Matrix (film)

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Matrix
Description de cette image, également commentée ci-après
« Réveille-toi Neo... Tu es dans la matrice... Suis le lapin blanc... Toc Toc Neo. »
Titre québécois La Matrice
Titre original The Matrix
Réalisation Les Wachowski
Scénario Les Wachowski
Acteurs principaux
Sociétés de production Warner Bros.
Village Roadshow Pictures
Groucho II Film Partnership
Silver Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Australie Australie
Genre Science fiction
Durée 136 minutes
Sortie 1999

Série

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Matrix (en France) ou La Matrice (au Québec et au Nouveau-Brunswick) (The Matrix) est un film australo-américain de science-fiction[1] de type « cyberfilm »[2]. Il est écrit et réalisé par les Wachowski et sorti en 1999.

Il dépeint un futur dystopique dans lequel la réalité perçue par la plupart des humains est en fait une simulation virtuelle appelée « Matrice », laquelle est créée par des machines douées d'intelligence afin d'asservir les être humains, à leur insu, et de se servir de la chaleur et de l'activité électrique de leur corps comme source d'énergie. Le programmeur informatique Neo apprend cette vérité, c'est le début d'une rebellion.

Le film est classée dans la catégorie cyberpunk, un sous-genre de la science-fiction[3]. Les exégètes y voit des références à des concepts et œuvres philosophiques et religieuses, en particulier à l'Allégorie de la caverne de Platon[4], à Simulacres et simulation de Jean Baudrillard[5] voire aux Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll[6]. D'autres y ont surtout vu une « métaphore particulièrement adaptée à toutes les thèses affirmant que la réalité est cachée », autrement dit au complotisme[7].

Matrix a popularisé le bullet time, un effet visuel dans lequel la progression des personnages est perçue au ralenti tandis que la caméra paraît se déplacer à vitesse normale. Les scènes d'action indiquent l'attrait des auteurs pour l'animation japonaise[8] et les films d'arts martiaux. L'utilisation de combats chorégraphiés (en) et du wire fu issus du cinéma d'action hongkongais a eu une influence sur les productions cinématographiques hollywoodiennes ultérieures.

Le film est un succès au box-office, il totalise 460 millions de dollars de recettes dans le monde. Il est très bien reçu par la critique américaine[9],[10] et remporte quatre Oscar (effets visuels, montage, son), ainsi que d'autres récompenses, telles que des BAFTA et des Saturn Awards. Les critiques le trouvent particulièrement divertissant et apprécient ses effets visuels innovants. Il est considéré comme l’un des films de science-fiction les plus importants de son époque[11],[12], mentionné comme tel dans la liste établi par Wikipédia[13],[14],[15]. En 2012, il entre au National Film Registry[16].

Matrix est le premier volet de la trilogie Matrix qui se poursuivra avec Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, sortis en 2003. Des produits dérivés apparaissent dans le domaine de la bande dessinée, du jeu vidéo et du court-métrage d'animation.

Synopsis

Thomas A. Anderson (Keanu Reeves), un jeune informaticien connu dans le monde du hacking sous le pseudonyme de Neo[17], est contacté via son ordinateur par ce qu’il pense être un groupe de hackers. Ils lui font découvrir que le monde dans lequel il vit n’est qu’un monde virtuel dans lequel les êtres humains sont gardés inconsciemment sous contrôle.

Morpheus (Laurence Fishburne), le capitaine du Nebuchadnezzar, contacte Néo et pense que celui-ci est l’Élu qui peut libérer les êtres humains du joug des machines et prendre le contrôle de la matrice (selon ses croyances et ses convictions).

Fiche technique

Coproducteur : Dan Cracchiolo
Producteurs délégués : Bruce Berman, Andrew Mason, Barrie M. Osborne, Erwin Stoff, Les Wachowski
Producteurs associés : Carol Hughes et Richard Mirisch

Distribution

Sources et légende : Version française (VF) sur AlloDoublage[18]

Production

Développement

En 1994, les Wachowski présentent le script d’Assassins à la Warner. Le président de la production de l'époque, Lorenzo di Bonaventura, lit le script et en achète les droits, ainsi que ceux de deux autres scénarios des Wachowski : Bound et Matrix. À la suite du succès critique de Bound, première réalisation des Wachowski, ils parviennent à monter le projet Matrix[19].

Le producteur Joel Silver est venu demander aux studios Warner de produire le premier volet de Matrix, ces derniers n'ont accepté de le financer que sur la base d'un accord de distribution exclusive[réf. souhaitée] avec sa société de production Silver Pictures. De plus, Matrix étant dès le départ prévu comme une trilogie[20],[21], ils acceptèrent d'envisager de produire deux suites[réf. souhaitée] pour la vidéo en cas de succès.

Distribution des rôles

Le rôle de l'Agent Smith a été proposé à l'acteur français Jean Reno[22], qui l'a décliné pour tourner le film Godzilla[23]. Will Smith a été envisagé pour incarner Néo, mais il a refusé le rôle pour tourner le film Wild Wild West[24]. Il indique qu'il n'était pas convaincu par le pitch[25] et qu'il aurait joué le rôle moins bien que Keanu Reeves[25],[26].

D'autres rumeurs ont entouré le choix de l'acteur pour le rôle de Neo, avec les noms de David Duchovny, Leonardo DiCaprio et Johnny Depp[27], mais aussi de Brad Pitt et Ewan McGregor[27],[28]. Val Kilmer a été envisagé pour jouer Morpheus et Jada Pinkett Smith pour Trinity[28].

Tournage

Le tournage a duré 25 semaines (118 jours, soit une moyenne de 1 minute et 8 secondes de film par jour) et s'est déroulé, pour l'essentiel, à Sydney en Australie[28], aux Fox Studios Australia ainsi que dans plusieurs quartiers de la ville. Certains plans extérieurs ont été tournés à Nashville, dans le Tennessee, et San Francisco, en Californie.

Certains décors du film Dark City (Alex Proyas, 1998) sont réutilisés pour Matrix, notamment lors de la poursuite nocturne sur les toits d'immeubles où Trinity tente d'échapper aux agents[28].

Musique

The Matrix: Music from the Motion Picture

The Matrix:
Music from the Motion Picture

Bande originale de divers artistes
Sortie [29]
Durée 62:36
Genre rock, rock alternatif, nu metal
Producteur Guy Oseary, Russ Rieger
Label Warner Bros. / Maverick
Critique

Bandes originales de Matrix

Cet album constitue la bande originale du film, composée de chansons de plusieurs groupes et artistes de rock comme Marilyn Manson, Rob Zombie, Rage Against the Machine ou encore Rammstein.

Liste des titres
  1. Rock Is Dead de Marilyn Manson – 3:11
  2. Spybreak! (Short One) de Propellerheads – 4:00
  3. Bad Blood de Ministry – 5:00
  4. Clubbed to Death (Kurayamino Mix) de Rob D – 7:26
  5. Prime Audio Soup de Meat Beat Manifesto – 6:17
  6. Leave You Far Behind de Lunatic Calm – 3:13
  7. Mindfields de The Prodigy – 5:40
  8. Dragula (Hot Rod Herman Remix) de Rob Zombie – 4:37
  9. My Own Summer (Shove It) de Deftones – 3:34
  10. Ultrasonic Sound de Hive – 4:54
  11. Look to Your Orb for the Warning de Monster Magnet – 4:42
  12. Du Hast de Rammstein – 3:54
  13. Wake Up de Rage Against the Machine – 6:04

Certaines chansons présentes dans le film n'apparaissent pas sur l'album : Dissolved Girl de Massive Attack, Plasticity de Plastikman, Minor Swing de Django Reinhardt et I'm Beginning to See the Light de Duke Ellington.

The Matrix: Original Motion Picture Score

The Matrix:
Original Motion Picture Score

Bande originale de Don Davis
Sortie [30]
Enregistré Newman Scoring Stage (Los Angeles)
Durée 29:53
Genre musique de film
Compositeur Don Davis
Label Varèse Sarabande
Critique

Bandes originales de Matrix

Le 2e album commercialisé comprend 10 pistes de la musique originale composée par Don Davis.

Ces morceaux ne donnent qu'un aperçu de 30 minutes de la musique qu'il a créée pour le film. Le réel travail orchestral tient, en fait, sur un album de deux CD de 50 minutes chacun, intitulé The Complete Motion Picture Score. C'est notamment dans cet album, très rare, que l'on retrouve la musique de la séquence du début dans sa version complète, ainsi que la musique du combat entre Neo et Smith dans le métro (The Subway Fight) mais aussi celle de la scène du miroir (The Lafayette Mirror) ou encore celle du combat dans le dojo entre Neo et Morpheus (Bow Whisk Orchestra et Switch Or Break Show, dont les titres sont des anagrammes de Wachowski Brothers).

Il est possible d'écouter la totalité de la composition avec la première édition américaine du DVD. En effet, ce DVD contient 2 pistes : la VO et la musique uniquement.

Il y a également The Matrix Revisited, qui propose 41 morceaux. Suivant la version, les pistes sont cachées ou non[31].

Liste des titres
  1. Main Title/Trinity Infinity (3:54)
  2. Unable to Speak (1:15)
  3. The Power Plant (2:41)
  4. Welcome to the Real World (2:28)
  5. The Hotel Ambush (5:23)
  6. Exit Mr. Hat (1:23)
  7. A Virus (1:33)
  8. Bullet-Time (1:10)
  9. Ontological Shock (3:32)
  10. Anything Is Possible (6:48)

Distinctions principales

Sources et distinctions complètes : Internet Movie Database[32]

Récompenses

Oscars 2000
BAFTA 2000
26e cérémonie des Saturn Awards 2000
Empire Awards 2000

Nominations

BAFTA 2000
26e cérémonie des Saturn Awards 2000

Commentaires

Contexte

L'apparition des robots, au service de l'homme puis de l'Intelligence artificielle, a entraîné une confrontation entre humains et machines, lesquelles ont finalement fabriqué leur propre domaine et concurrencent directement celui des humains. Cette confrontation s’est intensifiée lors du jugement d’un robot pour meurtre, de la haine grandissante contre eux et lors de la création d'un État uniquement dédié aux robots dans le Moyen-Orient qui a fait basculer l'économie mondiale (voir Animatrix).

« Nous vous l’avions bien dit, ça devait arriver : à force de produire des machines pour vous servir, vous êtes devenus vous-mêmes les esclaves de vos instruments. »

— Patrice Maniglier, « Mécanopolis, Cité de l’avenir[33] »

Voyant leurs forces diminuer au fil du temps, les Humains ont recouvert la terre d'un épais nuage, provoquant un « hiver nucléaire », empêchant ainsi les rayons du soleil (la seule source d'énergie abondante utilisable par les Machines) de passer. Les Machines ont donc dû chercher une nouvelle source d'énergie et ont tourné leurs recherches vers la bio-électricité. Une fois la victoire acquise, les machines ont fabriqué les tours nécessaires au fonctionnement et à la maintenance de leurs générateurs, et se sont assurées d'une production régulière d'humains en les cultivant et en les conservant dans des cocons remplis d'un liquide nutritif. Une fois le cocon connecté sur une tour, les câblages permettent de fournir l'air à l'humain ainsi que de renouveler le liquide nutritif, et à prélever sa bio-électricité. Le problème était qu'emprisonnés de la sorte, dans un état végétatif, les Humains ne fournissaient pas assez d'énergie. Les Machines ont donc créé la Matrice, sorte d'univers virtuel dans lequel les Humains sont projetés sous forme d'avatars, et peuvent s'y épanouir, de sorte que leurs cerveaux produisent une activité électrique bien plus importante en réaction aux stimulus virtuels, et apportent ainsi une quantité d'énergie considérable aux Machines[34]. Les humains n'ont donc pas conscience de la réalité et du « monde qu'on superpose à leur regard ».

« La Matrice est universelle. Elle est omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même. Tu la vois chaque fois que tu regardes par la fenêtre, ou lorsque tu allumes la télévision. Tu ressens sa présence, quand tu pars au travail, quand tu vas à l’église, ou quand tu paies tes factures. Elle est le monde, qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité[35]. »

— Morpheus, Matrix, 1999

L'exigence de productivité explique aussi pourquoi l'univers de la matrice est imparfait, avec son lot de souffrances et d'épreuves pour chacun des branchés. Le grand architecte raconte à Néo que la première version de la matrice avait été conçue sur le modèle d'un monde idéal, mais avait été remaniée du fait de son manque de dynamisme. Cependant, cette matrice imparfaite contient différents bugs, qui se manifestent à travers les nombreuses légendes, folklores et mythologies qui émaillent l'Histoire (vampires, loups-garous, anges, miracles et autres apparitions étranges...). Parmi eux, le plus important est l'apparition d'un homme qui peut jouer avec les paramètres de ce monde virtuel, il peut manipuler le code même de la Matrice ce qui se manifeste dans cette réalité comme des pouvoirs surhumains. Cet homme est considéré comme un Élu par les quelques dizaines de milliers d’humains qui ont pu survivre dans le monde réel, cachés sous terre dans la ville de Sion, dont ceux qui ont été débranchés à la suite de leur choix de prendre la pilule rouge proposée par Morpheus, qui ont voulu « découvrir la vérité ». Les Humains libres voient en l’Élu le sauveur de l’humanité, attendant de lui qu'il apporte la victoire sur les machines, et la libération des prisonniers de la Matrice.

