Morve

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La morve[1] est une maladie infectieuse grave d'origine bactérienne qui touche principalement les équidés. Elle peut aussi être contractée de façon naturelle par d'autres mammifères comme les chèvres, chiens et chats[2].

Caractéristiques

Ulcérations morveuses de la cloison nasale
Ulcérations morveuses de la cloison nasale.

Selon Littré, c'est la « maladie par excellence du cheval ». D'autres animaux comme les chats, les chiens et les chèvres peuvent cependant la contracter ainsi que l'homme par accident. L'agent causal de la morve est la bactérie Burkholderia mallei qui se transmet habituellement par ingestion d'aliments ou d'eau contaminés.

Les manifestations cliniques comportent une altération de l'état général avec toux et fièvre, une dermite érysipélateuse des collections purulentes cutanées et sous-cutanées, et une inflammation sévère des fosses nasales avec jetage, qui constitue un phénomène caractéristique[3]. En l'absence de traitement, la mort survient en 8 à 30 jours par septicémie. Sur le plan anatomo-pathologique, on observe la formation de nodules dans les poumons et d'ulcérations des muqueuses du tractus respiratoire supérieur. Il existe une forme chronique de la maladie dans laquelle les animaux infectés ne meurent pas mais servent de vecteur à l'agent infectieux et sont donc capables de propager la maladie. Lorsque les muqueuses ne sont pas atteintes, la maladie prend le nom de farcin : cette forme purement cutanée et sous-cutanée de l'infection par Burkholderia mallei été décrite par le Français Pierre Rayer.

La morve est endémique en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Elle a été éradiquée d'Amérique du Nord, d'Australie et de la majeure partie de l'Europe grâce aux mesures de surveillance et d'abattage des animaux infectés ainsi que par les restrictions frontalières au cours du XXe siècle. En 2011, il n'existe pas de traitement ou de vaccin[4].

Burkholderia mallei est transmissible à l'espèce humaine et donc classé comme agent de zoonose. La transmission peut se faire par contact direct avec des animaux malades à travers des abrasions cutanées ou la surface des muqueuses orale ou nasale ou par inhalation.

Arme biologique

En raison du taux de mortalité élevé chez l'homme et de la faible quantité de germes suffisant à induire la maladie, Burkholderia mallei est considéré comme une arme biologique potentielle, de même que le germe voisin Burkholderia pseudomallei, l'agent de la mélioïdose.

Elle a été utilisée durant la Première Guerre mondiale comme tel par l'Empire allemand[5] et la France[6] afin de déclencher des épidémies dans les parcs équestres utilisés pour l’effort de guerre.

Les services vétérinaires des armées françaises et allemandes ont comptabilisé respectivement 60 000 et 30 000 cas de morve chez les chevaux durant la guerre, mais il est impossible de déterminer quelle est la part de l’origine naturelle et celle de l’origine volontaire.

On sait, en revanche, que les épidémies qui se déclarent à bord de navires de transport voguant vers les ports alliés obligent ceux-ci à faire demi-tour avec, entre autres, 1 500 chevaux malades vers le Portugal, ou 4 500 mulets vers l’Argentine[7].

L'Allemagne l'utilise également contre l'empire russe et le royaume de Roumanie provoquant une détérioration de leurs capacités à déplacer leurs artilleries sur le front oriental[5].

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Unité 731, unité japonaise d'études d'armes biologiques sur les humains, a utilisé cette bactérie en Chine.

Notes et références

  1. le nom français provient du latin « morbus », maladie, alors qu'en latin le nom de cette maladie est « malleus »
  2. (en-US) « Glanders | CDC », sur www.cdc.gov, (consulté le )
  3. Garnier M, Delamare V. Dictionnaire des termes techniques de médecine, 20e édition, 1978 Maloine, Paris.
  4. I. Barrier, « Les Maladies Réputées Contagieuses "exotiques" » [PDF], sur Haras nationaux, (consulté le ).
  5. a et b (en) Karen Judson, Chemical and Biological Warfare, Marshall Cavendish, coll. « Open for Debate », , 144 p. (ISBN 0-7614-1585-8, lire en ligne), p. 68
  6. Philippe Jurgensen, L'erreur de l'Occident face à la mondialisation, Odile Jacob, 2004, (ISBN 2738114024 et 9782738114020), p. 365
  7. Antoine Reverchon, « Entre 1914 et 1918, Allemands et Alliés se sont livrés une guerre bactériologique », sur Le Monde, (consulté le ).

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