Dèce
Dèce | |
34e Empereur romain | |
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Buste en marbre de Dèce, musée du Capitole | |
Règne | |
D’abord usurpateur puis légitime automne 249 – juin 251 (~ 2 ans) |
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Période | « Anarchie militaire » |
Précédé par | Philippe l'Arabe et Philippe II |
Co-empereur | Herennius Etruscus (251) |
Suivi de | Trébonien Galle et Hostilien |
Biographie | |
Nom de naissance | Caius Messius Quintus Decius |
Naissance | v. 201 - Budalia (Dacie) |
Décès | (50 ans) Abrittus (Thrace) |
Épouse | Herennia Etruscilla (av. 227 - 251) |
Descendance | (1) Herennius Etruscus (2) Hostilien |
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Dèce, appelé aussi Trajan Dèce (Imperator Caesar Caius Messius Quintus Traianus Decius Augustus) (v. 201 - juin 251), est empereur romain de 249 à 251. Il succède à Philippe l'Arabe contre qui il s'est révolté. En 251, il associe son fils Herennius au pouvoir et dirige l'Empire avec lui. Tous deux meurent en juin 251 à la bataille d'Abrittus.
Ses origines
Dèce est né vers 201[1] dans le village de Budalia près de Sirmium (actuelle Sremska Mitrovica) dans la province de Pannonie inférieure, en Illyrie. Il est ainsi parfois considéré comme le premier de la longue série des empereurs illyriens, qui dirigent l'Empire pendant une grande partie du IIIe siècle[2]. S'il est provincial, sa famille n'en appartient pas moins à l'ordre sénatorial, et serait d'ascendance aristocratique ancienne. Elle détient ainsi de grandes étendues de terres et entretient de nombreuses relations non seulement en Italie même mais aussi dans les provinces septentrionales de l'Empire.
Sa carrière politique
Le sénateur
On ne sait que peu de choses sur la carrière et la vie de Dèce avant 248. Aidé par la fortune non négligeable de sa famille, il progresse dans la hiérarchie sénatoriale. Il se marie dans cet intervalle de temps avec Herennia Etruscilla, elle aussi membre de l'ordre sénatorial et prétendument issue de la très vieille aristocratie étrusque, et jouit dès lors de tout un réseau de clientèle en Italie du nord et en Italie centrale.
Des inscriptions de cette époque trouvées en Tarraconaise (Hispania Tarraconensis) en l'honneur d'un certain Quintus Decius Valerinus laissent à penser, en dépit de l'inexactitude du nom, que, d'une manière ou d'une autre, Dèce a exercé des fonctions de gouvernement dans cette province. De plus, il semble qu'il ait officié, vers le milieu des années 230, en tant que légat d'Auguste propréteur dans la province de Mésie inférieure : En effet, on y retrouve des inscriptions dédiées à Alexandre Sévère au nom du légat Quintus Decius qui laissent à penser qu'il a dirigé la province[3].
Il devient préfet de la ville vers 245, au début du règne de Philippe l'Arabe. C'est une des plus hautes fonctions à laquelle puisse prétendre un membre de l'ordre sénatorial. Avec le préfet du prétoire, traditionnellement un membre de l'ordre équestre, il est le principal dignitaire de l'Empire.
En 248, alors que les combats contre les barbares accaparent les légions, deux usurpateurs se rebellent contre Philippe et se font acclamer empereur. Le premier, Jotapien, comme beaucoup d'officiers, indigné par la politique de conciliation menée par Philippe en direction des Perses, capitalise, en outre, le mécontentement notable couvant dans les provinces orientales vis-à-vis de l'administration locale. La chose n'est pas anodine puisque le gouverneur de ces provinces n'est autre que le frère de l'empereur, Priscus. Le second, Pacatianus, est officier des armées du Danube. En raison du mécontentement croissant des troupes, bataillant constamment contre les Goths, il est acclamé par les légions de Mésie et peut-être de Pannonie[4].
Philippe, très affecté par ces événements prononce devant le Sénat un discours où il évoque sa volonté de quitter ses fonctions[5]. C'est le préfet de la ville et consul suffect, Dèce, qui l'incite à rester à la tête de l'Empire. En effet, il lui assure que ces révoltes n'ont en aucun cas les moyens de mettre l'empereur en danger. Selon lui, elles sont vouées à s'effondrer d'elles-mêmes.
