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Shikantaza

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Shikantaza (只管打坐?) est un terme japonais utilisé dans l'école du bouddhisme zen Sōtō qui peut être traduit par « seulement s'asseoir » ou « être assis sans rien faire[1] » et qui décrit l'attitude à adopter lors de la méditation zazen. Il s'agit d'un concept central de l'école Sōtō.

Origine

Shikantaza est une notion centrale du zen sōtō et de l'enseignement de Dōgen. L'école Sôtô en attribue l'introduction de cette pratique à son fondateur, Dōgen, qui affirmait avoir appris ce style de pratique auprès de Rujing, qui fut son maître chan lors de son séjour en Chine[2]. On considère que Dôgen fut l'avocat du « seulement s'asseoir », en reprenant la posture qui fut celle des bouddhas (en particulier Siddhartha Gautama) et des patriarches du zen (comme par exemple Bodhidharma)[2].

Le concept de shikantaza

Le maître zen sôtô japonais Tetsujo Deguichi pratiquant shikantaza.

La pratique de zazen semble dans l'école Rinzai viser certains objectifs et reposer sur des méthodes (comme la pratique du kōan, ou encore le susokukan, à savoir le décompte des respirations). En revanche, l'idée véhiculée par shikantaza est que zazen ne doit pas être pratiqué en espérant en obtenir quelque bénéfice, mais simplement en s'asseyant et en laissant passer les pensées sans chercher à faire le vide. C'est pratiquer zazen sans autre but que la pratique en elle-même[3].

Shikantaza ne désigne donc pas tant une technique à part entière que l'attitude mentale propre à la pratique de zazen, le « lâcher prise ». Il s'agit de se détacher, au sens de laisser les sensations et les pensées émerger et disparaître sans chercher à les maintenir ni à les évacuer. Ainsi, les pensées disparaissent d'elles-mêmes, par le fait que le méditant ne recherche rien de particulier : il pense sans penser, « au-delà de la pensée » (hishiryō)[4].

Shikantaza pointe une réussite de la pratique, l'accomplissement de la nature éveillée présente en chacun, mais dont la manifestation s'avère entravée par l'attachement, y compris à la pratique de la méditation, là où le méditant qui pratique shikantaza a renoncé à atteindre quoi que ce soit.

Enseignement

Citations

  • Shikantaza gravé sur cette stèle en l'honneur de Dôgen. Kamakura.
    « Abandonnez les offrandes d'encens, les prosternations, le nenbutsu, la pratique du repentir et la lecture des sutras : restez simplement assis (shikantaza)[5]. » Les traducteurs de ce texte font cependant remarquer que tant Dôgen que son maître Rujing ne renoncèrent pas à ces pratiques dans leurs monastères, si bien qu'il ne faut pas prendre cette recommandation littéralement, mais plutôt y voir une insistance sur le caractère central de shikantaza.
  • « Même si certains savent par expérience que s'asseoir est le dharma du bouddha, nul ne sait s'asseoir pour s'asseoir. » (Dōgen)
  • « Zazen, c'est simplement être présent pendant zazen lui-même, c'est shikantaza. Ce n'est pas quelque chose que vous pourrez acquérir après avoir fait zazen. » (Dainin Katagiri)
  • « Shikantaza, être seulement assis sans rien faire, sans rien chercher, sans rien attendre, sans rien espérer. C'est le zazen de l'Éveil silencieux, celui de Shâkyamuni, et de Dôgen Zenji. Shikantaza, c'est pratiquer zazen, sans autre but que zazen lui-même, se laisser faire par lui. Ce n'est plus vous qui faites zazen, c'est zazen qui vous fait, qui vous remodèle[3]. » (Jacques Brosse)

Références

  1. Jacques Brosse, Zen et Occident, Albin Michel, (lire en ligne), p. 100.
  2. a et b (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , xxxii, 1265 (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 804-805
  3. a et b Jacques Brosse, Pratique du zen vivant, Albin Michel, (lire en ligne), p. 90-93.
  4. Dōgen, Fukanzazengi, .
  5. Dōgen's Extensive Record. A translation of "Eihei Kōroku", Edited and introduced by Taigen Dan Leighton; Translated by Taigen Dan Leighton and Shoaku Okumora, Boston, Wisdom Publication, 2010, p. 102 (ISBN 978-0-861-71670-8)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes