l'occasion des manifestations de la Saison de Paris, 1 290 projecteurs sont installées dans les fosses dissimulées dans les jardins du Champ-de-Mars. Ils resteront en service jusqu'au 31 décembre 1985.

1963 est la première année de passage du cap symbolique des 2 millions d'entrées par an. Neuf ans plus tard, ce sera le cap des 3 millions d'entrées par an, puis en 1984 celui des 4 millions, en 1989, celui des 5 millions et enfin, en 1998, celui des 6 millions, celui des 7 millions n'ayant encore jamais été franchi à ce jour.

En 1965, dans le pilier nord de la tour Eiffel, un nouvel ascenseur permettant de transporter 110 personnes, est installé.

Mais finalement, l'élément majeur de l'après guerre est le développement du tourisme mondial, et en toute logique, la nette augmentation de la fréquentation de la tour Eiffel. Ainsi, sur une période de 57 ans allant de 1889 à 1946, l'édifice ne reçut qu'un peu plus de 18 millions de visiteurs, alors qu'après guerre, de 1947 à 2004, pour reprendre la même durée de 57 ans précédemment citée, la fréquentation passa à 198 millions de personnes, soit environ 11 fois plus d'entrées sur une période de temps identique.

Pourtant, au 31 décembre 1979, alors que la concession accordée par la Ville de Paris devait expirer, seuls les travaux strictement indispensables avaient été faits. Les ascenseurs étaient à revoir, de même que l'ensemble du système de sécurité et plus grave encore, de nombreux ajouts avaient eu lieu au fil du temps et avaient alourdis la tour de plus de 1 000 tonnes.

Face à ce tableau peu encourageant, la Ville de Paris envisage alors de reprendre directement la concession de la tour et de l'exploiter elle-même. Dans ce sens, elle procède à un audit technique complet de l'édifice. Une inspection par endoscope montrera ainsi que l'intérieur des arbalétriers est fortement attaqué par la corrosion, que les grandes poutres du premier étage étaient parfois très abîmées et que, d'une manière générale, l'ensemble des structures devaient être rénovées pour pouvoir accueillir en toute sécurité plus de 5 millions de visiteurs par an.

De 1980 à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Finalement, le 1er janvier 1980, le nouvel exploitant de la tour Eiffel devient la SNTE (Société Nouvelle d'Exploitation de la Tour Eiffel), le propriétaire restant la Ville de Paris.

Et dès mars 1981, la société s'attaque à la restauration complète du monument, en axant sa cure de jouvence sur trois priorités :

⇒ L' allégement de la structure de l'édifice (soit au final 1 348 tonnes)
⇒ La reconstruction totale des ascenseurs et escaliers.
⇒ La création de moyens de sécurité adaptés au succès populaire de la tour.

Au final, de nombreuses pièces de charpente, parfois très importantes, ont été changées, les ascenseurs sont devenus plus sûrs et rapides, celui conduisant au troisième étage s'élevant d'un seul jet à l'air libre sur 160 mètres.

L'escalier en colimaçon menant au troisième étage a été démonté et revendu aux enchères, à l'exception d'un tronçon qui a été conservé comme témoignage du passé et exposé au premier étage. L'ancien escalier a été remplacé par un escalier à double volée accessible au public, en cas de nécessité.

Les installations d'accueil ont été reconstruites et de nouvelles structures ont vu le jour : au premier étage, un cinéma, une salle polyvalente et un restaurant et au deuxième étage, le restaurant gastronomique, désormais réputé, Le Jules Verne a été crée.

En 1985, la touche finale à la restauration est donnée avec la mise en place d'un éclairage de nuit de couleur jaune orangé, placé à l'intérieur des structures de la tour et composé d’un dispositif de 352 projecteurs au sodium.

Sources[modifier | modifier le code]