Camille Hilaire

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Camille Hilaire
Camille Hilaire dans les années 1980.
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FourgesVoir et modifier les données sur Wikidata
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Claude Hastaire
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Camille Hilaire né à Metz le et mort le à Fourges[1] est un peintre, lithographe, vitrailliste, tapissier et mosaïste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Camille Hilaire naît en 1916 à Metz pendant l'annexion allemande[2]. Issu d'un milieu modeste, il devient d'abord peintre en bâtiment, puis commence à dessiner et à peindre sur le motif. En 1934, il épouse Anne-Marie Reslinger avec qui il aura une fille, Jeannine.

À cette époque, il fréquente la bibliothèque de la ville pour y copier Holbein ou Dürer. Son travail est remarqué par Jean Giono et Nicolas Untersteller (futur directeur des Beaux-Arts de Paris) qui l'accueille dans son atelier de peinture à Metz[3]. Hilaire y rencontre le gouverneur de la ville, le général de Sainte-Croix, qui intervient afin qu'il puisse effectuer son service militaire à Paris.

Peu après, Camille Hilaire est mobilisé et participe courageusement à la campagne de France, à l'issue de laquelle il est fait prisonnier. Il s'évade et rejoint Paris au début de 1941. En 1942, il épouse Simone Jance en secondes noces. Ne voulant pas être incorporé de force par l'armée allemande en tant qu'Alsacien-Lorrain, il choisit la clandestinité et s'inscrit sous un faux nom, Leblanc, aux Beaux-Arts de Paris durant les années de l'Occupation, élève de Nicolas Untersteller et de Maurice Brianchon tout en fréquentant l'académie d'André Lhote, avec qui il se lie d'amitié. Jeune admirateur d'Albrecht Dürer, qui influencera son trait sûr et incisif, et marqué par la luminosité des maîtres italiens, Camille Hilaire commence à exposer aux différents Salons parisiens.

En 1947, Hilaire est nommé professeur de dessin et de composition décorative à l'École nationale supérieure d'art de Nancy, poste qu'il conservera jusqu'en 1958[3]. Il concourt au prix de Rome en 1950[4] et remporte le 2e second grand prix[5].

Poursuivant ses recherches artistiques, il s’essaie à de nouvelles techniques, l'aquarelle, le vitrail, ou encore la tapisserie. Il est nommé professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1958. Son métier (il réalise alors des maquettes pour la Manufacture nationale de Sèvres[3]) lui permet de voyager et d'exposer. Hilaire a nourri son talent de ces voyages, tout au long du siècle, son œuvre peint ou tissé en exprime la beauté et la diversité, de Venise à la Normandie, qu'il affectionnait particulièrement, du Havre à Thionville.

Il meurt dans sa propriété située à Fourges, dans l'Eure (Normandie) et est enterré au cimetière de l'Est (Metz) en 2004[2].

Famille[modifier | modifier le code]

De son union avec Simone Jance-Hilaire, Camille Hilaire a quatre enfants : Christiane, Pascale, Claude, peintre connu sous le nom de Hastaire, et Florence, artiste-peintre connue sous le nom de Cantié-Kramer.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Alternant entre post-cubisme et figuration, ses œuvres aux couleurs éclatantes, sont lumineuses[2]. Camille Hilaire représenta l'expression nuancée de la composition. Ainsi, partant de structures efficaces, il détint le pouvoir par la couleur et obtint une admirable et constante sensation de calme, d'ampleur, de grandeur en traduisant les motifs et les éléments, ce qui ne l'empêcha jamais d'exprimer une brûlante passion de création et de partage. Remarquables étaient ses nus aux courbes parfaites, lovés avec charme et placés en un environnement où leur plénitude sensuelle s'imposa en grâce provocante.

Quant aux paysages, Hilaire savait en dicter la structure sans contrainte apparente, leur déposant ce vert frais et piquant qui le caractérisa bien souvent. Ainsi, nature et éléments devenaient-ils un prétexte où l'artiste pousse la couleur jusqu'à obtenir l'effet ressenti. Quant aux tapisseries, tout son métier de graphiste et sa volonté de chercher se confondaient en œuvres splendides qui sollicitent constamment le regard grâce à leur réussite technique d'une pure harmonie et qui ont représenté l'artiste tout aussi bien que ses lithographies, d’un aboutissement étonnant[6].

Église Sainte-Anne de Nancy.

L'un des murs intérieurs de la cantine du collège Georges de la Tour situé place du Roi-George à Metz, est orné d'une fresque bucolique, impressionnante par sa taille et sa beauté, peinte par Camille Hilaire. Elle a été sauvegardée lors de la modernisation récente du bâtiment. Il a également conçu les vitraux des églises Sainte-Anne de Nancy (posés en 1964), Saint-Pien-Saint-Ag.

Postérité[modifier | modifier le code]

Une dizaine de monographies lui a été consacrée, ainsi que des reportages et des films. Il laisse une œuvre de grande ampleur, marquée du sceau de la séduction, dans ce qu'elle suppose de plus exigeant. Hilaire a fortement marqué la peinture française de la moitié du XXe siècle.[réf. nécessaire]

Le comité Camille Hilaire créé par son fils Claude Hastaire est aujourd'hui composé de quatre membres fondateurs (Pascale Hilaire, Florence Hilaire, Christophe Berteaux et Alexandre Gaubert). Ce comité est à ce jour la seule autorité habilitée à expertiser et délivrer les certificats d’authenticité des œuvres de l’artiste. Il est garant de l’intégrité et de la protection des archives.

Réception critique[modifier | modifier le code]

« Hilaire, peintre complet et réfléchi, pénètre profondément les masses d'une rayonnante lumière, recomposant l'arc-en-ciel dans son intensité. Il poursuit ainsi l'effort cézannien, pour retrouver l'architecture de la matière qu'il nous suggère par une atmosphère chaude, rayonnante de joie. »

— Raymond Charmet[7]

« Il exprime une certaine gaieté qui lui est naturelle par l'emploi des couleurs pures et le choix des sujets : plages, musiciens, personnages dans les coulisses, rivières, ports, femmes devant leurs miroirs. Élève d'André Lhote, il a le souci de la construction et peint toutes ses toiles selon un tracé fourni par le "nombre d'or". Il respecte l'anatomie des personnages et la structure des objets qu'il représente, mais il traduit librement les effets de lumière et de couleur. Il donne aux ombres un caractère géométrique et entoure les formes d'un halo de contour précis... Tout en montrant toujours un grand souci de remplir d'éléments géométriques toutes les parties du tableau, il jette sur la plupart un voile léger obtenu par l'adoucissement des contrastes colorés. »

— Revue Connaissance des arts[8]

« Également à l'aise lorsqu'il peint un verger, des jardins tropicaux ou une fille aguichante, Camille Hilaire est un superbe jouisseur de la palette. Je ne saurais trouver univers pictural plus éloigné du mien que celui de cet infatigable chantre du plaisir de vivre. D'une sensualité effrénée mais saine, ses filles à voilettes, et qui seraient tout à fait nues sans les discrets ajouts suggestifs de mini-sous-vêtements dont la noirceur exalte l'éclat des chairs opulentes qu'ils retiennent, sont de belles plantes épanouies et ne demandant qu'à s'ouvrir davantage en vue d'enivrements partagés. Rien de vicieux en tout cela. Et, ce que de loin j'estime être le plus important, la qualité de la peinture est permanente. Une touche très franche, des stylisations dont la fréquente hardiesse ne nuit pas à la vie, des rapports souvent audacieux, sans jamais être vulgaires, même au comble d'une périlleuse intensité colorée. »

— Michel Ciry[9]

« La sûreté de la distribution de la couleur dans une toile d'Hilaire donne l'impression d'être soutenue par un dessin qu'on ne voit pas mais qui n'en est pas moins très ferme et qu'il y a, sous-jacente, une sorte de volonté géométrisante ; chez cet artiste, la souplesse, la fluidité, l'élan de la couleur reposent sur un tracé linéaire dont il est certainement tout à fait conscient. Quelquefois même, cet invisible tracé s'impose impitoyablement : le tronc des arbres a la simplicité robuste et l'élan contenu des piliers de marbre d'un temple, les branches sont les rayons parallèles d'un orage de noirceur et, surtout, derrière bla suavité du corps de la femme, la cheminée de marbre sombre ou le miroir solidement encadré introduisent une géométrie qui semble un impérieux rappel à l'ordre et à l'austérité. »

— Marc Blancpain[3]

« Cet artiste "qui attaque la réalité avec la puissance d'un bulldozer", dit Félicien Marceau, est un constructeur qui scande ses compositions avec autorité : un rythme interne et discret conduit avec souplesse les lignes de force de cette symphonie de couleurs aux contrastes énergiques, équilibrés par une fougue savamment freinée. »

— Gérald Schurr[10]

Récompenses[modifier | modifier le code]

  • Prix de Venise, 1949.
  • Prix Antral, 1950.
  • Deuxième second grand prix de Rome en peinture, 1950.
  • Prix de la Casa Velasquez, 1950.
  • Prix de la Société des amateurs d'art, 1958.
  • Prix de la ville de Dunkerque, 1962.
  • Prix de l'Académie Jacques Boitat, Barbizon, 1967.
  • Prix international du Gemmail, 1969.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Livres illustrés[modifier | modifier le code]

  • Lueurs dans les ténèbres, textes d'Irma Schweitzer, illustrés par Camille Hilaire et Solange Bertrand, Éditions Paul Even, 1947.
  • Metz pour nous deux, textes de Georges Coanet, illustrés par 6 aquarelle originales reproduites, Éditions Paul Even, 1954.
  • Femmes, textes de Armand Lanoux, illustrés de 12 lithographies originales signées. Éditions La Diane Française, 1972.
  • Poèmes libres, poèmes de Pierre Louÿs, illustrés de 12 compositions originales signées. Éditions de l'ibis, 1973.
  • Le Cirque, textes de Françoise Mallet-Joris, illustrés de 15 lithographies originales signées. Éditions Robert Mouret, 1974.
  • Où passent nos rivières, textes de Pierre Schmitt, illustrés de 20 lithographies originales signées. Éditions Publitotal, 1975.
  • La Normandie, textes de Pierre Gascar, illustrés de 15 lithographies originales signées. Éditions Robert Mouret, 1976.
  • Jardins, poèmes de Guillaume d'Aquitaine à Raymond Queneau, illustrés de 12 lithographies originales signées. Éditions Les Bibliophiles de l'Est, 1977.
  • Méditerranéennes, textes de Roger Peyrefitte, illustrés de 12 lithographies originales signées. Éditions la Topaze, 1994.

Mosaïques[modifier | modifier le code]

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Vitraux[modifier | modifier le code]

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Tapisseries[modifier | modifier le code]

Décors et costumes de théâtre[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • Galerie Vallotton, Paris, 1951.
  • Galerie Berri-Lardy, Paris, décembre 1957[8], 1961, 1965.
  • Galerie Moderne, New-York, 1957, 1961.
  • Galerie Artisana, Genève, 1958.
  • Galerie 65, Cannes, 1960, 1971, 1973.
  • « Camille Hilaire - Cartons de tapisseries », galerie de Paris, Paris, 1968[12].
  • « Camille Hilaire - Rétrospective », palais de la Méditerranée, Nice, 1971, 1975, 1977.
  • Galerie du Théâtre, Genève, 1969.
  • Galerie des Chaudronniers, Genève, 1976, 1979.
  • Casino Kursaal, Ostende, 1979.
  • Château de Vascoeuil, 1980.
  • Prieuré d'Airaines, 1982.
  • Tokyo, Osaka, Kagoshima, Sapporo, Kobe, 1982.
  • Galerie Alain Daune, Paris,1984
  • Château de Val, 1987.
  • Château des Villeneuve, Vence, 1990.
  • Musées de Metz, 1991.
  • Château du Croc, Orléans, 1994

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Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Collections[modifier | modifier le code]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Collections particulières référencées[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Fiche Who's Who.
  2. a b et c « Camille Hilaire », in Gravissime : Lorraine, terre de graveurs : 30 noms pour une histoire (bm.mairie-metz.fr en ligne).
  3. a b c d et e Marc Blancpain, Hilaire, éditions Alain Daune, 1985.
  4. Charges des logistes du prix de Rome 1950, collection Joyet-Deloron.
  5. Association de La Grande Masse des Beaux-Arts, « Grand Prix Rome Peinture 1864-1968 Le fil d'Actu - Grande Masse des Beaux-Arts », sur grandemasse.org (consulté le ).
  6. André Ruellan, critique d'art.
  7. Raymond Charmet, « Hilaire », revue Arts, 18 avril 1956.
  8. a et b « Les peintres dans les galeries contemporaines - Les coups de brume de Hilaire », Connaissance des arts, no 70, , p. 157.
  9. Michel Ciry, La chute des âmes - Journal 1984-1985, Librairie Plon, 1986, p. 160.
  10. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 430.
  11. Orne désormais la salle du conseil municipal de Plappeville.
  12. Camille Hilaire, « interview à propos de son exposition à la galerie de Paris », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 21 janvier 1968.
  13. Pierre Descargues (préface), Premier Salon des Jeunes Peintres - Catalogue, éditions de la Galerie des Beaux-Arts, Paris, .
  14. Jean Bouret, « Gouaches et monotypes », Les Lettres françaises, .
  15. Farah Pahlavi, Mehrdad Pahlbod et Édouard Georges Mac-Avoy (préface et avant-propos), Première exposition internationale des arts de Téhéran, catalogue d'exposition, 1974
  16. René Salmon (préface), Panorama de la peinture contemporaine, éditions de la ville de Sotteville-lès-Rouen, 1980.
  17. Musée d'art de Pully, De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki - Le fonds d'estampes Cailler, dossier de presse, 2013
  18. a et b « Composition avec trois danseuses », notice no 00160016850, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  19. David Colling, « Acquisitions du Musée Gaspar par l'Institut archéologique du Luxembourg et la Ville d'Arlon au cours du deuxième semestre 2021 », Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique du Luxembourg, vol. 98, nos 1-2,‎ , p. 60

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Rey, Hilaire, Éditions Marcel Chassard, 1957.
  • Renée Moutard-Uldry, La Tapisserie française et les peintres cartonniers, Gallimard, 1957.
  • Jean Cassou, Arts français d'aujourd'hui, Les Cahiers de la peinture, 1960.
  • Raymond Nacenta, The School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, 1960.
  • Pierre Gascar, Hilaire, Éditions Pierre Cailler, 1961, 1964.
  • Gisèle d'Assailly et Jacques Ménétrier, Paroles en couleurs, avec Paul Charlot, Camille Hilaire, Jean Marzelle, Marcel Mouly, Daniel Ravel, Maurice-Elie Sarthou, Claude Schürr, Éditions René Julliard, 1963.
  • Hilaire - œuvre tissé, préface d'Armand Lanoux, édité par la galerie Verrière à Lyon, 1970.
  • Gérard Mourgue, Hilaire, Éditions Michèle Trinckvel, 1975.
  • Sanjiro Minamikawa, Ces maîtres dans leur atelier, Asahi Sonorama, Japon, 1980.
  • Hilaire - Vision sur l'estampe, Éditions Vision Nouvelle, 1982.
  • Marc Blancpain, Hilaire, Éditions Alain Daune, 1985.
  • Caroline Larroche, Hilaire - Aquarelles, Éditions Connivences, 1989.
  • Caroline Larroche, Hilaire - Dessins, Éditions Connivences, 1989.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
  • Henri Claude, Hilaire, Éditions Serge Domini, 2010.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Métamorphoses ou Hilaire et la maison des champs, Henri Raschlé, 1973.
  • Les Yeux fertiles, FR3 Nancy, 1978.

Liens externes[modifier | modifier le code]