Pierre Cardin

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Pierre Cardin
Description de cette image, également commentée ci-après
Pierre Cardin, aux étoiles d'or du cinéma français en 2009.
Nom de naissance Pietro Cardini[1]
Naissance (101 ans)
Sant'Andrea di Barbarana (commune de San Biagio di Callalta), Drapeau de l'Italie Italie
Nationalité France Française
Profession
Autres activités
Grand couturier, designer, propriétaire de Maxims de Paris, homme d'art
Distinctions
Une centaine de Grand prix internationaux récompensent ses activités multiples.

Compléments

Espace Pierre Cardin, Festival de Lacoste, Palais Bulles

Pierre Cardin est un couturier et homme d'affaires français d'origine italienne, né Pietro Cardini à Sant'Andrea di Barbarana, le . Il est une personnalité, une marque incontournable dans la mode des cinquante dernières années, tantôt couturier visionnaire, tantôt homme d’affaires invétéré. Il intègre la haute couture en 1957 et y restera environs dix ans. Il présente à la fin des années 1950 une collection de prêt-à-porter qui fera grand bruit. Cardin est considéré, avec Paco Rabanne et André Courrèges, comme l'inventeur de la mode futuriste en 1963.

Sa marque Pierre Cardin est présente, sous formes de franchises, dans plus de 100 pays, faisant de Pierre Cardin l'un des cinq français les plus connus au monde. Sa fortune est estimée à plus de 600 millions d'euros en 2009[2].

Biographie

Ses parents étaient de riches agriculteurs vénitiens précipités dans la pauvreté par la Première Guerre mondiale qui émigrent en France au milieu des années 1920. Italien naturalisé Français, il naît à Sant'Andrea di Barbarana, hameau de la commune de San Biagio di Callalta le .

Des débuts modestes

En 1936, Pierre Cardin commence son apprentissage à l’âge de quatorze ans chez Bonpuis, un tailleur à Saint-Étienne. Après un passage chez Manby, tailleur à Vichy qu'il rejoint à bicyclette, il monte enfin à Paris. Vers la fin de la Guerre, il débute chez Jeanne Paquin. Il rencontre Jean Cocteau et Christian Bérard par l'intermédiaire de Paquin, avec lesquels il réalise des costumes et masques pour La Belle et la Bête. Il entre pour un passage éclair chez Elsa Schiaparelli[3].

Premier tailleur de la maison Christian Dior lors de son ouverture en décembre 1946, Pierre Cardin participe ainsi au succès du « tailleur Bar », qui d'après le Harper's Bazaar, définit le New Look de Christian Dior. Il quitte la maison Dior sur un coup de tête trois ans après[3].

En 1950, au 10 rue Richepanse, il rachète la maison Pascaud, alors spécialisée dans les costumes de scène, il y ouvre sa propre maison de couture. Il gardera ainsi sa double activité créatrice : les costumes de scène ainsi que des créations de haute couture plus tard. Il créé des costumes pour les bals, fêtes somptueuses d'après guerre, à côté des manteaux et tailleurs, sa spécialité[3]. Progressivement, sa clientèle s’agrandit.

Sa première collection voit le jour trois ans plus tard en 1953. Il y montre rue du Faubourg-Saint-Honoré des manteaux et des tailleurs d’une coupe impeccable, associant inventivité et sens du détail.

Quatre ans plus tard, il triomphe avec la présentation d'une collection de 120 vêtements et devient membre de la Chambre syndicale de la couture[4].

Prêt-à-porter

Tunique/Robe Cosmos de 1967

Déjà, en 1954, il déploie une énergie farouche, s'engageant dans la politique de diffusion avec l’ouverture de sa première boutique Eve, suivie d’Adam en 1957[5]. Considéré comme un précurseur en avance sur son temps[6], Pierre Cardin souhaite alors poser les bases d'une production de prêt-à-porter en parallèle à la haute couture. Il ne croit pas au modèle économique d'une haute couture produisant de façon élitiste[6]. Pour les grands couturiers traditionnels, attachés à séparer la mode haut de gamme de la mode populaire, c'est un énorme scandale. Il persiste et signe en présentant en 1959, une collection de prêt-à-porter luxueux au Printemps : il sera ainsi le premier couturier à présenter un défilé de prêt-à-porter inspiré de la haute couture, qui-plus-est dans un grand magasin. Cet acte de « rébellion » va engendrer une légende maintes fois reprise par les ouvrages qui fait croire que Cardin aurait été exclu de la Chambre syndicale de la couture parisienne. Ce fait est clairement démenti par Didier Grumbach qui affirme que « contrairement à la légende, Pierre Cardin n'a pas été exclu de la Chambre syndicale[7]. » Au contraire, quelques années plus tard, on lui propose la présidence, qu'il refuse[6].

