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« Chimiophobie » : différence entre les versions

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'''La chimiophobie''' ('''chémophobie''' ou '''chemophobia''', '''chemphobia''' ou '''chemonoia''' pour les anglophones)<ref>{{Article|auteur1=Ropeik|prénom1=D.|titre=On the roots of, and solutions to, the persistent battle between "chemonoia" and rationalist denialism of the subjective nature of human cognition|périodique=Human & Experimental Toxicology|volume=34|numéro=12|année=2015|pmid=26614815|doi=10.1177/0960327115603592|pages=1272–1278}}</ref> <ref>{{Cite news|title=Chemonoia: the fear blinding our minds to real dangers|url=http://www.bbc.com/future/story/20160225-chemonoia-the-fear-blinding-our-minds-to-real-dangers|work=[[BBC News]]|date=25 February 2016}}</ref> désigne une forte aversion aux [[Substance chimique|produits chimiques]] et/ou à la [[Chimie|chimie en général]]. C'est un [[mot-valise]], récemment créé aux Etats-Unis par divers lobbys industriels des secteur de la chimie, de l'[[industrie alimentaire]] et de l'[[agrochimie]]. Les personnes concernées sont dites "chimiophobes"
'''La chimiophobie''' ('''chémophobie''' ou '''chemophobia''', '''chemphobia''' ou '''chemonoia''' pour les anglophones)<ref>{{Article|auteur1=Ropeik|prénom1=D.|titre=On the roots of, and solutions to, the persistent battle between "chemonoia" and rationalist denialism of the subjective nature of human cognition|périodique=Human & Experimental Toxicology|volume=34|numéro=12|année=2015|pmid=26614815|doi=10.1177/0960327115603592|pages=1272–1278}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite news|title=Chemonoia: the fear blinding our minds to real dangers|url=http://www.bbc.com/future/story/20160225-chemonoia-the-fear-blinding-our-minds-to-real-dangers|work=[[BBC News]]|date=25 February 2016}}</ref> désigne une forte aversion aux [[Substance chimique|produits chimiques]] et/ou à la [[Chimie|chimie en général]]. C'est un [[mot-valise]], récemment créé aux Etats-Unis et réutilisé par divers lobbys industriels des secteur de la chimie, de l'[[industrie alimentaire]] et de l'[[agrochimie]]. Les personnes concernées sont dites "chimiophobes"


C'est un état d'esprit qui, au delà d'une inquiétude normale et raisonnable quant aux effets potentiellement nocifs de nombreux [[Synthèse chimique|produits chimiques synthétiques]], s'étendrait à une peur irrationnelle face à ces substances. Cette peur serait, selon les utilisateurs de ce concept, induite par des idées fausses ou exagérées sur la nocivité (effet cancérigène notamment) de tout ou partie des produits chimiques introduit dans l'environnement ou le corps humain (enfants, foetus ou embryon notamment démontrés plus vulnérables que les adultes) <ref name="laszlo">{{Article|auteur1=Laszlo|prénom1=Pierre|titre=On the Self-Image of Chemists, 1950-2000|périodique=International Journal for Philosophy of Chemistry|volume=12|numéro=1|année=2006|lire en ligne=http://hyle.org/journal/issues/12-1/laszlo.htm|pages=99}}</ref> <ref name="shim">{{Article|auteur1=Shim|prénom1=Soon-Mi|auteur2=Seo|prénom2=Sun Hee|auteur3=Lee|prénom3=Youngja|auteur4=Moon|prénom4=Gui-Im|titre=Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives|périodique=Food Control|volume=22|numéro=7|date=July 2011|doi=10.1016/j.foodcont.2011.01.001|pages=1054–1060}}</ref>.
C'est un état d'esprit qui, au delà d'une inquiétude normale et raisonnable quant aux effets potentiellement nocifs de nombreux [[Synthèse chimique|produits chimiques synthétiques]], s'étendrait à une peur irrationnelle face à ces substances. Cette peur serait, selon les utilisateurs de ce concept, induite par des idées fausses ou exagérées sur la nocivité (effet cancérigène notamment) de tout ou partie des produits chimiques introduit dans l'environnement ou le corps humain (enfants, foetus ou embryon notamment démontrés plus vulnérables que les adultes) <ref name="laszlo">{{Article|auteur1=Laszlo|prénom1=Pierre|titre=On the Self-Image of Chemists, 1950-2000|périodique=International Journal for Philosophy of Chemistry|volume=12|numéro=1|année=2006|lire en ligne=http://hyle.org/journal/issues/12-1/laszlo.htm|pages=99}}</ref>{{,}}<ref name="shim">{{Article|auteur1=Shim|prénom1=Soon-Mi|auteur2=Seo|prénom2=Sun Hee|auteur3=Lee|prénom3=Youngja|auteur4=Moon|prénom4=Gui-Im|titre=Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives|périodique=Food Control|volume=22|numéro=7|date=July 2011|doi=10.1016/j.foodcont.2011.01.001|pages=1054–1060}}</ref>.


Dan la seconde moitié du XXème siècle, une partie de l'[[industrie pétrochimique]], gazière et charbonnière, chimique, pharmaceutique, alimentaire et agroalimentaire s'inquiète de la montée de ce qu'ils nomment chimiophobie, car elle freine les ventes ou le développement de plusieurs [[produits chimiques]] phares, avec pour ces groupes des effets économiques qu'ils cherchent à éviter, dont par des actions de sensibilisation et de lobbying.
Dan la seconde moitié du XXème siècle, une partie de l'[[industrie pétrochimique]], gazière et charbonnière, chimique, pharmaceutique, alimentaire et agroalimentaire s'inquiète de la montée de ce qu'ils nomment chimiophobie, car elle freine les ventes ou le développement de plusieurs [[produits chimiques]] phares, avec pour ces groupes des effets économiques qu'ils cherchent à éviter, dont par des actions de sensibilisation et de lobbying.
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Le grand public a probablement surtout retenu le [[Zyklon B]] (originellement, un [[insecticide]] [[neurotoxique]]) utilisé dans les [[camps de concentration et d'extermination]]. Mais, si les armes chimique ont été peu utilisées dans ce conflit, elles ont été massivement fabriquées et "perfectionnées", avec par ex le [[tabun]] et le [[sarin]], deux puissant neurotoxiques, mortels à [[faible dose]]. Le '''Procès IG Farben''' (officiellement ''The United States of America vs. [[Carl Krauch]], et al.'') fut le sixième des douze [[procès]] pour [[Crime de guerre|crimes de guerre]] instruits après la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]] dans le cadre du [[Procès de Nuremberg]]. 20 des 24 accusés de crime de guerre étaient membres du Conseil exécutif, dont [[Carl Krauch]], président du Conseil d'administration, et Hermann Schmitz, président du Conseil de direction. Les chefs d’accusation étaient les mêmes pour tous : planification, préparation et exécution de [[guerres d’agression]] ; exploitation, [[Esclavage|asservissement]] et extermination de travailleurs forcés ; mais aussi participation à une conspiration visant à commettre des [[Crime contre la paix|crimes contre la paix]], des [[Crime de guerre|crimes de guerre]] et des [[Crime contre l'humanité|crimes contre l’humanité]]. D'autres accusations incluaient les [[Expérimentation médicale nazie|expérimentations criminelles]] sur des êtres humains (dont les détenus des camps de concentration), la complicité dans le [[génocide]], en particulier les [[Chambre à gaz|gazages]] à [[Auschwitz]] et dans d’autres camps, ainsi que la fourniture de Zyklon B pour cela. Après les enquêtes et audiences qui se sont déroulées du 27 août 1947 au 30 juin 1948, sur 24 accusés, 13 ont été condamnés à des peines de prison, 10 ont été acquittés et un a été relâché pour raisons de santé, et IG Farben a été dissoute (par décret) en 1950 et démantelée en 1952. Ce verdict, particulièrement clément comparé aux autres procès et eu égard aux responsabilités du Groupe chimique a été expliqué par les obstructions aux enquête (la direction d’IG Farben avait détruit ou falsifié les archives du Cartel et par le fait qu'il a bénéficié de « soixante des meilleurs avocats d’Allemagne », qui ont basé leur système de défense sur le principe alors en vigueur que seuls les crimes individuels peuvent être poursuivis et que les cadres accusés de crime n'ont pas de sang sur les mains..
Le grand public a probablement surtout retenu le [[Zyklon B]] (originellement, un [[insecticide]] [[neurotoxique]]) utilisé dans les [[camps de concentration et d'extermination]]. Mais, si les armes chimique ont été peu utilisées dans ce conflit, elles ont été massivement fabriquées et "perfectionnées", avec par ex le [[tabun]] et le [[sarin]], deux puissant neurotoxiques, mortels à [[faible dose]]. Le '''Procès IG Farben''' (officiellement ''The United States of America vs. [[Carl Krauch]], et al.'') fut le sixième des douze [[procès]] pour [[Crime de guerre|crimes de guerre]] instruits après la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]] dans le cadre du [[Procès de Nuremberg]]. 20 des 24 accusés de crime de guerre étaient membres du Conseil exécutif, dont [[Carl Krauch]], président du Conseil d'administration, et Hermann Schmitz, président du Conseil de direction. Les chefs d’accusation étaient les mêmes pour tous : planification, préparation et exécution de [[guerres d’agression]] ; exploitation, [[Esclavage|asservissement]] et extermination de travailleurs forcés ; mais aussi participation à une conspiration visant à commettre des [[Crime contre la paix|crimes contre la paix]], des [[Crime de guerre|crimes de guerre]] et des [[Crime contre l'humanité|crimes contre l’humanité]]. D'autres accusations incluaient les [[Expérimentation médicale nazie|expérimentations criminelles]] sur des êtres humains (dont les détenus des camps de concentration), la complicité dans le [[génocide]], en particulier les [[Chambre à gaz|gazages]] à [[Auschwitz]] et dans d’autres camps, ainsi que la fourniture de Zyklon B pour cela. Après les enquêtes et audiences qui se sont déroulées du 27 août 1947 au 30 juin 1948, sur 24 accusés, 13 ont été condamnés à des peines de prison, 10 ont été acquittés et un a été relâché pour raisons de santé, et IG Farben a été dissoute (par décret) en 1950 et démantelée en 1952. Ce verdict, particulièrement clément comparé aux autres procès et eu égard aux responsabilités du Groupe chimique a été expliqué par les obstructions aux enquête (la direction d’IG Farben avait détruit ou falsifié les archives du Cartel et par le fait qu'il a bénéficié de « soixante des meilleurs avocats d’Allemagne », qui ont basé leur système de défense sur le principe alors en vigueur que seuls les crimes individuels peuvent être poursuivis et que les cadres accusés de crime n'ont pas de sang sur les mains..


Le président de ce tribunal, le juge Josiah J.E. DuBois a été l'un des procureurs en chef du procès de Nuremberg. Ce juriste auparavant spécialiste des trusts, y a été chargé du procès du [[IG Farben|cartel chimique allemand Ig Farben]]. Il a raconté son expérience en [[1952]] dans un livre intitulé "''Les chimistes du Diable ; 24 conspirateurs du [[cartel]] international Farben qui a manufacturé les guerres (The Devil's Chemists ; 24 conspirators of the international farine Cartel who manufacture wars"''). Il qualifie les hauts-responsables du cartel comme des " ''généraux en costar gris'' " qui lors du procès ont tous minimisé leurs responsabilités, affirmant ne pas avoir de sang sur les mains et n'avoir pas ou peu été au courant de ce que tramait Hitler avant le déclenchement de la guerre. Ils n'auraient fait que leur métier de chimiste : concevoir, produire et livrer des « produits commerciaux » pouvant par exemple {{Citation|aussi bien servir à peindre une piscine qu'un pont d'un navire de guerre}}.
Le président de ce tribunal, Josiah J. E. DuBois, l'un des procureurs en chef du procès de Nuremberg, juriste alors spécialiste des trusts, et chargé du procès du cartel Ig Farben
<br>En s'appuyant sur les [[Minute (droit civil)|minutes]] du procès, J.E. DuBois dira des responsables du cartel Ig Farben qu'ils se sont en fait {{Citation|lavé les mains dans le sang}}, eux qui - dès avant la guerre - avaient mis au service d'[[Adolf Hitler]] toute la puissance de leur industrie, d'abord en finançant la campagne du futur [[dictateur]], puis en contribuant (avec d'autres cartels industriels, de l'industrie métallurgique et de l'armement) au réarmement rapide et massif de l'Allemagne, préparant activement une guerre d'agression et non de défense, dont en créant des usines secrètes, via des socétés-écran et des hommes de paille.


(J.E. DuBois souligne que c'est le docteur en chimie [[Carl Krauch|Carl von Krauch]] lui même, membre de l' [[Académie des sciences de Heidelberg]] ([[1942]]-[[1952]]) et de l'[[Académie Léopoldine]], ancien cadre de [[BASF]], devenu membre du directoire de supervision d'[[IG Farben|IG Farben,]] qui a été le promoteur du [[Vierjahresplan|plan de quatre ans]] préparant l'économie expansionniste et guerrière du [[Troisième Reich]]. [[Carl Krauch|Carl von Krauch]], comme 23 de ses collègues, dont de nombreux chimistes sont ici accusés de crime de guerre et de crime contre l'humanité. Leur procès, dit [[Procès IG Farben]] a été mené dans le cadre du [[Procès de Nuremberg]]. Ils y ont été très bien défendu par 60 des meilleurs avocats allemands, tous expérimentés. Krauch n'y sera condamné à 6 ans de prison. IG Farben qui a notamment fabriqué, parmi ses "produits commerciaux d'armement ", les produits chimiques nécessaires à la fabrication du TNT, d'autres explosifs militaires et d'armes chimiques, s'est ensuite totalement impliqué dans l'effort de guerre, en tant qu'industriel, loin du front et à l'abri des combats, en amassant au passage beaucoup d'argent.
a raconté en [[1952]] dans un livre intitulé "''Les chimistes du Diable ; 24 conspirateurs du [[cartel]] international Farben qui a manufacturé les guerres (The Devil's Chemists ; 24 conspirators of the international farine Cartel who manufacture wars"'') . Il parlera de responsables du cartel comme de " ''généraux en costar gris'' " qui affirment ne pas avoir de sang sur les mains, et n'avoir fait que livré des produits commerciaux pouvant par exemple aussi bien servir à peindre une piscine qu'un pont d'un navire de guerre. En s'appuyant sur les minutes du procès, DuBois dira des responsables du cartel Ig Farben qu'ils se sont en fait " lavé les mains dans le sang", eux qui - dès avant la guerre - avaient mis au service d'[[Adolf Hitler]] toute la puissance de leur industrie, d'abord en finançant la campagne du futur [[dictateur]], puis en contribuant (avec d'autres cartels industriels, de l'industrie métallurgique et de l'armement) au réarmement rapide et massif de l'Allemagne, préparant activement une guerre d'agression et non de défense, dont en créant des usines secrètes, via des socétés-paravents et des hommes de paille


chez [[BASF]] d'abord, dans la division de l'usine Schkopau de [[Ludwigshafen]], chargée d'inventer de nouvelles armes chimiques, '''[[Otto Ambros]]''' (docteur en chimie, nazi, membre de la [[Schutzstaffel|SS]], a en [[1934]] contribué à inventer et militariser l'agent [[sarin]] (en [[1938]]) puis le [[soman]] (en [[1944]]). Recruté par [[Carl Krauch]] (ministre de Hitler, et l'un des dirigeants du conglomérat [[IG Farben]]) il devient l'un de ses conseillers. '''[[Otto Ambros]]''' dirige aussi les usines Farben de [[Brzeg Dolny|Dyhernfurth]], où le sarin et le soman allemand sont fabriqués, et l'usine de Gendorf produisant le [[gaz moutarde]][[Croix de guerre 1939-1945|.]] Il est arrêté par les alliés en 1946 pour avoir testé des poisons et divers produits chimiques sur des détenus des camps de concentration d'[[Auschwitz|Auschwitz. Au]] [[procès de Nuremberg]], il n'est condamné qu'à huit ans de réclusion en 1948, avant d'être libéré de la [[prison de Landsberg]] en [[1952]]


