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Par ailleurs, le baiser peut jouer des rôles indirects et/ou secondaires chez l'être humain. Le baiser permettrait l’échange d’informations génétiques ou phéromonales, la diminution de l’anxiété ou la formation de l’attachement. En effet, le baiser permet de réduire les niveaux de [[cortisol]], l'hormone de [[stress]] et d'augmenter la production d'hormone de l'attachement, l'[[ocytocine]]<ref>{{en}} Caroline Williams, [https://www.newscientist.com/article/mg20327201.500-10-mysteries-of-you-kissing.html 10 Mysteries of you: Kissing], sur le site newscientist.com</ref>. Néanmoins la plupart de ces effets, comme la diminution de l’anxiété et la formation de l’attachement, ne sont pas spécifiques au baiser. Toutes les activités érotiques produisent apparemment des effets similaires. D'après le biologiste [[Thierry Lodé]] ce type de baiser, qui induit l'échange de [[salive]], donne des informations sur le [[système immunitaire]] du partenaire et produirait un évitement des personnes qui ont une trop grande parenté génétique. En effet, d'un point de vue évolutif, le partenaire sexuel doit disposer d'un [[système immunitaire]] différent pour être attrayant et apporter la diversité génétique qui favorisera la santé de la progéniture<ref>Thierry Lodé, ''La biodiversité amoureuse, sexe et évolution'', Eds Odile Jacob, Paris, 2011, page ?</ref>. L'identification des odeurs salivaires modifiée par le système immunitaire, permettrait de déclencher le [[désir]], le consentement amoureux, et enfin l'acte sexuel proprement dit<ref>Thierry Lodé, ''La guerre des sexes chez les animaux'', Eds Odile Jacob, Paris, 2007, page ?</ref>.
Par ailleurs, le baiser peut jouer des rôles indirects et/ou secondaires chez l'être humain. Le baiser permettrait l’échange d’informations génétiques ou phéromonales, la diminution de l’anxiété ou la formation de l’attachement. En effet, le baiser permet de réduire les niveaux de [[cortisol]], l'hormone de [[stress]] et d'augmenter la production d'hormone de l'attachement, l'[[ocytocine]]<ref>{{en}} Caroline Williams, [https://www.newscientist.com/article/mg20327201.500-10-mysteries-of-you-kissing.html 10 Mysteries of you: Kissing], sur le site newscientist.com</ref>. Néanmoins la plupart de ces effets, comme la diminution de l’anxiété et la formation de l’attachement, ne sont pas spécifiques au baiser. Toutes les activités érotiques produisent apparemment des effets similaires. D'après le biologiste [[Thierry Lodé]] ce type de baiser, qui induit l'échange de [[salive]], donne des informations sur le [[système immunitaire]] du partenaire et produirait un évitement des personnes qui ont une trop grande parenté génétique. En effet, d'un point de vue évolutif, le partenaire sexuel doit disposer d'un [[système immunitaire]] différent pour être attrayant et apporter la diversité génétique qui favorisera la santé de la progéniture<ref>Thierry Lodé, ''La biodiversité amoureuse, sexe et évolution'', Eds Odile Jacob, Paris, 2011, page ?</ref>. L'identification des odeurs salivaires modifiée par le système immunitaire, permettrait de déclencher le [[désir]], le consentement amoureux, et enfin l'acte sexuel proprement dit<ref>Thierry Lodé, ''La guerre des sexes chez les animaux'', Eds Odile Jacob, Paris, 2007, page ?</ref>.


== Microbiote buccal et maladies ==
== Maladies ==
Au cours d'un baiser, pas moins de 80 millions de bactéries sont échangés en une dizaine de secondes par le mélange des salives, mais l'effet est transitoire, chaque individu retrouvant rapidement la composition de son microbiote salivaire<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Henri Joyeux]]|titre=Amour et sexualité|éditeur=Artège Editions|année=2016|passage=21|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur=Remco Kort, Martien Caspers, Astrid van de Graaf, Wim van Egmond, Bart Keijser & Guus Roeselers|titre=Shaping the oral microbiota through intimate kissing|périodique=Microbiome|date=2014|volume=2|numéro=1|pages=41|doi=10.1186/2049-2618-2-41}}.</ref>.

La plupart des [[Maladie sexuellement transmissible|maladies sexuellement transmissibles]] ne se transmettent pas par le baiser.
La plupart des [[Maladie sexuellement transmissible|maladies sexuellement transmissibles]] ne se transmettent pas par le baiser.