Un général proclamé malgré lui
Philippe lui confie alors le commandement d'une armée devant briser la rébellion en Mésie et contenir les incursions régulières des Goths. Ce choix permet à l'empereur de donner des gages au Sénat dont les membres se montrent de plus en plus sceptiques à l'égard de ses capacités à diriger l'Empire. Par ailleurs, Dèce étant originaire de Pannonie et ayant gouverné la Mésie, Philippe espère qu'il parvienne à convaincre sans trop de mal ses opposants de se rallier à lui.
Comme Dèce l'avait prévu, l'agitation retombe vite et les usurpateurs sont tous deux tués par leurs propres troupes. Lorsque Dèce arrive, accompagné de son fils aîné Herennius, à proximité des légions stationnées sur le Danube, Pacatianus est déjà mort.
Il semble que Dèce ait aussitôt mené, comme ses ordres l'y enjoignaient, une expédition militaire contre les Goths, qui se serait révélée victorieuse.
Les troupes de la région du Danube jugent alors Dèce plus compétent que l'empereur Philippe, qui à leurs yeux a le tort de ne plus mener personnellement ses campagnes. Par ailleurs, la peur d'un châtiment et la perspective d'un enrichissement rapide les incitent à acclamer un nouvel usurpateur[6]. Au printemps 249, vraisemblablement contre son gré, ils proclament Dèce empereur. Loyal - ou instruit du sort de ses prédécesseurs - Dèce accepte la proclamation pour calmer les ardeurs des soldats, mais envoie immédiatement des messagers pour informer Philippe de la situation et le rassurer sur ses intentions[7]. On ne sait évidemment pas quelle est la part de reconstruction postérieure dans ce double-jeu de Dèce : s'agissait-il pour se défendre de prétendre qu'il n'avait accepté l'Empire que contre son gré ? Ou bien s'agissait-il de dire que désormais l'armée faisait le prince et qu'il ne fallait pas aller à son encontre ?
Toujours est-il que Philippe ne lui fait pas confiance. En juin 249, il remonte la péninsule italienne à la tête d'une armée composée de 2 légions levées en Italie et des cohortes prétoriennes. Dèce n'a d'autre choix que de marcher à la rencontre de l'empereur légitime à la tête des très aguerris soldats du Danube - six légions et de nombreuses cohortes de cavalerie, ainsi que des auxiliaires. La rencontre des troupes adverses a lieu près de Vérone, en Italie, entre septembre et octobre 249.
Appuyé par une écrasante supériorité numérique, et grâce à l'expérience de ses troupes, la bataille tourne à l'avantage de Dèce. Philippe est contraint de fuir et est assassiné quelques jours plus tard par ses propres soldats. À Rome, son fils, Philippe II, tout récemment élevé à l'Augustat, est assassiné par la garde prétorienne. Dèce est désormais le seul maître de tout l'Empire romain.
L'empereur Dèce
La restauration de l'autorité impériale
À son retour à Rome, il est légitimé par le Sénat. L'une de ses premières actions est de s'octroyer le nom de l'empereur Trajan, qui a régné au IIe siècle et qui est resté dans les mémoires comme un grand stratège et un administrateur populaire[8]. L'empereur est donc systématiquement appelé Trajan Dèce sur ses émissions monétaires[9] et sur les inscriptions lapidaires[10].
En tant que membre de l'ordre sénatorial (par opposition à Philippe, chevalier d'origine), Dèce entend mettre en place une politique conservatrice, dans la tradition dite républicaine du principat augustéen. Dèce adopte toutes les titulatures républicaines. Outre la puissance tribunicienne, il est élu et réélu consul tout au long de son court règne. Il essaye surtout de faire revivre la titulature de la censure et la sépare de la personne impériale (l'une des principales responsabilités du censeur est le recensement quinquennal)[11].
Il laisse en 251 au Sénat le choix de celui à qui doit échoir cette charge. Les sénateurs se prononcent pour la personne de Valérien qui, conscient des risques inhérents à une telle position dans une période aussi troublée, préfère décliner l'offre[12]. Le projet est abandonné après la mort de Dèce, et la puissance censoriale redevient une des prérogatives de l'empereur.
Dèce essaye également de stabiliser l'Empire en mettant en place une dynastie, de la même façon que les Julio-Claudiens et les Flaviens au Ier siècle, et dans une moindre mesure, les Sévères et les trois Gordiens juste avant le règne de Philippe l'Arabe. Pour ce faire, il associe progressivement ses deux fils, Herennius et Hostilien au pouvoir. Ils sont successivement Princeps Iuventutis (princes de la jeunesse) et César, vraisemblablement en 250. L'aîné, Herennius est fait Auguste (coempereur) en 251.
Politique conservatrice et exaltation du passé
La politique de Dèce est ainsi la conséquence d'une volonté affirmée de stabiliser l'État mais aussi de le sortir de la spirale de la crise idéologique et militaire.
Ainsi, l'idéologie impériale est totalement dans la ligne de celles des Ier et IIe siècles. Cela est manifeste à travers les valeurs mises en avant par le biais des monnaies. On y retrouve ainsi des références à la Pietas (obéissance, piété), à la Pudicitia (pudeur de la femme romaine), ou encore à l'Uberitas (fertilité), valeurs traditionnelles du principat, déjà remise en avant par Pupien et Balbin en 238.
De même, Dèce s'efforce de relancer les politiques urbaines, interrompues depuis la fin de la dynastie sévérienne. En 250, il effectue la réfection du Colisée, qui avait été fortement endommagé en 217 au cours d'un violent incendie, causé, selon Dion Cassius, par la foudre[13]. Dèce lance par ailleurs la construction de thermes très richement décorées, sur l'Aventin. Ils ne sont toutefois inaugurés qu'après sa mort en 252. Enfin il fait construire un portique en son honneur sur le forum. La volonté de relancer tant les politiques urbaines[14] que l'effort stylistique sont significatifs des efforts de Dèce pour tourner la page des temps troublés et exalter la gloire passée de l'apogée de l'Empire, au IIe siècle : l'empereur se fait vainqueur aux frontières mais d'abord et avant tout garant de la continuité de l'État et moteur de la politique édilitaire, par un évergétisme impérial relégué au second rang depuis les années 210.
Pour autant, l'aspect conservateur de sa politique ne doit pas être exagéré, du fait des impératifs militaires et de la relative brièveté de son règne, l'empereur n'a laissé que très peu de textes de loi et n'a donc pas fondamentalement changé les structures de la société, même pour rétablir les usages des siècles précédents.
Persécution du christianisme
Les chrétiens, considérés comme obstacle à la concorde civile
En 250, désireux de restaurer la piété et la cohésion des peuples de l'Empire autour de l'institution impériale, Dèce promulgue un édit rendant le culte impérial, jusque-là facultatif, obligatoire. Il exige, par ailleurs, que l'acte rituel soit accompli individuellement devant les autorités locales et attesté par un certificat individuel de sacrifice (libellum).
Au-delà de l'image d'un Empire ressoudé autour de ses valeurs, la principale conséquence de l'édit est une stigmatisation de la communauté chrétienne dont l'influence avait été croissante depuis le Ier siècle. Le phénomène était particulièrement manifeste sous le règne de Philippe l'Arabe, soupçonné par certains historiens d'avoir été lui-même chrétien[15]. Par ailleurs, les chrétiens souffrent, à l'époque, d'une relative impopularité auprès des populations, de par leur refus de s'intégrer à la société et de participer aux fêtes religieuses, et leur rejet des divinités locales. Ils sont en outre surveillés par les autorités car leur prosélytisme est vu comme dangereux. La communauté chrétienne apparaît comme un ferment de troubles sociaux même si les chrétiens n'enfreignent pas ouvertement la loi.
Refuser de se plier à l'ordre de l'empereur, équivaut à briser la paix des dieux (pax deorum), fondement légendaire de la puissance romaine et garant de l'ordre universel. Ce serait, de fait, une trahison contre l'Empire romain. La désobéissance à cet édit est ainsi passible de la peine capitale.
Conséquences de la persécution
Les chrétiens réagissent chacun selon ses forces :
- certains se révèlent défaillants (lapsi) et acceptent de sacrifier aux dieux païens ;
- d'autres achètent des certificats de complaisance (libellati) et les autorités se contentent de gestes symboliques ;
- les derniers vont jusqu'au bout de leurs convictions et sont exécutés. C'est le cas de l'évêque de Rome Fabien qui est donc exécuté le 20 janvier 250, tandis qu'Origène est arrêté à Césarée et torturé. C'est aussi le cas de l'évêque Saturnin de Toulouse, dont les reliques sont encore conservées dans la ville, dans la Basilique Saint-Sernin. Dans le même temps, des émeutes antichrétiennes éclatent à Carthage et Alexandrie, les deux plus grandes métropoles de l'empire après Rome. Ces agitations sont peut-être indépendantes des autorités locales.
L'ampleur de cette persécution doit toutefois être relativisée, bien que l'évêque de Rome y laisse la vie. La seule sentence prévue est, certes, pour les contrevenants, la mort, mais il est attesté que la peine s'est souvent limitée à l'incarcération et à la torture, à l'image d'Origène. En outre, plusieurs prélats, tels que les évêques Denys d'Alexandrie et Cyprien de Carthage, échappent à l'obligation de sacrifier en se retirant sur leurs domaines à l'écart de la ville.
Cependant, la persécution officielle ne cessera qu'avec la mort de Dèce, en 251. Se posera alors à l'Église la délicate question de la réintégration des lapsi[16]. On fit alors des distinctions entre ceux qui ont volontairement sacrifié, ceux qui ont brûlé de l'encens, et les autres qui ont acheté un certificat de complaisance. Des intransigeants, comme le prêtre romain Novatien, refusent toute complaisance à l'égard des lapsi, tandis que le nouvel évêque de Rome Corneille et l'évêque Cyprien de Carthage prônent le pardon, à condition que les lapsi acceptent une longue et sincère pénitence, et une confession publique devant la communauté chrétienne. La crise novatienne plonge alors celle-ci dans de graves dissensions, par la suite surmontées.
Les persécutions de Dèce sont à l'origine de la tradition des fameux Sept Dormants d'Éphèse (plus tard reprise dans la sourate 18 (La caverne) du Coran).
La crise militaire
Le péril goth
Comme tous les empereurs du IIIe siècle, Dèce affronte tout au long de son règne tant les barbares que les usurpateurs.
En 250, des bandes de Carpes et de Goths sous le commandement de leur roi Cniva franchissent le Danube et envahissent les trois provinces de Dacie. L'armée des Goths se scinde aussitôt, tandis qu'une partie se dirige vers la Thrace et assiège Philippopolis, l'autre, Cniva à leur tête, marche sur Nicopolis ad Istrum. Le gouverneur de Mésie, Trébonien Galle parvient à repousser les Goths à Philippopolis, tandis que Dèce marche à la rencontre de Cniva. Son fils et coempereur part en avant-garde, Dèce suit avec le gros de l'armée. Le début de l'expédition est un succès : Nicopolis est sauvée et les Carpes sont rejetés de l'autre côté du limes[17]. Les Goths subissent à cette occasion de lourdes pertes.
Cependant, alors qu'il tente de repousser Cniva hors de l'Empire, Dèce subit un violent revers à Beroe Augusta Trajana. L'empereur et l'armée doivent se replier, laissant les barbares piller le camp romain et reprendre l'offensive. Cniva marche à nouveau contre Philippopolis, la capitale de la province de Thrace. Persuadé qu'ils prendront la ville sans coup férir, le gouverneur de Thrace, Titus Julius Priscus, tente, pour sauver la cité, de s'allier avec les Goths. Il se proclame Auguste et rallie Cniva, le Sénat le déclare aussitôt ennemi public. Toutefois sa trahison est improductive. À leur arrivée, les Goths ravagent la ville, massacrent la population et exécutent Priscus.
Pendant ce temps, Dèce se replie avec son armée en Mésie où il effectue une jonction avec l'armée de Trébonien Galle. Au début de l'année 251, il profite de ce que les Goths ramènent leur butin dans leur royaume pour les attaquer et remporte une nouvelle victoire contre eux. Cette fois encore, elle n'est pas décisive, les légions ne parvenant toujours pas à repousser les Goths hors de l'Empire.
La mort de l'empereur
Au début de l'année 251, Julius Valens Licinianus, un sénateur romain d'ascendance aristocratique jouissant d'une grande popularité auprès de la plèbe de Rome, revêt la pourpre impériale à l'intérieur même de la ville éternelle. Il semble avoir bénéficié de la complaisance du Sénat mais il est exécuté au mois de mars 251.
Dèce reprend l'offensive alors que Cniva et les Goths refluent vers leur territoire, ralentis par le butin colossal obtenu dans le pillage des villes de Thrace, de Mésie et de Pannonie. Plutôt que de regrouper ses troupes et sécuriser la frontière, l'empereur, peut-être confronté à une révolte de Trébonien Galle[18], donne la chasse à Cniva. En juin 251, Dèce parvient à lui couper la route. L'affrontement a lieu dans la plaine de la Dobroudja, non loin de la modeste colonie d'Abrittus (Forum Terebronii). Les légions romaines sont attirées sur une zone marécageuse dont les Goths ont au préalable reconnu les quelques passages sûrs et solides. Les Goths prennent position devant ce marais puis lorsque le combat est engagé, effectuent un repli et attirent l'armée romaine dans le marécage. Ils contre-attaquent ensuite de front et de flanc[19],[20]. Au cours du combat, le fils aîné de Dèce, Herennius Etruscus, est tué par une flèche. Souhaitant ranimer le moral des troupes, Dèce aurait déclaré que la mort d'un seul soldat était peu de chose. Il périt à son tour peu après, comme une grande part de son armée. Selon les historiens, Dèce et son fils auraient eu un comportement acharné jusqu'à leur fin[21]. L'événement est important en soi ; à l'exception de Gordien III, mort après la bataille de Misichè des suites de ses blessures, Dèce est le premier empereur à mourir au combat contre un ennemi extérieur[22].
Le , les troupes survivantes proclament Trébonien Galle empereur, décision par la suite avalisée par le Sénat. Cette désignation contredit la théorie selon laquelle il aurait trahi Dèce : jamais les soldats ne se seraient ralliés au responsable de la mort d'un si grand nombre d'entre eux. L'une des premières décisions de Trébonien Galle est d'ailleurs d'adopter Hostilien, le fils survivant de Dèce. Celui-ci est aussitôt associé au pouvoir, mais meurt au bout d'un mois de règne seulement, vraisemblablement de la peste[23].
Après leur mort, le Sénat accorde l'apothéose à Trajan Dèce et à son fils Herennius Etruscus.
Noms successifs
- 201, naît CAIVS•MESSIVS•QVINTVS•DECIVS
- 249, accède à l'Empire : IMPERATOR•CAESAR•CAIVS•MESSIVS•QVINTVS•TRAIANVS•DECIVS•PIVS•FELIX•INVICTVS•AVGVSTVS
- 251, titulature à sa mort :
IMPERATOR•CAESAR•CAIVS•MESSIVS•QVINTVS•TRAIANVS•DECIVS•PIVS•FELIX•INVICTVS•AVGVSTVS•GERMANICVS•MAXIMVS•DACICVS•MAXIMVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIAE•POTESTATIS•III, IMPERATOR•I, CONSVL•III PATER•PATRIAE
Notes et références
- Certains avancent plutôt la date de 190. Aucun document de l'époque ne permet de trancher la question.
- « These men are usually called the Illyrian emperors since they all were born in that province (Illyricum) and were raised to power by legions stationed there. », Joseph Ward Swain, The Ancient World.
- Inscriptons CIL III, 12519 ; CIL III, 13724 ; AE 1985, 00752, ou plus mal transcrit et sujet à caution AE 1977, 00761.
- Les seuls auteurs à nous renseigner sur Pacatianus sont les écrivains byzantins Zosime (Histoire nouvelle) et Zonaras (Histoire des Romains), qui divergent quant à l'ampleur de la révolte. Tous deux s'accordent pour dire que les troupes de Mésie ont suivi Pacatianius, mais seul Zosime évoque la trahison des troupes de Pannonie.
- Cette vision d'un empereur désemparé et dépassé par les événements repose sur le témoignage de Zosime, assez peu favorable, dans l'ensemble, à Philippe. Celui-ci a pourtant prouvé être un dirigeant réfléchi et déterminé mais aussi un général des plus capables, comme l'attestent ses victoires contre les Carpodaces.
- « Les troupes, voyant qu’il usait de sévérité envers ceux qui s’étaient éloignés de leur devoir, crurent ne pouvoir rien faire qui leur fût si avantageux que d’éviter le danger du châtiment, et d’élire un empereur, qui ayant toutes les qualités nécessaires pour bien gouverner en temps de guerre et en temps de guerre, se déferait de Philippe. », Zosime, Histoire nouvelle (tome 2).
- « [Dèce] ne fut pas sitôt arrivé en Mésie, qu’il y fut salué par l’armée en qualité d’Empereur. Comme il refusait cette dignité, les gens de guerre tirèrent leurs épées, et le contraignirent de l’accepter. Il écrivit à Philippe qu’il ne s’inquiétât point de sa proclamation, et que dès qu’il serait arrivé à Rome, il mettrait bas les marques de l’autorité souveraine. », Jean Zonaras, Histoire des Romains.
- C'est à la suite des campagnes de Trajan (conquête de la Dacie et de la Mésopotamie) que le limes a été le plus étendu. Les historiens situent l'apogée de l'Empire entre son règne et celui d'Antonin le Pieux.
- Depeyrot 2006, p. 142.
- inscription CIL XVI, 00154 et des dizaines d'autres sur Epigraphik Datenbank.