Dans son livre, écrit à partir des note prises durant le procès, DuBois livre ses réflexions sur le rôle particulier qu'à joué la Chimie dans l'industrie de l'armement et plus largement dans cette guerre, notant que ce sont des chimistes de haut-niveau qui ont aussi permis que soit fabriquée la partie fissile, le coeur des [[bombes atomiques]].
(DuBois souligne que c'est le docteur en chimie [[Carl Krauch|Carl von Krauch]] lui même, membre de l' [[Académie des sciences de Heidelberg]] <small>([[1942]]-[[1952]]) et de l'</small>[[Académie Léopoldine]], ancien cadre de [[BASF]], devenu membre du directoire de supervision d'[[IG Farben|IG Farben,]] qui a été le promoteur du [[Vierjahresplan|plan de quatre ans]] préparant l'économie expansionniste et guerrière du [[Troisième Reich]]. [[Carl Krauch|Carl von Krauch]], comme 23 de ses collègues, dont de nombreux chimistes sont ici accusés de crime de guerre et de crime contre l'humanité. Leur procès, dit [[Procès IG Farben]] a été mené dans le cadre du [[Procès de Nuremberg]]. Ils y ont été très bien défendu par 60 des meilleurs avocats allemands, tous expérimentés. Krauch n'y sera condamné à 6 ans de prison. IG Farben qui a notamment fabriqué, parmi ses "produits commerciaux d'armement ", les produits chimiques nécessaires à la fabrication du TNT, d'autres explosifs militaires et d'armes chimiques, s'est ensuite totalement impliqué dans l'effort de guerre, en tant qu'industriel, loin du front et à l'abri des combats, en amassant au passage beaucoup d'argent.


À peine plus d'une décennies plus tard, la population vietnamienne, mais aussi le grand-public, dans le monde entier, sont à nouveau marqués puis durablement choqués par les conséquences des [[pulvérisations aériennes]] par l'armée américaine d'environ 80 millions de litres de produits chimiques, dont 61 % sont l'agent orange, durant 10 ans (durant la [[guerre du Viet-Nam]], de [[1961]] à [[Octobre 1971|octobre]] [[1971|1971). L]]'[[Agent orange]] de [[Monsanto]] était un mélange à parts égales de deux produits chimique aux propriétés herbicides : l'[[acide 2,4-dichlorophénoxyacétique]] (2,4-D) et l'[[acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique]] (2,4,5-T), ici utilisé comme [[Défoliant|défoliant chimique]]. Les conséquences des [[dioxine]]<nowiki/>s présentes en tant qu'impuretés dans ce mélange pesticide, encore aujourd'hui visible au Vietnam, avec des malformations congénitales graves, se manifestant sur plusieurs générations, ont fortement marqué les esprits.
chez [[BASF]] d'abord, dans la division de l'usine Schkopau de [[Ludwigshafen]], chargée d'inventer de nouvelles armes chimiques, '''[[Otto Ambros]]''' (docteur en chimie, nazi, membre de la [[Schutzstaffel|SS]], a en [[1934]] contribué à inventer et militariser l'agent [[sarin]] (en [[1938]]) puis le [[soman]] (en [[1944]]). Recruté par [[Carl Krauch]] (ministre de Hitler, et l'un des dirigeants du conglomérat [[IG Farben]]) il devient l'un de ses conseillers. '''[[Otto Ambros]]''' dirige aussi les usines Farben de [[Brzeg Dolny|Dyhernfurth]], où le sarin et le soman allemand sont fabriqués, et l'usine de Gendorf produisant le [[gaz moutarde]][[Croix de guerre 1939-1945|.]] Il est arrêté par les alliés en 1946 pour avoir testé des poisons et divers produits chimiques sur des détenus des camps de concentration d'[[Auschwitz|Auschwitz. Au]] [[procès de Nuremberg]], il n'est condamné qu'à huit ans de réclusion en 1948, avant d'être libéré de la [[prison de Landsberg]] en 1952


D'autres sources de défiance à l'égard de la chimie industrielle et de certains de ses produits ont été une succession de grandes [[catastrophes industrielles]] dont par exemple la [[catastrophe de Minamata]], la contamination de Times Beach, la [[catastrophe de Seveso]], la [[Catastrophe de Bhopal]] ou de [[Liste d'explosions accidentelles impliquant du nitrate d'ammonium|nombreux accident graves ayant impliqué le nitrate d'ammonium]] (dont l'explosion du contenu du cargo Grandcamp qui a tué plus de 580 personnes, l'[[explosion de l'usine AZF de Toulouse]] qui a fait 10 000 blessés environ, puis les [[Explosions au port de Beyrouth de 2020|explosions au port de Beyrouth en 2020]]). Dans les années 1970 et 1980 particulièrement, la télévision a aussi relayé dans le monde les images marquantes de nombreux naufrages et [[Liste des principaux déversements pétroliers|déversements pétroliers]], un pétrole dont une partie devait alimenter la [[carbochimie]]. Le [[Affaire de l'amiante en France|scandale de l'Amiante]], et de son [[comité permanent amiante]], loin d'être terminé comme le montre un documentaire d'[[Arte]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=L’amiante : l’histoire sans fin | ARTE |url=https://www.youtube.com/watch?v=lmNS1tYEkpk |date=20 septembre 2022 |consulté le=2022-10-20}}</ref> diffusé en 2022 en est un autre exemple.
Dans son livre, écrit à partir des note prises durant le procès, DuBois livre ses réflexions sur le rôle particulier qu'à joué la chimie dans l'industrie de l'armement et plus largement dans cette guerre, notant que ce sont des chimistes de haut-niveau qui ont aussi permis que soit fabriquée la partie fissile, le coeur des bombes atomiques.


Un grand nombre de [[Liste de scandales sanitaires|scandales sanitaires]], médicamenteux et alimentaires ayant impliqué ou impliquant encore de graves contamination par des produits chimiques et/ou des fraudes et [[adultération]]s de produits à grande échelle , ont probablement encore exacerbé la prudence du public et de nombreux élus face aux produits chimiques inutiles, mis sur le marché comme miraculeux puis s'avérant plus ou moins rapidement nuisibles, rétrospectivement ensuite perçus comme remède pire que le mal, notamment source d'[[allergie]]s, d'[[asthme]], de [[Microplastiques|micro-]] et [[Nanoplastique|nanoplastiques]] et de bien d'autres [[pollutions]], de chimiorésistance (dont [[antibiorésistance]], [[Résistance aux pesticides|résistance aux pesticides)]], d'accumulation de plastique dans les océans, etc. ou simplement de produits utilisés à mauvais escient ou pour produire des gadgets inutiles et polluants<ref name="Gribble" />. Enfin des centaines de millions de gens connaissent ou ont connu là proximité de friches industrielles, d'anciennes décharges, halles, terrils et crassiers, sols, eaux, air, jardins pollués par les industries minières et chimiques.
à peine plus d'une décennies plus tard, la population vietnamienne, mais aussi le grand-public, dans le monde entier, sont à nouveau marqués puis durablement choqués par les conséquences des pulvérisations aériennes : environ 80 millions de litres de produits chimiques, dont 61 % sont l'agent orange, durant 10 ans (durant la [[guerre du Viet-Nam]], de [[1961]] à [[Octobre 1971|octobre]] [[1971|1971). L]]'[[Agent orange]] de [[Monsanto]] était un mélange à parts égales de deux produits chimique aux propriétés herbicides : l'[[acide 2,4-dichlorophénoxyacétique]] (2,4-D) et l'[[acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique]] (2,4,5-T), ici utilisé comme [[Défoliant|défoliant chimique]]. Les conséquences des [[dioxine]]<nowiki/>s présentes en tant qu'impuretés dans ce mélange pesticide, encore aujourd'hui visible au Vietnam, avec des malformations congénitales graves, se manifestant sur plusieurs générations, ont fortement marqué les esprits.

D'autres sources de défiance à l'égard de la chimie et de certains de ses produits ont été une succession de grandes [[catastrophes industrielles]] dont par exemple la [[catastrophe de Minamata]], la contamination de Times Beach, la [[catastrophe de Seveso]], la [[Catastrophe de Bhopal|catastrophe de Bhopal, en Inde,]] ou de [[Liste d'explosions accidentelles impliquant du nitrate d'ammonium|nombreux accident graves ayant impliqué le nitrate d'ammonium]] (dont l'explosion du chargement du cargo Grandcamp ship qui a tué plus de 580 personnes, l'[[explosion de l'usine AZF de Toulouse]] qui a fait 10 000 blessés environ, puis les [[Explosions au port de Beyrouth de 2020|explosions au port de Beyrouth en 2020]]). Dans les années 1970 et 1980 particulièrement, la télévision a aussi relayé dans le monde les images marquantes de nombreux naufrages et [[Liste des principaux déversements pétroliers|déversements pétroliers]], un pétrole dont une partie devait alimenter la [[carbochimie]].

Le [[Affaire de l'amiante en France|scandale de l'Amiante]], et de son [[comité permanent amiante]], loin d'être terminé comme le montre un documentaire récent d'Arte https://www.youtube.com/watch?v=lmNS1tYEkpk 20 sept. 2022 en est un autre exemple. Un grand nombre de scandales sanitaires, médicamenteux et alimentaires ayant impliqué de graves contamination ou fraudes à grande échelle par des produits chimiques, ont probablement encore exacerbé la prudence du public et de nombreux élus face aux produits chimiques inutiles, mis sur le marché comme miraculeux puis s'avérant plus ou moins rapidement nuisibles, rétrospectivement ensuite perçus comme remède pire que le mal, notamment source d'[[allergie]]<nowiki/>s, d'[[asthme]], de [[Microplastiques|micro-]] et [[Nanoplastique|nanoplastiques]] et de bien d'autres [[pollutions]], de chimiorésistance (dont [[antibiorésistance]], [[Résistance aux pesticides|résistance aux pesticides)]], d'accumulation de plastique dans les océans, etc. ou simplement de produits utilisés à mauvais escient ou pour produire des gadgets inutiles et polluants<ref name="Gribble" />. Enfin des centaines de millions de gens connaissent ou ont connu là proximité de friches industrielles, d'anciennes décharges, halles, terrils et crassiers, sols, eaux, air, jardins pollués par les industries minières et chimiques.


Le professeur Gordon Gribble (en [[2013]]) estimait que le début de la chimiophobie contemporaine pourrait sans doute être attribué à un point de bascule correspondant à la publication du livre ''[[Printemps silencieux|Silent Spring]]'' de [[Rachel Carson]].
Le professeur Gordon Gribble (en [[2013]]) estimait que le début de la chimiophobie contemporaine pourrait sans doute être attribué à un point de bascule correspondant à la publication du livre ''[[Printemps silencieux|Silent Spring]]'' de [[Rachel Carson]].
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Histoire de la perception des chimistes par eux-mêmes
== Histoire de la perception des chimistes par eux-mêmes ==


Le monde de la chimie comprend un nombre croissant de disciplines https://www.cambridge.org/core/journals/science-in-context/article/discipline-identification-in-chemistry-and-physics/597316974E8A962E0766AF4E08E78734 mais peut être grossièrement partagé entre des enseignants (physique-chimie souvent sauf dans les études supérieures), des chercheurs (laboratoires public et privés) et des ingénieurs qui notamment développent les nouvelles applications de produits chimiques (on parle de milliers de molécules nouvelle "inventées" chaque jour.
Le monde de la chimie comprend un nombre croissant de disciplines<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Erwin N. |nom1=Hiebert |titre=Discipline Identification in Chemistry and Physics |périodique=Science in Context |volume=9 |numéro=2 |date=1996/ed |issn=1474-0664 |issn2=0269-8897 |doi=10.1017/S0269889700002362 |lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/journals/science-in-context/article/abs/discipline-identification-in-chemistry-and-physics/597316974E8A962E0766AF4E08E78734 |consulté le=2022-10-20 |pages=93–119}}</ref> mais peut être grossièrement partagé entre des enseignants (physique-chimie souvent sauf dans les études supérieures), des chercheurs (laboratoires public et privés) et des ingénieurs qui notamment développent les nouvelles applications de produits chimiques (on parle de milliers de molécules nouvelle "inventées" chaque jour<ref>{{Ouvrage |prénom1=Joachim |nom1=Schummer |prénom2=Bernadette |nom2=Bensaude-Vincent |prénom3=Brigitte |nom3=Van Tiggelen |titre=The Public Image of Chemistry |date=2007-10 |doi=10.1142/6636 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1142/6636 |consulté le=2022-10-20}}</ref>.


Selon Pierre Laszlo ([[2007]]), en termes d'[[image de soi]], les chimistes forment cependant dans la population un groupe {{Citation|très homogène, voire grégaire. Ils se perçoivent comme des créateurs, des bienfaiteurs de l'humanité, des artisans perpétuant une tradition de mains intelligentes et préservant, même à l'époque de la [[Big Science]], un profil relativement [[low-tech]]}}<ref name=Laszlo2007/>. Et ils ont en commun certaines forces conservatrices probablement induites par le langage commun de la chimie, celui des formules structurelles incomprises par une grande partie de la population, renforcée par la durée de leur apprentissage qui contribue à un sentiment d'élitisme, et selon Laszlo par une fréquente phobie des mathématiques<ref name=Laszlo2007/>.
Schummer, J., Bensaude-Vincent, B., & Van Tiggelen, B. (Eds.). (2007). ''The public image of chemistry''. World Scientific.


Le [[stéréotype]] du [[savant fou]] ou de l'apprenti sorcier susceptible de faire exploser leur laboratoire, polluer l'environnement ou fabriquer des poisons ou des armes chimiques, souvent repris dans les romans, BD et films n'est pas anodin<ref name=Laszlo2007/>.