Cependant, tout au long de leur combat, les rebelles doivent affronter les agents de la Matrice chargés de réparer les bugs, ainsi que des hackers cyniques (tel que le Mérovingien) qui se satisfont de la réalité virtuelle générée par les machines, et préfèrent conserver leur business d'exploitation de programmes.

« N'envoyez jamais un humain faire le travail d'un programme[36]. »

— Agent Smith, Matrix, 1999

Technique

La Matrice codée à l'aide de chiffres et de caractères spéciaux.

Sur le plan esthétique, son emploi intensif d’une technique de tournage (existant antérieurement mais assez peu utilisée) : le bullet time, effet de « caméra mobile » (une série d'appareils photo disposées en cercle) autour d’un sujet en mouvement ralenti, a séduit les spectateurs. Dans le film, Neo échappe aux balles dans une chorégraphie stupéfiante pendant que la caméra filme la scène dans un mouvement circulaire au ralenti[37]. Cette technique inventée par Emmanuel Carlier en 1995 fut utilisée par Michel Gondry dans une publicité pour Smirnoff en 1997, la première utilisation au cinéma fut sans doute dans Perdus dans l'espace (Lost in Space) de Stephen Hopkins (1998). De nombreux éléments graphiques ont été repris de Ghost in the Shell de Mamoru Oshii, notamment le générique[38].

La manière de filmer est très inspirée du cinéma de Hong Kong et de John Woo, les thèmes sont des classiques du cyberpunk, avec des éléments de Tron (Steven Lisberger, 1982, le nom de M. Anderson étant le nom d’un programmeur dans l’histoire de Tron) et de Terminator (James Cameron, 1984) pour le thème central (les machines dominant le monde dans le futur). Le film Nirvana, réalisé par Gabriele Salvatores, est également une source d'inspiration pour Matrix[réf. souhaitée].



Interprétations

La science-fiction est qualifiée de « révélateur de notre rapport à la technologie[39] », dans le sens où elle retranscrit les « fantasmes », « questions » qui se développent parallèlement aux progrès techniques, scientifiques, mais aussi, en même temps que l’évolution des lois et des mœurs[40].

« The Matrix est la saga qui va marquer, comme Star Wars ou Dune. Même mélange universel de philosophie, de culture ancienne, de légendes et de mythes. Même grosse soupe spirituelle d’où doivent émerger un leader guerrier, un élu noble, sa fiancée, une prophétie, une entité ennemie, une rébellion, une guerre »

— Voir, 15 mai 2003[41]

Des articles de presse ont souligné, lors de sa sortie, la récupération ou l'utilisation par Matrix de concepts ou mots existants déjà préchargés de sens et sur lesquels il se greffe : « Morpheus » (Morphée divinité des rêves, donc de l'illusion), le lapin blanc de Lewis Carroll, la notion d’éveil inspirée du bouddhisme, la Bible (messianisme avec l'élu, les noms « Nebuchadnezzar » et « Zion » sont les transcriptions phonétiques anglaises de « Nabuchodonosor » et « Sion ». « Trinity » est la Trinité)…

Il peut être vu d'un œil dénonçant une élite dominant le monde, dans la mesure où la matrice contrôlée par les machines représente le contrôle de notre société actuelle par une élite.

Elle peut aussi bien être considérée comme une reprise adaptée au monde moderne du concept hindouiste de la mâyâ et de l’allégorie de la caverne de Platon[42],[43], où le monde que nous voyons ne reflète que les ombres du réel.

« cinéma pour préparer à Platon, aurait dit Pascal, s’il avait su »

— Matrix, machine philosophique, Alain Badiou, p. 129[43]

Cette adaptation est un thème qui a souvent été abordé par la science-fiction de la seconde moitié du XXe siècle. On peut évoquer :

  • Dreams For Sale, réalisé par Tommy Lee Wallace de la série La Cinquième Dimension diffusé en France en 1985 : une jeune femme découvre que ce qu'elle perçoit comme la réalité d'un merveilleux pique-nique en famille n'est en fait qu'un rêve suggéré dans son esprit pendant que son corps et celui de nombreuses personnes sommeillent sous le contrôle d'une technologie futuriste ;
  • Tempests, de la série Au-delà du réel : l'aventure continue diffusé en France en 1995 : le perçu du réel qu'y a un astronaute en voyage pour amener un remède à une colonie spatiale est la résultante d'une drogue administrée en continu par des extraterrestres parasites aux corps des astronautes qui gisent inconscients dans l'épave de leur navette qui s'est écrasée.

Dans ces deux œuvres comme dans Matrix, le monde perçu est suggéré à l'esprit humain inconscient. Dans diverses œuvres, la science-fiction a aussi longuement traité du sujet des mondes virtuels parallèles connectés au nôtre. Il s'agit souvent de simulacres électroniques ou d'univers gérés par des ordinateurs. On peut évoquer :

On peut noter que le film a d'ailleurs suscité un livre de philosophie regroupant plusieurs contributions : Matrix, machine philosophique (éditions Ellipses, 2003).

Le désir de rechercher une explication d’ensemble a engendré une profusion d'hypothèses, aucune n'ayant jamais été confirmée ni démentie par les Wachowski. L’une d’entre elles en fait une synthèse rassemblant des visions philosophiques très diverses dont, entre autres, la philosophie de Berkeley, de Descartes, de Spinoza, Karl Marx ou encore Nietzsche[43],[12]. Le court-métrage The Philosophy and the Matrix en a été tiré. Une troisième y voit une vision tiers-mondiste en arguant du fait que les agents sont toujours des blancs habillés uniformément à l'occidentale, alors que les autres personnages reflètent, surtout à partir du deuxième film, la diversité des populations de la planète. Une quatrième y voit une théorie développée par des sources ufologiques ou par Robert Monroe, Valdamar Valerian, ainsi que Laura Knight-Jadczyk, qui expliquent que toute forme de vie terrestre est une source d'énergie pour des entités d'une dimension supérieure compénétrant la nôtre, source qui, de ce fait, doit être tenue sous contrôle, etc.

L’aspect numérique mis en avant dans le film s’inscrit dans la culture actuelle, dite « culture technologique ». On y voit ainsi des références à Microsoft, Apple. L’enseignement secondaire développe cette tendance en facilitant l’accès aux nouvelles techniques de communication aux élèves[44].

Références et allusions

Les références à divers films, contes ou autres œuvres sont nombreuses dans Matrix :

  • Contrairement à ce que l'on peut lire, Matrix ne reprend pas en premier lieu l'expérience de pensée de L'allégorie de la caverne de Platon ; mais plutôt[réf. nécessaire] Le malin génie de René Descartes. En effet, dans cette expérience de pensée, Descartes imagine que ses sens et ses visions ne sont pas réels, qu'un « malin génie » lui envoie de mauvaises informations. Cette expérience de pensée est modernisée par Hilary Putman, philosophe analytique américain : Le cerveau dans une cuve. La figure du malin génie y est remplacée par un ordinateur, le cerveau de Descartes est alors isolé de son corps et c'est l'ordinateur, par le biais de câbles connectés directement au cerveau, qui lui fait croire qu'il est en train d'agir, de sentir, de voir alors qu'il est inerte dans une cuve : exactement comme dans le scénario de Matrix, par exemple lors de la scène du réveil de Néo. Dans Matrix, ce n'est donc pas un monde que nous voyons, qui ne reflète que les ombres du réel, mais une injection de sens synthétiques produite par un ordinateur qui est représentée. La thèse de l'allégorie de la caverne est viable, mais celle du cerveau dans une cuve est bien plus vivace.
  • L'une d'entre elles est Alice au pays des merveilles. Outre la référence directe au lapin blanc, les Wachowski multiplient les indices rapprochant leur film de cette œuvre. Ainsi, quand Néo se « réveille » dans le monde réel, il tombe dans un tuyau interminable avant de tomber dans un lac souterrain de la même manière qu'Alice tombe dans l'interminable terrier vertical du lapin blanc. De plus, dans la scène précédente, Néo observe son reflet dans le miroir et passe sa main « à travers » ce miroir. Or, le deuxième tome des aventures d'Alice s'intitule De l'autre côté du miroir.
  • Au début du premier film, on voit Néo ouvrir un livre dans lequel il cache des disquettes qu'il revend ensuite. Ce livre est intitulé Simulacra and Simulation, référence au livre éponyme Simulacres et simulation de Jean Baudrillard.
  • Une autre référence est celle reprenant un élément de 1984 de George Orwell. En effet, dans ce roman, la salle de torture redoutée de tous est la salle 101. La chambre où Néo habite au début du film est numérotée 101 ; par ailleurs, l'appartement 303 (soit 3 × 101) est vu deux fois dans le film : au début, quand la police tente d'interpeller Trinity, et à la fin, là où Néo meurt ; dans Matrix Reloaded, l'étage où réside le Mérovingien est l'étage 101 ; c'est aussi le code que Morpheus donne pour caractériser le Freeway, qui peut également faire référence à l'autoroute du même nom aux États-Unis (Californie). Ceci peut aussi s'expliquer par le fait que 101 reflète le code binaire du langage informatique. Dans l'enseignement aux États-Unis, 101 désigne aussi le cours d'initiation à une matière quelconque : Philosophy 101, English 101, etc. (module 01 de la 1re année de cours).
  • La référence à la « pilule rouge » viendrait du film de Paul Verhoeven, Total Recall (film qui est une adaptation à l'écran de la nouvelle Souvenirs à vendre de Philip K. Dick), dans lequel la prise de celle-ci signifie l'acceptation psychologique d'un retour à la réalité pour le héros de l'histoire. L'univers de Matrix dans son ensemble semble largement s'inspirer des thèmes et constructions de Philip K. Dick, et notamment du roman Ubik, et son monde parallèle des « semi-vies ».
  • Le terme Matrix aurait été utilisé pour la première fois dans ce sens dans un épisode de la série Doctor Who, puis a été popularisé dans l'œuvre de William Gibson, dont sont également inspirées les allusions aux Rastafaris et à la Cité de Sion. À noter aussi les connexions avec Johnny Mnemonic (au-delà du fait que c'est le même acteur qui joue le rôle principal).
  • Les caractères utilisés pour représenter le code de la matrice (pluie numérique) sont constitués en grande partie de katakanas inversés. Cela peut être rapproché au fait que les Wachowski ont cité certains animes japonais comme Ghost in the Shell pour source d'inspiration[38].
  • En VO, Cypher appelle Néo Dorothy et lui parle de quitter le Kansas, ce qui est une référence au Magicien d'Oz. Dans la VF, cette référence a été remplacée par Alice au pays des merveilles, plus connu du public français.
  • La poursuite sur les toits au début du film, avec les policiers qui peinent à monter puis descendre les toits en pente, renvoie au film de Hitchcock, Vertigo, qui est l'histoire d'une mise en abyme (une tromperie est reproduite dans la réalité).
  • La mescaline, substance hallucinogène, est citée au début du film. Plus généralement, la trilogie s'inspire des expériences psychédéliques.
  • La tenue des différents capitaines de vaisseaux dans le monde réel, tels que Morpheus et Niobe, fait référence à la série Star Trek, puisqu'elle utilise le même code couleur.
  • De nombreuses références à des films d'arts martiaux sont utilisées tout au long du film. Néo prend régulièrement des poses de combat rappelant celles de Bruce Lee ou autres.
  • De plus, nous pouvons remarquer que Néo est capable de voler, ce qui le rapproche visuellement de Superman (la veste de Néo faisant office de cape) et de Daredevil pour sa « vision » exceptionnelle du monde alors même que ce héros est aveugle.
  • On peut noter des similitudes de scénario et de décors avec le film Dark City, sorti un an avant Matrix alors que la version définitive du scénario de Matrix aurait été achetée en 1994 par la Warner Bros. Pour des raisons de budget, Matrix aurait réutilisé certains des décors de Dark City, les deux films ayant été tournés dans le même studio.

Box-office

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau des États-Unis États-Unis 171 479 930 $ 25

Monde Total mondial 463 517 383 $ - -

Produits dérivés

Jeux vidéo

Bandes dessinées

Notes et références

  1. Le monde imaginé dans cette trilogie est un monde imaginaire : des mondes totalement imaginaires peuvent être envisagés (comme dans la série des Matrix, 1999-2003). Joël MAGNY, « CINÉMA (Réalisation d'un film) - Mise en scène », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 mars 2013. URL : (Texte en ligne)
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Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes