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MAUVAIS ŒIL : à comparer avec état actuel de l'article traduit (anglais) ceci date d'il y a deux ou trois ans, je sais plus...[modifier | modifier le code]

Motif représenté sur les « nazars », talismans censés protéger du mauvais œil très répandus en Turquie.

Le mauvais œil est le regard qui, selon la superstition présente dans plusieurs cultures, est supposé pouvoir attirer des blessures ou la malchance sur la personne vers laquelle il est dirigé, en raison de l'envie ou de l'inimitié qu'elle suscite. Le terme se réfère également au pouvoir attribué à certaines personnes d'attirer blessures ou malchance au moyen de ce regard envieux ou malveillant.

Parmi ceux qui ne prennent pas le mauvais œil au pied de la lettre, en raison soit de la culture dans laquelle ils ont été élevés, soit du fait qu'ils sont imperméables à ce genre de croyances, l'expression « donner le mauvais œil à quelqu'un » signifie d'ordinaire simplement « regarder une personne avec colère ou dégoût ».

Les cultures méditerranéennes et beaucoup d'autres dans le monde, cependant, croient dans ce concept du « mauvais œil ». Les symptômes dont on le pense responsable peuvent comprendre la diarrhée, des crises de larmes persistantes et, dans certains cas extrêmes, la mort. On pense qu'il affecte ordinairement les nouveau-nés et les enfants, mais il peut également toucher les femmes adultes.[1]

La Grèce classique a sans doute emprunté l'idée à l'Égypte antique avant de la transmettre, plus tard, à la Rome antique.[2],[3]

Des allusions au mauvais œil apparaissent plusieurs fois dans des traductions (Targoumim) de l'Ancien Testament[4], et les religions monothéistes ont été amenées à prendre en compte le sujet.

Le concept et sa signification varient largement selon les différentes cultures. La croyance a entraîné plusieurs cultures à prendre contre le mauvais œil des mesures de protection très variées.

Formes les plus répandues de la croyance[modifier | modifier le code]

Ilya Repin, Moujik au mauvais œil (1877), portrait d'I. F. Radov, le parrain de l'artiste.

Sous certaines formes, il s'agit de la croyance selon laquelle certaines personnes peuvent jeter une malédiction à leurs victimes par leur regard malveillant ou leur œil magique. La forme la plus commune, cependant, en attribue la cause à l'envie, la personne envieuse lançant le mauvais œil sans en être consciente. Les effets sur les victimes peuvent varier eux aussi. Certaines cultures font état d'individus touchés affligés de malchance ; selon d'autres, le mauvais œil peut causer la maladie, le dépérissement, voire la mort.

Dans la plupart des cultures, on pense que les premières victimes sont les bébés et les jeunes enfants, parce que ceux-ci font très fréquemment l'objet d'éloges et de commentaires de la part d'étrangers ou de femmes sans enfants.

Alan Dundes, professeur de folklore à l'Université de Californie, Berkeley, a exploré les croyances de nombreuses cultures et a dégagé un dénominateur commun, à savoir que le mal causé par le regard est spécialement attaché à différents symptômes de déshydratation, dont la guérison est liée à l'apport en humidité, et que l'immunité que, selon certaines cultures, le poisson possède vis-à-vis du mauvais œil est liée au fait qu'il est toujours humide.[5] Son essai, Wet and Dry : The Evil Eye est devenu un classique sur le sujet.

Selon de nombreuses croyances, un individu, sans être autrement malveillant, peut attirer le mal sur des adultes, des enfants, le bétail ou les biens, simplement en les regardant avec envie. Le mot « mal » est parfois porteur d'ambiguïté dans ce contexte, car il suggère une malédiction volontaire de la victime. On peut mieux comprendre le sens du terme « mauvais œil » en considérant le vieux mot anglais signifiant « lancer le mauvais œil », à savoir « overlooking », et qui sous-entend que le regard reste fixé trop longuement sur l'objet, la personne ou l'animal convoité.

Tandis que certaines cultures estiment que le mauvais œil est un mauvais sort jeté involontairement par des individus qui ont l'infortune d'être accablé du pouvoir de le transmettre par leur regard, selon d'autres, même s'il n'est pas considéré comme tout à fait volontaire, il est généré par le péché d'envie.

L'Envie[modifier | modifier le code]

La psycho-dynamique de l'envie infligerait des souffrances indicibles au sujet envié et serait responsable de certains cas de cécité hystérique.[6]

Protections[modifier | modifier le code]

La « figue » et la « corne ». Illustration de 1914.

Figue et corne[modifier | modifier le code]

Un moyen de protection simple et instantané dans les pays chrétiens européens consiste à faire le signe de la croix avec la main et de pointer deux doigts, à savoir l'index et l'auriculaire, en direction de la source ou de l'influence supposée ou bien de la victime supposée, comme cela est décrit dans le premier chapitre de Dracula, le roman de Bram Stoker publié en 1897 :

When we started, the crowd round the inn door, which had by this time swelled to a considerable size, all made the sign of the cross and pointed two fingers towards me. With some difficulty, I got a fellow passenger to tell me what they meant. He would not answer at first, but on learning that I was English, he explained that it was a charm or guard against the evil eye.[7]

Ce signe, qui est en fait un signe de conjuration, est parfois confondu avec un signe permettant, au contraire, de jeter un sort ; c'est même parfois l'idée de celui qui le fait.

Amulettes[modifier | modifier le code]

Des tentatives pour se prémunir de la malédiction du mauvais œil ont engendré un certain nombre de talismans dans beaucoup de cultures. Ils appartiennent à un type désigné par le terme « apotropaïque », d'un mot grec qui signifie « prophylactique » ou « protecteur », littéralement : « qui détourne », ces talismans étant censés détourner le mal ou le retourner contre celui qui l'a suscité.

Nazars : talismans vendus à ceux désireux de se prémunir contre le « mauvais œil ».

Nazar[modifier | modifier le code]

Des disques ou des boules, consistant en des cercles bleus et blancs concentriques (habituellement, de l'intérieur vers l'extérieur : bleu foncé, bleu clair, blanc, bleu foncé) figurant un mauvais œil sont des talismans apotropaïques très répandus au Moyen Orient ; on les trouve sur la proue de bateaux méditerranéens et ailleurs. Dans certaines formes du folklore, les yeux qui fixent sont supposés renvoyer le regard malveillant vers l'ensorceleur. Connu sous le nom de « nazar » (turc : nazar boncugu ou nazarlik), on trouve ce talisman le plus souvent en Turquie, à l'intérieur ou sur les habitations ou les véhicules, ou bien portés comme pendentifs.

Le khamsa, talisman destiné à se prémunir contre le mauvais œil.

Khamsa[modifier | modifier le code]

On peut trouver un œil bleu également sur certaines formes de khamsa, une amulette apotropaïque en forme de main destinée à contrer le mauvais œil et que l'on trouve au Moyen Orient. Le mot. Le mot « khamsa », que l'on écrit aussi « hamsa » ou « hamesh », signifie « cinq » et se réfère aux doigts de la main.

Main de Miriam et Main de Fatima[modifier | modifier le code]

Dans la culture juive, le khamsa est appelé « Main of Miriam » et, dans certains cultures à population musulmane, « Main de Fatima ». Le fait qu'un objet puisse protéger contre le mauvais œil est toutefois considéré comme une supertition par les musulmans pratiquants ou religieux : dans l'islam, seul Dieu a ce pouvoir.

Histoire[modifier | modifier le code]

Un grand nombre de documents littéraires et archéologiques témoignent de l'existence de la croyance dans l'Est méditerranéen depuis des millénaires, en commençant par Hésiode, Callimaque, Platon, Diodore de Sicile, Théocrite, Plutarque, Héliodore, Pline l'Ancien, et Aulu-Gelle. Dans le livre Envy and the Greeks, Peter Walcot[8] dresse la liste de plus d'une centaine d'œuvres de ces auteurs en rapport avec le mauvais œil. L'étude de ces sources écrites pour traiter du phénomène ne donne qu'une vue fragmentaire sur le sujet selon le point de vue dont il est abordé, qui peut être folklorique, théologique, classique, ou anthropologique. Alors que ces différents point de vue tendent à se fonder sur des sources identiques, chacun présente une acception différente quoique similaire du terme : la crainte du mauvais œil est basée sur la croyance que certaines personnes ont un regard qui a le pouvoir de blesser voire de tuer, et cela peut être volontaire ou non.

Conceptions du mauvais œil durant l'Antiquité[modifier | modifier le code]

La croyance dans le mauvais œil durant l'Antiquité varie selon les régions et les périodes. L'Antiquité utilise les représentations d'un visage pour chasser le mauvais œil. Ainsi des masques grotesques ou hideux figurent sur les tombeaux, les cuirasses et les jambières des guerriers, les marteaux des portes, les fontaines, la vaisselle, les meubles et tous les objets du quotidien. Ces mascarons décorent aussi les façades.

Mésopotamie[modifier | modifier le code]

Égypte[modifier | modifier le code]

L'Œil Oudjat ou d'Horus – Horus, pour les anciens Égyptiens, était une divinité du Ciel représenté sous la forme d'un faucon – : l'œil droit représente celui d'un faucon pèlerin ; il est entouré de signes, parmi lesquels on trouve parfois, dessinée sous l'œil, une « larme ». Dans l'ancienne culture égyptienne, on pensait que l'œil droit d'Horus préservait du mauvais œil. Dans l'Égypte moderne, on utilise les porte-bonheurs et amulettes islamiques tel que le khamsa.

Grèce[modifier | modifier le code]

Le mauvais œil, connu dans la Grèce antique sous le nom de « μάτι » (« mati »), est utilisé comme un procédé visuel apotropaïque depuis au moins le VIe siècle avant l'ère chrétienne, et on le rencontre fréquemment sur des coupes à boire.[9]

Maison du Mauvais Œil. Attaque contre le mauvais œil : l'œil est percé par un trident et une épée, becqueté par un corbeau, suscite les aboiements d’un chien et est attaqué par un centipède, un scorpion, un chat et un serpent. Un nain cornu au phallus gigantesque croise deux bâtons. Mosaïque romaine conservée au Musée archéologique d'Antioche.

La connaissance que l'on a de la croyance dans la Grèce antique est basée sur des témoignages figurant dans d'anciennes sources, comme Aristophane, Athénée, Plutarque, et Héliodore. Il existe des spéculations sur le fait que Socrate aurait eu le mauvais œil et que ses disciples et ses admirateurs auraient été fascinés par ses yeux au regard pénétrant. Ses suiveurs furent appelés « blepedaimones », ce que l'on peut traduire par « regard de démon », non parce qu'ils possédaient et transmettaient le mauvais œil, mais parce qu'ils étaient suspectés d'être soumis au charme hypnotique et dangereux de Socrate. βλεπηδαιμονες Dans la période gréco-romaine, une explication scientifique au mauvais œil est courante. Selon celle de Plutarque, les yeux étaient sinon les seules sources du moins les sources principales des rayons mortels qui étaient censés jaillir tels des traits empoisonnés depuis les tréfonds d'une personne possédant le mauvais œil.[10] Plutarque traite le phénomène comme quelque chose qui semble inexpliqué mais qui suscite l'étonnement et l'incrédulité.

On pense que la croyance dans le mauvais œil s'est répandue vers l'est suite à l'expansion de l'empire d'Alexandre le Grand, qui répandit cette idée, et d'autres idées grecques, à travers son empire.

Rome[modifier | modifier le code]

On trouve, au 1er siècle avant l'ère chrétienne, une allusion au mauvais œil dans un passage des Bucoliques de Virgile : « Vix ossibus haerent. Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos ». [11] (« Ils ont à peine la peau collée sur les os. Je ne sais quel est l'œil qui ensorcèle mes pauvres petits agneaux. »).

Fascinus. Amulettes phalliques gallo-romaines. Musée Saint-Remi (Reims).

Dans la Rome antique, les gens croyaient que des amulettes et des ornements phalliques immunisaient contre le mauvais œil. Semblable porte-bonheur était appelé « fascinum » en latin, du verbe « fascinare » (à l'origine du mot français « fasciner »), « jeter un sort », comme celui du mauvais œil.

Le « cornicello », que l'on peut traduire littéralement par « petite corne » est une amulette de ce type.

Certains théoriciens souscrivent à l'idée que les connotations grivoises des symboles sexuels distrairaient la sorcière de l'effort mental nécessaire pour jeter le sort. D'autres soutiennent que, comme l'œil a pour effet d'assécher les liquides, l'assèchement du phallus (débouchant sur la stérilité masculine) serait évité au contact de la moiteur du sexe féminin. Parmi les Romains et leurs descendants culturels des pays méditerranéens, ceux qui n'ont pas été renforcé par des amulettes phalliques doivent recourir à des gestes à symbolique sexuelle pour éviter l'œil. Parmi ces gestes, on trouve le poing dont l'index et l'auriculaire sont tendus, et un poing dont le pouce est pressé entre l'index et les doigts du milieu, qui représenteraient le phallus à l'intérieur du vagin. Outre les talismans phalliques, les Romains portaient des statuettes figurant semblables gestes de la main, ou couverts de symboles magiques. En Amérique latine, on continue à porter en guise de porte-bonheur de petites sculptures montrant un poing avec le pouce pressé entre l'index et les doigts du milieu.

Le mauvais œil n'était pas redouté avec la même intensité partout dans l'Empire romain. Il existait des endroits où les gens se sentaient davantage conscients du danger. Alors, on considérait que ce n'étaient pas seulement les individus qui pouvaient donner le mauvais œil, mais aussi des tribus entières, et en particulier on pensait que celles du Pont et de Scythie étaient en mesure de le transmettre.

Tradition orale dans la Rome antique[modifier | modifier le code]

Selon le livre d'Eugene et Margaret L. Bahn, A History of Oral Interpretation, « une fonction très importante du vers dit à haute voix dans les temps anciens était une protection contre le mauvais œil et, même à l'époque actuelle, d'innombrables formulettes sont récitées pour contrer la malchance dans certaines circonstances ». Ceci a donné lieu à des « instruments destinés à apaiser la jalousie des esprits qui tient sous son influence les destinées des mortels... »

Le mauvais œil du point de vue des trois grandes religions monothéistes[modifier | modifier le code]

Judaïsme[modifier | modifier le code]

La pratique magique était courante chez les anciens habitants de Canaan. À Gezer notamment, des fouilles archéologiques ont permis de découvrir des talismans en forme d'yeux sans doute destinés à contrer le mauvais œil. La Loi biblique interdisait cependant formellement aux Israélites de se livrer à ces pratiques païennes. Dans la Michnah, le mauvais œil renvoie à la méchanceté, à la jalousie, l'envie, la mesquinerie et l'avarice.[12]

Selon l'interprétation aggadique, quand Jacob ou Joseph sont victimes de sorts ou lorsque le peuple conduit par Moïse en Terre promise de met à adorer le veau d'or, c'est le mauvais œil qui agit.[12]

Le mauvais œil (עין הרע » : « ayin hara ») est mentionné à plusieurs reprises dans le פרקי אבות (« Pirke Avot » : Maximes des pères. Au chapitre II, cinq disciple de rabbi Yohanan ben Zakkaï donnent conseil sur la façon de suivre le bon sentier dans la vie et éviter le mauvais. Rabbi Eliezer dit qu'un mauvais œil est pire qu'un mauvais ami, un mauvais voisin ou un qu'un cœur mauvais. Le judaïsme croit qu'un « bon œil » désigne une attitude de bonne volonté et de bienveillance à l'égard d'autrui. Quelqu'un qui possède cette attitude dans la vie se réjouira de voir son prochain prospérer et souhaitera le bien à chacun. Un « mauvais œil » dénote l'attitude opposée. Un homme avec un « mauvais œil » non seulement n'éprouvera aucun plaisir mais éprouvera en fait le désarroi lorsque d'autres prospèreront, et se réjouira de les voir souffrir. Une personne de ce caractère représente un grand danger pour la pureté morale.[13]

Beaucoup de juifs évitent de parler de biens précieux qu'ils possèdent, de la chance qu'ils ont pu avoir et, en particulier, de leurs enfants. Il est courant que les juifs ashkénazes en Europe et en Amérique s'exclament en yiddish « קיין עין הרע » (« Keyn ayn horeh ! » ou « Kein ayin hara ! »)[14], ce qui veut dire « Pas de mauvais œil ! », pour se préserver d'un mauvais sort après que quelque chose ou quelqu'un a été vivement loué ou après que de bonnes nouvelles ont été annoncées à voix haute.

Les Vices : L’Envie (Invidia). Gravure (v.1587) de Jacob Matham.

Christianisme[modifier | modifier le code]

Les Pères grecs acceptaient la croyance traditionnelle dans le mauvais œil, mais l'attribuaient au Diable et à l'envie. Dans la théologie grecque, le mauvais œil, ou « βασκανία » (« vaskania »), est considéré comme nuisible autant à celui qui, par son envie, l'inflige à d'autres, qu'à ceux qui en souffrent. L'Église grecque possède une ancienne prière contre la vaskania, figurant dans le livre de prières Μέγαν Ιερόν Συνέκδημον (Mega Hieron Syenekdymon).

Les Sept Péchés capitaux : L'Envie (Invidia). Peinture (détail, v.1475-1480) de Jérôme Bosch.

L'Invidia des Romains deviendra dans le christianisme la personnification de l’un des sept péchés capitaux, l'Envie.

Islam[modifier | modifier le code]

On trouve la croyance dans la doctrine musulmane, basée sur les paroles du prophète Mahomet : « L'influence d'un mauvais œil est un fait... » (Sahih Muslim, Livre 26, N° 5427).[15] Des pratiques authentiques destinées à préserver du mauvais œil sont également courantes chez des musulmans.

Tawiz. Le « tawiz » est une amulette utilisée par certains musulmans pour éloigner le mauvais œil.

C'est une tradition parmi de nombreux musulmans, d'accompagner un compliment par la formule « ما شاء الل » (« Masha'Allah ») ou bien « لا قوة إلا بالله » ; ce qui signifie littéralement « C'est ainsi que Dieu l'a voulu ». Il s'agit, chez la personne qui prononce cette phrase, du témoignage dans le fait qu'il ou elle croit que le bien comme le mal ne peut résulter que de la volonté divine. Les locuteurs en persan d'Afghanistan utilisent parfois la phrase « Nam-e Khoda » (trad. : « Le nom de Dieu ») au lieu de « Masha'Allah », de même qu'une autre formule dont le but est similaire : « Chashmi bad dur » (trad. : « Que le mauvais œil soit loin »), également en usage en ourdou. Ces phrases se retrouvent également en tadjik, mais sous une forme légèrement différente. S'ajoutent à la phrase « Masha'Allah » des « du'as » [16], prières de supplications que l'on dit préserver du mauvais œil.

En dehors de croyances basées sur des textes islamiques authentiques  – en islam, Dieu est le seul qui puisse protéger contre le mauvais œil, et aucun objet ou symbole ne le peut –, on en trouve un certain nombre dans la religion populaire, le consistant plus souvent dans l'utilisation d'amulettes ou de talismans, tel le « tawiz » comme moyens de protection.

La croyance dans le monde[modifier | modifier le code]

La croyance est la plus forte au Moyen-Orient, en Afrique de l'Est et de l'Ouest, en Amérique centrale, Asie du Sud, Asie centrale, et en Europe, en particulier dans la région méditerranéenne ; elle s'est également répandue dans d'autres régions, y compris l'Europe du Nord, en particulier dans les régions celtiques et en Amérique, où elle a été introduite par les colons européens et les immigrés originaires du Moyen Orient.

Dans la Région égéenne et dans d'autres où les yeux clairs sont relativement rares, on pense que les personnes aux yeux verts peuvent provoquer le mauvais sort, intentionnellement ou non.[17] Cette croyance a pu naître parce que des gens issus de cultures où le mauvais œil est peu présent, comme l'Europe du Nord, sont susceptibles de transgresser des coutumes locales visant le fait de fixer du regard ou de s'extasier sur la beauté d'un enfant. C'est la raison pour laquelle, en Grèce et en Turquie, des amulettes contre le mauvais œil prennent la forme d'yeux bleus, et dans la peinture de John Phillip, ci-dessous, nous sommes témoins du choc des cultures vécu par une femme qui soupçonne que le regard de l'artiste implique qu'il la considère avec le mauvais œil.

Afrique[modifier | modifier le code]

Éthiopie[modifier | modifier le code]

En Éthiopie, on pense que le mauvais œil peut être donné par n'importe qui. Il arrive que les femmes crachent sur le sol lorsqu'elles regardent quelqu'un qu'elles aiment, afin de ne pas attirer sur lui le mauvais œil.

Asie[modifier | modifier le code]

Bangladesh[modifier | modifier le code]

Au Bangladesh, les jeunes enfants ont souvent un gros point noir dessiné sur un côté de leur front qui est censé les protéger. Les petites filles souvent complimentées pour leur beauté ont un point dessiné avec du kôhl derrière leurs lobes d'oreille, de façon à ce qu'on ne puisse pas le voir. Cela garde à distance le mauvais œil des hommes et des gens jaloux.

Enfant indienne portant sur le crâne une tache sombre censée la protéger contre le mauvais œil. Photo 2007.

Inde[modifier | modifier le code]

En Inde, le mauvais œil, appelé « drishtidosham » (littéralement « malédiction de la vue ») ou « nazar », est enlevé par le biais de l'« aarti ». Le procédé implique en fait différent moyens suivant le sujet concerné. Pour ôter le mauvais œil humain, un rituel hindou traditionnel implique une flamme (ou une assiette) sacrée que l'on porte en la faisant tourner autour du visage de la personne de façon à absorber les effets néfastes. Parfois, on demandera au sujet de cracher dans une poignée de piments placée dans cette assiette, qui seront ensuite jetés au feu. Si beaucoup de fumée se dégage, cela veut dire que le sujet se fait des idées et que personne ne lui a donné le mauvais œil. S'il n'y a pas de fumée (le genre de fumée qui prend à la gorge et irrite les yeux), il est alors établi que le sujet était sous l'emprise du mauvais œil. On a recours à un procédé similaire pour des véhicules, si ce n'est que les piments sont remplacés par des limes ou des citrons. Les fruits sont écrasés par le véhicule en question et on accroche un fruit intact avec des piments pour prévenir toute intervention future du mauvais œil. On peut voir des pendentifs de ce type dans des magasins et dans des maisons d'habitation, le plus souvent suspendus dans l'encadrement des portes. Nombre de commerçants indiens, à la fin de leur journée, brûlent également un morceau de journal et le font tourner devant le volet ou la grille déjà fermée de leur établissement, avant de rentrer chez eux.

Petite fille indienne de Delhi portant un bracelet noir destiné à la prémunir contre le mauvais œil. Photo 2006.

Le fait de mettre du « kumkum » sur les joues de jeunes mariés ou sur celle de nouveau-nés est également une méthode visant à déjouer le mauvais œil. Les nourrissons et les jeunes enfants sont traditionnellement considérés comme parfaits et sont de ce fait susceptibles d'attirer le mauvais œil. Souvent, les mères appliquent un peu de khôl sur les joues ou le front de leurs enfants pour les rendre imparfaits et éloigner le mauvais œil. Parfois, on noue dans le même but une corde noire autour de la taille des jeunes enfants, et quelquefois, des coquillages ou d'autres amulettes sont attachées à cette corde.

Iran et régions avoisinantes[modifier | modifier le code]

En Iran, Iraq, au Tajikistan, et en Afghanistan, des graines de harmal (Peganum harmala, aussi appelé « esfand », « espand », « esphand ») son brûlées sur du charbon[18], et elles éclatent en produisant un petit bruit et en dégageant une fumée parfumée, qui est ensuite dirigée vers la tête de ceux affligés par le regard d'un inconnu, ou qui y ont été exposés. Ceci fait, une ancienne prière zoroastriennes est récitée contre « Bla Band ». Cette prière est dite autant par les musulmans que par les zoroastriens là où le harmal est utilisé contre le mauvais œil. Selon certaines sources, l'éclatement des graines renvoie à celui du mauvais œil lui-même (bien que cela ne soit pas cohérent avec l'idée que le sort est jeté par une personne déterminée, étant donné que l'on ne s'attend pas à ce que les yeux de quelqu'un éclatent effectivement suite à ce rituel). En Iran du moins, ce rituel est quelquefois pratiqué dans des restaurants traditionnels, où les clients sont exposés aux regards étrangers. Des capsules de harmal séchées sont également employées contre le mauvais œil dans certaines régions de Turquie.

