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Surmoi

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Le surmoi (en allemand Über-Ich) est un concept psychanalytique élaboré par Freud. Il est, avec le Ça et le moi, l'une des trois instances de la seconde topique freudienne. En tant qu'héritier du complexe d'Œdipe, il représente plutôt une instance morale.

Le surmoi dans la seconde topique de Freud[modifier | modifier le code]

Le terme Über-Ich (Sur-moi) est introduit par Sigmund Freud dans Le Moi et le Ça (Das Ich und das Es) en 1923[1].

La notion de surmoi apparaît dans la seconde topique[note 1],[2] freudienne comme l'une des trois instances de l'appareil psychique[3], les deux autres étant le moi et le ça[4]. Selon Jean-Luc Donnet, le surmoi résulte essentiellement de l'intériorisation de l'autorité parentale[3]. Il faut rappeler que pendant une dizaine d'années, « surmoi » et « idéal du moi » ne sont pas deux entités distinctes pour Freud[5].

Selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, le surmoi « plonge ses racines dans le ça et exerce, sur un mode impitoyable, les fonctions de juge et de censeur à l'égard du moi[4]. » Dans Le Moi et le Ça (1923), encore mal différencié de l'idéal-du-moi, le surmoi est toutefois considéré comme inconscient à l'instar d'une grande partie du moi[4].

Pour Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Freud « voit dans la conscience morale, l'auto-observation, la formation d'idéaux, des fonctions du surmoi[1]. » Ces deux auteurs rappellent que classiquement « le surmoi est défini comme l'héritier du complexe d'Œdipe : il se constitue par intériorisation des exigences et des interdits parentaux[1]. »

Le surmoi et l'impératif catégorique kantien[modifier | modifier le code]

En assimilant « tabou — en sa dimension inconciente — »[6] à l'impératif catégorique kantien (1915, avant-propos de Totem et Tabou), Freud a commencé de penser que l'impératif catégorique en question de Kant est « l'héritier direct du complexe d'Œdipe » (1924, Le problème économique du masochisme)[7]. Selon Paul-Laurent Assoun, il se confronte « à rien que moins qu'à la Raison pratique kantienne », non sans manifester « une cinglante ironie » envers le philosophe, auteur de la sentence « qui nomme d'un même souffle le ciel étoilé et la loi morale (Sittengesetz) dans notre poitrine ». Freud rétorque : « si “les astres sont assurément grandioses”, en ce qui concerne la conscience Dieu a accompli un travail inégal et négligent, car une grande majorité de gens n'en a en elle qu'une quantité modeste ou si peu qu'il est à peine besoin d'en parler » (1933, trentième des Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse), ou encore : « Qu'est-ce que les corps célestes peuvent bien avoir à faire avec la question de savoir si un enfant des hommes en aime ou en tue un autre ? » (1933, trente-cinquième des Nouvelles Conférences)[8]. D'après Assoun, Freud voit dans le masochisme moral « le retournement “vers l'intérieur” de la “pulsion de destruction” » qui est un vecteur de la pulsion de mort [9]. On verrait les effets de ce surmoi « dur, cruel, impitoyable envers le moi surveillé par lui » dans « la “surmorale” (Übermoral) obsessionnelle », à rapprocher de ce fait de l'impératif catégorique kantien élevant en loi « cette morsure de la conscience »[9].

Après Freud : le surmoi kleinien[modifier | modifier le code]

Melanie Klein voit le surmoi à l’œuvre dès les stades pré-œdipiens[1].

Plus tard, elle ajoute à cette approche œdipienne et post-œdipienne de Freud une dimension précoce du surmoi, à laquelle Jacques Lacan rend hommage : « En nous montrant la primordialité de la « position dépressive », l'extrême archaïsme de la subjectivation d'un kakon, Mélanie Klein repousse les limites où nous pouvons voir jouer la fonction subjective de l'identification, et particulièrement nous permet de situer comme tout à fait originelle la première formation du surmoi[10]. » En effet, Melanie Klein désigne différentes couches dans la formation du surmoi, dont certaines liées à la toute première enfance, quand l'enfant craint les parents qui mordent et dévorent tout autant qu'il a lui-même envie de mordre et dévorer, ou craint d'être sali tout autant qu'il a envie de salir, et ainsi de suite[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le mot topique signifie lieu (du grec τόπος / tópos) et désigne des lieux psychiques distincts.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Laplanche et Pontalis 1984, p. 471.
  2. Chemama R., Vandermersch B., Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Larousse, 2009, p. 573
  3. a et b Donnet 2005, p. 1754.
  4. a b et c Roudinesco et Plon 2011, p. 1530.
  5. Alain Delrieu, Sigmund Freud : Index Thématique, Paris, Anthropos, , 1436 p. (ISBN 2-7178-3054-5, BNF 36695349), p. 1324
  6. Assoun 1995, p. 345-346.
  7. Assoun 1995, p. 346.
  8. Assoun 1995, p. 347-348.
  9. a et b Assoun 1995, p. 346-347.
  10. .Jacques Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, , 924 p. (BNF 35873064), p. 115
  11. Melanie Klein (trad. de l'anglais par Marguerite Derrida, préf. Nicolas Abraham et Maria Torok), Les stades précoces du conflit œdipien, Essais de psychanalyse, Paris, Payot, , 454 p. (ISBN 2-228-88144-9, BNF 37404088), p. 203

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Textes de référence[modifier | modifier le code]

Études sur le surmoi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]