Missile M1

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M1
Missile M1
La Une du no 64 d'Échos Sud-Aviation, novembre 1969, avec photo d'un corps de rentrée d'un missile M1.
Présentation
Type de missile Missile mer-sol balistique stratégique
Déploiement 1971
Caractéristiques
Masse au lancement 20 t
Longueur 10,67 m
Diamètre 1,49 m
Portée 2500 km
Charge utile tête nucléaire MR 41 de 1360 kg
Plateforme de lancement Classe Le Redoutable

Le M-1 est le premier missile balistique français à portée intermédiaire lancé depuis un sous-marin nucléaire lanceur d'engins. Il est équipé d'une seule tête nucléaire MR 41.

Développement

Le programme des Pierres précieuses (1961-1965)

Les fusées du programme des Pierres précieuses

Pour permettre la mise au point des missiles M1, S2 et du lanceur Diamant, le SEREB, lance en 1961 le programme des « Études balistiques de base » (EBB), dits des « Pierres précieuses ». Le missile balistique doit pouvoir emmener une tête dotée d'une charge nucléaire d'une puissance de 1,5 mégatonne à 3 500 km[1]. Le développement industriel est confié principalement aux sociétés Nord-Aviation et Sud-Aviation.

Entre 1961 et 1965, toutes les connaissances nécessaires pour la réalisation d'un missile à longue portée ainsi que d'un lanceur de satellite sont méthodiquement acquises. Plusieurs fusées sont conçues chacune étant chargée de mettre au point séparément un ou plusieurs équipements [2] :

  • Les fusées Aigle et Agate (8 tirs tous réussis) permettent de mettre au point les systèmes de télémesure et les installations au sol (1961 à 1963).
  • Les fusées Topaze (14 tirs dont 1 échec) qualifient le deuxième étage, les systèmes de guidage et de pilotage ainsi que le profil de la tête de rentrée du missile (1962 à 1965).
  • Les fusées Émeraude (5 tirs dont 3 échecs) valident le fonctionnement du 1er étage en particulier la tuyère orientable et des dispositifs de guidage (1964 à 1965).
  • Les fusées Saphir (3 tirs dont ¹⁄₂ échec + 6 tirs au missile) permettent de tester l'intégration 1er et 2e étage, et le guidage du missile pour les premiers étages (1965 à 1967).
  • Les fusées Rubis (6 tirs de qualification dont 2 échecs) qualifient le 3e étage de la fusée Diamant, la séparation de la coiffe et du 3e étage ainsi que le système de stabilisation et les procédures de suivi de satellisation (1964 à 1967).

Diamant BP4

Cette version de la fusée Diamant comporte un deuxième étage à poudre plus puissant permettant de gagner environ 10 % sur les performances du lanceur. Trois lancements réussis sont effectués en 1975, mettant un total de quatre satellites en orbite. Le deuxième étage dérive du missile mer-sol balistique stratégique M1. Avec une longueur de 2,28 mètres et un diamètre de 1,5 mètre, il développe une poussée de 180 kN pendant 55 secondes.

Les ogives nucléaires

L'arme utilisé pour le missile M1 est un engin à uranium hautement enrichi et fission dopée avec du tritium d’une puissance de 500 kt, le MR 41[3]. Quarante-huit charges sont fabriquées pour un nombre identique de missiles. Les ogives entrent en service en et leur retrait s'effectue en 1979.

Conséquences

Dans le cadre du programme des missiles M1, S2 et du lanceur spatial Diamant, les principaux acteurs industriels français de l'aéronautique acquièrent la connaissance qui leur permettra de faire jeu égal avec les Américains dans le domaine des lanceurs classiques dans le cadre du programme Ariane : les établissements de la future Aérospatiale pour le corps des fusées, Snecma pour la propulsion, Matra pour la case à équipements, SFENA et SAGEM pour la centrale à inertie. Des organismes de recherche comme l'ONERA (aérodynamique, propulsion), le CNET et le CNRS participent en amont aux études de conception des missiles, du lanceur et des satellites.

Déploiement

Étudié et développé à partir des années 1960 par Sud-Aviation, le missile M1 sera mis en service en 1971 alors que Sud-Aviation est devenue aerospatiale. Cet engin a deux étages et a comme carburant du polybutadiène hydroxytéléchélique. Il a été déployé sur les quatre premiers sous-marins de la classe Le Redoutable.

Notes et références

  1. Caractéristiques annoncées par le ministère des Armées Pierre Messmer le 27 juin 1960
  2. « Site de “Nos premières années dans l’espace” par ceux qui y étaient Le programme Pierres Précieuses »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  3. Bombes et têtes nucléaires françaises retirées du service, Observatoire des armes nucléaires françaises [1]

Bibliographie

  • aerospatiale 06, mensuel de l'établissement de Cannes, paru de 1982 à 1998.
  • France Durand-De Jongh, De la fusée Véronique au lanceur Ariane une histoire d'hommes 1945-1979, Editions Stock, (ISBN 2-234-04659-9)
  • Sylvie Moncieu (dir.), Alain Coursier (rédacteur) et al., 80 ans de passion, le site de Cannes de 1919 à 1999, Éditions Version latine, , 111 p.
  • La saga des missiles européens (1945-2005), Guillaume Belan, Patrick Mercillon, Paris, éditions TTU-Certes, 2005
  • Hervé Moulin, « La France dans l’Espace 1959-1979 Contribution à l'effort spatial européen », sur Agence spatiale européenne, (consulté le )
  • Philippe Varnoteaux, L'aventure spatiale française, Nouveau Monde Edition, , 432 p. (ISBN 9782369421573)

Articles connexes

Liens externes