Selon Pierre Laszlo, ce stéréotype n'est pas né de rien ni sans fondements, et ceux des chimistes qui le jugent uniquement caricatural, renforcent leur bonne conscience et celle de leur communauté et risquent de mal comprendre l'image que le secteur de la chimie donne hors de lui-même<ref name=Laszlo2007/>.
Selon Pierre Laszlo (2007), en termes d'image de soi les chimistes forment cependant dans la population un groupe "très homogène, voire grégaire, Ils se voient comme des créateurs, des bienfaiteurs de l'humanité, des artisans perpétuant une tradition de mains intelligentes et préservant, même à l'époque de la [[Big Science]], un profil relativement [[low-tech]]". OOOOO Et ils ont en commun certaines forces conservatrices probablement induites par le langage commun de la chimie, celui des formules structurelles incomprises par une grande partie de la population, renforcée par la durée de leur apprentissage qui contribue à un sentiment d'élitisme, et selon Laszlo par une fréquente phobie des mathématiques. OOOOO


Néanmoins, des [[années 1950]] aux [[Années 2010|année 2010]], les chimistes ont aussi montré une grande capacité d'adaptation, par exemple face aux chocs pétroliers, à l'explosion de la biochimie et aux bouleversement de l'informatique et d'autres outils avait contribué à moderniser –, Ils sont confortés par un financement croissant de leur activité (marque d'un intérêt du monde économique, industriel, financier et politique) et pour certains motivés par les nouveaux défis de la chimie verte et le biomimétisme, mais ils peuvent aussi être frustrés par une reconnaissance qu'ils jugent insuffisante de la part du public pour leur science et/ou leur métier<ref name=Laszlo2007>{{Article |langue=en |prénom1=Pierre |nom1=Laszlo |titre=ON THE SELF-IMAGE OF CHEMISTS, 1950–2000 |éditeur=WORLD SCIENTIFIC |date=2007-10 |isbn=978-981-277-584-9 |doi=10.1142/9789812775856_0013 |lire en ligne=http://www.worldscientific.com/doi/abs/10.1142/9789812775856_0013 |consulté le=2022-10-20 |pages=329–367}}</ref>.
Le [[stéréotype]] du [[savant fou]] ou de l'apprenti sorcier susceptible de faire exploser leur laboratoire, polluer l'environnement ou fabriquer des poisons ou des armes chimiques, souvent repris dans les romans, BD et films n'est pas anodin. OOOOO


== Chez les enfants ==
Selon Pierre Laszlo, ce stéréotype n'est pas né de rien ni sans fondements, et ceux des chimistes qui le jugent uniquement caricatural, renforcent leur bonne conscience et celle de leur communauté et risquent de mal comprendre l'image que le secteur de la chimie donne hors de lui-même. OOOOO
On ne nait pas « chimiophobe ».


Depuis plus de deux siècles et notamment de la fin du XIXe siècle aux année 2000-2010, des jeux éducatifs sont destinés à faire connaitre et aimer la chimie aux enfants. Ils existent dans les pays dits "développés" et semblent toujours populaires comme cadeaux (de fêtes et d'anniversaire..). Il comptent parmi les standard de l'éminence scientifique parmi les jouets se voulant à la fois récréatifs et éducatifs.
Néanmoins, des [[années 1950]] aux [[Années 2010|année 2010]], les chimistes ont aussi montré une grande capacité d'adaptation, par exemple face aux chocs pétroliers, à l'explosion de la biochimie et aux bouleversement de l'informatique et d'autres outils avait contribué à moderniser –, Ils sont confortés par un financement croissant de leur activité (marque d'un intérêt du monde économique, industriel, financier et politique) et pour certains motivés par les nouveaux défis de la chimie verte et le biomimétisme, mais ils peuvent aussi être frustrés par une reconnaissance qu'ils jugent insuffisante de la part du public pour leur science et/ou leur métier.


Il contribuent à l'image et à l'idée que se fait le jeune public vis à vis de la chimie. Ce sujet semble avoir été très peu étudié par l'Histoire des sciences notait en [[2009]] Salim Al-Gailani, mais il est abordé par l'Histoire du jouet et de l'éducation<ref name=AlGailani2009/>.
OOOOO 10.1142/9789812775856_0013


Au début du XXe siècle ce jeux ont plutôt prolongé la tendance de l'époque victorienne associant, divertissement, [[Magie (surnaturel)|magie]] et [[connaissance]] de certains produits chimique à l'expérimentation de quelques réactions chimiques<ref name=AlGailani2009/>.


Dans "''English men of science: Their nature and nurture''" (1874), Francis Galton présentait le jeu de chimie comme ayant fonction d'initiation ou de point de départ à une carrière scientifique note SalimAl-Gailani<ref name=AlGailani2009/>.
Chez les enfants


En raison des produits très acides, basiques ou corrosifs qu'ils contiennent, ces jeux inquiètent certains parents comme en témoigne un courrier envoyé au Times en [[1903]], « ''la mise entre les mains de jeunes garçons d'ingrédients tels que le chlorate de potasse, le soufre, etc., doit toujours être déconseillée comme une procédure dangereuse et tentante'' » (Leigh, 1903, p. 8 cité par SalimAl-Gailani, 2009). Des "laboratoires portables" et même des "armoires à produits chimiques" pour enfant ont même été vendues vendues à partir des [[années 1830]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Brian |nom1=Gee |titre=Amusement Chests and Portable Laboratories: Practical Alternatives to the Regular Laboratory |éditeur=Palgrave Macmillan UK |date=1989 |isbn=978-1-349-10606-6 |doi=10.1007/978-1-349-10606-6_4 |lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-1-349-10606-6_4 |consulté le=2022-10-20 |pages=37–59}}</ref>.
On ne nait pas chimiophobe. Depuis plus de deux siècles et notamment de la fin du XIXe siècle aux année 2000-2010, des jeux éducatifs sont destinés à faire aimer la chimie aux enfants. Ils existent dans les pays dits "développés" et semblent toujours populaires comme cadeaux (de fêtes et d'anniversaire..). Il comptent parmi les standard de l'éminence scientifique parmi les jouets se voulant à la fois récréatifs et éducatifs.


Ce denier a publié en 2009 une étude basée sur les jouets scientifiques dédiés à la chimie, fabriqués en Grande-Bretagne et aux États-Unis (où vers 2005-20010 deux marques américaines dominaient le marché : Gilbert and Porter Chemcraft)<ref name=AlGailani2009/>.
Il contribuent à l'image et à l'idée que se fait le jeune public vis à vis de la chimie. Ce sujet semble avoir été très peu étudié par l'Histoire des sciences notait en 2009 SalimAl-Gailani, mais il est abordé par l'Histoire du jouet et de l'éducation.


Ces jouets se sont modernisés et le contenu des livrets, images et publicités laisse penser, selon SalimAl-Gailani (Département d'histoire et de philosophie des sciences à l'[[Université de Cambridge]]), que les industriels ont peu à peu abandonné les aspects d'émerveillement (« magie chimique ») et de pédagogie de la démystification par l'expérimentation, au profit du "rôle de la chimie dans la création d'une nouvelle génération de scientifiques". S'ils ont récemment, ils ont parfois intégré une dimension de citoyenneté ou d'écocitoyenneté, ces jeux semblent encore refléter des orientations sous-jacentes et des stratégies de marques visant encore un public plutôt masculins<ref name=AlGailani2009>{{Article |langue=en |prénom1=Salim |nom1=Al-Gailani |titre=Magic, science and masculinity: marketing toy chemistry sets |périodique=Studies in History and Philosophy of Science Part A |volume=40 |numéro=4 |date=2009-12 |doi=10.1016/j.shpsa.2009.10.006 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0039368109000703 |consulté le=2022-10-20 |pages=372–381}}</ref>.
Au début du XXe siècle ce jeux ont plutôt prolongé la tendance de l'époque victorienne associant, divertissement, [[Magie (surnaturel)|magie]] et [[connaissance]] de certains produits chimique à l'expérimentation de quelques réactions chimiques.


== État des lieux pour les années 2010 ==
Dans "English men of science: Their nature and nurture" (1874), Francis Galton présentait le jeu de chimie comme ayant fonction d'initiation ou de point de départ à une carrière scientifique note SalimAl-Gailani.


Une thèse de doctorat en science ([[2020]]) intitulée "La chimiophobie aujourd'hui : déterminants, conséquences et implications pour la communication des risques" https://doi.org/10.3929/ethz-b-000460007 , financée par le Consumer Behavior Group de l'ETH Zürich, s'est basée sur un enquête visant à évaluer empiriquement la "peur irrationnelle" des personnes sondés (que l'auteure, Rita Saleh, qualifie de "consommateurs") à l'égard des produits chimiques.
En raison des produits très acides, basiques ou corrosifs qu'ils contiennent, ces jeux inquiètent certains parents comme en témoigne un courrier envoyé au Times en [[1903]], « ''la mise entre les mains de jeunes garçons d'ingrédients tels que le chlorate de potasse, le soufre, etc., doit toujours être déconseillée comme une procédure dangereuse et tentante'' » (Leigh, 1903, p. 8 cité par SalimAl-Gailani, 2009). Des "laboratoires portables" et même des "armoires à produits chimiques" pour enfant ont même été vendues vendues à partir des années 1830 https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-349-10606-6_4 Turner, 1987, Warner, 1988).

Ce denier a publié en 2009 une étude basée sur les jouets scientifiques dédiés à la chimie, fabriqués en Grande-Bretagne et aux États-Unis (où vers 2005-20010 deux marques américaines dominaient le marché : Gilbert and Porter Chemcraft).

Ces jouets se sont modernisés et le contenu des livrets, images et publicités laisse penser, selon SalimAl-Gailani (Département d'histoire et de philosophie des sciences à l'[[Université de Cambridge]]), que les industriels ont peu à peu abandonné les aspects d'émerveillement (« magie chimique ») et de pédagogie de la démystification par l'expérimentation, au profit du "rôle de la chimie dans la création d'une nouvelle génération de scientifiques". S'ils ont récemment, ils ont parfois intégré une dimension de citoyenneté ou d'écocitoyenneté, ces jeux semblent encore refléter des orientations sous-jacentes et des stratégies de marques visant encore un public plutôt masculins.

10.1016/j.shpsa.2009.10.006



Etat des lieux pour les années 2010

Une thèse de doctorat en science ([[2020]]) intitulée "La chimiophobie aujourd'hui : déterminants, conséquences et implications pour la communication des risques" https://doi.org/10.3929/ethz-b-000460007 , financée par le Consumer Behavior Group de l'ETH Zürich, s'est basée sur un enquête visant à évaluer empiriquement la "peur irrationnelle" des personnes sondés (que l'auteure, Rita Saleh, qualifie de "consommateurs") à l'égard des produits chimiques.


L'expression «produits chimiques» tendait à être associés à des items ou images négatives (mort et poison par exemple) mais aussi à des affects négatifs.
L'expression «produits chimiques» tendait à être associés à des items ou images négatives (mort et poison par exemple) mais aussi à des affects négatifs.
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........."et ainsi faciliter une prise de décision éclairée concernant les produits chimiques" (chapitre V de la thèse de Rita Saleh, 2020).
.........{{Citation|et ainsi faciliter une prise de décision éclairée concernant les produits chimiques}} (chapitre V de la thèse de Rita Saleh, 2020).


Cependant, les différences régionales et les facteurs psychologiques (par exemple, les croyances idéationnelles) doivent être pris en compte si l'on veut assurer le succès de la stratégie de fourniture d'informations.
Cependant, les différences régionales et les facteurs psychologiques (par exemple, les croyances idéationnelles) doivent être pris en compte si l'on veut assurer le succès de la stratégie de fourniture d'informations.


Une étude<ref name=Saleh2019>{{Article |prénom1=Angela |nom1=Bearth |prénom2=Rita |nom2=Saleh |prénom3=Michael |nom3=Siegrist |titre=Lay-people's knowledge about toxicology and its principles in eight European countries |périodique=Food and Chemical Toxicology |volume=131 |date=2019-09 |issn=0278-6915 |doi=10.1016/j.fct.2019.06.007 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.fct.2019.06.007 |consulté le=2022-10-21 |pages=110560}}</ref>, pilotée par Angela Bearth à l'[[École polytechnique fédérale de Zurich]], a interrogé 5 631 personnes de Suisse et de 7 pays de l'[[Union européenne]]. Elle montre que


Une étude

* A. Bearth ''et al., Food and Chemical Toxicology'', vol. 131, article 110560, 2019

pilotée par Angela Bearth à l'[[École polytechnique fédérale de Zurich]], a interrogé 5 631 personnes de Suisse et de 7 pays de l'[[Union européenne]]. Elle montre que

* les connaissances du public en chimie sont encore faibles ;
* les connaissances du public en chimie sont encore faibles ;
* la dichotomie entre « chimique » et « naturel » est très courante : 82 % des interrogés voient une différence entre le sel (NaCl) synthétique et celui extrait de la mer.
* la dichotomie entre « chimique » et « naturel » est très courante : 82 % des interrogés voient une différence entre le sel (NaCl) synthétique et celui extrait de la mer ;
* la notion de relation dose-effet Bearth, A., Cousin, M., & Siegrist, M. (2016). "The Dose Makes the Poison": Informing consumers about the scientific risk assessment of food additives. Risk Analysis, 36(1), 130-144. doi:10.1111/risa.12410. (base ancienne de la toxicologie, mais qui n'est pas toujours valable en situation de synergie toxique ou dans le cas de perturbateurs endocriniens ) est presque inconnues .
* la notion de relation dose-effet<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Angela |nom1=Bearth |prénom2=Marie-Eve |nom2=Cousin |prénom3=Michael |nom3=Siegrist |titre=“The Dose Makes the Poison”: Informing Consumers About the Scientific Risk Assessment of Food Additives: Informing Consumers About Food Additives |périodique=Risk Analysis |volume=36 |numéro=1 |date=2016-01 |doi=10.1111/risa.12410 |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/risa.12410 |consulté le=2022-10-21 |pages=130–144}</ref> (base ancienne de la toxicologie, mais qui n'est pas toujours valable en situation de synergie toxique ou dans le cas de perturbateurs endocriniens ) est presque inconnues ;
* En [[2019]], Christophe Cartier dit Moulin (chargé de communication de l’Institut de chimie/ CNRS) en déduit que ce manque de connaissances de base instaure une méfiance et c’est le facteur décisif dans la chimiophobie, même si d’autres éléments entrent aussi en ligne de compte. Ceci expliquerait que "quels que soient les modes de communication mis en place, l’image de la chimie reste mauvaise, même quand les différents acteurs du domaine mettent, par exemple, l’accent sur une chimie écoresponsable". 10.3917/pls.502.0007 .
* En [[2019]], Christophe Cartier dit Moulin (chargé de communication de l’Institut de chimie/ CNRS) en déduit que ce manque de connaissances de base instaure une méfiance et c’est le facteur décisif dans la chimiophobie, même si d’autres éléments entrent aussi en ligne de compte. Ceci expliquerait que {{Citation|quels que soient les modes de communication mis en place, l’image de la chimie reste mauvaise, même quand les différents acteurs du domaine mettent, par exemple, l’accent sur une chimie écoresponsable"<ref name=originePourSc2019/>.



L'arrivée de l'[[intelligence artificielle]] dans ce secteur ouvre aussi de nouvelles perspectives, notamment pour la [[chimie computationelle]] et la [[chimie quantique]], à la fois enthousiasmantes et peu rassurantes si elles ne ont pas associées à une éthique rigoureuse et prudentielle.
Aspects sociopsychologiques ou médicaux


== Aspects médico-sociopsychologiques ==
Malgré son suffixe ''-[[phobie]]'', la majorité des écrits sur la chimiophobie la décrit comme une [[Phobie|aversion ou un préjugé non clinique]], et pas comme une [[phobie]] au sens médical du terme.
Malgré son suffixe ''-[[phobie]]'', la majorité des écrits sur la chimiophobie la décrit comme une [[Phobie|aversion ou un préjugé non clinique]], et pas comme une [[phobie]] au sens médical du terme.


Dans de rares cas, elle peut déboucher sur des troubles alimentaires et nécessiter des soins, généralement appuyés sur une psychothérapie
Dans de rares cas, elle peut déboucher sur des [[troubles alimentaires]] et nécessiter des soins ([[psychothérapie]])


Selon les auteurs proches du monde industriel et/ou de l'éducation, la chimiophobie telles qu'ils la perçoivent dans la [[population générale]] pourrait et devrait être traitée par l'éducation à la chimie <ref name="Hartings2011">{{Article|auteur1=Hartings|prénom1=MR|auteur2=Fahy|prénom2=D|titre=Communicating chemistry for public engagement.|périodique=Nature Chemistry|volume=3|numéro=9|date=23 August 2011|pmid=21860452|doi=10.1038/nchem.1094|bibcode=2011NatCh...3..674H|pages=674–677}}</ref> <ref name="Karousos">{{Article|auteur1=Smith|prénom1=Robert B.|auteur2=Karousos|prénom2=Nikolaos G.|auteur3=Cowham|prénom3=Emma|auteur4=Davis|prénom4=James|titre=Covert Approaches to Countering Adult Chemophobia|périodique=Journal of Chemical Education|volume=85|numéro=3|date=March 2008|doi=10.1021/ed085p379|bibcode=2008JChEd..85..379B|pages=379}}</ref> <ref name="Smith">{{Article|auteur1=Smith|prénom1=David K.|titre=iTube, YouTube, WeTube: Social Media Videos in Chemistry Education and Outreach|périodique=Journal of Chemical Education|volume=91|numéro=10|date=14 October 2014|doi=10.1021/ed400715s|bibcode=2014JChEd..91.1594S|pages=1594–1599}}</ref> <ref name="Morais">{{Article|auteur1=Morais|prénom1=Carla|titre=Storytelling with Chemistry and Related Hands-On Activities: Informal Learning Experiences To Prevent "Chemophobia" and Promote Young Children's Scientific Literacy|périodique=Journal of Chemical Education|volume=92|numéro=1|date=13 January 2015|doi=10.1021/ed5002416|bibcode=2015JChEd..92...58M|pages=58–65}}</ref> et par la sensibilisation des médias et du public<ref name="Hartings2011" /> <ref name="shim">{{Article|auteur1=Shim|prénom1=Soon-Mi|auteur2=Seo|prénom2=Sun Hee|auteur3=Lee|prénom3=Youngja|auteur4=Moon|prénom4=Gui-Im|titre=Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives|périodique=Food Control|volume=22|numéro=7|date=July 2011|doi=10.1016/j.foodcont.2011.01.001|pages=1054–1060}}<cite class="citation journal cs1" data-ve-ignore="true" id="CITEREFShimSeoLeeMoon2011">Shim, Soon-Mi; Seo, Sun Hee; Lee, Youngja; Moon, Gui-Im; Kim, Min-Shik; Park, Ju-Hee (July 2011). "Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives". ''Food Control''. '''22''' (7): 1054–1060. [[Digital Object Identifier|doi]]:[[doi:10.1016/j.foodcont.2011.01.001|10.1016/j.foodcont.2011.01.001]].</cite></ref> <ref name="Fielding">{{Article|auteur1=Fielding|prénom1=Kelly S.|auteur2=Roiko|prénom2=Anne H.|titre=Providing information promotes greater public support for potable recycled water|périodique=Water Research|volume=61|date=September 2014|pmid=24893113|doi=10.1016/j.watres.2014.05.002|pages=86–96}}</ref>. xxx estime que l’enseignement des notions de base de la [[toxicologie]] et de la [[chimie]] pourrait se traduire en France par une réhabilitation de l’enseignement de la chimie, trop souvent présentée comme une sous-discipline de la [[physique]].
Selon les auteurs proches du monde industriel et/ou de l'éducation, la chimiophobie telles qu'ils la perçoivent dans la [[population générale]] pourrait et devrait être traitée par l'éducation à la chimie <ref name="Hartings2011">{{Article|auteur1=Hartings|prénom1=MR|auteur2=Fahy|prénom2=D|titre=Communicating chemistry for public engagement.|périodique=Nature Chemistry|volume=3|numéro=9|date=23 August 2011|pmid=21860452|doi=10.1038/nchem.1094|bibcode=2011NatCh...3..674H|pages=674–677}}</ref>{{,}}<ref name="Karousos">{{Article|auteur1=Smith|prénom1=Robert B.|auteur2=Karousos|prénom2=Nikolaos G.|auteur3=Cowham|prénom3=Emma|auteur4=Davis|prénom4=James|titre=Covert Approaches to Countering Adult Chemophobia|périodique=Journal of Chemical Education|volume=85|numéro=3|date=March 2008|doi=10.1021/ed085p379|bibcode=2008JChEd..85..379B|pages=379}}</ref>{{,}}<ref name="Smith">{{Article|auteur1=Smith|prénom1=David K.|titre=iTube, YouTube, WeTube: Social Media Videos in Chemistry Education and Outreach|périodique=Journal of Chemical Education|volume=91|numéro=10|date=14 October 2014|doi=10.1021/ed400715s|bibcode=2014JChEd..91.1594S|pages=1594–1599}}</ref>{{,}}<ref name="Morais">{{Article|auteur1=Morais|prénom1=Carla|titre=Storytelling with Chemistry and Related Hands-On Activities: Informal Learning Experiences To Prevent "Chemophobia" and Promote Young Children's Scientific Literacy|périodique=Journal of Chemical Education|volume=92|numéro=1|date=13 January 2015|doi=10.1021/ed5002416|bibcode=2015JChEd..92...58M|pages=58–65}}</ref> et par la sensibilisation des médias et du public<ref name="Hartings2011" />{{,}}<ref name="shim">{{Article|auteur1=Shim|prénom1=Soon-Mi|auteur2=Seo|prénom2=Sun Hee|auteur3=Lee|prénom3=Youngja|auteur4=Moon|prénom4=Gui-Im|titre=Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives|périodique=Food Control|volume=22|numéro=7|date=July 2011|doi=10.1016/j.foodcont.2011.01.001|pages=1054–1060}}<cite class="citation journal cs1" data-ve-ignore="true" id="CITEREFShimSeoLeeMoon2011">Shim, Soon-Mi; Seo, Sun Hee; Lee, Youngja; Moon, Gui-Im; Kim, Min-Shik; Park, Ju-Hee (July 2011). "Consumers' knowledge and safety perceptions of food additives: Evaluation on the effectiveness of transmitting information on preservatives". ''Food Control''. '''22''' (7): 1054–1060. [[Digital Object Identifier|doi]]:[[doi:10.1016/j.foodcont.2011.01.001|10.1016/j.foodcont.2011.01.001]].</cite></ref>{{,}}<ref name="Fielding">{{Article|auteur1=Fielding|prénom1=Kelly S.|auteur2=Roiko|prénom2=Anne H.|titre=Providing information promotes greater public support for potable recycled water|périodique=Water Research|volume=61|date=September 2014|pmid=24893113|doi=10.1016/j.watres.2014.05.002|pages=86–96}}</ref>. xxx estime que l’enseignement des notions de base de la [[toxicologie]] et de la [[chimie]] pourrait se traduire en France par une réhabilitation de l’enseignement de la chimie, trop souvent présentée comme une sous-discipline de la [[physique]].


Points de vues
== Points de vues ==
Selon Sophie Chauveau, Bernadette Bensaude-Vincent, dans son livre {{Citation|Faut-il avoir peur de la chimie ?}} estime que la chimie contemporaine, bien que souvent perçue comme science secondaire si ce n'est auxiliaire, fait peur à cause de ses rapports ambivalent à la nature, à la réalité et au [[Vie|Vivant]]. Son histoire et son [[épistémologie]] montrent qu'il y a parfois eu confusion entre [[chimie]] et [[alchimie]] et qu'après avoir mis en cause les [[religion]]s et l'ordre de la création, puis de mieux en mieux expliqué la matière du monde, et est devenue tout à la fois une science de la matière et des éléments, une technique de production et un secteur industriel particulièrement mondialisé dont les produits sont omniprésents. <br> Plus que jamais, {{Citation|elle remet en question le partage entre la nature et l'artifice}}, car capable de créer des millions de molécule (ce qu'elle fait à un rythme sans précédent, incontrôlable, y compris pour des molécule n'existant pas dans la Nature), elle a permis l'essor des l'industries pharmaceutique, des pesticides, puis biotechnologiques et des nanotechnologies, dont les possibles effets écologique et sanitaires peuvent à juste titre inquiéter le public. Ce n'est pa le savoir théorique de la Chimie qui est craint ; ce sont d'éventuels usages irresponsables, par exemple en termes de [[synthèse chimique]] et la manipulation moléculaire susceptibles de poser problème (toxicité, écotoxicité, mutagénicité, cancérogénicité...) en modifiant, éventuellement irréversiblement le Vivant ({{Citation|c'est l'une des formes les plus concrètes des inquiétudes que suscite la chimie}}). Ses usages possibles semblent potentiellement infinis, parfoi dangereux, avec une relation complexe à l'[[éthique]] (qui ne semble pas avoir progressé dans cette discipline autant qu'elle l'a fait dans le domaine de la bioéthique). Enfin, la notion de [[preuve]], en chimie, recourt à la fois à la théorie et à l'abstraction, ce qui ne la met pas à la portée des non-spécialiste. Et l'invisibilité de nombre de ses produits, le [[brevetage]], le [[secret industriel]] et le [[secret des affaires]] rendent l'industrie de la chimie parmi le plus opaques pour le public. <br>Pour Bernadette Bensaude-Vincent, les chimistes ont développé leur propre philosophie de la matière, et, avant d'autres, une certaine conception de la [[Gestion des risques|gestion du risque]] (basé sur les [[Retour d'expérience|enseignement tirés d'accidents]] et [[Empoisonnement|empoisonnements]] parfois mortels).
<br>On peut s'interroger sur les évolutions de perception de la chimie (par les chimistes, et par le grand-public) dans les relation que cette science entretient avec le réel et le réalisme, ainsi qu'avec le progrès et le positivisme. Chez une même personne, l'enthousiasme pour les progrès de la chimie peut coexister avec l'inquiétude provoquée par la pollution ou les effets inattendus, qui semblent si souvent découler de l'usage des produits chimiques et de sa contribution à l'artificialisation du monde. Alors qu'une demande pour une chimie plus verte et bioinspirée, qui, a priori, ferait moins peur, semble aussi se consolider dans le public.


L'américaine Michelle Francl, enseignante et spécialiste en [[chimie computationelle]] et en [[chimie quantique]] est membre actif de l'[[American Chemical Society]], du [[comité de rédaction]] du ''Journal of Molecular Graphics and Modelling'', autrice d'un guide de survie pour la physique-chimie (''The Survival Guide for Physical Chemistry) et nommée (en [[2016]]) l'un(e) des neuf chercheurs/euses auxiliaires de l'[[Observatoire du Vatican]]). Elle dénonce une culture devenue « chimiophobe » où le produit chimique est devenu synonyme d'artificiel, et souvent de frelaté, dangereux ou toxique. Cette chimiophobie est {{Citation|plus proche du [[daltonisme]] que d'une véritable phobie}} car les chimiophobes sont "aveugles" à la plupart des produits chimiques qu'ils rencontrent : chaque substance de l'univers est en effet de nature physicochimique<ref name="Francl">{{Cite news|url=http://www.slate.com/articles/health_and_science/medical_examiner/2013/02/curing_chemophobia_don_t_buy_the_alternative_medicine_in_the_boy_with_a.html|title=Curing chemophobia: Don't buy the alternative medicine in 'The Boy With a Thorn in His Joints'|date=7 February 2013|work=[[Slate (magazine)|Slate]]}}</ref>. <br>En termes de [[Perception du risque|perception des risques]], les éléments physico-chimiques naturels nous semblent souvent plus sûrs que des produits synthétiques, et paradoxalement selon elle, on craint parfois des produits chimiques fabriqués par l'homme, tout en acceptant plus facilement des éléments ou molécules naturels pourtant reconnus dangereux ou toxiques<ref>{{Ouvrage|prénom1=David|nom1=Ropeik|titre=How risky is it, really?: Why our fears don't always match the facts|lieu=New York|éditeur=McGraw-Hill|date=2010|pages totales=92–96|isbn=978-0071629690}}</ref>{{,}}<ref name="Gribble">{{Article|auteur1=Gribble|prénom1=Gordon|titre=Food Chemistry and Chermophobia|périodique=Food Chemistry|volume=5|numéro=2|date=2013|doi=10.1007/s12571-013-0251-2|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/257789222|consulté le=27 March 2015|pages=177–187}}</ref>.
Selon Sophie Chauveau, Bernadette Bensaude-Vincent, dans son livre "Faut-il avoir peur de la chimie ?" montre que la chimie fait peur à cause de ses rapports ambivalent à la nature, à la réalité et au Vivant ; c'est est à la fois une science de la matière et des éléments, une technique de production et un secteur industriel particulièrement mondialisé.
<br>Cette attitude a conduit selon Michelle Francl à ce que des populations s'opposent à la [[fluoration publique de l'eau]] {{Citation|malgré des cas documentés de perte de dents et de déficit nutritionnel}} ajoute-t-elle.


== Cancérogénicité ==
L'histoire et l'[[épistémologie]] de la chimie montrent qu'il y a parfois eu une confusion entre chimie et alchimie.
Dans les [[années 1980]], le ''Carcinogenic Potency Project''<ref>[http://cpdb.thomas-slone.org/ Carcinogenic Potency Project]</ref> a été créé aux États-Unis, au sein du réseau de bases de données Distributed Structure-Searchable Toxicity (DSSTox) de l' [[Environmental Protection Agency|EPA]]<ref>National Center for Computational Toxicology (NCCT) [http://www.epa.gov/ncct/dsstox/ DSSTox Official Website]</ref>. Il teste peu à peu la cancérogénicité d'un nombre croissant de produits chimiques (naturels et synthétiques), et ses données alimentent une [[base de données]] ouverte<ref>{{Lien web |titre=Publicly available Toxnet database from US NLM |url=http://toxnet.nlm.nih.gov/html/cpdbfs.htm |consulté le=2016-10-20 |archive-url=https://web.archive.org/web/20130218135909/http://toxnet.nlm.nih.gov/html/cpdbfs.htm |archive-date=2013-02-18 |url-status=dead}}</ref>, comblant progressivement les lacunes de connaissances sur la cancérogénicité des produits chimiques, naturels et synthétiques.


En [[1992]], dans la revue ''[[Science (revue)|Science]]'' les scientifiques menant ce projet écrivaient :
Après avoir mis en cause les religions et l'ordre de la création en expliquant mieux la matière du monde, "elle remet en question le partage entre la nature et l'artifice".
{{Citation bloc|L'examen toxicologique des produits chimiques synthétiques, sans examen similaire des produits chimiques qui se produisent naturellement, a entraîné un déséquilibre à la fois dans les données et la perception des cancérigènes chimiques (...). Des comparaisons doivent être faites entre produits chimiques naturels aussi bien qu'avec des produits chimiques synthétiques.<br>- 1) La grande proportion de produits chimiques auxquels les humains sont exposés sont produits naturellement. Néanmoins, le public tend à considérer les produits chimiques comme uniquement synthétiques et à penser que les produits chimiques synthétiques sont toxiques malgré le fait que chaque produit chimique naturel est également toxique à une certaine dose. L'exposition moyenne quotidienne des Américains aux matières brûlées dans l'alimentation est d'environ 2 000 mg et l'exposition aux pesticides naturels (les produits chimiques que les plantes produisent pour se défendre) est d'environ 1 500 mg. En comparaison, l'exposition quotidienne totale à tous les résidus de pesticides synthétiques combinés est d'environ 0,09 mg. Ainsi, on estime que 99,99% des pesticides ingérés par l'homme sont naturels. Malgré cette exposition énormément plus importante aux produits chimiques naturels, 79 % (378 sur 479) des produits chimiques testés pour la cancérogénicité chez les rats et les souris sont synthétiques (c'est-à-dire qu'ils ne se produisent pas naturellement).<br>- 2) On a souvent supposé à tort que les humains ont développé des défenses contre les produits chimiques naturels de notre alimentation mais pas contre les produits chimiques synthétiques. Cependant, les défenses que les animaux ont développées sont pour la plupart généralistes plutôt que spécifiques à des produits chimiques particuliers ; de plus, ces défenses sont généralement inductibles et protègent donc bien des faibles doses de produits chimiques synthétiques et naturels.<br>- 3) Parce que la toxicologie des produits chimiques naturels et synthétiques est similaire, on s'attend à (et trouve) un taux de positivité similaire pour la cancérogénicité parmi les produits chimiques synthétiques et naturels. Le taux de positivité parmi les produits chimiques testés chez les rats et les souris est d'environ 50 %. Par conséquent, parce que les humains sont exposés à beaucoup plus de produits chimiques naturels que synthétiques (en poids et en nombre), les humains sont exposés à un énorme fond de cancérogènes pour les rongeurs, tel que défini par les tests à haute dose sur les rongeurs. Nous avons montré que même si seule une infime proportion de pesticides naturels dans les aliments végétaux ont été testés, les 29 qui sont cancérigènes pour les rongeurs parmi les 57 testés, se retrouvent dans plus de 50 aliments végétaux courants. Il est probable que presque tous les fruits et légumes du supermarché contiennent des pesticides naturels cancérigènes pour les rongeurs.<ref name=RodentCarcinogens1992>{{cite journal | author = Gold L.S.| year = 1992 | title = Rodent carcinogens : Setting priorities | url = http://toxnet.nlm.nih.gov/cpdb/pdfs/Science1992.pdf | journal = Science | volume = 258 | issue = 5080| pages = 261–265 | doi=10.1126/science.1411524| pmid = 1411524 |display-authors=etal| bibcode = 1992Sci...258..261S }}</ref>}}

Souvent perçue comme secondaire si ce n'est auxiliaire, elle permet de créer de molécule, y compris n'existant pas dans la nature, ce qui a permis l'essor des l'industries pharmaceutique, des pesticides, puis biotechnologiques et des nanotechnologies, dont les possibles effets écologique et sanitaires peuvent à juste titre inquiéter le public. La création de millions de molécules nouvelles se fait à un rythme sans précédent, incontrôlable. C'est rarement le savoir théorique de la chimie qui est craint ; ce sont d'éventuels usages irresponsables en termes de synthèse chimique et la manipulation moléculaire qui posent problème ("c'est l'une des formes les plus concrètes des inquiétudes que suscite la chimie"). Les usages possibles de la chimie sont très nombreux, et éventuellement contraires à l'[[éthique]] (qui n'a pas progressé dans cette discipline comme elle l'a fait dans le domaine de la bioéthique). En outre, la preuve en chimie recourt à la fois à la théorie et à l'abstraction, ce qui ne la met pas à la portée des non-spécialiste, et le brevetage, le secret industriel et le secret des affaires rendent cette industrie très opaque.

Selon Bernadette Bensaude-Vincent, les chimistes ont développé leur propre philosophie de la matière, et leur propre conception de la [[Gestion des risques|gestion du risque]] (basé sur les [[Retour d'expérience|enseignement tirés d'accidents]] et [[Empoisonnement|empoisonnements]] parfois mortels).

On peut s'interroger sur les évolutions de perception de la chimie (par les chimistes, et par le grand-public) dans les relation que cette science entretient avec le réel et le réalisme, ainsi qu'avec le progrès et le positivisme. L'enthousiasme pour les progrès de la chimie peut coexister avec l'inquiétude provoquée par la pollution ou les effets inattendus, qui semblent si souvent découler de l'artificialisation du monde. L'arrivée de l'[[intelligence artificielle]] dans ce secteur ouvre aussi de nouvelles perspectives (plus rassurantes ?), alors qu'une demande pour une chimie plus verte et bioinspirée, qui, a priori, ferait moins peur, semble aussi se consolider dans le public.

L'américaine Michelle Francl, enseignante et spécialiste en chimie computationelle et en chimie quantique est membre actif de l'[[American Chemical Society]], membre du [[comité de rédaction]] du ''Journal of Molecular Graphics and Modelling'', autrice d'un guide de survie pour la physique-chimie (''The Survival Guide for Physical Chemistry) et nommée en'' [[2016]], et l'un des neuf chercheurs/euses auxiliaires de l'[[Observatoire du Vatican]]). Selon elle, nous baignons dans une culture devenue chimiophobe. Le produit chimique y est devenu synonyme d' artificiel, et souvent de frelaté, dangereux ou toxique. La chimiophobie est "plus proche du daltonisme qu'une véritable phobie" car les chimiophobes sont "aveugles" à la plupart des produits chimiques qu'ils rencontrent : chaque substance de l'univers est en effet de nature physicochimique<ref name="Francl">{{Cite news|url=http://www.slate.com/articles/health_and_science/medical_examiner/2013/02/curing_chemophobia_don_t_buy_the_alternative_medicine_in_the_boy_with_a.html|title=Curing chemophobia: Don't buy the alternative medicine in 'The Boy With a Thorn in His Joints'|date=7 February 2013|work=[[Slate (magazine)|Slate]]}}</ref>.

En termes de [[Perception du risque|perception des risques]], les éléments physico-chimiques naturels nous semblent souvent plus sûrs que des produits synthétiques et paradoxalement on craint parfois des produits chimiques ou "non naturels" fabriqués par l'homme, tout en acceptant plus facilement des éléments ou molécules naturels pourtant reconnus dangereux ou toxiques<ref>{{Ouvrage|prénom1=David|nom1=Ropeik|titre=How risky is it, really?: Why our fears don't always match the facts|lieu=New York|éditeur=McGraw-Hill|date=2010|pages totales=92–96|isbn=978-0071629690}}</ref> <ref name="Gribble">{{Article|auteur1=Gribble|prénom1=Gordon|titre=Food Chemistry and Chermophobia|périodique=Food Chemistry|volume=5|numéro=2|date=2013|doi=10.1007/s12571-013-0251-2|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/257789222|consulté le=27 March 2015|pages=177–187}}</ref>.

Cette attitude a conduit selon Michelle Francl à ce que des populations s'opposent à la fluoration publique de l'eau "malgré des cas documentés de perte de dents et de déficit nutritionnel" ajoute-t-elle.

Cancérogénicité

Dans les années 1980, le Carcinogenic Potency Project<ref>[http://cpdb.thomas-slone.org/ Carcinogenic Potency Project]</ref> a été créé aux États-Unis, au sein du réseau de bases de données Distributed Structure-Searchable Toxicity (DSSTox) de l' [[Environmental Protection Agency|EPA]]<ref>National Center for Computational Toxicology (NCCT) [http://www.epa.gov/ncct/dsstox/ DSSTox Official Website]</ref>. Il teste peu à peu la cancérogénicité d'un nombre croissant de produits chimiques, naturels et synthétiques, et ses données alimentent une base de données<ref>{{Lien web |titre=Publicly available Toxnet database from US NLM |url=http://toxnet.nlm.nih.gov/html/cpdbfs.htm |consulté le=2016-10-20 |archive-url=https://web.archive.org/web/20130218135909/http://toxnet.nlm.nih.gov/html/cpdbfs.htm |archive-date=2013-02-18 |url-status=dead}}</ref>, comblant progressivement nos lacunes de connaissances scientifiques sur la cancérogénicité des produits chimiques, naturels et synthétiques, comme les scientifiques menant le projet l'ont décrit dans la revue ''[[Science (revue)|Science]]'', en 1992 :
{{Citation bloc|Toxicological examination of synthetic chemicals, without similar examination of chemicals that occur naturally, has resulted in an imbalance in both the data on and the perception of chemical carcinogens. Three points that we have discussed indicate that comparisons should be made with natural as well as synthetic chemicals.<br>
1) The vast proportion of chemicals that humans are exposed to occur naturally. Nevertheless, the public tends to view chemicals as only synthetic and to think of synthetic chemicals as toxic despite the fact that every natural chemical is also toxic at some dose. The daily average exposure of Americans to burnt material in the diet is ~2000 mg, and exposure to natural pesticides (the chemicals that plants produce to defend themselves) is ~1500 mg. In comparison, the total daily exposure to all synthetic pesticide residues combined is ~0.09 mg. Thus, we estimate that 99.99% of the pesticides humans ingest are natural. Despite this enormously greater exposure to natural chemicals, 79% (378 out of 479) of the chemicals tested for carcinogenicity in both rats and mice are synthetic (that is, do not occur naturally).<br>

2) It has often been wrongly assumed that humans have evolved defenses against the natural chemicals in our diet but not against the synthetic chemicals. However, defenses that animals have evolved are mostly general rather than specific for particular chemicals; moreover, defenses are generally inducible and therefore protect well from low doses of both synthetic and natural chemicals.<br>
3) Because the toxicology of natural and synthetic chemicals is similar, one expects (and finds) a similar positivity rate for carcinogenicity among synthetic and natural chemicals. The positivity rate among chemicals tested in rats and mice is ~50%. Therefore, because humans are exposed to so many more natural than synthetic chemicals (by weight and by number), humans are exposed to an enormous background of rodent carcinogens, as defined by high-dose tests on rodents. We have shown that even though only a tiny proportion of natural pesticides in plant foods have been tested, the 29 that are rodent carcinogens among the 57 tested, occur in more than 50 common plant foods. It is probable that almost every fruit and vegetable in the supermarket contains natural pesticides that are rodent carcinogens.<ref>{{cite journal | author = Gold L.S.| year = 1992 | title = Rodent carcinogens: Setting priorities | url = http://toxnet.nlm.nih.gov/cpdb/pdfs/Science1992.pdf | journal = Science | volume = 258 | issue = 5080| pages = 261–265 | doi=10.1126/science.1411524| pmid = 1411524 |display-authors=etal| bibcode = 1992Sci...258..261S }}</ref>}}


== Causes et effets ==
== Causes et effets ==
Pour le professeur Gordon Gribble ([[2013]]), nous avons été conduits à associer le mot « chimique » à des des notions d'artiticialité et de non-naturalité et à la notion de dangerosité. Ceci expliquerait que des produits soient commercialisés et étiquetés comme «&amp;nbsp;sans produits chimiques » ou « naturels », ce qui renforcerait à son tour l'idée fausse que les "produits chimiques" seraient systématiquement non-naturels et dangereux<ref name="Gribble">{{Article|auteur1=Gribble|prénom1=Gordon|titre=Food Chemistry and Chermophobia|périodique=Food Chemistry|volume=5|numéro=2|date=2013|doi=10.1007/s12571-013-0251-2|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/257789222|consulté le=27 March 2015|pages=177–187}}<cite class="citation journal cs1" data-ve-ignore="true" id="CITEREFGribble2013">Gribble, Gordon (2013). [https://www.researchgate.net/publication/257789222 "Food Chemistry and Chermophobia"]. ''Food Chemistry''. '''5''' (2): 177–187. [[Digital Object Identifier|doi]]:[[doi:10.1007/s12571-013-0251-2|10.1007/s12571-013-0251-2]]<span class="reference-accessdate">. Retrieved <span class="nowrap">27 March</span> 2015</span>.</cite></ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Vincenzo|nom1=Balzani|prénom2=Margherita|nom2=Venturi|titre=Chemistry: Reading and Writing the Book of Nature|passage=214|éditeur=Royal Society of Chemistry|date=2014|isbn=9781782620020|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nsIOBAAAQBAJ&pg=PA6}}</ref>.


Une partie de l'industrie chimique a évolué vers les biotechnologies pour fabriquer des additifs tels que de aromatisants ou [[arôme]]s en utilisant le vivant (des bactéries, des levures) au lieu de la [[chimie de synthèse]], car ces produits peuvent être commercialisés et étiquetés comme "naturels"<ref>{{Ouvrage|prénom1=AP|nom1=Dioniosio|titre=Natural food additives, ingredients and flavourings|passage=232|lieu=Oxford|éditeur=Woodhead Publishing|date=2012|isbn=9780857095725|titre chapitre=Chapter 11: Natural Flavorings from Biotechnology for Food and Beverages|editor1-first=David|editor2-first=Richard}}</ref>, bien qu'il s'agisse parfois des mêmes molécules.


[[Jon Entine]] est l'un des auteurs qui ont contribué à diffuser la notion de chimiophobie<ref name="Entine2011b">. Selon lui, et pour le groupe de défense de l'industrie « American Council on Science and Health », la chimiophobie est de plus en plus présente dans la population américaine, atteignant selon lui des proportions « épidémiques ». Dans un livre financé par ce "Conseil", [[Jon Entine|Entine]] affirme que cela et dû à la propension des gens à s'alarmer de la présence signalée (par l'[[Étiquette (emballage)|étiquetage]] obligatoire notamment) de produits chimiques introduit dans leur corps ou dans l'environnement, même quand ces produits chimiques sont présents en "quantités infimes", ce qui les rends selon lui "sans danger"<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Jon |nom1=Entine |titre=Scared to Death: How Chemophobia Threatens Public Health : a Position Statement of The American Council on Science and Health (voir notamment p.38) |éditeur=Am Cncl on Science, Health |date=Janvier 2011 |isbn=978-0-578-07561-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=FnF8hixseEsC&pg=PA38 |consulté le=2022-10-21}}</ref>. Entine, s'en tient ici à un [[paradigme]] ancien, souvent cité par l'industrie chimique pour justifier la [[mise sur le marché]] et l'utilisation du [[Mercure (chimie)|mercure]], du [[plomb]], du [[tabac]], des [[pesticide]]s et de nombreuses molécules telles que le [[bisphénol A]], qu'Entine a défendu, en affirmant que c'est la dose qui fait le poison, sans tenir compte de problèmes de [[Effet cocktail|synergies toxiques]], de [[bioconcentration]] et de [[biomagnification]] d'une part, ni des découvertes de la [[biologie]], de l'[[embryologie]] et de l'[[endocrinologie]] qui ont montré que dans le cas de hormones (ou des [[leurres hormonaux]], dits [[perturbateurs endocriniens]]), les très [[faibles doses]], notamment lors de certaines fenêtres du [[développement embryonnaire]], les faibles et très faibles doses sont actives. Une [[hormone]] est une [[molécule]] chimique, souvent de petite taille jouant le rôle de messager, elle est capable d'agir à très faible dose.


[[Jon Entine]], dans son livre, affirme aussi que le [[principe de précaution]] récemment introduit dans les politiques alimentaires, sanitaires et agricole dans le plupart des pays n'est qu'un avatar ou une conséquence de la chimiophobie et selon lui, ce principe pourrait compromettre la capacité du monde à nourrir sa population en constante expansion, en freinant l'usage des [[engrais]] et surtout des [[Pesticide|pesticides de synthèse]] (dans son livre il défend notamment l'[[Atrazine]]<ref name="Entine2011b">{{Ouvrage|nom1=Jon Entine|titre=Crop Chemophobia: Will Precaution Kill the Green Revolution?|passage=72|éditeur=Government Institutes|date=16 April 2011|isbn=978-0-8447-4363-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TN-A-ZEO40wC&pg=PA72|consulté le=21 August 2013}}</ref>).
Pour le professeur Gordon Gribble (2013), nous avons été conduits à associer le mot « chimique » à des des notions d'artiticialité et de non-naturalité et à la notion de dangerosité. Ceci expliquerait que des produits soient commercialisés et étiquetés comme «&amp;nbsp;sans produits chimiques » ou « naturels », ce qui renforcerait à son tour l'idée fausse que les "produits chimiques" seraient systématiquement non-naturels et dangereux<ref name="Gribble">{{Article|auteur1=Gribble|prénom1=Gordon|titre=Food Chemistry and Chermophobia|périodique=Food Chemistry|volume=5|numéro=2|date=2013|doi=10.1007/s12571-013-0251-2|lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/257789222|consulté le=27 March 2015|pages=177–187}}<cite class="citation journal cs1" data-ve-ignore="true" id="CITEREFGribble2013">Gribble, Gordon (2013). [https://www.researchgate.net/publication/257789222 "Food Chemistry and Chermophobia"]. ''Food Chemistry''. '''5''' (2): 177–187. [[Digital Object Identifier|doi]]:[[doi:10.1007/s12571-013-0251-2|10.1007/s12571-013-0251-2]]<span class="reference-accessdate">. Retrieved <span class="nowrap">27 March</span> 2015</span>.</cite></ref> <ref>{{Ouvrage|prénom1=Vincenzo|nom1=Balzani|prénom2=Margherita|nom2=Venturi|titre=Chemistry: Reading and Writing the Book of Nature|passage=214|éditeur=Royal Society of Chemistry|date=2014|isbn=9781782620020|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nsIOBAAAQBAJ&pg=PA6}}</ref>.


Au Royaume-Uni, ''Sense About Science'' a produit un dépliant destiné à {{Citation|éduquer les célébrités à la science}} ; on y lit que les humains ne transportent que de petites quantités de "bagages chimiques" et que ce n'est que grâce aux progrès de la chimie analytique que nous pouvons détecter ces traces<ref>{{Lien web |titre=Science for Celebrities |url=http://www.senseaboutscience.org.uk/pdf/ScienceForCelebrities.pdf |éditeur=[[Sense About Science]] |archive-url=https://web.archive.org/web/20070829223251/http://www.senseaboutscience.org.uk/pdf/ScienceForCelebrities.pdf |archive-date=August 29, 2007}}</ref>.
Une partie de l'industrie chimique a évolué en intégrant les biotechnologies pour fabriquer des additifs tels que de aromatisants ou arômes en utilisant le vivant (des bactéries, des levures) au lieu de la [[chimie de synthèse]], car ces produits peuvent être commercialisés et étiquetés comme "naturels"<ref>{{Ouvrage|prénom1=AP|nom1=Dioniosio|titre=Natural food additives, ingredients and flavourings|passage=232|lieu=Oxford|éditeur=Woodhead Publishing|date=2012|isbn=9780857095725|titre chapitre=Chapter 11: Natural Flavorings from Biotechnology for Food and Beverages|editor1-first=David|editor2-first=Richard}}</ref>, bien qu'il s'agisse parfois des mêmes molécules.


D'autres, comme [[Philip Abelson]] affirment que la pratique consistant à administrer de fortes doses de substances à des animaux de laboratoire Pour tester la toxicité, le potentiel mutagène [[cancérogène]] de produits chimiques, a aussi conduit à la chimiophobie du public, en suscitant des craintes injustifiées quant aux effets de ces substances sur les humains. Il dénonce un [[coût d'opportunité]] et des "dangers fantômes" qui, selon lui, détourneraient l'attention des dangers connus posés à la santé humaine<ref>{{Article|auteur1=Abelson|prénom1=P.|titre=Testing for carcinogens with rodents|périodique=Science|volume=249|numéro=4975|année=1990|pmid=2402628|doi=10.1126/science.2402628|bibcode=1990Sci...249.1357A|pages=1357}}</ref>.
Selon le groupe de défense de l'industrie American Council on Science and Health, la chimiophobie est de plus en plus présente dans la population américaine atteignant des proportions « épidémiques »<ref name="acsh">{{Ouvrage|prénom1=Jon|nom1=Entine|titre=Scared to Death: How Chemophobia Threatens Public Health|éditeur=[[American Council on Science and Health]]|date=18 January 2011|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=iwqn6XhsPLgC}}<cite class="citation book cs1" data-ve-ignore="true" id="CITEREFEntine2011">Entine, Jon (18 January 2011). [https://books.google.com/books?id=iwqn6XhsPLgC ''Scared to Death: How Chemophobia Threatens Public Health'']. [[Conseil américain sur la science et la santé|American Council on Science and Health]].</cite></ref>.

Dans un livre financé par ce "Conseil", [[Jon Entine]] affirmait que cela était dû à la propension des gens à s'alarmer de la présence signalée (par l'étiquetage obligatoire notamment) de produits chimiques introduit dans leur corps ou dans l'environnement, même quand ces produits chimiques sont présents en "quantités infimes, ce qui les rends selon Entine sans danger<ref>Entine (January 2011), [https://books.google.com/books?id=FnF8hixseEsC&pg=PA38 p.&nbsp;38].</ref> Entine, s'en tient ici à un paradigme ancien, souvent cité par l'industrie chimique pour justifier la [[mise sur le marché]] et l'utilisation du [[Mercure (chimie)|mercure]] , du plomb, du tabac, des pesticides et de nombreuses molécules telles que le bisphénol A, qu'Entine a défendu, en affirmant que c'est la dose qui fait le poison, sans tenir compte de problèmes de [[Effet cocktail|synergies toxiques]], de [[bioconcentration]] et de [[biomagnification]] d'une part, ni des découvertes de la [[biologie]], de l'[[embryologie]] et de l'[[endocrinologie]] qui ont montré que dans le cas de hormones (ou des [[leurres hormonaux]], dits [[perturbateurs endocriniens]]), les très [[faibles doses]], notamment lors de certaines fenêtres du [[développement embryonnaire]], les faibles et très faibles doses sont actives. Une [[hormone]] est une [[molécule]] chimique, souvent de petite taille jouant le rôle de messager, elle est capable d'agir à très faible dose.

[[Jon Entine]] tente aussi dans son livre de faire croire que le [[principe de précaution]] récemment introduit dans les politiques alimentaires, sanitaires et agricole dans le plupart des pays n'est qu'un avatar ou une conséquence de la chimiophobie, affirmant que ce principe pourrait compromettre la capacité du monde à nourrir sa population en constante expansion en freinant l'usage des [[engrais]] et surtout des [[Pesticide|pesticides de synthèse]] (dans son livre il défend notamment vigoureusement l'[[Atrazine]]<ref name="Entine2011b">{{Ouvrage|nom1=Jon Entine|titre=Crop Chemophobia: Will Precaution Kill the Green Revolution?|passage=72|éditeur=Government Institutes|date=16 April 2011|isbn=978-0-8447-4363-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TN-A-ZEO40wC&pg=PA72|consulté le=21 August 2013}}</ref>).

Au Royaume-Uni, Sense About Science a produit un dépliant destiné à éduquer les célébrités à la science ; on y lit que les humains ne transportent que de petites quantités de "bagages chimiques" et que ce n'est que grâce aux progrès de la chimie analytique que nous pouvons détecter ces traces<ref>{{Lien web |titre=Science for Celebrities |url=http://www.senseaboutscience.org.uk/pdf/ScienceForCelebrities.pdf |éditeur=[[Sense About Science]] |archive-url=https://web.archive.org/web/20070829223251/http://www.senseaboutscience.org.uk/pdf/ScienceForCelebrities.pdf |archive-date=August 29, 2007}}</ref>.

[[Philip Abelson|D'autres, comme Philip Abelson]] affirment que la pratique consistant à administrer de fortes doses de substances à des animaux de laboratoire our tester la toxicité, le potentiel mutagène [[cancérogène]] de produits chimiques, a également conduit à la chimiophobie du public, en suscitant des craintes injustifiées quant aux effets de ces substances sur les humains. Il dénonce un [[coût d'opportunité]] et des "dangers fantômes" qui, selon lui, détourneraient l'attention des dangers connus posés à la santé humaine<ref>{{Article|auteur1=Abelson|prénom1=P.|titre=Testing for carcinogens with rodents|périodique=Science|volume=249|numéro=4975|année=1990|pmid=2402628|doi=10.1126/science.2402628|bibcode=1990Sci...249.1357A|pages=1357}}</ref>.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===

* [[Équivalence en substance|Principe d'équivalence en substance]]
* [[Équivalence en substance|Principe d'équivalence en substance]]
* [[Appel à la nature]]
* [[Appel à la nature]]
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{{Références|30em}}
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== Bibliographie ==
=== Bibliographie ===

* {{Cite news|date=22 January 2012|newspaper=[[Los Angeles Times]]}}
* {{Cite news|date=22 January 2012|newspaper=[[Los Angeles Times]]}}
* {{Article|auteur1=Breslow, Robert|lien auteur2=Ronald Breslow|titre=Let's Put An End to 'Chemophobia'|périodique=[[The Scientist (magazine)|The Scientist]]|volume=7|numéro=7|année=1993|lire en ligne=http://www.the-scientist.com/article/display/16019/|pages=12}}
* {{Article|auteur1=Breslow, Robert|lien auteur2=Ronald Breslow|titre=Let's Put An End to 'Chemophobia'|périodique=[[The Scientist (magazine)|The Scientist]]|volume=7|numéro=7|année=1993|lire en ligne=http://www.the-scientist.com/article/display/16019/|pages=12}}
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* Schummer, J., Bensaude-Vincent, B., & Van Tiggelen, B. (Eds.). (2007). ''The public image of chemistry''. World Scientific.
* Schummer, J., Bensaude-Vincent, B., & Van Tiggelen, B. (Eds.). (2007). ''The public image of chemistry''. World Scientific.
* Coffey, P. (2008). ''Cathedrals of science: The personalities and rivalries that made modern chemistry''. Oxford University Press.
* Coffey, P. (2008). ''Cathedrals of science: The personalities and rivalries that made modern chemistry''. Oxford University Press.

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Version du 21 octobre 2022 à 08:19

La chimiophobie (chémophobie ou chemophobia, chemphobia ou chemonoia pour les anglophones)[1],[2] désigne une forte aversion aux produits chimiques et/ou à la chimie en général. C'est un mot-valise, récemment créé aux Etats-Unis et réutilisé par divers lobbys industriels des secteur de la chimie, de l'industrie alimentaire et de l'agrochimie. Les personnes concernées sont dites "chimiophobes"

C'est un état d'esprit qui, au delà d'une inquiétude normale et raisonnable quant aux effets potentiellement nocifs de nombreux produits chimiques synthétiques, s'étendrait à une peur irrationnelle face à ces substances. Cette peur serait, selon les utilisateurs de ce concept, induite par des idées fausses ou exagérées sur la nocivité (effet cancérigène notamment) de tout ou partie des produits chimiques introduit dans l'environnement ou le corps humain (enfants, foetus ou embryon notamment démontrés plus vulnérables que les adultes) [3],[4].

Dan la seconde moitié du XXème siècle, une partie de l'industrie pétrochimique, gazière et charbonnière, chimique, pharmaceutique, alimentaire et agroalimentaire s'inquiète de la montée de ce qu'ils nomment chimiophobie, car elle freine les ventes ou le développement de plusieurs produits chimiques phares, avec pour ces groupes des effets économiques qu'ils cherchent à éviter, dont par des actions de sensibilisation et de lobbying.

Certaines allégations publicitaire et d'étiquettes telles que « naturel » et « sans produits chimiques » joueraient en faveur d'alternative aux aliments, produits d'entretiens, produits de soins, tissus, etc. très enrichis en additifs synthétiques ; l'alternative plus "naturelle" devenant plus attrayantes pour les consommateurs car perçue comme plus saine et perçue, souvent, comme moins liée aux énergies fossiles et aux émissions de gaz à effet de serre. Aux Etats-Unis, on parle souvent alors d'appel à la nature, opposé à l'addiction créée par la malbouffe.

Définition et usages

Il existe quelques nuances dans les définitions et les usages du mot chimiophobie.

Le glossaire de toxicologie de l' Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) la définit comme une "peur irrationnelle des produits chimiques"[5].


En 2019, dan le journal Pour la science, Christophe Cartier dit Moulin (chargé de mission pour la communication scientifique à l’Institut national de chimiedu CNRS), définit la chimiophobie comme "la peur irrationnelle découlant de la surévaluation des risques liés aux produits issus de l’industrie chimique"[6].

Selon lui, cette vague de rejet de la chimie identifiée par divers auteurs depuis les années 1970 touche une large part de la population générale, possiblement en lien avec l'image que l'industrie et le secteur de la chimie ont donné au grand public concernant leurs produits de synthèse et de leur toxicologie[6].

Il s'appuie sur une étude récente qui a montré que ce sentiment "concerne tous les publics, y compris parmi les plus instruits"[6].

Pour l' American Council on Science and Health (ou ACSH), la chimiophobie est une peur des substances synthétiques résultant d'"histoires effrayantes" et d'affirmations exagérées sur leurs dangers répandues dans les médias[7]. Cet organisme (ACSH), dont le nom évoque une institution officielle, est une simple association de relations publiques » créée par des industriels de la chimie et de l'agrochimie, et qui a notamment oeuvré pour discréditer le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et en particulier son rapport selon lequel le glyphosate, ingrédient du Roundup de Monsanto, est un cancérigène probable pour l'homme.

Pierre Laszlo, Professeur de chimie écrit qu'historiquement les chimistes ont connu la chimiophobie de la population dans son ensemble. La chimiophobie croise selon lui des notions irrationnelles et des préoccupations légitimes (concernant par exemple les armes chimiques, le risque de guerre chimique et les catastrophes industrielles)[3].

Histoire de la perception de la chimie par le public

La toxicité de métaux lourds etmétalloïdes tels que le l'arsenic, le plomb ou le mercure et de divers produits chimiques utilisés comme médicaments ou comme poison est connue depuis l'antiquité au moins, ce qui n'a pas empêché un usage de plus en plus massif de ces métaux et d'autres.