Philippines[modifier | modifier le code]

Bien que le concept de jeter un sort en fixant du regard soit largement absent dans les sociétés d'Asie de l'Est et du Sud, l'« usog » aux Philippines constitue une exception.

Perles « dzi » modernes consistant en des agates gravées.

Tibet et régions himalayennes[modifier | modifier le code]

Au Tibet et dans les régions environnantes, des perles « dzi » sont considérées comme étant un moyen de protection contre le mauvais œil autant que comme porte-bonheur, selon le dessin et le nombre d'yeux qui y sont représentés. Les perles dzi anciennes sont parmi les perles les plus chères que l'on connaisse. Il se peut que les pierres dzi aient fait leur première apparition entre le deuxième et le premier millénaire avant l'ère chrétienne, dans l'ancien Tibet : on suppose que quelques centaines de milliers de ces perles ont été ramenées par des soldats tibétains de Bactriane ou de l'ancien Tajikistan durant un raid ou une occupation ultérieure. La crainte du mauvais œil était prise très au sérieux par ces gens, de sorte que celui qui fabriquait les dzi créait des talismans en les ornant d'« yeux » pour « combattre le feu par le feu ». Les dzi étaient réalisées par une personne inconnue qui décorait une agate de lignes et de cercles, en ayant recours à d'anciennes techniques, comme l'assombrissement au moyen d'hydrates de carbone, la cuisson, le blanchiment, ainsi que la gravure de lignes blanches avec de l'ancien natron ou d'autres alcalins. Certaines parties doivent avoir été épargnées en utilisant soit de la graisse, de l'argile, de la cire ou une substance similaire – on ne peut en fait que spéculer au sujet de l'ancier processus chimique. Il existe deux ou trois types de perles dzi : celles qui présentent des lignes gravées et des « yeux », et celles avec des yeux formés naturellement par les cernes de l'agate. Les dzi ont souvent la forme de petits cylindres, mais on en trouve également qui ont la forme de pièces de monnaie, comme c'est le cas de l'agate naturelle appelée Luk Mik.

Amériques[modifier | modifier le code]

Amérique latine[modifier | modifier le code]

Dans de nombreux pays d'Amérique latine, les parents, dans le but de préserver leur enfant du mauvais œil, ont pour habitude de nouer un ruban jaune autour du poignet ou de la cheville de celui-ci.

Au Mexique et en Amérique centrale, les nouveau-nés sont considérés comme particulièrement menacés par le mauvais œil, appelé « mal de ojo ». On a coutume de donner en guise de protection aux enfants qui ne sont pas encore sevrés un bracelet sur lequel, traditionnellement, une tache est peinte en forme d'œil. Un autre moyen de prévention consiste à permettre aux admirateurs de toucher le bébé ou l'enfant ; d'une manière similaire, une personne portant un vêtement susceptible de susciter la convoitise peut inviter les autres à le toucher de façon à dissiper l'envie.

Un remède traditionnel observé en zone rurale au Mexique implique un « curandero » (guérisseur populaire) ; celui-ci passe un œuf cru au-dessus du corps de la victime de manière à absorber le pouvoir de la personne au mauvais œil. L'œuf est ensuite cassé dans un verre et examiné (la forme du jaune est alors censée indiquer si l'agresseur est un homme ou une femme). Dans la culture hispanique traditionnelle du sud-ouest des États-Unis ainsi que dans certaines régions du Mexique, on procède de la même façon, mais l'œuf est brisé dans un bol rempli d'eau, que l'on couvre d'une croix faite avec des brins de paille ou des rameaux et que l'on place sous la tête du patient quand celui-ci dort. On peut aussi passer l'œuf au-dessus du patient dans un geste figurant une croix tout en prononçant la « Prière du Seigneur ». La forme de l'œuf dans le bol est examinée au matin pour évaluer la réussite du rituel.[19]

Dans certaines parties d'Amérique du Sud, l'action que l'on appelle « ojear » (donner à quelqu'un le mauvais œil) est considérée comme involontaire. On peut « ojear » des bébés, des animaux, et des objets inanimés seulement en les fixant et en les convoitant. On estime que cela peut causer la maladie, la gêne, ou même la mort chez les bébés et les animaux, et des pannes ou d'autres genres de malheurs pour les voitures ou les habitations. Étant donné que l'acte, venant d'un individu au regard « pesant », est considéré comme involontaire de sa part, c'est une croyance courante que le moyen de protection adéquat consiste à attacher un ruban rouge à l'animal, au bébé ou à l'objet, de manière à attirer le regard sur ce ruban plutôt que sur le sujet que l'on veut préserver.[20]

Brésil[modifier | modifier le code]

Au Brésil, l'équivalent du mauvais œil est appelé « olho gordo » (que l'on peut traduire approximativement par « œil gras »). On dit que, lorsqu'une personne fait des compliments à propos d'une chose que quelqu'un d'autre possède, le possesseur de cet objet doit être prudent concernant l'identité de celui qui parle. Cela veut dire que, si le compliment est sincère, aucun mal ne sera fait, sinon, l'autre personne a dans l'esprit que la chose soit à lui ou disparaisse. Habituellement, on croit qu'un éventuel dommage subi par la suite par l'objet en question vient de la personne envieuse qui l'a complimenté. Par exemple, Jean va chez Pierre et remarque un vase sur une table qu'il trouve très beau. Deux jours plus tard, les fleurs de Pierre sont fanées. Ce serait donc dû au mauvais œil (« olho gordo ») que Jean a donné au vase, parce qu'il voulait ou bien l'avoir ou bien qu'il soit détruit.

Amérique du Nord[modifier | modifier le code]

États-Unis[modifier | modifier le code]

En 1946, le sorcier américain Henri Gamache publia un texte sous le titre Terrors of the Evil Eye Exposed ! (réédité plus tard sous le titre Protection against Evil), qui offre des pistes pour se défendre contre le mauvais œil. L'ouvrage de Gamache attira l'attention d'adeptes du vaudou du Sud des États-Unis sur les croyances liées au mauvais œil.[21]

Europe[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

La mode des mascarons arrive en France avec les Guerres d'Italie. Le XVIIIe siècle la généralise à Paris, Versailles, Bordeaux, Nancy ou Nantes...[22].

Corse[modifier | modifier le code]

En Corse, le mauvais œil est appelé « occhju » ou « innuchiatura ».

Pays basque[modifier | modifier le code]

Grèce moderne[modifier | modifier le code]

En Grèce, le mauvais œil est contré au moyen d'un procédé appelé « ξεμάτιασμα » (« xematiasma »), par lequel le « guérisseur » récite en silence une prière secrète transmise par un parent plus âgé appartenant au sexe opposé, le plus souvent l'un des grands-parents. Ces prières ne sont révélées que dans des circonstances bien précises car, selon la superstition, ceux qui les révèlent sans discernement perdent leur capacité à contrer le mauvais œil. Il existe plusieurs versions de la prière en question, dont une version fréquente est : « Sainte Vierge, Notre Dame, si [telle victime] souffre du mauvais œil soulage le/la de celui-ci », la phrase étant répétée trois fois. Selon la coutume, si quelqu'un est effectivement la proie du mauvais œil, la victime aussi bien que le « guérisseur » se mettent alors à bâiller longuement. Le « guérisseur » fait alors trois fois le signe de croix et crache trois fois en l'air.

Dans un autre « test » utilisé pour vérifier que le mauvais œil a été donné, on a recours à de l'huile. Dans des conditions normales, l'huile d'olive, étant donné sa moindre densité, flotte au-dessus de l'eau. Le test de l'huile est pratiqué en mettant une goutte d'huile dans un verre d'eau, de l'eau bénite dans la plupart des cas. Si la goutte flotte, la conclusion du test est que le cas n'est pas lié au mauvais œil. Si, en revanche, la goutte s'enfonce, cela signifie que le mauvais œil est bien à l'origine du mal. Une forme alternative de l'expérience consiste à mettre deux gouttes d'huile d'olive dans un verre d'eau. Si les gouttes restent séparées, pas de mauvais œil, et si elles se mélangent, il est là. Le test est d'ordinaire mené par une dame âgée, connue comme guérisseuse, ou bien par un aïeul.

Italie[modifier | modifier le code]

Dans son livre consacré au sujet, Alan Dundes écrit : « Nulle part dans le monde qu'en Italie, le mauvais œil ne fait plus partie de la vie quotidienne ». À la fin du XIXe siècle, le folkloriste Giuseppe Pitrè observe qu'en Sicile une distinction est faite par le peuple lui-même entre le mauvais œil – appelé « mal ochio » ou « malochio » – et celui ou qui le donne, le « jettatore ». Le fait de jeter le mauvais œil est appelé « jettatura ». [23] Le jettatore possèderait le pouvoir d'invoquer des maux naturels ou surnaturels sur une personne ou une famille. Selon la croyance, certains traits physiques le caractérisent : visage émacié, petits yeux, nez crochu, cou long ; cet aspect repoussant suscite la répulsion.[24]

On trouve en Italie des dérivés des « cornicelli » de la Rome antique appelés « cornetti ». Parfois aussi désigné par le terme « cornuto » (« cornu ») ou « corno » (« corne »), il s'agit d'une amulette allongée et tordue en forme de corne. Les cornicelli sont souvent sculptés dans du corail rouge ou réalisés avec de l'or ou de l'argent. Le type de corne qu'ils sont censés imités n'est pas la corne enroulée des béliers, mais plutôt celle, tordue, de l'éland africain, ou de quelque chose d'approchant.

Sicile[modifier | modifier le code]
Barque portant un œil sur la coque (Malte)

Malte[modifier | modifier le code]

Portugal[modifier | modifier le code]

Au Portugal, les enfants sont préservés du mauvais œil à l'aide de colliers supportant de petits talismans complexes composés d'un croissant de lune (contre les sortilèges), une corne (pour favoriser la chance), un pentacle et une main « faisant la figue » (contre le mauvais œil). La « figue » est souvent utilisée seule.

Turquie[modifier | modifier le code]

Avion turc avec un "Nazar boncugu".
Arbre au mauvais œil en Cappadoce (Turquie).

Les bijoux et bibelots censés contrer le mauvais œil sont particulièrement courants en Turquie. Le mauvais œil y est aussi connu comme l'« œil de Méduse ». Un « nazar » ou pierre du mauvais œil (en turc : nazar boncugu) est une amulette qui protège du mauvais œil. Des perles, des bracelets portés au poignet ou à la cheville, des colliers et toutes sortes d'objets décoratifs peuvent présenter ce symbole particulièrement populaire ; on le voit sur presque tout, depuis les bébés, les chevaux, les portes, jusqu'aux voitures, aux cabines téléphoniques, et même les avions (cfr. la photographie ci-contre).

Ailleurs en Europe[modifier | modifier le code]

Océanie[modifier | modifier le code]

Papouasie-Nouvelle-Guinée et Irian Jaya[modifier | modifier le code]

Parmi la population papoue de l'île de Nouvelle Guinée, le mauvais œil n'est pas désigné en tant que tel, mais on s'y réfère en rapport avec la sorcellerie. Cela peut conduire parfois à des atrocités commises contre des villageois, à des luttes tribales et des raids. Un shaman ou homme-médecine est consulté lorsqu'une personne décède afin de découvrir si la mort résulte ou nom de la sorcellerie (du mauvais œil). D'autres méthodes, comme celle consistant à explorer les entrailles d'animaux, sont également utilisées par des profanes pour déterminer si la mort ou la maladie est due à la sorcellerie. Si cela se confirme, la personne jugée responsable peut être tuée et, à l'époque précédant l'ère chrétienne, elle était quelquefois aussi mangée, au cours d'un rituel cannibale.

Nom dans différentes langues[modifier | modifier le code]

Le nom qui désigne la croyance dans la plupart des langues se traduit en français littéralement par « mauvais œil », « œil du mal », « regard mauvais », ou simplement « l'œil ». On relève cependant à travers le monde certaines désignations particulières :

  • En arabe, « عين الحسود » ('ain al hasoud) l'« œil de l'envie ». On utilise aussi ayn haarrah, qui signifie littéralement « œil chaud ».
  • En espagnol, « mal de ojo » signifie littéralement « mal venant de l'œil », le nom ne se référant pas à l'œil proprement dit, mais au mal qu'il est censé provoquer. « Donner le mauvais œil » se dit dès lors « echar mal de ojo », i.e. « jeter le mal de l'œil ».[25]
  • En grec, « μάτιασμα » (matiasma) ou « μάτι » (mati) se réfère à l'action de jeter le mauvais œil (« mati » étant le mot grec signifiant « œil ») ; on trouve également le terme « βασκανία » (vaskania) (mot grec pour « mauvais sort »).[26]
  • En hébreu, « עין הרע » ('ayin ha'ra) : « mauvais œil »[27]
  • En italien, c'est le mot « malocchio » qui désigne le mauvais l'œil.
  • En persan, « چشمزخم » (« regard injurieux »/ « yeux causant des blessures ») ou « چشم شور » (« œil salé »)[28]
  • En portugais (Brésil), « olho gordo » : « œil gras ».

Le mauvais œil dans la fiction[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

  • 1827 : La Guzla, ou Choix de poésies illyriques, recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l’Herzégovine, nouvelle de Prosper Mérimée.
  • 1856 : Jettatura, nouvelle de Théophile Gautier, publiée d'abord en feuilleton sous le titre Paul d’Aspremont dans Le Moniteur Universel, du 25 juin au 23 juillet 1856. Selon sa fille Judith, Gautier croyait fermement dans le mauvais œil et portait toujours sur lui une branche de corail sensée l’en préserver ; il refusait d’assister aux représentations des œuvres d’Offenbach, considérant celui-ci comme porteur du mauvais œil.[29]
  • 1933 : Le Mauvais œil, tradition dalmate, de Joseph-Mathurin Brisset.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. American Psychiatric Association (2000).
  2. Elworthy, Forgotten Books, p. 5.
  3. Story (2003), p. 149–152.
  4. Ulmer (1994), p. 176.
  5. Dundes (1992), p. 257-259.
  6. Berke (1989), p. 349-368.
  7. Bram Stoker, Dracula, édition de 1897, en ligne.
  8. Walcot (1978).
  9. Merriam-Webster (2000), p. 69.
  10. Quaest. Conv., 5.7.2-3 = Mor.80F-81f.
  11. Virgile, Les Bucoliques, églogue 3 (Palémon), v. 102-103.
  12. a et b Wigoder (1998), p. 649.
  13. Hirsch, p. 32.
  14. Hébreu : « בלי עין הרע » (« Bli ayin hara ! »).
  15. USC-MSA Compendium of Muslim Texts.
  16. Du'a - What to Say When in Fear of Afflicting Something or Someone with One's Eye.
  17. Daniels, volume III, p. 1273.
  18. « Aspand - Espand - Esfand - Esphand Against the Evil Eye in Zoroastrian Magic ».
  19. « Medical Anthropology : Explanations of Illness ».
  20. Flórez.
  21. Ganache (1946).
  22. Bordeaux actu
  23. Dundes (1992), p. 130.
  24. Giuseppe Pitrè, « The Jettatura and the Evil Eye », dans Dundes (1992), p. 132.
  25. Real Academia Española de la Lengua. Diccionario Usual.
  26. « Vaskania (Βασκανία) », dans Εγκυκλοπαιδικό Λεξικό Ελευθερουδάκη (Dictionnaire encyclopédique Eleftheroudakis), 1928.
  27. "The Evil Eye", The Lucky W Amulet Archive.
  28. Dictionnnaire de Dehkhoda - لغتنامه دهخدا.
  29. « Théophile Gautier, 1811-1872 ». - Site consacré à l'écrivain.

Sources et Bibliographie[modifier | modifier le code]

14:37, 20 August 201 379966341

  • (en) American Psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental disorders, 4e éd. rev., Washington, 2000.
  • (en) Eugene et Margaret L. Bahn, A History of Oral Interpretation, Burgess, Minneapolis, 1970 (ISBN 9780808702603 et 0808702602). 184 pages.
  • (en) Joseph Berke, « Psychodynamics of Envy and Evil Eye », Clínica y análisis grupal, vol. 11, no 2,‎
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  • Jean Damestoy (préf. Jean-Claude Lasserre, ill. Anne-Marie Lochet-Liotard), Mascarons : Bordeaux du XVIe au XVIIIe siècle, Bordeaux, Mollat, , 103 p. (ISBN 2-909-351-36-X et 9782909351360, OCLC 465726047)
  • (en) Cora Lynn Daniels (dir.) et C. M. Stevens (dir.), Encyclopaedia of Superstitions, Folklore, and the Occult Sciences of the World : a Comprehensive Library of Human Belief and Practice in the Mysteries of Life, vol. 3, Honolulu, University Press of the Pacific, (1re éd. 1903) (ISBN 1-4102-0916-4 et 9781410209160, OCLC 312507567)
  • (en) Mathew W. Dickie, « Heliodorus and Plutarch on the Evil Eye », Classical Philology, Chicago, The University of Chicago Press, vol. 86, no 1,‎ , p. 17-29 (ISSN 0009-837X, résumé)
  • (en) Alan Dundes (dir.), The Evil Eye : A Casebook, Madison, University of Wisconsin Press, (1re éd. 1981), 318 p. (ISBN 0-290-13330-3[à vérifier : ISBN invalide] et 0-299-13334-6, OCLC 24377196, présentation en ligne)
  • (en) Frederick Thomas Elworthy, The Evil Eye : An Account of this Ancient & Widespread Superstition, Londres, John Murray, (réimpr. 1986, 1989 et 2004), 471 p. (OCLC 2079005, lire en ligne)
    Rééd. en 2004 sous le titre The Evil Eye : The Classic Account of an Ancient Superstition, Dover Publications, Mineola.
  • (es) Franz Flórez, « El "mal de ojo" de la etnografía clásica y "la limpia" posmoderna ».
  • (en) Henri Gamache, Terrors of the Evil Eye Exposed, New York, Raymond, , 94 p. (OCLC 9989883)
  • (en) Henri Gamache, Protection Against Evil, Dallas, Dorene, (1re éd. 1946), 94 p. (OCLC 39132235)
    Rééd. du précédent.
  • (en) Edward S. Gifford, The Evil Eye : Studies in the Folklore of Vision, New York, Macmillan, , 216 p. (OCLC 527256)
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    Prolongement d'un colloque sur le mauvais œil organisé en 1972 par l'American Anthropological Association.
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  • (en) William Wetmore Story, Castle St. Angelo and the Evil Eye, Londres, Chapman and Hall, (OCLC 288756960, lire en ligne)
  • (en) Rivka Ulmer, The Evil Eye in the Bible and in Rabbinic Literature, Hoboken NJ, KTAV, , 213 p. (ISBN 0-88125-463-0 et 9780-88125-463-1, présentation en ligne)
  • (en) Peter Walcot, Envy and the Greeks, Warminster, Aris & Phillips, , 128 p. (ISBN 0856681466 et 978-0856681462)
  • Geoffrey Wigoder (dir.) (trad. Sylvie-Anne Goldberg), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme [« The Encyclopedia of Judaism »], Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1996) (1re éd. 1993), 1635 p. (ISBN 2-221-08099-8), « Mauvais Œil », p. 648-649
    Rassemble les trois volumes Dictionnaire du judaïsme, Esquisse de l'histoire du peuple juif et Calendrier 1942-2022.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Le mauvais œil est le pouvoir supposé que possède le regard d'une personne. Il symbolise le regard envieux ou jaloux des autres. La croyance populaire veut que ce regard provoque divers malheurs.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le « regard assassin », capable d'attirer le malheur, la maladie ou la mort, apparaît dans les textes de Sumer, de Babylone et d'Assyrie. En Europe au Moyen Âge, les sorcières étaient réputées pour user du mauvais œil contre tous ceux qui avaient le malheur de croiser leur route. Leurs victimes étaient alors frappées de maux divers, perdaient l'amour de leur conjoint ou étaient jetées dans la misère.

Face au mauvais œil, les petits enfants et les animaux seraient particulièrement vulnérables. Partout où les superstitions liées au mauvais œil sont encore vivaces, il est considéré comme dangereux d'attirer l'attention sur la beauté de ses enfants, de peur que le mauvais œil ne leur jette un regard jaloux.

Protections[modifier | modifier le code]

Des amulettes ou talismans permettent de détourner l'influence néfaste. Ils sont souvent en forme d'œil, comme l'œil d'Horus dans l'ancienne Égypte.

Ces yeux sont traditionnellement placés :

  • à l'entrée des maisons
  • sur la coque des bateaux, etc.

Si l'on ne dispose pas d'amulette, la parade la plus immédiate consiste en un geste symbolique de la main (poing fermé, pouce et auriculaire pointés pour former des « cornes »), recommandé pour dévier la trajectoire du regard malfaisant.

Il existe également des talismans représentant un poing fermé avec le pouce situé entre l'index et l'auriculaire. Les Romains en possédait déjà (certains de ces talismans ont été retrouvés dans la ville romaine d'Herculanum). Ce type de talisman est appelé une « figue » (dénomination venant de la gestuelle : la main « faisant la figue »).

On se défend également grâce à des végétaux : trèfles (Irlande), ail (Grèce) ou orge (Inde). Les cloches ou les rubans rouges, accrochés aux vêtements des enfants ou au cou du bétail, sont utilisés comme leurres pour détourner l'attention du mauvais œil.

Dans certaines cultures on se protège du mauvais œil à l'aide de plomb que l'on fait fondre après l'avoir tourné sept fois dans le sens des aiguilles et sept fois dans le sens contraire sur la tête de la personne victime. Une fois le plomb fondu dans un récipient on le fait couler dans un récipient rempli à moitié d'eau de mer que l'on aura puisé dans sept vagues différentes. L'opération devant être répétée par trois fois et l'on jette l'eau dans les toilettes, dehors sur la route et devant la porte de la maison de la victime.

Lien externe[modifier | modifier le code]


http://books.google.be/books?id=8uo0AAAAMAAJ&pg=PA146#v=onepage&q&f=false Cite Virgile http://books.google.be/books?id=5dYTAAAAQAAJ&pg=PA379#v=onepage&q&f=false Envie : déité http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96403d.image.langFR.f147

Dt 5,9 « Garde-toi d'être assez méchant pour dire en ton cœur : La septième année, l'année du relâche, approche ! Garde-toi d'avoir un œil sans pitié pour ton frère indigent et de lui faire un refus. Il crierait à l'Éternel contre toi, et tu te chargerais d'un péché. »

Pv 22,9 « L'homme dont le regard est bienveillant sera béni, Parce qu'il donne de son pain au pauvre. »

Pv 23,6 « Ne mange pas le pain de celui dont le regard est malveillant, Et ne convoite pas ses friandises. »

Sir 14,8 « C'est un méchant, l'homme aux regards cupides, qui détourne les yeux et méprise la vie d'autrui. »

The euchologion contains prayers to remove the effects of baskania.

Les Sept Vices : L'Envie (Invidia). Peinture (1306) de Giotto. Cappella degli Scrovegni, Padoue.
Invidia me cumburit (Je suis consumé par l'Envie"). Chapiteau du Palazzo Ducale à Venise. Photo G. Dall'Orto, 2008.
Protection contre le mauvais œil.
Les Sept Péchés capitaux : L'Envie (Invidia). Gravure (1620) de Jacques Calot.
« Nazars », talismans censés protéger du mauvais œil très répandus en Turquie.

??? yeux d’écubier

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