Christine Albanel

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Christine Albanel
Illustration.
Christine Albanel en 2008.
Fonctions
Ministre de la Culture et de la Communication

(2 ans, 1 mois et 5 jours)
Gouvernement François Fillon I
François Fillon II
Prédécesseur Renaud Donnedieu de Vabres
Successeur Frédéric Mitterrand
Biographie
Nom de naissance Christine Marie Albanel
Date de naissance (68 ans)
Lieu de naissance Toulouse, Haute-Garonne (France)
Nationalité Française
Parti politique UMP
Profession Enseignante

Christine Marie Albanel (Toulouse (68 ans) – ), est une femme politique française. De à , elle est ministre de la Culture et de la Communication dans les gouvernements Fillon I et Fillon II. Elle intègre France Télécom le 1er avril 2010, et est chargée de la communication du groupe.

Biographie

Familles et formation

Fille de médecin toulousain, Christine Albanel est divorcée de Philippe Guilhot de Lagarde. Elle a un enfant[1].

Après une scolarité au Cours catholique Saint-Thomas d’Aquin et au lycée public Saint-Sernin à Toulouse[1], elle suit des études de lettres à la Sorbonne à Paris et obtient l’agrégation en lettres modernes. Elle devient professeur de français au lycée technique Saint-Lambert à Paris, dans une classe de BEP bâtiment[2].

Sa première rencontre avec la politique se fait à 13 ans, par l’intermédiaire de son oncle de 20 ans, étudiant en sociologie et militant de gauche en 1968 qui, dit-elle, était dans l'« utopie ». Elle affirme, que malgré son prestige, elle s'est construite politiquement contre lui et son discours qu'elle considérait comme « extrême »[2].

La plume de Jacques Chirac

Présentée par son cousin, Jean-Bernard Mérimée, alors chef du protocole au Palais de l’Élysée, elle devient de 1979 à 1981, l’attachée de presse d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing, en tant que chargée de mission au secrétariat général de l’Élysée[3].

Après , elle intègre les effectifs de l’enseignement secondaire et pendant l’année scolaire 1981-1982 occupe un poste à Luzarches. Denis Baudouin la fait venir à l’Hôtel de ville de Paris, où elle est chargée d’écrire les discours de Jacques Chirac, comme Alain Juppé avant elle. Elle rejoint le cabinet de Jacques Chirac quand il est nommé Premier ministre en 1986 pour continuer à écrire ses discours[3].

En 1988, Christine Albanel retrouve la mairie de Paris, où elle est nommée directrice adjointe du cabinet du maire. Elle fait aussi partie de l’équipe qui autour de Maurice Ulrich prépare la campagne présidentielle de 1995. Jacques Chirac ayant été élu président de la République, elle le suit à l’Élysée[2]. C’est elle qui rédige le discours du Vel’ d’Hiv de par lequel Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs, ainsi que l’hommage à François Mitterrand prononcé au soir de sa mort le [3]. Elle devient aussi conseiller pour l’éducation et la culture et est nommée conseiller d’État au tour extérieur en 2000.

Sa carrière élective débute comme conseillère régionale RPR-UDF-MPF, DVD puis UMP d’Île-de-France de 1986 à 1992 et de 1998 à 2004, ainsi que secrétaire nationale auprès du délégué général à l’Éducation, à la Formation et à la Culture du RPR (1992-1995) puis secrétaire nationale de l’UMP, chargée de l’animation d’un groupe de réflexion sur l’évolution des programmes scolaires (2003)[4].

Présidente de Versailles (2003-2007)

Nommée présidente de l’établissement public du musée et du domaine national de Versailles en [5], elle succède à Hubert Astier. La nomination d’une personnalité administratrice et non d’une personnalité scientifique à la tête d’un tel établissement a cependant ému le monde des conservateurs et des historiens d’art[6].

Son action a ensuite été contestée, les spécialistes de la période l’accusant de sacrifier la conservation et la recherche scientifique au profit de la fréquentation toujours plus grande du site et au marketing[7]. Elle a en effet largement ouvert le palais aux événements en cherchant à « l’inscrire dans la modernité », accueillant par exemple une exposition de robes de mariées de Christian Lacroix dans la chapelle royale[3], et fait appel au secteur privé pour la rénovation et la valorisation du château[8].

Ministre de la Culture et de la Communication (2007-2009)

Le , elle est nommée ministre de la Culture et de la Communication et porte-parole du gouvernement. Toutefois, en juin 2007, le poste de porte-parole est confié à Laurent Wauquiez, jugé meilleur communiquant[2] et plus politique[3]. Albanel est également membre du Conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation pour l’innovation politique.

Affirmant l’échec des démocratisations et décentralisation culturelles à travers « une politique d’addition de guichets et de projets au détriment de la cohérence d’ensemble [et] une prise en compte insuffisante des publics (…) davantage attachée à augmenter l’offre qu’à élargir les publics », Nicolas Sarkozy charge sa ministre d’appuyer la démocratisation sur l’éducation culturelle et artistique et les médias. Elle doit conduire une réforme de l’audiovisuel public marquée par un accent sur la culture aux heures de grande écoute sur France Télévisions, et une réorganisation de l’audiovisuel extérieur. Elle est aussi chargée d’adapter le monde culturel à la « révolution numérique » et de préserver la création artistique des risques de la contrefaçon[9].

Ainsi, partageant le désir de réformes profondes de Nicolas Sarkozy[3], elle mène le plan de modernisation des politiques publiques pour le ministère de la Culture, qui doit le voir se recentrer sur ses missions prioritaires, et sa réorganisation autour de trois directions générales et du regroupement des sept corps d’inspection du ministère.

Elle met également en place en février 2008 les « Entretiens de Valois » sur le spectacle vivant, aboutissant une année plus tard à trois pistes de réformes :

  • une refonte des labels de l’État aux établissements et aux compagnies ;
  • un partenariat avec les collectivités territoriales où l’État serait plus « partenaire » que « prescripteur » ;
  • et une meilleure « circulation des artistes et des productions »[10].

Après l’essai de la gratuité de musées français voulu par le président de la République, elle le convainc de la limiter aux jeunes, et aux collections permanentes. Elle réalise la fusion RFI-France 24-TV5Monde au sein de la Société de l’audiovisuel extérieur de la France, et met en place l’enseignement artistique en primaire[11].

Mais ses débuts sont difficiles : plusieurs fois annoncée sortante lors des remaniements ministériels, elle est selon Le Monde peu appréciée par Nicolas Sarkozy, et doit rivaliser avec l’influent conseiller culturel de l’Élysée, Georges-Marc Benamou. Elle défend notamment la réforme de l’audiovisuel voulue par le président, dont la suppression de la publicité, mesure soufflée par le conseiller, et annoncée sans qu’elle soit consultée ou avertie. Alors que Georges-Marc Benamou est sorti du giron élyséen, elle est confrontée en janvier 2009 à la constitution du Conseil de la création artistique, dont Marin Karmitz est présenté comme un nouveau « ministre-bis »[12].

En outre, plusieurs annonces émaillent ses premiers mois. Ainsi, Capital.fr révèle en juin 2007 qu’elle diffère la publication du rapport 2007 de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art, faisant état de 17 000 disparitions d’objets du patrimoine historique, dont certains confiés à des ministères, ambassades ou élus[13]. Le rapport est finalement présenté en janvier 2009, et la commission pérennisée[14].

En octobre 2007, elle s’oppose à la restitution d’une tête de guerrier māori tatouée conservée par le Muséum d'histoire naturelle de Rouen de la ville. En effet, en réponse à la demande de retour de tous les restes de dépouilles māori dispersés dans le monde entier, formulée depuis 1992 par le musée national néozélandais Te Papa Tongarewa, le conseil municipal rouennais ordonne la restitution de la tête, mais le ministère de la Culture fait annuler la décision par le tribunal administratif de Rouen, le . Pour les partisans de la restitution, ces têtes étaient considérées comme des morceaux de corps humains devant être rendues au nom de la loi sur la bioéthique de 1994[15], tandis que pour la ministre, en vertu de l'article 11 de la loi du 4 janvier 2002 sur les musées de France, il s'agit de pièces de collections publiques (en l'occurrence anthropologiques), qui à ce titre sont inaliénables à défaut d'une procédure préalable de déclassement (ou d'une loi spéciale)[16].