Au début du XXe siècle, le public a accueilli avec enthousiasme les produits chimiques produits abondance grâce à la grande disponibilité du charbon et du pétrole qui a permis l'essor de la carbochimie et d'autres industries chimiques.

Mais note xxxx, "des événements survenus tout au long du XXe siècle ont terni l'image de la chimie et ont peut-être fait naître des craintes réelles et justifiées quant à l'utilisation de produits chimiques"[8].

Première Guerre mondiale

Les chimistes ont depuis longtemps joué un rôle dans les guerres, mais ce rôle était sans commune mesure avec celui qu'ils ont joué lors de la première guerre mondiale, en permettant à l'industrie de l'armement et aux armées de mettre en oeuvre le premier usage massif et industrialisé d'armes chimiques, au point que Benjamin Harrow a pu écrire en 1918 que « les chimistes gagneront probablement cette guerre » (guerre par ailleurs parfois dénommée «guerre des chimistes»)[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15],[16],[17],[18],.

Plus que toute autre innovation dans la Chimie, c'est sans doute la première utilisation de gaz toxique au combat (chlore, puis Ypérite et bien d'autres) qui a poussé les témoins et les historiens de la Grande guerre à aussi qualifier ce conflit de "guerre des chimistes"[19],[20], expression utilisée dès 1917, par exemple par Richard Pilcher (registraire et secrétaire de l'Institut royal de chimie)[21], et encore récemment (2015) repris par Freemantle de la Royal Society of Chemistry[22] et leurs séquelles, y compris en termes de munitions non explosées et de munitions immergées.

Seconde guerre mondiale

Les chimistes ont aussi joué un rôle, plus discret mais fondamental, lors de la seconde guerre mondiale.

Le grand public a probablement surtout retenu le Zyklon B (originellement, un insecticide neurotoxique) utilisé dans les camps de concentration et d'extermination. Mais, si les armes chimique ont été peu utilisées dans ce conflit, elles ont été massivement fabriquées et "perfectionnées", avec par ex le tabun et le sarin, deux puissant neurotoxiques, mortels à faible dose. Le Procès IG Farben (officiellement The United States of America vs. Carl Krauch, et al.) fut le sixième des douze procès pour crimes de guerre instruits après la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du Procès de Nuremberg. 20 des 24 accusés de crime de guerre étaient membres du Conseil exécutif, dont Carl Krauch, président du Conseil d'administration, et Hermann Schmitz, président du Conseil de direction. Les chefs d’accusation étaient les mêmes pour tous : planification, préparation et exécution de guerres d’agression ; exploitation, asservissement et extermination de travailleurs forcés ; mais aussi participation à une conspiration visant à commettre des crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. D'autres accusations incluaient les expérimentations criminelles sur des êtres humains (dont les détenus des camps de concentration), la complicité dans le génocide, en particulier les gazages à Auschwitz et dans d’autres camps, ainsi que la fourniture de Zyklon B pour cela. Après les enquêtes et audiences qui se sont déroulées du 27 août 1947 au 30 juin 1948, sur 24 accusés, 13 ont été condamnés à des peines de prison, 10 ont été acquittés et un a été relâché pour raisons de santé, et IG Farben a été dissoute (par décret) en 1950 et démantelée en 1952. Ce verdict, particulièrement clément comparé aux autres procès et eu égard aux responsabilités du Groupe chimique a été expliqué par les obstructions aux enquête (la direction d’IG Farben avait détruit ou falsifié les archives du Cartel et par le fait qu'il a bénéficié de « soixante des meilleurs avocats d’Allemagne », qui ont basé leur système de défense sur le principe alors en vigueur que seuls les crimes individuels peuvent être poursuivis et que les cadres accusés de crime n'ont pas de sang sur les mains..

Le président de ce tribunal, le juge Josiah J.E. DuBois a été l'un des procureurs en chef du procès de Nuremberg. Ce juriste auparavant spécialiste des trusts, y a été chargé du procès du cartel chimique allemand Ig Farben. Il a raconté son expérience en 1952 dans un livre intitulé "Les chimistes du Diable  ; 24 conspirateurs du cartel international Farben qui a manufacturé les guerres (The Devil's Chemists ; 24 conspirators of the international farine Cartel who manufacture wars"). Il qualifie les hauts-responsables du cartel comme des " généraux en costar gris " qui lors du procès ont tous minimisé leurs responsabilités, affirmant ne pas avoir de sang sur les mains et n'avoir pas ou peu été au courant de ce que tramait Hitler avant le déclenchement de la guerre. Ils n'auraient fait que leur métier de chimiste : concevoir, produire et livrer des « produits commerciaux » pouvant par exemple « aussi bien servir à peindre une piscine qu'un pont d'un navire de guerre ».
En s'appuyant sur les minutes du procès, J.E. DuBois dira des responsables du cartel Ig Farben qu'ils se sont en fait « lavé les mains dans le sang », eux qui - dès avant la guerre - avaient mis au service d'Adolf Hitler toute la puissance de leur industrie, d'abord en finançant la campagne du futur dictateur, puis en contribuant (avec d'autres cartels industriels, de l'industrie métallurgique et de l'armement) au réarmement rapide et massif de l'Allemagne, préparant activement une guerre d'agression et non de défense, dont en créant des usines secrètes, via des socétés-écran et des hommes de paille.

(J.E. DuBois souligne que c'est le docteur en chimie Carl von Krauch lui même, membre de l' Académie des sciences de Heidelberg (1942-1952) et de l'Académie Léopoldine, ancien cadre de BASF, devenu membre du directoire de supervision d'IG Farben, qui a été le promoteur du plan de quatre ans préparant l'économie expansionniste et guerrière du Troisième Reich. Carl von Krauch, comme 23 de ses collègues, dont de nombreux chimistes sont ici accusés de crime de guerre et de crime contre l'humanité. Leur procès, dit Procès IG Farben a été mené dans le cadre du Procès de Nuremberg. Ils y ont été très bien défendu par 60 des meilleurs avocats allemands, tous expérimentés. Krauch n'y sera condamné à 6 ans de prison. IG Farben qui a notamment fabriqué, parmi ses "produits commerciaux d'armement ", les produits chimiques nécessaires à la fabrication du TNT, d'autres explosifs militaires et d'armes chimiques, s'est ensuite totalement impliqué dans l'effort de guerre, en tant qu'industriel, loin du front et à l'abri des combats, en amassant au passage beaucoup d'argent.

chez BASF d'abord, dans la division de l'usine Schkopau de Ludwigshafen, chargée d'inventer de nouvelles armes chimiques, Otto Ambros (docteur en chimie, nazi, membre de la SS, a en 1934 contribué à inventer et militariser l'agent sarin (en 1938) puis le soman (en 1944). Recruté par Carl Krauch (ministre de Hitler, et l'un des dirigeants du conglomérat IG Farben) il devient l'un de ses conseillers. Otto Ambros dirige aussi les usines Farben de Dyhernfurth, où le sarin et le soman allemand sont fabriqués, et l'usine de Gendorf produisant le gaz moutarde. Il est arrêté par les alliés en 1946 pour avoir testé des poisons et divers produits chimiques sur des détenus des camps de concentration d'Auschwitz. Au procès de Nuremberg, il n'est condamné qu'à huit ans de réclusion en 1948, avant d'être libéré de la prison de Landsberg en 1952

Dans son livre, écrit à partir des note prises durant le procès, DuBois livre ses réflexions sur le rôle particulier qu'à joué la Chimie dans l'industrie de l'armement et plus largement dans cette guerre, notant que ce sont des chimistes de haut-niveau qui ont aussi permis que soit fabriquée la partie fissile, le coeur des bombes atomiques.

À peine plus d'une décennies plus tard, la population vietnamienne, mais aussi le grand-public, dans le monde entier, sont à nouveau marqués puis durablement choqués par les conséquences des pulvérisations aériennes par l'armée américaine d'environ 80 millions de litres de produits chimiques, dont 61 % sont l'agent orange, durant 10 ans (durant la guerre du Viet-Nam, de 1961 à octobre 1971). L'Agent orange de Monsanto était un mélange à parts égales de deux produits chimique aux propriétés herbicides : l'acide 2,4-dichlorophénoxyacétique (2,4-D) et l'acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T), ici utilisé comme défoliant chimique. Les conséquences des dioxines présentes en tant qu'impuretés dans ce mélange pesticide, encore aujourd'hui visible au Vietnam, avec des malformations congénitales graves, se manifestant sur plusieurs générations, ont fortement marqué les esprits.

D'autres sources de défiance à l'égard de la chimie industrielle et de certains de ses produits ont été une succession de grandes catastrophes industrielles dont par exemple la catastrophe de Minamata, la contamination de Times Beach, la catastrophe de Seveso, la Catastrophe de Bhopal ou de nombreux accident graves ayant impliqué le nitrate d'ammonium (dont l'explosion du contenu du cargo Grandcamp qui a tué plus de 580 personnes, l'explosion de l'usine AZF de Toulouse qui a fait 10 000 blessés environ, puis les explosions au port de Beyrouth en 2020). Dans les années 1970 et 1980 particulièrement, la télévision a aussi relayé dans le monde les images marquantes de nombreux naufrages et déversements pétroliers, un pétrole dont une partie devait alimenter la carbochimie. Le scandale de l'Amiante, et de son comité permanent amiante, loin d'être terminé comme le montre un documentaire d'Arte[23] diffusé en 2022 en est un autre exemple.

Un grand nombre de scandales sanitaires, médicamenteux et alimentaires ayant impliqué ou impliquant encore de graves contamination par des produits chimiques et/ou des fraudes et adultérations de produits à grande échelle , ont probablement encore exacerbé la prudence du public et de nombreux élus face aux produits chimiques inutiles, mis sur le marché comme miraculeux puis s'avérant plus ou moins rapidement nuisibles, rétrospectivement ensuite perçus comme remède pire que le mal, notamment source d'allergies, d'asthme, de micro- et nanoplastiques et de bien d'autres pollutions, de chimiorésistance (dont antibiorésistance, résistance aux pesticides), d'accumulation de plastique dans les océans, etc. ou simplement de produits utilisés à mauvais escient ou pour produire des gadgets inutiles et polluants[24]. Enfin des centaines de millions de gens connaissent ou ont connu là proximité de friches industrielles, d'anciennes décharges, halles, terrils et crassiers, sols, eaux, air, jardins pollués par les industries minières et chimiques.

Le professeur Gordon Gribble (en 2013) estimait que le début de la chimiophobie contemporaine pourrait sans doute être attribué à un point de bascule correspondant à la publication du livre Silent Spring de Rachel Carson.

La perception de la chimie par le public peut aussi être influencée par la manière dont les chimistes se perçoivent. Peu de données étaient disponibles à ce sujet, mais une étude de 2007 a porté sur ce point (voir ci-dessous)


Histoire de la perception des chimistes par eux-mêmes

Le monde de la chimie comprend un nombre croissant de disciplines[25] mais peut être grossièrement partagé entre des enseignants (physique-chimie souvent sauf dans les études supérieures), des chercheurs (laboratoires public et privés) et des ingénieurs qui notamment développent les nouvelles applications de produits chimiques (on parle de milliers de molécules nouvelle "inventées" chaque jour[26].

Selon Pierre Laszlo (2007), en termes d'image de soi, les chimistes forment cependant dans la population un groupe « très homogène, voire grégaire. Ils se perçoivent comme des créateurs, des bienfaiteurs de l'humanité, des artisans perpétuant une tradition de mains intelligentes et préservant, même à l'époque de la Big Science, un profil relativement low-tech »[27]. Et ils ont en commun certaines forces conservatrices probablement induites par le langage commun de la chimie, celui des formules structurelles incomprises par une grande partie de la population, renforcée par la durée de leur apprentissage qui contribue à un sentiment d'élitisme, et selon Laszlo par une fréquente phobie des mathématiques[27].

Le stéréotype du savant fou ou de l'apprenti sorcier susceptible de faire exploser leur laboratoire, polluer l'environnement ou fabriquer des poisons ou des armes chimiques, souvent repris dans les romans, BD et films n'est pas anodin[27].

Selon Pierre Laszlo, ce stéréotype n'est pas né de rien ni sans fondements, et ceux des chimistes qui le jugent uniquement caricatural, renforcent leur bonne conscience et celle de leur communauté et risquent de mal comprendre l'image que le secteur de la chimie donne hors de lui-même[27].

Néanmoins, des années 1950 aux année 2010, les chimistes ont aussi montré une grande capacité d'adaptation, par exemple face aux chocs pétroliers, à l'explosion de la biochimie et aux bouleversement de l'informatique et d'autres outils avait contribué à moderniser –, Ils sont confortés par un financement croissant de leur activité (marque d'un intérêt du monde économique, industriel, financier et politique) et pour certains motivés par les nouveaux défis de la chimie verte et le biomimétisme, mais ils peuvent aussi être frustrés par une reconnaissance qu'ils jugent insuffisante de la part du public pour leur science et/ou leur métier[27].

Chez les enfants

On ne nait pas « chimiophobe ».

Depuis plus de deux siècles et notamment de la fin du XIXe siècle aux année 2000-2010, des jeux éducatifs sont destinés à faire connaitre et aimer la chimie aux enfants. Ils existent dans les pays dits "développés" et semblent toujours populaires comme cadeaux (de fêtes et d'anniversaire..). Il comptent parmi les standard de l'éminence scientifique parmi les jouets se voulant à la fois récréatifs et éducatifs.

Il contribuent à l'image et à l'idée que se fait le jeune public vis à vis de la chimie. Ce sujet semble avoir été très peu étudié par l'Histoire des sciences notait en 2009 Salim Al-Gailani, mais il est abordé par l'Histoire du jouet et de l'éducation[28].

Au début du XXe siècle ce jeux ont plutôt prolongé la tendance de l'époque victorienne associant, divertissement, magie et connaissance de certains produits chimique à l'expérimentation de quelques réactions chimiques[28].

Dans "English men of science: Their nature and nurture" (1874), Francis Galton présentait le jeu de chimie comme ayant fonction d'initiation ou de point de départ à une carrière scientifique note SalimAl-Gailani[28].

En raison des produits très acides, basiques ou corrosifs qu'ils contiennent, ces jeux inquiètent certains parents comme en témoigne un courrier envoyé au Times en 1903, « la mise entre les mains de jeunes garçons d'ingrédients tels que le chlorate de potasse, le soufre, etc., doit toujours être déconseillée comme une procédure dangereuse et tentante » (Leigh, 1903, p. 8 cité par SalimAl-Gailani, 2009). Des "laboratoires portables" et même des "armoires à produits chimiques" pour enfant ont même été vendues vendues à partir des années 1830[29].

Ce denier a publié en 2009 une étude basée sur les jouets scientifiques dédiés à la chimie, fabriqués en Grande-Bretagne et aux États-Unis (où vers 2005-20010 deux marques américaines dominaient le marché : Gilbert and Porter Chemcraft)[28].

