Émile Borel

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Émile Borel
Illustration.
Émile Borel (1932)
Fonctions
Parlementaire français
Député (1924-1936)

(100 ans)
Gouvernement IIIe République
Groupe politique PRRRS (1924-1928)
IDG (1928-1932)
PRS (1932-1936)
Biographie
Date de naissance
Date de décès (à 85 ans)
Résidence Aveyron

Émile Borel
Fonctions
Maire de Saint-Affrique

(12 ans)

(2 ans)
Biographie
Lieu de naissance Saint-Affrique
Lieu de décès Paris
Nationalité Drapeau de la France Française
Diplômé de École normale supérieure

Félix Édouard Justin Émile Borel, né à Saint-Affrique le , mort à Paris le , est un mathématicien, professeur à la Faculté des sciences de Paris, spécialiste de la théorie des fonctions et des probabilités, membre de l'Académie des sciences, ainsi qu'un homme politique français, député et ministre. Ses actions pour la Société des Nations et au sein de son Comité fédéral de Coopération européenne font de lui un des précurseurs de l'idée européenne.

Biographie

Émile Borel est le fils d'un pasteur protestant.

Il est reçu à la fois premier à l'École polytechnique et à l'École normale supérieure, qu'il choisit. Il est également reçu premier à l'agrégation de mathématiques. Refusant les offres des industriels, il se consacre à la recherche. Émile Borel est nommé maître de conférences à la Faculté des sciences de Lille en 1893.

Avec René Baire et Henri-Léon Lebesgue, il est parmi les pionniers de la théorie de la mesure et de son application à la théorie des probabilités. Le concept de tribu borélienne est nommé en son honneur. Dans l'un de ses livres sur les probabilités, il présente l'amusante expérience de pensée connue sous le nom paradoxe du singe savant ou analogues. Il publie également un certain nombre d'articles de recherche sur la théorie des jeux ainsi qu'un véritable monument sur le jeu de bridge.

Il est président de la Société mathématique de France en 1905, et en 1906 il crée avec sa femme Camille Marbo La Revue du mois, journal scientifique et littéraire.

Il obtient la chaire de Théorie des fonctions à la Faculté des sciences de Paris en 1909, puis la chaire de Probabilités et physique mathématique, succédant à Joseph Boussinesq, en 1921.

Il est par ailleurs directeur adjoint de l'École normale supérieure, de 1910 à 1920.

Engagé volontaire en 1914, il commande une batterie d'artillerie.

Émile Borel a un rôle politique actif :
Alors sur le front et rappelé par son ami Paul Painlevé, il devient secrétaire général de la Présidence du Conseil.

Il est député radical et radical-socialiste, puis indépendant de gauche, puis enfin républicain-socialiste de l'Aveyron de 1924 à 1936, et ministre de la Marine en 1925.

Membre du Conseil de l'Université depuis 1920, Émile Borel en devient vice-président.

C'est également à lui qu'on doit la création en 1922 de l'Institut de statistique de l'université de Paris (ISUP), la plus ancienne école de statistique en France.

Il est par ailleurs en 1923-1924 président de la Confédération des travailleurs intellectuels (CTI).

Émile Borel crée en 1928, avec le soutien financier des Rockefeller et des Rothschild, le Centre mathématique qu'il nomme Institut Henri-Poincaré (où se trouve maintenant le Centre Émile Borel), et qu'il dirige pendant trente ans.

Borel fait adopter par le Parlement l'institution du Sou des laboratoires destiné à les équiper, et prélevé sur les bénéfices industriels, en même temps que la taxe d’apprentissage.

Émile Borel est membre de l'Académie des sciences, élu en 1921, vice-président en 1933, puis président en 1934.

En 1936, avec Jean Perrin et Jean Zay, il participe à la création de l'organisation d'État de la Recherche, devenue ensuite le CNRS.

Il est aussi « professeur extraordinaire » à l'Université de Rome, ainsi que membre de l'Académie roumaine.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est arrêté et emprisonné à Fresnes pendant un mois, en 1941, mais sitôt libéré, il reprend la lutte dans la Résistance[1].

À partir de 1945, Émile Borel est membre du conseil de l'ordre de la Légion d'honneur.

Il est élu membre du Bureau des longitudes en 1946.

En 1948, il devient président du comité des sciences de l'UNESCO.

Il est mort à Paris en 1956.

Sa femme, née Marguerite Appell, écrivain connue sous le nom de plume Camille Marbo, reçoit le Prix Femina en 1913 ; elle est la fille du mathématicien Paul Appell et la sœur du député Pierre Appell.

Décorations

Distinctions

  • Grand Prix des sciences mathématiques, 1898.
  • Prix Poncelet, 1901.
  • Prix Vaillant, 1904.
  • Prix Petit d'Ormoy, 1905.
  • Prix Osiris, 1954.
  • 1re Médaille d'or du CNRS[3] pour l'ensemble de son œuvre.

Nomenclature borélienne

Émile Borel laisse son nom aux concepts mathématiques suivants :

Portent aussi son nom :

Émile Borel et le hasard

Dans une intervention à l'Académie des Sciences, Émile Borel s'en prend au préjugé consistant à croire irrationnel de prendre un billet de loterie. L'achat du billet ne change pas réellement l'existence de celui qui le prend, explique-t-il, tandis que s'il gagne - bien qu'il ait très peu de chance que cela se produise - cette vie en sera changée du tout au tout. Il ne s'agit au fond que d'une sorte de version en modèle réduit du pari de Pascal, mais insistant sur le fait que l'utilité d'un aléa ne se confond pas en général avec son espérance mathématique.

Au cours de la même séance, il montre qu'il est tout aussi rationnel de payer pour acheter du risque (cas du billet de loterie) que de payer pour en éviter (cas de l'assurance).

Œuvres

Principales œuvres :

  • Sur quelques points de la théorie des fonctions (thèse, 1894)
  • Introduction à l'étude de la théorie des nombres et de l'algèbre supérieure (1895) avec Jules Drach d'après des conférences de Jules Tannery.
  • Leçons sur la théorie des fonctions (1898)
  • Leçons sur les séries entières (1900)
  • Leçons sur les séries divergentes (1901)
  • Leçons sur les séries à termes positifs (1902)
  • Leçons sur les fonctions méromorphes (1903)
  • Leçons sur la théorie de la croissance (1910)
  • Leçons sur les fonctions de variables réelles et les développements en séries de polynômes (1905)
  • Le Hasard (1914)
  • Introduction géométrique à quelques théories physiques (1914)
  • Leçons sur les fonctions monogènes uniformes d'une variable complexe (1917)
  • De la méthode dans les sciences, Baillaud, Borel… Librairie Félix Alcan (1919)[4]
  • L'Espace et le temps (1921)
  • « La théorie du jeu et les équations intégrales à noyau symétrique gauche », C.R. Hebd. Seances Acad. Sci., vol. 173,‎ , p. 1304-1308 (lire en ligne)
  • Méthodes et problèmes de la théorie des fonctions (1922)
  • L'espace et le temps (1922)
  • Traité du calcul des probabilités et ses applications (1924-1934)
  • Principes et formules classiques du calcul des probabilités (1925)
  • Valeur pratique et philosophique des probabilités (1939)
  • Théorie mathématique du bridge à la portée de tous, en collaboration avec André Chéron (1940)
  • Le jeu, la chance et les théories scientifiques contemporaines (1941)
  • Les probabilités et la vie (1943)
  • Évolution de la mécanique (1943)
  • Les paradoxes de l'infini (1946)
  • Éléments de la théorie des ensembles (1949)
  • Les nombres inaccessibles (1952) (lire en ligne)
  • L'imaginaire et le réel en mathématiques et en physique (1952)
  • « La science est-elle responsable de la crise mondiale ? », Scientia : rivista internazionale di sintesi scientifica, 51, 1932, p. 99-106.
  • « La science dans une societe socialiste », Scientia : rivista internazionale di sintesi scientifica, 31, 1922, p. 223-228.
  • « Le continu mathematique et le continu physique », Rivista di scienza, 6, 1909, p. 21-35.
  • Les Œuvres d'Émile Borel ont été éditées par le CNRS en 1972 (4 tomes).

Sources bibliographiques

  • Louis de Broglie, Notice sur la vie et l'œuvre de Émile Borel, Paris, Institut de France, 1957
  • Camille Marbo[5], À travers deux siècles, souvenirs et rencontres (1883-1967), Paris, Grasset, 1967.
  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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