- La censure disparait avec le règne de l'empereur Domitien, en 85, qui devient à cette date censeur perpétuel. Tous ses successeurs détiennent la puissance censoriale.
- Valérien sert après la mort de Dèce comme général sous Trébonien Galle et lui succède (après le bref intermède d'Émilien) comme empereur de Rome.
- Dion Cassius, Histoire romaine (LXXVIII, 25).
- Dèce souhaite ainsi inciter la reprise de l'évergétisme, une pratique instituée sous la république et incitée par Auguste et ses successeurs. Les notables rivalisaient en effet pour offrir les plus beaux et les plus coûteux des monuments.
- « On rapporte qu'il aurait souhaité faire acte de Chrétien et, le jour de la dernière vigile de Pâques, partager les prières de l'Église avec la foule des fidèles. Mais celui qui présidait alors la cérémonie ne lui permit pas d'entrer avant qu'il se soit confessé et qu'il se soit compté lui-même parmi ceux qui se reconnaissaient coupables et occupaient la place de pénitence. Car, s'il ne faisait pas cela, il ne le recevrait jamais, à cause des nombreux crimes qu'il avait commis. On dit qu'il obéit de bonne grâce à ces injonctions, manifestant par sa conduite une crainte de Dieu sincère et pieuse. », Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, VI, 34.
- « Ceux qui ont cédé ».
- Une inscription d'Apulum qualifie en remerciement Dèce de restitutor Daciae.
- Zosime est la seule source antique à évoquer une telle information.
- Léon VI le Sage, Problemata, IV, 6.
- Les effectifs de l'armée goth sont estimés aux alentours de 70 000 hommes[réf. nécessaire].
- « Dèce le fils fut tué dans une bataille, comme il combattait avec trop d'ardeur. Les soldats, frappés de sa mort, cherchèrent à consoler, par de longs discours, l'empereur son père. « La mort d'un soldat, leur répondit ce prince sans paraître ému, me semble une perte légère ». Après ces paroles il recommença le combat, où il périt comme son fils, en donnant des preuves d'une grande valeur. », Aurelius Victor, De Caesaribus (XXIX).
- L'empereur Gordien III est lui aussi mort en campagne, mais les circonstances de son décès sont peu claires. Il a péri soit des suites de blessures reçues au combat, soit, plus probablement, d'un assassinat perpétré par son préfet du prétoire Philippe.
- Les épidémies de pestes sont fréquentes dans l'Empire depuis le règne de Marc Aurèle. Cette épidémie, dite peste de Cyprien, reparaît ainsi de 251 à 260.
Annexes
Bibliographie
Auteurs antiques
- Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique (livre VI, chapitre 39) ;
- Aurelius Victor, De Caesaribus (chapitre XXIX, Vie de Dèce) ;
- Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine (livre IX, chapitre 4) ;
- Histoire Auguste (vie des deux Valérien), traduction de André Chastagnol, 1994, Éditions Robert Laffont, (ISBN 2-221-05734-1) ;
- Zosime, Histoire Nouvelle (livre I) ;
- Épitomé de Caesaribus (chapitre XXIX) ;
- Zonaras, Histoire Romaine (chapitre 5) ;
Auteurs modernes
- Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain (chapitre X) ;
- Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Editions Errance, , 212 p. (ISBN 2877723305)
- Xavier Loriot et Daniel Nony, La crise de l'Empire romain, 235–285, Paris, Armand Colin, 1997, 304 p., (ISBN 2-200-21677-7)
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, 1974, Éditions du Seuil, (ISBN 2020026775) ;
- (en) Reinhard Selinger, The mid-third century persecutions of Decius and Valerian, 2004, P. Lang, Francfort-sur-le-Main, (ISBN 3-631-52377-7), 179 pages ;
- (de) Reinhard Selinger, Die Religionspolitik des Kaisers Decius, 1994, P. Lang, Francfort-sur-le-Main, (ISBN 3-631-47056-8), 229 pages ;
- François Zosso, Christian Zingg, Les empereurs romains : 27 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., 1995, Éditions Errance, (ISBN 2877722260) ;
- Marcel Le Glay Rome : II. Grandeur et chute de l'Empire (p. 391), 2005, Éditions Perrin, (ISBN 978-2262018986).
Article connexe
Liens externes
- (en) De Imperatoribus Romanis
- (en) The Roman Empire
- (en) The Throne of the Caesars
- (fr) Empereurs romains
- (fr) Monnaies romaines