Elle se présente aux élections municipales de 2008 derrière Vincent Roger, tête de liste de la majorité présidentielle dans le 4e arrondissement de Paris où, selon son entourage, elle souhaite « apporter sa connaissance de Paris », et se battre sur trois fronts : « le plan de sauvegarde du Marais, la création d’un festival culturel du Marais, et la revalorisation de la dimension patrimoniale et culturelle du Marais »[17]. Élue conseillère municipale d’opposition, peu impliquée ni présente, elle démissionne peu de temps après[18].

En juin 2008, elle porte la loi sur les archives, à laquelle la Direction des archives de France travaillait depuis de nombreuses années ; cette loi vise à faciliter l’accès aux archives et renforcer leurs protections[19]. Elle a été critiquée par l’Association des archivistes français (AAF)[20].

Christine Albanel lors des débats à l’Assemblée sur la loi Hadopi.

En juin 2009, elle sort affaiblie du débat parlementaire sur le projet de loi « Création et Internet » dite « Hadopi », voulu par Nicolas Sarkozy[21]. En effet, critiqué par les experts des technologies numériques, dénoncé par les députés de gauche et certains de la majorité comme « liberticide » et techniquement irréalisable[22], attaqué par le Parlement européen[23], le texte est rejeté par l’Assemblée nationale à l’issue de la commission mixte paritaire, puis les principales mesures de la version adoptée en deuxième lecture sont jugées anticonstitutionnelles par le Conseil constitutionnel[24]. De plus, durant ce débat, Libération révèle qu’un membre du cabinet de la ministre a transmis à la direction de TF1, le courrier électronique du respon­sable du pôle innovation web du groupe, Jérôme Bourreau-Guggenheim, envoyé à titre personnel à sa députée Françoise de Panafieu pour l’informer de son jugement et des problèmes techniques liés à la mise en place d’un tel projet. Cette missive ayant conduit au licenciement du cadre de TF1[25], Christine Albanel est contrainte de mettre à pied, un mois après avoir refusé sa démission, ce collaborateur, qui se révèle être son directeur adjoint, Christophe Tardieu, qui la seconde depuis le château de Versailles[26]. La loi censurée est promulguée le 12 juin 2009[27], mais opposants et professionnels de la justice la jugent inapplicable[28], tandis que la ministre promet « un petit texte à la rentrée pour compléter »[29], ayant fait de cette loi une réalisation importante de son ministère, dont l’abandon ferait que « [sa] présence au ministère de la Culture n’aurait aucun sens »[30].

Lors du remaniement ministériel du elle est remplacée par Frédéric Mitterrand[31].

L'après Rue de Valois (depuis 2009)

Elle refuse, selon la presse, de remplacer Frédéric Mitterrand à la tête de la Villa Médicis[32], avant d'être chargée en novembre 2009 d’une mission sur le « passage de l’économie du livre à l’ère du numérique » qui aboutit au rapport Pour un livre numérique créateur de valeurs remis le 15 avril 2010.

Pressentie pour succéder à Bruno Racine à la présidence de la Bibliothèque nationale de France, elle rejoint, en tant que directrice exécutive chargée de la communication interne, externe, du mécénat et de la stratégie contenus de la nouvelle équipe, la nouvelle direction de France Télécom menée par Stéphane Richard, à partir du 1er avril 2010[33]. Le 9 juillet 2012, elle devient directrice exécutive en charge de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), des évènements, des partenariats culturels et institutionnels et de la solidarité. Elle a aussi la charge de la fondation Orange[34].

Elle siège bénévolement au comité de déontologie[35] créé par l'entreprise Endemol France depuis 2010[36].

Elle est membre permanent du jury du Prix des prix littéraires depuis 2011.

Début 2014, elle devient membre de la haute autorité présidée par la juriste Anne Levade chargée d'organiser les primaires de l'UMP en 2016[37].

Décorations

Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur (décret du 11 juillet 2014[38])

Autres fonctions

Œuvres

Christine Albanel est également l’auteur d’œuvres de fiction.

Théâtre
  • La Maison Ambuse, éd. J.-C. Lattès, 1981.
  • 1983 : Hôtel Jawat et de la Plage de Christine Albanel, mise en scène André Oumansky, Comédie de Paris
  • Barrio Chino, éd. Actes Sud, 1987. Pièce créée au Petit Odéon, avec Bernadette Lafont.
  • Le Domaine de Marie-Antoinette, éd. Société française de promotion artistique, Paris, 2006 (coll.)
Roman
  • Une mère insensée, éd. Flammarion, 1994

Notes et références

  1. a et b Who’s Who in France, 2008.
  2. a b c et d Natalie Levisalles, « Le masque de la plume », Libération du 11 juillet 2007.
  3. a b c d e et f Philippe Goulliaud, Christine Albanel, la culture du franc-parler, Le Figaro, 20 novembre 2007.
  4. « Christine Albanel, la plume de l’ombre », 20 minutes.fr, 18 mai 2007.
  5. Décret du 7 juillet 2003.
  6. La Tribune de l’art, 6 juin 2006.
  7. Didier Rykner, « Domaine de Versailles, ou Versailles-land ? », La Tribune de l’art, 25 mars 2007.
  8. Christine Albanel : ministre de la Culture et la Communication, Les Échos, 26 juin 2007.
  9. « Lettre de mission de M. Nicolas Sarkozy, président de la République, adressée à Mme Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication », 1er août 2007.
  10. « Spectacle vivant : fin des Entretiens de Valois, cap sur les réformes », AFP, 30 janvier 2009.
  11. « La communication en silence », Le nouvel économiste no 1419, du 14 au 20 février 2008, p. 12.
  12. Michel Guerrin et Nathaniel Herzberg, « Mme Albanel et M. Karmitz sont dans un bateau… », Le Monde, 24 janvier 2009.
  13. « 17 000 œuvres d’art ont disparu des ministères, selon un rapport confidentiel », Capital.fr, 21 juin 2007.
  14. Vincent Noce, « Œuvres d’art et mobilier disparus : les larcins de la République », Libération, 2 février 2009.
  15. Natalie Castetz, « Rouen n’en fait qu’à sa tête », Libération, 24 octobre 2007.
  16. (en) Elaine Sciolino, French Debate: Is Maori Head Body Part or Art?, New York Times, 26 octobre 2007
  17. « UMP : Albanel sera no 2 dans le IVe arrondissement », NouvelObs.com, 15 janvier 2008.
  18. « Elisabeth Castel : nouvelle conseillère d’arrondissement », blog de Vincent Roger, 18 août 2008.
  19. « Archives : ce que le projet de loi va changer », Culture communication no 160, juin 2008, p. 4.
  20. Xavier de la Selle, vice-président de l’Association des archivistes français, « À quoi bon conserver des dossiers à jamais incommunicables ?[PDF] », Archimag 216, juillet-août 2008. Voir ici pour un ensemble de documents relatifs à la loi du 15 juillet 2008 sur le site de l’AAF.
  21. Marion Mourgue, « Christine Albanel, ministre sur le gril », Backchich.info, 12 juin 2009.
  22. Antonin Durand, « Internet - Les cinq questions soulevées par la loi anti-piratage », France Soir, 13 mars 2009.
  23. Nicole Vulser, « Désaccords européens sur la future loi Internet », Le Monde, 27 septembre 2008.
  24. Décision du Conseil constitutionnel.
  25. Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, « Viré de TF1 pour s’être opposé à Hadopi », Libération, 6 mai 2009 Lire en ligne.
  26. Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, « Albanel suspend un collaborateur », Libération, 11 mai 2009 Lire en ligne.
  27. Journal officiel du 13 juin 2009 : LOI no 2009-669 du 12 juin 2009.
  28. Le Figaro 11/06/2009 Interview de Laurent Bédouet, secrétaire général de l’Union Syndicale des Magistrats.
  29. RMC 11/06/2009 Interview de Christian Albanel.
  30. « Albanel : le texte contre le téléchargement illégal ne sera pas enterré », AFP sur LePoint.fr, 9 avril 2009.
  31. Composition du nouveau gouvernement suite au remaniement, sur le site de l’Élysée
  32. « Confidentiel - Albanel refuse Médicis », Le Figaro, 25 juin 2009
  33. Bruna Basini, « FT: Pourquoi Stéphane Richard a choisi Christine Albanel », Le Journal du dimanche, 21 février 2010.
  34. Figaro - Christine Albanel remplacée par Xavier Couture
  35. [1]
  36. [2]
  37. « Présidentielle 2017 : Anne Levade veillera sur la primaire UMP », in lesechos.fr, 25 janvier 2014.
  38. « Décret du 11 juillet 2014 portant promotion et nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur. », sur le site de Légifrance, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes