Alexander Calder

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Alexander Calder
Alexander Calder en 1947.
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Alexandre Calder
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Pace Gallery (en), Artists Rights SocietyVoir et modifier les données sur Wikidata
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Archives nationales (FRAN_IR_010001)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
signature d'Alexander Calder
Signature

Alexander[note 1] « Sandy » Calder est un sculpteur et peintre américain, né le à Lawnton (Pennsylvanie)[note 2] et mort le à New York (État de New York).

Il est surtout connu pour ses mobiles ainsi nommés sur proposition de Marcel Duchamp lors de leur exposition à Paris en 1932 à la galerie Vignon, ses assemblages de formes animées par les mouvements de l'air, puis ses stabiles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Alexander Calder est le fils d'une riche famille d'artistes : sa mère, Nanette Lederer Calder, est peintre ; son père, Alexander Stirling Calder, est sculpteur, ainsi que son grand-père Alexander Milne Calder.

Formation et travail d'illustrateur[modifier | modifier le code]

En 1919, il obtient le diplôme d'ingénieur en mécanique à l'Institut de technologie Stevens de Hoboken[2]. Mais il préfère l'art qu'il a déjà pratiqué en amateur grâce au matériel puis aux outils fournis par son père. Dès 1906, il fabrique des poupées pour sa sœur et à Noël 1909, il offre deux sculptures à ses parents[3]. Après son diplôme, Alexander Calder abandonne le métier d'ingénieur puis perfectionne son art à l'Art Students League of New York où il entre en 1923[2] et produit des œuvres dans le style de l'Ashcan aesthetic[3].

À cette époque-là, il illustre des événements sportifs ainsi que les comptes rendus des tournées du Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus pour le journal National Police Gazette de New York. Il fait aussi de nombreuses esquisses d'animaux publiées un an après son départ pour la France, en 1926, sous le titre Animal sketchings[3],[4]

Paris dans les années 1920 et 1930[modifier | modifier le code]

En 1926, arrivé à Paris, il crée des jouets articulés qu'il présente au « Salon des Humoristes de 1927[5]. » Les années suivantes et jusqu'en 1929, l'artiste passionné de cirque se consacre au Cirque de Calder, un ensemble de 200 personnages en fils de fer tordus et bouts de chiffons qui lui servent à présenter une performance de deux heures[2], qu'il peut transporter et qu'il expose à Paris, puis à Berlin, New York[5]… Dans ce spectacle, l'artiste joue le rôle de maître de cérémonie, de chef de piste et de marionnettiste en faisant fonctionner manuellement le mécanisme, le tout étant accompagné de musique et d'effets sonores. Les personnages représentent souvent des personnages connus de l'époque. Le « Cirque de Calder » a fait une dernière apparition à Paris du au au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou : Alexander Calder, les années parisiennes, 1926-1933[6]

Par la suite, entré en contact avec des représentants de l'avant-garde artistique parisienne comme Joan Miró, Jean Cocteau, Man Ray, Robert Desnos, Fernand Léger, Le Corbusier, Theo van Doesburg, et surtout Piet Mondrian, qui aura une grande influence artistique sur lui, à partir de 1930, Calder n'abandonne pas le fil de fer avec lequel il « dessinait » pour adopter un style entièrement abstrait[7], mais il lui adjoint d'autres formes plus abstraites.

Mobile rouge, Alexander Calder, 1956. Feuille de métal et de peinture, musée des beaux-arts de Montréal.

« En 1932, il expose pour la première fois ses premières sculptures abstraites, en tiges et plaques articulée, les Mobiles, peints en noir et blanc, et parfois rehaussés d'un ou deux aplats de couleurs qui connaissent un grand succès[2] ». Ces trente sculptures articulées en fil et morceaux de fer sont présentées à la Galerie Vignon, dirigée par Marie Cuttoli[note 3]. Quinze d'entre eux sont mis en mouvement par de petits moteurs que l'artiste actionne. Cette année-là l'artiste a rejoint le groupe Abstraction-Création[8].

« Ces engins articulés, Marcel Duchamp propose de les appeler Mobiles, rappelant les deux sens du terme : mouvement et mobile. Calder s'est empressé d'adopter le terme qui marque le début de sa longue carrière[8]. »

Le à 21 h 10, il présente ses mobiles dans une émission de télévision de quinze minutes que lui consacre la toute nouvelle chaîne de la BBC[9].

Calder et la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Dès 1933, Alexander et son épouse Louisa, décident de quitter l'Europe face à la montée du fascisme pour se réfugier aux États-Unis. Fervent défenseur de la liberté et francophile convaincu, Calder souhaite participer à l'effort de guerre en intégrant l'armée pour travailler sur les techniques de camouflage. Rejeté, l'artiste décide de participer à la lutte par d'autres moyens : grâce à ses relations, il parvient à obtenir des visas américains pour les artistes français et européens en exils. André Breton, Marc Chagall, Yves Tanguy, Fernand Léger ou encore Jacques Lipchitz bénéficieront de son aide. En parallèle, il intègre France Forever, un groupe de soutien à la résistance française créée en 1940 aux États-Unis. L'objectif de ce groupe est d'apporter un soutien financier et moral à la résistance et de faire reconnaître la France Libre comme allié à part entière[10].

En 1942, Calder réalise une sculpture baptisée France Forever, dont il fera cadeau au groupe de soutien. Deux ans plus tard, à l'occasion d'une exposition, son œuvre est proposée à la vente, afin que les bénéfices soient reversés aux combattants résistants. Alexander Calder est le seul artiste américain à prendre part à cette vente[10].

Carrière après la guerre[modifier | modifier le code]

En 1943, le Museum of Modern Art organise une première rétrospective, suivie en 1946 par une exposition à Paris préfacée par Jean-Paul Sartre, et en 1952, il obtient le grand prix de la Biennale de Venise.

Au milieu des années 1950, il s'installe à Saché, commune d'Indre-et-Loire découverte grâce à Jean Davidson (qui épouse sa fille Sandra en 1955 à la mairie et à l'église du village), dans une maison dite « François Ier », sur les bords de l’Indre[11].

En 1958, il réalise le mobile du siège parisien de l'UNESCO, dix mètres de haut, deux tonnes d’acier noir, cinq bras.

Trois Disques ou l'Homme de Calder, Montréal.
Alexander Calder en 1968.

En 1962 (tout en conservant la maison « François Ier »), il installe un nouvel atelier sur le site du Carroi, d'une conception très futuriste et dominant la vallée de la Basse-Chevrière, toujours à Saché ; en 1969, il fait construire sa nouvelle maison près de cet atelier.

À partir de 1963 jusqu'à son décès en 1976, il fait fabriquer la majeure partie de ses stabiles et mobiles aux établissements Biemont à Tours, dont Trois Disques (nom actuel donné après l'exposition) baptisé L'Homme à sa création en 1966 pour l'exposition de Montréal, tout en acier inoxydable de 23 mètres de haut, commandé par l'International Nickel du Canada (Inco) pour l'Exposition universelle de Montréal en 1967. Toutes les fabrications sont faites d'après une maquette réalisée par Calder, par le bureau d'étude (dirigé par M. Porcheron, avec Alain Roy, François Lopez et Michel Juigner) pour concevoir à l'échelle réelle, puis par des ouvriers chaudronniers qualifiés pour la fabrication, Calder supervisant toutes les opérations, et modifiant si nécessaire l'œuvre. Tous les stabiles sont fabriqués en acier au carbone, puis peints, pour une majeure partie en noir (ou rouge pour quelques-uns), sauf Trois Disques (L'Homme) qui sera en acier inoxydable (brut), les mobiles étant fabriqués en aluminium et duralumin puis peints aux couleurs primaires (jaune, bleu, rouge) ou noir ou blanc. Environ 130 œuvres monumentales furent réalisées aux établissements Biémont dirigés par son PDG Monsieur Bazillon[12].

En 1971, Calder et Jacques Prévert travaillent ensemble à un livre qui s’intitulera Fêtes, publié par les éditions Maeght, où Calder réalise des eaux-fortes et Prévert écrit un long texte sur l’œuvre du sculpteur.

En 1973, Alexander Calder a été chargé par la compagnie aérienne Braniff International de peindre un avion. La contribution de Calder était un Douglas DC-8 connu simplement comme « Flying Colours of South America ». En 1975, il a été présenté au Salon du Bourget à Paris, France. Ses dessins reflétaient les couleurs vives et les dessins simples d'Amérique du Sud et d'Amérique latine, et était principalement utilisé sur les vols entre les États-Unis et l'Amérique du Sud.

Le est inaugurée en sa présence Totem, une sculpture mobile offerte par lui à la commune de Saché[13]. Elle est installée sur une place au centre du village, aujourd'hui nommée place Alexandre-Calder.

En 1975, il entreprend la décoration de Flying Colours of the United States pour commémorer le bicentenaire des États-Unis. Cette fois, l'avion est un Boeing 727-200. La Première dame Betty Ford baptise Flying Colours of the United States à Washington, DC le 17 novembre 1975. Calder mourra en novembre 1976, alors qu'il achève la conception d'une troisième livrée, intitulée Flying Colours of Mexico ou Salute To Mexico. Par conséquent, cette livrée ne sera utilisée sur aucun avion Braniff.

Il est le premier à collaborer au projet de Hervé Poulain qui consiste à personnaliser une BMW 3.0 CSL pour les 24 Heures du Mans. En font de même, avec divers modèles de la marque BMW et dans le cadre de la série BMW Art car, aujourd'hui préservée par le Musée BMW de Munich : Andy Warhol, César, Arman, Roy Lichtenstein, Georges Wolinski, Frank Stella et d'autres artistes.

S’il est surtout connu pour ses peintures, ses mobiles et ses stabiles, Calder a également réalisé au cours de sa longue carrière de nombreux bijoux[14]. Il a également réalisé en 1969 des décors d'assiettes en collaboration avec la Manufacture nationale de Sèvres.

Alexander Calder meurt d'une crise cardiaque à New York, le jour du vernissage d'une rétrospective de son œuvre au Whitney Museum of American Art. Son épouse meurt en 1996.

Après sa mort[modifier | modifier le code]

En 1994, une exposition se tient à l'abbaye Saint-Germain à Auxerre[15].

En 2011, la National Portrait Gallery de Washington organise une exposition intitulée Calder's Portraits: A new Langage qui met en avant un élément souvent négligé de son art : les portraits de fil de fer. Croquis, peintures, sculptures et mobiles figurant des visages sont ainsi mis à l'honneur.

C'est au tour du musée des beaux-arts de Montréal en 2018 d'exposer plus de 150 de ses œuvres, avec des animations forcées de certains mobiles[16].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Livres d'artiste[modifier | modifier le code]

Alexander Cander ne s'intéressa qu'épisodiquement à l'art du livre au sens strict. Entre 1948 et 1955, il illustre quelques livres pour enfants, à faible tirage. Dans les années 1960-1970, il réalise des gravures pour les livres d'artistes comme La Proue de table (texte d'Yves Elléouët, 1967), Fêtes (texte de Jacques Prévert, 1971), Santa Claus[17] (texte de E.E. Cumming, 1974).

Galerie d'œuvres[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Cote[modifier | modifier le code]

Un mobile de Calder (60 × 190 cm) réalisé en 1952 et dédicacé à Jean Vilar a été vendu le à un collectionneur suisse pour un montant de 2 287 000 euros, plus haute enchère obtenue par l'artiste en France[18].

Une de ses sculptures pesant 800 kilogrammes et mesurant 3,5 mètres de haut a été estimée entre 2 et 3,5 millions d'euros[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le prénom de Calder, qui passa une grande partie de son existence en France, est souvent francisé « Alexandre » par les francophones.
  2. Près de Philadelphie.
  3. Née Myriam Bordes en Algérie 1879, morte en 1973, sa galerie comptait parmi les plus importantes.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_010001 »
  2. a b c et d Golberg Monnin, p. 117.
  3. a b et c (en) « 1898-1925 » (Les premiers travaux de l'enfant), sur calder.org (consulté le ).
  4. Animal Sketching (trad. de l'anglais), Dilecta, (1re éd. 1926) (présentation en ligne).
  5. a et b « Calder et son cirque », sur l'Humanité, (consulté le ).
  6. « Calder, les années parisiennes » (annonce d'exposition), sur le site du Centre pompidou — exposition terminée.
  7. « 1930-1936 », sur carder.org (consulté le ).
  8. a et b Ferrier et Le Pichon 1988, p. 315.
  9. [1] Programme TV BBC Radio-Times du 10 au 15 janvier 1938.
  10. a et b Musée de l'armée, « Une œuvre majeure entre dans les collections du musée de l'Armée » [PDF],
  11. Selon la plaque commémorative apposée près de l'entrée, il y vit de 1955 à 1970 et y travaille jusqu'en 1976, année de sa mort.
  12. L'auteur a travaillé de 1964 a 1986 aux ets Biémont
  13. https://www.sache.fr/wp-content/uploads/2019/08/sache_le_10.pdf
  14. Vaxelaire Marie-Émilie, « Calder le fildefériste de la bijouterie », dans L’Estampille L’Objet d’Art, no 442, janvier 2009.
  15. « Alewander Calder », sur artnet.com (consulté le ).
  16. « Alexander Calder, un inventeur radical » (présentation d'exposition, septembre 2018-février 2019), sur le site du Musée es Beaux-Arts de Montréal (version du sur Internet Archive).
  17. « Alexander Calder | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  18. Le Monde, , p. 21.
  19. Par Céline CarezLe 6 juillet 2020 à 15h03 et Modifié Le 6 Juillet 2020 À 18h49, « Un village vacances vend un Calder monumental aux enchères à Paris », sur leparisien.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]