Théories de la relation d'objet

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En psychanalyse, la relation d'objet est le rapport qu'a un individu (le sujet) avec les objets qui constituent le monde dans lequel il vit. Ce monde est d'essence tout autant interne qu'externe. L'objet est toujours objet de la pulsion.

Des théories différentes[modifier | modifier le code]

Les théories de la relation d'objet ne sont pas unifiées. On peut distinguer celles qui visent un objet interne :

Sigmund Freud[modifier | modifier le code]

Sigmund Freud n'employait pas le terme de relation d'objet, mais plutôt des expressions telles que investissement d'objet. Il se fonda peu sur la notion de sujet mais plutôt sur celle d'appareil psychique.

Pour Sigmund Freud, l'enfant n'est d'abord pas en relation avec le monde : la sexualité infantile est sans objet. Le narcissisme primaire est cet état des pulsions, qui ne serait à l'origine que racines ne sortant pas du sujet et dès lors, Freud comprend le narcissisme secondaire comme formant un repli des pulsions sur le moi.

Les théories de la relation d'objet admettent au contraire, dès le départ, un état relationnel de l'enfant et sont donc envisagées comme relations immédiates. Il n'y aurait pas de stade sans objet, mais simplement une distinction à opérer entre la relation de l'adulte et celle présente au départ. Cette distinction varie suivant les différents théoriciens de la relation d’objet[1].

Karl Abraham[modifier | modifier le code]

Karl Abraham emploie l'expression de relation d'objet, ou d'autres expressions très proches, mais sans formuler une théorie particulière. Il s'agit simplement pour lui de décrire l'évolution de la sexualité infantile, et des stades qui lui sont liés.

Melanie Klein[modifier | modifier le code]

Pour Melanie Klein, et ceux qui admettent un objet externe. Ce point amènera la notion de relation d'objet à être critiquée en ce que la relation y serait observable telle quelle.

Melanie Klein comprend l'enfant comme d'emblée en relation avec sa mère. L'enfant ne conçoit pas sa mère comme objet total, comme une personne cohérente, indivisible, mais il la clive en fragments. Ainsi, lors de la tétée, le nourrisson n'a de relation qu'avec l'objet partiel qu'est le sein.

Ce clivage de l'objet n'existait pas chez Freud. Melanie Klein décrit un processus particulier au psychisme primitif, nommé position schizo-paranoïde et qui suppose des modes relationnels propres à l'enfant. Ils peuvent se retrouver chez l'adulte psychotique et en particulier dans l'identification projective.

William R. D. Fairbairn[modifier | modifier le code]

William R. D. Fairbairn inventa le terme de schizoïde qui sera repris par Melanie Klein.

Selon cet auteur, la pulsion ne recherche pas tant la satisfaction que l'objet. Autrement dit, elle ne tend pas à la répétition d'une expérience de satisfaction, mais bien au rapport avec l'objet, et en ce sens le but pulsionnel n'est qu'un moyen quant à l'objet : d'où la répétition des modalités relationnelles pathologiques.

La pulsion cherche l'objet, et le moi aménage des parties qui sont en communication avec l'objet. Le refoulement visera donc la pulsion et la partie du moi en relation avec l'objet.

Maurice Bouvet[modifier | modifier le code]

Bouvet a théorisé la question des relations d'objet en fonction des organisations de personnalité de manière novatrice. Il en a aussi analysé les implications au niveau du transfert.

La relation d'objet se prête à la considération de trois caractéristiques :

  • Interactivité sujet-objet ; il s'agit bien de décrire une interrelation.
  • Distance : le point théorique qui distingue l'objet pulsionnel de l'objet réel.
  • Plasticité : les relations évoluent au fil du temps.

Jacques Lacan[modifier | modifier le code]

Dans le rapport du sujet avec l'objet, Lacan introduit sa théorisation du manque d’objet. Pour lui, le sujet se situe dans la quête d’un objet à jamais perdu. Le sujet, s’il se construit narcissiquement par les soins maternels primaires, demeure dans un rapport à lui-même plein d’incoordinations et de discontinuités traumatiques qui sont néanmoins constitutives de son être.

Pour lui, l'objet aurait pour fonction de masquer « le fond fondamental d’angoisse qui caractérise, aux différentes étapes du développement du sujet, son rapport au monde ». Le manque d'objet serait dans ce cas « le ressort même de la relation du sujet au monde »[2].

Donald Winnicott[modifier | modifier le code]

Donald Winnicott oppose la relation d'objet primitive, à l'utilisation de l'objet, plus élaborée, et qui suppose une vie propre à l'objet, ce qui ne serait pas le cas dans la relation du jeune enfant.

Le concept éclairant cette distinction se nomme objet transitionnel : il s'agit par exemple du doudou, que l'enfant investit, comme ni moi ni non moi. Cette particularité de l'investissement originel se retrouve dans le transfert de l'enfant.

De plus, ce n'est pas tant l'objet transitionnel qui intéresse ce théoricien, que les phénomènes transitionnels sous-jacents, qui investiront tout le domaine de la culture (art, religion) ; une preuve que cette forme de relation plus primitive diffère des relations ultérieures.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Rappelons-le, ils ne forment pas une école officielle mais seulement un groupe cohérent.
  2. Jacques Lacan [1956-1957], Le Séminaire IV, La relation d’objet, Paris, Éditions du Seuil, 2001.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]