La ligne pour homme, lancée à la fin des années 1950, révolutionne la mode masculine. « Des vestes avec lesquelles on peut dévisser un boulon de voiture, mais aussi aller au Windsor ». Voilà définis les nouveaux critères : confort et élégance. En 1961, il créé une ligne à la demande du Printemps qui doit être commercialisée sous le nom du grand magasin ; échec commercial, celle-ci a un retentissement important dans les médias, dont Elle qui organise au couturier une campagne de presse[8] avec le soutien d'Hélène Lazareff[6]. Tout cela concoure à ce qu'il se mette encore à dos la profession[8] mais soit connu mondialement[6]. Tous les grands magasins du monde lui ouvrent des corners et le nombre de produits sous licence augmente déjà à grande vitesse[9].

En 1966, allant une fois de plus à l'encontre des règles ancestrales de la Chambre syndicale en refusant de respecter le calendrier édicté au sujet de la remise à la presse de certains documents, Pierre Cardin fait parvenir une lettre de démission qui est acceptée[10].

Dans les années 1970, le succès de sa ligne masculine va jusqu'aux États-Unis[9], les lignes féminines sont partout dans le monde ; tout cela va perdurer jusque dans les années 1980[9]. Au début de ces années là, le nombre de licences est estimé à plus de 500 : vampirisant la couture et la création, la perte d'image se fait sentir[11].

Une longue suite de créations

Logo de la marque Pierre Cardin

De la robe bulle au costume Mao, de la mode cosmonaute à la mode unisexe, de la chasuble à découpe hublot à la robe moulée en fibres synthétiques. Pierre Cardin témoigne d’un appétit féroce pour l’expérimentation. Ses formes construisent des silhouettes géométriques à base de ronds et de triangles ; leur volume sculptural impose au corps de s’y adapter.

Précurseur, Pierre Cardin importe à Paris l'art de vivre japonais et le fait vivre dans ses collections. Un voyage aux envions de 1960 au Japon sera décisif pour cette rencontre avec la culture japonaise. Il y fait la connaissance de Hiroko Matsumoto, mannequin japonais qui l'accompagne à Paris et deviendra sa maîtresse. Dans sa maison de couture, Mademoiselle Hiroko est sa muse et son égérie pendant près de dix années[12],[13].

Pierre Cardin est au cœur des années soixante, il crée les fameux costumes de scène, une veste sans col, des Beatles[6] et habille John Steed pour la série Chapeau melon et bottes de cuir. Designer, il présente dès 1970 une collection de meubles. Mécène, il crée l'Espace Cardin en 1971 où se produisent des artistes comme Marlène Dietrich, Bob Wilson, Gérard Depardieu, Jeanne Moreau, de nombreux groupes de jazz et de rock, le Pilobolus. Il débat, en 1972, dans Italiques avec Gonzague Saint-Bris et Jean d'Ormesson du retour du « dandysme ». Pierre Cardin est le premier Français à s’implanter en Chine communiste en 1978[14] ; ses mannequins défilent dans la Cité interdite à Pékin[6].

Pierre Cardin en 1978

Il s'attelle à la réhabilitation du château du marquis de Sade, à Lacoste (Vaucluse)[15] où il organise chaque année un festival.

Homme d'affaires, gastronome et amoureux de l'art, il devient, en 1981, le propriétaire du restaurant Maxim's de Paris, célèbre restaurant Belle Époque, temple de l'Art nouveau et s'implique personnellement dans le renouveau de l'établissement. Il en développe la marque dans le monde entier.

Dans les années 1980 et jusqu'au milieu des années 1990, il apporte son soutien amical à l'association de la presse, du music-hall et du cirque (PAVDEC-Presse associée de la variété, de la danse et du cirque) présidée par Jacqueline Cartier, avec à ses côtés diverses personnalités dont Guy des Cars, Francis Fehr, Yves Mourousi et Jean-Pierre Thiollet.

Dans les années 2000, il inaugure un musée consacré à l'Art nouveau aux 2e et 3e étages du restaurant Maxim's de Paris.

Showroom Sculptures utilitaires Venise.
Pierre Cardin - Sculptures Utilitaires - Table et chaise "Cobra"

Licences

L’envie de développer et de rendre accessibles ses créations le pousse à formaliser un système de licence : Pierre Cardin dessine, les industriels fabriquent puis lui reversent des pourcentages sur les ventes, sa signature constituant ainsi la politique de développement de sa marque. Ce système de production qu'il exploite au maximum[6] lui permet d’adapter son concept au marché ambiant, le plaçant premier au monde en nombre de licences ainsi qu’en volume de ventes. Il existerait selon le couturier, plus de 700 licences aujourd'hui, du textile aux arts de la table, en passant par l'eau minérale[16] les poêles à frire, les vélos, les sacs en plastique, les briquets ou les tringles à rideaux[6]. « Si je vois une très belle boîte de sardines, j'ai envie de lui donner mon nom[6] ! » Cette diversification tout-azimut de produits dérivés sans notions de qualité fait que nombre de ses pairs lui tourne le dos, jugeant cela peu en adéquation avec l'idée de la couture ou du luxe[6]. Il est juste, qu'au contraire de Cardin, nombre de marques issues de la mode ont sensiblement réduit leurs licences ces dernières décennies, à l'image de la reprise en main de Saint Laurent, Gucci, ou Dior, permettant de maintenir un niveau de gamme élevé[6]. À son apogée, ce système commercial représente du travail pour 200 000 personnes et un chiffre d'affaires de dix milliards de francs (environ 1,5 milliard d'euros), permettant à Pierre Cardin de multiplier ses acquisitions variées[6].

La consécration

Les plus grands musées du monde organisent des expositions sur les créations de mode et de design de Pierre Cardin. Ce couturier et designer a été récompensé par plus d'une centaine de Grands Prix internationaux tant dans le domaine de la couture, de l'art, du design que des affaires. Il fait partie depuis 1960 des cinq français les plus connus dans le monde. Il est un des très rares couturiers à avoir la couverture du magazine Time. Il sera aussi le premier couturier à être élu membre de l'Académie des beaux-arts à Paris.

Depuis 2006, un musée qui porte son nom est ouvert au public à Saint-Ouen.

Le 16 octobre 2009, Pierre Cardin a été nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Il est également membre de l'Académie Française et a dessiné lui-même son épée d'académicien[6].

Sa carrière: 60 ans de création

Image rémanente exposée à l’espace Cardin

Il eut pour muses Jeanne Moreau, Hiroko Matsumoto, Maïa Plissetskaïa...

Distinctions

Bibliographie

  • (en) Richard Morais, Pierre Cardin : The man Who Become a Label, Bantam Press, 1991, 272 p., (ISBN 978-0593018002)
  • Sylvana Lorenz, Biographie de Pierre Cardin, éditions Calmann-Lévy, 2006, Paris.
  • Jean-Pascal Hesse, Pierre Cardin, 60 ans de création, éditions Assouline, 2010, Paris.

Notes et références

  1. Fabienne Reybaud, « Pierre Cardin, le dernier empereur », Style, sur madame.lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  2. http://www.challenges.fr/classements/fortune.php?cible=993
  3. a b et c Grumbach 2008, p. 137
  4. Grumbach 2008, p. 138
  5. Grumbach 2008, p. 140
  6. a b c d e f g h i j k l m n et o Stéphane Marchand, Les guerres du luxe, Fayard, , 382 p. (ISBN 978-2213609539), « Pierre Cardin dans l'enfer des licences », p. 209 à 214
  7. Grumbach 2008, p. 104
  8. a et b Grumbach 2008, p. 141
  9. a b et c Grumbach 2008, p. 142
  10. Grumbach 2008, p. 40
  11. Grumbach 2008, p. 143
  12. Matthias Gurtler, « Pierre Cardin », VSD, le 19 juillet 2006
  13. Jean-Noël Liaut, Modèles et mannequins : 1945 - 1965, Paris, Filipacchi, , 220 p. (ISBN 9782850183416, BNF 35660421, présentation en ligne), p. 155 à 159
  14. Pierre Cardin et la Chine.
  15. Florent Bonnefoi, Gens du Sud, n°6 octobre 2011[source insuffisante]
  16. Florent Bonnefoi, « "Mon nom vaut 1 milliard d'euros », La Provence, le 19 mai 2011
  17. Ordonnance Souveraine n° 1396 du 18 novembre 2007 : promotions or nominations par le Prince Albert II : recipiendaires

Bibliographie des références

Article connexe

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