Version du 26 octobre 2020 à 00:02

Le Baiser, Auguste Rodin, Musée Rodin de Paris.
L'Éternel Printemps, Auguste Rodin, Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon.
Psyché ranimée par le baiser de l'Amour, Antonio Canova, Musée du Louvre, Paris.

Le baiser sexuel (ou baiser amoureux, baiser avec la langue, baiser profond, « French kiss », cataglottisme, ou « baiser florentin » au XIXe siècle) est un baiser érotique qui consiste en une exploration partagée et variée des lèvres, de la langue et de la bouche tout entière[1].

Chez l'être humain, au niveau neurobiologique, le baiser sexuel est une activité érotique donnant lieu à des récompenses cérébrales, au moyen de la stimulation des zones érogènes orales.

Baiser érotique

Le baiser avec la langue est une activité érotique hautement valorisée dans les sociétés occidentales, à tel point que le baiser est la seule activité sexuelle qui peut être pratiquée en public.

Au cinéma, le baiser est même fréquemment diffusé dans les téléfilms, mais aussi dans les médias et reproduit sous diverses formes artistiques (cf. entre autres le « Baiser » de Rodin ou le « Psyché …» de Canova, ci-contre).

Le baiser lingual est souvent le premier échange physique intime entre deux partenaires. Dans la culture occidentale, il est un préliminaire généralement réalisé avant les activités génitales. Le baiser consiste en une exploration partagée et variée des lèvres, de la langue et de la bouche tout entière, avec de simples contacts ou des mordillements, accompagnés ou non de mouvements de la langue.

La proximité des visages et des regards échangés favorise les émotions chaleureuses entre les partenaires[1].

Éthologie

Le baiser lingual érotique est observé chez les hominidés. Mais c'est une activité qui est surtout pratiquée par les juvéniles (équivalent aux préadolescents chez les humains) et qui est moins fréquente que les activités génitales (seulement 6 % des activités sexuelles quotidiennes observées au zoo de San Diego, avec une fréquence moyenne d'une fois toutes les 4 heures[2]).

Les mammifères, à part les hominidés, ne se stimulent pas sexuellement la bouche et la langue. Le léchage réciproque parfois observé chez certains mammifères, et qui semble être équivalent au baiser humain, est provoqué par les phéromones. Mais les mammifères non-hominidés ne mettent pas leur langue dans la bouche du partenaire, et ils ne recherchent pas des récompenses érotiques. La fonction du léchage de la face, et aussi de la région ano-génitale, est de recueillir des phéromones qui sont des molécules transmettant des signaux permettant de contrôler les comportements[3]. Les molécules sont ensuite transmises de la bouche vers la cavité nasale à travers le canal nasopalatin, puis vers l’organe voméro-nasal. Mais chez l'être humain, le canal nasopalatin est obturé[4],[5] et l’organe voméronasal n’est plus fonctionnel[6],[7]. Pour ces raisons, le léchage réciproque des mammifères non-hominidés et le baiser lingual humain ne proviennent pas des mêmes contrôles neurobiologiques et ne sont donc pas équivalents.

Ethnologie

Chez Homo sapiens, le baiser érotique avec la langue n’est pas une activité universelle. Il n’est pas pratiqué dans plusieurs sociétés (Adaman, Balinais, Chamorros, Chewas, Lepchas, Manus, Sirionos, Thongas, Tinguians). À la place du baiser, les Tinguians approchent les lèvres près de la figure de leur partenaire et inhalent soudainement. Ailleurs, les personnes sucent les lèvres et la langue du partenaire pour que la salive s’écoule d’une bouche à l’autre (Kwakiutl, Trobriandais, Alorais, Truckais). Chez les Lapps, le baiser est réalisé simultanément avec la bouche et le nez. Dans d'autres sociétés, on considère le baiser comme dégoûtant, car les fluides corporels sont souvent considérés comme contaminants, ou impurs ou répugnants. Quand les Thonga ont observé les premiers Occidentaux s'embrasser, ils ont eu des réactions de moqueries en disant que les Occidentaux mangeaient leurs saletés. Enfin, certaines sociétés expliquent que la bouche est « naturellement » prévue pour l’alimentation, et en fonction de cette analyse considèrent le baiser comme une activité sexuelle « anormale » et « contre-nature »[8],[9].

En raison de l'influence de la culture occidentale (missionnaires, films, scolarisation…), la pratique du baiser lingual s'est répandu dans ces sociétés. Au début, ce sont surtout les jeunes qui ont adopté les pratiques occidentales, tandis que les personnes plus âgées « n'arrivaient pas à comprendre » pour quelles raisons les jeunes s'embrassaient[10].

Neurobiologie

Pour quelles raisons neurobiologiques l’être humain stimule-t-il sexuellement les extrémités du tube digestif ? Chez les mammifères, la fonction de la bouche, des dents, des glandes salivaires et de la langue est principalement alimentaire, et ces organes constituent la première partie du tube digestif. Le baiser n’a donc pas de fonction reproductrice, et surtout il n’existe pas de précablage cérébral inné pour le baiser, tel qu’il en existe par exemple pour la position sexuelle cruciale de la lordose[11].

En effet, quand on analyse les circuits neurobiologiques qui contrôlent la copulation hétérosexuelle (circuits moteurs de la lordose, circuits olfactifs du traitement des phéromones sexuelles, circuits de la motivation sexuelle – voir schéma ci-contre), on remarque que le baiser ne joue aucun rôle fonctionnel. Il n’existe ainsi aucune raison biologique pour qu’il soit inclus dans le contrôle de la copulation[12].

Mais chez les hominidés (être humain, chimpanzé, bonobo, orang-outan, gorille, etc.), le contrôle neurobiologique du comportement sexuel a évolué[13] (voir schéma ci-contre). Chez l’être humain, le but fonctionnel du comportement sexuel n'est plus la copulation, mais la recherche des récompenses érotiques, procurés par la stimulation du corps et des zones érogènes[14],[12]. Le baiser humain apparaît plutôt comme une activité essentiellement érotique. Les lèvres et la langue sont évaluées comme une zone très érogène, juste après la région génitale, tant par les femmes que par les hommes[15]. Il semblerait que l’érogénéité de la zone buccale provienne de son innervation dense et de sa forte capacité d’éveil cortical[16]. Par ordre de préférence, le baiser est une activité érotique préférée, qui vient juste après les activités érotiques stimulant le pénis et le clitoris[17]. En synthèse, l’organisation neuroanatomique fait que cette activité érotique est potentielle, et peut être apprise en fonction du contexte culturel.

Par ailleurs, le baiser peut jouer des rôles indirects et/ou secondaires chez l'être humain. Le baiser permettrait l’échange d’informations génétiques ou phéromonales, la diminution de l’anxiété ou la formation de l’attachement. En effet, le baiser permet de réduire les niveaux de cortisol, l'hormone de stress et d'augmenter la production d'hormone de l'attachement, l'ocytocine[18]. Néanmoins la plupart de ces effets, comme la diminution de l’anxiété et la formation de l’attachement, ne sont pas spécifiques au baiser. Toutes les activités érotiques produisent apparemment des effets similaires. D'après le biologiste Thierry Lodé ce type de baiser, qui induit l'échange de salive, donne des informations sur le système immunitaire du partenaire et produirait un évitement des personnes qui ont une trop grande parenté génétique. En effet, d'un point de vue évolutif, le partenaire sexuel doit disposer d'un système immunitaire différent pour être attrayant et apporter la diversité génétique qui favorisera la santé de la progéniture[19]. L'identification des odeurs salivaires modifiée par le système immunitaire, permettrait de déclencher le désir, le consentement amoureux, et enfin l'acte sexuel proprement dit[20].

Microbiote buccal et maladies

Au cours d'un baiser, pas moins de 80 millions de bactéries sont échangés en une dizaine de secondes par le mélange des salives, mais l'effet est transitoire, chaque individu retrouvant rapidement la composition de son microbiote salivaire[21],[22].

La plupart des maladies sexuellement transmissibles ne se transmettent pas par le baiser.

Néanmoins, un échange d'environ 250 types de bactéries et d'éventuels virus se produit, et il y a donc un risque de mononucléose infectieuse, d'herpès buccal, de grippe, de méningite, d'hépatite B[23] etc.

Représentation médiatique et artistique

Au cinéma

En anglais, on emploie l'expression French kiss[24] et en espagnol le Beso francés (« baiser français »)[25]. Il est fréquemment employé dans le cinéma pour exprimer le désir sexuel entre deux amoureux.[réf. souhaitée]

En musique

En photographie

À la télévision

[Quand ?] Une émission de télé-réalité française, diffusée sur la chaîne NRJ12, et intitulée 'French Kiss', met en scène 5 candidats français se retrouvant à Miami, et dont le but du jeu est d'être élu meilleur 'French lover'. Au gré des épreuves, les candidats doivent accumuler les 'French kiss' dans tous les lieux possibles (plages, discothèques, rues, bars…). Les épreuves délivrent des immunités d'élimination, des conforts, des dollars (chaque French kiss crédite de 5$ US le candidat). Les dollars permettent de 'survivre' en ville (tant sur le plan de l'hygiène (dentifrice, savon, etc.) que sur le plan alimentaire ou matériel) et donc d'augmenter ses chances d'arriver au bout de l'aventure[réf. nécessaire].

Notes et références

  1. a et b (fr) Langis P., Germain B. La sexualité humaine. De Boeck, 2010
  2. (en) De Waal F.B.M. The communicative repertoire of captive bonobos (pan paniscus), compared to that of chimpanzees. Behaviour, 106(3-4):183-251, 1988
  3. (en) Keller M., Bakker J. Special issue (12 articles) : Pheromonal communication in higher vertebrates and its implication on reproductive function. Editorial. Behavioural Brain Research, 200(2):237-238, 2009
  4. (en) Jacob S., Zelano B., Gungor A., Abbott D., Naclerio R., McClintock M.K. Location and gross morphology of the nasopalatine duct in human adults. Arch. Otolaryngol. Head Neck Surg., 126(6):741-748, 2000
  5. (en) von Arx T., Bornstein M.M. Canal nasopalatin perméable. Une anomalie développementale rare et un piège diagnostique. Rev Mens Suisse Odontostomatol, 119(4):385-389, 2009
  6. (en) ZHANG J., WEBB D. M. Evolutionary deterioration of the vomeronasal pheromone transduction pathway in catarrhine primates, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 100(14):8337-8341, 2003
  7. (en) Nei M., Niimura Y., Nozawa M. The evolution of animal chemosensory receptor gene repertoires: roles of chance and necessity. Nat. Rev. Genet., 9(12):951-963, 2008
  8. (en) Ford C.S., Beach F.A. Patterns of sexual behavior. Eyre & Spottiswoode, London, 1952
  9. (fr) Malinowski B. La vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la mélanésie. Petite bibliothèque Payot, 1930, réédition, 1970
  10. (en) Marshall D.S. Sexual behavior on Mangaia. in Marshall D.S., Suggs R.C. (Eds). Human sexual behavior: Variations in the ethnographic spectrum. Basic Books, (5):103-162, 1971.
  11. (en) Kow L.M., Florea C., Schwanzel-Fukuda M., Devidze N., Kami K.H., Lee A., Zhou J., Maclaughlin D., Donahoe P., Pfaff D. Development of a sexually differentiated behavior [lordosis] and its underlying CNS arousal functions. Curr. Top. Dev. Biol., 79:37-59, 2007
  12. a et b (fr) WUNSCH Serge, Comprendre les origines de la sexualité humaine. Neurosciences, éthologie, anthropologie. [PDF] L'Esprit du Temps, 2014.
  13. (en) AGMO Anders Functional and dysfunctional sexual behavior Elsevier 2007.
  14. Georgiadis J.R., Kringelbach M.L., Pfaus J.G. Sex for fun: a synthesis of human and animal neurobiology. Nat. Rev. Urol., 9(9):486-498, 2012.
  15. (en) Turnbull O.H., Lovett V.E., Chaldecott J., Lucas M.D. Reports of intimate touch: Erogenous zones and somatosensory cortical organization. Cortex, 2013
  16. (en) Schober J., Weil Z., Pfaff D. How generalized CNS arousal strengthens sexual arousal (and vice versa). Hormones and Behavior, 59(5):689-695, 2011
  17. (fr) WUNSCH Serge, Thèse de doctorat sur le comportement sexuel [PDF] EPHE-Sorbonne, Paris, 2007.
  18. (en) Caroline Williams, 10 Mysteries of you: Kissing, sur le site newscientist.com
  19. Thierry Lodé, La biodiversité amoureuse, sexe et évolution, Eds Odile Jacob, Paris, 2011, page ?
  20. Thierry Lodé, La guerre des sexes chez les animaux, Eds Odile Jacob, Paris, 2007, page ?
  21. Henri Joyeux, Amour et sexualité, Artège Editions, , p. 21.
  22. (en) Remco Kort, Martien Caspers, Astrid van de Graaf, Wim van Egmond, Bart Keijser & Guus Roeselers, « Shaping the oral microbiota through intimate kissing », Microbiome, vol. 2, no 1,‎ , p. 41 (DOI 10.1186/2049-2618-2-41).
  23. « Peut-on contracter l'hépatite B lors d'un baiser ou d'une fellation ? », sur Allo docteurs, (consulté le )
  24. Le "French kiss" entre dans le dico, Courrier international
  25. (es) Besos. ¿Qué hay detrás?, El País

Annexes

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Articles connexes