Ces jouets se sont modernisés et le contenu des livrets, images et publicités laisse penser, selon SalimAl-Gailani (Département d'histoire et de philosophie des sciences à l'Université de Cambridge), que les industriels ont peu à peu abandonné les aspects d'émerveillement (« magie chimique ») et de pédagogie de la démystification par l'expérimentation, au profit du "rôle de la chimie dans la création d'une nouvelle génération de scientifiques". S'ils ont récemment, ils ont parfois intégré une dimension de citoyenneté ou d'écocitoyenneté, ces jeux semblent encore refléter des orientations sous-jacentes et des stratégies de marques visant encore un public plutôt masculins[28].

État des lieux pour les années 2010

Une thèse de doctorat en science (2020) intitulée "La chimiophobie aujourd'hui : déterminants, conséquences et implications pour la communication des risques" https://doi.org/10.3929/ethz-b-000460007 , financée par le Consumer Behavior Group de l'ETH Zürich, s'est basée sur un enquête visant à évaluer empiriquement la "peur irrationnelle" des personnes sondés (que l'auteure, Rita Saleh, qualifie de "consommateurs") à l'égard des produits chimiques.

L'expression «produits chimiques» tendait à être associés à des items ou images négatives (mort et poison par exemple) mais aussi à des affects négatifs.

Plusieurs idées fausses concernant les principes toxicologiques de base (par exemple, l'insensibilité à la dose-réponse) semblaient exister chez les consommateurs. Ces idées fausses, et le lien à la santé, semblaient être les déterminants les plus importants et les plus constants de la chimiophobie.

Rita Saleh, note que le degré de confiance dans les régulateurs ne s'est pas avéré liés à la chimiophobie, et ce quelque soit celui des 8 pays européens étudié.

Rita Saleh en conclue que a chimiophobie aurait un impact sur l'acceptation des produits chimiques par le public, mais aussi sur son acceptation des technologies. Les chimiophobes sont plus susceptibles de rejeter les pesticides et les modifications génétiques de plantes comme moyen de protéger les cultures. "Ce rejet pourrait être dû au faible degré de naturalité perçu des deux types de mesures".

Rita Saleh en conclue que la chimiophobie n'est pas un état psychopathologique mais plutôt "une peur irrationnelle d'entités perçues comme synthétiques" (c'est à dire selon Rita Saleh, 2020) "caractérisée par un ensemble d'idées fausses concernant les risques des produits chimiques naturels et synthétiques").


.........« et ainsi faciliter une prise de décision éclairée concernant les produits chimiques » (chapitre V de la thèse de Rita Saleh, 2020).

Cependant, les différences régionales et les facteurs psychologiques (par exemple, les croyances idéationnelles) doivent être pris en compte si l'on veut assurer le succès de la stratégie de fourniture d'informations.

Une étude[30], pilotée par Angela Bearth à l'École polytechnique fédérale de Zurich, a interrogé 5 631 personnes de Suisse et de 7 pays de l'Union européenne. Elle montre que

  • les connaissances du public en chimie sont encore faibles ;
  • la dichotomie entre « chimique » et « naturel » est très courante : 82 % des interrogés voient une différence entre le sel (NaCl) synthétique et celui extrait de la mer ;
  • la notion de relation dose-effet[31] (base ancienne de la toxicologie, mais qui n'est pas toujours valable en situation de synergie toxique ou dans le cas de perturbateurs endocriniens ) est presque inconnues ;
  • En 2019, Christophe Cartier dit Moulin (chargé de communication de l’Institut de chimie/ CNRS) en déduit que ce manque de connaissances de base instaure une méfiance et c’est le facteur décisif dans la chimiophobie, même si d’autres éléments entrent aussi en ligne de compte. Ceci expliquerait que {{Citation|quels que soient les modes de communication mis en place, l’image de la chimie reste mauvaise, même quand les différents acteurs du domaine mettent, par exemple, l’accent sur une chimie écoresponsable"[6].

L'arrivée de l'intelligence artificielle dans ce secteur ouvre aussi de nouvelles perspectives, notamment pour la chimie computationelle et la chimie quantique, à la fois enthousiasmantes et peu rassurantes si elles ne ont pas associées à une éthique rigoureuse et prudentielle.

Aspects médico-sociopsychologiques

Malgré son suffixe -phobie, la majorité des écrits sur la chimiophobie la décrit comme une aversion ou un préjugé non clinique, et pas comme une phobie au sens médical du terme.

Dans de rares cas, elle peut déboucher sur des troubles alimentaires et nécessiter des soins (psychothérapie)

Selon les auteurs proches du monde industriel et/ou de l'éducation, la chimiophobie telles qu'ils la perçoivent dans la population générale pourrait et devrait être traitée par l'éducation à la chimie [32],[33],[34],[35] et par la sensibilisation des médias et du public[32],[4],[36]. xxx estime que l’enseignement des notions de base de la toxicologie et de la chimie pourrait se traduire en France par une réhabilitation de l’enseignement de la chimie, trop souvent présentée comme une sous-discipline de la physique.

Points de vues

Selon Sophie Chauveau, Bernadette Bensaude-Vincent, dans son livre « Faut-il avoir peur de la chimie ? » estime que la chimie contemporaine, bien que souvent perçue comme science secondaire si ce n'est auxiliaire, fait peur à cause de ses rapports ambivalent à la nature, à la réalité et au Vivant. Son histoire et son épistémologie montrent qu'il y a parfois eu confusion entre chimie et alchimie et qu'après avoir mis en cause les religions et l'ordre de la création, puis de mieux en mieux expliqué la matière du monde, et est devenue tout à la fois une science de la matière et des éléments, une technique de production et un secteur industriel particulièrement mondialisé dont les produits sont omniprésents.
Plus que jamais, « elle remet en question le partage entre la nature et l'artifice », car capable de créer des millions de molécule (ce qu'elle fait à un rythme sans précédent, incontrôlable, y compris pour des molécule n'existant pas dans la Nature), elle a permis l'essor des l'industries pharmaceutique, des pesticides, puis biotechnologiques et des nanotechnologies, dont les possibles effets écologique et sanitaires peuvent à juste titre inquiéter le public. Ce n'est pa le savoir théorique de la Chimie qui est craint ; ce sont d'éventuels usages irresponsables, par exemple en termes de synthèse chimique et la manipulation moléculaire susceptibles de poser problème (toxicité, écotoxicité, mutagénicité, cancérogénicité...) en modifiant, éventuellement irréversiblement le Vivant (« c'est l'une des formes les plus concrètes des inquiétudes que suscite la chimie »). Ses usages possibles semblent potentiellement infinis, parfoi dangereux, avec une relation complexe à l'éthique (qui ne semble pas avoir progressé dans cette discipline autant qu'elle l'a fait dans le domaine de la bioéthique). Enfin, la notion de preuve, en chimie, recourt à la fois à la théorie et à l'abstraction, ce qui ne la met pas à la portée des non-spécialiste. Et l'invisibilité de nombre de ses produits, le brevetage, le secret industriel et le secret des affaires rendent l'industrie de la chimie parmi le plus opaques pour le public.
Pour Bernadette Bensaude-Vincent, les chimistes ont développé leur propre philosophie de la matière, et, avant d'autres, une certaine conception de la gestion du risque (basé sur les enseignement tirés d'accidents et empoisonnements parfois mortels).
On peut s'interroger sur les évolutions de perception de la chimie (par les chimistes, et par le grand-public) dans les relation que cette science entretient avec le réel et le réalisme, ainsi qu'avec le progrès et le positivisme. Chez une même personne, l'enthousiasme pour les progrès de la chimie peut coexister avec l'inquiétude provoquée par la pollution ou les effets inattendus, qui semblent si souvent découler de l'usage des produits chimiques et de sa contribution à l'artificialisation du monde. Alors qu'une demande pour une chimie plus verte et bioinspirée, qui, a priori, ferait moins peur, semble aussi se consolider dans le public.

L'américaine Michelle Francl, enseignante et spécialiste en chimie computationelle et en chimie quantique est membre actif de l'American Chemical Society, du comité de rédaction du Journal of Molecular Graphics and Modelling, autrice d'un guide de survie pour la physique-chimie (The Survival Guide for Physical Chemistry) et nommée (en 2016) l'un(e) des neuf chercheurs/euses auxiliaires de l'Observatoire du Vatican). Elle dénonce une culture devenue « chimiophobe » où le produit chimique est devenu synonyme d'artificiel, et souvent de frelaté, dangereux ou toxique. Cette chimiophobie est « plus proche du daltonisme que d'une véritable phobie » car les chimiophobes sont "aveugles" à la plupart des produits chimiques qu'ils rencontrent : chaque substance de l'univers est en effet de nature physicochimique[37].
En termes de perception des risques, les éléments physico-chimiques naturels nous semblent souvent plus sûrs que des produits synthétiques, et paradoxalement selon elle, on craint parfois des produits chimiques fabriqués par l'homme, tout en acceptant plus facilement des éléments ou molécules naturels pourtant reconnus dangereux ou toxiques[38],[24].

Cette attitude a conduit selon Michelle Francl à ce que des populations s'opposent à la fluoration publique de l'eau « malgré des cas documentés de perte de dents et de déficit nutritionnel » ajoute-t-elle.

Cancérogénicité

Dans les années 1980, le Carcinogenic Potency Project[39] a été créé aux États-Unis, au sein du réseau de bases de données Distributed Structure-Searchable Toxicity (DSSTox) de l' EPA[40]. Il teste peu à peu la cancérogénicité d'un nombre croissant de produits chimiques (naturels et synthétiques), et ses données alimentent une base de données ouverte[41], comblant progressivement les lacunes de connaissances sur la cancérogénicité des produits chimiques, naturels et synthétiques.

En 1992, dans la revue Science les scientifiques menant ce projet écrivaient :

« L'examen toxicologique des produits chimiques synthétiques, sans examen similaire des produits chimiques qui se produisent naturellement, a entraîné un déséquilibre à la fois dans les données et la perception des cancérigènes chimiques (...). Des comparaisons doivent être faites entre produits chimiques naturels aussi bien qu'avec des produits chimiques synthétiques.
- 1) La grande proportion de produits chimiques auxquels les humains sont exposés sont produits naturellement. Néanmoins, le public tend à considérer les produits chimiques comme uniquement synthétiques et à penser que les produits chimiques synthétiques sont toxiques malgré le fait que chaque produit chimique naturel est également toxique à une certaine dose. L'exposition moyenne quotidienne des Américains aux matières brûlées dans l'alimentation est d'environ 2 000 mg et l'exposition aux pesticides naturels (les produits chimiques que les plantes produisent pour se défendre) est d'environ 1 500 mg. En comparaison, l'exposition quotidienne totale à tous les résidus de pesticides synthétiques combinés est d'environ 0,09 mg. Ainsi, on estime que 99,99% des pesticides ingérés par l'homme sont naturels. Malgré cette exposition énormément plus importante aux produits chimiques naturels, 79 % (378 sur 479) des produits chimiques testés pour la cancérogénicité chez les rats et les souris sont synthétiques (c'est-à-dire qu'ils ne se produisent pas naturellement).
- 2) On a souvent supposé à tort que les humains ont développé des défenses contre les produits chimiques naturels de notre alimentation mais pas contre les produits chimiques synthétiques. Cependant, les défenses que les animaux ont développées sont pour la plupart généralistes plutôt que spécifiques à des produits chimiques particuliers ; de plus, ces défenses sont généralement inductibles et protègent donc bien des faibles doses de produits chimiques synthétiques et naturels.
- 3) Parce que la toxicologie des produits chimiques naturels et synthétiques est similaire, on s'attend à (et trouve) un taux de positivité similaire pour la cancérogénicité parmi les produits chimiques synthétiques et naturels. Le taux de positivité parmi les produits chimiques testés chez les rats et les souris est d'environ 50 %. Par conséquent, parce que les humains sont exposés à beaucoup plus de produits chimiques naturels que synthétiques (en poids et en nombre), les humains sont exposés à un énorme fond de cancérogènes pour les rongeurs, tel que défini par les tests à haute dose sur les rongeurs. Nous avons montré que même si seule une infime proportion de pesticides naturels dans les aliments végétaux ont été testés, les 29 qui sont cancérigènes pour les rongeurs parmi les 57 testés, se retrouvent dans plus de 50 aliments végétaux courants. Il est probable que presque tous les fruits et légumes du supermarché contiennent des pesticides naturels cancérigènes pour les rongeurs.[42] »

Causes et effets

Pour le professeur Gordon Gribble (2013), nous avons été conduits à associer le mot « chimique » à des des notions d'artiticialité et de non-naturalité et à la notion de dangerosité. Ceci expliquerait que des produits soient commercialisés et étiquetés comme «&nbsp;sans produits chimiques » ou « naturels », ce qui renforcerait à son tour l'idée fausse que les "produits chimiques" seraient systématiquement non-naturels et dangereux[24],[43].

Une partie de l'industrie chimique a évolué vers les biotechnologies pour fabriquer des additifs tels que de aromatisants ou arômes en utilisant le vivant (des bactéries, des levures) au lieu de la chimie de synthèse, car ces produits peuvent être commercialisés et étiquetés comme "naturels"[44], bien qu'il s'agisse parfois des mêmes molécules.

Jon Entine est l'un des auteurs qui ont contribué à diffuser la notion de chimiophobieErreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>. Entine, s'en tient ici à un paradigme ancien, souvent cité par l'industrie chimique pour justifier la mise sur le marché et l'utilisation du mercure, du plomb, du tabac, des pesticides et de nombreuses molécules telles que le bisphénol A, qu'Entine a défendu, en affirmant que c'est la dose qui fait le poison, sans tenir compte de problèmes de synergies toxiques, de bioconcentration et de biomagnification d'une part, ni des découvertes de la biologie, de l'embryologie et de l'endocrinologie qui ont montré que dans le cas de hormones (ou des leurres hormonaux, dits perturbateurs endocriniens), les très faibles doses, notamment lors de certaines fenêtres du développement embryonnaire, les faibles et très faibles doses sont actives. Une hormone est une molécule chimique, souvent de petite taille jouant le rôle de messager, elle est capable d'agir à très faible dose.

Jon Entine, dans son livre, affirme aussi que le principe de précaution récemment introduit dans les politiques alimentaires, sanitaires et agricole dans le plupart des pays n'est qu'un avatar ou une conséquence de la chimiophobie et selon lui, ce principe pourrait compromettre la capacité du monde à nourrir sa population en constante expansion, en freinant l'usage des engrais et surtout des pesticides de synthèse (dans son livre il défend notamment l'Atrazine[45]).

Au Royaume-Uni, Sense About Science a produit un dépliant destiné à « éduquer les célébrités à la science » ; on y lit que les humains ne transportent que de petites quantités de "bagages chimiques" et que ce n'est que grâce aux progrès de la chimie analytique que nous pouvons détecter ces traces[46].

D'autres, comme Philip Abelson affirment que la pratique consistant à administrer de fortes doses de substances à des animaux de laboratoire Pour tester la toxicité, le potentiel mutagène cancérogène de produits chimiques, a aussi conduit à la chimiophobie du public, en suscitant des craintes injustifiées quant aux effets de ces substances sur les humains. Il dénonce un coût d'opportunité et des "dangers fantômes" qui, selon lui, détourneraient l'attention des dangers connus posés à la santé humaine[47].

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie