Adrien Zeller

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Adrien Zeller
Illustration.
Adrien Zeller lors du forum du financement, de l'innovation et de la compétitivité le , à Strasbourg.
Fonctions
Président du conseil régional d'Alsace

(13 ans, 4 mois et 30 jours)
Élection
Réélection 15 mars 1998
28 mars 2004
Prédécesseur Marcel Rudloff
Successeur André Reichardt
Maire de Saverne

(23 ans, 11 mois et 26 jours)
Élection 20 mars 1977
Réélection 13 mars 1983
19 mars 1989
18 juin 1995
Prédécesseur Joseph Wolff
Successeur Thierry Carbiener
Député français

(9 ans, 9 mois et 26 jours)
Élection 12 juin 1988
Réélection 28 mars 1993
1er juin 1997
Circonscription 7e du Bas-Rhin
Législature IXe, Xe et XIe (Cinquième République)
Groupe politique UDC (1988-1993)
UDFC (1993-1997)
UDF (1997-1998)
Prédécesseur Proportionnelle par département
Successeur Émile Blessig

(moins d’un jour)
Élection 16 mars 1986
Circonscription Bas-Rhin
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF
Successeur Marc Reymann

(12 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 11 mars 1973
Réélection 19 mars 1978
12 juin 1981
Circonscription 6e du Bas-Rhin
Législature Ve, VIe et VIIe (Cinquième République)
Groupe politique RDS (1973-1974)
RCDS (1974-1978)
UDF (1978-1986)
Prédécesseur Alfred Westphal
Successeur Proportionnelle par département
Conseiller régional d'Alsace

(22 ans)
Président Pierre Schielé
Marcel Rudloff
Député européen

(2 ans, 8 mois et 11 jours)
Élection
Législature 3e
Groupe politique PPE
Conseiller général du Bas-Rhin

(15 ans)
Élection 30 septembre 1973
Secrétaire d'État chargé de la Sécurité sociale

(2 ans, 1 mois et 20 jours)
Président François Mitterrand
Gouvernement Chirac II
Prédécesseur Edmond Hervé
Successeur Claude Évin (ministre délégué)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saverne (Bas-Rhin, France)
Date de décès (à 69 ans)
Lieu de décès Haguenau (Bas-Rhin, France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique CDS-UDF (1982-1995)
UDF (1995-2002)
UMP (2002-2009)
Père Henri Zeller
Diplômé de Collège d'Europe
Profession Fonctionnaire européen

Adrien Zeller, né le à Saverne (Bas-Rhin) et mort le à Haguenau (Bas-Rhin), est un homme politique français.

Maire de Saverne et député à l'Assemblée nationale, il devient secrétaire d'État chargé de la Sécurité sociale dans le gouvernement Jacques Chirac II, en 1986. Président du conseil régional d'Alsace de 1996 à sa mort, il est le seul président de région de droite à être réélu aux élections régionales de 2004.

Se définissant comme un « démocrate-social », Adrien Zeller, d'abord membre du CDS et de l'UDF, avait adhéré à l'UMP en 2002.

Jeunesse et carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Adrien Zeller est issu d'une famille d'élus locaux de l'arrondissement de Saverne, au nord-ouest du Bas-Rhin. Son père, Henri Zeller (1905-1969), entrepreneur en maçonnerie, et son grand-père, André Zeller (1880-1951), furent tous deux maires de la commune rurale d'Otterswiller. Moins d'un mois après sa naissance, la débâcle fait entrer l'Alsace-Lorraine dans le Grand Reich, et la famille Zeller se réfugie à Châteauroux pendant la Seconde Guerre mondiale.

Licencié en sciences économiques puis titulaire d'un diplôme d'ingénieur agronome en 1962, il est ensuite diplômé du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes en 1964 et du Collège d'Europe de Bruges en 1966. En pleine période de mise en place de la Politique agricole commune, il devient administrateur principal auprès de la Commission européenne à Bruxelles, de 1967 à 1973. Après son entrée en politique, en 1973, et jusqu'en 1988, il reste consultant pour les problèmes d'intégration économique internationale auprès de l'ONU.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

1973 - 1998 : député du Bas-Rhin[modifier | modifier le code]

Il commence sa carrière politique en 1973, lorsqu'il se présente aux élections législatives dans la 7e circonscription du Bas-Rhin, avec le soutien du sénateur Louis Jung. Face au député gaulliste (UDR) sortant, Alfred Westphal, également conseiller général de Drulingen, Adrien Zeller est élu pour la première fois, à l'âge de 32 ans.

Membre du groupe des Réformateurs démocrates sociaux durant la Ve législature (1973-1978), il siège ensuite parmi les non-inscrits. En 1982, après son adhésion au Centre des démocrates sociaux, il intègre le groupe UDF.

À l'Assemblée nationale, il se fait remarquer notamment pour avoir déposé, en 1985, une proposition de loi visant à instaurer un « revenu minimum d'existence » tenant compte des charges familiales et de logement, et pouvant s'appliquer à plus de 200 000 personnes[1].

Constamment réélu, il n'abandonne son mandat de député que pour entrer au gouvernement, en tant que secrétaire d'État chargé de la Sécurité sociale. À la suite de sa réélection à la tête du conseil régional d'Alsace, en , il démissionne pour se consacrer pleinement à sa région.

1977 - 2001 : maire de Saverne[modifier | modifier le code]

Élu maire de Saverne (Bas-Rhin) en 1977, il est continuellement réélu jusqu'aux élections municipales de 2001, où il ne brigue pas un nouveau mandat.

Inspiré par une obligation d'assistance aux indigents issue du droit local, il fait expérimenter dans sa ville son « revenu minimum d'existence ». Dans le domaine du développement urbain, il est à l'origine, en 1995, du projet de la ZAC Fontaine Saubach, lancé seulement dix ans plus tard[2].

1986 - 1988 : secrétaire d'État[modifier | modifier le code]

Adrien Zeller est nommé, le , secrétaire d'État chargé de la Sécurité sociale au sein du gouvernement Jacques Chirac II.

À ce poste, il lance un plan contre la pauvreté, dans lequel il fait adopter une allocation versée pour six mois aux personnes sans ressources, en échange d'un travail d'intérêt local à mi-temps. Durant ces deux années de présence au gouvernement, il fait débloquer des fonds d'aide au relogement, et tente d'instaurer à toute la France son « revenu minimum d'existence », qu'il avait expérimenté avec succès à Saverne. Mais le Premier ministre de l'époque et son ministre de tutelle, Philippe Séguin, ne lui laissent « pas assez de latitude » pour le mettre en place[3].

En 1988, après la victoire de la gauche aux élections législatives, le gouvernement Michel Rocard s'en inspire pour créer le revenu minimum d'insertion (RMI).

1989 - 1992 : député européen[modifier | modifier le code]

L'année suivante, en 1989, Adrien Zeller figure en troisième position sur la liste dissidente conduite par Simone Veil, « Le Centre pour l'Europe », face à la liste d'union UDF-RPR, emmenée par Valéry Giscard d'Estaing.

Élu député européen le 15 juin 1989, il siège au sein du groupe PPE. Adrien Zeller démissionne de son mandat européen après sa réélection au conseil régional d'Alsace, en 1992.

1996 - 2009 : président du conseil régional d'Alsace[modifier | modifier le code]

Lors des élections régionales de 1992, il présente sa propre liste, marquant ainsi son opposition au président du conseil régional UDF sortant, Marcel Rudloff. À la mort de ce dernier, le , Adrien Zeller assure l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président, prévue le . Candidat avec l'appui des Verts auxquels il a concédé l'abandon de la ligne du TGV Est[3], il est élu à la tête du conseil régional d'Alsace face au RPR Hubert Haenel[4].

Fervent partisan de la décentralisation, il soutient le projet de réforme dans ce domaine de Jean-Pierre Raffarin[5]. En tant que président de région, il est à l'origine de la création à Illkirch-Graffenstaden du pôle de compétitivité à vocation mondiale Alsace-Biovalley, spécialisé dans la recherche des technologies médicales, de l'agence de prospective et de gestion de l'action économique à l'international de la région, Alsace international et de l'Agence régionale de l'innovation Alsace. Membre du conseil d'administration de Réseau ferré de France[6], il est un acteur important, après s'y être opposé, du développement de la LGV Est européenne, inaugurée en 2007.

Aisément réélu en 1998, il est le seul président de droite à être réélu président de région à la suite du renouvellement de 2004. Fervent adversaire du Front national, il s'est dit prêt à une « coalition anti-FN[3] ».

Européen convaincu[7], il n'a de cesse d'œuvrer en faveur d'une étroite collaboration entre sa région et l'Union européenne : il est notamment parvenu à obtenir du gouvernement la gestion directe par l'Alsace de la plupart des fonds structurels européens, en 2002-2003[3]. Avec François Loos, il contribué au lancement et financé durant trois ans un nouveau think tank européen à Strasbourg, le Forum Carolus, dont la création et la direction a été confiée à Henri de Grossouvre.

Adrien Zeller est victime d'un infarctus le , après une réunion franco-allemande en Forêt-Noire[8]. Plongé dans un coma artificiel, il décède à l'hôpital de Haguenau le , à la suite d'un nouvel accident cardiaque[9]. Tandis que le président Nicolas Sarkozy estime que « les Alsaciens perdent un grand élu qui a consacré toute sa vie au développement d'une région […], un homme de conviction qui s'est engagé très tôt et sans relâche en faveur de la décentralisation régionale », toute la classe politique rend un hommage unanime à l'action d'Adrien Zeller[3],[10]. Inhumé le à Saverne, ses obsèques ont réuni plus de 1 500 personnes[11].

Détail des mandats et fonctions[modifier | modifier le code]

Fonctions ministérielles
Fonctions parlementaires
Mandats locaux

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages et odonymes[modifier | modifier le code]

Le lycée de Bouxwiller (Bas-Rhin) porte le nom de lycée Adrien-Zeller depuis le . À Strasbourg, son nom est donné à la place située devant la Maison de la Région, dans le quartier du Wacken[15] et au CEFPPA d'Illkirch.

La promotion 2011 de l'INSA de Strasbourg porte son nom[16].

Publications et documentation[modifier | modifier le code]

  • L'imbroglio agricole du Marché commun, Calmann-Lévy, 1970
  • Avec Alphonse Muller, La politique autrement : essai politique, Culture alsacienne, 1978
  • Pour ma région : libre propos, 1998
  • Avec Pierre Stussi, La France enfin forte de ses régions : glossaire engagé de la décentralisation, Gualino, 2002

La documentation d'Adrien Zeller est conservée aux archives départementales du Bas-Rhin à Strasbourg, répartie dans les fonds 95 J et 2298 W.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Question écrite no 07561 du sénateur Jean-Luc Mélenchon au secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires sociales et de l'Emploi, chargé de la Sécurité sociale, Adrien Zeller, du 3 septembre 1987, et la réponse de ce dernier publiée le 28 avril 1988.
  2. Christophe Niess, « On bétonne à Saverne ? », Saverne 2008, le blog des municipales, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, 16 janvier 2008.
  3. a b c d et e « Un homme de conviction », Les Dernières Nouvelles d'Alsace, 23 août 2009
  4. « Adrien Zeller, “humaniste rhénan”, est mort », Le Monde, 22 août 2009
  5. « Un centriste pragmatique avec un cœur “social” », Horizons politiques, 20 juin 2007
  6. [PDF] Liste des membres du conseil d'administration de RFF
  7. « Carnet - Adrien Zeller », Le Monde, 24 août 2009
  8. « Le président de la région Alsace convalescent après un incident cardiaque », dépêche Agence France-Presse, 19 août 2009
  9. « Décès d'Adrien Zeller, président de la Région Alsace », Le Figaro, 22 août 2009
  10. « Hommage unanime à Adrien Zeller », L'Alsace-Le Pays, 24 août 2009
  11. « Plus de 1 500 personnes aux obsèques d'Adrien Zeller à Saverne », dépêche AFP, 26 août 2009
  12. « Décret du 31 décembre 1998 portant promotion et nomination », JORF, no 1 du 1er janvier 1999, p. 10, NOR PREX9803138D, sur Légifrance
  13. « Décret du 15 novembre 2004 portant promotion et nomination », JORF no 266 du 16 novembre 2004, p. 19225, texte no 2, NOR PREX0407745D, sur Légifrance
  14. « Coopération Alsace-Basse Silésie sous le signe de l’environnement », L'Alsace-Le Pays, 16 juin 2009
  15. « Une place Adrien Zeller », L'Alsace-Le Pays, 21 août 2010
  16. « insa-strasbourg.fr/fr/actualit… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]