Malala Yousafzai

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 9 mai 2017 à 00:49 et modifiée en dernier par Celette (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Malala Yousafzai
Description de cette image, également commentée ci-après
Malala Yousafzai à Strasbourg en novembre 2013.
Naissance (26 ans)
Mingora, Khyber Pakhtunkhwa (Pakistan)
Nationalité Drapeau du Pakistan Pakistanaise
Pays de résidence Pakistan puis Royaume-Uni
Profession
Lycéenne
Activité principale
Militante pour l'éducation
Distinctions
Prix national pour la paix (Pakistan)
Prix Simone de Beauvoir (France)
Prix Sakharov (Parlement européen)
Prix Nobel de la paix
Prix des droits de l'homme des Nations unies
Ascendants

Malala Yousafzai ou Malala Yousufzai (en ourdou : ملالہ یوسف زئی) est une militante pakistanaise des droits des femmes[1], née le à Mingora, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, où les talibans locaux interdisaient aux filles de fréquenter l'école.

Elle a vécu à Mingora, principale ville du district de Swat, dans le Nord-Ouest du Pakistan, une zone proche de l'influence des talibans. Symbole de la lutte pour l'éducation des filles et contre les talibans, elle a reçu plusieurs distinctions pakistanaises et internationales à la suite de ses prises de position alors que sa région était l'objet d'une lutte entre les talibans pakistanais et l'armée. Durant son enfance, Malala a écrit un blog sous le pseudonyme « Gul Makai » pour la BBC[2], racontant son point de vue sur l’éducation et sa vie sous la domination des Talibans. Elle a également été interviewée par la presse.

Le , elle est victime d'une tentative d'assassinat où elle est grièvement blessée, un attentat condamné par toute la classe politique du pays. Elle est transférée vers l'hôpital de Birmingham au Royaume-Uni le 15 octobre pour suivre un traitement plus poussé. Cette attaque conduit à une médiatisation internationale de Malala Yousafzai.

En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le Prix Nobel de la paix avec l'Indien Kailash Satyarthi, ce qui fait d'elle la plus jeune lauréate de l'histoire de ce prix[3].

Biographie

Enfance

Malala Yousafzai est en grande partie éduquée par son père, Ziauddin Yousafzai. Elle a deux frères plus jeunes qu'elle, Khushal et Atal[4]. Leur père est un poète et militant pour l'éducation, propriétaire d’une école.

Dès son plus jeune âge, elle souhaite étudier pour devenir médecin bien qu’encouragée par son père à devenir politicienne. À partir de 2008, elle commence à s’engager en faveur de l’éducation, alors qu’elle avait seulement 11 ans. Elle débute en 2009 son blog dans lequel elle parle de l’interdiction de l’existence d’établissement éducatif pour les filles, et de leur présence à l’école. À cette époque les talibans avaient déjà détruit certains de ces établissements. 

Prises de position

Une école pour filles dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, en 2011.

Malala Yousafzai se fait connaître du grand public début 2009, à 11 ans, par son témoignage intitulé Journal d'une écolière pakistanaise, sur un blog en ourdou de la BBC. C'est son père, Ziauddin Yousafzai, propriétaire d'écoles de filles dans la vallée de la Swat, qui la pousse à témoigner[5]. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle dénonce les violences des talibans qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat en 2007, incendient les écoles pour filles et assassinent leurs opposants[6],[7]. Elle apparaît alors en larmes dans une vidéo et dit vouloir devenir médecin. Lors de l'occupation talibane, sa famille quitte la région et se sépare. Elle sera de nouveau réunie en juillet 2009, après la seconde bataille de Swat.

Après la reprise de la vallée par l'armée pakistanaise, lors de la seconde bataille de Swat en mai 2009, elle est reconnue comme une héroïne et son nom est attribué à son école.

Son père est également connu pour ses prises de position anti-talibans et a soutenu une intervention de l'armée dans sa région. Le , il est nommé conseiller spécial de l'ONU pour l'éducation.

À partir de 2013, elle rencontre notamment la reine Elisabeth II et Barack Obama et intervient dans plusieurs régions du monde. Ainsi, elle fait connaitre son histoire et son opinion dans le monde entier. Le , à la tribune de l'ONU, Malala Yousafzai parle de l'accès à l'éducation pour les filles[8]. Elle y déclare notamment que « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie. »[9]. Ce plaidoyer est salué par une ovation debout de l'assemblée[10],[11].

À travers son combat, elle a créé la fondation Malala. Dès 2013, cette fondation commence à recevoir des dons destinés à la reconstruction d’écoles ou à l’amélioration des conditions de vie dans celles-ci. 

Tentative d'assassinat

La jeune fille a été attaquée en plein jour par des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaïda, devant son école de Mingora, la principale ville de la vallée de Swat (nord-ouest du Pakistan), reprise par l'armée aux rebelles en 2009.

"Malala Yousufzai rentrait de l'école en bus, quand deux hommes ont stoppé le véhicule. L'un d'eux avait un pistolet. Il est entré dans le bus et a demandé "qui est Malala Yosufzai"? Des filles l'ont montré du doigt et il lui a tiré dessus" témoigne un policier.

Blessures et hospitalisation

Un complexe médical de Saidu Sharif, le premier des quatre hôpitaux où Malala a été traitée.

Le , elle est victime d'une tentative d'assassinat par des talibans du Tehrik-e-Taliban Pakistan à la sortie de son école[1]. Très grièvement blessée au cou et à la tête, elle est transférée à l'hôpital de Saidu Sharif, puis à l'hôpital militaire de Peshawar par hélicoptère de l'armée. Alors que son transfert à l'étranger pour subir des opérations est évoqué, l'hôpital militaire annonce le 10 octobre vers 17 heures que la balle qui a traversé son crâne et son cou, a été retirée avec succès après cinq heures d'opération. Selon un médecin de l'hôpital, la balle a percé le crâne mais n'a pas touché le cerveau, alors que selon d'autres sources hospitalières, son cerveau a été affecté[12]. Malala restait alors inconsciente, et, vu son état préoccupant, l'armée précise qu'un avion se tient prêt à la transférer vers Dubaï. Le 11 octobre, elle est transférée dans l'hôpital militaire de Rawalpindi, mieux équipé[13].

Le 15 octobre, elle est finalement transférée vers l’hôpital de Birmingham au Royaume-Uni à bord d'un avion médicalisé fourni par les Émirats arabes unis, accompagnée d'une délégation de militaires pakistanais. Les médecins britanniques et internationaux parlent d'un long chemin vers la guérison, et mettent en avant leur importante expérience concernant les blessés de guerre, puisque l’hôpital soigne les soldats britanniques grièvement blessés en Afghanistan[14].

Le Malala Yousafzai quitte l'hôpital Queen Elizabeth de Birmingham afin de poursuivre sa rééducation à domicile, avant un éventuel retour pour une opération de reconstruction du crâne[15].

Réactions au Pakistan

Le chef de l'armée pakistanaise Ashfaq Kayani ainsi que l'un des meneurs de l'opposition Imran Khan se rendent à son chevet, de même que le Premier ministre Raja Pervez Ashraf[16].

L'agression est condamnée par le président Asif Ali Zardari, le gouvernement, le Parti du peuple pakistanais, parti au pouvoir et le principal meneur de l'opposition Nawaz Sharif[17] ainsi que par Imran Khan, qui s'oppose par ailleurs à la lutte armée contre les talibans. Une fatwa provenant de 50 religieux du Sunni Ittehad Council condamne également l'attaque[18].

L'attaque est revendiquée par le Tehrik-e-Taliban Pakistan qui menace de nouvelles attaques au cas où Malala Yousafzai survivrait[19]. Des théories du complot se répandent néanmoins dans la société et sur Internet, mettant en cause une manipulation de la CIA[20].

Enquête

Son agresseur s'enfuit après l'attaque et des recherches sont lancées peu après. Le ministre de l'Information de la province de Khyber Pakhtunkhwa, Mian Iftikhar Hussain, annonce une récompense de 10 millions de roupies pakistanaises (soit environ 80 000 euros) pour toute personne aidant à sa capture[13]. Au 13 octobre, quatre suspects ont été arrêtés à Mingora.

L’organisateur de l’attaque et coparticipant est identifié par la police comme un homme d'environ 30 ans, du nom d'Attaulah. Il a déjà été arrêté lors de la seconde bataille de Swat par l'armée et a été détenu en prison pendant trois mois, avant d'être libéré. Il serait aujourd'hui en fuite en Afghanistan, selon les autorités. Ces dernières identifient Maulana Fazlullah, chef du TNSM, comme en étant le commanditaire[21].

Hommages et distinctions

Malala Yousafzai à la Maison-Blanche, le 11 octobre 2013.
Martin Schulz, remet le prix Sakharov à Malala Yousafzai au Parlement européen de Strasbourg le 20 novembre 2013.

En 2009, elle est nommée au prix international des enfants pour la paix de la fondation[22],[23].

Le , elle reçoit le premier prix national de la jeunesse pour la paix du gouvernement pakistanais, des mains du Premier ministre Youssouf Raza Gilani. Elle évoque alors la création d'un parti politique. Cette distinction est par la suite renommée « prix Malala »[24].

En décembre 2012, Malala Yousafzai reçoit le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2013[25].

Le 12 juillet 2013, pour ses 16 ans, l’ONU a créé l’évènement Malala Day pour défendre l’éducation dans le monde et en particulier celle des filles. À cette date, Malala a fait son premier discours en public au siège de l’ONU depuis la tentative d’assassinat. En septembre 2013, à Dublin, elle reçoit le prix le plus prestigieux d'Amnesty International, l'organisation de défense des droits de l'homme[26].

Le , à Strasbourg, elle reçoit le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit du Parlement européen[7],[27],[28].

La même année, elle est citée parmi les favoris pour le prix Nobel de la paix[29] qui est obtenu par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC)[30]. Avant l'annonce du prix, sur la radio pakistanaise City89 FM, la jeune femme disait elle-même : « Je n’ai pas accompli tant de choses que ça pour gagner le prix Nobel de la paix. »[31]. Lors de l'annonce du prix, dans un communiqué, elle félicite l'organisation : « L'OIAC est une organisation importante qui travaille sur le terrain pour débarrasser le monde des armes chimiques. Je voudrais les féliciter pour cette reconnaissance internationale bien méritée. »[32].

Cette même année 2013, elle reçoit le Prix des droits de l'homme des Nations unies et le Prix international de Catalogne.

Le , le prix Nobel de la paix lui est co-attribué[33],[34].

En 2015, elle fait l’objet d’un documentaire « Je m’appelle Malala » évoquant son enfance. Il a été tourné pendant 18 mois, dans différents pays.

Une icône médiatique

Malala Yousafzai au Parlement européen.

Dès 2013, le quotidien Le Monde souligne que Malala Yousafzai est devenue une véritable icône en Occident[5]. Dès son arrivée au Royaume-Uni, elle a bénéficié du soutien de stars internationales comme Angelina Jolie[35] ou d'hommes politiques comme Gordon Brown. Son livre, Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans, est lancé dans 21 pays simultanément en octobre 2013. La presse et la télévision britannique et américaine lui consacrent alors des articles et des émissions. De fait, elle a été prise en charge gratuitement par une grande agence de communication britannique, Edelman, dans laquelle cinq agents travaillent pour elle à plein temps[5].

Sa notoriété internationale suscite vite des polémiques dans son pays. Certaines voix au Pakistan dénoncent son « instrumentalisation » par des forces étrangères regrettant que Malala ne parle pas des drones américains tuant des enfants dans les zones pachtounes frontalières. Les sympathisants des talibans vont même jusqu'à dire qu'elle a été « kidnappée par les forces anti-islam en Occident ». À l'inverse, les libéraux pakistanais, minoritaires dans le pays, prennent sa défense. Ainsi la romancière Bina Shah s'indigne dans le quotidien Dawn que « les Pakistanais tendent à se retourner contre les personnes dont ils devraient être fiers »[36]. En octobre 2013, reçue à la Maison blanche, Malala demande à Barack Obama de cesser les attaques de drones dans les régions frontalières du Pakistan[37],[38].

Cette même année, une pétition au nom de Malala a été lancée pour l’éducation pour tous dans le monde entier avant fin 2015. Malala Yousafzai fait actuellement partie des 100 personnes les plus influentes au monde d’après le magazine Time. 

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Vidéographie

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. a et b « Malala, militante de 14 ans, survit par miracle à une attaque des talibans », sur Le Monde,
  2. Le Point, magazine, « "Je m'appelle Malala": un documentaire sur la Prix Nobel de la Paix », sur Le Point, (consulté le )
  3. « Le prix Nobel de la paix attribué à la Pakistanaise Malala Yousafzai et à l'Indien Kailash Satyarthi », sur Libération.fr,
  4. (en) Rebecca Thomas, « Malala Yousafzai: Her father's daughter », sur bbc.co.uk, (consulté le ).
  5. a b et c Eric Albert, « Comment Malala Yousafzaï est devenue une icône », sur Le Monde,
  6. (en)« Diary of a Pakistani schoolgirl », sur BBC News,
  7. a et b Hélène Sallon, « La jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï obtient le prix Sakharov », sur Le Monde,
  8. (en)« The text of Malala Yousafzai’s speech at the United Nations », sur A World At School,
  9. « Malala à l'ONU : « Les extrémistes ont peur des livres » », sur Le Monde,
  10. Louise Chabot, « Malala Yousafzai et l'accès à l'éducation des filles : une lutte mondiale », sur Le Huffington Post,
  11. « ONU: vibrant plaidoyer de Malala Yousafzai en faveur de l'éducation pour tous », sur ONU,
  12. (en)« Malala Yousufzai's brain damaged in Taliban attack in Pakistan, surgeon says », sur CBS News,
  13. a et b « Pakistan: la militante anti-taliban transférée dans un hôpital près d'Islamabad », sur L'Obs,
  14. (en)« Bogus ‘family’ turned away from Malala’s UK hospital », sur The Express Tribune,
  15. « La collégienne pakistanaise blessée par les talibans a quitté l'hôpital », sur Libération.fr,
  16. « Afghanistan : les élèves prient pour Malala, la jeune militante anti-talibans », sur Le Parisien,
  17. (en) Malala Yousufzai in critical condition sur The News Tribe, le 9 octobre 2012.
  18. (en)Jon Boone, « Malala Yousafzai: 'fatwa' issued against gunmen », sur The Guardian,
  19. (en)« If Malala survives, we will target her again : Taliban », sur The Express Tribune,
  20. « Théorie du complot au Pakistan : Malala, créature de la CIA ? », sur Rue 89,
  21. (en)« Malala's attacker was held, freed in 2009: Sources », sur The Express Tribune,
  22. (en)« Kidsrights: International Childrens Peace Prize 2013 adwarded to Malala Yousafzai », sur Kids Rights International,
  23. (en)« Malala Yousafzai, teen shot by Taliban, gets kids' peace prize », sur CBC News,
  24. Sumera Khan, « National peace prize named after Malala Yousafzai », sur The Express Tribune,
  25. « Le prix Simone de Beauvoir à la jeune Malala Yousafzai », sur TV5 Monde,
  26. « La jeune Malala auréolée du plus prestigieux prix d'Amnesty International », sur RTL.fr,
  27. « La jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï reçoit le prix Sakharov », sur Le Soir,
  28. Kahina Sekkai, « Malala décroche le prix Sakharov », sur Paris Match,
  29. « Favorite pour le Nobel de la paix, Malala Yousafzai veut devenir femme politique », sur Le Monde,
  30. Faustine Vincent, « Nobel de la paix à l'OIAC: «Ce prix récompense un travail mené discrètement depuis des années» », sur 20 Minutes.fr,
  31. « Les favoris du Nobel de la paix (cherchez l'intrus) », sur Libération.fr,
  32. « Nobel de la paix : Malala félicite l'OIAC », sur Le Figaro.fr,
  33. Nathalie Lacube, « Malala Yousafzai, 17 ans, un Nobel pour les droits des enfants », sur La Croix,
  34. Kahina Sekkai, « Malala reçoit le prix Nobel de la Paix », sur Paris Match,
  35. « L'hommage d'Angelina Jolie à Malala », sur Gala,
  36. Frédéric Bodin, « Malala : « Je veux l'éducation pour les fils et les filles de tous les terroristes » », sur Le Monde,
  37. « Malala reçue par les Obama », sur Paris Match,
  38. « Malala Yousafzaï accueillie à la Maison-Blanche », sur La Presse.ca,