2e division blindée (France)

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2e division blindée
Image illustrative de l’article 2e division blindée (France)
Insigne de la 2e DB

Création 24 août 1943
Dissolution 1999
Pays Drapeau de la France France
Branche Arme blindée cavalerie
Type Division blindée
Rôle Cavalerie
Effectif environ 16 000
Garnison Illkirch
Ancienne dénomination 2e Division française libre
Surnom Division Leclerc
Inscriptions
sur l’emblème
Division Leclerc
2e DB
Équipement Blindés d'origine américaine
Guerres Seconde Guerre mondiale
Batailles bataille de Normandie
Libération de Paris
campagne d'Allemagne
Commandant historique général Leclerc

La 2e division blindée (2e DB) est une unité militaire française de l'arme blindée et cavalerie créée pendant la Seconde Guerre mondiale par le général Philippe Leclerc. Elle est parfois appelée Division Leclerc ou même Armée Leclerc.

L'héritière actuelle de ses traditions est la 2e brigade blindée (2e BB).

Création et différentes dénominations

  • 1941 : colonne Leclerc,
  • février 1943 : la colonne Leclerc devient la "Force L" (comme Leclerc) dans le cadre de la 8e armée britannique
  • mars 1943 : la "Force L" intègre la "Colonne volante", commandée par le commandant Jean Rémy.
  • 30 mai 1943 : la "Force L" devient officiellement la 2e DFL (division française libre),
  • 24 août 1943 : la 2e DFL devient la 2e DB (division blindée),
  • 31 mars 1946 : dissolution,
  • 1977 : nouvelle création de la 2e DB,
  • 1999 : devient la 2e BB (brigade blindée).

Stationnement État-major

  • 11 mars 1945 - 31 mars 1946 : Visite du général Leclerc. La marche de la 2e D.B. retentit pour la première fois. L'état-major de la 2e DB s'installe à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).
  • 1959 - 1977 : État-major 2e BM rattachée à la 8 DM, est basé à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise),
  • 1977 - 1983 : État-major 2e DB est basé à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines),
  • 1983 - 1999 : État-major 2e DB s'installe à Versailles (Yvelines),
  • 1999 - 2010 : État-major 2e BB s'installe à Orléans au quartier Bellecombe (Loiret),
  • juillet 2010 : État-major 2e BB s'installe à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) au quartier Leclerc.

Historique des garnisons, campagnes et batailles

Seconde Guerre mondiale

M4 Sherman du 12e régiment de chasseurs d'Afrique de la 2e DB débarquant d'un Landing Ship Tank en Normandie en août 1944.

Guerre du désert

Son origine remonte à la colonne Leclerc des FFL qui prit l'oasis de Koufra le durant la guerre du désert. Le lendemain, est prononcé le serment de Koufra que le général Leclerc remplit point par point.

L'année suivante, en 1942, la colonne Leclerc effectue une série de raids en direction du Fezzan (en Libye). En 1943, le Fezzan est conquis et la colonne Leclerc fait sa jonction avec la 8e armée britannique qu'elle accompagne dans la campagne de Tunisie en s'illustrant notamment à Ksar-Rhilane.

Naissance de la 2e DB

Le 15 mai 1943, cette force est transformée en 2e division française libre à Sabratha en Libye et le 24 août 1943, elle est renommée 2e division blindée à Témara (Protectorat français du Maroc).

Ses effectifs viennent en partie des Forces françaises libres mais principalement de l’armée d'Afrique. Cette fusion dans une seule division, d'unités provenant de ces deux armées, est un cas unique.

Cette division qui doit transiter par la Grande-Bretagne, est, selon les exigences des Américains et des Britanniques, « blanchie » lors de sa formation durant l'été 1943 et ne compte plus qu'un seul soldat noir[1], Claude Mademba Sy. Selon plusieurs historiens, tels Christine Levisse-Touzé et Olivier Forcade, les Nord-Africains quant à eux, au nombre de 3 600 (dont probablement moins de la moitié sont maghrébins), représentent environ 25 % de ses effectifs. 500 volontaires étrangers, principalement des républicains espagnols, rejoignent aussi ses rangs[2],[3].

Rééquipée de matériel américain, elle s'embarque le 11 avril 1944 à Casablanca et Mers el-Kébir pour le Royaume-Uni et débarque à Swansea après onze jours de traversée[4].

