Textes bouddhistes gandhariens

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Les textes bouddhistes gandhariens comprennent les plus anciens manuscrits bouddhistes connus, datant du Ier siècle ap. J.-C.[1], qui sont aussi les plus anciens documents datés du monde indien après les inscriptions d’Ashoka. On en connait presque une centaine, apparus pour la plupart dans les années 1990[2]. Ils sont pour la plupart rédigés en gandhari transcrit en alphabet kharoshthi. Leur état de conservation est médiocre, mais les techniques de préservation et la comparaison textuelle avec d’autres versions en pali ou en sanskrit bouddhique permettent des tentatives de reconstitution[3].

Collections[modifier | modifier le code]

British Library[modifier | modifier le code]

Texte bouddhiste fragmentaire en kharoshthi - Rouleaux d'écorce de Gandhara (Ier siècle), British Library part 31 - BL Or. 14915.

En 1994, la British Library acquit des manuscrits datant de la première moitié du Ier siècle ap. J.-C., écrits sur de l’écorce de bouleau. Ils étaient contenus dans des jarres de terre enterrées dans le site d’anciens monastères à Bamiyan, Jalalabad et Hadda en Afghanistan oriental, qui constituait une partie du Gandhara. La collection comprend divers textes de la main d’une vingtaine de scribes différents, appartenant aux corpus Dhammapada, Avadanas, Purvayogas et Abhidharma[4]. Il s’agit donc d’un ensemble disparate qui semble avoir été enterré à l’état de fragments[5].

Du fait d’une inscription sur une jarre et d’éléments textuels, ces textes appartenaient probablement à l’école dharmaguptaka[6].

Collection Senior[modifier | modifier le code]

Il s’agit de manuscrits acquis par le collectionneur britannique R. Senior. Également rédigés sur de l’écorce de bouleau en écriture kharoshthi et conservés dans des jarres, ils proviendraient de la même région que ceux de la British Library. Par contre, ils comprennent essentiellement des sutras du canon pali, certains complets, de la main du même scribe pour la plupart, il s’agit donc d’un ensemble plus cohérent que la collection de la British Library[7]. Ils auraient été rédigés entre la fin du Ier et le début du IIe siècle ap. J.-C[8],[7], ce qui correspond à l’ère de Kanishka, comme semblent le confirmer les noms de moines inscrits sur les jarres, qui sont macédoniens[9]. Selon Salomon, il existe de nombreux parallèles avec le Samyutta Nikāya[10].

Collection Schøyen[modifier | modifier le code]

Il s’agit de manuscrits rédigés sur écorce de bouleau, feuilles de palmes et vélin, que l’on suppose provenir des grottes de Bamiyan, acquis par le Norvégien Martin Schøyen. Une moindre quantité du même lot a été acquise par des collectionneurs japonais[11]. Ils datent du IIe au VIIIe siècle ap. J.-C. et comprennent, outre des textes en gandhari, des textes en sanskrit transcrits en écriture brahmi[12].

La collection comprend des sutras du canon pali, des portions des corpus Abhidharma et Vinaya, ainsi que des textes mahāyāna, dont un provenant des dharmaguptaka qui mentionne les six vertus[13].

Université de Washington[modifier | modifier le code]

Un commentaire de l’Abhidharma sur la souffrance humaine écrit sur écorce de bouleau et datant du Ier ou du IIe siècle ap. J.-C. a été acheté par la bibliothèque de l’université à un collectionneur en 2002.

La bibliothèque du congrès l'a rendu public en 2019. Jonathan Loar, bibliothécaire responsable de la division asiatique de la Bibliothèque, a ajouté dans un communiqué : « C’est un document unique, car il est très ancien comparé à des manuscrits similaires et, en tant que tel, il nous rapproche historiquement de la période du Bouddha. ».[14]

Dhammapada du Khotan[modifier | modifier le code]

En 1892, un exemplaire du Dhammapada en gandhari avait été découvert près de Khotan au Xinjiang. Il fut partagé en plusieurs fragments ; certains intégrèrent des collections russes et françaises, mais d'autres disparurent. L’essentiel des fragments français a été publié dans le Journal asiatique en 1898. En 1962, John Brough a publié les fragments français et russes, assortis de commentaires.

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. (en) « UW Press: Ancient Buddhist Scrolls from Gandhara » (consulté le )
  2. Ingo Strauch, « Du Gandhāra à Socotra », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 142 | 2011, p.240-243 mis en ligne le 27 juillet 2011
  3. Olivelle, 2006, p. 357
  4. Salomon, 1999, p. 22-23 et 54-55
  5. Salomon, 1999, p.69-71; Salomon, 2000, p.20-23
  6. Salomon, 2000, p.5
  7. a et b Salomon JAOS, p. 78
  8. Salomon JAOS, p. 73-92
  9. Salomon JAOS, p. 77
  10. Salomon JAOS, p. 79
  11. [1]
  12. Olivelle, 2006, p. 356
  13. Épisode Eurasia Episode III - Gandhara, the Renaissance of Buddhism, troisième épisode de la série Eurasia, d'une durée de 11:20 minutes. Diffusé pour la première fois le 2004 sur le réseau France 5 / NHK / Point du Jour International. Autres crédits : Presenters: Patrick Cabouat and Alain Moreau.
  14. « Un manuscrit bouddhique vieux de 2000 ans restauré et numérisé », sur ActuaLitté.com (consulté le )

Références[modifier | modifier le code]

  • Patrick Olivelle, Between the Empires: Society in India 300 BCE to 400 CE, Oxford University Press, 2006 (ISBN 0-19-530532-9).
  • Richard Salomon, Ancient Buddhist Scrolls from Gandhāra, University of Washington Press, Seattle, 1999 (ISBN 0-295-97769-8).
  • Richard Salomon, A Gāndhārī Version of the Rhinoceros Sutra: British Library Fragment 5B Univ. of Washington Press: Seattle and London, 2000.
  • Richard Salomon, The Senior Manuscripts: Another Collection of Gandhāran Buddhist Scrolls, Journal of the American Oriental Society, Vol. 123, No. 1 (Jan. - Mar., 2003).
  • Sunita Dwivedi, Buddha in Gandhara, Rupa Publications, 2020 (ISBN 978-9389967432).

Liens externes[modifier | modifier le code]