Armement et articulation

Chaque char, armé d'un canon de 75 et de trois mitrailleuses et disposant d'un poste émetteur-récepteur, était servi par 5 hommes (un chef de char, un conducteur, un chargeur, un tireur et un mitrailleur). Ils disposaient d'armes individuelles (colts, mitraillettes), d'une centaine d'obus perforants, explosifs ou fumigènes et de milliers de cartouches de mitrailleuses (7,62 et 12,7) et de grenades. Chaque escadron se composait de 17 chars et de 3 half-tracks dont 2 servant d'ateliers mobiles de réparations. Il y avait aussi deux camions Dodge tractant des remorques et une pièce de 57 mm antichars. Un camion GMC transportait la réserve de carburant. Deux Jeeps destinées au capitaine et au lieutenant chef d'échelon.

Au total, la division comptait 4200 véhicules[5].

Bataille de Normandie

À partir du 1er août 1944, elle débarque à Utah Beach, en étant rattachée à la IIIe armée américaine du général George Patton qui accueille le général Leclerc dès son arrivée.

La division française est associée à la 5e division blindée et à la 79e division d’infanterie américaines pour former le 15e corps d'armée commandé par le général Haislip. Après son regroupement à La Haye-du-Puits (Manche), la division reçoit l'ordre d'avancer plein sud sur les routes du Cotentin, puis vers Le Mans, dans l'opération Cobra. Un peloton du Groupement Tactique Langlade voit brièvement le feu à Mortain lors de l'offensive allemande du 7 août[6], mais l'unité est cependant relevée rapidement de cette mission. En effet, profitant de l'avantage du « goulot » d’Avranches, Leclerc lance sa division vers Vitré et Château-Gontier, puis vers Le Mans.

La 2e division blindée dans la Sarthe

Du Mans, l'attaque du XVe corps d'armée américain du général Haislip en direction d'Alençon est prévue pour le 10 août à 7 heures. Pour ce faire, la manœuvre nécessite de faire pivoter au Mans toute la 5e division blindée américaine plein nord, avec pour axe de progression Savigné-l'Évêque, Bonnétable, Marolles-les-Braults, Mamers, puis la forêt de Perseigne. La 2e division blindée du général Leclerc reçoit la mission de mener la même offensive sur la gauche de la 5e division blindée, dans l'axe Le Mans-Alençon.

La ville du Mans est libérée par les troupes américaines le 8 août. La 2e division blindée contourne la ville par l'ouest et le nord (voir La Chapelle-Saint-Aubin). De Sablé-sur-Sarthe, elle remonte vers Loué. Les Allemands mettent en place une ligne de défense sur l'axe Saint-Marceau à Bonnétable, avec les troupes de la 9e Panzerdivision, arrivée de Nîmes peu de temps auparavant. Se joignent à ce dispositif les débris de la 308e division blindée et de la 130e Panzer Lehr, principalement destinés à ralentir la progression des Alliés par des embuscades antichars.

Fer de lance en Normandie

Le général Leclerc n'a alors de cesse de se porter à l'avant du dispositif du XVe corps. Après la Sarthe, la division Leclerc est à la pointe du dispositif américain, réalisant un mouvement d'encerclement. Rapidement, les troupes du XVe corps US se portent vers le nord, et c'est la 2e DB qui libère Alençon le 12 août 1944, si rapidement que les Allemands en sont décontenancés. Le général Patton, commandant la IIIe armée, ne tarit pas d'éloges au sujet du général Leclerc qui appliquait les principes de l'attaque à outrance depuis que les Français étaient entrés en Normandie.

Aussi les Américains font-ils de la 2e DB le fer de lance de leur attaque vers Argentan pour fermer la poche de Falaise. Or, après de terribles combats dans le secteur de la Forêt d'Écouves, les troupes françaises se dispersent et débordent de leur secteur au sud d'Argentan, à tel point qu'ils ralentissent la progression de la 5e Division Blindée américaine à Sées. Les Américains, lancés vers Argentan, sont quelque peu retardés, et Leclerc se fait réprimander par le général américain commandant la 5e DB américaine car il n'a pas respecté les ordres, retardant peut-être la fermeture de la poche de Falaise-Argentan. Les Français de Leclerc, ayant libéré Carrouges et Ecouché le 13 août, lancent une unité de reconnaissance au centre d'Argentan, mais cette unité est chassée par des blindés allemands lors d'une contre-attaque.

Il est clair que les Allemands vont défendre la ville avec acharnement. Leclerc, qui occupe un temps les hauteurs sud de la cité normande, demande alors l'autorisation d'envoyer le gros de ses troupes vers Paris pour libérer la capitale. Le haut-commandement américain et notamment Eisenhower doit trancher.

Libération de Paris

Défilé sur les Champs-Élysées le 26 août 1944 après la libération de Paris.

Suivant l'ordre reçu de leur chaîne de commandement, les unités de combat américaines s'arrêtent quelque temps devant Argentan afin de pousser la 2e DB vers l'avant en prévision de la libération de Paris. Le haut commandement finit par insister : Paris doit être libéré par des Français. Les Américains permettent ainsi aux combattants de la 2e DB de se distinguer en devenant la première unité alliée à entrer dans Paris, les 24 et 25 août 1944 et de recevoir la reddition de Dietrich von Choltitz.

La 2e DB quitte Paris le 8 septembre 1944 au matin et marche vers l'est. Elle affrontera les forces allemandes de Manteuffel puis de Feuchtinger. À Dompaire, le , elle écrase la 112e Panzerbrigade (59 chars détruits) qui disparait de l'ordre de bataille allemand.

P-47-Jugg, avion chasseur et appui-feu au sol, grand tueur de blindés allemands, grâce à ses roquettes.

Elle libère Baccarat le 1er novembre. Elle marque une pause devant la Vor-Vogesen-Stellung, ligne allant de Blâmont à Badonviller, le long des Vosges, du Donon à la région de Bitche. Elle barrait, au nord, la trouée de Saverne et la route de Strasbourg.

Libération de Strasbourg

La route menant à Strasbourg est jalonnée de sévères combats.

Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée. Lorsque le lieutenant-colonel Rouvillois entre dans Strasbourg, il lance la célèbre phrase codée « Tissu est dans iode » pour signaler sa réussite dans la prise de la capitale alsacienne.

Célébrations du 60e anniversaire de la libération de Strasbourg. Le 23 novembre 1944, la 2e DB entre dans Strasbourg. La ville est libérée. Leclerc s’adresse alors aux Alsaciens en ces termes: « La flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession. Nous avions juré d’y arborer de nouveau les couleurs nationales. C’est chose faite. »
Le « serment de Koufra » : Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. Général Leclerc.

Le Berghof, la résidence secondaire d'Hitler

Le 4 mai 1945, un détachement de la 2e DB arrive à Berchtesgaden. Selon certains auteurs[7], les éléments de la 2e D.B. sont les premiers à s'introduire dans le Kehlsteinhaus (le nid d'aigle), dès la nuit du 4 au 5 mai.

En réalité, plusieurs unités revendiquent le fait que leurs hommes aient atteint les premiers le "Nid d'aigle", notamment :

Pertes

L'unité compte 1 687 tués dont 108 officiers, 3 300 blessés[12] et 58 tanks légers et moyens perdus tandis qu’elle cause aux forces de l’Axe la perte de 4 500 soldats tués, ainsi que 11 000 prisonniers allemands capturés à Paris, 5 000 prisonniers allemands capturés à Strasbourg, enfin 118 tanks lourds et moyens détruits.

Le Service historique de la défense indique 1 224 tués (dont 96 Nord-Africains) et 5 257 blessés (dont 584 Nord-Africains) du 4 août 1944 au 8 mai 1945[13].

Le Monument commémoratif place du 25 août 1944 à Paris liste les noms de 1 658 soldats de Leclerc morts pour la France entre 1940 et 1946. Près de 8 % sont des soldats maghrébins[14].

Après guerre

La 2e DB est dissoute le avant de renaître plus tard.

Dans le cadre de la refondation de l'armée de terre supprimant le niveau divisionnaire, la 2e division blindée a été renommée 2e brigade blindée.

Histoire en Images

Traditions

Devise

« MOROC »

Insigne

Marche

« Ici a retenti pour la première fois la marche de la 2e D.B. le 11 mars 1945 en présence du Général Leclerc maréchal de France ».

La marche de la 2e DB a été composée par Maurice Le Roux en 1944 et interprétée pour la première fois au château de Saint-Germain-en-Laye le 11 mars 1945 en présence du général Leclerc. Une plaque apposée dans les jardins du château rappelle cet événement.

Décorations

La 2e DB a été citée 2 fois à l'ordre de l'Armée (28 décembre 1944 et 10 janvier 1945) et a reçu la Presidential Unit Citation notamment pour la libération de Strasbourg.

Unités[16]

Hommages

« Le char Sherman "Champagne", du 12e RCA, mis hors de combat le 13 septembre 1944 à Ville-sur-Illon, et toujours préservé ».

Plusieurs monuments ont été érigés en hommage à la 2e DB C'est notamment le cas à Fyé (Sarthe) au sud d'Alençon, œuvre du sculpteur G. Humeau qui porte une liste impressionnante des hommes tués à l'ennemi, ainsi que les victoires de la colonne.

Quelques chars américains ayant fait partie de la 2e Division Blindée et ayant été détruits au combat, notamment des M4 Sherman, ont été préservés jusqu'à nos jours[17] :

  • Le M4A2 Sherman "Valois" du 12e RCA, détruit le 13 août 1944, est préservé dans la forêt d'Écouves
  • Le M4A2 Sherman "Keren", du 501e RCC, détruit le 12 août 1944, est préservé à Saint-Christophe-le-Jajolet
  • Le M4A2 Sherman "Massaoua", du 501e RCC, détruit le 15 août 1944, est préservé à Écouché
  • Le M4A2 Sherman "Romilly", l'un des 3 chars à être entrés en premier dans Paris le 24 août 1944, est préservé à Romilly-sur-Seine
  • L'obusier automoteur M8 "Edith", du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains, détruit le 11 septembre 1944, est préservé à Andelot
  • Le M4A3 Sherman "Champagne", du 12e RCA, mis hors de combat le 13 septembre 1944, est préservé à Ville-sur-Illon
  • Le M4A2 Sherman "Mort-Homme", du 501e RCC, détruit le 17 novembre 1944, est préservé à Badonviller
  • Le M4A3 Sherman "Bourg-la-Reine", du 12e Régiment de Cuirassiers, détruit le 22 novembre 1944, est préservé à Phalsbourg
  • Le M4A2 Sherman "Chemin des Dames", du 501e RCC, mis hors de combat le 26 janvier 1945, est préservé à Grussenheim
  • Le M4A2 Sherman "Corse", du 12e RCA, ayant participé notamment à la bataille de Dompaire, est préservé au musée des blindés de Saumur
  • Le M4 Sherman "Moghrane" (obusier 105 mm), du 12e RCA, ayant combattu à Paris et Dompaire, est préservé dans une collection privée
  • Le tank destroyer M10 Wolverine "Souffleur II" est préservé dans une collection privée de l'Essonne.
  • Le M4A2 Sherman "Bourg-la-Reine" est préservé à un carrefour à Bourg-la-Reine
Chasseur de chars M10 ou tank destroyer du 8e RCA, Illhauesern 1.

D'autres chars et véhicules représentant la 2e Division Blindée sont préservés comme monuments ou dans des collections en France, mais ce ne sont pas les véhicules originaux ayant participé aux combats.

Commandants de la division

  • 28 juin 1943 : général Leclerc ; la DFL devient la 2e DB.
  • 22 juin 1945 : colonel puis général Dio (passation de commandement)

Composition

  • Colonne Leclerc : 100 Français et 300 Africains
  • Force L : 800 Français et 4 000 Africains
  • 2e DB : 2 500 Français libres, 4 000 évadés de France, 1 000 Nord-Africains, 63 Rochambelles, auxquels ont suivi 5 000 engagés volontaires en France[18]

Selon la Revue historique des armées du Service historique de la Défense, la 2e DB comporte, lors du débarquement de Normandie, environ 14 000 hommes dont 3 350 « sujets de l'Empire » et est composée à égalité de « maréchalistes » et de « gaullistes » (anciens du Tchad, engagés de Tunisie, Corps franc d'Afrique, évadés de France…)[19].

Selon Jean-François Muracciole, la 2e DB comportait 7 000 hommes des unités de l'Armée d'Afrique, 4 000 FFL (vétérans du Tchad et de la « colonne volante ») et 2 500 évadés par l'Espagne[20]

Leclerc a réussi le tour de force de l'amalgame et a forgé une troupe motivée et homogène.

Unités de la 2e DB en 1944

Unités de combat

  • 1er bataillon du Régiment de marche du Tchad
  • 2e bataillon du Régiment de marche du Tchad
  • 3e bataillon du Régiment de marche du Tchad
  • 3 Compagnies de combat et d'équipage de pont
  • Unités de transmissions
  • Unités de transport
  • Service
  • 1 bataillon médical :
    • 3 compagnies médicales
  • 1re compagnie médicale et groupe d'ambulancières Rochambeau (Rochambelles)
  • 2e compagnie médicale et groupe d'ambulancières de la Marine (Marinettes)
  • 3e compagnie médicale et groupe de volontaires anglais (quakers)

1 détachement de la circulation routière (DCR)

Total des véhicules de combats à la formation :

Unités organiques

  • compagnie de transmissions 97/84
  • 97e compagnie de quartier général
  • 197e compagnie de transport
  • 297e compagnie de transport
  • 397e compagnie de circulation routière
  • 497e compagnie de services
  • 13e groupe d'exploitation
  • 15e groupe d'escadrons de réparation
  • 13e bataillon médical

Les républicains espagnols et la Nueve

Environ 300 à 350 Espagnols[21],[22], vétérans de la guerre d'Espagne, passés par les camps d'internement de la République Française puis engagés volontaires dans la Légion Étrangère pour échapper à l'expulsion vers l'Espagne franquiste décidée par Pétain, furent transférés avec leur unité à Oran. Après le débarquement américain en Afrique du Nord, ils participèrent à l'écrasement de l'Afrika Korps en Tunisie au sein des Corps Francs d'Afrique constitués sous le commandement du général Giraud pour s'intégrer dans le corps d'armée américain. Sitôt après, au moment de la prise du pouvoir par De Gaulle à Alger et de l'élimination de Giraud, ces républicains espagnols désertèrent à l'instigation d'officiers recruteurs gaullistes très chaleureux en qui ils reconnaissaient les rebelles engagés qu'ils étaient eux-mêmes et que redoutaient leurs précédents officiers, et s'engagèrent en partie[23] dans la 2e DB en cours de formation. Ils étaient réunis pour la plupart (146 des 160 soldats composant cette compagnie[24]) dans la 9e Compagnie - baptisée « la Nueve » - du Régiment de marche du Tchad (RMT), commandée par le capitaine Raymond Dronne, gaulliste de la première heure.

Cette compagnie hispanohablante au sein de la 2e DB a, comme les unités belges ou polonaises, combattu à partir du débarquement en Normandie, les troupes noires ayant été démobilisées sur ordre des Américains qui refusaient que des "nègres" puissent combattre pour la liberté (l'état-major américain autorisera les régiments noirs à combattre à partir de la bataille des Ardennes), avec un objectif dépassant largement Strasbourg, un engagement politique toujours aussi affirmé et en outre une expérience remontant à 1936 qui en firent une unité d'élite.

C'est à cette unité du capitaine Raymond Dronne que le général Leclerc en personne, conscient de l'audace de la manœuvre, confie, le 24 août 1944, l'ordre de passer au plus vite la ceinture défensive allemande au sud de Paris où se passent les combats et où de nombreux soldats de la division ont déjà perdu la vie, d'annoncer à la population l'arrivée de la division pour le lendemain et de rejoindre les insurgés. Une section restant en panne, le capitaine Dronne réunit deux sections de la 9e compagnie du RMT, une section de chars de la 2e compagnie du 501e RCC[25] et une section du 13e bataillon du génie[26].

Ainsi, appuyés par trois chars Sherman du 501e RCC, qui portaient les noms de Romilly, Champaubert et Montmirail et de leurs camarades du génie, ces républicains espagnols furent les premiers à entrer le soir du 24 août dans la capitale pour la Libération de Paris et à parvenir par les Portes d'Orléans et d'Italie place de l'Hôtel de Ville sur leurs véhicules blindés légers, onze halftracks portant les noms de Guadalajara, Madrid, Ebro, Guernica, etc.

C'est encore à la Nueve que le général De Gaulle confie sa sécurité pour défiler sur les Champs Élysées, le lendemain du fameux discours « Paris outragé… », alors que la foule était encore l'objet de tirs allemands sporadiques.

Regroupement tactique des unités pendant la charge de Strasbourg (novembre 1944)

Groupement de Louis Dio

Groupement de Langlade

Groupement Guillebon

Groupement Rémy

appoints variables en artillerie et en génie

Faits divers

En octobre 2009, huit tombes de soldats marocains de la 2e DB inhumés au carré militaire du cimetière de Montjoie-Saint-Martin ont été recouvertes de symboles nazis. Ces soldats avaient participé à la libération d’Avranches, situé à une trentaine de kilomètres, au sein de la 2e DB . Le carré militaire de ce cimetière civil comprend aussi deux tombes de soldats français qui n’ont pas été dégradées[27].

Pour approfondir

Bibliographie

  • Maja Destrem, L'Aventure de Leclerc, Paris, Fayard, 1984, ISBN 2-213-01419-1; rééd. 1997, Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Pierre Coatpehen, En mission avec la 2e DB, Locus Solus, 2014, ISBN 978-2368330579.
  • La 2e DB, combats et combattants en France présentés par un groupe d'officiers et d'hommes de la division, Paris, Arts et Métiers Graphiques (AMG), 1945, copyright by Général Leclerc, 322 pages.
  • De Lattre de Tassigny, Histoire de la première armée française, Paris, Plon, 1949.
  • Et Leclerc prit Strasbourg, Les Dernières Nouvelles, 1970.
  • Erwan Bergot, La 2e DB, Paris, Presses de la Cité, 1980, (ISBN 2266010670).
  • Gilbert Lévy-Haussmann, La 2e DB vue par un 2e classe, Aigremont, Gilbert Lévy-Haussmann, 2005, 160 p., 23 cm, (ISBN 2-9524349-0-5).
  • Pierre Brunaud, "La 2e DB au repos dans l'Indre" in Argenton et son histoire, no 22, Cercle d'Histoire d'Argenton, 2005.

Sur la Nueve :

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. Libération de Paris : pourquoi il n'y a (presque) pas de Noirs sur les photos, Libération, 20 août 2014
  2. "Aspect méconnu de la composition de la 2e DB : en avril 1944, sur un effectif total de 14 490, elle comporte une proportion de 25 % de soldats nord-africains : 3 600", Christine Levisse-Touzé, Du capitaine de Hautecloque au général Leclerc?, Éditions Complexe, 2000, p.243
  3. Olivier Forcade, Du capitaine de Hauteclocque au général Leclerc, Vingtième Siècle, Revue d'histoire, Année 1998, Volume 58, Numéro 58, pp. 144-146
  4. Evelyn Mesquida, La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Paris, Le Cherche-Midi, 2011, collection « Documents ». ISBN 978-2-7491-2046-1, p. 135-137
  5. Mesquida, op. cit., p. 141
  6. La 2e DB, Erwan Bergot, Presses de la Cité, Paris, 1980
  7. Jacques Hardré, La France et sa civilisatíon, Dodd, Mead & Company, , p. 358
  8. Général Georges Buis, Les fanfares perdues, 1975
  9. Library of Congress: Veterans History Project: Interview with Herman Finnell
  10. Maxwell D. Taylor, Swords and Plowshares 106 (1972)
  11. Video: Allies Sign Control Law For Germany,1945/06/14 (1945) () Consulté le .
  12. Dominique Forget, Le Général Leclerc et la 2e DB, 1944-1945 , Éditions Heimdal, 2009, p. 336
  13. Paul-Marie de La Gorce, L'Empire écartelé, 1936-1946, Denoël, 1988, p. 496-497, chiffres communiqués par le Service historique de la défense
  14. Soldats de Leclerc morts pour la France 1940-1946, Monument commémoratif Place du 25 août 1944
  15. Modèle d'insigne fabriqué en Angleterre avant le débarquement de Normandie
  16. « Les fouragères »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  17. Pierre-Olivier Buan et Neil Baumgardner, 2008-2011, Registre des blindés historiques en France. http://the.shadock.free.fr/Blindes_en_France.pdf
  18. Libération de la poche de Royan (avril 1945), Musée de Royan
  19. Ministère des armées, Revue historique des armées, Numéros 226-229, Éditeur Ministère des armées, 2002, p.51
  20. Jean-François Muracciole, Les Français libres : L'autre Résistance, Tallandier, 2009, p.116
  21. Pierre Milza, Exils et migration: Italiens et Espagnols en France, 1938-1946, L'Harmattan, 1994, p. 590
  22. D'autres auteurs parlent de plus de 2 000 combattants espagnols[réf. souhaitée]
  23. Une autre partie est devenue les commandos d'Afrique
  24. Evelyn Mesquida, La Nueve, 24 août 1944 : ces Républicains espagnols qui ont libéré Paris, Le Cherche Midi, 2011, 380 p.
  25. Récit de la libération de Paris, par le conducteur du Montmirail, Gaston Eve
  26. la 2eDB combats et combattants, ouvrage collectif, Arts et métiers graphiques, Paris, 1945
  27. Des tags nazis sur huit tombes de soldats musulmans de la 2e DB, France Soir, 22 octobre 2009